Category Archives: Eurasisme

Le Kazakhstan intensifiera le développement des corridors de transport internationaux

Les autorités du Kazakhstan annoncent le développement de nouveaux couloirs de transit d’une longueur totale d’environ 13 000 km sont en cours de reconstruction
Almaty-taldykorgan-Ust-Kamenogorsk-shemonikha (768 km),
Aktobe-Atyrau-gr. RF (746 km)
Maikapshagai-kalbatau-Semi-Pavlodar (415 km)
Almaty – Astana – Petropavlovsk » 31 km).

Jusqu’en 2030, il est prévu d’également moderniser les corridors :
– Europe occidentale – Chine occidentale (1 363 km)
– Astana-Kostanay (830 km)
– Atyrau – Uralsk – (587 Km).

L’objectif est de permettre l’intensification des capacités logistiques vers la Russie et la Chine, ainsi que la route Transcaspienne.

NDLR : en clair les routes de la soie et la connexion entre la Russie et la Chine, par le Kazakhstan.

Nouveau Concept de la politique humanitaire de la Russie à l’étranger

Le président russe Poutine a approuvé le concept de la politique humanitaire du pays à l’étranger.

« La politique humanitaire de la Fédération de Russie fait partie intégrante de la politique étrangère. La culture joue un rôle particulier dans la sphère humanitaire en tant qu’outil efficace pour aplanir les contradictions entre les États et former un agenda international unificateur », indique le document.

Dans le concept, la Russie est caractérisée comme « le gardien et le protecteur des valeurs spirituelles et morales traditionnelles et du patrimoine spirituel de la civilisation ».

Le décret note également que lors de la mise en œuvre de ce concept, il sera nécessaire de prendre en compte l’augmentation du nombre de tentatives de minimiser l’importance de la culture russe à l’étranger, ainsi que les tentatives de discréditer le monde russe, ses traditions et ses idéaux.

Parmi les objectifs énoncés dans le document figurent :
– le soutien et la promotion de la langue russe en tant que langue de communication internationale à l’étranger
– la promotion de la culture russe à l’étranger
– la promotion de la science et de l’éducation russes
– la coopération dans le secteur du sport, dans le domaine du tourisme , ainsi que la coopération internationale de la jeunesse.
– la fourniture d’un soutien aux compatriotes vivant à l’étranger pour la préservation de leur identité culturelle russe. 
– la préservation du patrimoine culturel.
– L’utilisation des “technologies modernes” pour former “une perception objective de la Russie sur la scène internationale”.

“Ce sont les médias de masse, principalement les chaînes de télévision russes et les “nouveaux médias” (réseaux sociaux, messageries instantanées et blogs), qui sont l’outil le plus efficace du “soft power”, contribuant à la vulgarisation de la culture russe et à la promotion du La langue russe à l’étranger, ainsi que la fourniture d’informations soutiennent divers événements humanitaires russes », indique le concept.

Il y est également indiqué que les liens entre la Russie et ses compatriotes résidant à l’étranger permettent à Moscou de « renforcer son image de pays démocratique travaillant à la création d’un monde multipolaire sur la scène internationale ».

Selon le texte, la Russie doit aussi accroître sa coopération avec les pays slaves, la Chine et l’Inde, et doit renforcer ses liens avec le Moyen-Orient, l’Amérique latine, l’Afrique, ainsi qu’avec l’Abkhasie, l’Ossétie du Sud et les républiques de Louhansk et Donetsk.

L’application “voyager sans Covid19” devient obligatoire au sein de l’Union économique eurasiatique

Depuis le 25 juillet 2021, il est obligatoire d’utiliser l’application mobile “Voyager sans COVID-19” pour entrer en Russie depuis les pays membres de l’Union économique eurasienne qui regroupe la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, l’Arménie et le Kirghizistan.

À partir du 1er septembre, la demande sera également requise pour entrer en Russie depuis l’Azerbaïdjan, la Moldavie, le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan.

Est ce que les russes sont, ou plutôt se sentent européens ?

L’institut LEVADA est une scission historique du VTsIOM. Il s’agit d’une des principales agences de sondages russes, avec une présence dans 46 régions de Russie, et qui embauche près de 3.000 sondeurs.

C’est un centre dont les experts participent régulièrement à des conférences et des tables rondes, comme pour la Fondation Mission libérale, la Carnegie Moscow Center ou la Fondation Gorbatchev et sont régulièrement publiés dans les médias russes et étrangers.

