Pourquoi de plus en plus d’européens (et de francais) souhaitent vivre en Russie et devenir russe ?

Devenir russe devient l’objectif d’un nombre croissant d’étrangers, du monde entier certes, mais aussi d’européens et donc de francais.

Comment en est-on arrivé là ?

Dans les années 90, à la chute de l’URSS, de millions de russes de l’étranger (les pieds rouges) sont revenus des nouveaux pays soviétiques vers la Russie pour devenir des citoyens de la fédération de Russie. La Russie était un enfer sur terre mais être étranger dans une nouvelle nation l’était au moins autant, voir plus.

Dans les annees 2000, ce processus s’est plus ou moins achevé et le relai de naturalisation russe a été pris par les habitants des pays voisins de la CEI avec un pic en 2005 de 504.518 personnes.
La Russie se re-développait et bien plus rapidement que ses voisins de CEI, devenant un aimant à une forte immigration de travail mais pas que.

En 2009 avec la crise financière, ces processus se sont ralentis et n’ont recommencé à accélérer qu’après 2015 et les événements en Ukraine mais avec un temps tampon.
2019 a vu 497.817 naturalisations, 2020 a vu 656.347 naturalisations et 2021 a vu 735.385 naturalisations, le record historique de la Russie.
2022 semble partie pour terminer sur le niveau de 2021 avec entre 600 et 700 000 naturalisations.

Pour autant devenir russe, restait jusque peu une décision prise quasi uniquement par les gens du “monde russe” ou des russes de l’étranger souhaitant se rapprocher de leurs racines alors que pourtant les raisons objectives de fuir l’Europe et s’installer en Russie étaient (et sont toujours) légions comme les lecteurs de mon blog ont pu des 2011 le lire dans ma : “lettre à Clara“, mon conseil de venir travailler en Russie en 2012, ou en 2013 via l’interview d’un fromager francais qui expliquait pourquoi il : “souhaitait devenir russe“.

Durant cette période, rarement, quelques célébrités (acteurs, sportifs..) se faisaient attribuer la nationalité russe par exemple
– en 2003, le basketteur américain Robert John Holden,
– en 2008, la patineuse artistique japonaise Yuko Kawaguchi
– en 2011 le chef d’orchestre et pianiste italien Fabio Mastrangelo et le patineur de vitesse sud-coréen An Hyun-soo
– en 2012, le snowboarder américain Vic Wilde (Victor Ivan Wilde).
– en 2013 l’acteur français Gérard Depardieu
– en 2014 le chef d’orchestre grec Teodor Currentzis
– en 2015 le boxeur professionnel américain Roy Jones Jr et le gardien brésilien du club de football du Lokomotiv Moscou, Marinato Alvim Guilherme.
– en 2016 le judoka italien Ezio Gamba, le défenseur brésilien du CSKA Moscou Mario Fernandez et aussi l’acteur et producteur américain Steven Seagal.
– en 2017 le cycliste australien Shane Perkins
– en 2018, la basketteuse américaine Jamir Faulkner et l’artiste américain d’arts martiaux mixtes Jeffrey Monson.
– en 2019, l’avocat et poète américain Julian Henry Lowenfeld, traducteur anglais d’Alexandre Pouchkine et aussi le Français André-Marc De-loche.
– en 2021, l’acteur serbe Milos Bikovic.

Et puis quelque chose a frémi quelque part, très profond, et des lignes ont bougé.
des lignes humaines profondes … Des lignes tectoniques et civilisationnelles.

Au sein de la communauté francaise de Russie, il m’est ces dernières années, arrivé de plus en plus de fréquemment de rencontrer des francais qui avaient “choisi” de prendre la nationalité russe.
Parce qu’ils habitent en Russie bien sur, mais pas que.
Aussi par Choix.

Ces francais, belges ou suisses sont devenus tellement nombreux que certains ont créé une communauté sur Telegram les fédérant à travers de nombreuses différentes villes de Russie.

Pour comprendre cette hausse factuelle du nombre d’européens qui prennent la nationalité russe malgré le contexte et les difficultés réelles à l’obtenir on peut comparer l’évolution sur 2020 / 2021.

