La revue Conflits m’a interviewé lors de son dernier numéro consacré à la Russie !
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Comme on peut le voir entre 2000 et 2004 on était autour des 25, 27 dollars le baril.
En janvier 2006 soit à moitié du second mandat de Vladimir Poutine le prix du baril de pétrole n’était que de 63, 4578 dollar.
Le baril n’a depassé les 100 dollars qu’en mars 2008 aant de retomber a 43 dollars en décembre 2008.
Ajout du 14 10 2014, jusque 2006 soit a mi-chemin du second mandat Poutine l’energie ne constituait qu’un tiers des revenus du budget federal.
Source : la page FB de Boris Nemtsov
Le 7 avril dernier, Gazprom a rapporté avoir posé le premier tuyau sous la mer Baltique.
Mais également à terme par le gisement Off-Shore de Chtokman, situé dans le nord de la Russie ..
Pour cette occasion, Un compositeur de Saint-Pétersbourg, Anton Loubtchenko, a créé une symphonie baptisée Trilogie industrielle sur le gisement gazier russe Chtokman, la principale source de gaz pour le pipeline Nord Stream, a annoncé vendredi le centre de production Cinemafonika. La Trilogie industrielle est “consacrée aux grands chantiers russes du XXIe siècle – l’exploitation du gisement de Chtokman, la construction d’un pont ferroviaire sur le fleuve Iouribeï (district autonome des Nenets de Iamal), ainsi que la production de gaz à Sakhaline”, rapporte Cinemafonika. La symphonie a été accompagnée d’une projection sur écran géant d’images vidéo spéciales. Le compositeur Loubtchenko, 23 ans, est promu du Conservatoire de Saint-Pétersbourg. Il a également écrit un opéra,”Mowglie”, sur la prise d’otages dans une école de Beslan.
Lundi 5 janvier, Poutine devant toutes les caméras disait qu’il demandait la présence d’observateurs internationaux le long des tuyaux car accusait l’Ukraine (bénéficiant d’un tarif gazier le plus avantageux du continent) de non seulement trainer des impayés mais prélever sur le gaz à destination de l’europe …
Jeudi 7 janvier à la télé française (France24): “La commission européenne a fini par arracher à Poutine l’autorisation de placer ses observateurs le long des tuyaux”. Tout est dit, nos médias cafardeux tentent d’accuser la Russie et pour cela regardez l’actu Google sur l’affaire du conflit Russo-Ukrainien : dès la page 2 regardez les titres accusateurs à l’égard de la Russie et les morts qu’on y retrouve :
– le chantage au gaz de la russie
– poutine ordonne
– la russie coupe le gaz
– les risques de la stratégie Russe
– La russie n’est pas un partenaire fiable
– La Russie souffle le chaud et le froid
– Iouchenko appelle la Russie a reprendre ses livraisons de gaz
– Le chantage de Poutine
– La Russie cesse d’alimenter
– La Russie réduit a nouveau ses livraisons
– La Russie sévit de nouveau (SIC) etc etc etc Rêves t’on ? Sur les 2298 articles recencés par Google, seuls 3 remettent un tant soi peu en cause cette “vérité officielle” :
– la presse Suisse qui relève que c’est “l’Ukraine qui a bloqué l’arrivée des observateurs Européens“
– La presse bretonne via un article absolument remarquable du télégramme “Moscou n’est pas la seule coupable “ (remarquable analyse politique du duo orangiste ukrainien au passage) – Ria Novosti enfin qui affirme que “l’Ukraine veut paralyser le traffic du gaz Russe vers l’Europe”
On pourrait en rire mais il faut plutôt en pleurer ou lire … Dissonance le blog d’Alexandre Latsa, a diffuser le plus possible autour de vous … Il est à noter en ce qui concerne l’Ukraine que les spasmes actuels ne sont que la fin de règne du régime orangiste mis en place par la CIA afin de “tenter” de perturber les relations grand continentales “Euro-Russes”. Tentative qui n’aura pas duré 5 ans, l’état étant en banqueroute, la population affamée, l’Ukraine désormais loin de l’UE et de l’OTAN a cause des âneries bassement politiciennes du grand guignol empoisonné .. Les prochaines élections seront fatales pour les Orangistes ! Ci dessous, en mémo thématique, une carte montrant la position ESSENTIELLE de l’Ukraine pour le transit du gaz ..
