Category Archives: Voix de la Russie

Réflexions sur la condamnation d’Alexeï Navalny

La condamnation du blogueur Alexeï Navalny pour détournement va sans doute accentuer la pression médiatique pour la ramener à un niveau équivalent à celui de la période des Pussy Riot.

Des Pussy Riot dont plus personne ne parle aujourd’hui ; tout au plus a-t-on appris récemment que des stars allemandes qui s’étaient montrées en pointe dans leurs prises de position en défense des Pussy Riot avaient été pour cela payées par les chaines concernées, mais cela ne surprendra pas les lecteurs de La Voix de la Russie.

L’affaire Navalny suscite des questions bien plus larges.

Celui-ci a donc été condamné pour des affaires frauduleuses soi disant menées lorsqu’il était conseiller du gouverneur Nikita Belykh, opposant au pouvoir et membre du SPS, nommé en 2008 par Dimitri Medvedev gouverneur de la région de Kirov, dans un geste d’ouverture politique. Une ouverture politique qui aujourd’hui semble bien lointaine. Alexeï Navalny avait été pour sa part exclu du parti d’opposition Iabloko un an plus tôt pour avoir participé à une marche nationaliste qui a lieu tous les ans à Moscou. Alexeï Navalny ne cessera dès lors de lancer les fragments d’une nouvelle idéologie politique en Russie mêlant nationalisme et libéralisme, idéologie que l’on pourrait synthétiser et qualifier de « nationale-démocrate » ou « nationale libérale ».

En 2010, Alexeï Navalny lance le projet RosPil destiné à dénoncer la corruption d’Etat et devient le porte-parole d’une branche de la génération urbaine qui un an plus tard déferlera dans les rues de Moscou et Saint-Pétersbourg principalement, les deux villes voyant des dizaines de milliers de manifestants sortir dans les rues pour dénoncer des « élections truquées », la « corruption » ou encore appeler au départ de Vladimir Poutine.

A la même époque, de nombreuses voix commencent à s’élever contre Alexeï Navalny.

Ces « anti-Navalny » se questionnent sur l’étonnant support financier et médiatique (surtout à l’étranger) dont bénéficierait sa jeune association RosPil alors que nombre d’autres projets similaires existaient déjà en Russie, comme par exemple le projet RosSpending d’Ivan Begtin. Mais surtout, ils pointent du doigt les connexions d’Alexeï Navalny à l’étranger, notamment aux Etats-Unis (voir ici ou ), le dénonçant comme un agent étranger travaillant pour le département d’Etat américain (voir ici ou ) ayant pour objectif d’organiser un soulèvement contre le pouvoir russe, sur le modèle des révolutions de couleurs ayant eu lieu dans la zone eurasienne au cours des années 2000. Lors d’une manifestation en janvier dernier, celui-ci avait en effet déjà menacé de marcher sur le Kremlin.

Ce jeudi 18 juillet, Alexeï Navalny a donc été condamné à cinq ans de prison et 120.000 euros d’amende et ce alors que sa candidature venait tout juste d’être validée pour sa participation à l’élection municipale à Moscou en septembre prochain. Une candidature validée malgré les critiques de ténors de l’opposition libérale, le soutien d’autres pourtant exilés mais surtout grâce au généreux soutien de son pire ennemi, le parti Russie Unie qui lui a finalement apporté les signatures nécessaires.

Les réactions n’ont pas tardé pour qualifier le procès de politique et l’on ne peut que s’étonner du si rapide front commun entre certains Etats européens, l’ambassade américaine (comment peut-on donner des leçons de démocratie quand on porte sur ses épaules Guantanamo ?), l’infatigable Gorbatchev, les journalistes français ou certains opposants de la société civile qui ne défendent bien souvent la liberté que lorsqu’elle arrange leur point de vue politique. A titre de comparaison, a-t-on par exemple entendu les Russes se mêler des condamnations d’hommes politiques français ou bien encore dénoncer l’acharnement juridique, sans aucun doute politiquement dirigé, contre Dominique de Villepin ou encore récemment Marine Le Pen ?

Sans juger sur le fond (il est impossible de le faire sans disposer des faits et du dossier,ce qui n’est pas mon cas, ni celui du reste de la majorité des commentateurs et journalistes français), il faut rappeler que l’affaire n’est peut être pas si claire que cela puisque pour de nombreux commentateurs, notamment français, la condamnation d’Alexeï Navalny serait fondée en ce sens que « les charges contre lui sont fondées. Il n’y a pas de dossier imaginaire ou de faits qui ne sont pas étayés du point de vue juridique».

