Le point demographique de novembre 2011

Les chiffres de la démographie russe pour la période de janvier à novembre 2011 sont disponibles. Tout d’abord le mois de novembre 2011 a vu 156.028 naissances, contre 148.731 en octobre 2010, soit 7.297 naissances en plus. La mortalité est elle aussi en baisse avec 158.330 décès en novembre 2011 contre 159.247 en novembre 2010 soit 917 décès en moins.
Maintenant la situation pour les 11 premiers mois de l’année 2011. Il y a eu 1.638.835 naissances sur 11 mois en 2011 contre 1.636.157 naissances sur les 11 premiers mois de 2010, soit 2.768 naissances de plus.  La mortalité est elle en baisse, avec 1.768.495 décès contre 1.862.875 sur la même période l’année dernière, soit 94.380 décès en moins.    Sur les 11 premiers mois de 2011 la population a baissé de 129.660 habitants contre une baisse de 226.718 habitants pour les 11 premiers mois de 2010.    On peut donc pronostiquer cette annee entre 1.760.000 et 1.800.000 naissances, et entre 1.910.000 et 1.940.000 décès. La baisse naturelle de population devrait se situer entre 120 et 150.000 habitants, un record depuis 1996! 

Pour les cinquante prochaines années, il vaut mieux vivre en Russie.

Le courrier de Russie a récemment fait une interview de Oncle-Vania, que les lecteurs de DISSONANCE connaissent déjà pour ses analyses de qualité sur ce blog.

Une interview décapante 🙂


Читать по-русски

Le Courrier de Russie : Si je vous dis « ivresse » ?
Jean-Michel Cosnuau : La Russie elle-même transpire l’ivresse : en arrivant ici, c’est comme si vous aviez été enfermé longtemps dans un espace confiné et que, d’un coup, vous respiriez : ce grand pays, cette liberté individuelle… c’est enivrant. Les Russes gèrent leur surmoi avec la vodka, tout ici est extrême. Le zapoï [pratique consistant à ne pas cesser de boire et d’être ivre pendant plusieurs jours, menant à un état second, ndlr], d’ailleurs, n’existe qu’ici : j’avais un partenaire qui me rendait fou, régulièrement, il partait boire pendant trois semaines. À certaines soirées d’entreprises dans l’un des clubs que j’avais, des mecs en costard-cravate finissaient la tête dans le potage, ou par se taper dessus… mais au moins, entre eux tout était clair.


LCDR : Comment un sociologue finit-il patron de boîte de nuit à Moscou ?

J.M.C. : J’ai un background politique et social, c’est vrai, j’ai notamment été conseiller de Jack Lang pendant deux ans… sans jamais être dans un parti. Je suis toujours resté borderline Ensuite, j’ai été directeur d’une agence de publicité à Paris. À une époque, j’ai commencé à développer en France et en Espagne des bars rock qui s’appelaient Chesterfield Café : je m’occupais alors du planning stratégique de Philip Morris et c’était un moyen de détourner les lois anti-tabac en faisant venir des groupes pour la promotion du bar. L’idée m’avait tellement plu que j’en ai monté plusieurs : et c’est comme ça que je suis arrivé à Moscou, pour ouvrir un autre Chesterfield Café. Je me suis associé avec le patron du Hungry Duck. Et je suis toujours là. Depuis, j’ai monté une quinzaine de bars, restaurants, clubs…

LCDR : Qu’est-ce qui vous a décidé à rester ?
J.M.C.  : Ma femme, qui était moitié russe moitié kabyle, venait de trouver la mort dans un accident d’avion [le vol TWA 800, ndlr] en 1996 : j’ai décidé que c’était le moment de changer de vie. J’avais eu la chance de grandir dans une famille bourgeoise, d’avoir des parents très fortunés, et là j’arrivais, personne ne me connaissait, je repartais de zéro… c’était énergisant.

LCDR : Comment s’est passée votre intégration à la vie russe, parti de rien ?
J.M.C.  : Je me suis senti immédiatement chez moi. Ma mère était une Juive communiste de Varsovie et son père avait lui-même des origines du côté d’Odessa… je ne m’étais pas trop perdu, finalement ! C’était un peu comme dans cette série américaine, Amicalement vôtre : j’avais un super appartement à Paris avec Edward Mitterrand comme roommate, et je me suis retrouvé dans une petitekommounalka qui sentait le chou et dans laquelle je me suis senti beaucoup mieux. C’était un espace de liberté comme on n’en a plus en Europe.

LCDR :Dans quel sens ?
J.M.C.  : Ici l’individu est libre, il n’y a pas cette pression sociale qui existe en France. Les gens qui ne connaissent pas la Russie ont vite fait de la qualifier de dictature, de traiter Poutine de tyran… Le choix du dirigeant est ici plus limité, certes, mais l’individu est moins écrasé. Je ne comprends pas comment les classes moyennes survivent en France : les gens sont assommés de taxes, tout est interdit. Sur n’importe quelle publicité là-bas, vous pouvez lire : « Mangez des légumes, bougez, faites ceci, cela…» et bientôt quoi ? Il faudra leur rappeler de penser, de respirer ?!




LCDR : À quoi tient cette différence, selon vous ?
J.M.C.  : Les Russes sont plus libres car ils ont gardé leur archétype d’homme libre : barbare, mais dans un sens positif. Au bout de vingt ans de Russie, tout ce vernis de pseudo-civilisation s’érode car les Russes ne portent pas de masque, ils ont un surmoi moins prononcé qu’en Europe. Je pense que l’orthodoxie a un poids culturel radicalement différent de celui du catholicisme, les gens ici ont une vision différente du plaisir, du rapport à l’autre… La Russie a eu la chance d’être christianisée 1000 ans après tout le monde : et si on considère comme moi que la civilisation est le début de la décadence, eh bien c’était 1000 ans de sursis.

LCDR
 :
 Vous êtes orthodoxe ?
J.M.C.  : Je me suis converti à l’orthodoxie il y a six ans : en fait j’y suis arrivé par le bouddhisme et la méditation. Je me rends régulièrement dans un monastère, où mon ex-compagne vit désormais. Je ne suis pas un orthodoxe sérieux, le côté rituel m’agace, toutes ces églises et ces babouchkas… Mais la vie monastique est une vraie vie en communauté, on est débarrassé du fardeau matériel. La relation orthodoxe au péché est véritablement différente : mon père était très jésuite, j’en sais quelque chose ! Il n’y a pas de réelle culpabilité en Russie. Les Russes savent que la condition humaine implique de pécher, alors ils demandent l’aide de Dieu pour continuer à le faire et à mieux le supporter!

LCDR : Qu’en est-il des rapports homme-femme ?
J.M.C.  : Les rapports homme-femme en Occident sont hallucinants ! Les hommes sont émasculés par le système, ils ont peur de tout et rêvent tous de devenir fonctionnaires ; et les femmes sont agressives sous prétexte qu’il faut défendre la parité. Chez nous, Tristane Banon attaque Dominique Strauss-Kahn parce qu’il a essayé de l’embrasser : ici, dans les clubs, les Russes mettent la main aux fesses des jolies filles, au mieux elles rient, au pire ils dégagent : c’est plus sain, non ?



LCDR
 : 
Et dans vos clubs, avec les danseuses, ça se passe comment ?
J.M.C.  : À Moscou, les clubs de strip-tease font partie du paysage, c’est accepté socialement : j’ai ouvert le premier parce qu’on me l’a proposé et que ça m’a amusé. La seule chose, c’est que je n’ai jamais touché un centime sur les filles : les clubs russes prennent 50% sur leurs gains ; chez nous, elles paient leur entrée comme tout le monde et font ce qu’elles veulent. L’unique règle, c’est un test de maladies vénériennes et de consommation d’héroïne, une fois par mois.


LCDR : Vous n’avez jamais eu de problèmes ?
J.M.C.  : Non. Quand les filles ne veulent pas, que le mec ne leur plaît pas, elles refusent, c’est aussi simple que ça. La plupart d’entre elles viennent pour trouver quelqu’un ! Il n’y a pas de show, pas de filles qui se baladent complètement à poil… Nous avons un restaurant excellent, de la musique, des salons : c’est très informel, bon enfant. Le côté voyeur me dérange. J’avais une mère féministe, vous savez !

