A quand une croisade contre le trafic de drogue?

Cet article a été publié originalement sur Ria-Novosti
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Jeudi 31 mars 2011, les forces de l’ordre ont interpellé dans les environs de Krasnoïarsk (Sibérie) un individu qui transportait un sac contenant 10 kg d’héroïne, pour un montant de plus de 300 millions de roubles (7,5 millions d’euros). Deux jours auparavant, le 29 mars, ce sont près de 82 kg d’héroïne cachés dans une cargaison de pommes qui ont été saisis à Novossibirsk en Sibérie occidentale.

Le 23 mars, près de Voronej, ce sont près de 10 kg d’héroïne qui ont été saisis sur un citoyen du Tadjikistan. Ces chiffres ne sont que l’illustration d’une semaine ordinaire de la lutte contre le trafic de drogues en Russie. L’explosion du trafic et de la consommation de drogue depuis les années 90 a été tellement forte qu’aujourd’hui le pays comprendrait près de 2,5 millions de toxicomanes.

 

Près de 75 tonnes de drogue pénètrent chaque année en Russie, dont près de 35 tonnes d’Afghanistan qui est le premier producteur au monde avec plus de 80% de la production mondiale. Près de 60% de cette production transiterait par l’Asie occidentale et 20 % par l’Asie centrale pour rejoindre ensuite essentiellement l’Europe et la Russie. Rien que dans la province du Badakhchan, au nord de l’Afghanistan, plus de 500 laboratoires fabriqueraient des stupéfiants destinés au marché russe. En 2010 environ 711 tonnes de stupéfiants en équivalent opium ont été consommées dans les pays européens, contre 549 tonnes en Russie. La Russie consommerait à elle seule 20% de l’héroïne produite dans le monde et plus d’un tiers de l’héroïne afghane serait acheminée en Russie via l’Asie centrale, notamment par le Kazakhstan, comme on peut le voir sur cette carte. En Russie, ou la situation démographique est en redressement fragile depuis une décennie, l’état doit faire encore face à une surmortalité importante car bien sur, la grande majorité des toxicomanes sont des jeunes (18 et 39 ans), et ils sont fréquemment touchés par le Sida, ce qui réduit d’autant leurs chances de réinsertion, mais également de survie. Bien conscient du péril, la plupart des Russes (57%) considèrent toujours l’alcoolisme et la toxicomanie comme les problèmes principaux du pays, selon des sondages du Centre d’étude de l’opinion publique russe (VTsIOM).

 

L’explosion de la production de l’héroïne date des années 70, les filières ont été un temps contrôlées par les mafias françaises (la fameuse french-connexion, qui acheminait la drogue d’Afghanistan vers l’Amérique par la France), puis ce sont les réseaux Asiatiques, Albanais et Turcs qui reprirent la juteuse affaire. En 2000, après la prise du pouvoir par les Talibans en Afghanistan, le Mollah Omar déclara que la culture du pavot était anti-islamique et devait donc cesser. Malheureusement, après l’intervention de l’Otan et les Talibans une fois chassés du pouvoir (en 2002), la culture du pavot repartit à la hausse. Dès 2006 l’Afghanistan était redevenu le premier producteur mondial, le pavot somnifère étant cultivé par environ 3,5 millions de paysans.

 

Pour cette raison, consciente du total échec de la coalition occidentale à lutter contre ce fléau, la Russie à dès l’année dernière participé à des opérations communes avec l’Otan pour tenter de lutter contre ce problème dans le cadre du conseil Russie-Otan.
Pour la seule année 2010, 1.277 opérations anti-drogue ont été menées en Afghanistan, permettant la saisie de près de 52 tonnes d’opium, de 7 tonnes d’héroïne, de 65 tonnes de haschisch, de 3,4 tonnes de morphine et de 180 tonnes de précurseurs chimiques. 64 laboratoires de fabrication de stupéfiants ont été détruits, tandis que 1.186 personnes suspectées de trafic de drogue, dont dix étrangers, ont été arrêtées. En Russie, plus 120.000 personnes ont été traduites en justice pour des délits liés à la drogue pour la seule année 2010. Le trafic de drogue afghane est en outre l’une des méthodes de financement du terrorisme dans le Caucase du nord. Pour cette raison, lors du forum international antidrogue de juin dernier à Moscou, le ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov à appelé à ce que la drogue afghane soit qualifiée par le Conseil de sécurité de l’ONU comme une menace à la sécurité et à la paix.

 

D’après les experts, ces dix dernières années, les stupéfiants afghans ont causé la mort de plus d’un million de personnes dans le monde. Selon le ministre Russe de l’intérieur Rachid Nourgaliev, la drogue ces dernières années tue en moyenne 30.000 russes chaque année, et ce sont près de 70.000 décès chaque année qui sont lés à la consommation de stupéfiants soit près de 200 chaque jour. Il est difficile de se rendre compte de l’importance de ces chiffres, mais on peut faire une comparaison en disant qu’il s’agit chaque jour de l’équivalent en nombre de victimes de 6 attentats comme celui de Domodedovo de janvier dernier. Début mars 2011, le directeur de l’Institut de recherches politiques, Sergueï Markov a rappelé la volonté de la Russie de totalement détruire l’agriculture de la drogue en Afghanistan. Pour autant, jusqu’à ce jour, on doit constater que seuls les Talibans, quand ils étaient au pouvoir, ont su réellement freiner la production de pavot dans le pays.

 

D’après l’OMS (l’Organisation mondiale de la santé), le trafic de stupéfiant est le troisième commerce en importance dans le monde derrière le pétrole et l’alimentation, mais avant le commerce des armes et des médicaments. C’est un réseau mafieux international qui continue à se développer, et l’importance des sommes en jeu favorise la corruption à tous les niveaux.  Peu à peu, les états prennent conscience que la cocaïne d’Amérique latine, l’héroïne d’Afghanistan et le cannabis du Maroc et de l’Asie centrale constituent une menace globale. Il y a les conséquences sur la santé publique, sur la démographie, sur la criminalité dans chaque pays, et aussi le risque de voir des mouvements terroristes se financer en faisant du trafic de drogue.

