Des lecteur m’ont demandé ce que je pensais des propos de Martin Bancher sur le fait que le Covid ne représentait soi disant que 2% du total des hospitalisations en France en 2020, ce qui démontrerait que le Covid n’avait, finalement, pas été tant une charge hospitalière que cela et donc son danger exagéré.
Le rapport en question, publié le 28 octobre, provient de l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation (ATIH) qui est un établissement public français, créé en 2000 et un « pôle d’expertise (…) sur 4 champs de l’activité hospitalière :
1/ MCO : médecine, chirurgie, obstétrique
2/ HAD : hospitalisation à domicile
3/ SSR : soins de suite et de réadaptation
4/ Psychiatrie.
l’ATIH fonctionne sous la tutelle des ministres de la santé et de la sécurité social et présente l’analyse de l’activité hospitalière en 2020.
Dans ce rapport, on peut y lire notamment qu’au cours de l’année 2020, “218.000 patients ont été hospitalisés pour prise en charge de la Covid-19. Les patients Covid représentent 2% de l’ensemble des patients hospitalisés au cours de l’année 2020, tous champs hospitaliers confondus.”
Mais …
Les gens ne le savent pas, ou peu, mais en France, avec 67 millions d’habitants, en 2019 pour avoir une idée de grandeur, les hôpitaux français ont soigné 12,9 millions de patients, selon les derniers chiffres-clés de l’ATIH.
Notamment, par exemple :
– 1,6 million de patients hospitalisés pour une endoscopie ;
– 1,4 million pour une pathologie cardio-vasculaire ;
– 1,2 million pour un cancer.
– 722 000 accouchements
– 612 000 opérations de la cataracte
etc….
Néanmoins, prenons en considération ce que nous dit le rapport.
Dans le détail des chiffres qu’il contient, il donne beaucoup beaucoup d’autres informations permettant d’avoir un tout autre regard sur la situation du Covid en France en 2020.
Notamment :
- En moyenne, les patients COVID ont été hospitalisés sur une durée de 18,2 journées au cours de l’année 2020 et donc les prises en charge de la COVID-19 ont représenté plus de 4 millions de journées d’hospitalisation
A titre de comparatif, si on compare ces chiffres avec le nombre moyen de journées d’hospitalisation pour la grippe en 2019, celui-ci s’élevait à 7,7 journées par patient. - Les patients Covid représentent 5% de l’ensemble des patients pris en charge en service de soins critiques, qui regroupent la réanimation, les soins intensifs et la surveillance continue soit 1 patient sur 20.
- En soins critiques, les patients Covid ont représenté 5% des admissions, mais 8% des journées d’hospitalisation.
- En services de réanimation SEULS, les patients Covid ont représenté 11% du nombre de patients admis en 2020 et 19% des journées d’hospitalisation en réanimation sur l’année 2020 soit 1 sur 5.
- Sur l’année 2020, les décès Covid ont représenté
– 12 % du total des décès hospitaliers (pour seulement 2 % des patients admis)
– 13 % des décès en soins critiques (pour 5 % des patients admis)
– 16 % des décès en réanimation (pour 11 % des patients admis). - 1 hospitalisé sur 10 en réanimation en 2020 était là pour Covid et 1 journée d’hospitalisation sur 5 était dédiée à un patient Covid sur l’année en réanimation.
- Près de 20% des lits en avril, novembre et décembre soit lors des vagues Covid sont “affectées” à l’épidémie en 2020 en médecine en France.
- Mais ….
- en moyenne, ces chiffres sont sur 12 mois mais les vagues Covid n’ont elles duré que …. 4 mois en moyenne sur l’année : la première vague du 15/03 au 15/05 et la seconde du 20/10 au 20/12, ces chiffres sont donc en réalité a prendre en compte sur un gros tiers de l’année, en nombre de jours réels ce qui donne une autre perspective.