En 2020 : 283 allemands, 90 Grecs, 78 francais, 7 suisses et 5 belges ont pris la nationalité russe ;
en 2021 : 481 allemands, 183 Grecs, 167 Français, 21 Suisses, 17 Belges ont pris la nationalité russe ;

Depuis quelques annees (2015 et les premières sanctions) mais surtout depuis ces deux dernières années, je suis contacté par un nombre croissant de francais, belges, suisses, canadiens… Qui me font part de leur souhait profondément réfléchi de venir habiter en Russie.

Un choix profondément muri par de multiples axes de réflexions dont la variété, la sincérité et surtout le bien-fondé m’ont donné envie de les aider et conseiller, sachant (pour les avoir traversé) les difficultés objectives d’un tel projet.

Pour cela j’ai monté un module sur mesure d’accompagnement : Ruspatriation.

Depuis l’automne 2021, ce sont pas moins de 329 personnes qui sont entrées en contact avec moi et 76 d’entre eux (hommes, femmes, jeunes et moins jeunes, familles .. ) ont été Ruspatrié, et donc conseillé voir pour certains accompagné, au moins durant la première étape de leur émigration.

*

Les changements tectoniques qui sont en train de se produire, malgré le lot de complications qu’ils ont créés, rendent clairement l’objectif encore plus compliqué à atteindre, mais n’ont pas finalement fait diminuer les aspirations à partir vivre en Russie.

Bien au contraire, le flux d’européens et de francais qui souhaitent venir vivre en Russie, dans ce nouveau bastion du conservatisme et des valeurs traditionnelles et familiales (cela s’appelle le conservatisme dynamique), ne fait que grossir et selon toute vraisemblance, devrait que continuer à grossir au vu de la tournure de la situation globale (sociétale, sécuritaire, économique ..) en occident.

Ces changements tectoniques ont par contre accentué les ligne de ruptures et de désaccords profonds entre les partisans du système d’exploitation russe actuel et ceux qui, au contraire, se retrouvent plus dans le système d’exploitation occidental actuel.

Entre les deux, un fossé de plus en plus profond.

Il est désormais plausible que dans les années qui viennent, les secousses qui vont bouleverser l’Occident et surtout la grande reconfiguration russe n’accentuent encore plus ces trajectoires divergentes et donc le fossé, entre les premiers et les seconds.

Une grande reconfiguration russe qui devrait, cette fois et pour de bon, sortir pour longtemps la Russie de cette ornière qu’aura finalement été son voyage vers l’Europe et l’Occident.

Moscou, le 08 septembre de l’an de grâce 2022.

«Sur la voie d’un monde multipolaire» : synthèse du discours de Vladimir Poutine au Forum économique oriental de Vladivostok

– «Ces dernières années, des changements tectoniques se sont produits dans le système des relations internationales, le rôle des pays d’Asie-Pacifique s’est considérablement accru».

– De nombreux pays ont «besoin des ressources» russes, et en particulier du gaz, notamment la Chine en raison de sa croissance (…) Les Chinois sont «des partenaires stables».

– «Le marché européen était considéré comme primordial par le passé», précisant que cela a «cessé» avec début de la crise ukrainienne, en raison des actions des pays européens.

– Le monde ne doit pas être basé sur les «diktats» d’un pays qui s’imagine être supérieur aux autres.

– Les États-Unis, poursuivant leurs propres intérêts, ne se limitent jamais à rien et ne sont gênés par rien pour atteindre leurs objectifs

– C’est l’OTAN qui a ramené la guerre au cœur de l’Europe en bombardant Belgrade. Il s’interroge par ailleurs, au regard du précédent du Kosovo, sur le droit à l’indépendance des républiques de Donetsk et de Lougansk, que Moscou a reconnue.

– Vladimir Poutine a rappelé que des restrictions perdurent, tout en saluant l’action du secrétaire général de l’ONU pour dénouer la situation. «Ces restrictions nous empêchent de travailler dans l’intérêt des consommateurs du marché mondial et continuent à tirer les prix à la hausse, alors que les pays en développement ont besoin d’accéder aux produits agricoles».