 

Cette prise de conscience incite les états à de nouvelles collaborations internationales dans l’intérêt commun. Dans le cadre du conseil de l’Europe dont la Russie est membre depuis 1999, pendant les réunions du conseil Russie-OTAN, aussi bien que devant l’assemblée générale de l’ONU, la lutte contre le trafic de stupéfiants est devenu un sujet majeur. Une guerre totale serait peut être la seule croisade juste.

Sergey Lavrov, realpolitik.

Chers lecteurs, permettez moi de vous suggérer la lecture de cet excellent article de Realpolitik-TV intitulé: “la realpolitik en action” et qui fait écho à une interview tout simplement extraordinaire de Serguey Lavrov à  Russia-Today.

Extrait: “Je pense que, nous les Russes, avons eu assez de révolutions dans notre histoire et je ne pense pas que notre conseil à nos amis soit d’avoir leur propre révolution. C’est toujours sanglant, désordonné, cela ramène toujours le pays en arrière dans son développement”.

Франкофония в России

Оригинальная статья была опубликована в РИА Новости
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20 марта отмечался международный день франкофонии. Франкофония ― это что-то. Только подумайте: почти 65 миллионов французов, а реальное число говорящих по-французски во всех странах-членах Международной организации франкофонии сегодня оценивается примерно в 250 миллионов.

В канадском Квебеке, в швейцарской Романдии, Монако, в бельгийской Валлонии французский для населения является родным языком. В странах Магриба ― это второй язык, а во многих бывших французских колониях в Африке к югу от Сахары французский остался официальным и административным языком. В 2010 году французский язык являлся восьмым по распространенности языком в мире, это один из шести рабочих языков ООН наряду с китайским, испанским, арабским, английским и русским языками.

Французский язык до XX-го века был исключительно популярен за рубежом и, особенно, в России. С конца XVIII века, под влиянием Елизаветы Петровны, французский язык получает все большее признание как язык придворных. Для высшего света Санкт-Петербурга говорить по-французски было даже более естественно, чем говорить по-русски. Это преобладание французского языка отмечалось также во всей Европе эпохи Просвещения, поскольку интеллектуальная элита многих стран (монархи, дипломаты, светские женщины, писатели), объяснялась, как правило, на французском.

Несмотря на многочисленные запреты, связанные с неприятием Французской революции, российский император Павел I сам общался почти исключительно на французском языке. В начале XIX века французский язык был по-прежнему широко распространен среди русской знати. Пушкин, к примеру, говорил лучше по-французски, чем по-русски, за что получил прозвище «Француз» («Le Français»).

Другой пример: в «Войне и мире», знаменитом романе Льва Толстого, один из персонажей говорит, что «даже родившись в России, он думает по-французски», потому что этот язык является для него «манерой говорить, но также манерой думать». В течение этого столетия некоторые великие русские писатели создавали свои произведения на двух языках, русском и французском, потому что они говорили по-французски в семьях, начиная с самого раннего детства.

До начала XX-го века французский был также языком дипломатов. Например, в 1905 году мирный договор между Россией и Японией был составлен на французском языке. Тем не менее, XX век положил начало упадку французского языка, упадку, который пессимисты считают необратимым, напрямую связанному с возрастающей значимостью английского языка, особенно после 1945 года. Несмотря на это, традиционная и явная привязанность к французскому существовала на протяжении всего XX-го века в России, где умение говорить по-французски по-прежнему свидетельствовало о высоком уровне образования, а также о принадлежности к элите.

По этой причине многим советским семьям нравилось, что их дети говорят по-французски. С распадом Советского Союза, французский язык в России не исчез, но его влияние уменьшилось. Он был вытеснен английским и немецким языками, считающимися более полезными для карьеры. В начале 1990 годов, по данным российского министерства образования, 55% школьников изучали английский язык, 34,9% немецкий и только 8% французский, против 20% в 1960-х годах.

Согласно посольству Франции, которое воспользовалось данными федерального министерства образования и науки, в 2009 году в России насчитывалось 410.000 человек, изучающих французский язык в начальной и средней школе, и 344.000 ― в высшей, а также 6.250 преподавателей французского языка в начальной и средней школе и 5.750 в высшей. Этот упадок изучения французского языка затронул, к сожалению, Россию, как и весь остальной мир, за исключением Африки, где отмечается значительный рост населения.

Наряду с этим наблюдается и сокращение преподавания русского языка во Франции. Александр Орлов, посол России во Франции, подтвердил это снижение в прошлом году, который был перекрестным годом Франция-Россия. В 2008 году во Франции 14.000 учащихся изучали русский язык, для 48% из них это был третий язык и для 29% ― второй. Следует отметить, что за 20 лет количество этих учащихся сократилось на 50%. Число преподавателей также сокращается, из 85 французских университетов только 22 предлагают преподавание русского языка, против 25 в 2005 году. Насчитывается около 260 сертифицированных или прошедших конкурс преподавателей, которые сегодня обучают русскому языку во французской средней школе, против 487 в 1989 году.

Это снижение интереса к русскому языку во Франции отчасти объясняется негативным образом, распространяемым средствами массовой информации на протяжении последних десяти лет. Однако необходимо напомнить, что экономические перспективы русскоговорящих стран Евразии весьма обнадеживают, что должно побудить французов изучать русский язык, но также русских ― изучать французский язык. Многие французские компании, большие и малые, начинают бизнес в России и русскоговорящих странах, но во многих областях экономической деятельности по-прежнему трудно найти российских специалистов, говорящих по-французски, или русскоговорящих французских специалистов.

Чтобы закончить на позитивной ноте, поприветствуем тех, кто поддерживает язык Мольера до самого края Евразии. А именно главное российское информационное агентство, РИА Новости, которое располагает франкоязычной версией своего веб-сайта, и это с 2000 года! Агентство, начиная с этого года, обращается на французском языке к франкоязычным пользователям социальной сети Facebook и Twitter с тем, чтобы позволить им лучше понять сегодняшнюю Россию. Отныне возможно напрямую дискутировать с журналистами / переводчиками на Facebook.

