Perm ville de culture

L’article original a été publie sur Ria Novosti.

*

Pour beaucoup de Français et pour beaucoup d’européens de l’ouest, la Russie reste un pays méconnu, voire inquiétant et dont beaucoup doutent de la capacité à devenir “moderne, européen et stable”, sur le modèle imaginé par les démocraties occidentales. La crise économique dans les pays occidentaux à secoué ceux qui avaient ces préjugés, et les perspectives économiques paraissent aujourd’hui plus attrayantes en Russie que dans nombre de pays d’Europe de l’ouest.

 
On commence à s’en rendre compte et de plus, l’objectif primordial pour la Russie de s’ouvrir sur le monde devient de plus en plus lisible et crédible.. Pour autant, hormis Moscou et Saint-Pétersbourg qui sont devenues des villes touristiques, il reste de nombreuses villes encore peu connues en Russie, c’est le cas de Perm. Cette  ville compte un peu plus d’un million d’habitants avec l’agglomération, elle se trouve à environ 1.200 kilomètres à l’est de Moscou, juste avant la chaine de l’Oural. Beaucoup de français savent que Michel Strogoff, membre du régiment des courriers du Tsar et personnage créé par Jules Verne, est passé à Perm avant de franchir l’Oural et de poursuivre sa route vers Irkoutsk. Pour beaucoup de Français  l’Oural reste assimilé à la frontière symbolique de l’Europe, puisque cette chaîne de montagnes correspond à sa frontière géographique. On se souvient des appels du général de Gaulle qui souhaitait une Europe de l’Atlantique à l’Oural. Pourtant, en y regardant de plus près, on constate que les villes russes qui sont derrière l’Oural ne sont pas moins russes ou moins européennes que celles de la partie ouest du pays.
 
Mais revenons à Perm, ville fondée par Pierre le Grand en 1723, bien que le village de Perm soit mentionné dès le milieu du 17ème siècle. La ville est située au pied des monts Oural et elle est traversée par une rivière assez importante, la Kama. Plus loin vers le sud, la Kama rejoint la Volga qui poursuit sa route vers la mer Caspienne. Dans l’histoire russe, l’Oural n’est pas seulement la frontière géographique entre l’Europe et l’Asie. C’est  également le point de départ de l’expédition du cosaque Ermak, mandaté par les Stroganoff pour lever une armée afin de vaincre les Tatars, de l’autre côté de l’Oural. Cet évènement historique important, daté de 1575, permettra de développer plus tard la conquête de l’est, puis de la Sibérie jusqu’au Pacifique. Si Perm est relativement méconnue à l’étranger, ce n’est pas le cas en Russie. Jusqu’à très récemment, elle faisait partie de ces “villes fermées” secrètes, prestigieuses, interdites aux étrangers et même aux russes, qui devaient demander une autorisation pour y pénétrer. A l’époque de l’URSS, il y avait dans ces villes fermées soit des bases militaires, soit des usines du complexe militaro-industriel ou des écoles secrètes. A Perm, cette époque a laissé des traces, et la ville dispose d’un équipement  industriel et culturel important, supérieur à celui de ses voisines de l’Oural que sont Ekaterinbourg ou Chelyabinsk. L’économie de la ville bénéficie en outre de la richesse du sous-sol
de la zone. La compagnie pétrolière Lukoil est très présente à Perm, elle extrait et transforme l’or noir de la région. Sans doute grâce à son passé de ville fermée, de ville militaire et industrielle, Perm a conservé un système éducatif très dense. Il comprend sept universités, trois écoles militaires et également de nombreux instituts de recherche scientifique. Cette densité culturelle se retrouve également dans l’amabilité de ses habitants, que chaque visiteur de la ville ne pourra que constater. Les gens de Perm sont très ouverts,  plus calmes que les Moscovites, et tournés vers l’incroyable beauté de la nature dans l’Oural.Au bord de la Kama, les quais sont encore en cours de modernisation.

En ville, on retrouve le même mélange architectural que dans d’autres villes russes. Des bâtiments de style stalinien restaurés ou en attente de restauration, des maisons bien plus anciennes, et des immeubles ultra modernes. Sur l’autre rive, face au centre ville, les nouvelles villas au bord de l’eau témoignent bien du formidable boom économique que la ville à connu ces dernières années.

 
 
Mais on remarque aussi à Perm une particularité dans la décoration de la ville, visiblement orientée “art moderne”. Au centre, sur l’avenue Lénine, juste devant l’hôtel Oural, trône un énorme et magnifique ours en bronze, symbole de Perm. L’ours fait face à un bâtiment assez surprenant, de type stalinien mais surplombé par de drôles de personnages, rouges et sans têtes à l’extérieur du bâtiment, et dotés de têtes à l’intérieur. Il s’agit du bâtiment du ministère de la culture de la ville! Les personnages ne sont pas seulement déroutants et inattendus, ils contrastent avec l’austérité que dégage habituellement un bâtiment administratif de style soviétique traditionnel.
A Perm, le visiteur aura la  surprise de pouvoir trouver d’autres monuments inattendus, qu’il s’agisse par exemple d’une porte en bois à l’entrée de la ville ou d’une grosse pomme verte croquée devant la grande bibliothèque, en plein centre ville. 
 
 
Ces étonnants éléments d’art moderne ne sont pas là par hasard, la ville a un projet ambitieux: postuler et devenir prochainement capitale européenne de la culture.
 
En effet, en mars de cette année, une délégation de la Région de Perm présidée par Boris Milgram (vice-premier ministre de la région de Perm)
et Alexandre Protasevitch (vice-ministre de la culture de la région de Perm) a participé aux audiences publiques du programme “Capitale
européenne de la culture” organisées par la commission européenne. Pendant mon voyage à Perm, j’ai pu parler avec Alexandre Protasevitch.
C’est un esprit ouvert sur l’Europe et qui fourmille d’idées pour sa ville. C’est lui qui a soutenu la mise en place dans les rues de cette forme d’art moderne public.
 
