Les nouvelles rassurantes du front démographique russe ont soulevé nombre de questions de certains lecteurs pour savoir d’où venait ce renouveau démographique et surtout d’où provenaient ces naissances. En clair le poids réel des minorités ou les disparités démographiques ethnico-religieuses en Russie.
Il est difficile de traiter de ce sujet pour la simple et bonne raison que la Russie ne connaît pas de systèmes de statistiques « ethniques ». Par contre il est possible de comparer les naissances par zones géographiques du pays pour se donner une idée des évolutions.
Les baisses naturelles de population ont été constatées :
– Dans le district central qui a donc connu, avec 439.293 naissances et 530.314 décès, une baisse naturelle de population de 91.021 habitants, contre une baisse de 97.450 en 2012.
Au sein de ce district, la population a baissé partout sauf à Moscou qui, avec 136.021 naissances et 116.201 décès, a vu sa population augmenter naturellement de 19.820 habitants. Il est à noter qu’en 2012, 10 % des naissances de la ville étaient issus de couples avec au moins l’un des conjoints d’origine étrangère.
– Dans le district du Nord-ouest qui a donc connu, avec 167.879 naissances et 184.482 décès, une baisse naturelle de 16.603 habitants, contre une baisse de 21.756 en 2012. Si cette tendance se poursuit à ce rythme l’année prochaine, la baisse de population aura diminué de 50 % en 2 ans !
Au sein de ce district, la population a cependant augmenté à Saint-Pétersbourg (64.374 naissances et 60.491 décès), dans la république des Komi (ou les Russes ethniques représentent 65 % de la population), le district des Nenets (ou les Russes ethniques représentent 63 % de la population) et enfin l’Oblast de Mourmansk ou les Russes ethniques représentent 89 % de la population !
– Dans le district de la Volga qui a donc connu, avec 396.226 naissances et 415.902 décès, une baisse naturelle de population de 19.676 habitants, contre une baisse de 20.624 en 2012. Ce district représente 6,06 % du territoire de la Russie mais comprend 20,7 % de la population du pays. Les Russes ethniques représentent 67,88 % de la population, les premières minorités étant les Tatares (13,04 %), les Tchouvaches (4,55 %) et les Bachkires (4,33 %).
Dans ce district, la population a cependant augmenté naturellement dans les républiques du Tatarstan et au Bachokorstan qui ont connu respectivement des hausses naturelles de populations de 10.218 habitants (56.517 naissances et 46.299 décès) et 5.895 habitants (59.384 naissances et 53.489 décès). Ces deux républiques qui représentent les dites « zones musulmanes de la Volga » ont donc connu à elle deux 115.901 naissances soit 6% des naissances de la fédération de Russie, mais les Russes ethniques y composent 30 % (Tatarstan) et 36 % (Bachokorstan) de la population totale.
– Dans le district du Sud qui a donc connu, avec 174.646 naissances et 183.319 décès, une baisse naturelle de population de 8.673 habitants, contre une baisse de 11.164 en 2012.
Ce district regroupe 9,72 % de la population de la fédération de Russie dans 2,4 % du territoire. Les Russes ethniques y représentent 86,1 % de la population et les premières minorités sont les Arméniens (3,1 %) et les Ukrainiens (2,4 %).
Dans ce district, la population a naturellement augmenté dans la république bouddhiste de Kalmoukie (ou les Russes ethniques représentent 32 % de la population), dans le Krai d’Astrakhan (ou les Russes ethniques représentent 67 % de la population et les Cosaques 17 %) et dans le Krai de Krasnodar ou les Russes ethniques représentent 86 % de la population. En revanche, la baisse a été assez forte dans l’Oblast de Rostov, celui de Volgograd ainsi que dans la république musulmane d’Adygué.
Les hausses naturelles de population ont été constatées :
– Dans le district du Caucase du nord qui, avec 164.864 naissances et 76.719 décès, a connu une hausse de population de 88.145 habitants contre une hausse de 87.102 en 2012.
Ce district ne représente qu’1 % du territoire de la fédération de Russie et 6,7 % de la population totale de la fédération de Russie.
Toutes les républiques de ce district ont affiché une hausse naturelle de population même si cette hausse de population pour 2013 est parfois inferieure à celle de 2012, comme c’est le cas en Ingouchie (+ 7.999 contre +8.219 en 2012), en Kabardino-Balkarie (+5.689 contre +6.030 en 2012) ou encore en Tchétchénie (+ 26.629 contre +26.955 en 2012).
Dans ces trois cas on constate une diminution du nombre de naissances enregistrées.
Le district du Caucase du Nord a donc vu au total 164.864 naissances soit 8,7% du total des naissances de la fédération de Russie dont la moitié des naissances issues de Tchétchénie et du Krai de Stavropol, ce dernier peuplé à 80 % de Russes ethniques.
– Dans le district de l’Oural qui avec 184.277 naissances et 151.361 décès a connu une hausse naturelle de population de 32.916 habitants contre +30.611 en 2012.
Ce district représente 10.64 % du territoire de la Russie et 8.52 % de sa population. Les Russes ethniques représentent 82% de la population de ce district, les premières minorités sont les Tatars (5,14 %) et les Ukrainiens (2,87 %).
La seule zone de ce district dans lequel la population n’a pas augmenté naturellement est celui de Kourgan. La population a par contre augmenté en Oudmourtie (ou les Russes ethniques représentent 62 % de la population), en république de Mari (ou les Russes ethniques représentent 47 % de la population), en Tchouvachie (ou les Russes ethniques représentent 26 % de la population mais ou 65 % de la population est orthodoxe, 3 % musulmane et 24% sans religion) et enfin dans le Krai de Perm et l’Oblast d’Orenbourg, ces deux derniers étant très majoritairement russes avec respectivement 87 % et 76 % de Russes.
– Dans le district de Sibérie qui avec 286.917 naissances et 257.282 décès a connu une hausse naturelle de population de 29.635 habitants contre 24.992 en 2012. Ce district représente 30 % du territoire de la Russie et comprend 13,43 % de sa population. Les Russes ethniques représentent 87,38 % de la population de ce district et les deux premières minorités sont les Bouriates (2,13 %) et les Ukrainiens (1,86 %).
La population n’y a baissé naturellement uniquement dans l’Altaï et le Krai de Kemerovo, tous deux pourtant majoritairement russes ethniques à plus de 85 %.
– Dans le district d’extrême orient qui avec 87.080 naissances et 78.890 décès a connu une hausse naturelle de population de 8.190 habitants contre 5.536 en 2012. Ce district représente 36,08 % du territoire de la fédération de Russie et 4,33 % de la population du pays. Les Russes ethniques y représentent 78,8 % de la population, les premières minorités y sont les Iakoutes (7 %) et 5 % de minorités ne se déclarant pas de nationalités. Ces derniers représentent 7,5 % de la population de Krai du Primorie (région de Vladivostok) et on peut imaginer qu’il s’agit de migrants installés, peut être chinois ?
La population a naturellement augmenté partout sauf dans la région juive du Birobidjan (dont les Juifs ne représentent qu’1 % de la population et les Russes ethniques 92 %), le Krai du Primorié et enfin Sakhaline ou les Russes représentent 86,46 % de la population, la première minorité y étant les Coréens avec près de 5,5 % de la population.