Le chômage des jeunes avoisine 25 % au sein de l’UE. L’Espagne et la Grèce sont particulièrement touchées par ce fléau, avec des taux respectifs de 55,7 % et 58,4 % devant le Portugal (38,2 %), l’Irlande (30,8 %), l’Italie (37,8 %), la Slovaquie (35,0 %), Chypre (31,8 %) et la France (26,2 %). Les bons élèves sont sans surprises : l’Allemagne (7,7 %), l’Autriche (8,9 %) et les Pays-Bas (10,4 %), pendant qu’en Russie le chômage des jeunes atteindrait 15 %.
Bien sûr les différences sur les marchés sont évidentes et on peut imaginer que le marché de « la débrouille et du travail au noir » est plus florissant et plus efficace dans le sud que dans le nord de l’Europe. Même chose en Russie, où le travail au noir est encore très développé, selon Olga Golodets, vice-Première-ministre chargée des Affaires sociales dans le gouvernement russe, qui déclare : « En Russie, la moitié de la population active travaille au noir ».
Alors que le chômage se chiffre désormais à 11 % au sein de l’UE et en France (ou il vient cette semaine de battre son record de 1997), le chômage en Russie atteint son taux historique le plus bas (5,5 %) et surtout un taux quasiment nul (moins de 1 %) dans les grandes villes du pays. Selon la revue Russie d’Aujourd’hui et le site de recherche de travail Superjob, l’offre d’emplois est à la hausse et a même augmenté de 2,2 % en mars 2013. Les postes les plus recherchés sont ceux de vendeurs (23,2 % des postes disponibles), d’ouvriers dans l’industrie énergétique (8,6 %) ou encore d’employés dans le secteur du bâtiment (6,6 %).
Conséquence de son évolution démographique, la population active de la Russie va inexorablement baisser. Si le pays parvient à maintenir une croissance économique même minimale durant les prochaines années, il va inévitablement manquer de main-d’œuvre dans des sphères aussi diverses que nombreuses. Une immigration qualifiée sera donc nécessaire et incontournable pour permettre à la Russie de réaliser ses projets de développement économique. Les marges de développement et de croissance sont en effet considérables dans de nombreuses régions, par exemple dans les zones en pleine croissance comme le grand Oural, la Volga, le sud du pays ou encore l’Extrême-Orient russe.
Récemment, le journaliste Alexandre Artamonov concluait dans un article fort intéressant que « les pôles s’étaient inversés et que la Russie était devenue une terre d’asile pour les entrepreneurs français et autres ». Il est vrai qu’à part les emplois salariés, la Russie est une terre d’asile pour les petits entrepreneurs, comme le rappelle cet article qui décrit la Russie comme le nouvel eldorado pour les jeunes entrepreneurs français. De jeunes entrepreneurs qui confirment que malgré les incroyables difficultés rencontrées « Il se passe quelque chose d’énorme en Russie » !
Les jeunes Européens feront-ils partie de la nouvelle déferlante de nouveaux migrants économiques qui s’abattra sur la Russie dans les prochaines décennies, alors même que leurs propres pays s’enfoncent dans une crise qui semble à ce jour sans issue?
La Russie conserve une très mauvaise image en Europe occidentale (en France en tout cas) contrairement aux USA qui gardent une image de marque intacte, malgré la crise. Cette attractivité due à l’excellent soft power américain contraste avec celle de la Russie, toujours vue comme une dictature à l’opposée des valeurs libertaires (qui séduisent la jeunesse actuelle) européennes. Le choix d’émigrer pourrait être fait par une frange conservatrice de l’Europe, mais la majorité ne s’orienteront pas vers une Russie telle qu’elle est aujourd’hui même si objectivement elle paraît plus intéressante, belle et prometteuse que les USA…
En réaction au commentaire de Gauthier.
Effectivement, bien qu’elle s’améliore grandement, l’image de la Russie en Occident n’invite pas tellement les émigrants à considérer la Russie comme pays d’adoption. Et n’aide pas non plus le fait que la Russie, exception de l’immigration provenant de pays de l’ex-URSS, ne soit pas non plus un pays d’immigration comme le sont les États-Unis, le Canada ou l’Australie. Et oui, le soft-power américain est très efficace. Au-delà des « autres » (ÉU, Canada, Australie ou n’importe quel autre pays), il y a des choses, très réelles, qui agacent en Russie : la bureaucratie tatillonne, la corruption et tout ce que cela implique, etc. Le plus tôt la Russie réussira à régler ces problèmes, la plus attrayante deviendra l’idée d’immigrer en Russie.