Le spectacle est surprenant et contraste fortement avec l’image que l’on pourrait avoir d’une ville universitaire et industrielle de l’Oural. Je reviendrai à Perm, il y a mille choses à découvrir dans cette ville et dans les premiers contreforts de l’Oural, et ne serait-ce que pour repousser un peu plus les frontières de la vraie Europe. Les Permiens, comme me l’a rappelé Alexandre Protasevitch, se sentent Européens et à Perm on dit même que l’Europe va non pas de l’Atlantique à l’Oural mais de l’Oural à l’Atlantique! Alors, pourquoi ne pas faire de Perm, la “plus à l’est”, pour le moment, des capitales européennes de la culture?

Le point démographique d’août 2011

Русскую версию можно прочитать здесь


Tatyana Alekseevna Golikova, ministre de la santé.
Les chiffres de la démographie russe pour la période de janvier à août 2011 sont disponibles et ils sont assez encourageants. 
 
Tout d’abord le mois d’août 2011 a vu un record mensuel de naissances depuis 1990 avec 173.166 naissances contre 159.610 pour août 2010, soit 13.556 naissances de plus. 
La mortalité est elle en baisse également avec 162.424 décès en août 2011 contre 191.951 en août 2010, soit 29.527 décès de moins que le même mois de l’année dernière.
Ce mois ci donc, il y a 10.742 naissances de plus que de décès, soit un excédent démographique.
 
Maintenant la situation depuis le début de l’année. Les huit premiers mois de l’année 2011 ont vu 1.170.966 naissances contre 1.186.653 pour les 8 premiers mois de 2010, soit 15.687 naissances en moins. 
La mortalité est fortement en baisse, avec 1.299.820 décès contre 1.384.959 sur la même période l’année dernière, soit 85.139 décès en moins.
 
Le ralentissement du décroissement de la population se poursuit donc puisque la population russe a baissé de 198.306 personnes sur les 8 premiers mois de 2010, contre une baisse de 128.854 personnes pour les 8 premiers mois de 2011.
 
Les prévisions globales: cette année devrait voir à peu près 1.750.000 naissances et 1.950.000 décès, soit une baisse de population de 200.000 habitants, contre une baisse de 240.000 en 2010 et de 290.000 en 2009.
 
Rendez vous en décembre 2011, après les législatives pour vérifier ces prévisions 🙂

Итак, это будет Владимир

Оригинальная статья была опубликована в РИА Новости
  *
Самой большой новостью недели стала развязка интриги с российскими президентскими выборами в ходе 12-го съезда «Единой России», который прошел 23 и 24 сентября в Москве. В то время как страна готовится к декабрьским парламентским выборам и президентским выборам марта 2012 года, сохранялось тревожное ожидание: кто из двух предполагаемых претендентов на престол, Дмитрий Медведев или Владимир Путин, выдвинет свою кандидатуру. Интрига спровоцировала множество предположений. Комментаторы даже обнаружили некоторое напряжение между ними. Дмитрий Медведев, говорили они нам, во всяком случае «более либеральный» и «более современный» и, стало быть, лучше относится к Западу. Под влиянием своего более ловкого окружения, он мог / должен был навязать свою кандидатуру, переняв таким образом уроки Владимира Путина, и вынудить того либо снести эту обиду, либо выступить против своего протеже, тем самым разрушив единство тандема.Напряженность в отношениях между ними якобы открыто проявилась в вопросах внешней политики, особенно по Ливии.

По мнению многих, клан Медведева стоял за разрывом отношений с Каддафи, в то время как «путинцы» сожалели по поводу невозможности противостоять империалистическому западу. Однако все это оказалось ложным. Загадка разрешилась, тандем не распался, и даже, если можно так выразиться, он никогда не казался столь прочным. В мае в статье под названием «Владимир и Дмитрий», я объяснял, что сценарий ссоры между двумя этими людьми невозможен, а напряженность, что более вероятно, затронет их окружение.
В действительности, любому здравомыслящему аналитику совершенно ясно, что дружба и политическое доверие между этими двумя людьми прочные и давние. Многие забыли, что 11 лет назад, в 2000 году, Дмитрий Медведев уже возглавлял избирательный штаб Владимира Путина во время его первой президентской копании. Правда, что анализ был затруднен множившимися слухами и предположениями. Даже недавно близкие к Медведеву либеральные интеллектуалы, как, например, Игорь Юргенс из Института современного развития (ИНСОР), не скрывали своего мнения: Дмитрий Медведев уже принял решение баллотироваться на очередной срок, а переизбрание Владимира Путина будет «худшим, что может случиться со страной». Либеральная оппозиция говорила то же после объявленного возвращения Владимира Путина. Это возвращение понравилось не всем, даже в «Единой России». Так, например, Аркадий Дворкович, помощник президента Медведева, заявил, что нет «никаких причин радоваться» возвращению Путина. Совсем недавно он уверял, что Дмитрий Медведев уже решил баллотироваться на второй президентский срок, свидетельство того, что информация не просачивалась даже в самые ближайшие к власти круги, и доказательство того, что в «Единой России» свобода выражения значительная. Напротив, нынешний министр финансов Алексей Кудрин, считавшийся приближенным Владимира Путина, заявил, что отказывается работать в будущем правительстве Медведева, упрекнув его в излишней расточительности и желании слишком увеличить военный бюджет (до 3% ВВП). Кудрин был отправлен в отставку президентом Дмитрием Медведевым.Другие же верили в тайно организованное явление третьего человека: миллиардера Михаила Прохорова, которого некоторые называют «золотым мальчиком». Он представился кандидатом, одновременно борющимся с коррупцией и либеральным, но не слишком. Этот талантливый бизнесмен стоит за промышленным проектом создания ё-мобиля. Считалось, что это кремлевский проект (инициированный окружением Медведева), предназначенный для внедрения «двухпартийной политики» в России, и, следовательно, смягчения монополизма «Единой России».Но иллюзия продлилась недолго, Михаил Прохоров был снят с поста лидера партии «Правое Дело», которую он создал. Он, тем не менее, не исключил своего участия в президентских выборах, тем самым исключив любую возможность для вероятного либерального движения рассчитывать на соответствующие результаты, настолько правая либеральная оппозиция разделена и политически малосостоятельна.
Возвращение Владимира Путина в качестве президента с, вероятно, премьер-министром Дмитрием Медведевым является сценарием, который был давно предусмотрен, по словам Медведева. Наконец, данное соглашение отражает прочность тандема, и успокаивает подавляющее большинство россиян, вопреки тому, что думает большинство иностранных аналитиков.Смена ролей, дополненная созданием нового Народного фронта, вероятно, позволит «Единой России» сохранить незначительное большинство на декабрьских парламентских выборах, а по-прежнему очень высокая популярность Владимира Путина скорее всего обеспечит ему уверенную победу на президентских выборах 2012 года. Вероятно, он будет президентом Российской Федерации с 2012 по 2018 год. К 2018 году он теоретически смог бы править 14 лет, то есть столько же, сколько Франсуа Миттеран во Франции (1981-1995).В то время как экономическая ситуация в Европе и США ухудшается, а ситуация в мире становится более неопределенной, чем когда-либо, возможность для России сохранить в руководстве «сильного человека» многим европейским странам кажется, вероятно, завидной привилегией.Эта статья является продолжением статьи «Владимир или Дмитрий».