На более скромном уровне, упомянем также работу Ольги, преподавателя французского языка в Благовещенском государственном педагогическом университете, а также руководителя Ресурсного центра французского языка. С 2005 года она со своей командой поддерживает язык и французскую культуру на Дальнем Востоке России, через газету на французском языке «Salut! Ça va?» и блог «Le français sur l’Amour». Как говорит сама Ольга: «Культурный обмен укрепляет взаимопонимание между нашими двумя народами и помогает им лучше понять самих себя. Диалог наших двух культур дает единственное настоящее богатство, богатство духа».
Прекрасная инициатива, которую нужно поддерживать и, несомненно, воспроизводить
 
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Перевод : Уголин (Ursa-Tm)

La francophonie en Russie

Cet article a été publié originalement sur Ria-Novosti
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Le 20 mars dernier, c’était la journée de la francophonie dans le monde. La francophonie c’est quelque chose. Pensez donc: près de 65 millions de Français, et on estime aujourd’hui le nombre de locuteurs réels du français dans l’ensemble des pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie à près de 250 millions.
Dans le  Québec canadien, en Suisse Romande, à Monaco, en Wallonie belge, le français est la langue maternelle de la population. Dans les pays du Maghreb, c’est la seconde langue utilisée, et dans de nombreuses ex-colonies françaises d’Afrique sub-saharienne, le français est resté la langue officielle et administrative. En 2010, la langue française est la 8ème langue la plus répandue dans le monde par nombre de locuteurs, et c’est une des six langues de travail  de l’ONU avec le mandarin, l’espagnol, l’arabe, l’anglais et le russe.
La langue française, jusqu’au 20ème siècle, a bénéficié d’une aura exceptionnelle à l’étranger et notamment en Russie. Dès la fin du 18ème siècle, sous l’influence d’Elizabeth 1ère, le français s’impose progressivement comme langue des courtisans. Pour la haute société de Saint-Pétersbourg, parler français était même devenu parfois plus naturel que parler russe. Cette prédominance de la langue française est par ailleurs présente dans toute l’Europe des lumières, puisque l’élite intellectuelle de nombreux pays (monarques, diplomates, femmes du monde, écrivains) s’exprimait généralement en français.

 

Malgré de nombreuses interdictions liées au rejet de la révolution française, l’empereur russe Paul Ier communiquait lui-même presque exclusivement en français. Au début du 19ième siècle, la langue française était encore très répandue dans la noblesse russe. Pouchkine, par exemple, parlait mieux français que russe, ce qui lui valu le surnom de Француз (“Le Français“).
Autre exemple: dans Guerre et Paix, le célèbre roman  de Léon Tolstoï, l’un des personnages affirme que “même étant né en Russie, il pense en français“, car cette langue représente pour lui “la manière de parler mais aussi celle de penser“. Dans le courant de ce siècle, certains grands écrivains russes créaient leurs œuvres dans les deux langues, russe et français, puisque qu’ils parlaient français en famille, dès leur plus tendre enfance.

 

Jusqu’au début du 20ème siècle, le français était également la langue des diplomates. En 1905, le traité de paix russo-japonais fut, par exemple, rédigé en français. Pourtant, le 20ème siècle marqua le début du déclin de la langue française, déclin que les pessimistes affirment irréversible, en corrélation directe avec l’importance prise par la langue anglaise surtout depuis 1945. Malgré cela, l’attachement traditionnel et formel au français s’est prolongé durant le 20ème siècle en Russie, ou parler français était toujours la marque d’une éducation de bon niveau et aussi d’appartenance à une certaine élite.

 

Pour cette raison, de nombreuses familles soviétiques aimaient que leurs enfants parlent le français. Depuis la fin de l’Union Soviétique, la langue française n’a pas disparu en Russie, mais son influence s’est réduite. Elle est supplantée par l’anglais et l’allemand  jugés plus utiles pour travailler. Au début des années 1990, selon les données du ministère russe de l’Education, 55% des écoliers apprenaient l’anglais, 34,9% l’allemand et 8% seulement le français, contre 20% dans les années 1960.

 

Autres chiffres, selon l’ambassade de France, qui bénéficie des données communiquées par le ministère fédéral de l’Education et de la science, il y avait en 2009 en Russie 410.000 personnes apprenant le français dans l’enseignement primaire et secondaire et 344.000 dans le supérieur, ainsi que 6.250 enseignants de français dans le primaire/secondaire, et 5.750 dans le supérieur. Ce déclin de l’apprentissage de la langue française touche malheureusement la Russie comme le reste du monde, sauf l’Afrique qui est en très forte expansion démographique.

 

Parallèlement, il y a aussi un recul de l’enseignement de la langue russe en France. Alexandre Orlov, ambassadeur de Russie en France, confirmait cette baisse l’année dernière, durant l’année France-Russie. En 2008, 14.000 élèves apprenaient le russe en France dont 48% en 3ème langue, et 29% en 2ème langue. Il faut noter qu’en 20 ans, le nombre de ces élèves a diminué de 50%.  L’effectif des enseignants baisse aussi et sur les 85 universités françaises, seules 22 proposent l’enseignement du russe, contre 25 en2005, par exemple. Il y a environ 260 professeurs certifiés ou agrégés qui enseignent le russe aujourd’hui dans le secondaire français contre 487 en 1989.

 

Cette baisse de l’intérêt pour la langue russe en France s’explique sans doute en partie par l’image négative véhiculée par les médias depuis une douzaine d’années. Il faut pourtant rappeler que les perspectives économiques sont très encourageantes dans la zone russophone d’Eurasie, ce qui devrait inciter les Français à apprendre le russe mais également les Russes à apprendre le français. De nombreuses entreprises françaises, grandes et petites, sont en cours d’implantation en Russie et dans la zone russophone, mais il reste encore difficile de trouver, dans de nombreux domaines de l’activité économique, des spécialistes russes francophones ou des spécialistes français russophones.

