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Notre fédération est eurasienne, notre emblème l’aigle à deux têtes
Notre fédération est eurasienne.
Notre emblème est l’aigle à deux têtes. Depuis des siècles, nous sommes à la fois Européens et Asiatiques, Russes et Tatars, chrétiens et musulmans.
Nous sommes aujourd’hui majoritairement des Russes orthodoxes, mais aux temps médiévaux nous étions des Asiatiques convertis.
Ceci n’est pas une réponse dilatoire, mais une réalité indiscutée qui a formé notre identité.
Lorsque les Tatars et les Caucasiens nous défendirent, leurs chefs furent annoblis. Ils n’étaient pas traités comme des colonisés, mais étaient les égaux des aristocrates russes. Ils avaient même des serfs russes. Les Anglo-Saxons n’ont jamais été capables de concevoir cela. Vous imaginez des Lords indiens avec des domestiques anglais ?
Что же не понравилось Лоре Мандевиль?
Cet article a été traduit et reproduit sur le site de la fondation Stoletie. Je me permets de le retranscrire ci dessous :
Не так давно в «Фигаро» прошел материал о Наталии Нарочницкой, которая возглавила российский Институт демократии и сотрудничества, призванный изучать проблемы западноевропейской демократии, а также проблемы, с которыми сталкиваются русские, проживающие в странах Восточной Европы.
Статья, прямо скажем, далеко нелестная в отношении г-жи Нарочницкой, где ее называют: «пассионарией нового российского национализма, одновременно активно поддерживающей теорию заговора Запада, направленного на изоляцию России»! Ни больше, ни меньше…
Действительно, для окрасившейся в оранж «Фигаро» поддержка политики сдерживания в ее нынешнем обновленном виде является самоцелью, не говоря уже о критике в адрес В. Путина, источаемой А. Глюксманом, всегда готовым вывернуть все наизнанку.
Идея создания подобного института, пишет «Фигаро», сродни старым фильмам советской пропаганды (цитата: дабы продемонстрировать, что не только при развитом социализме бывают очереди, по телевизору показали вереницу парижан перед булочной Пуалан). Дальше больше: оказывается, инициатором создания института является сам В. Путин, о чем им было заявлено в ходе саммита Россия-ЕС в октябре прошлого года. Подумать только! Обрушившись с критикой на страны альянса, уже привыкших всех поучать, он решил, что Европе следовало бы лучше сконцентрироваться на своих собственных проблемах меньшинств и демократии вместо того, чтобы посылать наблюдателей для оценки российских выборов!
«Выдвижение подобной инициативы руководителем, который за восемь лет своего президентства полностью нейтрализовал оппозицию, поправ основополагающие свободы, граничило с нахальством», – продолжает Лора Мандевиль. Иной раз задаешься вопросом, отдают ли себе отчет наши журналисты в собственном невежестве, помноженном на бестактност? Хотя понятно, что трансатлантическая лихорадка и реинтеграция Франции в НАТО (этакое возвращение сводни к своему своднику) основательно вскружили им голову.
И Лоре Мандевиль здесь тоже особенно нечем похвастаться, ведь именно она в декабре 2007 г. потешалась над этой идеей В. Путина по поводу создания института…
Идея «весьма забавная» как отметила тогда Лора Мандевиль со “свойственными” ей тонкостью и врожденным даром предвидения. И вот прошло шесть месяцев… Я вообще посоветовал бы ей перечитывать периодически свои статьи, а также побывать наконец в странах Балтии и посмотреть, как обращаются с русскими в Эстонии и Латвии, в этих новых европейских странах. Так не обращаются ни с одним народом в Европе (статус «не гражданина», безработица, административная и социальная дискриминация…), если, конечно, не считать косовских сербов, проживающих отныне в новом государстве, с благословения друзей из «Фигаро» и нашего президента во главе с ними.