– Les pays africains, particulièrement, ont été «trompés» par des pays «colonisateurs», qui «se moquent de l’intérêt des pays en voie de développement», (…) «Presque toutes les céréales exportées d’Ukraine sont envoyées non pas aux pays en développement et aux pays les plus pauvres, mais aux pays de l’Union européenne».

– Sur les enjeux de l’opération militaire russe en Ukraine : «Nous n’avons rien perdu et nous n’allons rien perdre.» Il a par ailleurs estimé que le gain de cette offensive serait le «renforcement de notre souveraineté». Évoquant une certaine «polarisation» sur le sujet, il a estimé que celle-ci serait «bénéfique» et favoriserait l’accélération du développement de la Russie, en rejetant ce qui nuit à cela. Il est ensuite revenu sur les débuts de l’offensive russe, soulignant que les «opérations militaires [avaient] commencé en 2014 après le coup d’Etat en Ukraine par ceux [qui tentent de] supprimer leur propre population».

– «Nous n’avons rien commencé du point de vue militaire, nous essayons simplement d’y mettre un terme.» (…) «C’est notre devoir d’aider la population du Donbass, et nous le remplirons jusqu’à la fin.»

– «Le programme de développement de la route de la mer du Nord – longeant la côte arctique russe de la mer de Kara jusqu’au détroit de Béring – recevra un financement de 1,8 trillion de roubles jusqu’en 2035, a annoncé le chef de l’Etat russe.

– «L’aviation civile russe prévoit de se «rééquiper systématiquement» avec des avions produits sur son propre territoire» a annoncé le président russe.

– «Il faut continuer à renforcer l’attractivité de l’Extrême-Orient russe et encourager l’installation de nouveaux citoyens, tout comme la natalité. La construction de logements et «la modernisation des infrastructures» doivent y concourir. Les «technologies vertes» seront utilisées pour les nouveaux habitats, et des crédits plus faciles doivent encourager l’arrivée de familles et d’étudiants pour développer les villes de l’Extrême-Orient. Cela permettra de prévenir les pénuries de main-d’œuvre».

– La Russie dispose de ressources, notamment minières, sur son propre sol, et il faudra encourager l’exploitation de certains minerais tels que le manganèse, souligne le dirigeant. Les programmes d’infrastructures et de génie civil lancés dans l’Extrême-Orient appuieront le développement des échanges commerciaux : la région connaît un véritable «boom logistique mais seules les «entreprises opérant dans la juridiction russe» pourront exploiter ces ressources.

– Les volumes de fret transitant via les ports russes n’a quasiment pas diminué, et, de manière générale, «il est impossible d’isoler la Russie», (…) tandis que les sanctions contre Moscou «menacent le monde entier».

– Vladimir Poutine table sur une croissance des échanges avec la zone Asie-Pacifique, qui doit permettre «le développement de l’Extrême-Orient russe» et notamment de la production industrielle, qui a connu une forte croissance ces dernières années. Des mesures fiscales et de soutien ont déjà adoptées pour les régions à fort potentiel de développement, afin de créer «un environnement favorable pour les entreprises».

– «La Russie soutient sa stabilité économique et monétaire, le taux de chômage avoisine les 4% et les prévisions économiques sont bien plus positives qu’au début du printemps», a affirmé le chef de l’Etat russe, soulignant que Moscou parvenait à gérer l’«agression» financière, économique et technologique de l’Occident.

– Selon Vladimir Poutine, «les milieux d’affaires veulent renouer des liens avec la Russie» et le monde est en train de basculer, avec le recul de la confiance dans le dollar et la livre sterling, puisque «le nombre de règlements dans cette devise est en baisse la Russie s’éloigne de leur utilisation».

– «Il est possible que la niche du business européen touchée par les sanctions dans le monde soit occupée par les Américains».

– «Le rouble et le yuan seront utilisés dans les paiements de gaz avec la Chine à parts égales

– «Les pays occidentaux violent constamment leurs propres règles, les adaptant à leur conjoncture» (…) «L’épidémie a été remplacée par d’autres défis mondiaux qui menacent le monde entier. Je veux dire la fièvre des sanctions de l’Occident, ses tentatives non déguisées et agressives d’imposer des modèles de comportement aux autres pays, de les priver de leur souveraineté et de les soumettre à leur volonté».