Un sondage publié aujourd’hui montre une tendance lourde, de fond, qui s’est initiée selon moi au cours de la seconde decennie du siècle et qui devrait, sans doute s’accélérer dans les années a venir.

Une tendance qui ne surprendra pas les lecteurs de DISSONANCE.

La Russie est t-elle européenne ?

29% des russes sondés en février 2021 jugent que la Russie est un pays Européen contre 52% en septembre 2008.
64% des russes sondés pensent que la Russie n’est “pas” un pays européen, il n’étaient que 36% à le penser en févier 2008.

Intéressant, cette rupture d’association culturello-civilisationelle concerne plus les “jeunes” que les “baby-boomers russes et la vieille génération.
Seuls 23% des 18/24 ans et 26% des 25-39 ans sondés jugent la Russie européenne, contre 33% des > 55 ans.

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Bataille pour les minorités russophones?

imagesLorsqu’on parle de Vladimir Poutine, on ne peut pas ne pas songer à cette phrase qu’il aurait prononcée sur le fait que la chute de l’Union soviétique aurait constitué “la plus grande tragédie du XXe siècle” ou que le projet russe d’Union eurasiatique serait une réanimation non officielle de l’Union soviétique.

Pourtant, le projet d’union eurasiatique n’est pas un projet russe puisque c’est Noursoultan Nazarbaïev, l’actuel président du Kazakhstan, qui fut le premier à évoquer l’idée d’une union eurasienne rassemblant les pays de l’ex-URSS, en 1994, dans un discours à l’université de Moscou.

En réalité, le président russe a également affirmé que “celui qui ne regrette pas l’URSS n’a pas de cœur; celui qui souhaite son retour n’a pas de tête”. C’est en fait le statut des 25 millions de Russes au lendemain de l’éclatement de l’URSS qui justifiait, selon le président russe, cette qualification, comme on peut le vérifier dans le discours original de 2005.

Au cours des décennies suivantes, ce statut des minorités russes, russiennes et russophones en dehors des frontières russes, fut l’enjeu de joutes et de tensions diplomatiques de grande ampleur, voire de guerres comme en Géorgie, en Ukraine ou, aujourd’hui, en Syrie. Dans ce dernier cas en effet, la montée en puissance des groupes issus de l’espace post-soviétique au cours des 18 derniers mois a sans doute grandement contribué à la décision de Moscou d’aller frapper en amont ces militants afin d’éviter que ces fourmis terroristes n’aient la moindre chance de revenir déstabiliser l’ex-espace soviétique, que ce soit en Russie ou en Asie centrale. Continue reading

La route de la soie, une aubaine pour la France?

imagesAu IIe siècle avant notre ère, un général chinois du nom de Zhang Qian ouvre une voie géographique reliant l’Asie à l’Europe et au Moyen-Orient, jusqu’à la Syrie.

Ce gigantesque corridor terrestre allait permettre une formidable expansion commerciale et une hausse des échanges entre des zones du continent eurasiatique se retrouvant de facto connectées.

Cette interconnexion concerna tant le commerce que les religions ou les technologies. Au sommet de sa gloire, la Route de la Soie contribua sans doute directement à l’établissement du plus grand empire continental de tous les temps: l’Empire des Mongols, dont l’expansion guerrière au cours du XIIIe siècle, mit paradoxalement fin à cette fabuleuse infrastructure commerciale.L’Asie centrale ne revint au centre du jeu que précisément lors du grand jeu, au XIXe siècle, lorsque Russes et Britanniques s’y livrèrent un féroce combat pour son contrôle. A la fin de la seconde guerre mondiale, c’est l’URSS qui intégra ce Turkestan géant au sein d’un ensemble qui sépara de facto la Chine de l’Europe. Au cours de notre siècle, les réveils russes et chinois ont accentué le basculement du monde vers l’Eurasie et l’Asie tout en ravivant paradoxalement un tropisme vers l’Ouest et l’idée d’accentuer l’intégration continentale pour faire face aux pressions que ces pays subissent sur leurs flancs ouest et est. Continue reading

9 mai en Crimée: Vladimir Poutine et l’Eurasie?

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En voyant les images du président russe Vladimir POUTINE en Crimée, me sont revenues a l’esprit les réflexions sur Vladimir Poutine et l’Eurasie de Jean Parvulesco. La couverture, cette image de Poutine en marin regardant quelque chose m’a fait pensé a cette capture de Poutine observant cette Crimée ayant fait le choix de rejoindre le “Monde russe”.