Перевод : Уголин (Ursa-Tm)

Ce sera donc Vladimir

L’article original a été publie sur Ria Novosti.

*
La grande nouvelle de la semaine est le dénouement de l’intrigue présidentielle russe, intrigue enfin résolue pendant le 12ème congrès du parti Russie Unie, qui s’est tenu les 23 et 24 septembre à Moscou. Alors que le pays se prépare à des élections législatives en décembre prochain, et à une élection présidentielle en mars 2012, le suspense était resté fort: lequel des deux supposés prétendants au trône, Dimitri Medvedev ou Vladimir Poutine, allait on voir se présenter. L’intrigue a provoqué beaucoup de suppositions. Des commentateurs avaient même  décelé une certaine tension entre les deux hommes. Dimitri Medvedev nous disait-on était de toute façon “plus libéral” et “plus moderne” et donc bien mieux disposé à l’égard de l’ouest. Influencé par un entourage plus souple, celui-ci aurait pu/du imposer sa candidature en prenant ainsi de cours Vladimir Poutine, et contraindre ce dernier soit à accepter cet affront, soit à se présenter contre son poulain, faisant ainsi exploser l’unité du tandem.


Les tensions entre les deux hommes s’étaient soit disant manifestées sur des dossiers de politique extérieure, notamment la Libye. Pour beaucoup, le clan Medvedev serait à l’origine du lâchage de Kadhafi, alors que les “Poutiniens” regrettaient de ne pouvoir s’opposer à l’ouest impérialiste. Tout cela s’est pourtant avéré faux. L’énigme est résolue, le tandem n’a pas explosé, et il n’a même pour ainsi dire jamais paru plus solide. En mai dernier, dans une précédente tribune intitulée “Vladimir ou Dimitri, j’avais expliqué que le scénario de la brouille entre les deux hommes était improbable et que les tensions concernaient sans doute plus probablement leurs entourages respectifs.
Il est en effet bien clair pour tout analyste lucide que l’amitié et la confiance politique entre les deux hommes est forte et ancienne. Beaucoup ont oublié qu’il y a 11 ans, en 2000, c’était déjà Dimitri Medvedev qui dirigeait le comité électoral de Vladimir Poutine, pour sa toute première élection présidentielle. Il est vrai que l’analyse était difficile à cause de la multiplication des rumeurs et des hypothèses. Récemment encore, des intellectuels libéraux proches de Medvedev, comme par exemple Igor Iourgens de l’institut Insor ne faisaient pas mystère de leurs opinions: Dimitri Medvedev avait déjà pris la décision de se représenter, et une ré-élection de Vladimir Poutine était “ce qui pouvait arriver de pire pour le pays”. L’opposition libérale a tenu le même discours après ce retour annoncé de Vladimir Poutine à la tête de la Russie. Ce retour ne fait pas que des heureux, même au sein de Russie Unie. C’est le cas par exemple pour Arkadi Dvorkovitch, adjoint du président Medvedev, qui a affirmé qu’il n’y avait “aucune raison de se réjouir” du retour de Poutine. Il assurait aussi récemment que Dimitri Medvedev avait déjà décidé de briguer un second mandat présidentiel, preuve que l’information n’avait pas  filtré même dans les cercles les plus proches du pouvoir, et preuve aussi que la liberté de ton au sein de Russie Unie est importante. A contrario, le ministre des finances actuel, Alexei Koudrine, réputé proche de Vladimir Poutine, à affirmé qu’il refusait de travailler dans un futur gouvernement Medvedev, reprochant à ce dernier d’être trop dépensier et de vouloir trop gonfler le budget militaire (à 3% du PIB). Celui-ci a donc été démissionné par le président Medvedev.
D’autres enfin pensaient à l’émergence organisée en sous main d’un troisième homme: Le milliardaire Michael Prokhorov, que certains ont surnommé “le golden boy”. Celui ci se présentait en effet comme un candidat à la fois anti-corruption et libéral mais sans excès. C’est un homme d’affaire talentueux à l’origine par exemple du projet industriel e-mobile. On a imaginé qu’il était un projet du Kremlin (initié par le cercle de Medvedev) destiné à ancrer un “bipartisme politique” en Russie, et ainsi tempérer le quasi monopole de Russie unie. Pourtant l’illusion n’a pas duré, Michael Prokhorov a été démis de ses fonctions de  dirigeant du parti Pravoe Delo qu’il avait créé. Il n’a cependant pas exclu de se présenter aux élections présidentielles et par la même il enlève toute possibilité à un éventuel courant libéral, de pouvoir espérer des résultats conséquents, tant cette opposition libérale de droite est divisée et politiquement  peu consistante.
Le retour de Vladimir Poutine comme président avec vraisemblablement Dimitri Medvedev comme premier ministre est un scénario qui était prévu de longue date d’après les dires de ce dernier. Au final, cet accord traduit la solidité du tandem, et rassure la grande majorité des russes, contrairement à ce que pense une majorité d’analystes étrangers. L’inversion des rôles, couplée à la création du nouveau front populaire devrait sans doute permettre à Russie Unie de garder une courte majorité aux législatives de décembre, la popularité toujours très élevée de Vladimir Poutine l’assurant sans doute de gagner la présidentielle de 2012 sans encombre. Celui-ci sera donc sans doute président de la fédération de Russie de 2012 à 2018. En 2018, il aura théoriquement régné 14 ans, soit autant que François Mitterrand en France (1981 – 1995).
Alors que la situation économique semble se dégrader en Europe et aux Etats-Unis et que le monde devient plus incertain que jamais, la possibilité pour la Russie de garder un “homme fort” aux commandes est sans doute un privilège enviable pour beaucoup de pays européens.
Cette tribune est la suite de la tribune “Vladimir ou Dimitri”.