Но продолжим, из статьи Лоры Мандевиль мы узнаем, что Наталия Нарочницкая приурочила свой приезд во Францию к выходу своей книги «с эмоциональным названием», где она «замалчивает с практически ревизионистской вероломностью (однако Лор Мандевель тоже трудно упрекнуть в отсутствии эмоций) фундаментально агрессивную природу коммунистического тоталитаризма». Кроме того, Лора Мандевиль обвиняет Наталию Нарочницкую в упоминании о «постоянных геополитических угрозах англосаксов в адрес России», что является, по ее мнению, «осадной параноей пропутинской элиты». Читая о происходящих сегодня в мире событиях, нужно быть Лорой Мандевиль или Андре Глюксманом, чтобы требовать прекращения этой «паранойи» в условиях завоевания Центральной и Восточной Европы англосаксами. Но оставим пока эту тему, уже совсем скоро выйдет специально посвященная ей статья.
Sources : Столетие
Natalia Narotnitcheskaïa et la continuité historique
Sources photos : Pravoslavie.ru
Pour les russophones, je vous incite a également à lire les excellentes analyses de l’institut Stoletie : http://www.stoletie.ru/
Réseau Voltaire : L’administration Bush a réorienté l’essentiel des ressources budgétaires fédérales pour développer ses forces armées au détriment des dépenses sociales. La Stratégie de sécurité publiée par la Maison-Blanche érige le terrorisme international en ennemi principal. Pourtant, au même moment, dans un article publié par Foreign Affairs, le Council of Foreign Relations évoque la possibilité d’une première frappe nucléaire US contre la Russie. Selon vous, à quel ennemi les États-Unis doivent-ils faire face ?
Natalia Narochnitskaya : Le plus grand ennemi des États-Unis, c’est leur pseudo-universalisme politique. Renouant avec une longue tradition, ils se présentent comme « la Nation rédemptrice » (Redeemer Nation). Dèja à l’issue de la Première Guerre mondiale, le président Woodrow Wilson avait choqué le président de la Conférence de Versailles, le Français George Clemenceau, en affirmant que les États-Unis avaient eu l’honneur de sauver le monde.
Comme à l’époque de la IIIe Internationale communiste, ils rêvent d’imposer un modèle au monde, sans égard pour les autres formes de civilisation. Loin de chercher l’harmonie dans la diversité, ils pensent l’humanité en termes simplistes. Ils ignorent le doute cartésien et les angoisses d’Hamlet pour se contenter de Mickey Mouse.
Condoleezza Rice s’exprime avec la même assurance que Nikita Kroutchev à la tribune du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique. Elle ignore les échecs économiques et militaires de son pays pour promettre au monde un avenir qu’elle estime radieux. Pourtant leur système est en faillite. Ils impriment des montagnes de papier-monnaie pour combler des déficits abyssaux. Par le biais du dollar, ils font payer leurs dépenses à leurs alliés comme jadis l’Empire romain collectait un tribu dans ses provinces. Leurs armées essuyent des défaites quotidiennes en Afghanistan et en Irak. Tandis que Cuba, le Venezuela et la Bolivie s’insurgent victorieusement contre leur impérialisme en Amérique latine. Leur impérialisme est trop lourd, il s’essoufle, mais ils sont les derniers à en avoir conscience.
Réseau Voltaire : Ce comportement des États-Unis, bien qu’enraciné dans la doctrine de la Destinée manifeste, n’est-il pas nouveau par bien des côtés ? Doit-on y voir l’influence de politiciens et de journalistes issus de l’extrême gauche comme Paul Wolfowitz ou Richard Perle ?
Natalia Narochnitskaya : Vous avez raison. Il ne s’agit pas seulement d’un entrisme des trotskistes au Parti républicain, mais d’une continuation du marxisme scientifique par les néo-conservateurs. Les mêmes structures de pensée persistent. C’est d’ailleurs pourquoi nos aparatchiks se sont si bien adaptés à leurs nouveaux parrains états-uniens. Ils se sentent spontanément à l’aise avec cette rhétorique.
