Le Moscow Times a récemment publié un article expliquant que quelques 4 millions de russes avaient quitté le pays depuis le début de l’opération spéciale en Ukraine, laissant entendre que le pays connaissait une émigration massive de russes qui fuiraient la tyrannique Russie de Vladimir Poutine.
En réalité, le nombre de russes qui sortaient de Russie “avant” le Covid était, dans une période normale, bien plus élevé qu’en 2022, depuis le début des événements en Ukraine, comme on peut le voir ci dessous.
En effet en janvier-mars 2022, les citoyens russes ont en tout effectué 3,88 millions de voyages à l’étranger à toutes fins, soit 31% de plus qu’un an plus tôt, mais 53% de moins qu’avant la pandémie en 2019, selon les statistiques du service des frontières du FSB de Russie.
Ci dessous le classement des pays par voyages : – Abkhazie (744,5 mille voyages) – Turquie (363,8 mille) – Egypte (351,9 mille) – Ukraine (328,4 mille) – EAU (263,5 mille) – Kazakhstan (204,9 mille) – Finlande (157,2 mille) – Arménie (134,1 mille) – Estonie (125,4 mille), – République dominicaine (92 000).
28% de ces voyages ont eu lieu dans des pays reconnus par la Russie comme non amicaux notamment en Ukraine (328 000), en Finlande (157 000), en Estonie (125 000) et en Allemagne (61 000).
Un peu plus de 40% de ces voyages se font dans des pays post-soviétiques (dont l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud), selon l’Association des voyagistes (ATOR), contre 42% en 2020 et 30,6% en 2019.
Dans le même temps, à des fins touristiques, les Russes ont effectué 1,2 million de voyages à l’étranger au premier trimestre soit deux fois plus qu’à la même période en 2021, mais 57 % de moins qu’en 2019.
Ci dessous le classement des pays par voyages : – L’Égypte (286 700 voyages) – La Turquie (233 600 voyages). – Les Émirats arabes unis (203 000) – La République dominicaine (76 100) – L’Arménie (41 900).
Dans le même temps, l’institut LEVADA a publié un sondage montrant que l’envie d’émigrer chez les russe semble en baisse (10% contre 20% au début des événements en Ukraine) tandis que la non volonté d’émigration est lui en hausse, de 89% contre 65% au début des événements en Ukraine.
Vladimir Poutine exhorte à restaurer en Russie la tradition de la famille nombreuse et en faire une valeur de référence pour la société russe d’aujourd’hui et ce avec le soutien de l’Etat qui doit en faire sa priorité la plus importante.
Cela fait 3 mois aujourd’hui que la Russie a entamé son opération spéciale en Ukraine.
Avant
Personne clairement n’avait prévu que la situation se développe de la façon dont elle s’est développée et personne n’avait prévu une réaction russe d’une telle dimension. Personne n’avait prévu que trois mois plus tard nous en soyons la.
Personne et peut être même pas la puissance qui avait envisagé une intervention russe le 16 février 2022 car, tout simplement, elle savait que l’armée ukrainienne allait déclencher les hostilités dans le Donbass, un déclenchement d’hostilité qui allait entraîner une réponse russe.
Ce scénario terrible d’une intervention russe était envisagé en tout dernier recours par les élites russes et sans doute un peu plus depuis que les autorités ukrainiennes il y a un an avaient clairement et publiquement établi et mis en place un plan de dés-occupation (!) de la Crimée et des républiques autonomes du Donbass, de façon militaire si nécessaire.
La fureur des combats dans le Donbass actuel et la présence de dizaines de milliers de soldats Ukrainiens qui y affrontent les forces russes et les combattants des républiques de LDNR est sans doute un indicateur clair que oui : les troupes ukrainiennes y étaient stationnées, en masse.
Comme l’a très bien démontré l’excellent Jacques Baud, la hausse de l’Intensité des activités militaires ukrainiennes au début 2022 étaient également et malheureusement, sans aucuns doutes, les prémices d’une nouvelle opération spéciale de Kiev contre le Donbass, beaucoup plus massive cette fois que celle de 2014 lancée déjà par Kiev contre le Donbass.
Les mensonges récurrents du président Zelensky et les inutiles va-et-viens de responsables politiques européens sans aucuns pouvoirs ni aucune autorité ne pouvaient rien changer au blanc-seing obtenu par les autorités ukrainiennes, du seul centre de pouvoir et de décision réel qui se situe à Washington, bien loin de l’Europe.