Ensuite, contrairement à ce que prétendent les journalistes français, Alexeï Navalny n’était en mars 2013 connu que par 37% des Russes sondés selon le centre Levada, et par 53% des Russes sondés selon le centre Vtsiom en avril 2013. Selon Vtsiom, 51% de ces 53% ont une opinion négative de lui pendant que 19% (des 53%) ont au contraire une bonne image de lui, soit moins de 10% de la population. En ce qui concerne l’élection municipale, le centre Levada toujours a mené plusieurs sondages qui indiquent que son score à l’élection municipale aurait sans doute atteint entre 5 et 8%, voir ici ou ). En ce sens, il est sans doute très loin de représenter la moindre menace politique et électorale, que ce soit à l’échelle municipale ou à l’échelle fédérale.

Alors que nombre de commentateurs et journalistes se sont empressés de voir en Navalny un innocent par défaut (est-il concevable d’être un opposant a Poutine et malgré tout coupable de quoi que ce soit ?), on peut se demander pourquoi personne n’a parlé d’une autre condamnation qui a eu lieu ce 18 juillet 2013. Il s’agit de la confirmation d’une condamnation à huit ans de prison (sur une peine initiale de 13 ans) du colonel Vladimir Vasilievich Kvachkov, ce héros militaire russe accusé à tort d’avoir voulu assassiner Anatoli Tchoubaïs en 2005 et acquitté en 2008. Il vient de voir sa condamnation confirmée (après un nouveau procès compliqué et chaotique) pour avoir soi disant voulu prendre le pouvoir en Russie par les armes afin de libérer le pays de « Poutine et sa clique».

On peut se demander pourquoi ce procès pourtant si important n’a pas suscité autant d’émotion que le procès Navalny. Peut-on imaginer que la raison principale est qu’il ne s’agit pas d’un opposant « politique » à Vladimir Poutine avec du potentiel ? Pour Tina Kandelaki, la condamnation d’Alexeï Navalny va du reste lui permettre « d’enfin obtenir le potentiel qu’il n’a jamais eu », pendant que pour le leader du LDPR Vladimir Jirinovski, cette condamnation est un « avertissement pour ceux qui travaillent avec des forces étrangères contre la Russie ». Pour Boris Akunin, tant que « le régime Poutine sera en vie, il n’y aura aucun choix» et Marat Guelman en appelle au bras droit de Dimitri Medvedev, Arkadi Dvorkovich, en lui demandant « s’il est encore dans ce gouvernement ». Un indicateur intéressant s’il en est de l’existence de clans bien définis au sein du gouvernement russe.

Enfin, pour Edouard Limonov, il est « évident qu’Alexeï Navalny est coupable et que d’autres affaires devraient émerger dans le futur le concernant ». Une probabilité loin d’être incertaine sachant que le patron des chemins de fer russes, Vladimir Iakounine, vient tout juste d’annoncer qu’il devrait aussi porter plainte contre les allégations de corruption à son encontre émanant d’Alexeï Navalny.
Lire la suite: http://french.ruvr.ru/2013_07_19/Reflexions-sur-la-condamnation-d-Alexei-Navalny-6459/

Edward Snowden, révélateur de la médiocrité européenne

h_50891814.jpg.1000x297x1Edouard Snowden aura eu une semaine plus qu’incertaine mais aussi pleine de rebondissements. Après s’être vu refusé l’asile par la majorité des 21 pays après desquels il avait fait la demande, avoir passé déjà près de 15 jours dans la zone de transit de l’aéroport international de Sheremetievo, s’être fait demandé en mariage par la ravissante espionne russe Anna sur Twitter, l’ex-agent américain a réussi à déclencher une crise politique majeure entre l’Occident et l’Amérique Latine.

Une crise déclenchée par la décision de divers pays européens (France, Espagne, Portugal et Italie) de fermer la semaine dernière leurs espaces aériens à l’avion du président Evo Morales, soupçonnant la présence à bord de l’ex-consultant américain, Edward Snowden. Continue reading

Assad envers et contre tout

« Tout désespoir en politique est une sottise absolue » disait Charles Maurras. Bashar El-Assad, homme cultivé au demeurant, doit certainement être entièrement d’accord avec cette assertion s’il a la chance d’avoir déjà lu Maurras. Début 2011, celui-ci a sans doute dû regarder avec beaucoup d’attention, comme tous les chefs d’Etats de la région, les manifestations pacifiques qui ont commencé à fleurir dans le pays. Peu à peu, le mouvement de contestation au gouvernement Assad prend cependant une tournure militaire.

