Bataille pour l’orient (3)

La révolution internet, depuis l’étranger.
 
La révolution s’est propagée en grande partie via le net les réseaux sociaux nous l’avons vu. Dès 2008 lors de la première grève géante organisée en Egypte, facebook et les blogs avaient été utilisés en masse pour animer la contestation et informer les manifestants des lieux de rendez vous ou des dernières nouvelles des évenements. Une idée émerge alors dans la tête des activistes pour faire disparaitre la peur chez leurs concitoyens: faire signer à un million d’Egyptiens une pétition en faveur de réformes démocratiques. Cette pétition sera organisée via un site sécurisé, hébergé aux Etats-Unis, sur lequel les signataires doivent laisser leurs coordonnées personnelles, y
compris leur numéro de carte d’identité, de téléphone et leur adresse e-mail. Bref, une méthode idéale pour constituer une base de données.
Comme le dira plus tard Sherif Mansour de Freedom House «L’idée était de montrer à un million de personnes qu’elles pouvaient s’engager en politique sans risque».
Le 6 juin 2010, un évenement va précipiter l’activité internet. Un blogueur du nom Khaled Said entre dans un café internet à Alexandrie, afin de mettre en ligne
une vidéo dénonçant la corruption. Il est arrêté par la police et torturé.

Cette arrestation est utilisée par le mouvement du 6 avril et une page facebook «Nous sommes tous des Khaled Said» est créée. Pour des raisons de sécurité la page a
au moins trois administrateurs, restés anonymes jusqu’à la révolution: un journaliste cairote de 25 ans, une activiste qui vit à Washington et un responsable marketing de Google basé à Dubai, le désormais célèbre Wael Ghonim. Curieuse alliance coordonnée depuis les Etat-unis  via des ONGs (freedom house) ou via des relais au sein des corporations internet (Facebook et Google).
L’affaire de la fausse blogueuse syrienne enlevée à Damas est un exemple de tentative d’immixtion étrangère dans les activités du pays. Son prétendu rapt par la police avait mobilisé de nombreux blogueurs et une page Facebook qui a atteint 15.000 membres en quelques jours. Mais très rapidement des blogueurs se mettent en tête de vérifier
les informations. Ils remontent  vers les groupes de discussion sur Yahoo ou Amina est passée, et également vers les registres de propriétaires des états américains où elle est supposée avoir vécu, les adresses IP, pour finalement aboutir à une adresse… En Géorgie, aux États-Unis, appartenant  à Thomas MacMaster et Britta Froelicher.
Le couple niera avant de finalement avouer, en disant qu’ils ont agi  pour des motifs humanitaires. Thomas est en fait un activiste américain tourné vers la politique au Moyen-Orient, tandis que son épouse, Britta, consacre une thèse à l’économie de… la Syrie. Ils se trouvaient d’ailleurs visible ;ent temporairement dans un pays voisin, la
Turquie, “en vacances’, quand les cyber-enquêteurs les ont contactés.
*
Le 16 mai dernier, au Caire, dans une Egypte libérée de son dictateur, le mouvement du 6 avril organisait une première réunion avec des Serbes d’Otpor, pour parler du Soudan, où un mouvement de jeunes démarre, sur le modèle des autres. Comme Otpor dans le passé, le mouvement du 6 avril en Egypte a du reste décidé de ne pas devenir un parti qui présente des candidats aux élections. Comme les Serbes, les Egyptiens forment aujourd’hui d’autres révolutionnaires en herbe. Ils sont en contact avec de
jeunes Algériens, Syriens, Yéménites, Marocains, Libyens, Iraniens etc…L’avant-garde égyptienne a passé le relais. Pour beaucoup, si la révolte est partie de Tunisie, c’est l’Egypte qui l’a mené à son terme le plus rapidement. Il est facile en regardant la signalétique des groupes qui se créent dans d’autres pays arabes pour y  déceler
l’influence Orange, Serbo-Egyptienne.
 
 
C’est le cas au Maroc
 
 
Ou en Tunisie
 
L’Arabie Saoudite n’a pas non plus été épargnée. Comme on peut le voir ci-dessous, l’appel à manifester utilise également une signalétique bien reconnaissable.
 
 
 
L’agitation internet qui a frappé le royaume  saoudien a été relayée par les réseaux sociaux comme Facebook mais les messages émanaient de l’étranger, principalement d’autres pays arabes, comme l’ont confirmé le directeur du centre d’études légales et stratégiques pour le Moyen-Orient, Anwar Eshki ou encore un défenseur des droits de l’homme : Fouad al-Farhan. En outre les conditions de vie de la jeunesse en Arabie Saoudite ne sont pas aussi mauvaises que dans d’autres pays arabes, le pays est plus riche et le chômage à moins de 10%. Cela explique en grande partie l’échec du mouvement. La mobilisation était plus difficile, et de plus, les autorités ont également rapidement réagi en payant des blogueurs professionnels pour organiser une contre-agitation et une contre propagande massive. L’Arabie  saoudite fait donc partie pour le moment, d’un groupe de pays qui n’ont pas été déstabilisés par ces agitations organisées, avec la Russie, la Biélorussie, la Chine, l’Iran ou la Moldavie.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *