Bataille pour l’Eurasie (3)

Cet article a été publie originellement dans le second numéro de la revue perspectives libres

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 Modus opérandi  du coup d’état démocratique

 La logistique de communication et de d’organisation des manifestations qui ont dans certains cas durés des semaines, dans le froid glacial de l’hiver Ukrainien, n’a rien laissé au hasard. Le calme et la rapidité de la prise du parlement, dans un pays pourtant instable et violent comme l’est la Géorgie, ou le rôle d’une ONG proche de l’opposition, le CESID[1] qui contestera les résultats des élections avant leur proclamation en Serbie, puis le lancement des manifestations de rue coordonnées, ne sont pas non plus des hasards. En effet ces évènements sont le fait de réels permanents formés aux techniques de l’agitation, et regroupés au sein de divers mouvements. Ces véritables révolutionnaires professionnels vont organiser les renversements de pouvoir, tout en se déplaçant d’états en états et de révolutions en révolutions, pour le compte des ONG, et donc des intérêts américains en Europe. Le point commun de ces révolutions a d’abord été l’apparition dans chaque pays de mouvements de jeunesses absolument similaires tant sur le fond que la forme, et qui ont appliqué la même méthode révolutionnaire. La première révolution de couleur qui s’est déroulé en Serbie en 2000 a été en très grande partie organisée par un mouvement de jeunesse intitulé Otpor[2], véritable moteur des contestations étudiantes. Alexander Maric, un des cadres d’Otpor, reconnaitra plus tard “ses liens directs avec des membres du département d’état et de la maison blanche et aussi que le gros des financements venait de l’USAID, Freedom House et l’Open Society“[3]. Maric précisera que “des séminaires de formation ont eu lien à Budapest, Bucarest et en Bosnie pendant le printemps précédant les événements“. Les militants d’Otpor y rencontreront des responsables de l’Albert Einstein Institute, ainsi que des militants du mouvement Polonais Solidarnosc [4].
La technique utilisée, affirmera Maric, est directement inspirée des techniques d’actions non violentes de Sharp et Ackerman, visant à: “discréditer le pouvoir, inciter à l’action civique et la manifestation pacifique, le tout supervisé par une association sans exécutif identifiable. (…) Le mouvement devant en outre se présenter comme apolitique et viser surtout les indécis“[5]. En outre le groupe se devait : “d’user de messages courts, des slogans et les militants devaient être choisis selon leur apparence, pour vendre l’image du mouvement en lui donnant un aspect romantique et libertaire, à même d’inspirer des vocations“[6]. Enfin le mouvement pouvait compter sur un appui massif du main-stream médiatique planétaire, qui s’était assuré de filtrer et trier les informations pour pouvoir présenter les manifestations comme des rassemblements spontanés d’une jeunesse aspirant à la liberté et la démocratie, et souhaitant intégrer la communauté internationale.

 

Après la réussite de l’opération en Serbie, deux cadres d’Otpor, Aleksandar Maric et Stanko Lazendic seront employés par Freedom House pour aller dispenser leur savoir et leur expérience dans les autres pays visés et apporter  leur soutien aux révolutions en Géorgie en 2003 et en Ukraine en 2004. L’assistance portera tant sur les techniques de protestations non violentes que de négociations avec les autorités ou encore sur la logistique nécessaire pour tenir des manifestations durant plusieurs semaines. Cela sera particulièrement le cas en Ukraine ou des milliers de tentes et de couvertures sont mises à disposition des manifestants pour camper sur la place de l’indépendance dans un froid glacial. Pendant l’occupation de la place des repas gratuits sont servis. La signalétique choisie par ces groupes frères (le poing tendu) laisse peu de doute quand à leur interdépendance, que ce soit pour le groupe Ukrainien Pora[7], le Kirghize Kelkel[8]  ou le Géorgien Kmara[9]. Il est à noter que dans nombre de pays n’ayant pas (encore ?) été visés par des révolutions de couleur, des groupes similaires existent déjà, que ce soit par exemple en Biélorussie (Zubr[10]), en Russie (Oborona[11]) ou en Albanie (Mjaft[12]), ce dernier pays étant actuellement le théâtre de manifestations très importantes. On peut également citer les mouvements Ouzbeks Bolga et Youkol, ainsi que le mouvement azéri Jok. Ce sont d’ailleurs les militants du mouvement Géorgien Kmara qui ont entrainés leurs cousins russes d’Oborona, ajoutant ainsi encore de l’huile sur le feu aux relations tendues entre les deux pays.

 

Quand à Otpor, il s’est transformé en parti politique serbe en 2003, échouant lamentablement aux législatives de la même année avant de se fondre dans le parti politique DS de Boris Tadic, l’actuel président. La plupart de ses membres se sont reconvertis dans des centres d’analyse politique locaux tels que CANVAS et CNVR. L’un des cadres, Ivan Marovic, dès 2003[13], a coopéré avec l’ICNC déjà mentionné, et l’entreprise York Zimmermann Inc., ainsi qu’avec une équipe de concepteurs des jeux informatiques (BreakAway Ltd.) à l’élaboration d’un jeu vidéo paru en 2005 (A Force More Powerfull. The Game of Nonviolent Strategy). Le jeu[14] repose sur les différentes stratégies et tactiques d’action non-violente qui ont été employées à travers le monde pour renverser les « régimes dictatoriaux » et les « ennemis de la démocratie et des droits de l’homme », dont Milosevic.

 

Ainsi, la boucle est bouclée et les jonctions faites avec les théories d’Ackerman de développement des jeux vidéo sur des scénarios réels, ou à venir de révolutions de couleurs, cités antérieurement. Il faut noter une autre particularité des révolutions de couleur. Elles sont axées sur le renouveau national et l’anti impérialisme (Russe ou postsoviétique, par glissement sémantique) et elles ont vu la participation active des nationalistes et de certains groupes d’extrême droite dans les pays concernés. Ce sera particulièrement le cas en Serbie et en Ukraine. Pour cette raison, on a parlé de front Orange-brun[15] contre la Russie, à cause d’une coalition hétéroclite réunissant des démocrates pro-occidentaux et des mouvements d’ultra-droite, voire néo nazis, ouvertement anti Russes. Ces alliances se confirment aujourd’hui en Russie ou la faible et disparate opposition libérale manifeste à côté des skinheads nationalistes de gauche du part national bolchevique, ou du principal mouvement d’extrême droite.

 

Bilan et avenir des révolutions de couleur

Le but des révolutions de couleur nous l’avons vu est de renforcer la présence Américaine (et donc de l’Otan) au cœur de l’Eurasie, autour de la Russie, afin d’atteindre des objectifs géostratégiques et géopolitiques théorisés au siècle dernier par les stratèges géopolitiques Mackinder ou Spykman. Il est à noter que ceux-ci avaient vu juste, L’Eurasie se révélant comme la zone essentielle du monde en termes de ressources énergétiques, de populations et de frontières entre aires civilisationnelle.

 

Bien sur ces révolutions présentant de nombreux points communs, comme le fait de viser des états jugés stratégiques pour des raisons géographiques ou politiques (être des états frontaliers de la Russie) ou encore situés sur des corridors énergétiques. Mais l’un des points communs des révolutions de couleurs est également de viser des états avec des régimes politiques relativement faibles ou instables. La Russie et la Biélorussie par exemple n’ont pas du tout été inquiétés par ces menaces, notamment en ayant rapidement pris les mesures nécessaires, les ONG ayant été interdites, et les mercenaires de la révolution expulsés. La Russie à d’ailleurs innové en développant un contre mouvement de jeunesse à grande échelle, les Nashi[16], destiné à prévenir toute tentative de révolution de couleur dans la rue en étant capable de tenir le pavé. En outre, sur le territoire de la fédération de Russie et en Biélorussie, les activités du réseau Soros et ses filiales ont tout simplement été interdites.

 

Pour Karine-Ter-Sahakian[17], déjà en 2008, les régimes nés de ces révolutions de couleur n’avaient aucun avenir. Cette dernière affirmait que : “L’effondrement des révolutions de couleur dans l’espace postsoviétique est tout à fait naturel, voir simplement inévitable. L’enjeu de la démocratie et du libre marché, dont George Bush se gargarisait avec beaucoup d’enthousiasme, s’est avéré prématuré”. Effectivement, ces révolutions de couleurs qui portent pour beaucoup des noms de fleurs (révolution des tulipes, des œillets, des roses) ont fanés. Les cas de l’Ukraine et de la Serbie, sont emblématiques de l’incapacité des dirigeants issus des révolutions de couleur à maintenir une stabilité économique minimale, même en ouvrant leurs économies aux intérêts Américains. Le mouvement a été un échec du moins dans son aspect politique à long terme. Sa rhétorique et sa tactique ont été parfaitement décryptées et décodées.

 

Des contres mesures efficaces ont facilement pu être mises en place et ont fait leurs preuves en Russie et en Biélorussie. En outre, il est évident que la crise financière a diminué les budgets disponibles pour les révolutions de couleurs. Enfin, la riposte russe, diplomatique ou militaire en août 2008, à démontré qu’elle était prête à s’opposer à ces viols démocratiques et  à protéger ces citoyens, même à l’extérieur de ses frontières.