Courant 2012, la guerre est totale en Syrie, l’afflux de mercenaires étrangers apporte un appui considérable à une opposition syrienne qui sera rapidement débordée par ces encombrants soutiens. Mi-2012, l’offensive rebelle est portée au cœur de Damas alors que plusieurs milliers de combattants tentent de prendre d’assaut la capitale, coordonnant leur action militaire avec des actions terroristes de grande ampleur, notamment l’attentat du 18 juillet 2012 au siège de la sécurité nationale, qui portera sans aucun doute un grand coup psychologique aux autorités syriennes. L’offensive militaire s’est accompagnée d’une offensive médiatique de grande ampleur à travers la planète, annonçant à coup de « spécialistes » et « analystes » la chute imminente du régime syrien.

Pourtant, le régime trouvera les ressources pour repousser cet assaut et relativement rétablir l’ordre dans la capitale. A la fin 2012, le mainstream nous a de nouveau expliqué que courant 2013, les autorités syriennes devraient vraisemblablement avoir perdu le contrôle d’une bonne moitié du pays, sans doute l’Est et le Nord, et concentrer stratégiquement leurs positions sur la défense de Damas et de la bande côtière et alaouite. Pourtant, ce n’est pas du tout ce qui s’est passé.

A la sortie de l’hiver, l’armée arabe syrienne est repartie à l’offensive et les victoires clefs de Qousseir et Homs ont permis à l’Etat de réaffirmer son autorité sur le centre du pays. En février 2013, les rebelles relancent une offensive sur les quartiers de l’Est et du Nord est de la capitale, offensive qui échouera de nouveau puisqu’après 18 mois de combat, les forces gouvernementales ont réussi à repousser le front dans les faubourgs de la capitale. Enfin, la grande offensive rebelle sur la cote de cet été 2013 a elle été totalement repoussée.

Apres 18 mois de combat, c’est désormais l’Armée Syrienne qui est a l’offensive sur les zones clefs des rebelles, notamment au Nord et a l’Est du pays, sur l’axe Alep – Deir Ez-Zor. Cette totale inversion de la situation militaire justifie peut être les récentes manipulations de grande ampleur visant à déclencher des frappes militaires turco-occidentale contre la Syrie, comme expliquéici. Sur le front diplomatique, la situation s’est semble-t-il également considérablement modifiée depuis le début du printemps islamiste syrien. Les principaux sponsors de la rébellion font face à des situations intérieures modifiées et instables, que l’on pense à l’Arabie Saoudite, à la Turquie ou au gouvernement Morsi et au coup que vient de recevoir la confrérie des frères musulmans, très active dans le soutien à l’opposition syrienne.

Alors que le destin semblait aller contre les volontés impériales occidentales, les puissances occidentales ont donc décidé de passer à la vitesse supérieure et contribuer à l’aggravement du conflit syrien en « punissant » le pouvoir syrien et affaiblir ses forces armées.

L’axe Washington-Londres-Paris-Ankara-Riyad se disait même prêt a intervenir à n’importe quel prix et sans accord préalable de l’ONU et donc hors du cadre juridique international. Peu nombreux (et sans doute également à Damas) étaient ceux qui, au début du mois de septembre, imaginaient que la Syrie échapperait a une campagne de bombardements sur le modèle des frappes contre la Yougoslavie de 1999.

Pourtant, ces frappes imminentes au début du mois n’ont pas encore eu lieu et il y a plusieurs raisons à cela. Lors du dernier sommet du G20, le président français s’est, comme le président américain, retrouvé isolé face notamment a une UE qui faisant front diplomatique avec la Russie, la Chine et les pays émergents, refuse une action militaire irréfléchie et illégale. Ces pays prônant une solution politique au conflit, tout comme le prône la Russie depuis le début des troubles en Syrie.

En outre, et c’est sans doute le plus important, les opinions publiques tant américaines que françaises sont extrêmement hostiles à toute intervention militaire de leur pays malgré prés de trois ans d’intense propagande contre le gouvernement syrien. Mais l’absence de bombardements sur la Syrie en ce début septembre tient sans doute aussi et surtout du fait de Moscou.