Source

Inflation en Russie sur 2022

La presse anglaise a titré sur le fait que les prix montent en Angleterre tandis qu’ils baisseraient en Russie 🙂

Ci-dessous un graphique qui montre l’inflation officielle annuelle en Russie entre 2002 et 2022.

Comme on peut le voir l’inflation était de 20% en 2000 / 2001, puis elle a continuellement baissé hormis des pointes / hausses lors des crises de 2008 / 2009, 2014 / 2015 et bien entendu en 2022.

Il faut noter sur la courbe ci dessous qui est la courbe d’inflation officielle mensuel que, vraisemblablement, la Russie connaîtrait actuellement une faible déflation.

Si l’on prend la hausse mensuelle sur les 7 premiers mois de l’année (mois VS mois de l’année précédente) :
Janvier : +0,99%
Février : +1,17%
Mars: +7,61%
Avril : +1,56%
Mai : +0,12%
Juin : -0,35%
Juillet : -0,39%

Source

Le bêtisier de Liz Truss sur la Russie et l’Ukraine

Liz Truss vient d’être élue en succession de Boris Johnson 🙂

Quelles sont les principales bévues de la nouvelle dirigeante britannique Liz Truss concernant le dossier Russo-ukrainien ?

#BestOff :

▪️ En février, elle a annoncé qu’elle ne reconnaissait pas la souveraineté de la Russie sur les régions de Voronej et de Rostov.

▪️ Elle a déclaré que la Grande-Bretagne apportait un soutien aux “alliés baltes de l’autre côté de la mer Noire”.

▪️ Elle a qualifié l’Ukraine de pays qui “a connu les invasions auparavant – des Mongols aux Tatars”

▪️ Elle a annoncé un soutien “absolu” à tous les Britanniques qui iront en Ukraine pour participer au conflit, mais a ensuite changé d’avis et décidé qu’elle ne soutenait pas la “participation directe des troupes britanniques”.

▪️ Lors d’un des discours, elle a fait un lapsus, disant qu’elle se “battrait pour” Poutine, mais s’est immédiatement corrigée.

▪️ Elle s’est déclarée prête à utiliser des armes nucléaires si nécessaire, après quoi elle a été critiquée pour son attitude frivole sur cette question.

▪️ Enfin a déclaré qu’elle ne “ferait pas d’aumônes” à la population pour aider dans un contexte d’augmentation record des prix.

Le Figaro s’inspire de mon article sur la rentrée scolaire en Russie

«Valeurs traditionnelles», «unité», «désarmer l’Ukraine»… Le nouveau programme «patriotique» des écoliers russes

Le ministère de l’Éducation russe a annoncé instaurer le lever de drapeau chaque lundi à compter du 1er septembre, ainsi qu’une nouvelle matière obligatoire sur les «valeurs spirituelles et morales russes traditionnelles».

Dans la boîte mail des parents d’élèves en Russie est arrivé un message inhabituel à la veille de cette rentrée scolaire 2022. Signé du ministère russe de l’Éducation, le mail, traduit sur le blog d’un Français vivant à Moscou, explique qu’à partir de ce 1er septembre, les questions «de l’éducation des enfants, la formation aux valeurs spirituelles et morales russes traditionnelles, le sens du patriotisme et de la citoyenneté», seraient intégrées de manière «obligatoire» dans les activités parascolaires.

En plein contexte de guerre en Ukraine, le ministère annonce notamment la création d’une nouvelle matière obligatoire, intitulée «Parler de l’important». Cette discipline sera l’occasion de traiter «des valeurs familiales, de la culture, des opportunités et des valeurs de l’éducation, des dates importantes», explique le message adressé aux parents. Les nouveautés 2022 ne s’arrêtent pas là. À compter du 1er septembre également, «chaque semaine commencera par la levée du drapeau d’État de la Fédération de Russie», une cérémonie effectuée «sous la direction de l’enseignant de la classe».