LCDR : Vos bars, vous les avez imaginés et construits comment ? 
J.M.C.  : Spontanément. Ma femme, qui est décédée, était architecte à New-York, c’est elle qui m’avait initié au design… Et à Moscou, on faisait ce qu’on voulait : au Voodoo Lounge, le premier club avec une terrasse en extérieur, on servait du plov et des brochettes à 5h du matin.


LCDR : Et maintenant, on ne fait plus ce qu’on veut ?
J.M.C.  : Je regrette un peu le Moscou d’avant. Les rapports étaient moins codés, il n’y avait pas encore de classes sociales, maintenant ça s’est embourgeoisé… Au Hungry Duck, le bar le plus délirant de la planète, on trouvait le représentant du Dalaï-Lama, l’équipe de la station Mir, les grands du FSB : tous saouls jusqu’à 6h du matin.

LCDR : C’était grisant ?
J.M.C.  : Oui. Le monde de la nuit m’a apporté  beaucoup de rencontres : des acteurs, des écrivains, des flics véreux, des bandits… c’est plutôt marrant ! Mais j’ai fini par vendre plusieurs clubs, j’ai monté une maison d’édition, Stepnoï Veter [le vent des steppes, ndlr], pour laquelle j’ai fait traduire quelques bouquins de philosophie, j’ai publié Marek Halter… J’avais aussi créé, avec ma compagne, l’équivalent des Restos du cœur : ça s’appelait Sobornost. On distribuait près de quatre ou cinq tonnes de nourriture par mois aux retraités. Au début des années 2000, on gagnait beaucoup d’argent et on ne payait pas d’impôts, alors on redistribuait un peu : ça me coûtait 25 à 30 000 dollars de bouffe par mois.


LCDR : Une sorte de redistribution des richesses en circuit fermé ?
J.M.C.  : Vous voyez, le seul truc qui me dérange un peu en Russie c’est l’ampleur de la corruption : jusqu’à quel point les élites vont-elles encore arriver à se servir ? On entend parler de milliards de dollars qui se volatilisent ! Un peu de corruption est nécessaire, bien sûr, il faut fluidifier les rapports. Mais c’est fini la grande époque où on pouvait appeler un milicien pour qu’il vous emmène à l’aéroport parce que vous étiez en retard ! On rigolait bien, ils étaient souvent saouls… en échange de quelques dollars, ils mettaient le gyrophare. Il faut juste faire attention à ne pas trop accroître l’écart entre la situation des autorités et celle de la classe moyenne.

LCDR : C’est-à-dire ?
J.M.C.  : Les Français ont du mal à imaginer que la classe moyenne russe vive mieux qu’eux: pourtant, elle est souvent propriétaire de ses appartements, ne paie que très peu d’impôts… La volonté de Poutine de remettre la Russie sur le devant de la scène internationale et d’enrichir la classe moyenne est une stratégie qui a du sens. Voyons juste comment tout cela va évoluer… Medvedev avait comme principal objectif d’endiguer la corruption – résultat, elle a été multipliée par dix.


LCDR : Vous soutenez Vladimir Poutine?
J.M.C.  : Le soutenir ? Mais soutenir qui ?! Il n’y a pas d’alternative de toute façon ! Nous verrons bien : j’ai des échos mitigés, j’entends des critiques que je n’entendais pas avant. Mais il faut de la stabilité en Russie : au moins Poutine a déjà été président, il est riche, il va peut-être se mettre à travailler. Si on en met un autre, il commencera par vouloir s’enrichir… La démocratie formelle, après tout…  Regardez ce qu’on a, nous : en politique étrangère, Nicolas Sarkozy ne tient pas la route, et j’imagine assez mal Hollande rencontrer Poutine sans avoir l’air ridicule.


LCDR
 :
 Qu’est-ce que vous lui souhaitez, à la Russie ?
J.M.C.  : J’espère que l’âme russe prévaudra sur cette espèce de décadence civilisationnelle. Mais il y a encore de la marge… Quand je vais au monastère, je me retrouve vraiment dans une communauté hippie. Bon, ils ont viré les trois trucs les plus marrants à savoir le sexe, la drogue et le rock’n’roll, mais il reste quand même cette entraide, cet esprit… Cette ivresse justement. En tous cas, pour les cinquante prochaines années, il vaut incomparablement mieux vivre en Russie.

Quel avenir pour les chemins de fer russes?

L’article original a été publie sur Ria Novosti.

*

Le réseau ferré russe est l’héritier de l’immense réseau ferré construit à l’époque de l’URSS. A l’époque, il s’agissait de relier les villes d’un territoire neuf fois plus vaste que l’Union européenne d’aujourd’hui. La taille continentale de la Russie  fait que les voyages en train peuvent durer des jours et des nuits, comme c’est le cas pour le très fameux transsibérien qui met une semaine pour parcourir les 9.500 km du trajet. Notez que  depuis peu vous pouvez visionner tout l’itinéraire sans quitter votre salon en cliquant ici). Peut être à cause de cette immensité et de la durée des voyages, l’organisation de la vie dans les trains russes est bien particulière. C’est une réalité banale pour les russes, mais presque une aventure pour les étrangers qui voyagent en Russie.