Réflexions sur les rêves de l’Est du continent

Ukrainian Parliament elections campaign

Cette année 2014 a commencé, c’est le moins que l’on puisse dire sur le plan de l’actualité, sur les chapeaux de roues. La question ukrainienne est dans beaucoup de cercles de pensée, de milieux politiques, apparue comme une nouvelle question yougoslave, au cœur de la question plus large elle de l’Europe. Sur mon humble page Facebook, des discussions au sujet de la situation en Ukraine et des conséquences pour l’Europe ont dépassé les 400 commentaires, prouvant ainsi la grande sensibilité de ces thématiques mais aussi et surtout l’apparence de nouvelles lignes de fractures.

 

Au sein d’une certaine gauche sociale-démocrate, européiste et pro américaine, on se réjouit de la situation qui démontre que l’Union de Bruxelles séduit toujours plus à l’Est. Même son de cloche à droite et au centre ou, me racontait récemment un initié, on pense qu’il faut désormais aller de l’avant et penser au futur, c’est-à-dire que l’Ukraine doit rejoindre la famille européenne. Continue reading

La Chine à la conquête de l’Est de l’Europe

Par La Voix de la Russie | On parle souvent de l’influence croissante de la Chine en Afrique, mais la percée chinoise en Europe de l’Est et notamment dans les Balkans est souvent oubliée. Une très vague coopération sino-albanaise existait déjà dans les années 70, mais dans les années 80, la Chine développa une réelle doctrine a l’égard de l’Europe du Sud-est.

Les Balkans sont d’abord apparus comme un double front pour la Chine, tout d’abord vers l’Europe, mais également dans l’ex-sphère soviétique. Après la chute du mur, Pékin renforça son influence sur les Balkans en se focalisant sur le potentiel commercial de ces derniers. L’objectif de Pékin est évidemment d’utiliser les consommateurs des Balkans pour écouler les produits chinois bon marché. Les relations commerciales entre la Chine et les Balkans se sont d’abord développées avec la Bulgarie, la Roumanie mais aussi avec la Croatie. En 2010, les échanges bilatéraux avec Bucarest se chiffraient à 2,6 milliards d’euros, alors que les affaires avec Zagreb et Sofia étaient eux respectivement évaluées à 1,1 milliard d’euros et 630,5 millions d’euros. Quand à la Serbie, les échanges avec la Chine se sont élevés à 325 millions d’euros en 2010 malgré l’historique de très bonnes relations entre la Chine et la Serbie de Milosevic. Symboles de cette percée chinoise dans les Balkans, l’implantation et l’ouverture en 2010 et 2011 de gigantesques « Chinatowns » en banlieue de Belgrade, Bucarest ou Zagreb.

L’implantation chinoise n’est pas seulement commerciale, mais aussi industrielle.

On peut citer par exemple le cas du géant Dongfeng qui a signé fin 2009 un accord avec le constructeur serbe Fabrika Automobila Priboj (FAP) afin d’assembler des véhicules en Serbie, ou Great Wall Motor Corporation et la firme bulgare Litex Motors qui ont commencé à produire des voitures low-cost en février 2011. La Chine a aussi développé une politique d’investissement dans l’exploitation minière locale afin d’alimenter la croissance rapide de l’économie chinoise. C’est le cas par exemple de la firme métallurgique chinoise China Minmetals Corporation, qui a signé un accord avec Aurubis Bulgaria, filiale du plus grand producteur de cuivre européen. Ou encore de Sichuan Jiannanchun International Group et du turc Kürüm Energy Resources and Metallurgy, qui forment la joint-venture Illyria Mineral Industry visant au développement des exportations albanaises de ferrochromes vers la Chine.

D’autres projets similaires sont également en négociations dans divers points des Balkans.

La Grèce est une illustration stupéfiante de cette percée chinoise puisque la Chine a largement soutenu l’économie du pays au plus fort de la crise en achetant des bons du trésor grecs, mais surtout en signant un contrat de 3,4 milliards d’euros permettant au géant maritime China Ocean Shipping Company de rénover et contrôler une partie du port du Pirée. L’accord a autorisé la société à augmenter la capacité logistique du port en y construisant un troisième quai et aussi un centre logistique. Pékin a aussi mis en place un fond spécial sino-grec de cinq milliards de dollars pour le développement du transport maritime et envisage de tripler les opérations annuelles du port en portant à 3,7 millions de containers le trafic annuel d’ici 2015 et monter ainsi le commerce bilatéral annuel avec Athènes à huit milliards de dollars.