 

Maintenant, toute cette énergie intellectuelle dissipée par les promoteurs des révolutions de couleur dans diverses tentatives de déstabilisation de la Russie pourrait utilement s’employer à par exemple mesurer les conséquences à venir du printemps arabe car pour le moment, elles restent incalculables mais devrait concerner tant l’Europe et la Russie que l’Amérique.

 


[1] http://en.wikipedia.org/wiki/CeSID

[2]http://fr.wikipedia.org/wiki/Otpor

[3]Patrice Vidal – Dans l’arrière cour de Moscou, p. 147 et 148

[4] http://fr.wikipedia.org/wiki/Solidarno%C5%9B%C4%87

[5]Patrice Vidal – Dans l’arrière cour de Moscou, p. 149 et 150

[6]Patrice Vidal – Dans l’arrière cour de Moscou, p. 151

[7] http://fr.wikipedia.org/wiki/Pora

[8] http://en.wikipedia.org/wiki/KelKel

[9] http://fr.wikipedia.org/wiki/Kmara

[10] http://fr.wikipedia.org/wiki/Zubr_%28Bi%C3%A9lorussie%29

[11] http://www.oborona.org/

[12]http://en.wikipedia.org/wiki/Mjaft

[13] http://socio-anthropologie.revues.org/index1248.html

[14] http://www.aforcemorepowerful.org/game/index.php#about

[15] http://www.win.ru/en/ideas/6645.phtml

[16] http://nashi.su/

[17] http://eafjd.eu/spip.php?breve1692

 

 

 

Bataille pour l’Eurasie (2)

 Cet article a été publie originellement dans le second numéro de la revue perspectives libres

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Doctrines géopolitiques, non violence et ONG humanitaires

Après le second conflit mondial, l’Europe est donc divisée en deux par le rideau de fer,  l’URSS considérée comme principale puissance capable de dominer l’Eurasie, et les ligues  prométhéennes qui souhaitent son implosion en divers états sont soutenues par la CIA. Les stratèges US vont alors appliquer à la lettre les enseignements géopolitiques de leurs  idéologues en tentant de ceinturer la Russie par un réseau d‘états tampons leur permettant de continuer à avancer en Eurasie. Ce réseau sera constitué d’une façon tout à fait novatrice : Organiser la contestation de régimes de façon non violente et faussement spontanée, au moyen d’un réseau parfaitement organisé. A cette fin, une série d’associations et ONG vont être créées. Présentées comme des relais de la démocratie, elles sont surtout les relais politiques de l’Amérique au sein d’états jugés peu fiables et non démocratiques, à savoir les pays qui n’appartenant pas à l’alliance occidentale, appartenaient généralement au groupe des non alignés. Le concept est donc ancien, il date des années 80, en pleine guerre froide. Il va se développer dans une kyrielle d’ONG que le gouvernement Reagan a financées pour affaiblir et contrer l’influence Soviétique.

 

Les principales sont l’USAID[1], ainsi que l’USIP[2], ou encore la NED[3], qui est une école de cadres pour le monde entier, et qui gère elle-même de nombreuses associations libérales de promotion des valeurs démocratiques. Il y a aussi l’Institute for the Study of URSS ou l’American Comitee for Liberation of Bolchevism[4] auxquelles ont contribué des leaders Prométhéens après le second conflit mondial. On peut citer l’institut Aspen[5], la Jamestown fondation[6] ou encore le comité pour la paix dans le Caucase[7], qui a organisé, financé et soutenu le Jihad contres les Soviétiques en Afghanistan. Ce comité est une émulation de Freedomhouse[8], cœur du système, fondée en 1941 pour contrer l’influence nazie et qui évoluera plus tard vers l’anti soviétisme. La liste ne saurait être complète sans la Fondation Héritage[9], fondée en 1973, arme de la doctrine Reagan antisoviétique et aujourd’hui l’un des principaux think-tanks conservateurs américains. Le réseau Open Society[10] de Georges Soros, destiné à promouvoir la liberté et la démocratie dans le monde postsoviétique, via un certain nombre d’associations sous traitantes. Enfin l’AEI[11] qui a été l’un des architectes majeurs des politiques néoconservatrices de l’administration Bush. L’AEI est souvent citée, aux côtés de l’Heritage Foundation[12], comme étant la contrepartie de droite du think tank libéral Brookings Institution[13].

 

L’Albert Einstein Institute[14] est une organisation particulièrement intéressante, puisque son fondateur Gene Sharp[15] est également l’auteur du livre De la dictature à la démocratie, véritable manuel de l’action non violente et qui sera utilisé par la plupart des organisations de jeunesses financées par ces ONG pour renverser les gouvernements visés. Gene Sharp a politisé les techniques d’action non violente dans le contexte du renouveau de la guerre froide pour préparer une éventuelle résistance en Europe en cas d’invasion de l’armée rouge. Ce philosophe assez peu connu à publié de 1985 à 2005 de nombreux ouvrages sur ces techniques de résistance non violente. Dès 1987 il a dispensé des formations au sein de l’OTAN. Il est à noter que l’implication de Robert Helvey[16], ancien responsable de la CIA dès les années 90 permettra à l’institut de disposer de financements abondants de l’International Republican Institute (IRI), un think-tank proche du parti républicain et également l’une des quatre branches de  la National Endowment for Democracy (NED). Ces théories sont à mettre en parallèle avec celles les activités de l’ICNC[17] dirigé par Peter Ackerman[18]. Ce dernier affirme la supériorité tactique de l’action non violente dans le cadre globalisé de la société de l’information[19]. C’est lui également qui va développer l’idée de jeux vidéos avec scénarios basés sur des théâtres d’opérations réels ou supposés (à venir) de ces révolutions. Ainsi les théories de Sharp et Ackerman sont les pierres angulaires du système de désinformation globale et de guerre de l’opinion, essentiel pour déclencher les révolutions non violentes. Ce soft power axé sur la communication par internet, le journalisme citoyen et les réseaux sociaux permet aisément la diffusion massive de messages invérifiables qui jouent sur le spontané. Par ses techniques novatrices et de soft power, la révolution non violente est donc à comprendre dans toutes ses facettes: les démonstrations de rues des révolutions de couleurs, l’utilisation des réseaux sociaux pour déstabiliser des états ou encore la guerre de l’information, voire la cyber-guerre, également non violente. On peut affirmer que peu d’observateurs ont réalisé l’importance des financements et l’ampleur de l’activité de toutes ces organisations, think tanks et ONG. De même, peu d’observateurs ont compris leur origine commune au sein d’un dispositif unique, à visée géopolitique.

 

Les révolutions de couleur aux frontières dela Russie

 

A la chute du mur de Berlin, le rideau de fer se déplace vers l’est. Le reflux de l’influence Soviétique et donc de la Russie va indirectement servir les visées géopolitiques Atlantistes. L’extension superposée de l’Otan et de l’Union Européenne crée une nouvelle division de l’Europe. Cette satellisation de pays Est Européens par l’OTAN, a fait d’une partie de l’Europe orientale une tête de pont de l’Amérique pour attaquer l’Eurasie[20] selon l’expert en géopolitique Italien Tibério Graziani. En septembre 1997, l’un des plus influents politologues Américain, Zbigniew Brzezinski[21] publie un article[22] sur la géopolitique de l’Eurasie et le maintien du leadership Américain qui passe selon lui par un découpage de la Russie en trois états distincts regroupée sous l’appellation “Confédération Russe“. Brzezinski  propose ce découpage dans le but de libérer la Sibérie Occidentale et sa voisine Orientale de la mainmise bureaucratique de Moscou tout en affirmant dans son ouvrage essentiel[23] qu’ainsi (et surtout) ” la Russie serait moins susceptible de nourrir des ambitions impériales”, et donc d’empêcher la prise de contrôle de l’Amérique en Eurasie. Également, dans la sphère d’influence Russe et près de ses frontières, certains alliés traditionnels de la Russie, réfractaires à l’extension de l’Otan, ont eux aussi résisté à cette Otanisation. Ces états, stratégiques tant politiquement que géographiquement seront donc les cibles de ces coups d’états démocratiques que l’on a appelé les révolutions de couleurs.

 

Serbie en 2000, les réseaux Soros, l’Open Society, Freedom House et  la NED organisèrent de grandes manifestations entre les deux tours de la présidentielle de l’année 2000. Soutenue par les nationalistes (comme ce sera le cas en Ukraine), la révolution a pris le nom de révolution des bulldozers[24] car des milliers de mineurs utilisèrent des bulldozers pour prendre d’assaut la capitale et le parlement et ce sans attendre le résultat des élections, ce qui en dit long sur le caractère démocratique de cette révolution. Le nouveau gouvernement nommera un premier ministre qui sera ensuite assassiné pour avoir livré Slobodan Milosevic au Tribunal Pénal International, ou ce dernier mourra avant son jugement. Les troupes Américaines installeront la base militaire Bondsteel[25] au Kosovo et achèveront de faire de cette province Serbe un état indépendant qui n’est toujours pas, 10 ans après, reconnu par la majorité des pays membres de L’ONU. En 2010, alors que le pays tente péniblement de négocier l’adhésion à l’UE, la situation économique est catastrophique et le pouvoir affaibli ne peut penser gagner les prochaines élections.