La Russie vient de sortir (avec le talent dont elle a le secret) une carte maitresse de sa diplomatie en appelant la Syrie à placer ses arsenaux chimiques sous contrôle international. L’Etat syrien a bien évidemment accepté la proposition russe, confirmant le solide Tandem Moscou-Damas pour la résolution de cette crise et se disant même prêt à signer et rejoindre la Convention sur l’interdiction des armes chimiques. La Syrie reste aujourd’hui l’un des rares pays au monde à ne pas avoir adhéré à ce traité, contrairement a ce que prétendent certains ministres français qui visiblement connaissent mal leurs dossiers.

En 24 heures, la situation mondiale sur la Syrie s’est totalement inversée. Selon Xavier Moreau, avec cette proposition, les Russes ont trois objectifs distincts. Le premier est de reprendre l’initiative dans ce conflit, en faisant une proposition que les Etats-Unis seront obligés de considérer, le deuxième est de remettre les Nations Unies au cœur de la résolution du conflit et le troisième est de permettre aux Etats-Unis et à la France de ne pas perdre la face, dans le cas où les deux pays renoncent à leur frappe « punitive ».

Pendant que la Russie empêche une guerre et tente de défendre le droit international, l’Etat syrien peut lui continuer de mener sa mission de rétablissement de l’ordre constitutionnel et de lutte contre le terrorisme sur son territoire. Une mission qui apparaît de moins en mois illégitime aux yeux du monde alors que se multiplient les témoignages dénonçant une situation trop longtemps occultée par le mainstream sur le terrain. A ce titre, les témoignages récents du journaliste récemment libéré Domenico Quirico ou de l’enseignant Pierre Piccinin sont riches en informations issues du terrain et confirment bien que l’opposition démocratique syrienne n’existe sans doute désormais plus que sur les plateaux de France 24, mais que sur le terrain, ce sont les groupes terroristes et mafieux qui font la loi dans les quelques zones qui ne sont pas sous contrôle de l’armée syrienne. Enfin, ces témoignages confirment ce que la diplomatie française semble (volontairement ?) ne pas vouloir entendre : ce n’est pas l’Etat syrien qui a utilisé les armes chimiques le 21 août dernier.

Guerre en Syrie, immixtions et désinformation

Unrest in HomsLa guerre en Syrie s’accompagne d’une guerre de l’information impitoyable destinée non seulement à justifier l’offensive du dispositif international contre la Syrie mais aussi à masquer tant bien que mal les immixtions étrangères croissantes dans ce conflit.

On parle beaucoup de l’intervention du Hezbollah, du soutien russo-iranien à l’Etat syrien, du soutien des monarchies du golfe à l’opposition djihadiste syrienne ou du rôle de la Turquie, mais on oublie que la guerre concerne aussi directement l’état d’Israël, qui espère qu’une chute d’Assad permettra l’affaiblissement voir la disparition du Hezbollah. Depuis le début de cette année 2013, l’Etat Hébreu était ainsi déjà intervenu militairement au moins trois fois en Syrie. En janvier tout d’abord, pour détruire un convoi d’armes destinées au Hezbollah puis par deux fois en mai contre un centre de recherches scientifiques, un dépôt de munitions et une unité de la défense anti-aérienne. Continue reading

Témoigner à La Haye. Entretien avec Yves Bataille

YB_TPI_2013.jpg.1000x297x1Yves Bataille bonjour, pourriez vous vous présenter aux lecteurs de La Voix de la Russie qui ne vous connaissent pas ?

Je suis un citoyen français ayant décidé en 1993 de m’installer en Serbie pour mener la lutte d’indépendance nationale et continentale à partir de l’Est de l’Europe. Le fait que ma femme soit serbe n’est pas la cause de mon engagement du côté des Serbes mais en est plutôt une conséquence. Je précise cela parce que cette affirmation revient souvent chez des gens qui ne me connaissent pas. J’ai vécu une partie de la guerre yougoslave comme les bombardements de l’OTAN en 1999, vu de près certains évènements de Bosnie et du Kosovo. Je puis donc témoigner de ces faits en connaissance de cause et les mettre en perspective pour leur donner un sens. Ainsi, la guerre yougoslave n’a été ni une guerre ethnique ni une guerre religieuse comme on le prétend, mais la première phase des « guerres humanitaires » du monde unipolaire consécutif à la fin de l’Union Soviétique et leur « laboratoire ».