Les trains des grandes lignes sont très confortables et les wagons sont larges (les voies russes sont plus larges que les voies européennes: 1.520 mm contre 1435 mm). Ils comportent tous des wagons lits. Il existe 3 catégories principales que sont les compartiments pour deux passagers avec service renforcé (“luxe” ou “SV”), les compartiments pour 4 (“coupé”) et des wagons couchettes sans portes (“platzkarte”). Les trains comportent généralement des wagons restaurants et de plus en plus souvent des wagons réservées aux femmes mais également de nombreux services luxueux, d’un standing international. Le train est placé sous l’autorité d’un chef de train. Un grand samovar trône à l’extrémité de chaque wagon et permet d’obtenir de l’eau chaude jour et nuit pour les indispensables thés qui accompagnent les voyages de russes. Et surtout, dans chaque wagon, il y a le  “provodnik”. Le plus souvent c’est une femme, appelée la“Provodnitsa”. Elle est le personnage clef, presque l’âme du wagon. Elle a un compartiment-bureau-couchette en face du samovar, et elle s’assure du bon déroulement du voyage. De la vérification des billets à la distribution des draps et couvertures ou encore à la maintenance du samovar précité, la “Provodnitsa” est un maillon essentiel du voyage, elle veille sur le bien-être des voyageurs.
La Compagnie des chemins de fer russes (Российские железные дороги, РЖД ou RZD) est la compagnie publique des chemins de fer en Russie. La RZD est l’une des plus grosses compagnies ferroviaires au monde, avec 1,3 millions de salariés, elle assure 80 % du transport passagers en Russie, soit 1,3 milliard de passages / an et 82 % du transport du fret, soit 1,2 milliard de tonne/an. La RZD exploite un réseau de 86.000 Km de voies (chiffres de 2009), elle possède 600.000 wagons de marchandises, 25.000 voitures de passagers et 13.000 locomotives. La compagnie pèse environ 3,5 % du PIB russe et est dirigée depuis 2005 par Vladimir Ivanovitch Iakounine, un proche de Vladimir Poutine. Vladimir Iakounine  est également co-président  de l’association Dialogue Franco-russe, qui est devenue un instrument majeur de communication directe entre les élites politiques, économiques et culturelles des deux pays.
Le réseau ferré russe a créé une ligne à grande vitesse entre Moscou et Saint-Pétersbourg (Le Sapsan) et le réseau de trains à grande vitesse devrait d’ici à 2020 relier les principales grandes villes de la moitié ouest du pays, comme on peut le constater ici.
Nombre de ces lignes pourraient être mises en place à l’occasion de la Coupe du monde de football 2018 qui se déroulera en Russie, et certaines existent déjà entre l’Europe et la Russie, comme c’est le cas pour la Finlande. Un projet de TGV est également prévu entre ces deux pôles économiques.
Mais l’est du pays n’est pas en reste puisque lors du dernier Forum d’affaires international du secteur ferroviaire “Partenariat stratégique 1520” (31 mai – 2 juin, Sotchi) une rencontre s’est tenue entre le Président du Gouvernement de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, et les représentants d’administrations ferroviaires russes et étrangères, d’entreprises de production d’équipement ferroviaire, de banques et d’autres compagnies. La rencontre a permis de définir le développement futur du secteur ferroviaire du pays, notamment la rénovation puis la modernisation en profondeur du secteur des chemins de fer dans les années à venir, ainsi que le développement des lignes Baïkal-Amour-Magistral (BAM) et Transsibérien. Le plan prévoit également le développement du réseau ferroviaire dans les régions enclavées d’extrême orient, en complément du projet de voie ferrée sous le détroit de Béring, afin de désenclaver ces régions et revivifier la Sibérie orientale. Le 3 novembre 2011, le Présidium du gouvernement de Russie a examiné la question des “projets concernant le programme d’investissement et le plan financier de RZD pour l’année 2012 et la période 2013 et 2014”. Comme l’a annoncé à l’issue de la réunion Vladimir Iakounine, le montant total du programme d’investissement de la compagnie sur trois ans devrait atteindre 1.100 milliards de roubles (26 milliards d’euros), dont 411,6 milliards de roubles (9,7 milliards d’euros) pour la seule année 2012.
Mais RZD a également de nouveaux  partenariats à l’international. Vers l’Ouest, c’est le 12 décembre 2011 que partira le premier train Moscou – Berlin – Paris. Cet itinéraire symbolique passera par le territoire de cinq pays : Russie, Biélorussie, Pologne, Allemagne et France. En période d’hiver, le train prendra le départ trois fois par semaine. Pendant l’été, il y aura cinq départs hebdomadaires.  Les chefs de voiture du train Moscou – Berlin – Paris ont été sélectionnés sur concours: les candidats doivent posséder un diplôme d’enseignement supérieur et la connaissance d’une langue étrangère. Les employés ont suivi un programme de formation spéciale et étudié les langues étrangères: allemand, anglais et français. En outre, les membres des brigades de trains ont suivi en France des formations consacrées aux règles de sécurité. Le personnel du wagon-restaurant parlera russe, polonais et anglais.  Les prix des billets varient de 330 euros (2de classe) à 1.050 euros (luxe) pour un adulte et de 150 a 525 euros pour les enfants. La ligne fait 3.177 km. La vitesse maximale des trains Moscou – Berlin – Paris sera de 200 km/h. Cette ligne complète la ligne Moscou – Nice, lancée le 23 septembre 2010, et dont les tarifs sont sensiblement les mêmes. En un an, plus de 6.000 passagers ont réalisé ce  voyage de Moscou à la côte d’azur. Cette ligne est le plus long itinéraire ferroviaire transeuropéen (3.200 Km). Elle  franchit les frontières de sept pays : Russie, Biélorussie, Pologne, République tchèque, Autriche, Italie et France. Sur ce trajet, la vitesse maximale des trains est de 160 km/h. Le temps de parcours entre Moscou et Nice est de 50 heures et 23 minutes.
Vers l’est, c’est le réseau eurasiatique qui se développe. La RZD a inauguré le 15 août de cette année une ligne touristique Moscou Pékin. Le train comporte deux wagons restaurants, un wagon bar, un wagon salle à manger, et un wagon spécial équipé de cabines de  douche destiné aux passagers voyageant dans les voitures-couchettes et les voitures-lits. Les passagers des voitures luxe ont un cabinet de toilette dans  leurs compartiments. Le trajet dure 15 jours, avec des escales et des programmes touristiques dans les villes de Kazan, Ekaterinbourg, Novossibirsk, Krasnoïarsk, Irkoutsk, Oulan-Oude, Oulan-Bator et Erlian. Parmi les excursions, un tour sur le lac Baïkal. Au cours du voyage, les voyageurs se verront proposer des plats de la cuisine nationale et des produits gastronomiques.  En outre, ils pourront  assister à des soirées musicales, visionner des films et s’essayer à l’apprentissage de la langue russe. Le service est assuré en sept langues. Une autre ligne régulière Pékin -Moscou a également été mise en service par la RZD, et d’autres projets de coopération sont en cours avec l’Indonésie, la Mongolie et la Corée du nord.
Enfin et pour finir, sachez qu’en Russie, la journée du cheminot est célébrée le 07 aout. Vous pouvez trouver beaucoup d’informations complémentaires sur le site de la RZD, dans sa version anglaise pour les lecteurs non russophones. Il ne me reste qu’à vous conseiller de voyager en train en Russie, c’est une expérience inoubliable. Dans les trains russes, il y a un « savoir vivre ensemble » qui étonne toujours les étrangers. Bon voyage à  tous !

Какое будущее у российских железных дорог?

Оригинальная статья была опубликована в РИА Новости
*

 

Российская железнодорожная сеть является наследницей огромной сети железных дорог, построенной во времена СССР. В то время предстояло соединить между собой города на территории в девять раз большей, чем сегодняшний Европейский Союз.  Континентальный размер России приводит к тому, что путешествие на поезде может длиться многие дни и ночи, как  в случае со знаменитой Транссибирской магистралью, требуется неделя, чтобы преодолеть все ее 9.500 км (обратите внимание, что с недавних пор вы можете увидеть весь маршрут, не выходя из своей гостиной, кликнув здесь).

Возможно из-за этой необъятности и продолжительности путешествий, организация жизни в российских поездах особенная. Для россиян это обыденная реальность, но почти приключение для путешествующих по России иностранцев.

Поезда на основных направлениях очень удобны, а вагоны просторные (российская колея шире, чем европейская: 1.520 мм против 1.435 мм). Во всех поездах есть спальные вагоны. Существуют три основные категории: двухместные купе с улучшенным обслуживанием («люкс» или «СВ»), четырехместные купе и спальные вагоны без дверей («плацкарт»). В поездах, как правило, есть вагоны-рестораны, все чаще встречаются вагоны, предназначенные для женщин, а также роскошный сервис международного уровня. Поездом руководит начальник поезда. Большой самовар царит в конце каждого вагона, и круглые сутки обеспечивает пассажиров кипятком для чая, который является непременной частью российских путешествий. И самое главное, в каждом вагоне есть «проводник». Чаще всего это женщина, «проводница». Это ключевая фигура, почти душа вагона. У нее есть купе – офис – спальное место напротив самовара, она обеспечивает нормальное протекание поездки. От проверки билетов до раздачи простыней и одеял
или же поддержания работы вышеупомянутого самовара, проводница является неотъемлемой частью путешествия, она заботится о хорошем самочувствии пассажиров.

Компания «Российские железные дороги» (РЖД) является государственной компанией. РЖД ― одна из крупнейших  железнодорожных компаний мира, в которой работают 1,3 миллиона человек, она обеспечивает 80% пассажирских перевозок в России, то есть 1,3 миллиарда поездок в год и 82% грузовых перевозок, или 1,2 миллиарда тонн в год. РЖД эксплуатирует сеть из 86.000 км дорог (цифра на 2009 год), она владеет 600 тысячами грузовых вагонов, 25 тысячами пассажирских вагонов и 13 тысячами локомотивов.

Вклад компании в ВВП России составляет около 3,5%, с 2005 года ее возглавляет Владимир Иванович Якунин, близкий друг  Владимира Путина. Владимир Якунин также является сопредседателем ассоциации «Франко-российский диалог», которая стала основным инструментом прямого общения политических, экономических и культурных элит двух стран.

«Российские железнодорожные дороги» создали высокоскоростную линию между Москвой и Санкт-Петербургом («Сапсан»), к 2020 году сеть скоростных поездов году свяжет основные крупные города западной части страны, как можно увидеть здесь.

Многие из этих линий будут созданы к чемпионату мира по футболу 2018 года, который пройдет в России, а некоторые уже связывают Европу с Россией, например, с Финляндией. Планируется также создание высокоскоростных магистралей между этими двумя экономическими полюсами.