 

Géorgie en 2003, selon le schéma classique, l’opposition dénonce des fraudes électorales lors des élections législatives et descend dans la rue. Les manifestants contraignent le président Edouard Chevardnadze à fuir puis prennent le pouvoir. C’est la révolution des roses[26]. Son successeur Mikhaïl Sakashvili ouvre le pays aux intérêts économiques Américains et Occidentaux, et pense adhérer à l’OTAN et l’UE. Bien sur il rompt avec le voisin russe. 5 ans plus tard, en août 2008, Sakashvili bombarde la population d’Ossétie du Sud, tuant de nombreux Ossètes, dont la plupart ont la double nationalité russe et géorgienne, ainsi que des soldats Russes du maintien de la paix sous mandat de l’ONU. Moscou riposte et repousse l’offensive militaire géorgienne, qui avait été appuyée par des instructeurs Américains et Ukrainiens. Bilan : le pays est dévasté. Les élections de 2008, ayant vu la réélection du président Sakashvili, ont été très critiquées car jugées peu démocratiques.

 

Ukraine en 2004 : L’élection présidentielle en Ukraine oppose Victor Ianoukovitch à Victor Iouchenko et Ioulia Timoshenko, ces derniers ayant le soutien de l’Ouest et de la communauté internationale. Dès la clôture du scrutin, des résultats divergents sont publiés et des milliers d’Ukrainiens se regroupent sur la place centrale de Kiev ou Viktor Iouchenko appellera à la résistance non-violente contre la dictature. L’OSCE et Freedom House condamneront les falsifications électorales pendant que Vladimir Poutine et Loukachenko reconnaitront eux la victoire du candidat désigné vainqueur par la commission électorale Ukrainienne, à savoir Victor Ianoukovitch. Après 15 jours de manifestations savamment organisées réunissant les mouvements libéraux et l’extrême droite, avec une forte pression médiatique (OSCE, OTAN, Conseil de l’Europe, Parlement européen..) le résultat des élections sera finalement annulé et un troisième tour organisé qui verra la victoire du candidat de l’ouest, Viktor Iouchenko. C’est la révolution orange[27]. Après un mandat, le pays est ruiné, le président Iouchenko ne sera pas réélu en 2009, obtenant moins de 5% des voix. Sans grande surprise, c’est Victor Ianoukovitch qui l’emporte, pendant que l’égérie de la révolution Orange et des occidentaux, l’ultra nationaliste Ioulia Timoshenko est accusée de corruption.

 

Kirghizstan 2005 : l’opposition kirghize conteste le résultat des élections législatives et amène à Bichkek des manifestants du Sud du pays qui renversent le président Askar Akaïev. C’est la révolution des tulipes[28]. L’Assemblée nationale élit comme président le candidat pro Américain Kourmanbek Bakiev qui cumulera les postes de président et premier ministre. Lorsque la situation est stabilisée, Bakaiev vend les quelques ressources du pays à des sociétés US et installe une base militaire US à Manas. Accusé de corruption et d’avoir laissé s’aggraver la situation économique, Bakiev est chassé du pouvoir par une nouvelle révolution populaire en 2010[29].

 


[1] http://en.wikipedia.org/wiki/United_States_Agency_for_International_Development

[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/Institut_des_%C3%89tats-Unis_pour_la_paix

[3] http://fr.wikipedia.org/wiki/National_Endowment_for_Democracy

[4] http://en.wikipedia.org/wiki/American_Committee_for_the_Liberation_of_the_Peoples_of_Russia

[5] http://fr.wikipedia.org/wiki/Institut_Aspen

[6] http://en.wikipedia.org/wiki/The_Jamestown_Foundation

[7] http://www.freedomhouse.org/template.cfm?page=66&program=75

[8] http://www.freedomhouse.org/

[9] http://fr.wikipedia.org/wiki/Heritage_Foundation

[10] http://en.wikipedia.org/wiki/Open_Society_Institute

[11] http://fr.wikipedia.org/wiki/American_Enterprise_Institute

[12] http://fr.wikipedia.org/wiki/Heritage_Foundation

[13] http://fr.wikipedia.org/wiki/Brookings_Institution

[14] http://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Einstein_Institution

[15] http://fr.wikipedia.org/wiki/Gene_Sharp

[16] http://www.aforcemorepowerful.org/films/bdd/story/otpor/robert-helvey.php

[17] http://en.wikipedia.org/wiki/International_Center_on_Nonviolent_Conflict

[18] http://en.wikipedia.org/wiki/Peter_Ackerman

[19] Patrice Vidal – Dans l’arrière cour de Moscou

[20] http://www.geostrategie.com/1490/les-etats-unis-utilisent-l%E2%80%99europe-comme-tete-de-pont-pour-attaquer-l%E2%80%99eurasie

[21] http://fr.wikipedia.org/wiki/Zbigniew_Brzezi%C5%84ski

[22] http://www.comw.org/pda/fulltext/9709brzezinski.html

[23] Le grand échiquier page 56

[24] http://fr.wikipedia.org/wiki/5_octobre_2000_en_Serbie

[25] http://fr.wikipedia.org/wiki/Camp_Bondsteel

[26] http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_des_Roses

[27] http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_orange

[28] http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_des_Tulipes

[29]http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_kirghize_de_2010

Bataille pour l’Eurasie (1)

Cet article a été publie originellement dans le second numéro de la revue perspectives libres

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La situation dans le monde arabe secoué par des révoltes populaires risque d’aboutir à la désintégration de certains Etats et leur fractionnement en petits éclats. Un scénario similaire a également été préparé pour la Russie mais ce scénario n’a aucune chance de réussir[1].

Dimitri Medvedev, Vladikavkaz, Ossétie du Nord, 22 février 2011.

Durant la dernière décennie, une partie des pays de l’ex monde Soviétique, (Europe centrale et Asie centrale) a été frappée par une vague de révolutions. Ces révolutions, du moins celles ayant abouti, ont entrainé des changements de pouvoir et donc d’orientation politique au sein des états concernés. Ces changements de régime se sont tous déroulés selon des scénarios identiques, non violents, et présentés par le main-stream médiatique comme des révolutions démocratiques, provoquées par une jeunesse avide de liberté et qui souhaitait faire vaciller des régimes politiques crypto-soviétiques, faiblement démocratiques, et corrompus. Ces “révolutions de couleur[2]“ ou “révolutions oranges“ (du nom de la révolution en Ukraine), nous ont été présentées en quelque sorte comme complémentaires et suite logique des “révolutions de velours[3]“ qui marquèrent le début de l’émancipation des nations est-européennes du joug Soviétique. Pourtant, comme nous allons le voir, ces changements politiques ne sont pas le fruit du hasard, ni la conséquence de la volonté politique d’une opposition démocratique. Elles sont bel et bien des opérations géostratégiques planifiées, organisées et dirigées de l’extérieur des pays concernés.

Bataille pour l’Eurasie

Le 20ème siècle a vu le remplacement de la domination Anglaise par la domination Américaine. Ce remplacement d’une puissance maritime par une autre ne modifiera pas l’approche de ces états à l’égard du monde, notamment continental. Cette nécessité pour toute puissance dominante (Angleterre au 19ème siècle et Amérique au 20ème) d’affirmer sa présence au cœur de l’Eurasie, est essentielle et passe obligatoirement nous allons le voir, par un reflux de l’influence Russe dans cette zone, qui correspond pourtant à son étranger proche. Cette théorie de la percée en Eurasie est un élément essentiel à intégrer pour qui veut comprendre la relation de l’Amérique avec la Russie, comme l’avait été au siècle précédent celle de la Russie avec l’Angleterre, au sein du grand jeu [4] en Asie centrale.

En effet ces deux puissances obéissent aux mêmes lois géopolitiques et aux mêmes contraintes géographiques. Le caractère insulaire de ces états fait que leur volonté de domination mondiale passe par deux contraintes obligatoires: d’abord la maitrise des mers (d’où leur puissance maritime) mais aussi l’obligation pour ne pas rester isolées, de s’ingérer dans centre géographique du monde, là ou se trouve concentré le gros de la population et des ressources énergétiques mais également là ou se décide l’histoire. Cet objectif émane d’une doctrine géopolitique anglo-saxonne, qui définit les rapports entre puissances mondiales comme une opposition entre les puissances dites maritimes (Angleterre, Amérique), et celles dites continentales (Allemagne, Russie, Chine). Cette théorie est notamment celle d’un des pères de la géopolitique moderne, Halford Mackinder (1861-1947), qui a défini l’existence d’un “pivot du monde“ (Heartland) situé au cœur de l’Eurasie, dans une zone couvrant l’actuelle Sibérie et le Caucase.

Mackinder redoutait (nous sommes avant la seconde guerre mondiale) que cette zone du monde ne s’organise et ne devienne totalement souveraine, excluant ainsi l’Amérique (située sur une île excentrée) de la gestion des affaires du monde. Le plus grand danger selon Mackinder serait une alliance des deux principaux empires continentaux que sont l’Allemagne et la Russie. Il appelle donc à la constitution d’un front d’états susceptibles d’empêcher une telle coalition de voir le jour. En 1945, l’URSS est vue de par sa taille et son influence comme la principale puissance susceptible d’unifier ce “Heartland“. Elle est donc devenue par défaut l’adversaire principal de l’Amérique.