Pendant la guerre idéologique [la Guerre froide], nous devions apprendre un catéchisme. À la question « Dans quelle époque vivons-nous ? », nous devions répondre « Dans une période de transition du capitalisme au communisme ». Aujourd’hui les dirigeants et les journalistes occidentaux pensent et parlent avec le même simplisme. Ils ont juste remplacé des slogans par d’autres. Si vous leur demandez « Dans quelle époque vivons-nous ? », ils vous répondrons avec le même automatisme « Dans une période de transition du totalitarisme à la démocratie ».
Cet universalisme de pacotille, qu’il s’exprime en termes marxistes scientifiques ou néo-conservateurs, va de pair avec un super-globalisme. Toutes les différences doivent disparaître et le monde doit être gouverné par un organe unique.
Réseau Voltaire : Vous appartenez à un parti politique, Rodina, que la presse occidentale dénigre volontiers en le qualifiant de « nationaliste » et l’on présente aujourd’hui votre pays comme un obstacle à la démocratisation des nouveaux États d’Europe orientale et d’Asie centrale. Quelle est votre conception de l’universalisme ?
Natalia Narochnitskaya : Reconnaître les aspirations communes du genre humain, ce n’est pas nier les cultures. La Fédération de Russie doit contester cette philosophie politique. Et nous sommes légitimes à proposer une cohabitation des identités.
Notre fédération est eurasienne. Notre emblème est l’aigle à deux têtes. Depuis des siècles, nous sommes à la fois Européens et Asiatiques, Russes et Tatars, chrétiens et musulmans. Nous sommes aujourd’hui majoritairement des Russes orthodoxes, mais aux temps médiévaux nous étions des Asiatiques convertis. Ceci n’est pas une réponse dilatoire, mais une réalité indiscutée qui a formé notre identité.
Lorsque les Tatars et les Caucasiens nous défendirent, leurs chefs furent annoblis. Ils n’étaient pas traités comme des colonisés, mais étaient les égaux des aristocrates russes. Ils avaient même des serfs russes. Les Anglo-Saxons n’ont jamais été capables de concevoir cela. Vous imaginez des Lords indiens avec des domestiques anglais ?
Réseau Voltaire : Si le projet anglo-saxon de démocratisation globale n’est pour vous qu’une imposture, comment analysez-vous la politique étrangère des États-Unis ?
Natalia Narochnitskaya : La politique étrangère des États-Unis est anglo-saxonne. Elle poursuit, sous une forme modernisée, la politique de l’Empire britannique. C’est un expansionnisme obsédé par la question des détroits. Une première ligne de pénétration part des Balkans à l’Ukraine pour le contrôle de la mer Egée et de la mer Noire. Une seconde ligne part de l’Égypte à l’Afghanistan pour le contrôle de la mer Rouge, du Golfe persique et de la mer Caspienne. Il n’y a rien de nouveau dans cette stratégie, sinon l’enjeu pétrolier qui l’a relancée.
Réseau Voltaire : Comment expliquez-vous que l’Union européenne se soit ralliée à cette stratégie qui sert uniquement les intérêts anglo-saxons ?
Natalia Narochnitskaya : C’est un aveuglement collectif. Les Européens n’ont rien à gagner et tout à perdre dans ce schéma. Le seul moyen pour l’Europe occidentale de continuer à jouer un rôle politique de premier plan sur la scène mondiale, c’est de s’allier à la Russie. C’est d’autant plus facile que nous sommes beaucoup plus proches culturellement les uns des autres que vous ne l’êtes des Anglo-saxons.
Réseau Voltaire : Certes. Cependant, les Européens n’ont rien à gagner non plus à quitter la suzeraineté d’un impérialisme pour tomber sous la coupe d’un autre.