Protéger les écoliers contre «la guerre de l’information»

Vendrediplusieurs parents d’élèves français scolarisés dans des écoles publiques à Moscou confirmaient avoir vu le drapeau aux bandes horizontales bleu, blanc, rouge dressé dans la cour de l’école. Cette tonalité patriotique n’est pas nouvelle en Russie. Déjà en 2013, le Kremlin publiait un décret ordonnant aux écoles russes de déployer le drapeau national en permanence, et de jouer l’hymne russe le jour de la rentrée scolaire. Le président Vladimir Poutine, à l’initiative du texte, estimait que cette réforme contribuerait «à former des patriotes surtout chez les jeunes générations».

Dans le nouveau programme ébauché en cette rentrée par le ministère de l’Éducation, le conflit en Ukraine est présent en filigrane. Parmi les thématiques proposées jusqu’à fin novembre, de «Notre pays, c’est la Russie» aux «Valeurs familiales traditionnelles», chaque niveau a son propre programme. Au primaire, les élèves parleront «de l’unité du pays, de la nécessité de préserver et de protéger sa culture, son peuple». Les collégiens, eux, seront invités à discuter de l’«opération militaire spéciale», nom donné par Moscou à l’invasion de l’Ukraine, comme une «manifestation du vrai patriotisme». L’enseignant devra expliquer que l’objectif est de «protéger la population du Donbass, qui a été victime d’intimidation et d’oppression par le régime de Kyiv, désarmer l’Ukraine, empêcher l’installation de bases militaires de l’OTAN sur son territoire».

Quant au lycée, les élèves se verront expliquer «le fait que les habitants des Républiques populaires de Lougansk et Donetsk», dans le Donbass, «sont des Russes, et que leur retour en Russie est important». Selon un site russe d’information sur l’éducation, le ministère aurait alloué 22 millions de roubles (360.000 euros) pour fournir les supports pédagogiques de cette nouvelle discipline traitant de «l’important». Ainsi, «les enfants seront sensibilisés chaque semaine au patriotisme et à la morale pendant les heures de classe», détaille le site russe, afin de «ne pas laisser les écoliers “en tête à tête avec la guerre de l’information”».

Autre aspect de la réforme entrant en vigueur ce 1er septembre, l’apprentissage de l’Histoire dès la première année. L’annonce en avait été faite en avril dernier par Sergueï Kravtsov, ministre de l’Éducation. «Vous pouvez toujours (…) instiller l’amour pour la patrie, même à partir de la première année», avait-il fait valoir lors d’un forum sur l’éducation, disant faire confiance aux historiens russes pour construire un programme adapté aux plus petits. «Nous sommes très sérieux quant à la mise en œuvre de ces tâches importantes, nous nous préparons et attendons nos enfants !», conclut le ministère de l’Éducation dans son mail aux parents.

Source

Moscou : record de mariage et baisse des divorces

Selon l’Office de l’état civil de Moscou, depuis le début de cette année 2022, le nombre de divorces à Moscou a diminué de 1,6 % par rapport à la même période en 2021.

En conséquence, le nombre de divorces est revenu au niveau de 2015 et est donc le plus faible des six dernières années.

En outre, en 2022, 40 000 couples se sont déjà mariés dans la capitale – c’est un chiffre record depuis près de six ans et près de 20 % de plus qu’à la même période de 2021.

Opération Z en Ukraine : Jour 190.

Il y a maintenant 6 mois que l’opération Z a commencé et on commence à avoir un tableau plus clair et complet de ce qui s’est passé, de ce qui se passe et de ce qu’il pourrait se passer.

Sur le plan économique.

La situation semble, du moins pour l’instant, parfaitement sous contrôle, ce qui semble plus que surprendre nombre de gens avec qui je communique mais aussi les grands médias français.

Clairement sur le plan intérieur, rien n’a vraiment changé dans la vie des russes hormis une forte inflation sur les derniers mois, mais ce n’est pas propre à la Russie, tandis que le pays connaîtrait même une petite déflation depuis cet été (-0.35% en Juillet et -0.39% en juillet).
L’inflation en Russie sur un an n’est pas plus élevée que dans certains pays européens, comme par exemple les pays Balte.

Le rouble lui ne baisse plus comme on peut le voir ci dessous.
L’effondrement du rouble a eu lieu du 25/02 au 09/03 et ensuite il n’a fait que se renforcer.
Depuis mi-mai il s’est clairement stabilisé à autour de 60 roubles pour 1 euro.
Le rouble ne s’effondre pas et un rouble fort comme actuellement est même peut être devenu un problème pour l’économie russe, les autorités annoncent souhaiter le faire baisser à autour de 1 euro pour 70/80 roubles.