Mais la China Ocean Shipping Company lorgne aussi sur le port de Thessalonique, qui est relié par une voie ferrée au reste des Balkans mais également à l’Europe centrale.

Cette prise de contrôle chinois sur le transport maritime et ferroviaire grec a un objectif clair : transformer la Grèce en une sorte de « hub logistique » pour écouler les produits chinois vers l’Europe.

L’implantation chinoise n’est cependant pas seulement commerciale ni industrielle comme vu dans l’article précédent, mais également énergétique.

Le pays se pose en fournisseur énergétique pour de nombreux pays des Balkans. L’Etat Chinois a en effet accompagné ses entreprises et la Chine est tout simplement devenue dans les Balkans le leader mondial en termes d’investissements verts, en énergie renouvelable, et ce devant les États-Unis ou l’Allemagne.

La réorganisation du marché européen de l’énergie dès le début des années 2000 a permis à l’UE d’étendre son marche énergétique aux Balkans, notamment après l’instauration de la Communauté européenne de l’énergie en juillet 2006. Le projet consistait en une intégration partielle des Balkans dans le marché unique européen. C’est ainsi que les États d’Europe du Sud-est se sont engagés à atteindre les standards européens en matière de production énergétique d’ici à 2015. En 2009, de nouvelles régulations ont été imposées (donc également aux pays des Balkans), exigeant de fortes réductions d’émissions de gaz a effet de serre, une augmentation des énergies renouvelables et aussi une baisse de la consommation énergétique. C’est un énorme problème pour les Balkans qui sont en général dotés d’infrastructures énergétiques plutôt obsolètes, quand ces infrastructures n’ont pas été endommagées par les conflits qui ont secoué la région comme par exemple en ex-Yougoslavie.

Si la crise a mis un coup de froid sur les investissements Ouest-européens en Europe de l’Est, notamment pour le développement des infrastructures hydroélectriques ou encore pour l’utilisation des énergies éoliennes, l’offensive chinoise prend tout son sens. C’est ainsi que la Chine est d’ores et déjà parvenue à dépasser ses rivaux occidentaux et s’impose désormais comme le plus grand fabricant mondial de turbines éoliennes et de panneaux solaires (80% du marché européen et 70% du marché mondial en 2012) tout en soutenant fortement la construction de centrales au charbon propres et de centrales nucléaires. Bien conscient de ce risque, l’UE vient de réussir à imposer à la Chine des taxes anti-dumping sur les panneaux solaires sauf si les industriels chinois s’engagent à respecter un prix plancher et un maximum de puissance pour leurs panneaux. Un moindre mal alors qu’en rétorsion aux mesures prises par Bruxelles pour taxer les importations de panneaux solaires, Pékin avait menacé de taxer les importations de produits de luxe européens en Chine.

Cette distanciation chinoise de ses rivaux occidentaux et européens dans les Balkans, à la faveur de la crise financière, témoigne d’une stratégie de long terme de la part de la Chine dans un marché Est-Européen fébrile, mais qui est directement connecté à l’Union Européenne. Si l’on observe la stratégie chinoise elle est pourtant limpide, visant tant les pays pauvres de l’Est de l’Europe (Balkans), que les pays en difficulté (Grèce, Espagne). La Chine est même en train de consolider ses positions en Europe centrale et orientale, ou entre 2004 et 2010, les investissements chinois ont été multipliés par 18. La Pologne est un bon exemple de ce boom chinois puisqu’en 2011, les exportations vers la Chine se sont élevées à 1,3 milliard d’euros, contre… 13,2 milliards d’euros d’importations. Il s’agit d’un retournement spectaculaire car à titre d’exemple, dans les années 1960 à 1980, la Pologne exportait des voitures vers la Chine. Aujourd’hui, 45 % des ventes polonaises sont représentées par un seul produit brut, le cuivre, de la compagnie

De nombreux commentateurs parlent de « nouvelle route de la soie » pour définir les nouveaux axes économiques chinois en constitution, destinés à améliorer les conditions de transport terrestre en créant des voies commerciales sur le modèle de la route de la soie. Ces nouveaux axes continentaux sont destinés à offrir un raccourci majeur aux traditionnelles voies maritimes au départ des grands ports chinois, mais aussi le transport ferroviaire est évidemment beaucoup plus sûr que le transport maritime, menacé par une piraterie croissante. La constitution du « Hub grec » doit donc être compris dans cette logique continentale commerciale et mettre en lien avec les axes continentaux ferrés en constitution.