Comment avez-vous été contacté par la défense de Radovan Karadžić, comment vous connaissaient-ils et que pensaient-ils que vous puissiez apporter au dossier ?

Le cercle qui défend Radovan Karadžićà Belgrade et à Banja Luka me connaissait. Cela date de la guerre en Bosnie. Quand Radovan Karadzic a été déporté à La Haye j’ai dit que j’étais prêt à témoigner en sa faveur s’il le désirait et quand son avocat, maître Robertson, me l’a demandé, j’ai aussitôt accepté. Une semaine après la chute de l’enclave de Srebrenica, je me trouvais en effet dans le bureau de Karadžić à Pale, à ce moment-là capitale de la Republika Srpska, près de Sarajevo. Ce jour-là, Karadžić a reçu devant moi un fax en provenance de l’enclave musulmane indiquant que l’évacuation des populations civiles s’était déroulée correctement. Portant en-tête et tampon des Nations Unies, la télécopie était signée des trois parties alors en présence, le représentant musulman de la ville, le négociateur serbe et un responsable de l’ONU. Quand je suis allé à Paris quelques jours plus tard, j’ai publié ce document dans un hebdomadaire national avec un commentaire au moment-même où commençait le tohu-bohu médiatique sur le « massacre de Srebrenica ». Ce document devait être porté au dossier de la défense et servir de base à mon témoignage. Continue reading

Vers un monde tripolaire ?

1073201_61489806Il y a a peu près un an, j’écrivais un texte intitulé Vers un monde sans Union Européennne ?, dans lequel je prédisais que l’Europe (au sens de l’Union Européenne) ne serait plausiblement jamais, sous sa forme actuelle, un acteur majeur et viable du monde de demain. L’absence d’authentiques structures politiques et donc de souveraineté ne devrait pas en effet lui permettre de s’opposer aux nouveaux géants que sont les BRICS ou les grand blocs émergents, dont les clefs de fonctionnement politiques et stratégiques sont au contraire fondés sur la toute puissance du politique et l’affirmationde lasouveraineté.

La crise économique financière, qui a notamment mis en exergue la crise de fonctionnement de la monnaie unique (Euro) a sans doute définitivement enterré l’espoir que les fondateurs avaient en l’Europe. L’Europe, il est vrai, n’a pas su dépasser ses différences historiques, systémiques et culturelles, sans doute par manque d’un pouvoir politique centralisateur et fort. Continue reading

La génération chômage européenne se tourne vers la Russie

Suspicion of corruption at Federal Employment OfficeLe chômage des jeunes avoisine 25 % au sein de l’UE. L’Espagne et la Grèce sont particulièrement touchées par ce fléau, avec des taux respectifs de 55,7 % et 58,4 % devant le Portugal (38,2 %), l’Irlande (30,8 %), l’Italie (37,8 %), la Slovaquie (35,0 %), Chypre (31,8 %) et la France (26,2 %). Les bons élèves sont sans surprises : l’Allemagne (7,7 %), l’Autriche (8,9 %) et les Pays-Bas (10,4 %), pendant qu’en Russie le chômage des jeunes atteindrait 15 %.

Bien sûr les différences sur les marchés sont évidentes et on peut imaginer que le marché de « la débrouille et du travail au noir » est plus florissant et plus efficace dans le sud que dans le nord de l’Europe. Même chose en Russie, où le travail au noir est encore très développé, selon Olga Golodets, vice-Première-ministre chargée des Affaires sociales dans le gouvernement russe, qui déclare : « En Russie, la moitié de la population active travaille au noir ».

Alors que le chômage se chiffre désormais à 11 % au sein de l’UE et en France (ou il vient cette semaine de battre son record de 1997), le chômage en Russie atteint son taux historique le plus bas (5,5 %) et surtout un taux quasiment nul (moins de 1 %) dans les grandes villes du pays. Selon la revue Russie d’Aujourd’hui et le site de recherche de travail Superjob, l’offre d’emplois est à la hausse et a même augmenté de 2,2 % en mars 2013. Les postes les plus recherchés sont ceux de vendeurs (23,2 % des postes disponibles), d’ouvriers dans l’industrie énergétique (8,6 %) ou encore d’employés dans le secteur du bâtiment (6,6 %). Continue reading

Les FEMEN : des agents inconscients du choc des civilisations?