Du coté des réserves internationales de changes, elles s’élevaient à 580,6 milliards de dollars au 12 août 2022, contre 629,4 milliards de dollars le 25/02/2022 soit une baisse de 48,8 milliards de dollars ‘seulement’ en 6 mois de guerre.

Quand au taux directeur de la banque centrale, il était de 9,5% avant le 25/2, il a été monte d’un coup a 20% le 28/02 et ce jusqu’à début avril, et la banque centrale l’a ensuite fait baisser pour atteindre 8% le 25/07, son taux actuel.

Le taux de chômage est lui reste étonnamment bas pour l’instant, oscillant à entre 4 et 5%, mais cela s’explique.
Les grandes entreprises étrangères qui ont cesse leurs activités en Russie ont continué à payer les salaires de leurs dizaines de milliers d’employés, et nombreuses sont celles qui ont vendu leur business, sauvant ainsi le chaîne de sous traitance, et donc les emplois indirects.
Cependant, on constate une hausse du travail partiel et des statuts de’auto-employés qui sans doute maquillent un peu le tableau, le chômage devrait cependant et vraisemblablement augmenter en Russie cet automne et hiver.

Sur ce volet la : la victoire russe est quasi totale.
L’uppercut occidental a échoué.

Les raisons ? J’en vois trois principales :
– Les mesures politiques et économiques des élites russes qu ont démontré leur supériorité totale sur les élites occidentales, et surtout européennes.
– Le soutien politique de l’Asie, Chine et Inde surtout, qui ont largement soutenu la Russie par de massifs achats d’énergie.
– Une résilience de l’économie russe qui s’est montrée plus solide que prévu, déjouant tous les pronostics.
– La force exceptionnelle et profonde du peuple russe qui n’a “pas” paniquée et soutient clairement ses elites politiques.

Sur le plan militaire.

La carte ci dessous montre la situation au sol, les territoires en rouge sont les territoires sous contrôle de la Russie et de ses alliés.

La Russie et ses alliés contrôlent environ 18% du territoire ukrainien soit 99.600 kilomètres  carrés.
– 100% de la République populaire de Lougansk (26.682 km² sur 26.682 km²)
– 95,6% de l’Oblast de Kherson (24.513 sur 25.642 km²)
– 75,5% de l’Oblast de Zaporozhye (20.441 km² sur 27.049 km²)
– 60,3 % de la République populaire de Donetsk (15.996 km² sur 26.508 km²)
– 34,2% de l’Oblast de Kharkov (10.775 km² sur 31.436 km²)
– 5,21% de l’Oblast de Mykolaev (1.247 km² sur 23.938 km²)

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La rentrée scolaire en Russie le 01/09/2022

Aujourd’hui le premier septembre est le jour du savoir soit la rentrée scolaire en Russie.

Les lecteurs de ce journal de bord sur la vie en Russie savent que l’éducation en Russie est en pleine mutation (et il était temps) et que les autorités ont décidé de décoloniser l’éducation russe, de créer une école idéale et qu’une education plus patriotique et conservatrice semble naître en Russie avec notamment l’apparition de nouvelle matière / discipline telles que l’enseignement des valeurs familiales, du patriotisme, un approfondissement des connaissances de la Russie ou encore l’instauration du lever du drapeau et de l’hymne russe.

La confirmation de cette reprise en main de l’éducation Une rentrée sous le signe, cette année, du patriotisme : voila le mail reçu par les parents, dont nous, par notre école publique russe pour cette rentrée

Projets fédéraux dans le domaine de l’éducation.

À partir de cette année scolaire, les projets fédéraux dans le domaine de l’éducation, axés sur les questions les plus importantes de l’éducation des enfants, la formation des valeurs spirituelles et morales russes traditionnelles, le sens du patriotisme et de la citoyenneté, deviennent obligatoires dans la vie de chaque école.

Chaque semaine scolaire à l’école commencera par la levée du drapeau d’État de la Fédération de Russie. Cette procédure solennelle sera effectuée par nos enfants sous la direction de l’enseignant de la classe.