Après que l’Iran ait déclaré son opposition, sur des « bases écologiques », à la construction de pipelines sous la Caspienne et qu’elle bloquerait toute délimitation des fonds marins le permettant ainsi que la décision de Bakou de ne pas soutenir le projet NABUCCO de pipeline favorisé par l’Ouest, Moscou peut se prévaloir de sa première victoire politique importante après la guerre de Georgie.
Après la résolution des crises Ukrainiennes et BiéloRusse en 2006 (pays essentiels pour le transit), l’Ukraine va dès 2009 acheter le gaz au prix Européen et Gapzrom a acquis en BiéloRussie 50% de la principale société Biélorusse Beltransgaz.
Malgré tout, Gazprom cherche à rassurer les Européens, pour preuve la très récente proposition de Dmitri Medvedev de créer des consortiums gérant les conduits de transit, avec la participation de la Russie, de l’Union européenne et des pays transitaires.
Le projet, baptisé Denali, pourrait transporter 113 millions de m3 par jour, depuis le gisement de North Slope en Alaska jusqu’à l’Alberta (Canada) puis, via un second gazoduc, vers le reste des Etats-Unis. Ce projet (d’un coût final de plus de 20 milliards de dollars) serait l’un des plus grands projets privés jamais réalisés en Amérique du Nord.
La route Eurasiatique de l’énergie : la conquête de l’orient
Cette redistribution énergétique vers l’Asie pourrait même selon certains spécialistes amener à ce que d’ici 10 à 15 ans la Russie abandonne l’Europe pour ne se consacrer qu’à l’Asie.
Pour ce faire, la Russie va établir de nouveaux centres de production de gaz sur la péninsule de Yamal, en Sibérie orientale et en Extrême-Orient.
C’est dans les derniers mois que le président Poutine à signé avec la Bulgarie et la Serbie deux accords absolument fondamentaux avec la Bulgarie tout d’abord qui a accepté une participation à South Stream envers et contre ses fraîches ambitions Européennes, mais avec la Serbie surtout, puisque le rachat de 51% du capital de la société Serbe NIS a été doublé d’une assurance que la Serbie serait sur le parcours de South Stream, route nord ouest. Le ministre Italien Pierluigi Bersani avait souligné que l’accord représente “un nouvel élément dans la stratégie de renforcement de la sécurité énergétique de l’Italie et de l’Union européenne“. South Stream, en effet, traduit parfaitement les axes de la nouvelle politique énergétique Russe : être libérée des contraintes et des influences géo-territoriales « jugées hostiles », colorées (Ukraine ou Guam) ou encore Américano-Turques (OTAN hors Europe) et créer une « route orthodoxe du gaz ». Le projet North Stream (un pipeline sous marin direct entre la Russie du nord et l’Allemagne de plus de 1200 km pour une capacité de 25 milliards de mètre cube délivrés par an) confirme cette volonté du Kremlin de développer des accords bilatéraux avec les pays de l’Union et de passer outre les intermédiaires jugés peu fiables (Ukraine dans le premier cas, et Pologne et pays Baltes dans le second). Il faut souligner quelques éléments essentiels : l’Allemagne, comme l’Italie ne s’embarrassent pas de l’opinion de leurs voisins proches (France pour l’Italie ou Pologne pour l’Allemagne) ; ces états freinent leur mission au sein de l’OTAN, mais développent leur partenariat stratégique direct avec la Russie, qu’ils estiment à juste titre sans doute être « le » partenaire clef pour leur sécurité énergétique. Cette position géopolitique et géo-stratégique pragmatique est à comparer avec la position de la France qui va dans le sens contraire.