Cela fait pourtant huit ans que la Russie tente de ne jouer que la carte diplomatique et demande “juste” le respect des accords de Minsk qui n’impliquaient finalement que, si l’on prend les points essentiels :
L’organisation d’une décentralisation des pouvoirs, par la mise en application d’une loi ukrainienne (loi sur le statut particulier), accordant de manière temporaire l’autonomie (et non l’indépendance) locale des Oblasts de Donetsk et de Lougansk.
De procéder au retrait du territoire ukrainien des formations armées et du matériel militaire illicites, ainsi que des combattants irréguliers et des mercenaires.
Faire respecter tout cela par l’OSCE.
Etait ce si catastrophique pour l’Ukraine ?
La Russie n’est pas tombée dans un piège, mais elle s’est sans doute faite acculer et contrainte d’agir. Elle aurait pu n’intervenir que dans le Donbass, mais les élites russes ont pris une décision Historique et Maximaliste.
Une décision audacieuse qui vise à inverser le cours de l’histoire des 17 dernières années et a vu l’Ukraine devenir une anti-Russie et la nouvelle tête de pont de l’OTAN pour attaquer la Russie via des opérations militaires contre certain de ses propres citoyens, les citoyens du monde russe.
Une anti-Russie dont le président en vigueur, Petr Poroshenko, en 2014, appelait à mener une guerre d’extermination économique contre les populations russophones en ces termes : “Nous aurons du travail – ils n’en ont pas. Nous aurons des retraites – ils n’en ont pas. Nous soutiendrons les gens – les enfants et les retraités – ils n’auront aucun soutien. Nos enfants iront dans des écoles et des jardins d’enfants, et les leurs seront assiégés dans des sous-sols . Ce sont des bons a rien et c’est comme cela que nous gagnerons cette guerre”
Une anti-Russie ou, en 2014, les activistes du Maidan ont par exemple mis le feu à un bâtiment rempli de civils russophones, entraînant que 42 personnes meurent, certaines brûlées vives et d’autres abattues à l’arme à feu tandis qu’elles tentaient de s’enfuir par les fenêtres, dont des enfants. Un massacre que la télévision française avait tenté d’attribuer aux groupes armés russes à l’époque …
Ce n’est pas la Russie qui s’est fait piéger, c’est l’Ukraine, qui est tombée dans le piège terrible d’une guerre fratricide contre ses propres citoyens russophones et contre la Russie.
Ce n’est pas la Russie qui s’est fait piéger mais l’Europe, tombée elle dans le piège américain des sanctions et de la guerre économique, piège terrible que je dénonçais déjà en mai 2014 sur France 24.
Pendant
On me demande souvent comment les gens en Russie vivent cette opération spéciale.
Après la stupeur des premiers jours et l’inquiétude des disons les deux premières semaines, les choses sont revenues à une forme de nouvelle normalité.
Alors que les quelques quelques 7.300 sanctions imposées a la Russie devaient détruire l’économie russe, affamer son peuple et le faire réagir contre ses élites politiques, c’est exactement l’inverse qui s’est produit.
Les contre mesures politiques et économiques russes ont, sur ces trois premiers mois, amortis considérablement le choc des sanctions tant sur le plan de la vie de tous les jours, que sur le plan moral et psychologique.
Les russes ont rapidement repris le dessus sur leurs inquiétudes bien compréhensibles et ont refait bloc, derrière leur pays, leur armée et leurs élites.
Il est difficile d’Occident de comprendre l’incroyable complexité de ce dossier que les médias français ne sont pas capables d’expliquer, ni comprendre, ni de prés, ni de loin, et que surtout ils ne souhaitent pas expliquer pour ne pas porter atteinte au scénario narratif anti-russe en cours de création en Occident et qui verra sans doute l’anti-russisme et la russophobie devenir une idéologie politique a part entière, dans certains pays de l’OTAN.
La Russie voit cette opération spéciale Z comme une opération vitale et existentielle.
On pourrait tenter de l’imager en la comparant à l’opération d’un chirurgien qui voudrait sauver un patient malade en lui ôtant une tumeur contagieuse.
C’est tout le sens de la démilitarisation et de la dénazification qui vise à protéger en urgence la partie du corps du patient la plus exposée actuellement à la tumeur : l’est et le sud, soit le monde russe d’Ukraine.