Toutefois, je ne suis pas sûr de partager votre point de vue lorsque vous décrivez la Russie “objectivement (…) plus intéressante, belle et prometteuse que les USA”. Par rapport à l’Europe, d’accord. Mais par rapport aux ÉU? Quels sont vos critères?
Il n’y a pas de doute que l’économique russe va relativement bien et les perspectives sont bonnes.
À ce sujet, le blogue de Mark Adomanis : http://www.forbes.com/sites/markadomanis/2013/01/07/why-russias-economy-isnt-going-to-collapse/ )
Mais l’économie américaine n’est pas autant dans la merde que certains veulent bien le croire. Comme quoi la « désinformation » va dans les deux sens.
Selon moi, il faut ici faire la distinction entre les tendances (taux de croissance par exemple) et les niveaux (PIB par habitant par exemple).
Oui, la croissance russe est supérieure à la croissance américaine, et elle le sera pour un certain temps encore, mais l’avance américaine est très importante.
Quelques chiffres:
En 2013, le PIB par habitant russe (en parités de pouvoir d’achat constant 2005) valait 37% par rapport aux ÉU, 51% par rapport aux pays de l’OCDE, 53% par rapport aux pays de la zone euro. En 2030, l’OCDE prévoit que ce sera 48%, 65% et 69% respectivement. En 2060, 50%, 65% et 75%.
Selon ces projections, en 2060, dans près de cinquante ans, le PIB russe par habitant en PPA serait encore la moitié de celui ÉU.
Bref, que préférez-vous? Débuter un emploi avec un salaire de 60 000 $ en 2013 et savoir que celui-ci augmentera de 2% par année? Ou commencer à 20 000 $ et savoir que ce salaire augmentera de 4% par année? Personnellement, je n’hésitez pas une seconde pour le premier choix.
Je sais que le ministère russe du Développement économique a présenté l’automne dernier ses « prévisions de développement social et économique de la Russie à l’horizon 2030 ». Les chiffres sont complètements fantaisistes: toujours selon la même mesure, le ministère russe prévoit qu’en 2030 (dans 17 ans), le PIB russe par habitant russe dépassera de 10% celui des ÉU! N’importe quoi!
Bon, évidemment que le PIB par habitant, même en parités de pouvoir d’achat, n’est pas le seul critère. Mais ce n’est pas le moindre non plus.
Pour DB
Je pense que vous succombez un peu vite au charme du “rêve américain” . Bien sûr vous gagnez plus aux USA mais quels services (éducation, santé) avez vous à payer à côté? Quel pouvoir d’achat après ces services payés? Les comparaisons de PIB sont intéressantes mais masquent les disparités immenses qui tendent à se réduire en Russie alors qu’elles augmentent aux USA (je vous invite à voir le coefficient de Gini). Surtout, la situation économique à long-terme des USA me paraît moins attrayante que celle de la Russie, si elle réussit son passage à une puissance économique plus grande. Je vous accorde que le “objectivement” devrait être remplacé par un “selon moi” mais sur le long terme, je suis persuadé que l’attractivité des USA ne reposera que sur l’illusion d’un rêve américain (vécu en réalité par une faible minorité) alors que la Russie parviendra à rallier les non-progressistes à sa cause. Si le rêve vole en éclats (à cause d’un retournement de la situation économique (?)), alors l’immigration se dirigera vers de nouvelles destinations et la Russie pourrait en être une.
Peut-être que je me trompe. Mais je demeure plus enclin à croire que pour un immigrant, les perspectives à long terme sont meilleures aux États-Unis qu’en Russie. Côté économique, entre autres. Mais aussi au niveau de l’acceptation sociale. De la langue. Etc.
Oui, il est vrai qu’il y a certaines choses qui ne sont pas « incluses » dans les services de l’état aux ÉU, dont les soins de santé. Mais il faut aussi relativiser. La facture d’un ménage pour une assurance-santé, qui offre une couverture comparable à celle normalement offerte par le gouvernement dans presque n’importe quel autre pays occidental, coutera environ 4000$ par année (je parle ici de la partie payée par le ménage). C’est beaucoup, mais ça ne ferme pas non plus l’écart entre le coût de la vie russe et américain. Même en tenant compte de ces dépenses, le pouvoir d’achat des américains reste fortement en avance. Et ce n’est pas comme ci les soins de santé était vraiment gratuits en Russie. Tous les Russes (des Moscovites surtout) que je connais, qui ont fréquenté les services de santé, ont dû allonger plusieurs centaines de dollars pour leurs services « gratuits ». Bon, je ne prétends pas que mon échantillon soit représentatif, mais on ne peut pas non plus ignorer cet aspect des services publics russes.