Не забыт и восток страны, поскольку во время последнего Международного делового форума железнодорожной отрасли «Стратегическое партнерство 1520» (31 мая ― 2 июня, Сочи) состоялась встреча председателя правительства Российской Федерации
Владимира Путина с представителями российских и зарубежных железных дорог, предприятий по производству железнодорожной техники, банков и других компаний. Встреча позволила определить будущее развитие железнодорожной отрасли, в том
числе реконструкцию и глубокую модернизацию железных дорог в ближайшие годы, а также развитие БАМа и Транссибирской магистрали. План также предусматривает развитие сети железных дорог в отдаленных районах Дальнего Востока, в дополнение к проекту железнодорожного тоннеля под Беринговым проливом, для вывода эти регионов из изоляции и возрождения Восточной
Сибири. 3 ноября 2011 года президиум правительства России рассмотрел вопрос «О проектах инвестиционной программы и финансового плана ОАО «РЖД» на 2012 год и на плановый период 2013 и 2014 годов». Как объявил по окончании встречи
Владимир Якунин, общий объем трехлетней инвестиционной программы компании достигнет 1,1 триллиона рублей (26 миллиардов евро), из которых 411,6 миллиарда рублей (9,7 миллиарда евро) только в 2012 году.

Но у РЖД есть и новые международные партнеры. На Запад 12 декабря 2011 отправится первый поезд Москва – Берлин – Париж. Этот символический маршрут пройдет через территорию пяти стран: России, Белоруссии, Польши, Германии и Франции. В зимний период поезда будут отправляться три раза в неделю. Летом будет пять еженедельных рейсов. Машинисты поезд Москва – Берлин – Париж были отобраны на конкурсной основе: кандидаты должны были обладать высшим образованием и знанием иностранного языка. Сотрудники прошли специальные программы обучения и изучали иностранные языки: немецкий, английский и французский. Кроме того, члены поездных бригад прошли обучение во Франции по технике безопасности. Персонал вагона-ресторана говорит на русском, польском и английском языках. Цены на билеты варьируются от 330 евро (2-й класс) до 1.050 евро (люкс) для взрослых и от 150 до 525 евро для детей. Протяженность маршрута составляет 3.177 км. Максимальная скорость поезда Москва – Берлин – Париж 200 км/ч. Этот маршрут дополняет железнодорожный маршрут Москва – Ницца, запущенный 23 сентября 2010, тарифы в котором почти такие же. В течение года более 6.000 пассажиров совершили путешествие из Москвы на Ривьеру. Этот маршрут является самым длинным трансъевропейским железнодорожным маршрутом (3.200 км). Он пересекает границы семи стран: России, Беларуси, Польши, Чехии, Австрии, Италии и Франции. На этом маршруте максимальная скорость поезда не превышает 160 км/ч. Время в пути между Москвой и Ниццей составляет 50 часов и 23 минуты.

На восток развивается евразийская сеть. 15 августа этого года РЖД открыла туристический маршрут Москва-Пекин. В поезде есть два вагона-ресторана, бар, вагон-столовая и специальн й вагон, оборудованный душевыми кабинами для пассажиров, путешествующих в плацкартных и спальных вагонах. В вагонах повышенной комфортности в купе есть туалеты. Поездка занимает 15 дней, с остановками и туристическими программами в Казани, Екатеринбурге, Новосибирске, Красноярске, Иркутске, Улан-Удэ, Улан-Баторе и Эрляне. Среди экскурсий есть тур на озеро Байкал. Во время путешествия туристам будут предложены блюда национальной кухни и местные продукты. Кроме того, они смогут посещать музыкальные вечера, смотреть фильмы и попробовать свои силы в изучении русского языка. Обслуживание обеспечивается на семи языках. Другая регулярная линия Пекин-Москва также запущена РЖД, развиваются и проекты сотрудничества с Индонезией, Монголией и Северной Кореей.

И, наконец, знайте, что в России день железнодорожника отмечается 7 августа. Вы можете найти много дополнительной информации на сайте РЖД, в его англоязычной версии для не говорящих по-русски читателей. Мне остается только посоветовать вам  путешествовать по России на поезде, это незабываемые впечатления. В российских поездах есть то «умение жить вместе», которое всегда удивляет иностранцев. Счастливого пути!

Перевод : Уголин (Ursa-Tm)

4 ноября в России

Оригинальная статья была опубликована в РИА Новости
*
В пятницу 4 ноября Россия отпраздновала День народного единства. Этот день праздновался в России до 1917 года и стал отмечаться вновь с 2005 года. Праздник посвящен подвигу народного ополчения, которое было сформировано в Смутное время для освобождения Москвы от польских захватчиков в 1612 году под руководством нижегородского купца Кузьмы Минина, татарина по происхождению, и
князя Дмитрия Пожарского, потомка династии Рюриковичей.

4 ноября это также религиозный праздник, поскольку православная церковь чествует икону Казанской Божьей Матери, которая помогала людям в те трудные дни. Этот День народного единства был восстановлен благодаря «Единой России», которая воспользовалась им также для исключения празднования 7 ноября, годовщины Октябрьской революции 1917 года. «Это мы представили законопроект, который предполагал внесение изменений в список праздников и исторических дат», ― не преминул напомнить Борис Грызлов, спикер Думы (нижняя палата парламента России). Российская столица, как и вся страна, отметила этот День народного единства на политический манер, поскольку все действующие лица российской политической сцены участвовали вчера в крупных митингах, но выражали совершенно различные взгляды на развитие России.

В первую очередь, разумеется, «Единая Россия», основная политическая партия России, которой удалось мобилизовать десятки тысяч сторонников по всей стране, например, 8.000 в Хабаровске, 5.000 в Кургане, по 3.000 в Майкопе и Екатеринбурге, и более 10.000 в Санкт-Петербурге. В столице России в этот день почти 32.000 человек приняли участие в демонстрациях, среди которых были 10.000 сторонников партии «Единая Россия», собравшихся наПоклонной горе на западе столицы.

Мэр столицы подчеркнул в своем выступлении необходимость единства страны, вне этнических или религиозных различий, а также необходимость борьбы против попыток разделения страны по этим же признакам. Выступление напоминало речь президента России Дмитрия Медведева, которыйнастаивал на том, что Россия должна «сохранить свое огромное преимущество ― межнациональный
мир», и напоминал, что «патриотизм, гражданские чувства и любовь к Родине являются основными ценностями, которые всегда объединяли многонациональное российское государство». «Единая Россия» была не единственной партией, которая вывела на
улицы своих сторонников.

Во всех этих митингах был привкус предвыборной кампании. Либерально-демократическая партия собрала 2-3 тысячи своих сторонников в центре столицы под лозунгом «ЛДПР за русских». Ее лидер Владимир Жириновский также подчеркнул важность хорошего знания русскими истории своей страны.

Коммунистическая партия, со своей стороны, ждала 7 ноября, чтобы отметить годовщину начала Октябрьской революции, манифестация на фоне кризиса мирового капитализма, которая должна собрать несколько тысяч сторонников в центре города. Либеральная оппозиция тоже участвовала в демонстрациях, но в Казани, где движение представило свою предвыборную программу на 18 языках малочисленных народов России, под лозунгом «Россия нуждается в переменах».

Молодежные организации также участвовали в акциях. 1.500 активистов «России молодой» (молодежное крыло «Единой России»), в том числе представители более 100 национальных меньшинств страны, приняли участие в сдаче крови под лозунгом «мы все одной крови», чтобы показать единство многочисленных народов, образующих Россию. Движение «Наши» собрало около 15 тысяч молодых людей, приглашая всех граждан федерации, которые любят свою страну, хотят в ней жить и соблюдают закон, присоединяться к ним.

Лидеры движения защищали российскую мультикультурную модель и резко осудили призывы прекратить финансирование Кавказа или предоставить независимость мусульманским республикам страны, что по их мнению может привести к кризису столь же ужасному, как и распад СССР. Наконец, Движение евразийской молодежи собрало около тысячи сторонников под лозунгами: «За Российскую империю», «Нет России без Кавказа» или «Оранжизм ― враг России».

Вопреки общему настроению всех этих демонстраций, на юго-востоке столицы около сорока российских ультранационалистических движений собрали примерно 7.000 человек под лозунгами «Россия для русских, Европа для белых!» и «Хватит кормить Кавказ». Организаторы ясно потребовали предоставить независимость некоторым беспокойным мусульманским регионам Кавказа, как Чечня или Дагестан. Как обычно, подобные сборища пользуются расположением французской прессы, которая непреминула посвятить им свои полосы, но забыла упомянуть о присутствии франкоговорящих представителей французского ультра-националистического движения, а также тот факт, что эти российскиеультранационалисты резко осуждают Владимира Путина и «Единую Россию».
Удивительным образом, в этом они могли рассчитывать на ныне знаменитого блогера Алексея Навального, известного либерала, которого французская пресса представляет героем и лидером борьбы с коррупцией в России. Объясняя свое присутствие на митинге с очевидными расистскими тенденциями, Навальный заявил AFP: «Конечно, здесь есть радикальная молодежь. Наша задача состоит в ее обучении».