Ainsi, pendant près d’un mois, à compter de la fin du mois de mars 2020, le nombre quotidien de patients en cours d’hospitalisation pour Covid dépassait 30 000, avec un second pic également atteint mi-novembre.
A l’inverse, pendant près de trois mois entre mi-juin et mi-septembre, ce nombre de patients hospitalisés était inférieur à 5 000, soit plus de six fois moindre. Pendant un mois, entre juillet et août, le nombre de patients Covid hospitalisés est même descendu à 2 500, selon le rapport soit 14 fois moins que le pic de 35 000 hospitalisations pour Covid atteint en avril.
- En outre, ces chiffres sont a prendre en compte avec également la géolocalisation, par exemple la première vague n’a concerné “que” quelques régions en France, principalement dans le grand Est et sur Paris et région et non sur tout le territoire.
- En 2020 les journées d’hospitalisation pour Covid ont représenté 44% des journées d’hospitalisations pour maladies respiratoires d’une année normale mais en moyenne bien sûr lissé sur 12 mois.
- A titre de comparaison, voila une échelle de grandeur comparative de choc entre des vagues de Covid et des saisons de grippe.
Toujours a titre de comparaison encore 2012 et 2017 soit en 5 ans il y a eu – 91k hospitalisations et 9k passages en réanimation pour grippe.
En 2020 seule 218k hospitalisations pour Covid et 46k en réanimation.
Ce ratio se retrouve dans le comparatif moyen de la mortalité moyenne d’une année de Covid par rapport a une année de grippe.
Cette étude se base sur les données de plus de 135 000 patients français, 89 530 hospitalisés pour le Covid-19 en mars et avril 2020 et 45 819 hospitalisés pour la grippe entre décembre 2018 et février 2019.
Le taux de décès des patients atteints du Covid-19 a été trois fois plus élevé que celui des patients touchés par la grippe : 16,9 % pour les premiers (plus de 15 000 morts sur 89 500 malades) contre 5,8 % pour les seconds (plus de 2 600 morts sur 45 800 malades).
Le Covid-19 est en outre nouveau, la grippe saisonnière elle un phénomène bien connu. Les deux maladies ont des différences importantes : la grippe disparaît chaque année avant l’été, et elle est traitée par un vaccin, même si la couverture vaccinale n’était que de 48 % chez les personnes à qui la vaccination était recommandée.
Enfin sans doute la surcharge Covid a entraîné de fortes baisses de traitements des malades hors Covid.
Enfin le rapport nous dit que :
- Les hospitalisations de patients testés positifs à la COVID-19 mais asymptomatiques ou dont le motif de recours à l’hospitalisation de court séjour n’était pas la COVID-19 ne sont pas intégrées au champ d’analyse et donc pas comptées.
- En 2020, la crise sanitaire induite par la pandémie de COVID-19 a fortement impacté l’activité des établissements de santé et a eu un impact majeur sur leur fonctionnement.
Martin Blancher n’est donc pas très objectif sur ce coup …
Et s’il n’est pas excellent en analyse, il ne l’est pas en prévisions non plus 🙂
Joyeux Noël !
Excellente Analyse , Alexandre …!
ce qui semble poindre de cette analyse de la diatribe de M. Blancher :
Le(a) Covid n’est pas le fait le plus “Stressant” de la situation des hôpitaux en France …
par contre , c’est un excellent révélateur de la cause profonde de la dite situation des dits établissements !
révélateur du simple fait de la raréfaction des fonds à destinations des Hôpitaux et proportions assez bizarrement étonnante des NON-soignants par rapport aux dits soignants au seing de ces établissements …
un peu à la manière d’un quidam négligeant la réfection des freins de sa voiture pour faire des économies … ce qui en soit ne pose aucun problème … jusqu’au premier arbre qui traverse la route ! (voir répartition des personnels aux différents postes entre , par exemple , la France et l’Allemagne …)
ceci dit : Счастливых праздников , Joyeuses fêtes à Tous !