Une seconde théorie développée par Nicholas Spykman (1893-1943) considère elle que la zone essentielle n’est pas tant le Heartland que la région intermédiaire entre ce dernier et les mers riveraines. Cette seconde théorie, complétant la première, montrait l’importance d’empêcher la puissance continentale principale (URSS hier et Russie dès 1991) d’avoir accès aux mers. A cette fin, un front d’états doit également être créé mais afin de créer un tampon entre l’URSS et les mers voisines (mer du nord, mer caspienne, mer noire, mer méditerranée).

Cet endiguement continue aujourd’hui pour l’historienne Natalia Narochnitskaya et passe par “l’exclusion de la Russie du nord de l’ellipse énergétique[5] mondiale, zone qui comprend  la péninsule arabe, l’Irak, l’Iran, le Golfe persique, le Caucase nord (Caucase russe) et l’Afghanistan. Concrètement il s’agit de couper à la Russie l’accès aux détroits, aux mers, aux océans ainsi qu’aux zones à forte ressources énergétiques, et donc la repousser vers le Nord et vers l’Est, loin de la Méditerranée, de la Mer noire, de la Mer caspienne.

Il y a donc une première ligne de pénétration allant des Balkans à l’Ukraine pour le contrôle de la mer Egée et de la mer Noire, et une seconde ligne allant de l’Égypte à l’Afghanistan pour le contrôle de la mer Rouge, du Golfe persique et de la mer Caspienne. Il n’y a rien de nouveau dans cette stratégie, sinon l’enjeu pétrolier qui l’a relancée“. Il s‘agit également de séparer la Russie de l’Europe occidentale, afin d’éviter les alliances continentales notamment entre les deux puissances que sont en ce début de 21ème siècle a Russie émergente et l’Allemagne, première puissance Européenne.

A l’origine des révolutions de couleurs: le projet de démembrement dela Russie

La volonté d’affaiblir et de démembrer la Russie en plusieurs états est ancienne. Lors du grand jeu[6] au 19ème siècle, pendant la lutte opposant les empires russes et britanniques en Asie centrale et dans le Caucase, l’Angleterre avait bien compris l’importance et donc la menace pour elle des récentes conquêtes russes aux dépens de l’empire Ottoman. Ces conquêtes ouvraient à la Russie, la voie de la méditerranée et de la mer noire. Dès 1835 l’Angleterre tente donc de déstabiliser la Russie par des notamment des livraisons d’armes dans le Caucase (affaire de la goélette Britannique Vexen[7]), ou encore par la création de comités Tchétchènes ou Tcherkesses lors du congrès de Paris en 1856, après la guerre de Crimée[8].

Ce front Caucasien sera, au cours du 20ème et 21ème siècle une sorte de zone molle par laquelle l’Angleterre puis l’Amérique tenteront de déstabiliser la Russie. Au début du 20ème siècle en effet des responsables des républiques musulmanes de Russie, principalement dans le Caucase et en Asie centrale, tenteront d’organiser la bataille vers leur indépendance. Deux lignes s’opposent, les partisans d’un nationalisme territorial et les partisans d’une union panturque (le rôle des intellectuels turcs appelant à la réunification panturque étant relativement importante au sein de ces mouvements). Le but de ces “indépendantistes” va rapidement être de s’attirer les grâces des démocraties Occidentales et à ce titre un “appel” fut lancé pendant le congrès de Versailles, supposé soutenir l’émergence des nations du Caucase. Les Bolcheviques ne laissant guère de place à de quelconques volontés indépendantistes, dès 1922, les principaux responsables politiques indépendantistes doivent s’exiler.

Une première vague vers Istanboul, ce qui discréditera le mouvement en le confondant avec l’expansionnisme turc et une seconde vague émigre en Europe notamment en France et en Allemagne.  La France est déjà qualifiée à cette époque par le Bachkir Zeki Velidov de “centre de combat Turco-musulman” contre  la Russie. C’est Józef Piłsudski[9], premier ministre Polonais, qui donna le nom de Prométhéisme[10] à ce mouvement. Rapidement une revue Prométhée fut créée en France, Allemagne, Angleterre, Tchécoslovaquie, Pologne, Turquie ou encore en Roumanie. Lorsque la seconde guerre éclate et après le pacte Germano-Soviétique les prométhéens se rangeront du côté de l’Angleterre et de  la Pologne, contre l’Allemagne et l’URSS.

Le mouvement « prométhéen » bénéficiera de soutiens financiers forts en Pologne et de soutiens politiques en France, via par exemple le comité France-orient, sous le parrainage du président du sénat Paul Doumer. Le principal projet était la création d’une fédération du Caucase sur le modèle helvétique. Après la perte dela Pologne, le mouvement fut happé par les stratèges nazis qui envisagèrent le morcellement de l’URSS en petites entités, plus faciles à contrôler et vaincre militairement. Les Allemands créeront notamment dans cette optique des légions SS au Turkestan Russe ainsi que des divisions dans le Caucase musulman. Après la victoire de l’URSS et la reconnaissance de ses frontières parla SDN les prométhéens se tournent vers l’Amérique avec la création d’une “ligue prométhéenne de la charte de l’Atlantique”.

Après le soutien Turco-musulman, le soutien Catholique et anti-communiste, puis le soutien nazi, le mouvement trouvera des soutiens inattendus au sein dela CIA qui en fera un instrument de lutte contre l’URSS en pleine guerre froide. La grande confusion idéologique qui ressort de ces évolutions amènera au développement d’une ligne “prométhéenne” qui se définira par défaut comme antirusse. Globalement, on peut parler d’une sorte de front Orange-Vert, coalition tout à fait hétéroclite entre intérêts occidentaux et intérêts islamico-indépendantistes du Caucase, contrela Russie.


[1] http://fr.rian.ru/politique/20110222/188688973.html

[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volutions_de_couleur

[3] http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_de_velours

[4]http://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_Jeu_%28g%C3%A9ostrat%C3%A9gie%29

[5] http://www.idc-europe.org/fr/showerInformation.asp?Identificateur=18

[6]http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Grand_Jeu

[7]Que reste t-il de notre victoire par Natalia Narochnitskaya, page 171

[8]Que reste t-il de notre victoire par Natalia Narochnitskaya, page 171

[9] http://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%B3zef_Pi%C5%82sudski

[10]http://en.wikipedia.org/wiki/Prometheism

С Днем Победы!

 Оригинальная статья была опубликована в РИА Новости
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В следующий понедельник будет 9 мая. Этот день на западе Европы не так важен, как в России. Верно, что западные европейцы празднуют окончание Второй мировой войны 8 мая, что на самом деле является датой прекращения военных действий, капитуляция была подписана накануне, 7 мая. В Западной Европе 9 мая является днем Европы, днем ЕС как политического образования. Но Советский Союз принял во внимание подписание капитуляции только на следующий день, 9 мая, когда его солдаты сражались в самом сердце Берлина. Поэтому Москва, как и многие другие страны бывшего Советского Союза, празднует окончание Второй мировой войны 9 мая, а не 8.


Именно СССР заплатил самую высокую дань в европейской гражданской войне. Страна потеряла более 20 миллионов человек, население СССР за время Второй мировой войны сократилось на 12%. После разрыва пакта о ненападении, 22 июня 1941 года нацистская Германия напала на СССР и через шесть месяцев, к середине зимы 1941 года, немецкие солдаты дошли до Москвы, оккупируя завоеванные по пути страны (Украину, Беларусь, страны Балтии…). Провал взятия Москвы стабилизирует фронт к западу от столицы весной 42, в то время как бои переместились к Кавказу, до страшной битвы под Сталинградом, где немецкие войска будут окружены. Сталинградская битва считается решающей битвой Второй мировой войны. Она продлится шесть месяцев и сделает Сталинград местом первого городского сражения. Бои велись за каждую улицу, каждый завод, каждый дом, каждый подвал и каждую лестницу.


В Волгограде (бывшем Сталинграде), на знаменитом Мамаевом кургане (102-метровый холм, возвышающийся над Волгой), бои будут настолько жестокими, что Советский Союз потеряет 10.000 человек за один день, защищая этот стратегический пункт. Над холмом в настоящее время возвышается огромный мемориал: статуя Матери-Родины . В ноябре 1942 года, лишенные тылового снабжения и перед лицом несокрушимого духа советской армии, немецкие войска будут наконец разбиты.


Битва стоила жизни 487.000 советских солдат, 629.000 были ранены. С немецкой стороны 380.000 солдат вермахта будут убиты, ранены и попадут в плен. Летом 1943 года немецкие войска потерпят еще одно крупное поражение в ходе Курской битвы, величайшего танкового сражения в истории. Только за 50 дней боев вермахт потерял 500.000 человек (убитыми, ранеными, пропавшими без вести), около 1.200 танков и около 2.000 самолетов. Красная Армия потеряла более 200.000 убитыми, а ее танковые потери были больше, чем у врага, также она лишилась более 2.800 самолетов. Советский Союз сам, в одиночку, сдерживал почти все немецкие военные усилия в Европе. Начиная с осени 1943 года, немецкая военная машина сломлена, началось отступление, которое в апреле 1945 года приведет советских солдат в Берлин.