Aout 2011, record de naissances depuis 1991

Le mois d’aout 2011 a vu 173.200 naissances. Les données ne sont pas encore sur Rosstat, mais l’information a ete donnée par la ministre Tatyana Golikova, la ministre de la santé.Ce chiffre de 173:200 naissances est un record mensuel absolu depuis la fin de l’URSS en 1991.
A titre comparatif, la moyenne pour l’année 2010 (année qui a vu le plus de naissances depuis 1991) est de 149.130 naissances / mois.
Sources : Ria Novosti en anglais.

Добрый Ростов

Оригинальная статья была опубликована в РИА Новости
  *
Читатели спрашивали меня, как выглядят деревни и малые города России. Поэтому я решил в ближайшие месяцы посвятить много времени исследованию российских малых городов. Городов «Золотого кольца», возможно, но в основном городов менее туристических и более удаленных от столицы, таких, как Благовещенск на Дальнем Востоке, куда я отправлюсь в ближайшее время. Эти путешествия приведут к появлению новых статей и, конечно же, фоторепортажей о сегодняшней России, которые будут выложены на  моем сайте (что, впрочем, я уже начал делать. 
Недавно я побывал в Ростове Великом в Ярославской области, который расположенпримерно в 200 километрах к северо-востоку от Москвы. Этот маленький город (менее 35.000 жителей) ― не самый характерный из малых городов России, потому что является известным туристическим местом, посещаемым в течение всего года множеством туристов, иностранных, разумеется, но особенно российских.

Проезд маршруткой (микроавтобусы, которые курсируют по столице или соединяют города между собой) из Москвы является решением экономичным, но обескураживающим, как это прекрасно изображено здесь. Дорога (Ярославское шоссе, затем M8), которая идет из Москвы в Ярославль через Ростов относительно хорошая, хотя и очень перегруженная. Это доказывает, что проблема российских дорог не столь безнадежна. 200 км в маршрутке напоминают, что даже если дороги не столь уж плохи, поведение за рулем в России оставляет желать лучшего. Десяток пассажиров, которые все были русскими, не выдерживали разгонов, заносов и
многочисленных резких поворотов нашего водителя (который вел машину во вьетнамках). Один из пассажиров, Николай, который отправился на выходные домой в Ярославль, просто-напросто вывернул свой ужин на соседку, с которой он не был знаком. Не спрашивайте меня как, но как только информация дошла до водителя, он резко затормозил, остановив автобус на аварийной полосе дороги, чтобы убрать все это, что ему удалось в рекордно короткие сроки и способом, который я до сих пор не могу объяснить. Приехав в Ростов через три с половиной часа поздним вечером, сразу же замечаешь контраст с шумной столицей. Видишь, что ночью город
пустынный, малоосвещенный и тихий.«Что посмотреть в Ростове?» ― спросят меня многие читатели, незнакомые или почти незнакомые с малыми туристическими городами вокруг Москвы, в том числе с городами «Золотого кольца».

 
Прежде всего, Ростов расположен на берегу озера, которое называется Неро. Оно очень глубокое и очень темное из-за многометрового слоя ила, покрывающего дно. Из-за этой геологической причуды в озере теоретически запрещено купаться. Город является одним из
древнейших в России, так как он упоминается в русских летописях, датируемых IX веком. Еще до прибытия первых славянских племен местность вокруг озера была занята финно-угорским народом меря. Это финно-угорское наследие обнаруживается в невероятных цветных мотивах (см. здесь и здесь), которыми украшены окна деревянных домов. В мотивах, которые обнаруживаешь на русском севере в Карелии, это финно-угорское наследие чувствуется еще сильнее.Ростов Великий сегодня является туристическим центром,
но также важным местом паломничества. Город расположен вокруг великолепного Кремля, построенного в конце XVII века, на территории которого расположены пять церквей и два собора, один из них ― Успенский собор с колокольней и 13 огромными колоколами. Кремль стоит посетить, как из-за красоты церквей, так и из-за царящей там невероятной атмосферы. Посещение маленького православного кафе, где сестры подают квас и домашние пирожки, было незабываемым. Второе чудо, которое нужно увидеть в Ростове ― это Спасо-Яковлевский монастырь. Монастырь расположен в непосредственной близости от города и добраться до него можно пешком или на лодке. Удобнее всего  о него добраться на лодке-такси, которые пришвартованы у берега озера и ждут клиентов. За 3 или 4 евро вас прокатят вокруг центрального острова озера и высадят у монастыря. Монастырь был основан в XIV веке, сейчас верующих, которые приходят помолиться и предаться размышлениям, очень трогательны, особенно для француза, чья страна в настоящее время почти лишена всякой духовности. Православные верующие крестятся, опускаясь на колени перед гробницей Димитрия Ростовского.Выходные, проведенные в Ростове, так близко от Москвы, дают ощущение вневременности, подчеркнутое мелкими деталями. 
Например, встреча с цыганской семьей, будто вышедшей прямо из фильмов Кустурицы, сын на велосипеде и отец на лошади, в то время как мать спокойно привязывает свою козу к причалу! Проводим время, наблюдая за людьми, идущими вдоль озера, то местными, то следующими за своими гидами туристическими группами. Когда наступает ночь, Ростов приобретает другое измерение, деревянные дома мало освещены, и ощущение маленького русского городка из прошлого становится сильнее. Я не могу понять, почему город буквально оккупирован тысячами черных воронов, чье присутствие все же не вызывает беспокойства. «Вы хорошо сделали, что приехали летом, ― сказала мне хозяйка отеля, где я остановился, ― зимой после 16 часов на улицах никого нет». Следует отметить, что «Усадьба Плешанова» в Ростове Великом может служить местом сбора. Ресторан-бар открыт круглосуточно семь дней в неделю, как и комплекс сауна / бассейн отеля. Кухня ресторанов города заслуживает отдельной статьи, особенно ресторанное меню
«Усадьбы», в котором насчитывается 63 страницы, как в некоторых ресторанах в провинции во Франции. Есть много традиционных русских блюд, но также все разновидности фондю и блюда европейской и азиатской кухни. Кухня является одной из лучших, если не лучшей, из тех, что я смог попробовать в России.
 