Comme je l’ai dit à plusieurs reprises sur ce forum, je ne nie absolument pas que les ÉU aient plusieurs défis à relever. Mais il ne faut pas oublier que les autres pays aussi, incluant les BRIC de ce monde, ont aussi les leurs. Et, question de convergence, il ne faut pas croire que les pays occidentaux se contenteront de taux de croissance de 1-2% pendant que les pays du BRIC caracoleront à 7-8%. D’ailleurs, cette époque semble déjà révolu.
Maintenant, quant à la situation économique des ÉU à long terme, on pourrait en débattre très longtemps. Je vous invite néanmoins à regarder, au moins en diagonale, le document disponible à cette adresse : http://www.robertsnashgroup.com/sites/default/files/US%20Economy%20-%2002%20(NBF).pdf
On y liste une dizaine d’avantages fondamentaux des ÉU. Rien qui ne puisse régler tous les problèmes sans effort, ou qui permette d’éviter d’autres récessions, mais des « fundamentals » qui joueront potentiellement à la faveur des ÉU. On ne nie pas par ailleurs l’existence de « key structural obstacles » (employment quality, inequalities and a flawed political system). Reste que le document est intéressant.
Encore une fois, je crois que la position relative (et absolue) de la Russie continuera de s’améliorer dans les prochaines décennies. Et tant mieux! Mais il faudra plus pour me convaincre de l’impact au niveau des tendances migratoires.
Encore une fois, je me trompe peut-être.
Je rejoins la modération de DB, même si je ne pense pas avoir la même expérience qu’elle/que lui.
Je suis né en France, j’ai vécu en France et en Finlande, et ma conjointe est russe.
Maintenant, nous vivons tous deux au Canada, pourquoi ?
Renouveler la carte de séjour de ma conjointe, ce n’est pas si simple, malgré tout ce que l’on peut dire à droite à gauche; si on fait les choses honnêtement, c’est vraiment pénible.
Nous installer en Russie ? Nous aimerions bien, mais la Russie n’attend pas spécialement après nous, et ne fait rien pour faciliter la tâche (pour moi qui ne suis pas de citoyenneté russe)
Je reviens par ailleurs sur ce qui est écrit dans l’article, à savoir : le chômage en Russie atteint son taux historique le plus bas (5,5 %) et surtout un taux quasiment nul (moins de 1 %) dans les grandes villes du pays..
Que le chômage soit quasi-nul à Moscou et à St-Pete, rien de surprenant ; il est impossible d’y survivre sans revenu. En gros, si on a pas les moyens, on dégage.
Seulement voilà, la Russie, ce n’est pas juste deux villes, ce sont 9 fuseaux horaires, de la Finlande à l’Alaska, du pôle Nord au Kazakhstan et à la Mongolie.
La situation dans les régions, même si elle s’est nettement améliorée depuis les années Eltsine n’est pas la même que dans les deux capitales.
D’ailleurs, même pour les russes des régions, il n’est pas facile de s’installer à Moscou ou St-Pete, et on veut nous faire croire que les européens de l’Union y sont accueillis à bras ouverts ?
La Russie est un eldorado pour une certaine “élite” qui a les bons contacts, pas pour tout un chacun.
Je suis ingénieur, et grâce à un système éducatif de très bon niveau, la Russie en a produit une énorme quantité – s’il y a un surplus de postes d’ingénieurs à combler en Russie, ce n’est pas par manque de main d’oeuvre qualifiée, mais par manque d’attractivité.
Alors le Canada est pleins de défauts, je l’ai déjà souligné sur ce blog, mais la raison a gagné sur la passion :
au Canada, je reçois une rémunération à hauteur de mes compétences (il faut avouer que les accords France-Canada ont beaucoup aidé), j’ai du temps libre, je peux être propriétaire de ma maison, et surtout l’administration nous f*uts la paix.
Juste à titre d’exemple : il a fallu moins de temps au Canada pour nous délivrer des visas permanents qu’à la Russie pour renouveler le passeport de ma conjointe.
Alors ça me brise le coeur d’écrire ça, en quoi ce serait plus facile pour nous en Russie ?
Dire que l’économie Russe va bien, que les conditions de vie s’améliorent, c’est bien, c’est très important même, mais il ne faut pas pour autant sous-entendre qu’un jeune diplômé de l’UE, chômeur ou non, pourra s’installer facilement en Russie, ce serait mensonger
En fait, il est question de deux choses ici.
D’une part, la croissance de l’économie Russie qui, sans nécessairement permettre de combler l’écart avec les autres pays du G8 par exemple, permettra certainement de le réduire.