Мне посчастливилось оказаться на улицах Москвы 9 мая прошлого года, в 65-ю годовщину окончания войны. В Москве и во всех других городах России 9 мая ― особенный день. Весь город замирает, сосредоточившись на истории. Москвичи наблюдают за военным парадом, который проходит перед Кремлем, а затем продолжается на Арбате. По пути тысячи зрителей приветствуют защитников родины криками «Россия, Россия!». Прошлогодний парад был исключительным в нескольких отношениях: во-первых, более 10.000 солдат прошли торжественным маршем в Москве и что более чем 100.000 по всей России. В московском параде приняли участие около тысячи иностранных солдат из 24 стран, включая США, Великобританию, Польшу, Армению, Азербайджан, Беларусь, Казахстан, Киргизию, Молдову, Таджикистан, Туркменистан и Украину. Кроме того, в российской столице также присутствовали делегации ветеранов из Канады, Израиля, Словении, Абхазии и Южной Осетии. Франция делегировала знаменитый истребительный авиационный полк Нормандия-Неман.


Но значение этого дня не измеряется только количеством солдат и пышностью пышностью парадов. Именно после военного парада чувство народного единства является самым сильным и самым удивительным для иностранных наблюдателей. Постепенно, с течением дня, центр становится доступным, и москвичи заполняют улицы своего города.


Ветераны идут среди этой огромной толпы, которая говорит с ними и благодарит их. Молодые и немолодые люди предлагают им цветы. Эти молодые девушки, которые обнимают ветеранов с почти семейной любовью, потрясают. Перед Вечным огнем на могиле Неизвестного солдата образуется огромная непрерывная очередь, люди приходят, чтобы возложить цветы. Помимо цветов, повсюду в городе можно видеть маленькие черно-оранжевые ленточки, которые с 2005 года сопровождают этот день. Эта лента, которая символизирует мужество и победу, существует с 19-го века, она была создана царем Александром I. Лента была военной наградой за «неустрашимую храбрость».


Она получила название «Георгиевская ленточка», и в День Победы, 9 мая, граждане ее носят или на лацканах, или на женских сумках, или же привязывают к антеннам автомобилей. Ныне она свидетельствует об уважение к тем, кто пал на поле боя во время Второй мировой войны. Эта лента стала настоящей институцией, символом патриотизма, который некоторые москвичи носят на протяжении всего года.


Всеобщая радость продолжается и вечером, потому что концерты и многие мероприятия проводятся до поздней ночи. Одна из самых невероятных вещей ― спокойствие и гражданственность толпы во время этого праздничного дня. Об этом можно судить по тому, что в прошлом году 9 мая на улицы вышли почти 2,5 миллиона москвичей, и до грандиозного вечернего фейерверка не было отмечено ни одного серьезного инцидента.


Присутствовать на праздновании 9 мая в России ― вероятно, один из лучших способов понять постоянство русского патриотизма, в то время, когда во многих европейских странах запада патриотизм настолько осуждаем. Каждый год это единство показывает, что русский народ умеет чествовать свои победы, своих ветеранов и своих героев.


С днём победы! Ура!
 
Перевод : Уголин (Ursa-Tm)

S Dnem Pobedi!

Cet article a été publié originellement sur Ria-Novosti

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Lundi prochain sera le 9 mai 2011. Le 9 mai à l’ouest de l’Europe n’a pas du tout la même importance qu’en Russie. Il est vrai que les européens de l’ouest fêtent la fin de la seconde guerre mondiale le 08 mai, qui est en fait la date de cessation des hostilités militaires, la capitulation ayant été signée la veille, le 7 mai.  En Europe de l’ouest, le 9 mai est la journée de l’Europe, la journée qui identifie l’Union européenne en tant qu’entité politique. Mais l’Union Soviétique n’a pris en compte la signature de la capitulation  que le lendemain, soit le 9 mai alors que ses soldats sont en train de se battre au cœur de Berlin. Pour cette raison, Moscou comme encore nombre de pays de l’ex-URSS célèbrent la fin du second conflit mondial le 9 mai, et non le 8 mai.

C’est l’URSS qui a payé le plus lourd tribut à la guerre civile Européenne. Avec plus de 20 millions de morts civils et militaires, la population de l’URSS a diminué de 12% pendant la deuxième guerre mondiale. Après la rupture du pacte de non agression le 22 juin 1941, l’Allemagne nazie attaqua l’URSS et les soldats allemands atteignirent Moscou 6 mois plus tard, au cœur de l’hiver 1941, en occupant les pays conquis en route (Ukraine, Biélorussie, pays Baltes..). L’échec de la prise de Moscou stabilisera le front à l’ouest de la capitale au printemps 42, pendant que les combats se déplaceront vers le Caucase, jusqu’à la terrible bataille de Stalingrad ou les troupes Allemandes seront encerclées. La bataille de Stalingrad est considérée comme la bataille décisive du second conflit mondial. Elle durera 6 mois et fera de Stalingrad la première des batailles urbaines. Les combats feront rage pour chaque rue, chaque usine, chaque maison, chaque sous-sol et chaque escalier.

A Volgograd (ex-Stalingrad), sur le fameux kourgane Mamaïev (une colline de 102 mètres surplombant la Volga), les combats seront tellement violents que les Soviétiques perdront 10.000 hommes en une journée pour défendre ce point stratégique. L’endroit est maintenant dominé par un immense mémorial: la statue de la Mère Patrie. En Novembre 1942, privées de logistique et face à une armée Soviétique au moral indestructible, les troupes Allemandes sont finalement vaincues. La bataille aura coûté la vie à 487.000 soldats Soviétiques et fait 629.000 blessés. Coté Allemand 380.000 soldats de la Wehrmacht seront tués, blessés et prisonniers. Durant l’été 1943, les troupes Allemandes subiront une autre défaite majeure lors de la bataille de Koursk, la plus grande bataille de chars de l’histoire. En 50 jours de combat seulement, la Wehrmacht perd 500.000 hommes (tués, blessés, disparus), près de 1.200 chars et environ 2.000 avions. L’Armée rouge compte elle plus de 200.000 tués et ses pertes en blindés sont supérieures à celles de l’ennemi tandis qu’elle perd plus de 2.800 avions. L’Union Soviétique a alors à elle seule a contenu la quasi totalité de l’effort militaire Allemand en Europe. Dès l’automne 1943, la machine de guerre allemande est cassée et le reflux entamé, reflux qui amènera les soldats Soviétiques a Berlin au mois d’avril 1945.

 

J’ai eu la chance d’être dans les rues de Moscou le 9 mai dernier, pour le 65ème anniversaire de la fin de la guerre. A Moscou et dans toutes les autres villes de Russie, le 09 mai est une journée qui n’est pas comme les autres. La ville entière est à l’arrêt, focalisée sur l’histoire. Les Moscovites assistent d’abord au défilé militaire qui passe devant le kremlin avant de continuer dans la rue Arbat. Sur le trajet, des milliers de spectateurs acclament les défenseurs de la patrie qui défilent aux cris de “Russie, Russie”. La parade de l’année dernière a été exceptionnelle à plusieurs égards: tout d’abord plus de 10.000 soldats ont défilé à Moscou et (plus de 100.000 dans toute la Russie). Près d’un millier de soldats étrangers ont pris part au défilé de Moscou, en provenance de 24 pays, notamment des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, de Pologne, d’Arménie, d’Azerbaïdjan, de Biélorussie, du Kazakhstan, du Kirghizstan, de Moldavie, du Tadjikistan, du Turkménistan et d’Ukraine. En outre, des délégations d’anciens combattants canadiens, israéliens, slovènes, abkhazes et sud ossètes étaient également présentes dans la capitale russe. La France avait délégué le si fameux régiment de chasse Normandie-Niemen.

Mais l’importance de cette journée se ne mesure pas seulement  au nombre de soldats présents et au faste du défilé. C’est après la parade militaire que la sensation de communion populaire est la plus intense et la plus étonnante pour un observateur étranger. Au fur et à mesure que la journée avance, le centre ville redevient accessible et les moscovites envahissent les rues de leur ville. Les vétérans encore en vie marchent au milieu de cette immense foule qui leur parle et les remercie. Des jeunes et des moins jeunes leur offrent des fleurs. Le spectacle de ces jeunes filles qui embrassent les vétérans avec un amour presque familial donne le frisson. Devant la flamme du soldat inconnu, une file immense et ininterrompue se forme, les gens viennent déposer des fleurs.

En dehors des fleurs, on voit aussi partout dans la ville les petits rubans noir et oranges qui depuis 2005 accompagnent cette journée. Ce ruban, qui symbolise le courage et la victoire, date du 19ième siècle, c’est une création du Tsar Alexandre 1er. Il devait récompenser, dans l’armée, le “courage intrépide”. Il a pris le nom de “ruban de Saint Georges” et pour le jour de la victoire, le 9 mai, les citoyens le portent, soit sur le revers des vêtements, soit sur le sac à main des femmes, ou encore accroché aux antennes des voitures. Il témoigne maintenant du respect envers ceux qui sont tombés sur le champ de bataille durant la seconde guerre mondiale. Ce ruban est devenu une véritable institution, un symbole patriotique qui est même désormais porté toute l’année par certains Moscovites.

La liesse populaire continue dans la soirée, puisque des concerts et de nombreux événements ont lieu jusque tard dans la nuit. L’une des choses les plus incroyables est le calme et le civisme de la foule, pendant cette journée de célébration. Que l’on en juge, le 9 mai dernier près de 2,5 millions de Moscovites étaient dans les rues, jusqu’au grandiose feu d’artifice de la soirée, sans qu’aucun incident majeur ne soit répertorié.

