– Apparition d’une classe moyenne issue du secteur marchand qui en a marre d’être dirigée par l’élite issue des corps militarisés et qui est soutenue par les “péquenauds de province, dépendants de l’État et qui ne comprennent rien à l’économie privée (Ksenya Sobtchak)” ;
– Corruption et inefficacité dans l’appareil d’État qui met du temps à être corrigée ;
– Stratégie offensive de Washington contre le régime russe, qu’illustre la nomination d’un ambassadeur de choc à Moscou : Michael Mac Faul.
La Russie de Vladimir Poutine, n’est ni un modèle, ni un paradis. C’est un État en pleine réforme, convalescent après 70 ans de communisme totalitaire et centralisé et 10 ans de libéralisme et de déliquescence de l’État russe. Les problèmes à résoudre y sont immense (corruption, alcoolisme, retards dans les infrastructures) et relèvent plus de la baguette magique que de la politique pour y apporter des solutions à court terme.Je comprends que les recettes du redressement russe fassent peur en occident. En effet, comment est-il possible de faire passer la dette extérieure du pays de 110% à 20 % du PIB en 10 ans, avoir des taux de croissance entre 5 et 7 % par an, renouer avec une croissance des naissances, le tout avec une politique étatiste, protectionniste et une promotion du patriotisme au plus haut niveau de l’État?
– agitation avant les élections pour promouvoir l’idée qu’il y aura des falsifications ;
– monter de toutes pièces des falsifications (car si elles n’existent pas il faudra les inventer) ;
– préparer l’organisation des manifestations et piquets dans Moscou (les tentes sont entrain d’être préparées).Face à cela, l’équipe de Vladimir
– mobiliser des populations ouvrières et paysannes de province, qui sont la base populaire de Vladimir poutine dans des manifestations et des
réunions publiques ;
– redonner une colonne vertébrale idéologique à l’action de Vladimir Poutine (c’est le sens des 07 longs articles qu’il a fait paraître dans la presse sur la question nationale, l’économie, la politique de sécurité, la politique étrangère, la politique sociale)
– prendre l’opposition à son propre jeu : vous craignez des falsifications, d’accord alors nous accédons à toutes vos demandes (vidéo surveillance sur internet de tous les bureaux de vote, urnes transparentes, nombre illimité d’observateurs, stricte égalité de temps de parole sur les chaînes de télévisions fédérales)
– montrer le vrai visage des contestataires : Le 10 janvier 2012, le nouvel ambassadeur des USA Mac Faul a invité à l’ambassade, en présence du 17eme adjoint à la secrétaire d’Etat des USA (William J. Burns) les chefs de l’opposition “hors système” : Evgueniya tchirikova (connue pour son combat “écologiste” contre la contruction de l’autoroute Moscou – Saint Petresbourg) ; Boris Nemtsov (ancien 1er vice premier ministre sous Eltsine) ; Lev Ponomarev (fondateur de l’association mémorial) ; et de l’opposition “dans le systeme” : Oksana Dmitrieva (cheffe de la fraction “russie Juste” à la Douma) ; Serguei Mitrokhine chef du parti “Yabloko”.Le 10 mars 2011, lors de sa visite à moscou, Jo Bayden avait rencontré :
Lyoudmila Alexeeva (comité Helsinki)Evgueniya TchirikovaLeonid Gozman (Parti juste cause)Grigori Yavlinski (Parti yabloko)Oksana Dmitrieva (parti “russie Juste” )Nina Ostanina (parti communiste)Boris NemtsovVladimir RyjkovGary Kasparov.
A cette occasion, Jo Bayden avait annoncé la couleur : “La Russie est fatiguée de Poutine. Et cette fatigue va s’amplifier et conduira sans
aucun doute à des événements analogues à ceux que connait le monde arabe actuellement” (http://www.km.ru/news/baiden-
Les Etats-unis avait penser tenir avec Medvedev leur Gorbatchev du XXI eme siècle, qui allait concéder la destruction de l’État russe contre une réputation en or à l’ouest, et ainsi terminer le travail commencé en 1991. Or, la candidature de Poutine à un nouveau mandat présidentiel contrecarre ces plans. Il faut penser que ce n’est pas un hasard si la nommination de Mc Faul comme ambassadeur a eût lieu quelques semaines après l’annonce par Poutine de sa candidature comme Président de la Fédération de Russie.
Le CV de ce diplomate est impressionnant :
– début des années 1980 étudie en URSS
– 1985 – 1987 : est étudiant en Pologne, où il devient un des proches des leaders de “Solidarnosc”
– arrive comme “sociologue” en URSS en 1990, il se lie d’amitié avec lesleaders les plus libéraux de la dissidence (Gavril Popov, Arkady Muravev, Evgueny Sevastianov, Mikhaïl Schneider, Viktor Dmitriev) ;
– 1993-1995 : travail au centre Carnegie de Moscou
– membre du conseil des directeurs des institutions suivantes : Eurasia Foundation, Firebird Fund, Freedom House, International Forum for Democratic Studies of the National Endowment for Democracy, et International Research and Exchange Board (IREX).
Comme il le dit lui-même : “Je suis un expert de la démocratie, des mouvements anti-dictatoriaux, des révolutions. Et quand je suis venu en URSS, en 1989, c’était justement l’époque d’un tel mouvement. Et alors que je vivais à Moscou en 1990-1991, je suis devenu très proche des démocrates russes. Ce fut probablement le meilleur moment de ma vie.“
Tout ceci se passe sur fond d’affrontement entre USA et Russie sur la question syrienne. Question sur laquelle Moscou reste inflexible. Le but de ces mouvements de contestation en Russie est aussi de délégitimer la parole russe. En effet, une tactique répressive du pouvoir russe permettrai à Washington d’avoir l’argument suivant face à l’opinion publique mondiale : La Russie bloque à l’ONU, car elle est une dictature répressive. Son point de vue est illégitime. Donc, on peut, on doit intervenir en Syrie, malgré le véto russe.
Je pense que ce n’est pas un hasard si, actuellement pressions pour une intervention militaire en Syrie, tension en Iran (allié naturel de la Russie depuis la fin de l’URSS, notamment dans le Caucase) et mouvements de protestation en Russie se conjuguent. Il s’agit pour Washington et ses alliés de Ryad et du qatar de faire sauter les verrous qui s’opposent au modelage du moyen-orient sur un nouveau paradigme : mosquée, voile intégral et al jazeera
Ayons donc les yeux grand ouvert.