L’honneur de hisser le drapeau sera décerné chaque semaine aux gars qui participent activement à la vie de l’école, faisant preuve d’une attitude sérieuse envers l’apprentissage, qui ont réussi dans n’importe quel domaine de l’enseignement complémentaire.

De plus, la leçon “Parler de l’important” devient obligatoire, avec laquelle commencera lundi dans toutes les écoles du pays. Les enfants discuteront de sujets intéressants sur le plan social, parleront des valeurs familiales, de la culture, des opportunités et des valeurs de l’éducation, des dates importantes.

Nous sommes très sérieux quant à la mise en œuvre de ces tâches importantes, nous nous préparons et attendons nos enfants !

Le drapeau est lui bien en place dans la cours !

Dans le Donbass, des soldats ukrainiens épuisés racontent leur «enfer»: le récit de l’envoyé spécial du Figaro

Sous le couvert de l’anonymat, un groupe de combattants raconte le pilonnage incessant et la pénurie d’armes modernes près de Bakhmout.

Ils sont une poignée, quatre hommes, assis sans trop se dire grand-chose au
fond d’un des rares établissements encore ouverts de Kramatorsk. L’endroit n’est pas bien gai, avec sa tonnelle de tôle et ses chaises dépareillées où dort un vieux chat, mais il est ouvert et sert un peu d’alcool, chose désormais totalement interdite dans cette ville comme dans toute la partie du Donbass que contrôle l’Ukraine. Les vagues vêtements civils ne suffisent pas à cacher les pièces d’uniformes et les airs de soldats. Ils ont les traits tirés de fatigue.

Lentement, debout, ils lèvent de petits verres de vodka, étonnamment délicats à la mémoire de leurs amis tombés au front.

«On revient juste de deux semaines de combats. Un enfer», dit Yuri. Ces soldats ukrainiens ne sont pas autorisés à parler, alors ils ne donneront ni leur nom ni l’endroit exact où ils se sont battus. «C’est un petit point au sud de Bakhmout auquel personne ne faisait attention avant», détaille le sergent chef Alexii. Ce jeune trentenaire à la barbe drue, et «ses sections», une< centaine d’hommes au total, s’y sont installés au début août.

«Nous sommesla 2e compagnie d’infanterie légère», se contente-t-il de dire. Sa position, sur «une petite hauteur», l’un des rares reliefs que l’on peut trouver dans la plaine désespérément plate autour de la région de Donetsk, n’offre guère de protection. Des tranchées ont été creusées et deux «dots», sortes de petits bunkers ont été plantés. «Ça protège un peu mais les tirs russes sont incessants. Ils nous envoyaient tout ce qu’ils avaient, du mortier de 120 mm, mais aussi de l’artillerie, des roquettes Grad et même de l’aviation», raconte le sous-officier sur un ton égal.

Son seul petit bout de terrain pouvait être touché «40 à 60 fois par jour».

La 3e section, placée «un peu au nord des miennes», est particulièrement visée. «Un jour, un coup à ouvert d’un seul coup un de leur dot en deux, trente centimètres d’épaisseur de béton. En une fois. Je ne sais pas avec quoi ils ont pu faire ça.»

Les nuits sont pires. Les bombardements réguliers. Un soir, Alexii a même dû subir les chocs de munitions au phosphore blanc. «C’est assez beau. On ne savait pas ce que c’était. On aurait dit un feu d’artifice.»

Cette fois, la salve les ratera, ne causant aucune perte. «Les Russes tentaient de s’infiltrer et de placer des snipers. Mais ils n’y sont pas parvenus.»

Selon lui, la stratégie russe est toujours la même, simple et brutale. «Ils tirent à l’artillerie, puis ils lancent un assaut frontal à pied. On les a toujours repoussés», affirme-t-il. «Leurs pertes sont certainement très lourdes», imagine-t-il, sans franchement le regretter.

Yuri, qui n’a sans doute pas tourné la page de ses vingt ans et que des tatouages récents mangeant son bras et son cou ne parviennent pas à vieillir, narre aussi, d’une voix agitée, ses dernières semaines. «On reste dans la position presque tout le temps. Aux aguets. Parce qu’il y a les bombardements, les assauts, et puis les drones.» Leurs propres engins, le plus souvent des «machins civils offerts par le peuple d’Ukraine» mais aussi des «Orlan-10», des drones militaires russes rudimentaires.