Assister à “un 9 mai en Russie” est sans doute l’une des meilleures façons de comprendre la permanence du patriotisme russe, à l’heure ou dans de nombreux pays européens  de l’ouest le patriotisme est si décrié. Chaque année, cette communion montre que le peuple russe  sait célébrer ses victoires, ses vétérans, et ses héros.

С днём победы!  Ура!

Critics despite bombs

And yet the abominable happened. At 14:30 on Monday January 24th, a suicide bomberdetonated his bomb in the arrival lounge of Domodedovo International Airport. The attack occurredafter Russian’s president visit to the Middle East and on the eve of the World Summit in Davos. It clearly intended to undermine theRussian government and to make the international community worry,  by targetingforeigners. The toll was heavy: 35 dead and 180 injured. Besides, Russia could have ended the year in a worse way as the airport
suicide bomber was apparently linked to a terrorist cell, a cell that had been however identified and dismantled. This cell had planned an attack on the Red Square, in the evening of December 31.

 

Even in such a difficult time, Russia has only been facing much criticism and little support, with a special mention to the French press which, one more time, stands out. For Helene Blanc on France-Info[1], for example, one must be be particularly careful she says, mentioning the series of attacks that killed 293 in Russia in 1999: “TheChechens were not to blame for the attacks, although they were held responsible for it, as it was the work of the FSB” Anne Nivat says[2] that: “Putin, just like Medvedev, exploit the obsession about security in order to get votes and both were elected because of their rhetoric on Chechnya”. The correspondent ofLe Figaro in Russia, Pierre Avril, tells us[3] that “the country is close
from a civil war”. In the end, Vincent Jauvert thinks that the attack proves “the failure of the Putin system [4]”.
This assertion has already been hammered this summer, when the fires that hit Russia had supposedly demonstrated the failure of   hypothetical “Putin system”[5]. In addition,Mr Jauvert added: “The corrupt and incompetent security services have not identified the suicide bomber”.

 

Yet, far from the posh suburbs editorial offices of Paris or Moscow, in the field, the results of Russia’s anti-terrorism fight speak for  themselves. In 2010 alone, in Northern Caucasus,  301 terrorists were killed and 468 were arrested. 4,500 raids were conducted, as well as
50 major anti-terrorist operations. 66 attacks have been foiled, although 500 terrorist acts (including 92 explosions and attacks) have killed over 600 people. In 2012 in Russia, over 360 Russian policemen were killed while on duty. Of course, the Muslim Caucasus and Chechnya particularly, have systematically been presented by Western media as a region of the world, occupied by tyrannical Russia aspiring to its independence and freedom. From that point of view, terrorism in Caucasus would only be a desperate reaction of local people against  oppression.  A large part of the French population, still having in mind the nostalgia of the Gaul village besieged by the mighty Rome, and being misinformed about the reality in the country itself, is easily persuaded. Yet this is not reality. The goal of terrorists is not to liberate oppressed people but to enslave them. Caucasian terrorists are more and more linked to the Wahhabi movement, an Arabian fundamentalist movement under strong foreign influence. This Wahhabi movement is connected to a destructive and revolutionary ideology which seeks to establish an Islamic Emirate across the whole region.  Its core probably finds its roots in the first Chechnya war, when numerous foreign auxiliaries (Arabs, Afghans…) have joined the Chechens, thinking to transform the war of independence war into a religious conflictand bring the holy
war in the region.

 

We know what happened next: Chechen nationalists though they lost the war on the ground against the federal army, ultimately obtained a very important political and religious independence for Chechnya, but within the federation.

 

Since then, tensions   between Caucasians and foreigners haveexploded. Caucasians acknowledge with difficulty the foreigners methods and their uncompromising radicalism which is far from the Caucasian Sufism and not really adapted to the local traditions. Kadyrov also recently and symbolically proclaimed the defeat of Wahhabism in Chechnya. The separation of Caucasus and Russia as wished by the Wahhabis, by the Islamists and by some intellectual foreigners, would not be a solution in any way.

 

It seems clear that the primary consequence of such a  decision would be an abandon of the area and a start of internal conflicts and probable development of internal terrorism. Let’s also remember that these regions of southern Russia are mostly Russianand since much longer time for instance than the city of Nice has been French. Moreover, many Muslims feel Russian and full citizens of the Russian Federation. They indeed represent one of the facets of the Russian multicultural identity.

 

It would be really nice if foreign commentators could focus their attacks and their energy on criminals and not on the Russian state.

 

As far as I know, from Madrid to London or Moscow,victims are victims of a one and only terrorism. I do not recall having read from Russian commentators, when similar events struck other European democracies such as Spain or England, in 2004 and in 2005, that the attacks meant a failure of the countries’s governments or that their security services had not done their job properly. The reason is that it is virtually impossible to prevent all terrorist attacks. The Spanish, the Israelis, the Turks or the Indians, whose countries are often targeted by terrorism, have since  long understood the need for drastic security measures in order to prevent most of these attacks, with varying degrees of success. So even if those measures restrict some individual liberties, they are probably essential in order to let life to follow a peaceful course despite the threat.

 

Minds are prepared if further attacks occur in Russiaand perhaps again in the capital, a fact which unfortunately seems inevitable. The goal of terrorists is always to frightenthe population and to destabilize the society. But we, Russian and foreign citizens, must not be destabilized. Rather, it is the coordination of a determined State and of a united and attentive population that will be the best shield against  terrorism.

 

Russia has the ability to overcome these challenges. As Alexei Pimanov, broadcaster of the program Chelovek i Zakon[6] (Rights and law) perfectly summarized in a recent broadcasting dedicated to these events: “Those who spontaneously and voluntarily offered their help after the attack, those who transported passengers for free from the airport to the subway, those who gave their blood and those who helped the rescue in the first difficultmoments, those people represent the real Russia”.


[1] http://www.franceinfo.fr/monde-europe-2011-01-25-attentat-suicide-a-l-aeroport-de-moscou-domodedovo-la-piste-511239-14-15.html

[2] http://issuu.com/bollore/docs/direct_matin_816

[3] http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/01/26/04016-20110126ARTFIG00689–davos-medvedev-veut-rassurer-les-investisseurs.php

[4] http://globe.blogs.nouvelobs.com/archive/2011/01/27/la-faillite-du-systeme-poutine.html

[5] http://www.lejdd.fr/International/Europe/Actualite/La-faillite-du-systeme-Poutine-212361/

[6] http://chelovekizakon.ru/chiz/archive/20110127/programma-chelovek-i-zakon-efir-27-yanvarya-2011-g-8450

 

Пасхальные субботники!

La version Française de cet article est disponible ici

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 Оригинальная статья была опубликована в РИА Новости

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 В эти выходные весна пришла в Москву. Я не говорю вам о той робкой весне, которая иногда случается в Москве при выходе из зимы, нет, я говорю о настоящей весне, которая сопровождается светом, зеленью, теплом и жизнью.


Температура достигла 16 или 17 градусов, город оказался под сильным солнцем, и москвичи этим воспользовались, чтобы отправиться гулять по улицам и паркам столицы, радуясь свету и особенно первому теплу. Я настойчиво подчеркивал в своей предыдущей статье суровость московской зимы. Правда, что совсем недавно шел снег, и что эта зима была очень трудной. Каждый год решительный переход к весне и лету происходит с такой быстротой и неистовством, что я теряюсь. Холод казался настолько полно и глубоко укоренившимся, что я спрашиваю себя, как трава может появляться так быстро, а природа так легко вновь занимает свое место.


Этот год бьет рекорды, потому что температура в эту последнюю неделю апреля должна дотянуть почти до 20 градусов. «Какое счастье», ― сказала встреченная мною утром в субботу соседка по этажу Инна, которая собиралась провести некоторое время на скамейке в местном парке, чтобы насладиться хорошей погодой. Все москвичи вам скажут, что после зимы в Москве и связанной с ней страшной нехваткой света, ваш организм просит только об одном: света и солнца. Поэтому я, как Инна, тоже предпочел провести выходные на открытом воздухе, в моем районе, в конце одной из этих бесконечных линий метро. Я провел большую часть времени, разгуливая без цели, фланируя и просто наслаждаясь приходом весны и отмечая этот праздничный день, которым является Пасха.


К тому же все больше русских отмечают этот праздник, согласно информационному христианскому сайту в 2000 году только 10% россиян заявили, что постятся. В 2011 их уже 35%. Кроме того, десятки миллионов россиян присутствуют на вечерней службе, а затем в крестном ходе в полночь вокруг каждой церкви. Это религиозное возрождение набирает обороты, оно поддерживается властью и, в конечном счете, очень похоже на что, что наблюдается в других бывших коммунистических странах, которые пострадали от демократических и экономических преобразований, зачастую весьма тяжелых во время политических потрясений.


Квартал, в котором я живу, это довольно типичный квартал на московской окраине, спальный район, очень зеленый. В субботу я сидел на террасе «Ëлки-Палки», этой российской сети ресторанов традиционной кухни. Терраса была заполнена людьми и находилась напротив террасы McDonalds, также полной. Для меня остается загадкой, в то время как некоторые рассуждают о навязчивом примитивном антиамериканизме русских, что McDonalds так популярен в Москве, на мой взгляд, настолько, насколько супермаркеты «Ашан». Количество людей на улицах может иметь и другое объяснение. Суббота была немного необычным днем, потому что это был первый в году субботник. Объяснение: в первые годы Советского Союза коммунисты работали добровольно по субботам, чтобы содействовать скорейшему построению социализма.