Natalia Narochnitskaya : Vous vous méprenez. Nous ne sommes pas une autre puissance belliciste. Nous ne cherchons de confrontation avec personne, et surtout pas avec les États-Unis. Comme vous, nous voulons être libres de nos décisions et avoir de bonnes relations avec les États-uniens.
Au demeurant, notre intérêt est d’être pacifique. Notre économie ne réclame pas que nous fassions la guerre. Et dans la situation actuelle, une puissance forte et paisible sera toujours plus attractive qu’une autre belliqueuse. Le monde est interdépendant et le moment est venu de retrouver un équilibre des puissances.
Réseau Voltaire : Permettez-moi de revenir à la question de l’adoption par les Européens de la politique étrangère anglo-saxonne. Comment analysez-vous l’engagement de l’OTAN en Yougoslavie ?
Natalia Narochnitskaya : La politique anglo-saxonne sur le continent européen est un va et vient perpétuel entre la France et l’Allemagne. Elle s’est toujours appuyée alternativement sur l’une et l’autre pour combattre la Russie et les a poussé au conflit l’une contre l’autre pour les affaiblir. La politique de l’OTAN est basée sur l’alliance des Anglo-saxons avec l’Allemagne. Les adhésions à l’OTAN se font selon la carte des ambitions de l’Empereur Guillaume II [Madame Narotchnitskaya sort alors une carte allemande de 1911 que nous n’avons malheureuseement pas pu photographier]. C’est la continuation de la politique de Benjamin Disraeli lors du Congrès de Berlin, en 1878. À l’époque, les Anglais nous avaient obligés à réviser le traité de San Stefano. Ils avaient artificiellement créé des États balkaniques pour satisfaire l’Allemagne. Ils avaient séparés des populations mélangées pour créer des États éthniques et ils avaient en outre décidé de créer une colonie juive en Palestine. De la même manière l’OTAN a pulvérisé la Yougoslavie pour en finir avec les vestiges du bloc soviétique. Elle a créé artificellement des États ethniques. Elle vient de recréer le Monténégro de 1878 et bientôt le Kosovo.
Dans cette stratégie, l’Allemagne n’est qu’un jouet, un État à souveraineté limitée. Il existe en effet un Traité germano-états-unien imposé à l’Allemagne de l’Ouest pendant la période d’occupation et qui n’a pas été abrogé lors de la réunification. Celui-ci comprend des clauses secrètes subordonnant la politique étrangère et de défense de l’Allemagne au bon vouloir de Washington. Ces clauses n’ont été publiquement appliquées que lors de la Guerre du Kippour. Les Etats-Unis avaient installé un pont aérien pour soutenir Israël contre les Arabes. Ils avaient utilisé pour cela leurs bases aériennes en Allemagne. Lorsque Walter Scheel s’y est opposé en faisant valoir la neutralité allemande dans ce conflit, Henry Kissinger l’a remis à sa place. Et l’Allemagne a cédé.
Réseau Voltaire : Pensez-vous que la Fédération de Russie puisse ébranler la domination anglo-saxonne sur le monde ?
Natalia Narochnitskaya : Pour reprendre la célèbre formule du Prince Alexandre Gortchakov, « La Russie se recueille ». Nous modernisons notre société. Nous relevons notre économie. Nous nous préparons.
De Natalia Narotchnitskaïa
L’auteur donne la clé qui sous-tend sa conception du monde lorsqu’elle décrit chez ses compatriotes “un sentiment d’appartenance à une Patrie sacrée qui ne s’identifie pas à l’Etat et relève d’une conscience orthodoxe inscrite dans “une perception de la continuité historique”. Au terme d’une démonstration désireuse de montrer que les responsabilités pour les affrontements et les malentendus des siècles passés sont équitablement partagées, notre historienne invite Français et Allemands, noyau dur “carolingien” d’une avant-garde européenne à tirer un trait sur la guerre froide en ouvrant la voie d’un véritable axe Paris-Berlin-Moscou. Pour commander cet ouvrage, cliquez ici