En effet notre obsession biblique des « droits de l’homme » vient de nous faire nous opposer le droit de veto de la Turquie (on croit rêver) à participer à Nabucco et nous bride à faire le choix South Stream. Dans le même temps, notre pays se dirige vers une ré-intégration au coeur de l’OTAN, vers de nouvelles guerres au coté de l’oncle Sam. L’Europe a pourtant aujourd’hui le choix suivant : soit choisir l’Asie centrale post Soviétique, via la Russie pour son approvisionnement, soit faire le choix d’un approvisionnement Irano-Turc, via le caucase et les pays du Guam (Georgie, Azerbaidjan .. ) en conflits larvés avec la Russie ! On comprend bien la volonté de l’Amérique d’ancrer la dépendance énergétique de l’UE à des pays comme la Turquie, membre de l’OTAN et candidat à l’Union, tout comme l’Ukraine et la Georgie le sont à l’intégration au sein de l’OTAN. Si l’Iran fournit aujourd’hui 15% du gaz de l’UE il semble risqué d’augmenter la dépendance de l’UE envers ce pays pour des raisons de tensions évidentes avec l’Amérique. En cas de conflit, les pays de l’Union se voyant « contraints » de participer à une agression armée anti-Iran pour sécuriser leur approvisionnement énergétique. On peut se demander si ce n’est pas la la principale raison pour laquelle l’Amérique pousse l’union à se couper des approvisionnements Russes sur lesquels elle n’a aucun moyen de contrôle. Cette lutte pour les corridors Gaziers n’est cependant pas le seul point d’achoppement entre les interets Russes, Européens, Turcs et Américains pour l’utilisation des ressources gazières et … pétrolières de la région. D’ici 2030, plus de 90 % de la consommation de pétrole dans l’Union européenne seront assurés par les importations. La Russie en représente aujourd’hui 20% , une large majorité de la consommation des états d’Europe de l’est et du centre et une part minoritaire pour les états d’Europe de l’ouest.
Aujourd’hui deux immenses oléoducs approvisionnent l’Europe, le premier est le plus grand du monde, il s’agit de Druzhba. Cet oléoduc date de 1964, s’étend sur 4.000 Km et à une capacité annuelle de 50 millions de tonne ! Il achemine le pétrole de Sibérie et de l’Oural vers toute l’Europe et l’Amérique. De nombreuses ramifications/projets sont en cours, principalement des oléoducs sous terrains et marins (sur le modèle de North Stream pour le gaz) en mer du nord, dans le golf de Finlande mais aussi souterrain dans les Balkans. Son challenger est l’oléoduc BTC (Bakou Tbilissi Ceylan), un consortium Anglo-Azéri en majorité et alimente la méditerranée avec le pétrole Azéri (de la Caspienne). Cet oléoduc passe par la Turquie pour alimenter l’Europe du sud, il s’étend sur une longueur de près de 1700 km et a une capacité annuelle de 50 millions de tonnes. Néammoins, la nécessaire diversification tout autant que l’intensification des voies d’approvisionnements a vu des projets totalement opposés se créer. L’affaire récente du Kosovo, justifiée sous le masque humanitaire et l’impératif de justice est sans doute la parfaite illustration de la guerre terrible que se livrent Européens, Russes, Américains et Turcs à proximité de la mer noire. Lorsque le Kosovo a déclaré son indépendance, les premiers états à le reconnaître ont bien sur été l’Amérique, la Grande Bretagne et la France. Les deux premiers par tactique géopolitique, la France par dogmatisme sans aucun doute. Les spectateurs avisés auront sans doute remarqués que le Kosovo est sur le corridor d’un futur oléoduc appelé AMBO. Cet oléoduc qui porte le nom de son constructeur et opérateur (une compagnie pétrolière Albanaise, Macédonienne et Bulgare enregistrée aux US )- le traversera, acheminant ainsi le pétrole de la mer Caspienne vers l’Europe et les États-Unis. Il devrait atteindre une capacité annuelle de 35 millions de tonnes et s’étendre sur 894 Km. Il est intéressant d’apprendre que le projet AMBO date en fait de 1994 et a été ajusté, défini et mis en oeuvre par des filiales plus ou moins directes de Halliburton (cf ici) et à des fins « géo-stratégiques » tout autant que énergétiques. En novembre 1998, Bill Richardson (secrétaire à l’énergie de Bill Clinton) affirmait :« Il s’agit de la sécurité énergétique des Etats Unis ..