Солнечных выходных в Ростове достаточно, чтобы полностью избавиться от московского напряжения. Иностранным туристам город легко доступен из столицы (тем, кто не хочет садиться за руль или боится, я все же советую поезд, а не маршрутку). Это хорошее место, чтобы вдохнуть атмосферу маленькой части вечной России.

Перевод : Уголин (Ursa-Tm)

Rostov la douce

L’article original a été publie sur Ria Novosti.

*
Des lecteurs m’ont demandé à quoi ressemblent les villages et les petites villes russes. J’ai donc décidé de passer beaucoup de temps à explorer la Russie des petites villes pendant les prochains mois. Celles de l’Anneau d’or peut être, mais surtout des villes beaucoup moins touristiques et plus éloignées de la capitale, comme par exempleBlagovechtchensk en Extrême-Orient ou je me rendrais bientôt. Ces voyages donneront lieu à des tribunes et bien sûr à des reportages photographiques sur la Russie d’aujourd’hui, qui seront transférés sur mon site. (J’ai du reste déjà commencé à le faire.)

 

Récemment, je suis allé visiter Rostov Velikii, dans l’oblast de Iaroslavl. C’est à environ 200 kilomètres au nord est de Moscou. Cette toute petite ville (moins de 35.000 habitants) n’est pas la plus caractéristique des petites villes russes car elle est un lieu touristique célèbre et on y voit  donc à longueur d’année une quantité de touristes, étrangers bien sûr mais surtout russes.

Le transport en Marshutka depuis Moscou (ces micro-autobus qui sillonnent la capitale ou relient les villes entre elles) est une solution économique et vraiment déroutante, comme parfaitement illustrée ici. La route (Iaroslavskoe Chossee puis la route M8) qui va de Moscou à Iaroslavl en passant par Rostov est de relativement bonne qualité, bien que très chargée. Cela démontre bien que le problème des routes de Russie n’est peut être plus un problème si récurrent. Les quelques 200 kms en Marshutka rappellent cependant à quel point si les routes ne sont donc pas toutes mauvaises, les mentalités au volant en Russie laissent parfois à désirer. La douzaine de passagers pourtant tous russes n’a du reste pas supporté les accélérations, les embardées et les multiples coups de volant de notre chauffeur (qui conduisait en tongs). Un des passagers, Nikolaï, qui partait en week-end chez lui à Iaroslavl a en effet simplement régurgité son diner du soir sur sa voisine, qu’il ne connaissait du reste pas encore. Ne me demandez pas comment, mais sitôt l’information transmise au chauffeur, celui-ci a pilé, arrêtant l’autobus sur la bande d’arrêt d’urgence de la route afin de nettoyer tout ça, ce qu’il réussit à faire en un temps record, et d’une façon que je n’arrive toujours pas à m’expliquer. L’arrivée à Rostov 3 heures et demi plus tard, dans la nuit, marque tout de suite une rupture avec la bruyante capitale. On voit dans la nuit que la ville est déserte, peu illuminée et calme.

“Qu’y a-t-il à voir à Rostov?” vont me demander beaucoup de lecteurs pas ou peu familiarisés avec les quelques petites villes touristiques russes autour de Moscou, dont celles de l’anneau d’or. Tout d’abord la ville est située au bord d’un lac qui porte le nom de lac noir. Il est très profond et très sombre à cause du tapis de boue de plusieurs mètres qui tapisse le fond. A cause de ce caprice de la géologie, il est théoriquement formellement interdit de s’y baigner. La ville est l’une des plus anciennes de Russie, puisqu’elle est déjà citée dans de vieux textes russes datant du 9ème siècle. Avant même l’arrivée des premières tribus slaves, la région de Rostov, autour du lac, était occupée par un peuple Finno-ougrien, les Mériens. Cet héritage Finno-ougrien se retrouve notamment dans les incroyables motifs colorés (voir ici et la) autour des fenêtres des maisons en bois. Des types de motifs que l’on retrouve aussi dans le grand nord russe enCarélie ou l’héritage Finno-ougrien est encore plus marqué.