D’autre part, il y a la question de la migration. Les émigrants choisiront-ils la Russie? Et la Russie voudra-t-elle d’eux? Les vouloir au point de chercher à les attirer?
Que l’économie russe se porte bien, qu’elle crée des emplois, cela contribuera certainement à considérer la Russie comme pays d’adoption. Mais est-ce assez?
Plusieurs frapperont alors un mur. Seulement les démarches menant à un status légal en Russie les exposeront à une bureaucratie kafkaïenne, tatillonne et parfois arbitraire. Une bureaucratie qui, par chacune de ses actions, envoie le message “allez ailleurs”. Bref, une lourdeur que ces jeunes européens tentent de fuir en émigrant.
Ma copine étant Russe, j’ai pu observer de près plusieurs aspects de l’administration russe. Le simple renouvellement d’un passeport russe a pris 8 mois (dont quelques mois de perdus car ils ont perdus les documents). Plusieurs se diront, à tort ou à raison: s’ils traitent ainsi leurs citoyens, qu’en est-il des immigrants?! Disons que ce n’est pas à l’avenant.
Or, quand on ne représente pas un choix naturel comme pays d’adoption (comme la Russie), il faut mettre les bouchées doubles pour attirer les immigrants. À ce titre, voir l’exemple du Chili avec leur Chilecon Valley.
@ Vladimir K:
Êtes-vous un ancien du Centre Moscou-Québec, de l’Université Laval?
C’est via ce programme que j’ai étudié un an à RGGU, à Moscou.
@DB :
En fait, j’ai fait toutes mes études en France et en Finlande. J’ai été timidement en contact par courriel avec Monsieur Sadetsky, via un très bon amis à lui à côté duquel j’étais assis lors d’un vol Paris-Québec.
Mais c’est une bonne chose que vous ayez pu aller à Moscou grâce à U-Laval. En fait, le Québec peut-être plein de bonnes surprises.
Dommage que la présence Russe y soit si discrète, du moins à la Ville de Québec, malgré un intérêt de plus en plus affirmé des québécois pour la Russie et sa culture.
Et quel dommage que la Russie soit si difficilement accessible depuis le Canada ; ne serait-ce que pour des visas touristiques, c’est une véritable galère… et que dire des vols de/vers la Russie : il n’y a qu’une ligne plus ou moins régulière (seulement en été) depuis Toronto.
Oui, je me rappelle des bonnes années (2005, 2006 et 2007), où Transaero offrait un vol direct Montréal-Moscou durant la saison haute. J’ai pu m’en prévaloir à cinq reprises. Depuis, je dois me taper les correspondances à Paris, Amsterdam, Francfort etc.
Pour ce qui est des visas. C’est assez complexe en effet. C’est même souvent impossible d’être 100% réglo. L’invitation de l’agence ne reflète pas la réalité, l’enregistrement ne reflète pas l’invitation etc. J’ai eu plus de 12 visas russes depuis 10 ans; je n’ai jamais réussi à obtenir quelque chose de cohérent, me plaçant toujours à la merci d’un policier ou d’un douanier.
En fait, comme c’est souvent le cas en Russie, tout le monde est coupable de quelque chose, et l’application de la justice se fait d’une manière aléatoire, ou pire carrément sélective et subjective.
P.s.: M. Sadetski et Mme Mogilevskaya représentent, à eux deux, un magnifique pont entre les sociétés russe et québécoise.
Une petite remarque: Le niveau de vie qui est éleve dans de nombreux pays, repose sur le credit.Ces pays sont endettes.Ils suffit que brusquement les preteurs arretent, et ce niveau de vie s ‘effondrera. Je pensais a quitter la france pour les usa, ou le canada, il y a 10 ans avant de comprendre la russie. Maintenant mon choix est la russie.
D’accord on gagne moins dans l ‘immediat mais le potentiel a la hausse est enorme, et l’epée de damocles a la baisse sur les pays europeens et les usa est enorme.
Malheureusement, la Russie aussi a ses propres épées de Damoclès.
En tant que Français, si vous aviez acheté avant 2011 un bien immobilier en Carélie, dans le Kamchatka ou dans toute autre zone cataloguée “stratégique”, on vous aurait demandé de t’en séparer avec plus ou moins délicatesse.
Il y a aussi le problème des papiers (visas) qui sont plus ou moins facilement renouvelés, avec le risque d’avoir à quitter le pays en cas de défaut.
C’est bien simple, s’il y avait un pays idéal, ça se saurait.
Chaque pays a ses atouts et ses inconvénients, il est à la charge de chacun(e) de déterminer ses priorités et de décider où habiter en fonctions de ses choix et de ses capacités.
de vous en séparer – désolé pour le mélange tutoiement – vouvoiement.