Après la guerre contre le Christianisme… Les lecteurs se souviennent que j’avais qualifié les FEMEN d’agents provocateurs en novembre dernier suite à leur action lors de la manif pour tous, lorsqu’elles avaient perturbé la manifestation contre le mariage pour tous, débarquant à moitié nues devant de jeunes enfants, en hurlant des insanités du type « in Gay We trust » ou « voilà le sperme de dieu » et enfin en gazant des poussettes avec du faux gaz ce qui, il faut bien l’avouer, est tout sauf amusant.

Le 12 février dernier, les FEMEN se sont exhibées seins nus dans Notre-Dame de Paris pour fêter à leur manière la démission du pape Benoît XVI. Leur action a été condamné par la porte-parole de l’exécutif et ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, par le maire de Paris Bertrand Delanoë (c’est dire) et même par le ministre de l’intérieur Manuel Valls qui a fait part de sa consternation, condamnant une provocation inutile et témoignant de son soutien aux catholiques de France qui ont pu être offensés par ce geste grossier.

Les FEMEN, qui quelques mois après le lancement de leurs activités, cumulent déjà les plaintes et les mains courantes, se heurtent logiquement à quelque chose qui n’existe il est vrai peut être pas encore en Ukraine: un relatif Etat de droit et le fait qu’une société plus ou moins libre n’implique pas que l’on puisse y faire n’importe quoi mais au contraire que la liberté des uns s’arrête làou commence celle des autres. On pouvait se demander quelle allait être leur dernière provocation alors que la dernière manifestation contre le mariage pour tous à Paris a été exempte de leurs insanités et de leur violence morale.

 

… La guerre contre l’Islam? Continue reading

La France d’après la loi du mariage pour tous

Protest against same-sex marriage in ParisL’assemblée nationale française a donc mardi 23 avril voté la loi autorisant le mariage pour tous, La France devient ainsi le 9ème pays en Europe et le 14ème dans le monde à rendre légal le mariage pour les couples du même sexe, qui, selon le dernier sondage de l’Insee, représentent donc moins 0,6% de la population de notre pays.

Le texte aura donc été adopté malgré prés de 5.000 amendements et une bonne centaine d’heure de débats parfois musclés donnant parfois à l’Assemblée nationale un air de Rada ukrainienne, ou les pugilats sont fréquents. Ce sont donc 331 députés qui ont voté pour, 225 contre et 10 qui se sont abstenus. Un score sans surprise compte tenu des répartitions des sièges par tendances politiques suite aux dernières élections législatives qui ont vu une large victoire des forces de gauche, celles-ci ayant obtenu 60 % des sièges de députés.

La fébrile opposition entre députés et de droite et de gauche a brusquement disparu lorsqu’après le vote, un individu est venu perturber la séance en tentant de déployer une banderole pour finalement être maîtrisé par le service de sécurité. Claude Bartolone, président de l’assemblée nationale a alors rapidement appelé à expulser de l’assemblée les « ennemis de la démocratie » entraînant les applaudissements des députés de droite comme de gauche. Ouf, l’Assemblée nationale de nouveau unie venait de se protéger d’un immense péril ! Continue reading

Faut-il renoncer à la démocratie?

-Je crois que certains lecteurs, en voyant ce titre, vont cliquer sur le lien tout en se demandant si Alexandre Latsa est brusquement devenu fou, ou en pensant que la suite va enfin dévoiler le fond de sa pensée. Mais non, pas d’inquiétude, l’idée n’est pas de moi.

« Faut-il supprimer la démocratie » est une citation du « sage et démocrate » Jacques Attali. Celui-ci a en effet le 18 mars dernier signé un article absolument incroyable où il pose la question de l’opportunité de songer à appuyer, aider et compléter les structures et institutions démocratiques afin de pérenniser leur efficacité.

Jacques Attali prend l’exemple de l’élection verticale et à vie du pape, puis de l’élection de la nouvelle présidence chinoise pour 10 ans, en remarquant que les deux fonctionnent selon le principe du parti unique, en portant au pouvoir quelqu’un du sérail sans consulter le peuple. Ensuite, il constate les échecs du système démocratique italien incapable de permettre l’émergence d’un gouvernement stable après les élections législatives du mois dernier. L’Italie serait d’après lui l’exemple type de l’échec du fonctionnement des systèmes démocratiques, le politique étant contraint de sacrifier l’avenir à long terme du pays (en aggravant la situation économique) pour assurer sa réélection.

Serait-il tombé sous le charme des partis uniques parce que la démocratie montre ses limites? Continue reading