Rostov Velikii est aujourd’hui un centre touristique mais également un important lieu de pèlerinage. La ville est enroulée autour d’un magnifique Kremlin central qui date de la fin du 17ème siècle et comprend 5 églises et 2 cathédrales dont la cathédrale de l’assomption avec son  beffroi et ses 13 immenses cloches. Le Kremlin vaut vraiment la visite, tant pour la beauté des églises que pour l’incroyable atmosphère qui y règne. Pouvoir se poser un moment dans un petit café orthodoxe ou des sœurs servent du Kvas et des pirojkis  maison est un moment inoubliable. Le monastère Spaso-Yakovlevsky est la seconde merveille à voir à Rostov. Le monastère est situé un peu à l’extérieur de la ville et accessible à pied ou en bateau. Le plus agréable est de le rejoindre en taxi-bateau, dont un certain nombre sont parqués au bord du lac et attendent les clients. Pour 3 ou 4 euros il est possible de se faire déposer devant le monastère après une ballade autour de l’ile centrale du lac. Le monastère a été fondé au 14ème siècle, c’est aussi l’endroit ou sont célébrés les mariages de cette petite ville. La ferveur et la simplicité des croyants qui viennent prier et se recueillir est très émouvante, surtout pour un français dont le pays est aujourd’hui reloativement dénué de toute spiritualité. Les fidèles orthodoxes se signent à genoux devant le tombeau de Dimitri de Rostov.
Un week-end à Rostov, si proche de Moscou, c’est une impression de sortir du temps, accentuée par de petits détails. Par exemple croiser au bord du lac une famille de gitans tout droit sortis d’un film de Kusturica, le fils à vélo et le père à cheval, pendant que la mère attache tranquillement sa sympathique chèvre devant l’embarcadère! On passe le temps à observer les gens qui marchent le long du lac, tantôt des locaux, tantôt des touristes en groupes suivant leurs guides. Quand la nuit tombe Rostov prend une autre dimension, les maisons en bois sont peu éclairées et le côté petite ville russe d’autrefois se fait encore plus sentir. Je ne m’explique pas pourquoi la ville est littéralement occupée par des milliers de corbeaux noirs dont la présence n’est pourtant pas dérangeante. “Vous avez bien fait de venir l’été” m’a dit la dame qui tenait l’hôtel ou je me suis arrêté, “l’hiver après 16 heures il n’y a plus personne dans les rues”. Il faut signaler que le manoir Pleshanov, à Rostov Velikii, peut servir de point de ralliement. Le restaurant bar est ouvert 7 jours/7, 24 heures/24, tout comme l’ensemble sauna/piscine du manoir. La gastronomie des restaurants de la ville mériterait une tribune à elle seule, avec surtout le menu du restaurant du dit manoir qui fait 63 pages comme dans certains restaurants de province en France. On y trouve un grand nombre de plats traditionnels russes, mais aussi toutes sortes de fondues ou encore de la cuisine européenne et asiatique. La cuisine proposée est l’une des meilleures, sinon la meilleure que j’ai pu goûter en Russie.

Un week-end ensoleillé à Rostov suffit pour décompresser totalement de Moscou. Pour les touristes étrangers, la ville est facilement accessible depuis la capitale. (A ceux qui ne veulent pas conduire ni se faire de frayeurs, je conseille le train plutôt que la marschutka). C’est un bon endroit pour respirer l’ambiance d’un petit morceau de Russie hors du temps.

ХХI век, век Арктики?

Оригинальная статья была опубликована в РИА Новости
  *
Очень скоро в Архангельске, на севере России, состоится второй международный форум «Арктика, территория диалога», организованный Русским географическим обществом. Для большинства Арктика созвучна Северному полюсу, то есть покрытой льдами зоне, населенной белыми медведями и пингвинами, где почти нет людей. Для других, более осведомленных (в том числе, несомненно, многих читателей РИА Новости) Арктика, напротив, является громадным театром военных действий, со значительными запасами полезных ископаемых. Кроме того, это зона соперничества великих держав, предвосхищающего битву за энергетические ресурсы, которую, без сомнения, увидит это столетие. Эта напряженность вокруг Северного полюса не нова. Во время холодной войны советские и американские власти рассматривали Арктику как самый короткий путь для слежки друг за другом, но также как географический мост на случай военного вмешательства. По мнению Жана-Клода Безида, на тот момент Арктика стала «геополитической границей раздела между державами».

После распада СССР и окончания холодной войны прибрежные арктические страны (Россия, Канада, Норвегия, Дания, США) учредили три региональные организации для содействия сотрудничеству между государствами, имеющими интересы в этой зоне: Совет государств Балтийского моря в 1992 году, Совет Баренцева/Евроарктического региона (СБЕР) в 1993 году и, наконец, Арктический Совет в 1996 году. Ранее, в 1982 году, в Монтего-Бэй была подписана конвенция ООН по морскому праву, но она вступила в силу только в 1994. Это скромное потепление в отношениях сопровождается потеплением климатическим с важнейшими последствиями для планеты.

Таяние льдов действительно должно ускориться в течение этого столетия, поскольку с 1979 года площадь арктических льдов сократилась на 20%, а к 2100 году она должна сократиться еще на 50%. Это таяние льдов предоставляет важнейшие экономические и стратегические перспективы, благодаря развитию более коротких морских торговых путей, более рентабельных и безопасных, между Западом и Азией. Существуют два основных варианта, северный маршрут вдоль побережья Сибири и северо-западный маршрут, который проходит через крайний север Канады. Кроме того, полагают, что четверть неразведанных мировых запасов нефти и газа находится в Арктике.

Район также богат разнообразными полезными ископаемыми (никель, железо, фосфаты, медь, кобальт, уголь, золото, олово, вольфрам, уран и серебро). Наконец, Арктика обладает крупнейшими запасами пресной воды на планете. Возвращение России в круг мировых держав значительно изменило ситуацию в арктическом регионе. Действительно, даже если отношения между Россией и северными державами робко и дипломатически потеплели, факт остается фактом, все заинтересованные государства, а также государства со статусом наблюдателя, как Франция, являются членами НАТО, за исключением России.