Mais ce monde russe n’est pas menacé dans son existence que, provisoirement, par quelques dizaines de milliers de militaires et radicaux, du moins jusqu’à ce que l’opération Z règle ce premier problème définitivement.
Ce monde russe, pour les russes, est menacé de façon globale par un anti-monde russe dont l’Ukraine est devenue la pointe la plus orientale suite à sa profonde mutation entamée en 2005, par la première révolution de couleur, la seconde étant le Maidan en 2014.
La Russie n’est pas en guerre contre l’Ukraine ni contre les Ukrainiens mais estime et comprend que le dispositif militaire, politique et civilisationnel dont l’OTAN est l’ADN et l’ossature, se sert de la gouvernance artificielle ukrainienne pour la menacer et l’attaquer.
Il est acquis en Occident de penser que l’Occident a gagné la guerre froide avec l’effondrement de l’URSS et que c’est tout. Pourtant la disparition du monde soviétique n’a pas signifié la disparition du monde russe, dont la sève a continué à couler et circuler, par delà les frontières du nouveau monde post-soviétique.
L’opération Z n’est pas comme le disent nombre d’experts français une guerre de territoire ou de ressources dont la Russie ne manque pas, non c’est une grosse erreur d’analyse. L’opération Z est un acte civilisationnel pour la Russie, qui vise à repousser l’anti-monde russe et pour le droit et la justice historique des russes à exister et vivre en paix au sein du monde russe.
Après
Il est impossible de savoir quelles seront les conséquences économiques à court, moyen et long terme d’un tel niveau de sanctions car aucun pays au monde n’a jamais vécu une telle situation et une telle expérience.
Il est plausible que 2022 et 2023 soient des années difficiles pour la Russie et que le grand réajustement économique soit bien plus complexe et difficile qu’il n’y paraisse aujourd’hui.
La Russie de ce printemps 2022, est sur ce point, un laboratoire à ciel ouvert.
Il ne fait plus aucun doute que la Russie gagnera, même s’il est aujourd’hui difficile d’imaginer la forme de cette victoire sur le plan militaire et politique.
La Russie devra gagner tout simplement car une victoire est pour elle une question existentielle.
Il ne fait plus non plus aucun doute que le monde de l’après opération Z sera un nouveau monde.
Les conséquences de cette opération militaire seront sans doute aussi fondamentales et totales que celles qui ont résultées de la disparition de l’URSS.
Une nouvelle architecture mondiale apparaîtra, avec de nouveaux équilibres et déséquilibres, de nouvelles alliances et de nouvelles zones d’influences, une grande reconfiguration qui pourrait, pourquoi pas, voir un retour des blocs et une opposition entre un bloc Occidental, plus américano-centré que jamais, et un bloc Eurasio-asiatique, autour du tandem Moscou / Pékin.
Le retour des Blocs, comme entre 1945 et 1991 ?
Dans ces deux mondes, des visions quasi diamétriquements opposées sur l’histoire, le présent et le futur se sont développées, des visions et des conceptions qui ne sont plus compatibles.
Le cœur de cette grande reconfiguration sera sans doute la grande rupture entre la Russie et l’Ouest qui a commencé avec le printemps de Crimée en 2014.
Une grande rupture totale et systémique : politique, économique, morale et civilisationnelle.
Une grande rupture qui est la manifestation la plus parfaite des incroyables prédictions de l’ancienne éminence grise du Kremlin, Vladislav Sourkov, qui annonçait au printemps 2018 que la Russie allait rentrer dans une nouvelle ère qu’il qualifiait ainsi :
«L’annexion de la Crimée représente l’achèvement du voyage épique de la Russie vers l’ouest, le terme de ses nombreuses tentatives infructueuses d’être incorporée dans la civilisation occidentale, de s’apparenter avec la “bonne famille” des peuples européens et que désormais, Moscou devrait assumer sa « solitude géopolitique ».
Des ambassades des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk (DNR et LNR) ouvriront en Russie d’ici un à deux mois.
Selon les MAE des republiques, nombres de pays seraient prêts à reconnaître l’indépendance des républiques du Donbass et etablir des relations diplomatiques avec elles, en premier lieu l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie qui avaient été les premières à reconnaître les republiques mais aussi par exemple la Syrie, des pays d’Amérique latine, et notamment le Venezuela, Cuba, le Nicaragua, ainsi que la République centrafricaine
Dans le cadre de la guerre contre la Russie menée par l’Occident, soit l’anglosphere et les puissances continentales européennes qui lui sont rattachées au sein du bloc militaro-politique OTAN, le volet médiatique a pris au cours des dernières années, une dimension de plus en plus importante,
Les gens qui suivent ce journal de bord, ce blog de Russie, savent qu’en France, la désinformation sur la Russie est ancienne mais elle a atteint un degré toxique et absolument surréaliste avec la guerre en Ukraine.