 

Pour terminer sur une note positive, saluons ceux qui font vivre la langue de Molière jusqu’au bout de l’Eurasie. C’est le cas de la principale agence d’information multimédia russe, RIA Novosti qui dispose d’une version en langue française de son site internet et ce depuis 2000! L’agence s’adresse également depuis cette année en langue française aux lecteurs francophones sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter avec toujours la même logique: permettre de mieux comprendre la Russie d’aujourd’hui. Il est même désormais possible de discuter en direct avec les journalistes/traducteurs sur Facebook.

 

A une plus humble échelle, citons également le travail d’Olga, enseignante de français à l’Université pédagogique de Blagovechtchensk et également responsable du Centre de ressources en français. Depuis 2005, elle fait vivre avec son équipe la langue et la culture française en extrême orient russe, via un journal en français intitulé: “salut ca va“ ainsi que via “le blog des francais de l’amour“. Comme Olga le dit elle-même: “L’échange interculturel ne fait que renforcer l’intercompréhension de nos deux peuples et aide à mieux se comprendre. Le dialogue entre nos deux cultures apporte l’unique richesse qui compte, celle de l’esprit“.
Une belle initiative, à soutenir et sans nul doute, à reproduire.

Comment BHL a poussé la France à s’engager dans le conflit libyen

J’invite mes lecteurs à lire avec soin et à diffuser le plus possible ce texte de Dmitry Babitch publié sur Ria-Novosti, c’est un joyau!

L’homme qui pratiquement à lui seul a réussi à convaincre le président français Nicolas Sarkozy de reconnaître le gouvernement “alternatif” de la Libye, exhortait à la fin des années 1990 l’Occident à reconnaître le “président” tchétchène Aslan Maskhadov et son “premier ministre” Chamil Bassaïev. Après les événements de Tskhinvali (conflit russo-géorgien d’août 2008, ndlr), il qualifiait également Mikhaïl Saakachvili d'”homme le plus hostile à la guerre” qu’on puisse jamais rencontrer. Tous ces faits invitent à se poser la question suivante: sur quelles informations et en provenance de quelles sources l’opération militaire internationale en Libye se base-t-elle?
Le nom de cet homme, de l’informateur de Sarkozy, est Bernard-Henri Lévy, BHL pour les intimes. Il signe ses articles, comme son ami et collègue André Glucksmann, “Bernard-Henri Lévy, le philosophe.”
BHL est millionnaire, et il a accordé un entretien aux journalistes du magazine allemand Spiegel dans sa résidence permanente de l’hôtel parisien Raphaël en présence d’un valet. Ses jugements sont comme toujours péremptoires et sans appel: “Vous avez un mauvais ministre des affaires étrangères et il vous faut s’en débarrasser…

Et l’Allemagne aura beaucoup de mal à satisfaire son ambition légitime d’avoir un siège permanent au conseil de sécurité de l’ONU”.

On pourrait croire entendre le seigneur de l’Univers, et non pas un modeste “activiste de la diplomatie populaire qui n’a aucun pouvoir, à l’exception de celui que lui donne la conscience” (c’est ainsi que BHL s’est modestement décrit lors d’une conférence en ligne avec les lecteurs du quotidien Le Monde). Mais le problème est précisément dû au fait que l’influence de BHL sur la politique mondiale au cours des dernières semaines a été plus importante que celle des 27 ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne réunis.
En se rendant début mars à Benghazi, Lévy appelle Sarkozy et propose au président de la république de rencontrer personnellement les dirigeants du Conseil national de transition (CNT) qui luttent contre Kadhafi. Sarkozy donne immédiatement le feu vert à la visite de ces messieurs accompagnés par Lévy à Paris, sans même prendre la peine de prévenir son propre ministre des Affaires étrangères Alain Juppé.

Le 10 mars, Sarkozy annonce personnellement la reconnaissance du CNT par la France en tant que gouvernement légitime de la Libye. Juppé a été pris au dépourvu par cette décision.

“C’est la première fois dans l’histoire de la Ve République qu’une décision majeure de politique étrangère est annoncée par… des personnalités étrangères !”, s’étrangle  dans Le Monde un diplomate français qui a souhaité garder l’anonymat.
Le fait est que les diplomates français sont arrivés en Libye quelques jours après Lévy. Et les Libyens ont expliqué aux diplomates qu’une personnalité bien plus importante qu’eux, “l’homme du président”, était déjà venu et qu’il avait accompagné les dirigeants des rebelles à Paris.
“Tu mesures que leur arrive,  c’est un acte politique majeur ? “, lui demande Bernard-Henri Lévy.

Ces phrases de Lévy ont accompagné la discussion avec Sarkozy et ont beaucoup impressionné les Libyens. Seul un philosophe du calibre de Lévy ou de Glucksmann peut se permettre de tutoyer le président français.

“J’ai seulement proposé au président d’accueillir les représentants de la Libye libre”, dit modestement Lévy aujourd’hui, depuis que sa “proposition” a provoqué un nouveau cycle de guerre civile en Libye avec l’implication des puissances européennes.

Rappelons que de la même manière en 1999, après l’attaque contre le Daguestan par Chamil Bassaïev, Lévy avait recommandé à l’Occident de reconnaître l’autorité de Maskhadov en Tchétchénie.

Le reconnaître afin de contrarier le régime russe “stalino-hitlérien” (sa propre expression!). Il ne reste plus qu’à regretter qu’à l’époque les Français n’aient pas apprécié à sa juste valeur la proposition de Lévy et ne l’aient pas envoyé de l’hôtel Raphaël dans un établissement plus adapté pour des auteurs d’idées de ce genre.

Probablement, Alain Juppé, qui a rencontré le philosophe hyperactif pendant son premier mandat à la tête du ministère des Affaires étrangères en 1993-1995, aurait même accepté de l’accompagner.

A l’époque, après s’être rendu à Sarajevo, Lévy exigeait des pays de l’OTAN qu’ils bombardent sans attendre les positions serbes en sabotant ainsi les actions des diplomates français et allemands, qualifiées à l’époque de “plan Kinkel-Juppé”, qui cherchaient un règlement politique du conflit.

En regardant les images de l’opposition libyenne à la télévision et en voyant ces “cavaliers” du XXIe siècle avec des mitrailleuses sur des pick-up japonais, d’autres protégés de Lévy viennent à l’esprit.