Pour cette raison, la Banque chinoise de développement (CDB) a participé (pour un montant de 4,5 milliards d’euros) au financement et à la construction de portions d’un corridor paneuropéen censé reconnecter l’Europe de l’Ouest à la Turquie en traversant l’Autriche, la Slovénie, la Croatie, la Hongrie, la Serbie, l’ARYM, la Bulgarie et bien évidemment la Grèce. Ce corridor paneuropéen devrait à moyen terme être relié avec un second corridor ferroviaire méridional qui ira de la Chine à l’Europe via l’Asie centrale, l’Iran et la Turquie. Dans cette logique, Pékin finance également la reconstruction d’un pont dans la banlieue de Belgrade qui reliera les deux rives du Danube et sera terminé en 2014. Il portera le nom de « Pont de l’Amitié sino-serbe » afin de rappeler sans doute l’immixtion chinoise au cœur des Balkans.

Lors du dernier sommet de l’Organisation de la Coopération de Shanghai à Bichkek (Kirghizie), les pays membres ont du reste annoncé leur volonté de rétablir une « route de la soie rénovée » pour relier la Chine à l’Europe via la Russie et les Etats d’Asie Centrale. Car la pousse chinoise à l’Est de l’Europe ne s’arrête pas aux Balkans, la Chine prenant également avantage du monde postsoviétique.

Alors que Russie et Chine viennent enfin de conclure un contrat de coopération pétrolière d’une valeur de 270 milliards de dollars sur 25 ans, signé entre CNPC et Rosneft, dirigée par le proche de Vladimir Poutine Igor Sechin, France 24 publiait en fin d’année dernière ce reportage extrêmement intéressant mettant en lumière l’implantation chinoise en Sibérie et en Extrême-Orient russe et les investissements liés dont j’ai déjà parlé, notamment par exemple ce projet fou de construction d’une « Venise sur l’Amour », située à Blagoveshensk, une petite ville située sur la rive gauche du fleuve Amour, au cœur de l’Extrême-Orient russe. Le projet comprend des canaux et des façades reproduisant à l’identique celles de Venise, ainsi qu’un immense complexe commercial (voir ici ou ici) et devrait être ouvert en 2018. Le promoteur chinois en charge du projet He Weilan l’affirme déjà haut et fort : « ce sera comme l’Italie mais en mieux (…) Je vends l’Europe aux habitants de l’Extrême-Orient.

En Ukraine, L’Etat chinois a accordé en 2012 un prêt de trois milliards de dollars pour aider l’Etat ukrainien à développer ses exportations de maïs (vers la chine) et la Chine discuterait actuellement la gestion de près de 30.000 km² de terres, soit près de 5% de son territoire et 9% de ses terres arables, un domaine cultivable aussi grand que la Belgique tout entière. La négociation entre la société KSG Agro, l’instance chargée des projets d’agriculture et l’Ukraine porterait sur des terres situées dans la région de Dnipropetrovsk, dans l’Est du pays. L’accord porterait dans un premier temps sur l’installation de systèmes d’irrigations sur une surface de 3.000 hectares. Si une telle transaction devait avoir lieu, l’Ukraine recevrait en contrepartie un nouveau prêt pour développer son industrie agricole et aussi son réseau routier.

La Biélorussie n’est pas oubliée. La Chine y construit en effet une ville entière dans les forêts proches de Minsk (la capitale de la Biélorussie) dans le but d’y créer un immense parc industriel. La ville devrait accueillir 155.000 personnes, permettant à la Chine de se créer une sorte de hub supplémentaire entre l’Europe et l’Asie : les exportations chinoises ne seront plus qu’à 275 kilomètres de la Pologne et de la Lituanie, deux pays membres de l’Union. Autre avantage : les accords entre la Biélorussie, la Russie et le Kazakhstan permettront aux produits issus de cette ville-atelier de passer les frontières de ces deux derniers pays sans barrière douanière.

Ce parc industriel prévoit de fonctionner via une exonération d’impôts et de taxes foncières sur place pour les sociétés qui viendront s’y installer et y investiront un minimum de cinq millions de dollars (3,8 millions d’euros), qu’elles soient chinoises ou originaires d’autres pays. La Chine investit cinq milliards de dollars (3,8 milliards d’euros) dans cette opération, et cette ville nouvelle sera reliée à l’aéroport de Minsk par une ligne de train à grande vitesse qui doit être construite. L’énergie sera fournie par une centrale nucléaire construite par la Russie et livrée en 2018. Une première partie de la ville devrait être finie en 2020, et la livraison finale est quand à elle prévue pour 2030.