Можно задать себе множество вопросов относительно существования этих небольших групп, у которых есть идеи отделения и территориальных разделов, и о том, чьим интересам они служат. Я спрашиваю, что общего у либерала вроде Алексея
Навального со скинхедами и, в особенности, кто эти «мы», о которых он говорит, кто должен обучать (интересный термин) этих ультранационалистов. Имеются в виду не только Москва и проблемы Кавказа, поскольку в Сибири или Белгороде также
были проведены митинги (не собравшие много участников) регионалистов – националистов – сепаратистов (?), призывающих к отделению от Москвы и критикующих Кремль.

Мы помним, что в Сербии в 2000 году и на Украине в 2004 году цветные революции, якобы спонтанные и демократические, начинались подобным образом. Они в значительной степени использовали энергию молодых националистов для свержения
режимов, считавшихся криптосоветскими. Странный альянс был создан между ультанационалистическим течением и течением прозападным (антикремлевским), этот союз пользовался поддержкой сотен НПО, преимущественно американских (см. интереснейший репортаж об этом).

Может ли нечто подобное произойти в России при помощи и с благословения спонсоров иностранных фондов?
 
Перевод : Уголин (Ursa-Tm)

Un 4 novembre en Russie

L’article original a été publie sur Ria Novosti.

*
La Russie a célébré vendredi 4 novembre la journée de l’unité du peuple ou День народного единства. Cette fête de l’unité nationale était célébrée dans la Russie d’avant 1917 et elle l’est à nouveau depuis 2005. Elle commémore l’exploit des milices populaires qui se sont constituées pendant le temps des troubles pour libérer Moscou des envahisseurs polonais, en 1612, sous la direction de Kouzma Minine, un commerçant de Nijni-Novgorod d’origine Tatare et du prince Dimitri Pojarski, descendant de la dynastie des Riourikides.

Le 4 novembre est également une journée de fête d’après le calendrier religieux puisque l’Eglise orthodoxe rend hommage à l’icône de la Mère de Dieu de Kazan qui a aidé le peuple en ces journées difficiles. La réinstauration de cette journée de l’unité du peuple est due au parti Russie Unie qui en a  profité au passage pour évincer la célébration du 7 novembre, jour anniversaire de la Révolution d’Octobre 1917. “C’est nous qui avons soumis le projet de loi proposant d’amender la liste des fêtes et dates historiques” n’a pas manqué de rappeler Boris Gryzlov, président de la Douma (chambre basse du parlement russe). La capitale russe a donc comme l’ensemble du pays célébré cette journée d’unité populaire de façon politique, puisque toutes les composantes du paysage politique russe se sont manifestées hier lors de grands rassemblements, mais en exprimant des conceptions de la Russie réellement différentes.
Il y a d’abord Russie Unie bien évidemment, principal parti politique de Russie, qui a réussi à mobiliser des dizaines de milliers de partisans à travers le pays, par exemple 8.000 à Khabarovsk, 5.000 à Kourgan, 3.000 à Maïkop ou Iekaterinbourg, ou plus de 10.000 à Saint Petersburg. Dans la capitale russe, près de 32.000 personnes ont participé à la journée d’action, dont 10.000 supporters du parti Russie unie qui se sont rassemblés au mont de la victoire dans l’ouest de la capitale. Le maire de la ville a insisté lors de son discours sur la nécessaire unité du pays, au-delà des différences ethniques ou confessionnelles, et sur la nécessaire lutte contre les tentatives de division du pays sur ces mêmes critères. Un discours assez similaire a celui du président russe Dimitri Medvedev qui a insisté sur le fait que la Russie doit “garder son énorme avantage – la paix interethnique” et également que “le patriotisme, le sens civique et l’amour de la Patrie sont les valeurs fondamentales qui ont toujours cimenté l’Etat russe multinational”. Russie Unie n’est pas le seul parti à avoir fait descendre dans la rue ses partisans.
Il y a eu dans tous ces rassemblements un petit avant goût de campagne électorale. Le parti libéral démocrate a rassemblé 2 à 3.000 de ses supporters dans le centre de la capitale sous le slogan “le LDPR pour les russes”. Son leader Vladimir Jirinovski a également insisté sur l’importance pour les russes de bien connaître l’histoire de leur pays. Le parti communiste, pour sa part, a attendu le 7 novembre pour commémorer l’anniversaire du déclenchement de la révolution d’octobre, une manifestation sur fond de crise du capitalisme mondial qui devrait a rassemble quelques milliers de supporters dans le centre ville. L’opposition libérale s’est elle aussi manifestée, mais à Kazan, où le mouvement a présenté son programme pour les élections législatives de décembre dans les 18 langues maternelles des petits peuples de la fédération de Russie, sous le slogan “La Russie a besoin de changement”.
Les organisations de jeunesse ont également participé à des actions. 1.500 activistes de “Jeune Russie” (branche jeunesse de Russie Unie) dont des représentants de plus de 100 minorités du pays ont participé à un don de sang sous le slogan “nous sommes tous du même sang” afin de montrer l’unité des multiples nations qui composent la Russie. Le mouvement Nashi a de son côté rassemblé prés de 15.000 jeunes en invitant tous les citoyens de la fédération qui aiment le pays, souhaitent y vivre et respectent la loi à se joindre à eux. Les leaders de l’association ont défendu le modèle multiculturel russe et s’en sont vigoureusement pris aux appels à arrêter de financer le Caucase ou à donner l’indépendance aux républiques musulmanes du pays, ce qui pourrait d’après eux aboutir à une crise aussi terrible que l’effondrement de l’URSS. Enfin le mouvement de jeunesse Eurasien a réuni prés d’un millier de militants sous les slogans: “Pour l’Empire russe!”, “Pas de Russie sans Caucase” ou encore “Orangisme – ennemi de la Russie”.
A contre courant de toutes ces démonstrations unitaires, dans le sud est de la capitale, une quarantaine de mouvements ultranationalistes russes ont rassemblé prés de 7.000 personnes sous les slogans “la Russie aux Russes, l’Europe pour les Blancs!” et “Il est temps d’arrêter de nourrir le Caucase”. Les organisateurs ont clairement appelé à donner l’indépendance à certaines régions musulmanes turbulentes du Caucase, comme la Tchétchénie ou le Daguestan. Comme à l’accoutumée ce rassemblement à eu les faveurs de la presse française qui n’a pas manqué d’y consacrer ses gros titres mais qui a omis de mentionner la présence de représentants francophones de la mouvance ultranationaliste française, ainsi que le fait que ces ultranationalistes russes s’en sont vigoureusement pris à Vladimir Poutine et à Russie Unie. De façon surprenante, ils pouvaient compter pour cela sur la présence du désormais célèbre bloggeur Alexeï Navalny, réputé libéral, et que la presse française nous avait pourtant présenté comme un héros et un chantre de la lutte contre la corruption en Russie. Expliquant sa présence à ce rassemblement aux tendances clairement racistes, Navalny a déclaré à l’AFP: “Bien sûr, il y a une jeunesse radicale ici. Notre tâche est de l’éduquer”.
On peut se poser beaucoup de questions sur l’existence de ces groupuscules qui ont des idées de divisions et séparations territoriales, et surtout quels intérêts ils servent. Je me demande bien ce qu’un libéral comme Alexeï Navalny pouvait bien faire au milieu de skinheads et surtout qui est ce “on” dont il parle, qui devrait éduquer (le terme est intéressant) ces ultranationalistes. Moscou et le problème du Caucase ne sont pas les seuls visés puisque en Sibérie ou a Belgorod ont également eu lieu des rassemblements (de faible importance) de régionalistes-nationalistes-séparatistes (?) appelant à la sécession de Moscou et dénonçant le Kremlin. On se souvient qu’en Serbie en 2000 et en Ukraine en 2004 les révolutions de couleurs, soit  disant spontanées et démocratiques, ont commencé avec les mêmes ingrédients. Elles ont fortement bénéficié de l’énergie des jeunes nationalistes pour renverser des régimes désignés comme crypto-soviétiques. Une curieuse alliance s’était mise en place, entre un courant ultranationaliste et un courant occidentaliste (anti-Kremlin), l’ensemble bénéficiant du soutien de centaines d’ONG principalement américaines (voir à ce sujet cet excellent reportage).