Les combattants tchétchènes, les moujahids afghans (la mention du nom de Massoud dans l’appel téléphonique de Benghazi n’est pas un hasard), les miliciens bosniaques d’Alija Izetbegovic. Et le tout dernier: Mikhaïl Saakachvili. Voici ce qu’a écrit Lévy à son sujet le 20 août 2008 dans Le Monde: “Il est francophile et francophone. Féru de philosophie. Démocrate. Européen. Libéral au double sens, américain et européen, du mot. De tous les grands résistants que j’aurai rencontrés dans ma vie, de tous les Massoud ou Izetbegovic dont il m’a été donné de prendre la défense, il est le plus évidemment étranger à l’univers de la guerre, à ses rites, ses emblèmes, sa culture – mais il fait face.”

Personnellement, les emblèmes de la guerre sont probablement étrangers à BHL, mais il ne dédaigne pas de déclencher des guerres.

L’algorithme est toujours le même: il faut d’abord trouver un conflit, suivi de “l’hystérie pour la défense des droits de l’homme”, puis un règlement militaire (et seulement militaire, jusqu’à l’anéantissement total de l’ennemi!).

“Allez fouiller dans mon inconscient!”, a lancé avec mépris Lévy aux lecteurs du Monde, lorsqu’ils ont osé supposer que l’amour pour les combattants était proche des complexes étudiés par Freud. Ou peut-être les Etats-Unis, l’Union européenne et surtout la France devraient fouiller dans leur propre subconscient: pourquoi de telles personnes forgent-elle l’opinion publique et sont-elles considérées comme la “conscience de l’Europe”? Et cela vaut-il la peine de les écouter? Ainsi que les interlocuteurs recommandés par messieurs Lévy et Glucksmann en Russie, au Kosovo, en Libye…

Демография Украины и Белоруссии

В прошлом году я уже написал достаточно подробную статью о демографии в Евразии. Французские и западные СМИ в целом очень пессимистично оценивают демографическую ситуацию в России, в то время как она не столь уж плоха, во всяком случае не хуже, чем общая демографическая ситуация в Европейском союзе, на что я уже указывал в своем блоге.

Украина, о которой наши журналисты никогда не упоминают, является страной, находящейся, сожалению, в относительно плохом демографическом состоянии. Сокращение численности населения продолжается, увеличившись с ― 172.570 человек в 2009 году до ― 181.505 в 2010 году. Позволю себе напомнить об эволюции рождаемости / смертности в этой стране.

2003: 408.591 рождений и 756.408 смертей, т.е. ―356.817 человек в год.
2004: 427.259 рождений и 761.263 смертей, т.е. ―334.004 человек в год.
2005: 426.085 рождений и 781.964 смертей, т.е. ―355.879 человек в год.
2006: 460.368 рождений и 785.093 смертей, т.е. ―297.725 человек в год.
2007: 472.657 рождений и 762.877 смертей, т.е. ―290.220 человек в год.
2008: 510.588 рождений и 754.462 смертей, т.е. ―243.874 человек в год.
2009: 512.526 рождений и 706.740 смертей, т.е. ―194.214 человек в год.
2010: 497.689 рождений и 698.235 смертей, т.е. ―200.546 человек в год.

Как и в России, самая большая потеря населения на Украине была отмечена в 2005 году, а самые высокие темпы роста отмечались с 2006 по 2009 год. Но рождаемость в 2010 году сократилась, впервые с 2003 года. Смертность продолжает снижаться, что является хорошей новостью. Тем не менее, убыль населения почти такая же, как в России (― 241.000), тогда как население почти в три раза меньше, что, кажется, совершенно не волнует ни одного западного журналиста…

В Беларуси в 2010 году ситуация также ухудшилась. Рассмотрим изменение численности населения с 2003, с учетом численности населения на 1 января каждого года.

2003: 9.899.000 жителей,
2004: 9.849.000 жителей, т.е. на 50.000 человек меньше, чем в 2003
2005: 9.800.000 жителей, т.е. на 49.000 человек меньше, чем в 2004
2006: 9.751.000 жителей, т.е. на 49.000 человек меньше, чем в 2005
2007: 9.714.000 жителей, т.е. на 37.000 человек меньше, чем в 2006
2008: 9.690.000 жителей, т.е. на 24.000 человек меньше, чем в 2007
2009: 9.514.000 жителей, т.е. на 176.000 человек меньше, чем в 2008
2010: 9.500.000 жителей, т.е. на 14.000 человек меньше, чем в 2009
2011: 9.481.000 жителей, т.е. на 19.000 человек меньше, чем в 2010

Следовательно, убыль населения Беларуси составляет 52.250 человек в год.

2010 год был плохим годом, поскольку коэффициент рождаемости упал с 11,5 / 1000 до 11,4 / 1000, в то время как смертность выросла с 14,2 / 1000 до 14,5 / 1000.

Кажется, что и 2011 год начинается плохо, поскольку в январе было только 8.386 рождений против 8.481, родившихся в январе 2010 года. За месяц произошло 11.775 смертей против 12.391 в январе 2010.
Убыль населения за январь 2011 года составила 3.389 человек против 3.910 в январе 2010 года.

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Перевод : Уголин (Ursa-Tm)

К российско-японской перезагрузке?

Оригинальная статья была опубликована в РИА Новости
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11 марта сильное землетрясение и последовавшее за ним цунами поразили Японию, став причиной гибели или исчезновения более 20 тысяч человек, около 360 тысяч лишились крова. После этого на АЭС Фукусима, расположенной всего в 250 км от Токио, произошел ряд серьезных технических инцидентов, заставивших опасаться радиоактивного заражения японского архипелага, но также авария, которая может иметь серьезные региональные последствия. Эти события в Японии пробудили трагические воспоминания не только у россиян, но и у всех жителей бывшего Советского Союза.