Deux exemples récents illustrent parfaitement le poison mental que des grands médias français distillent dans les cerveaux des français, sur la Russie et les deux, parmi d’autres, ont été produits par LCI qui appartient au groupe TF1.
Les followers de ce Journal / Blog savent que LCI est une référence dans la désinformation, les journalistes de la chine feignant de ne pas comprendre les Evénements d’Odessa, ni le coup d’Etat du Maidan.
Mais ces derniers temps , la chaîne a atteint de nouveaux sommets.
La méthode utilisée est comme depuis bien longtemps la création de mythes que les lecteurs de ce blog connaissent, mythes permettant d’alimenter Le Narratif anti-russe. Je reviendrais du reste dans un article très prochain, sur la naissance de l’antirussisme comme nouvelle colonne vertébrale idéologique fédératrice des pays Occidentaux.
Au lendemain du 09 mai, la chaîne LCI s’est lancée dans un chef d’oeuvre de désinformation.
L’obsession toxique de discréditer la Russie est tel que les “experts” se sont inventer un scénario narratif a priori que les élites russes auraient du exécuter (en l’espèce que Poutine allait déclarer la guerre générale et la mobilisation) pour ensuite expliquer que l’absence d’exécution de ce scénario narratif la preuve que la Russie serait en peine.
On apprend que le défilé militaire russe du 09 mai serait : – celui de la honte – pathétique – décevant – nul Seul Yves Thréard affirme que le défilé serait “puissant” tout en étant contraint de se rattraper en affirmant que Vladimir Poutine mentirait en cachant le fait que le a sa population que la guerre ne serait pas “que” dans le Donbass.
Les journalistes français sont ils a ce point idiots ? Pensent ils vraiment que la population russe, qui vit une pénétration internet de 85% ne serait pas au courant que l’opération spéciale en Ukraine se déroulerait sur d’autres zones que le Donbass ? 🙂 On croit rêver, d’autant que les chaines d’informations russes parlent en continue des événements en Ukraine.
Une intervenant ukrainienne dont on ne sait pas d’ou elle sort, affirme elle que le défilé du régiment immortel (qui depuis 2012 voit chaque année entre 8 et 12 millions de personnes défiler dans le pays, dont 1 million en moyenne à Moscou) serait un effet de la propagande 🙂
Le témoignage d’une habitante de Marioupol qui confirme que chasser Azov et libérer la ville n’y fera rien, les journalistes français et autres experts font plus confiance à une ukrainienne de France, qui nous explique que Azov, ce sont des héros (..)
Ou encore que la corruption, l’alcoolisme, le collectivisme et les vilaines maisons sont purement russes et non ukrainiens.
On y apprend aussi que a Moscou, les gens qui participent au régiment immortel, n’aurait plus que ça pour avoir de la fierté, que ce sont des écervelés et que ils vivraient avec 3 kopecks, (donc sans argent), qu’ils n’ont plus de futur, que les moscovites n’ont plus d’eau chaude ni d’eau froide et s’inventent un mythe inventé par la propagande russe (= la victoire de 1945)
On pourrait en rire tellement c’est énorme on dirait du OSS 117 mais Ukrainien 🙂
Maintenant dans le monde réel et loin de mensonges du plateau :
Oui il a neigé a Moscou le 09 mai au matin et cela a sans doute eu une influence sur la parade aérienne, qui a été annulée comme par exemple en 2017.
Non il n’y avait pas que des cadets qui défilaient mais au contraire des soldats qui rentraient de la zone de conflit du Donbass.
Non le défilé n’était pas faible en troupes, en 2016 par exemple il n’y avait “que” 10.000 soldat contre 11.000 en 2021.
Oui il reste bien des avions en Russie ))))))))))))))))))))))
Dans le monde réel, quelques photos du régiment immortel 2022 😉
Selon gouverneure de la Banque centrale, Elvira Nabiullina, au 18/04/2022 ce seraient quelques 52 organisations étrangères de 12 pays qui auraient rejoint le système de transfert de messages financiers russe SPFS soit l’analogue russe de SWIFT.