Мой драгоценный вид на жительство!

Оригинальная статья была опубликована в РИА Новости

*
Несколько дней назад мне позвонил
друг. Это француз, который живет в России и работает как фрилансер, не являясь
сотрудником местной компании. Он осуществляет различные виды деятельности, и
многие годы живет в России по 
деловым визам.
Он хотел знать, с чего нужно начать, чтобы получить разрешение на временное
проживание. Вопрос актуальный: деловые визы давали возможность постоянного
проживания в России до ноября 2007 года, когда российская администрация
применила к выходцам из ЕС принцип взаимности по условиям пребывания.


Пояснение: в течение последних лет российские власти неоднократно предлагали
властям ЕС упростить формальности для туристов и трудовых мигрантов, но
европейские власти остались глухи, что и стало корнем проблемы. Таким образом,
с 2007 года деловые визы, выданные гражданам ЕС, включают условие о запрете их
владельцам проживать в России более 90 календарных дней в течение 180 дней. Головная
боль для многих европейских, а также иностранных компаний, которые ранее
использовали этот способ для приглашения на работу иностранцев без получения
для них разрешений на работу, что позволяло избежать расходов и сложных
административных процедур.

Принятие этого закона в ноябре 2007 года и финансовый кризис в 2008 году
значительно усложнили ситуацию для иностранных компаний в России, побуждая их
урегулировать статус своих иностранных работников, или же нанимать на работу
россиян. Результат: все больше европейцев предпочитают узаконить свое положение
в России, получая вид на жительство. Жизненная ситуация (читайте об этом
интереснейшее интервью с Гийомом Дюбюи в последнем номере “Courrier de Russie”) и/или брак, и/или экономические
перспективы часто являются причинами, которые подталкивают многих европейцев в
этом направлении.

Разрешение на работу, разрешение на временное пребывание, вид на жительство,
въездная виза, выездная виза, приглашения, разрешения и обязательная
регистрация часто представляют собой малопонятный лабиринт для иностранцев,
которые еще не говорят по-русски. О чем идет речь и как становятся резидентом в
этом новом far-est?

Самый простой способ ― это приехать в Россию с трехмесячной возобновляемой
деловой визой для того, чтобы искать / найти работу. Компания, которая вас
нанимает, должна теоретически иметь необходимые квоты, то есть возможность
получить для вас разрешение на работу в России (как иностранцу). Это позволит
вам получить приглашение, а затем рабочую визу и связанное с этой визой
разрешение на работу. Это разрешение действительно в течение года. Если вы его
получили, вы можете с облегчением сказать «Уф», все в порядке, теперь вы можете
в течение года на законных основаниях жить и работать на территории Русского
Федерации.


Небольшая существенная деталь: регистрация осуществляется вашим предприятием и
является обязательной. Внимание, в случае отставки или увольнения предприятие
отменяет вашу регистрацию и отменяет разрешение на работу, у вас остается
только виза. В последнее время иностранные специалисты имеют возможность
получения долгосрочной визы (3 года) в целях упрощения трудовой
миграции и приезда в страну квалифицированных иностранных специалистов.

Этот год работы может хорошо пройти, и если вы выживете
в Москве
, вы найдете в ней волнующую и захватывающую жизнь и… конечно,
Любовь! Русские женщины славятся своей невероятной красотой и женственностью, и
эта репутация вполне заслуженная. Франко-российская дружба имеет давнюю
историю, французы отнюдь не самые непопулярные иностранцы, а волшебство «French
touch» творит чудеса! И вот вы женаты, у вас есть разрешение на работу и
желание интегрироваться в этой великой стране, которой является Россия, что
дальше?

Следующим шагом является получение вида на жительство, которое по-русски
называется «разрешение
на временное проживание»
. Этот штамп в паспорте позволяет вам пребывать на территории
Российской Федерации в течение трех лет и иметь регистрацию во время
трехлетнего срока действия документа. Эта виза предполагает некоторые
ограничения при пересечении границ. Во-первых, требуется выездная виза (действительная
в течение всего срока визы, то есть три года), которую вы должны использовать
при каждом выезде с территории России. Эта виза также требует заполнениямиграционной
карты
 при каждом въезде на российскую территорию, что является своего
рода регистрационным документом вашей визы на территории России. Наконец, я
уточняю, что в глазах российского закона это разрешение на временное проживание
не дает вам статуса резидента.

Но оно позволяет вам получить разрешение на работу сроком на три года, без
обязательной привязки к нанимающей вас компании. Начиная с этого момента, ваш
профессиональный статус приближается к статусу работников из стран СНГ, и уже
притягивает вас на восток и немного удаляет от запада. Вы постепенно
продвигаетесь к административной ассимиляции, которую вам следует, параллельно,
дополнить ассимиляцией языковой и культурной. Через год после получения этой
визы, вам будет необходимо подать налоговую декларацию и подтвердить, что в
течение последнего года вы провели не менее 180 дней на территории Федерации.

Приближается важный момент, потому что с этим документом вы можете сделать
следующий шаг, чтобы получить вид на жительство. Этот документ дает статус резидента,
действует в течение пяти лет и является совершенно оригинальным, потому что это
настоящий паспорт для иностранца, выданным Российской Федерацией, а не
просто штампом в вашем паспорте. Эта документ освобождает вас от практически
любых ограничений, вы больше не нуждаетесь ни в рабочей визе, ни в миграционной
карте при въезде в страну, ни даже в выездной визе. Вам просто нужно раз в год
декларировать ваши доходы. Что касается работы, теперь ваш статус на рынке
труда эквивалентен статусу белоруса. С административной точки зрения вы почти
обладаете правами российского гражданина, за исключением избирательного права.

Получить эти два документа можно через специализированные учреждения, но также
напрямую через ФМС (Федеральную миграционную службу) вашего района, если вы
достаточно хорошо говорите по-русски и немного авантюрист. Вопреки тому, что
говорят здесь или там, все осуществимо в соответствии с законом и без взяток
кому-либо. Тем не менее, процедура может включать осложнения, непредвиденные
ожидания и сюрпризы неожиданные или даже неприятные. Трудности, которые могут
заставить некоторые чувствительные души биться головой об стену, если не
больше, в то время как более сильные будут принимать свои беды терпеливо,
особенно после многих часов ожидания зимой в местах, не обязательно
отапливаемых, когда температура приближается к -20º.

Постсоветская организация миграционной службы, в сочетании с относительной
суровостью служащих, которые там работают (и специальностью которых является
постоянное требование документов, не указанных в списке), является, на мой
взгляд, самым серьезным опытом для тех, кто хочет реальной интеграции в стране.
Трудность подачи документов придает им почти сентиментальную ценность,
возможно, первое проявление интеграции. Но даже после подачи документов,
тревога охватывает вас и не отпускает, потому что в России не интегрируешься
мгновенно, страна не гостиница и ничто в ней не достигается окончательно. К
тому же страна является жертвой своей популярности и запросы на предоставление
разрешений на работу, временное проживание и видов на жительство становятся все
более многочисленными. Я добавлю, что если вы женаты, вы ― вне квот, независимо
от количества заявок, миграционная служба будет их рассматривать, включая вашу.
Не состоя в браке, вы можете подать заявление на получение вида на жительство,
но, к примеру, в Москве выдана тысяча трехлетних разрешений, тогда как в месяц
подается от 7.000 до 9.000 заявок. После получения вида на жительство,
возобновляемого сколько угодно раз, вы становитесь почти гражданином России.
Единственный шаг, который возможно вам останется, это получение российского
гражданства. Однако вам будет нужно сначала отказаться от вашего
первоначального гражданства. Но если вы уже дошли до этого этапа, вам, без
сомнения, уже не нужны мои советы…



Перевод : Уголин (Ursa-Tm)

Mon précieux permis de résidence!

L’article original a été publie sur Ria Novosti.