Авария, произошедшая 26 апреля 1986 года на АЭС им. Ленина около городка Чернобыль на границе Украины, России и Беларуси, стала причиной самой страшной катастрофы в истории. Последствия этой аварии ощущаются даже 25 лет спустя, поскольку эксперты ОЭСР (Организация экономического сотрудничества и развития) утверждают, что население Беларуси, Украины и России в какой-то мере все еще испытывает последствия для здоровья. Кроме того, во время страшных лесных пожаров, поразивших Россию летом прошлого года, вновь возникли опасения, пробуждающие болезненные воспоминания, что в атмосферу попадут находящиеся в почве радиоактивные частицы (будь то Брянская область или «Маяк»).


Вопрос о ядерной энергетике снова вышел на передний план, и многие страны задумываются о том, следует ли положить конец развитию атомных станций. 27 стран Европейского Союза, к примеру, получают 31% электроэнергии и 15% первичной энергии на АЭС. Германия, будучи страной со значительными экологическими традициями, разумеется, возглавляет это антиядерное движение. Но в других странах ЕС также имеются традиционно вступающие против ядерной энергетики экологические партии, политическое значение которых в последние годы только усиливается. Этот вопрос может стать одним из основных на будущих выборах, особенно в странах, которые сильно зависят от ядерной энергетики, таких как, к примеру, Франция. Тем не менее, антиядерные настроения, как кажется, не разделяются во всем мире, особенно в Азии, в Восточной Европе и на Ближнем Востоке. Настолько, что число атомных станций во всем мире, как ожидается, должно удвоиться в течение следующих 14 лет, согласно данным Всемирной ядерной ассоциации. Страны, нуждающиеся в атомной энергии, это не только крупные развивающиеся страны, вроде Китая и Индии, которые должны теоретически удвоить количество своих атомных станций к 2030 году. Недавно Турция и Беларусь, несмотря на аварию в Японии, подтвердили свое желание построить, при поддержке России, свои первые атомные станции, как это было в Иране с Бушерской АЭС. Россия, в которой насчитывается 32 действующих реактора, обладает большим опытом участия в строительстве АЭС по всему миру. Она также является одной из самых ядерных стран планеты, после Соединенных Штатов (104 реактора), Франции (58 реакторов) и Японии (54 реактора). Эти российские реакторы обеспечивают 18% национального производства электроэнергии, однако доля ядерной энергетики должна увеличиться к 2030 году до 35%. Президент России недавно подтвердил свою поддержку развитию ядерной энергетики во время встречи с премьер-министром Турции по поводу совместного проекта по строительству Россией первого турецкого реактора. По мнению российского президента, «ядерная энергетика не опасна, если АЭС строятся в нужном месте и должным образом контролируются».


Страшная японская авария произошла в контексте очень напряженных отношений между Россией и Японией, поскольку вопрос о Курильских островах отравляет эти отношения на протяжении более полувека. Япония претендует на четыре острова, присоединенных после войны к Советскому Союзу, а затем переданных России как правопреемнице СССР. В начале 2011 года визит президента России на Курильские острова вызвал дипломатический инцидент и гнев японцев. 7 февраля крайне-правые японские активисты провели демонстрацию перед посольством России в Токио, волоча по земле разорванный и покрытый надписями российский флаг. Японская юстиция отказалась провести расследование этого надругательства над флагом и привлечь виновных к ответственности. Несмотря на это, Россия быстро и очень великодушно откликнулась на японскую трагедию, и сразу же предложила отправку значительной помощи.


13 марта самолет Ил-76 российского министерства по чрезвычайным ситуациям перевез 50 спасателей, а также три специальных транспортных средства и около 17 тонн гуманитарных грузов. 15 марта к первой группе присоединилась вторая, из 25 российских спасателей, оснащенных четырьмя автомобилями, поисковым оборудованием, гидравлическими инструментами, модулями, генераторами, продовольствием, водой, а также лекарствами. Российские спасатели работают в области Сендай, наиболее пострадавшей от землетрясения. Наконец, 19 марта, два Ил-76 с 40 тоннами гуманитарного груза вылетели из Хабаровска и Благовещенска, на Дальнем Востоке.


К этой гуманитарной помощи добавляется помощь энергетическая, так как Россия, как ожидается, должна вскоре поставить сжиженный природный газ и увеличить экспорт угля. Россия, которая на Дальнем Востоке имеет переизбыток энергии, предложила Японии оперативную поставку 6.000 МВт дополнительной электроэнергии. Россия также заявила о своей готовности принять пострадавших от землетрясения и предложила рабочие места гражданам Японии на Дальнем Востоке России. Наконец, Россия предложила японским компаниям участвовать в эксплуатации газовых месторождений в Сибири с тем, чтобы существенно увеличить в 2011 году поставки углеводородов в Японию.


АЭС Фукусима не должна больше использоваться, утверждает японское правительство. Рассматривается также решение по типу чернобыльского, то есть строительство саркофага над станцией для уменьшения токсичных выбросов. Серьезные ядерные аварии всегда давали возможность учиться и развивать все более надежные меры безопасности. Авария на Чернобыльской АЭС, к примеру, сделала очевидной необходимость защитной оболочки, которая зарекомендовала себя во время другой серьезной ядерной аварии, произошедшей в 1979 году в Соединенных Штатах на АЭС «Три-Майл-Айленд».


Из своего несчастья Япония, без сомнения, извлечет уроки, которые пойдут на пользу всему миру. Японская экономика не должна столкнуться со слишком большими трудностями в восстановлении и преодолении этого трагического события. Обескровленная после второй мировой войны, империя Восходящего Солнца за 30 лет стала второй по величине экономикой в мире. Можно только надеяться, что недавние события приведут к реальной перезагрузке отношений с Россией, помогут освободиться от всего ненужного напряжения и сделать возможным реальное региональное сотрудничество, которое гарантирует возникновение стабильного многополярного мира.
 
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Перевод : Уголин (Ursa-Tm)

 

Vers un redémarrage russo-japonais ?

Cet article a été publié originalement sur Ria-Novosti

 

Le 11 mars dernier, un violent séisme suivi d’un tsunami ont frappé le Japon, faisant à ce jour  plus de 20.000 victimes et disparus et près de 360.000 déplacés. La centrale nucléaire de Fukushima, située à seulement 250 km de Tokyo, est depuis victime d’une série d’incidents techniques graves, faisant craindre une contamination radioactive dans l’archipel nippon, mais également un accident nucléaire pouvant avoir des conséquences régionales. Ces évènements au Japon ont réveillé des souvenirs tragiques pour les Russes mais aussi pour tous les habitants de l’ex Union Soviétique.