«Le problème est que l’on ne peut pas savoir si ce sont des drones amis ou ennemis. Ça nous rendait si nerveux qu’au bout d’un moment on voulait tous les abattre sans chercher à savoir.» Les nerfs lâchent aussi en raison de l’isolement alors que les communications avec le PC, voire avec les unités voisines, sont compliquées.

«Les radios marchent bien mais elles ont une portée limitée. Bilan, au bout d’une semaine, on ne sait plus du tout ce qui se passe à plus de deux kilomètres», déplore Yuri.

Pour répliquer et éloigner un peu le danger, l’artillerie ukrainienne réplique.
«Mais beaucoup moins que les Russes. Peut-être une dizaine de coups par jour.» Dans ce coin du Donbass, les exploits des matériels livrés par les États-Unis ou l’Europe, les Caesar, les obusiers M-777 ou les lance roquettes Himars ne sont encore que des promesses lointaines. Ils doivent se contenter de canons russes, peu précis.

«Des 777, moi je n’en ai pas vu. Mais j’ai vu beaucoup de 200 et de 300», grogne Yuri, utilisant l’argot de l’armée soviétique qui, au plus fort des combats afghans, désignait les transports mortuaires par «200» et les ambulances transportant des blessés par «300».

Les pertes sont lourdes. Plus de 70 blessés lors de cette rotation, et «une vingtaine de morts», (NDAL sur 100 conbattamts donc) dont leurs deux amis au souvenir desquels ils boivent ce soir-là. «Ils sont allés en reconnaissance dans un BRDM et ils ont été touchés par un RPG. Tout a explosé», lâche Alexii. Le BRDM, ce véhicule de transport russe des années 1960, est selon lui «bon à rien».«Avec une munition adéquate, on peut percer son blindage.

Son régiment est immédiatement envoyé à Kiev pour défendre la ville menacée. «Je me suis battu à Irpin mais surtout à Hostomel.» Cet aéroport proche de la capitale est la cible d’un assaut des parachutistes russes. «Les combats ont été infernaux. Nous étions 200 pour appuyer nos forces spéciales, contre au moins 1500 Russes. On a eu beaucoup de pertes.»

Alors qu’en fin de journée, il part en éclaireur dans un parc avec Yuri, qui le suit depuis toujours, il est touché au bras. «Un shrapnel m’a ouvert le biceps», lance le sous-officier, en massant une longue cicatrice. Il aura un mois de rééducation avant de repartir au feu. À Kharkiv d’abord, puis dans le Donbass.

Pour Alexii, la chute de Lyssytchansk, début juillet, «a fait mal». Il y avait des amis et surtout, en 2014, il s’était battu pour en sortir «les pseudo-séparatistes et les Russes». Cette guerre-là, il l’a faite aux côtés des hommes des bataillons Aidar et Donbass, deux groupes proches des néonazis et à la réputation sulfureuse. Il affirme n’en avoir jamais fait partie.

«De toute façon, ces bataillons n’existent plus. Ils ont été intégrés à l’armée et aujourd’hui, ils ont pratiquement disparu.

Les hommes des premiers temps ont été décimés, et aujourd’hui les nouveaux ne sont plus très bons».

Ce manque d’expérience des «bleus», il ne la connaît que trop. «On avait pas mal de soldats qui faisaient leur baptême du feu, sans grande formation. Ils étaient terrorisés», détaille Alexii. Certains ont-ils fui les lignes? «Pas chez nous, mais ailleurs, oui, c’est arrivé».

Il est bien décidé à prendre «sur le temps de repos» pour encadrer ses nouveaux. «Il le faut sinon les pertes seront pires.»

La deuxième compagnie repartira bientôt en ligne. Ils ne savent ni où, ni quand.

«Tout ce que l’on sait, c’est que ce sera pourri.

Derrière lui, dans la nuit, «ses gars» lèvent un énième verre en direction du ciel noir.

Par Tanguy Berthemet – Publié le 21/08/2022 à 17:51,