*
Un ami m’a téléphoné il y a quelques jours. C’est un français qui réside en Russie et qui ne travaille qu’en freelance, sans être salarié par une société locale. Il a diverses activités et est basé en Russie depuis de nombreuses années en utilisant des visas d’affaires. Il voulait savoir par quelle démarche commencer pour obtenir un permis de résidence. La question est d’actualité: Les visas d’affaires permettaient de résider en Russie de façon permanente jusqu’à novembre 2007, date à laquelle l’administration russe a appliqué aux ressortissants de l’Union Européenne un principe de réciprocité sur les conditions de séjour.

Explication: A plusieurs reprises pendant les dernières années, les autorités russes ont proposé aux autorités de l’UE une simplification réciproque des formalités de séjour pour les touristes et les travailleurs migrants, mais les autorités européennes ont fait la sourde oreille, c’est la racine du problème. Ainsi, depuis 2007, les visas d’affaires délivrés aux ressortissants de l’UE comportent une clause interdisant à leurs titulaires de résider en Russie plus de 90 jours d’affilée par tranche de 180 jours. Un casse tête pour nombre d’européens et aussi pour nombre de sociétés étrangères qui utilisaient jusque là cette méthode pour faire travailler des étrangers sans leur obtenir de permis de travail, afin de s’épargner dépenses et démarches administratives compliquées.
Le vote de cette loi en novembre 2007 et la crise financière en 2008 ont considérablement alourdi la situation des sociétés étrangères en Russie en les incitants soit à régulariser la situation de leurs salariés étrangers, soit à préférer l’embauche de russes. Conséquence: De plus en plus d’Européens choisissent de régulariser leur situation en Russie en devenant résidents permanents. Choix de vie (lire à ce sujet la passionnante interview de Guillaume Dubuis dans le dernier courrier de Russie) et/ou mariage, et/ou débouchés économiques sont souvent les raisons qui poussent nombre d’européens dans cette direction.
Permis de travail, permis de séjour, permis de résidence, visa d’entrée, visa de sortie, invitations, autorisations et enregistrement obligatoire représentent souvent un labyrinthe incompréhensible pour des étrangers qui ne sont pas encore russophones. De quoi s’agit-il et comment devient-on un résident dans ce nouveau far-est?
La méthode la plus simple est de venir en Russie avec un visa business de 3  mois renouvelable, afin d’y chercher/trouver  un travail. La société qui vous emploiera doit théoriquement avoir les quotas nécessaires, c’est-à-dire pouvoir vous obtenir une autorisation de travail en Russie (en tant qu’étranger). Cette autorisation de travail vous permet d’obtenir une invitation de travail, aboutissant à l’obtention d’un visa de travail et du permis de travail lié à ce visa. Ce permis est valable un an. Si vous l’obtenez vous poussez un “Ouf” de soulagement et ça y est vous pouvez désormais séjourner et travailler légalement sur le territoire de la Fédération de Russie pendant un an.
Petit détail important: l’enregistrement est fait par votre société et il est obligatoire. Attention, en cas de démission ou de licenciement, la société vous désenregistre et fait annuler votre permis de travail, vous ne gardez donc que le visa. Depuis peu, les spécialistes étrangers bénéficient de visas longue durée (3 ans) et ce afin de faciliter la migration professionnelle et l’installation d’étrangers qualifiés dans le pays.
Cette année de travail peut aussi bien se passer et si vous survivez à Moscou, vous pourrez sans doute y trouver une vie exaltante et passionnante et… L’amour bien sur! Les femmes russes sont réputées pour leur grande beauté et leur incroyable féminité et cette réputation n’est pas usurpée. L’amitié franco-russe étant ancienne, les Français ne sont pas les étrangers les plus mal vus, c’est la magie de la “French touch” qui opère! Vous voilà donc marié, titulaire d’un permis de travail et avec une envie de vous intégrer un peu plus dans ce grand pays qu’est la Russie, comment faire?
L’étape suivante est l’obtention d’un permis de séjour, appelé en russe le “разрешение на временное проживание“. Ce tampon dans le passeport vous autorise à séjourner sur le territoire de la Fédération de Russie pendant trois ans et de bénéficier d’un enregistrement pour les trois ans de validité du document. Ce visa de séjour comporte malgré tout quelques restrictions pour le franchissement des frontières. Tout d’abord il nécessite un visa de sortie (valide pour la durée du visa de séjour soit trois ans) et qu’il vous faut utiliser à chaque sortie du territoire russe. Ce visa nécessite également de remplir la carte de migration à chaque entrée sur le territoire russe, qui est en quelque sorte le document d’enregistrement de votre visa sur le territoire de la Fédération de Russie. Enfin je précise que ce permis de séjour ne vous attribue pas le statut de résident aux yeux de la loi russe.
Mais il vous permet d’obtenir un permis de travail valide pour trois ans, sans que celui-ci ne soit forcément lié à la société qui vous emploie. A partir de là, votre  statut professionnel s’apparente au statut des travailleurs de la CEI, et déjà il vous tire vers l’est et vous éloigne un peu de l’ouest. Vous glissez doucement vers une forme d’assimilation administrative, à vous de faire suivre, en parallèle, l’assimilation linguistique et culturelle. Un an après avoir reçu ce visa de séjour, il vous faudra faire votre déclaration de revenus et confirmer que vous avez bien passé au moins 180 jours sur le territoire de la fédération durant  l’année écoulée.
Le grand moment approche puisqu’avec ce justificatif, vous pouvez demander à passer à l‘étape suivante pour obtenir le permis de résidence ou “Вид на жительство“. Ce document confère le statut de résident, est valable cinq ans et est tout à fait original puisqu’il s’agit d’un véritable passeport pour étranger délivré par la Fédération de Russie, et non plus d’un simple tampon dans votre passeport. Ce sésame vous libère de quasiment de toute contrainte, vous n’avez désormais plus besoin ni de visa de travail, ni de carte de migration à l’entrée du territoire ni même de visa de sortie. Il vous faudra juste une fois l’an déclarer vos revenus. A titre professionnel, vous avez désormais un statut équivalent à celui d’un biélorusse sur le marché du travail. A titre administratif vous avez quasiment les droits d’un citoyen russe, hormis le droit de vote.
L’obtention de ces deux derniers documents peut se faire via des agences spécialisées mais également en direct au FMS (Service fédéral des migrations) de votre quartier, pour qui est suffisamment russophone et un tant soit peu aventurier. Contrairement à ce qui se raconte ici ou là, tout est faisable conformément à la loi, et sans payer aucun pot de vin à qui que ce soit. Pour autant la procédure peut comporter des rebondissements, des attentes imprévues et réserver des surprises inattendues, voire désagréables. Des difficultés qui devraient pouvoir amener certaines âmes sensibles à se cogner la tête contre les murs si ce n’est plus, pendant que les plus solides rongeront leur frein en prenant leur mal en patience, surtout après des heures et des heures d’attente en hiver dans des endroits pas forcément chauffés, et alors que la température avoisine les -20 degrés.
L’organisation postsoviétique de ce service des migrations, couplé à la relative dureté des fonctionnaires qui y travaillent (et  qui ont pour spécialité de demander en permanence des documents ne figurant pas sur les listes données au départ) sont à mon sens la plus solide expérience pour qui souhaite une intégration réelle dans le pays. La difficulté de dépôt du dossier confère une valeur quasi-sentimentale à ces documents, sans doute la première manifestation de l’intégration. Pourtant même après dépôt, l’angoisse vous saisit et ne vous lâche pas car on ne s’intègre pas en Russie sur un claquement de doigts, le pays n’est pas un hôtel et rien n’y est jamais définitivement acquis. Le pays est de plus victime de sa popularité et les demandes de travail, séjour et résidences sont de plus en plus nombreuses. J’ajoute qu’en étant marié vous êtes hors quotas, peu importe le nombre de demandes, le service des migrations les traitera, y compris la votre. Sans être marié, vous pouvez faire la demande d’obtention mais a titre d’exemple, un millier de permis de séjour trois ans sont délivrés à Moscou, alors qu’il y a entre 7.000 et 9.000 demandes par mois. Après réception de ce permis de résidence, renouvelable indéfiniment, vous êtes presque un citoyen de la Fédération de Russie. La seule étape qui peut vous rester est l’obtention de la nationalité russe. Pour en arriver là, il  vous faudra d’abord renier votre nationalité d’origine. Mais si vous en êtes déjà arrivé à ce point, c’est que vous n’avez sans doute plus besoin de mes conseils…