 

Le 26 avril 1986, à la frontière entre l’Ukraine, la Russie et la Biélorussie, près de la petite ville de Tchernobyl, un accident à la centrale nucléaire Lénine déclencha la catastrophe nucléaire la plus grave de l’histoire. Les conséquences de cet accident se font encore sentir 25 ans après, puisque les experts de l’OCDE affirment que les populations de Biélorussie, d’Ukraine et de Russie en ressentent encore dans une certaine mesure les conséquences sanitaires. D’ailleurs, lors des terribles incendies de forêts qui ont frappé la Russie l’été dernier, des craintes d’évaporation dans l’atmosphère de particules radioactives déposées dans le sol russe (que ce soit dans la région de Briansk ou de Mayak) ont ressurgis, réveillant des souvenirs douloureux.

 

La question du nucléaire est donc de nouveau au premier plan et de nombreux pays ont remis sur la table la question de savoir s’il fallait ou non mettre un coup d’arrêt au développement des centrales. Les 27 pays de l’Union Européenne par exemple tirent 31% de leur électricité et 15% de leur énergie primaire du nucléaire. L’Allemagne est bien sur en tête de ce mouvement anti-nucléaire, le pays ayant une tradition écologiste assez prononcée. Mais les autres pays de l’UE comprennent également des partis écologistes, traditionnellement opposés au nucléaire et dont l’importance politique n’a cessé d’augmenter ces dernières années. Cette question pourrait donc devenir un des points essentiels des futures échéances électorales, notamment au sein de pays fortement dépendants du nucléaire comme la France par exemple. Pour autant ce sentiment anti-nucléaire ne semble pas partagé partout, notamment en Asie, en Europe de l’est au Moyen Orient. A tel point que le nombre de centrales nucléaires dans le monde devrait doubler dans les 14 prochaines années selon l’association mondiale du nucléaire.

Les pays gourmands en nucléaire ne sont pas seulement les grands pays émergents comme la Chine ou l’inde qui devraient théoriquement doubler le nombre de leurs centrales d’ici 2030. La Turquie mais également la Biélorussie ont récemment, et malgré l’accident au Japon, réaffirmé leur souhait de construire leurs premières centrales nucléaires, avec l’appui de la Russie, comme cela a été le cas pour l’Iran et la centrale de Bouchehr. La Russie qui compte 32 réacteurs opérationnels sur son territoire à une grosse expérience de participation à la construction de centrales partout sur la planète. C’est aussi l’un des pays les plus nucléaires de la planète, derrière les Etats-Unis (104 réacteurs), la France (58 réacteurs) et le Japon (54 réacteurs). Ces réacteurs russes assurent 18% de sa production électrique nationale mais la part du nucléaire devrait attendre 35% d’ici 2030. Le président russe a récemment réaffirmé son soutien au développement du nucléaire lors d’une rencontre avec le premier ministre turc sur le projet de collaboration pour la construction du premier réacteur turc par la Russie. Selon le président russe: “l’énergie nucléaire n’est pas dangereuse si les centrales sont construites au bon endroit et convenablement surveillées”.

 

Le terrible accident japonais survient en outre dans un contexte très tendu entre la Russie et le Japon, puisque la question des îles Kouriles empoisonne la relation entre les deux pays depuis plus d’un demi-siècle. Le Japon revendique quatre îles rattachées après la guerre à l’Union soviétique, puis transmises à la Russie en tant que successeur en droit de l’URSS. Au début de cette année 2011 une visite du président Russe dans les îles Kouriles avait déclenché un incident diplomatique et la colère des Japonais. Le 7 février, des militants japonais d’extrême-droite ont manifesté devant l’ambassade Russe à Tokyo, traînant par terre un drapeau russe déchiré et couvert d’inscriptions. La justice Japonaise refusera d’organiser une enquête sur cet outrage au drapeau ni d’en poursuivre les responsables. Malgré cela, la Russie a rapidement et très généreusement réagi à la tragédie japonaise, et immédiatement proposé l’envoi d’une aide très conséquente. Dès le 13 mars, un Il-76 du ministère russe des Situations d’urgence a emmené 50 sauveteurs, ainsi que trois véhicules spéciaux et près de 17 tonnes de fret humanitaire. Le 15 mars, un second groupe de 25 sauveteurs russes à rejoint la première équipe, accompagné de quatre voitures de sauvetage, de matériel de recherche et d’instruments hydrauliques, de modules, de groupes électrogènes, de denrées, d’eau mais également de médicaments.
Les sauveteurs russes opèrent dans la région de Sendai, la zone la plus touchée par le séisme. Enfin, le 19 mars, deux Il-76 transportant près de 40 tonnes de chargement humanitaire se sont envolés de Khabarovsk et Blagovechtchensk, en Extrême-Orient. A cette aide humaine et matérielle s’ajoute une aide énergétique, puisque la Russie devrait livrer rapidement du gaz naturel liquéfié, et augmenter ses livraisons de charbon. La Russie, qui a en extrême orient des surcapacités énergétiques, a aussi proposé au japon la fourniture rapide de 6.000 mégawatts d’électricité supplémentaire. La Russie vient aussi d’annoncer qu’elle était prête à accueillir des victimes du séisme mais aussi et à proposer des emplois aux ressortissants du japon en Extrême-Orient russe. Enfin, elle a proposé que des sociétés japonaises participent  à l’exploitation de gisements de gaz en Sibérie tout en espérant considérablement augmenter en 2011 les livraisons d’hydrocarbures au Japon.