C’est aussi d’empêcher la création de voies intérieures stratégiques par ceux qui ne partagent pas nos valeurs. Nous essayons de tirer ces nouveaux pays indépendants vers l’Occident ….Nous aimerions les voir dépendre des intérêts du commerce et des politiques occidentales plutôt qu’elles prennent une autre direction ». Bien sur, en 1999, lors de la guerre en Serbie, c’est bien évidemment la zone d’influence Russe (Europe Orthodoxe) qui était visée, l’Amérique profitant de la grande faiblesse de la Russie à ce moment (fin du mandat Eltsine). Est ce pour sécuriser ce corridor pétrolier que les Américains ont découpé la petite Serbie (propice à se retourner côté Russe) et à installer la plus grande de leur base au Kosovo même, à quelques kilomètres du tracé du fameux pipeline ? Encore une fois, les interets pétroliers / gaziers Américains vont à l’encontre des intérêts des citoyens Européens. Pourtant la encore, un « choix » est possible, en effet encore une fois, l’Union peut faire le choix Russo-Greco-Bulgare en soutenant la « route orthodoxe du pétrole », à savoir l’oléoduc « Bourgas-Alexandroupolis ». Ce pipeline de 300 km devrait transporter le pétrole de Russie et du Kazakhstan, via la Caspienne sans passer par la Turquie et ses détroits surchargés, en offrant une capacité annuelle de 35 millions de tonnes.
Un projet de 3ième oléoduc « Pan Européen » (PEOP) existe également, destiné à acheminer le pétrole de la du caucase et des bords de la Caspienne, via la mer noire vers l’Italie, via la Serbie, la Croatie et sans doute la Slovénie. Cet oléoduc de 1400 Km aura une capacité annuelle de 60 millions de tonnes. Il est lui aussi également destiné à renforcer BTC et a limiter la dépendance Russe en pétrole puisque les ramifications de cet oléoduc atteindront d’Italie l’Autriche, l’Allemagne et la république Tchèque. Même si les divers oléoducs ne sont pas censés ’approvisionner’ les mêmes zones, AMBO destiné à l’Amérique et au Canada via les ports de Hollande, pendant que les autres projets auraient vocation à alimenter l’Europe ; même si les fournisseurs de gaz ne seraient pas les mêmes, nous sommes bien face à une guerre totale pour la maîtrise de l’approvisionnement de l’Amérique et de l’Europe, et à un conflit d’optique pour le futur. Pour quelles raisons l’Europe devrait elle sacrifier un axe Russo-Bulgaro-Grec pour faire le choix de la Turquie et du caucase, avec son lot d’incertitudes et d’instabilité ? Pourquoi faire le choix d’états politiquement « inadmissibles » à l’OTAN et en froid permanent avec la Russie ? Pourquoi continuer dans la politique du choix des états musulmans que ce soit en politique Européenne (indépendance du Kosovo) que de l’approvisionnement (Turquie qui nous oppose son droit de veto au projet Européen Nabucco et ne manquera pas d’utiliser l’argument énergétique pour négocier son entrée dans l’UE). On se demande bien quelle mouche pique nos politiciens de manquer d’autant de lucidité devant des chois aussi capitaux pour leurs citoyens, si ce n’est que des consignes leur sont peut être transmises d’outre Atlantique, comme cela a été précédemment le cas pour la Slovénie lorsqu’elle a pris la présidence de l’UE. Peut être serait il temps, en 2008, et alors que nul ne peut prévoir l’avenir énergétique de la planète de relire attentivement la froide remarque de Alexandre Adler dans le figaro magazine du 4 avril 2008 : La vérité toute simple, c’est que l’intérêt géopolitique de l’Europe continentale (France et pays latins, tout comme Allemagne et pays germaniques) diverge nettement de celui des États-Unis et peut-être même de la Grande-Bretagne.