Россия и Канада, обладающие статусом будущих хозяев торговых путей, решили активно утверждать свой суверенитет в регионе. Во время памятной экспедиции в 2007 года Россия с помощью батискафов установила свой флаг на дне Северного Ледовитого океана. В то время английская пресса сравнивала эту экспедицию с первыми шагами человека на Луне в 1969 году по смелости и технологическому успеху. Но помимо технической смелости, экспедиция продемонстрировала значение, которое российские власти придают этой зоне. Если в Арктике проживает лишь 1,5% населения России, регион уже дает 11% ВВП и 22% ее экспорта. Наконец, 75% обитателей Арктики ― россияне.

Россия также имеет самую протяженную арктическую границу. Следствием этого является милитаризация Арктики. Она подпитывается пятью странами, которые имеют притязания на регион: США, Канадой, Россией, Данией и Норвегией. Не так давно к дискуссиям по Арктике присоединились Великобритания, Финляндия и Швеция. Символ этого западного сдерживания военные учения Nanook проводятся в рамках НАТО каждое лето. С каждым годом растет число участников и количество вооружений. Этим летом, к примеру, 100 иностранных солдат тренировались вместе с тысячей канадских военнослужащих. В 2008 году учения основывались на сценарии, согласно которому одно государство захватывает Арктику. Правомерно спросить, о каком государстве думали организаторы, зная, что единственным государством в Арктике, не являющимся членом НАТО и поэтому не участвующим в этих учениях, является Россия.

Чувствуется ли запах новой «прохладной» войны между русскими одной стороны, и американо-канадцами с другой? Норвегия объявила о проекте по созданию объединенного арктического командования, сил арктического реагирования и усилению авиабазы в Туле для ее совместного использования с союзниками по НАТО. Канада, со своей стороны, недавно приняла решение об увеличении личного состава и вооружении своих арктических бригад. Что касается России, то она ясно претендует на суверенитет над большей частью подводного хребта Ломоносова. Некоторые официальные лица утверждали еще в 2008 году, как генерал Владимир Шаманов, что «страна в случае необходимости должна быть готова к войне в Арктике». В этом году были созданы две новые арктические бригады для защиты российских национальных интересов в регионе. Но в то же время Россия утверждает, что хотела бы сделать Арктику территорией диалога и заранее исключает любой потенциальный конфликт в этом регионе мира. Недавно влиятельный премьер-министр Владимир Путин заявил, что «безопасность и геополитические интересы России связаны с Арктикой». Наконец, помимо Соединенных Штатов, граничащих с Арктикой через Аляску, более отдаленные страны продемонстрировали в последнее время свои претензии на Арктику: Китай и Иран.

Торговые пути будущего, добыча природных богатств, Арктика, несомненно, станет предметом сложных переговоров и приведет к новому соотношению сил между державами. Европейцам фильтр НАТО и Северной Америки больше не кажется соответствующим их интересам. Действительно, равновесие в Арктике немыслимо без России. Кроме того, когда на Ближнем Востоке множатся признаки нестабильности, а спрос на энергию в новом веке будет расти, сближение с Россией кажется более полезным, чем когда-либо. Это то, что дал понять французский представитель по Арктике Мишель Рокар: «Россия является арктической державой, располагающей многочисленными преимуществами (опыт, оснащение…) для обеспечения развития арктического торгового пути».
Россияне и европейцы имеют возможность вместе сделать Арктику территорией мира и диалога, а также совместно использовать ее ресурсы для укрепления своих позиций в мире.

 
Перевод : Уголин (Ursa-Tm)

Collaboration avec l’IRIS

Chers lecteurs je suis très heureux de vous annoncer la publication ce mercredi 14 septembre de ma toute première contribution à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS). 

Fruit d’une initiative privée, l’IRIS a été créé en 1991. L’IRIS est progressivement parvenu à s’imposer comme un acteur incontournable de la recherche française traitant des questions stratégiques et internationales. L’origine de la création de l’IRIS relève de la volonté de satisfaire trois objectifs principaux :
– Contribuer à la recherche et au débat sur les questions internationales et stratégiques, en offrant une lecture différente et originale des enjeux nationaux et internationaux ;
– Créer un centre d’expertise réellement indépendant ;
– Créer un lieu de dialogue et de réflexion entre tous ceux qui composent la communauté stratégique, spécialistes venus d’horizons professionnels et philosophiques différents: responsables politiques, hauts fonctionnaires, industriels, militaires, experts et universitaires.

L’IRIS en 2010 a été classé à la 25ème place dans la catégorie des meilleurs instituts spécialisés sur les questions internationales et de sécurité par l’Université de Pennsylvanie, dans son classement du « Global Go-To Think Tank 2010 ». 

Mon premier article intitulé “Russie, la solution est dans la croissance” traite des aspects économiques de la situation démographique en Russie et est consultable ici.
Il a été publié au sein de l’Observatoire stratégique et économique de l’espace post-soviétique dirigé par Philippe Migault.

Le 21ème siècle, siècle de l’Arctique?

arctic_landscape2

L’article original a été publié sur Ria Novosti.
*


Très prochainement aura lieu à Arkhangelsk, dans le grand nord russe, la deuxièmeédition du forum international “Arctique, territoire de dialogue”, organisé par la Société géographique de Russie. Pour la majorité arctique rime avec pôle nord c’est à dire une zone glaciale, peuplée d’ours blancs et de manchots, avec une faible présence humaine. 
Pour  d’autres, plus initiés (dont sans doute bon nombre de lecteurs de Ria Novosti) l’Arctique est au contraire  un formidable théâtre  d’opérations, avec un potentiel minier important. C’est également une zone de rivalités entre grandes puissances, préfigurant la bataille pour l’énergie que connaîtra sans doute ce siècle. Cette tension autour du pôle nord n’est pas totalement nouvelle. Durant la guerre froide, soviétiques et américains considéraient l’Arctique comme passage le plus court pour observer l’autre mais aussi comme passerelle géographique en cas d’interventions militaires. Pour Jean Claude Besida, l’Arctique est devenu à ce moment là une “interface géopolitique entre puissances”. 