 

La centrale de Fukushima ne devrait plus être utilisée semble affirmer le gouvernement Japonais. Une solution à la Tchernobyl est même envisagée, c’est-à-dire la constitution d’un sarcophage pour envelopper la centrale et tenter d’en limiter les émanations toxiques. Les graves accidents nucléaires ont toujours permis d’apprendre et de développer des méthodes de sécurité toujours supérieures. L’accident de Tchernobyl a par exemple mis en évidence la nécessité des enceintes de confinement, qui ont fait leur preuve lors d’un autre grave accident nucléaire survenu en 1979 aux Etats-Unis, celui de three miles island. De son malheur, le Japon va sans doute tirer des leçons qui bénéficieront au monde entier. L’économie japonaise ne devrait pas connaitre trop de difficultés à se relever et surmonter cette tragique épreuve. Exsangue après le second conflit mondial, l’empire du soleil levant est devenu en 30 ans la seconde puissance économique de la planète. Suite aux évènements récents, on ne peut donc que souhaiter que s’opère un réel reset des relations avec la Russie afin de purger toutes les tensions inutiles, et rendre possible une réelle coopération régionale, garante de l’émergence d’un monde multipolaire stable.

Выбор слов, война образов

Мои постоянные читатели, без сомнения, уже знакомы с Oncle-Vania (дядя Ваня – прим. перев.), который в 2009 и 2010 годах публиковал превосходный анализ французских СМИ и России в «Courrier de Russie». Для сохранения свободы выражения и возможности предоставлять свою аналитику, Oncle Vania будет теперь сотрудничать с DISSONANCE и вести регулярную рубрику.
Несомненно, что для его диссонирующей аналитики есть место в этом блоге!
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В то время, когда Россия чествует своих женщин, Хиллари Клинтон делает поразительное признание в слабости. Официально объявив войну сетям зарубежных СМИ, которые регулярно отгрызают долю на рынке у СМИ американских, она ставит Америку в центр информационной войны. Она заявила, цитирую, «мы не позволим, чтобы средства массовой информации наших врагов превзошли Соединенные Штаты». В число врагов она включает Россию, Иран, Китай и Венесуэлу… всегда важно знать. То, против чего она протестует, это международные каналы, предлагающие информацию другую, диссонирующую, и ставящие под сомнение превосходство «His Master’s Voice».

Невезучая экс-кандидатша в президенты, кажется, сожалеет о прекрасных временах «холодной войны» и «Голосе Америки». Освещение беспорядков в арабском мире является хорошим примером двуличия СМИ, обслуживающих Вашингтон и его сообщников. Каддафи становится представителем новой оси зла. Слишком быстро забыт новый друг, союзник в войне против Аль-Каиды, тот факт, что в Ливии самый высокий уровень жизни на африканском континенте, а процент ливийцев, живущих за чертой бедности эквивалентен проценту в промышленно-развитых странах.

Истерия американцев по поводу Ливии, сопровождаемая негасимым светом британской помощи, близка к тому, чтобы вовлечь их в очередной военный конфликт, в то время как они уже впутались в две войны. Ливийская ситуация все же должна заставить задуматься. Западные каналы непрерывно показывают толпы повстанцев, но забывают сосредоточить свое внимание на революционных комитетах и военных инструкторах, бородатых, с Коранами в руках, призывающих новобранцев криками «Аллах Акбар»… то, что можно увидеть, к примеру, на Russia Today.

Другой пример, CNN сообщает, что Каддафи приказал бомбардировать гражданское население Бенгази, не показывая никакого видео. В то же время Russia Today задает вопросы российским военным, которые занимаются спутниковым наблюдением, и те утверждают, что никаких взрывов в этой зоне отмечено не было. Возможность того, что страна, разделенная на племенные зоны, некоторые из которых находятся в руках исламских радикалов, расположенная совсем недалеко от итальянских берегов, впадет в хаос, кажется, не слишком сильно тревожит западных лидеров, а ведь Сомали не так далеко. Франция, которая все время дает маху, только что стала первой и единственной страной, признавшей повстанцев в качестве единственного законного правительства Ливии.

После Мексики (отношения между двумя странами осложнились после того, как мексиканский Верховный суд отказался пересмотреть приговор Флоранс Кассе. Эту 36-летнюю француженку приговорили к 60 годам заключения за соучастие в похищении людей, пособничество организованной преступности и наркомафии, а также незаконное ношение огнестрельного оружия ― прим. перев.), французская дипломатия множит свои провалы. Первая большая пилюля для Алена Жюппе. BHL (Bernard-Henri Lévy (Бернар-Анри Леви) —политический журналист, философ, писатель, который, как считается, подтолкнул Саркози к принятию решения по Ливии ― прим. перев.), наш самозваный любимец, король селективного возмущения, присутствовал, когда президент Франции принимал ливийских эмиссаров. Выглядит сюрреалистически, когда понимаешь, что он не имеет легитимности. Где он был, когда Израиль убивал тысячу мирных жителей в Газе? Одновременно Саудовская Аравия отправляет свои войска в Бахрейн для поддержки режима, в Йемене полиция стреляет по мятежникам при всеобщем равнодушии. Глобализация также проявляется в этом непрерывном нивелировании информации и исторической аккультурации наших интеллектуалов. Пригвоздить к позорному столбу Каддафи, забыв, что один из самых больших военных преступников, Генри Киссинджер, все еще жив, на свободе, и разглагольствует на международных конференциях, получая щедрое вознаграждение.

Для тех, у кого короткая память, посчитайте погибших в Латинской Америке и Юго-Восточной Азии в то время, когда великие учителя демократии из Вашингтона участвовали в массовых убийствах чилийцев, аргентинцев, вьетнамцев… Кто еще помнит, что американцы вооружали и поддерживали Пол Пота во вьетнамо-камбоджийской войне? Выключить телевизоры и вновь погрузиться в учебники истории.

PS: В этот период, когда Израиль находится под давлением со всех сторон, чтобы вынудить его заморозить строительство поселений на оккупированном Западном берегу, предварительного условия для любых переговоров по возобновлению мирного процесса с палестинской администрацией, убийство семьи поселенцев на этой территории заставило премьер-министра Израиля объявить о строительстве нескольких сотен новых домов. Из всех СМИ только «Аль-Джазира» посвятила сюжет этому убийству, задавшись вопросом ― учитывая высочайший уровень безопасности в этом поселении ― возможностью проникновения преступника извне.

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Перевод : Уголин (Ursa-Tm)