Russie : malgré les apparences, Dimitri Medvedev a toujours été fidèle à Poutine

Retour sur la future passation de pouvoir entre Vladimir Poutine (qui redeviendra Président) et Dimitri Medvedev (qui passe de la présidence au poste de Premier ministre). Un duo souvent incompris en Occident…

Contrairement a ce qui a été affirmé jusqu’à présent le tandem qui dirige la Russie n’a pas éclaté. Au contraire, celui-ci n’a jamais paru aussi solide. Les affirmations des kremlinologues sur une tension évidente entre l’actuel président, Dimitri Medvedev, et son Premier ministre Vladimir Poutine se sont avérées pour l’instant totalement fausses. Le président Dimitri Medvedev, qui dirigeait le comité électoral de Vladimir Poutine en 2000 pour sa première élection est en effet un fidèle allié de ce dernier. Le choix de Vladimir Poutine de désigner Dimitri Medvedev comme son successeur de 2008 à 2012 ne tient pas non plus au hasard.

Dimitri Medvedev a expliqué lors du dernier congrès de Russie Unie que ce plan de partage du pouvoir pour 2018 était un accord passé entre eux il y a cinq ans, soit avant qu’il ne devienne président. Cet accord a donc juste été maintenu et appliqué. Dimitri Medvedev ne s’est pas laissé influencer par des conseillers ambitieux qui l’incitaient à se présenter « au forcing » en s’opposant à Vladimir Poutine. Il a au contraire joué la fidélité et est resté dans ses fonctions de président souverain, ce qui s’est confirmé ces derniers jours, avec la démission musclée du Ministre des finances, Alexei Koudrine, pourtant réputé proche de Vladimir Poutine. Pour la petite histoire, ce dernier reprochait au soi disant libéral Medvedev de vouloir trop augmenter le budget militaire.

Dans un autre ordre d’idées, un des conseillers de Dimitri Medvedev a lui simplement estimé que la candidature de Vladimir Poutine était le pire qu’il pouvait arriver à la Russie. Preuve qu’il y a une certaine liberté d’expression même au cœur du pouvoir russe.

Les théories qui prévoyaient un début de retrait de la vie politique de Vladimir Poutine se sont également avérées erronées. En effet, âgé de 60 ans en 2012, il n’aura donc que 66 ans en 2018 en cas de réélection soit seulement 1 ans de plus que Jacques Chirac en 2007 à la fin de son second mandat. En cas de réélection l’année prochaine, Vladimir Poutine en 2018 aura régné 14 ans comme président, soit autant que François Mitterand de 1981 à 1995. Vladimir Poutine est de très loin (toutes les enquêtes et sondages l’ont confirmé) l’homme politique russe le plus populaire de la décennie. Alors bien sûr de nombreuses interrogations restent en suspens, notamment la question du remplacement de l’actuel ministre des Finances, un poste au combien important sur fond de crise financière mondiale.

Le score du parti Russie-Unie aux élections législatives de décembre prochain sera également important avant la présidentielle. Transformé en « Front Populaire », Russie Unie présente presque 1/3 de candidats issus de la société civile (sportifs, bikers, hommes d’églises..). Le résultat des élections sera donc un bon indicateur de la façon dont les citoyens russes perçoivent la potentielle réélection de Vladimir Poutine. Après tout, dix ans après son arrivée au sommet de l’état, une guerre, des attentats et une grave crise économique, celui-ci jouit encore d’un taux de popularité supérieur à 60%.

Poutine, Medvedev : prophètes en leur pays

En 2012, les Russes devront élire un président. Dans un article précédent publié dans Atlantico, Cécile Vaissié contestait le caractère démocratique de cette élection. Blogueur spécialisé dans la région, Alexandre Latsa lui répond. Selon lui, “Les électeurs russes sont libres et les résultats électoraux conformes a la volonté populaire”.

Alors que la Russie se prépare aux prochaines échéances électorales, qu’en est-il de la situation politique ? Tout d’abord il faut revenir en arrière pour bien comprendre la situation. Un an après l’élection de Vladimir Poutine en mars 2000, alors que le pays sort d’une décennie de chaos et d’une crise économique terrible qui a détruit l’économie et ruiné le peuple, un parti de gouvernement est créé, Russie-Unie. Ce parti est destiné à structurer l’action politique du nouveau pouvoir russe, avec un objectif simple : reconstruire la Russie pour en faire un état souverain. Le préambule du manifeste de Russie Unie l’explique en ces mots : « Russie Unie est le parti du succès de la Russie, le parti du redressement de tout le pays ».

Tout au long de la dernière décennie, le parti va globalement susciter l’adhésion de la majorité des électeurs russes. Pourquoi ? Le système politique instauré s’est accompagnée d’un réel décollage économique qui se traduit par la baisse de la pauvreté, par l’apparition d’une classe moyenne russe ou encore par des hausses régulières et indexées des pensions et retraites. Pour les Russes qui n’ont jamais été aussi riches qu’aujourd’hui, la corrélation est facile à faire. Les chiffres ne mentent pas, Russie Unie à obtenu 40 % aux législatives de 2003 et 64 % aux élections de 2007. Le candidat de Russie Unie a la présidentielle a lui obtenu 52 % en 2000 et 70 % en 2004 et 2008.

Une maturation politique difficile et tardive

Pour la majorité des Russes, la stabilité et l’ordre priment sur l’idéologie, surtout après le terrible désordre des années 1990. Ce n’est d’ailleurs qu’en 2009 que Russie Unie, parti centriste, a défini sa ligne politique. Un programme a été défini par les trois clubs de pensée du parti : social-conservateur, libéral-conservateur et étatique-patriotique. L’idéologie officielle du parti (le conservatisme russe) a été pour la première fois indiquée. Pourquoi seulement maintenant ? Car jusqu’à récemment, il fallait lutter pour conserver l’État.

C’est aussi pour cette raison que les partis dit libéraux ou d’opposition sont très ouvertement décriés car ouvertement assimilés au chaos des années 1990 et à l’immixtion étrangère, n’étant pas considérés comme ayant participé à la reconstruction nationale. Leur poids électoral n’a cessé de baisser: 12 % aux élections législatives de 1993, 7 % aux élections législatives de 1995 et 1999, 4 % en 2003 et 2 % en 2006 (à comparer au 1,5 % du candidat libéral à l’élection présidentielle du 2 mars 2008).

En outre, le permanent soutien affiché de pays étrangers à cette soi disant opposition libérale (dont le peuple russe ne veut clairement pas) a considérablement parasité et ralenti la maturation de la scène politique russe. Au sein des partis de gouvernements, le spectre politique est aujourd’hui très large mais le débat n’est pas public et surtout il est loin des influences extérieures. La naissance des partis Juste Cause (libéral de droite et qui englobe un des partis d’opposition libérale) et Russie juste (parti de gauche tendance socialiste) sont sans doute des indicateurs d’un embryon d’élargissement de la vie politique russe, et de sa transformation vers un bipartisme ou un tripartisme.

Les résultats électoraux conforme à la volonté du peuple russe

Comparer les intentions de vote avant les élections et le résultat de ces élections est intéressant. En 2008, deux mois avant les élections prés de 80% des électeurs déclaraient souhaiter voter pour Dimitri Medvedev, celui-ci obtenant au final 72%. Même scénario lors de la précédente présidentielle de 2004 ou Vladimir Poutine était crédité de69,3% des voix avant les élections, il a finalement obtenu 71%.

Bien-sûr on assiste à des polissages électoraux dans certaines régions, (principalement dans certaines parties du Caucase) mais cela ne représente qu’un pourcentage infime du corps électoral russe. Les électeurs sont donc libres et les résultats électoraux conformes a la volonté populaire. Contrairement à ce que l’on peut souvent lire ça et la, les faits sont têtus, l’adhésion au tandem dirigeant reste très élevée en Russie, récemment interrogé (juillet dernier) 69% des électeurs indiquaient souhaiter voter aux prochaines élections de l’automne 2011 pour Russie Unie.