Первый коммунистический субботник состоялся 1 мая 1920 года в Москве, в нем участвовал Ленин, а сцена была увековечена в живописи. В 50-е годы эта традиция была возрождена во многих странах коммунистического блока, в Европе и Центральной Азии. Российское государство в последние годы возродило эту традицию. Каждый год количество участников увеличивается. В эти выходные состоялся первый в году субботник, около 1,5 миллионов москвичей приняли в нем участие, то есть каждый десятый. Люди убирают улицы, пешеходные переходы, парки от мусора. По этому случаю в Москве были отремонтированы 20.000 фасадов, высажены около 2.000 деревьев и 9.000 кустарников. Все это, я повторяю, добровольно и традиционно. Иностранцы, особенно французы, могут только удивляться подобной инициативе, работа в выходные дни, даже оплачиваемая, является во Франции табу и предметом многочисленных споров.


В плотности толпы на улицах, прилегающих к метро, на протяжении всех выходных, было что-то жизнерадостное, беззаботное. Множество людей, вытолкнутых на улицу странной смесью религии, советской традиции и праздником солнца. Наблюдая толпу, гуляющую по улицам, я говорил себе, что эта русская весна выглядит достаточно хорошо, и не только в плане климата. В международном плане Россия кажется избежала, по крайней мере, временно, потрясений, подобных тем, что происходят в арабском мире и Африке. Она не должна, к примеру, опасаться волны неконтролируемой иммиграции, подобной той, что испытывает в настоящее время на своих южных границах Европа. Страна также не участвует в каком-либо вооруженном конфликте за рубежом, и поэтому защищена от возможного эффекта бумеранга.


Снижение напряженности в отношениях с НАТО на западе и укрепление связей с азиатскими странами в рамках группы БРИК (Бразилия, Россия, Индия, Китай и Южная Африка) усиливают ее позиции в качестве региональной державы. Напряженность в арабском мире вызвала увеличение цен на нефть, что должно позволить России увеличить финансовые поступления и закончить год со значительно меньшим дефицитом бюджета, чем предусматривалось. Внутри страны эти неожиданные денежные поступления должны облегчить государству выполнение обещаний и колоссальных социальных обязательств, о которых 20 марта заявил премьер-министр Владимир Путин в своем выступлении в Думе, посвященном работе правительства. В целом, экономические показатели находятся в «зеленой зоне», и в России, как ожидается, должен быть значительный экономический рост в 2011 году, но также в 2012, в год президентских выборов. Все эти элементы позволяют чувствовать осторожный оптимизм на предстоящие месяцы, оптимизм, который делает еще приятнее эту чудесную московскую весну.

Перевод : Уголин (Ursa-Tm)

Les subbotnikis de Pâques!

Русскую версию можно прочитать здесь

 Cet article a été publié originellement sur Ria-Novosti

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Се week-end, le printemps est arrivé à Moscou. Je ne vous parle pas du timide printemps que Moscou connaît parfois à la sortie de l’hiver, non je vous parle du vrai printemps, celui qui s’accompagne de lumière, de verdure, de chaleur et de vie.
La température a atteint 16 ou 17 degrés, la ville s’est retrouvée sous un intense soleil, et les Moscovites en ont profité pour aller flâner dans les rues et les parcs de la capitale, afin de bénéficier de la lumière et surtout des premières chaleurs. J’ai insisté dans ma précédente tribune sur la rigueur de l’hiver moscovite. C’est vrai qu’il a encore récemment neigé et que cet hiver a été vraiment difficile. Chaque année, le basculement définitif vers le printemps et l’été se fait avec une rapidité et une violence qui me laisse pantois. Le froid semble si totalement et profondément incrusté que je me demande comment l’herbe peut surgir si rapidement et la nature si facilement reprendre sa place.
Cette année bat des records, puisque les températures en cette dernière semaine d’avril devraient frôler les 20 degrés. “Que du bonheur”, me disait ma voisine d’étage, Inna, que j’ai croisée samedi matin et qui s’apprêtait à aller passer un moment sur un banc dans un parc du quartier afin de profiter du beau temps. Tous les Moscovites vous le diront, après un hiver à Moscou et le terrible manque de lumière lié, votre organisme ne vous demande qu’une chose: de la lumière et du soleil. Par conséquent comme Inna, j’ai également opté pour un week-end à l’extérieur à me balader dans mon quartier, tout au bout d’une de ses interminables lignes de métro. J’ai passé une bonne partie de mon temps à déambuler, flâner et simplement profiter de l’arrivée du printemps tout en célébrant cette journée fériée qu’est Pâques.
D’ailleurs les Russes sont de plus en plus nombreux à célébrer cette fête, selon le site chrétienté info si seulement 10 % des Russes déclaraient faire carême en 2000. Ils sont 35 % en 2011. De la même façon, plusieurs dizaines de millions de Russes suivront aussi l’office du soir, puis la procession de minuit autour de chaque église. Ce renouveau religieux prend de l’ampleur, il est accompagné par le pouvoir et finalement assez similaire à celui qu’on observe dans les autres pays anciennement communistes et qui ont souffert d’une transition démocratique et économique souvent difficile lors des bouleversements politiques.

Le quartier dans lequel je réside est un quartier assez typique de la banlieue moscovite, un spalny rayon (quartier dortoir) très vert. Samedi je me suis assis à la terrasse d’un Elki-Palki, cette chaîne russe de restaurants traditionnels. La terrasse était pleine et faisait face à la terrasse d’un McDonalds, également pleine. Cela reste une énigme pour moi, alors que certains fantasment sur l’obsessionnel anti-américanisme primaire des Russes de constater que finalement McDonalds est si populaire à Moscou, en tout cas à mon avis au moins autant que les supermarchés Auchan. La densité de la population dans les rues avait peut être aussi une autre explication. Samedi était une journée un peu inhabituelle puisqu’il s’agissait du premier subbotnik de l’année. Explication: Dans les premiers temps de l’URSS, les communistes travaillaient bénévolement les samedis (samedi = subbota), afin de contribuer à une édification plus rapide du socialisme. Le premier samedi communiste a eu lieu le 1er mai 1920 à Moscou, Lénine y participa et la scène fut immortalisée en peinture. Dans les années 50, cette tradition fut reprise dans nombre de pays du bloc communiste, en Europe et en Asie centrale. L’état russe a relancé ces dernières années cette tradition. Tous les ans, le nombre de participants augmente. Ce Week-end à donc eu lieu le premier Subbotnik de l’année, et près de 1,5 million de Moscovites y ont participé, soit un habitant sur dix. Les activités sont tant le nettoyage des routes que des passages piétons, des parcs ou des poubelles. A cette occasion, 20.000 façades ont été rénovées dans Moscou et environ 2.000 arbres et 9.000 arbustes plantés. Tout cela je le répète est bénévole et traditionnel. Les étrangers, notamment français, ne peuvent qu’être surpris par une telle initiative, le travail du week-end, même rémunéré étant très tabou en France et sujet à de nombreuses polémiques.

La forte densité de la foule présente dans les rues adjacentes aux sorties de métro durant tout le week-end avait quelque chose de vivant, qui inspirait également une certaine insouciance. Une multitude de gens poussés vers l’extérieur par un étrange mélange de religion, de tradition soviétique et de fête du soleil. En observant la foule qui déambulait dans les rues, je me disais que finalement ce printemps russe se présente assez bien, et pas seulement dans le domaine du climat. Sur la scène internationale, la Russie semble être épargnée tout du moins provisoirement par les secousses qui frappent le monde arabe et l’Afrique. Elle ne devrait pas par exemple craindre de vagues d’immigration incontrôlée, comme l’Europe en subit actuellement à travers ses frontières sud. Le pays n’est pas non plus engagé dans un quelconque conflit armé à l’étranger, et donc à l’abri d’un éventuel effet boomerang à son encontre.

La baisse de tension avec l’Otan à l’ouest et le renforcement des liens avec les pays asiatiques au sein du groupe BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et République sud-africaine) consolide sa position de puissance régionale. Les tensions dans le monde arabe ont par contre entraîné une hausse du prix du pétrole qui devrait permettre à la Russie d’augmenter ses rentrées financières et de terminer l’année avec un déficit budgétaire bien plus faible que prévu. Sur le  plan intérieur, cette trésorerie inattendue mais bienvenue devrait rendre plus facile pour l’état la tenue de promesses et d’engagements sociaux colossaux, exprimés par le premier ministre Vladimir Poutine le 20 mars dernier dans son discours sur le travail du gouvernement à la Douma. Les indicateurs économiques globaux semblent au vert, alors que la Russie devrait connaître une croissance économique assez forte en 2011 mais également en 2012, année de l’élection présidentielle. Tous ces éléments permettent de ressentir un optimisme prudent pour les mois à venir, optimisme qui rend encore plus doux cet agréable printemps moscovite.

Le point démographique – Janvier, Février 2011

Les statistiques démographiques de la période janvier / février 2011 sont disponibles et elles sont encourageantes.