Après la chute de l’URSS et la fin de la guerre froide, les pays riverains de l’Arctique (Russie, Canada, Norvège, Danemark, Etats-Unis) ont constitué trois organisations de coopération régionale destinées à promouvoir la collaboration entre les états ayant des intérêts dans  la zone: Le conseil des états de la mer Baltique en 1992, La Coopération de Barents en 1993 et enfin Le Conseil de l’Arctique en 1996. Auparavant, en 1982, la convention des nations unies sur le droit de la mer avait été signée à Montego Bay, mais elle n’est entrée en vigueur qu’en 1994. Ce timide réchauffement des relations s’est accompagné d’un réchauffement climatique aux conséquences majeures pour la planète.La fonte des glaces devrait en effet s’accélérer durant ce siècle, puisque depuis 1979 la superficie de glace en Arctique a diminué de 20%, et qu’elle devrait encore diminuer de 50% d’ici 2100. Cette fonte des glaces ouvre des perspectives économiques et stratégiques majeures, via le développement de routes commerciales maritimes bien plus courtes, plus rentables et plus sûres, entre l’Occident et l’Asie. 

Deux variantes principales existent, la route du nord qui longe les côtes de la Sibérie et la route du nord ouest qui passe à travers le grand nord Canadien. En outre, on estime qu’un quart des réserves mondiales non encore découvertes de pétrole et de gaz se situent en Arctique. La région est également très riche en minerais divers (nickel, fer, phosphates, cuivre, cobalt, charbon, or, étain, tungstène, uranium ou argent). Enfin L’Arctique comprend également les plus vastes réserves d’eau douce de la planète. Le retour de la Russie dans le concert des puissances internationales a considérablement changé la donne dans la région Arctique. En effet, si les relations entre la Russie et les puissances du nord se sont timidement et diplomatiquement réchauffées, il reste que tous les Etats concernés ainsi que les états au statut d’observateur comme la France sont membres de l’OTAN, sauf la Russie.

Avec leur statut de futurs propriétaires des routes commerciales, Russie et Canada ont décidé d’affirmer activement leur souveraineté sur la région. Lors d’une mémorable expédition en 2007, la Russie a planté son drapeau au fond de l’océan Arctique en utilisant des bathyscaphes. A l’époque, la presse anglaise avait comparé cette expédition aux premiers pas de l’homme sur la lune en 1969 en termes de témérité et de performance technologique. Mais au delà de la prouesse technique, l’expédition a montré l’importance que les autorités russes accordent à cette zone. Si l’Arctique ne représente que 1,5% de sa population, la région compte déjà pour 11% de son PIB et 22% de ses exportations. Enfin, 75% des habitants de l’Arctique sont russes.

La Russie a aussi la frontière arctique la plus longue. Par conséquent une militarisation de l’Arctique est en cours. Elle est alimentée par les cinq nations qui ont des revendications sur la région: États-Unis, Canada, Russie, Danemark et Norvège. Plus récemment, la Grande-Bretagne, la Finlande et la Suède ont également rejoint le débat sur  l’Arctique. Symbole de cette démonstration dissuasive occidentale, les manœuvres militaires Nanook qui ont lieu dans le cadre de l’OTAN tous les étés. Chaque année le nombre de participants et la quantité de matériel impliqué sont en hausse. Cet été par exemple, 100 militaires étrangers se sont entrainés avec plus d’un millier de soldats canadiens. En 2008, les entrainements étaient basés sur le scénario d’un état envahissant l’Arctique. Il est légitime de se demander à quel état les organisateurs pensaient, sachant encore une fois que le seul état Arctique non membre de l’Otan et n’ayant donc pas participé à ces manœuvres est la Russie.

Flotterait-il un parfum de nouvelle guerre fraîche entre russes d’un coté, et américano-canadiens de l’autre? La Norvège vient d’annoncer un projet visant à établir un commandement arctique interarmées, une force de réaction arctique et un renforcement de la base aérienne de Thulé pour la partager avec ses alliés de l’OTAN.
Le Canada, pour sa part,  a récemment décidé de développer les effectifs et le matériel de ses brigades arctiques. Quand à la Russie, elle revendique clairement sa souveraineté sur une bonne partie de la dorsale sous marine Lomonossov. Certains officiels affirmaient déjà en 2008, tel le général Vladimir Chamane, que “le pays devait être prêt à faire la guerre en arctique si nécessaire”. Cette année a vu la création de deux nouvelles brigades arctiques pour contribuer à la protection des intérêts nationaux russes dans la région. Mais par ailleurs, la Russie affirme vouloir faire de l’Arctique un territoire de dialogue et écarte par avance tout risque de conflit dans cette zone du monde. Récemment, l’influent premier ministre Vladimir Poutine a rappelé que: “La sécurité et les intérêts géopolitiques de la Russie sont liés à l’Arctique”. Enfin en dehors des Etats Unis, riverains de l’Arctique via l’Alaska, d’autres pays plus lointains ont manifesté récemment des visées sur l’Arctique: La Chine ou encore l’Iran.

Routes commerciales du futur, exploitation des richesses minières, l’Arctique va sans doute faire l’objet de tractations compliquées et de nouveaux rapports de force entre puissances. Pour les européens, le filtre Otan et nord-américain ne semble pas le plus conforme à leurs intérêts. En effet un équilibre en Arctique n’est pas concevable sans la Russie. En outre, à l’heure ou le moyen orient multiplie les signes d’instabilité, et alors que le besoin en énergie va augmenter durant le siècle, le rapprochement avec la Russie semble plus que jamais utile. C’est ce qu’a laissé entendre l’ambassadeur français pour l’Arctique Michel Rocard: “La Russie est une puissance arctique disposant de nombreux atouts (expérience, matériel…) pour assurer le développement de la route commerciale arctique”.
Russes et européens ont sans doute l’occasion de faire ensemble de l’Arctique un territoire de paix et de dialogue, et d’utiliser ces richesses ensemble, afin de renforcer leurs positions dans le monde.