La natalité

Janvier 2011 a été un bon mois, avec 132.954 naissances contre 132.371 en janvier 2010, soit une hausse de 583 naissances. Février 2011 a lui vu par contre une baisse du nombre de naissances assez significative, 133.593 naissances contre 135.015 l’année dernière, soit 1.422 naissances de moins.

Ces deux premiers mois de 2011 ont vu 266.547 naissances contre 267.386 durant les deux premiers mois de 2010 soit 839 naissances de moins.



La mortalité

La mortalité est très fortement en baisse, 170.508 décès en janvier 2011 contre 176.316 en janvier 2010. Même schéma en février 2011 avec 155.042 décès contre 160.701 en février 2010.

Ces deux premiers mois de 2011 ont vu 325.550 décès contre 337.017 durant les deux premiers mois de 2010 soit 11.467 décès de moins.



Mariages et divorces

Le nombre de mariage sur ces deux premiers mois est en légère baisse, 126.846 sur les deux premiers mois de 2011 contre 127.835 sur les deux premiers mois de 2010, soit 929 mariages en moins.

Les divorces sont eux en baisse, avec 88.060 contre 92.112 pendant la même période l’année dernière soit 4052 divorces en moins.



Analyse et prévisions

La perte de population sur les deux premiers mois de 2010 était de 69.631 habitants, elle n’est « que » de 59.003 habitants pour ces deux premiers mois.


Janvier et février sont traditionnellement (depuis 2 ans) des mois à natalité faible et à mortalité assez élevée, à cause de l’hiver. Mars sera un moins crucial, pour déterminer la tendance sachant que c’est régulièrement un mois à haute fertilité et ce depuis 10 ans. 

On peut imaginer en étant un peu optimiste que le nombre de naissances devrait sensiblement augmenter cette année et dépasser 1,8 millions. La baisse de la mortalité semble confirmée. L’année dernière à encore connu plus de 2 millions de décès. Cette année, et sans accident climatique type canicule, le nombre de décès devrait être inférieur à 2 millions, vraisemblablement plus proche de 1,9 millions.

Par conséquent la perte nette de population pour 2011 devrait encore se réduire, et avoisiner les 100/120.000 habitants, contre 240.000 en 2010. Vraisemblablement, sur la même logique, l’équilibre démographique pourrait être atteint en 2012, avec un shéma du genre: 1.850.000 naissances et autant de décès.

Выжить в Москве

La version Française de cet article est disponible ici

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 Оригинальная статья была опубликована в РИА Новости

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«Привет, Александр! Я с большим интересом прочитал твою статью «Far-Est», а также и другие твои статьи на сайте РИА Новости. Я живу в Бордо и собираюсь переехать в Москву, какова там жизнь для иностранца?
Заранее благодарю, Людовик».



Дорогой Людовик, переезд в Москву ― это почти приключение. «Я был в 16.000 льё от места моего рождения, я был в Москве, в городе тысячи и трех колоколен и семи вокзалов», это написал Блез Сандрар (Blaise Cendrars, настоящее имя Фредерик Заузер, 1.9.1887 ― 21.1.1961, французский и швейцарский писатель ― прим. перев.). Моим первым впечатлением было ошеломление плотностью дисциплинированной толпы, спускающейся в метро, и шумом прибывающих на станции поездов.


Поначалу город мне казался довольно трудным для восприятия, и даже враждебным. Это мегаполис с 12 или 15 миллионами жителей, но отличающийся от других мегаполисов планеты, здесь есть чисто русские особенности, например, добавляет трудностей встреча с кириллицей. Поначалу, признаюсь, я был подавлен шириной магистралей и улиц, а также относительными трудностями в поиске некоторых адресов. Конечно, ты мне скажешь, можно ездить на автомобиле! Ну так что же, сразу видно, что ты никогда не водил машину в Москве.


Город между 6 часами утра и 10 часами вечера представляет собой гигантскую пробку, нередко можно потратить два часа на перемещение из центра, в центре, в центр! Уличное движение является бичом этого города, и я предпочитаю не затрагивать проблему парковочных мест, которые невозможно найти.


Далее, приезжающих ждет встреча с русской зимой. Поначалу это тяжело. В некоторые дни даже короткий путь пешком между станцией метро и офисом является физическим испытанием, когда приезжаешь из страны с умеренным климатом. Русские ходят без всяких проблем по льду, и понимаешь, что этому нужно учиться. Зима длится пять месяцев (например, еще на прошлой неделе шел снег), температура часто опускается ниже – 15° (в феврале было – 30°), а небо почти всегда закрыто тучами.


Город действительно очень большой, станции метро расположены друг от друга дальше, чем в Париже, так что приходится проводить много времени на улице, что позволяет максимально «пользоваться» холодом. Лето, как правило, слишком жаркое и слишком короткое, за исключением последнего, знойного, когда Москва почти два месяца оставалась в густом дыму и запахе гари из-за пожаров, которые опоясывали город. Наконец, в Москве дорогая недвижимость, очень дорогая, слишком дорогая. Но не для, к примеру, Наоми Кэмпбелл, которая недавно переехала в новый комплекс в центре города.


И, чтобы завершить негативную картину, напомню: Москва является мишенью терроризма: в течение последних двенадцати месяцев два теракта стоили жизни сотне человек, многие сотни получили ранения.


Тем не менее, я не хочу разочаровывать тебя, я просто хотел быть объективным, перечисляя различные негативные моменты, о которых нельзя забывать. Есть моменты положительные, их много, во всяком случае, достаточно для того, чтобы как и многие московские французы, я никогда не испытывал желания покинуть этот город, в котором я планирую провести большую часть своей жизни.


Москва очаровывает, это город просто исключительный. У нее есть преимущества истинного мегаполиса, и многое здесь работает круглые сутки. В любое время дня и ночи можно делать покупки, есть или что-нибудь выпить, быть на людях, найти развлечение, жизнь. Бары и рестораны открыты, есть магазины, которые никогда не закрываются, есть даже банки и офисные здания с ночным сервисом.


Здесь энергия города ощущается в ритме молодых москвичей, которые танцуют в ночных клубах, в плотности автомобильного движения, или же в количестве людей, которых можно встретить повсюду и в любое время. Этот город более живой, чем другие, и это не иллюзия. Она всегда активна, и я, Людовик, люблю Москву за это. С работой то же самое, не редкость, когда в Москве деловые встречи происходят вечером или же в выходные.


Нужно признаться, дорогой Людовик, что это сильно отличается от Бордо, сонного города-музея, с супермаркетами, закрывающимися в будние дни в десять вечера, или ночными клубами набережной Палюдат, которые открываются и закрываются в установленное время. В Москве этого понятия фиксированного графика практически не существует. Музыкальный хит, вышедший в 2009 году, прекрасно характеризует сложившуюся ситуацию в своем названии: «Moscow Never Sleeps» (Москва никогда не спит). Последний приятный сюрприз, город относительно зеленый, поскольку почти 40% его площади покрыты парками и садами, это гораздо больше, чем во многих европейских городах и в самом деле приятно, особенно весной и летом.


Русские приветливые, даже если на первый взгляд москвичи кажутся вечно спешащими и мало улыбающимися. Жители российской столицы привыкли к «чужим». Страна является империей, которая включает в себя огромное разнообразие народов и религий. Сделав необходимые усилия и соблюдая определенные правила, все это разнообразие довольно легко находит свое место в московской жизни, включая иностранцев.


Вероятно, что довольно скоро тебе начнут улыбаются молодые москвички, осторожно, Людовик, немного рассудительности не повредит. Многие гости попадают под очарование Москвы, города любви и романтики, и ее красавиц. Это не всегда получается, но я знаю многих мужчин, которые здесь очень счастливы с точки зрения любви, теплота русских женщин абсолютно не имеет, по моему опыту много путешествующего человека, ничего равного на нашей маленькой планете.


Если приехать в Москву в качестве иностранного работника крупной международной компании, это, безусловно, позволит, избежать многих трудностей. Это жизнь между офисом в самом центре и роскошными апартаментами там же, между двумя поездками в крутую штаб-квартиру своей самой крутой компании. Этот тип экспатов, однако, только «проходит» через Москву. Их образ жизни практически неотличим от того, который они могли бы вести в Шанхае, Нью-Йорке или Брюсселе.


Это не одно и то же для того, кто хочет попытать счастья в одиночку, с мыслью иммигрировать и интегрироваться в российское общество, даже найти новую родину. У него будут трудности при встрече с русским языком, с другой системой мышления, он должен будет приспособиться к некоторым административным трудностям, которые, как правило, сводят иностранцев с ума. В Россию не приезжают запросто, российская администрация часто очень требовательна, это лабиринт, который требует усилий в понимании и терпения. Но в конечном итоге, игра стоит свеч.


Россия никого не оставляет равнодушным, в том, что касается Москвы, это еще более верно, но она может быстро отправить тебя в нокаут. Многие люди, которые жили в этом городе, иногда чувствуют себя неспособными вернуться туда снова, только уехав из Москвы, понимаешь, какой безжалостный и стимулирующий темп она навязывает.


Тем не менее, Людовик, я привязан к этому городу и его образу жизни, особенно когда я могу регулярно куда-то уезжать, чтобы восстановить силы. После нескольких дней отсутствия, я всегда хочу снова вернуться на ринг и, как многие москвичи, рад «выживать» в Москве

Перевод : Уголин (Ursa-Tm)