S Dnem Pobedi!

Cet article a été publié originellement sur Ria-Novosti

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Lundi prochain sera le 9 mai 2011. Le 9 mai à l’ouest de l’Europe n’a pas du tout la même importance qu’en Russie. Il est vrai que les européens de l’ouest fêtent la fin de la seconde guerre mondiale le 08 mai, qui est en fait la date de cessation des hostilités militaires, la capitulation ayant été signée la veille, le 7 mai.  En Europe de l’ouest, le 9 mai est la journée de l’Europe, la journée qui identifie l’Union européenne en tant qu’entité politique. Mais l’Union Soviétique n’a pris en compte la signature de la capitulation  que le lendemain, soit le 9 mai alors que ses soldats sont en train de se battre au cœur de Berlin. Pour cette raison, Moscou comme encore nombre de pays de l’ex-URSS célèbrent la fin du second conflit mondial le 9 mai, et non le 8 mai.

C’est l’URSS qui a payé le plus lourd tribut à la guerre civile Européenne. Avec plus de 20 millions de morts civils et militaires, la population de l’URSS a diminué de 12% pendant la deuxième guerre mondiale. Après la rupture du pacte de non agression le 22 juin 1941, l’Allemagne nazie attaqua l’URSS et les soldats allemands atteignirent Moscou 6 mois plus tard, au cœur de l’hiver 1941, en occupant les pays conquis en route (Ukraine, Biélorussie, pays Baltes..). L’échec de la prise de Moscou stabilisera le front à l’ouest de la capitale au printemps 42, pendant que les combats se déplaceront vers le Caucase, jusqu’à la terrible bataille de Stalingrad ou les troupes Allemandes seront encerclées. La bataille de Stalingrad est considérée comme la bataille décisive du second conflit mondial. Elle durera 6 mois et fera de Stalingrad la première des batailles urbaines. Les combats feront rage pour chaque rue, chaque usine, chaque maison, chaque sous-sol et chaque escalier.

A Volgograd (ex-Stalingrad), sur le fameux kourgane Mamaïev (une colline de 102 mètres surplombant la Volga), les combats seront tellement violents que les Soviétiques perdront 10.000 hommes en une journée pour défendre ce point stratégique. L’endroit est maintenant dominé par un immense mémorial: la statue de la Mère Patrie. En Novembre 1942, privées de logistique et face à une armée Soviétique au moral indestructible, les troupes Allemandes sont finalement vaincues. La bataille aura coûté la vie à 487.000 soldats Soviétiques et fait 629.000 blessés. Coté Allemand 380.000 soldats de la Wehrmacht seront tués, blessés et prisonniers. Durant l’été 1943, les troupes Allemandes subiront une autre défaite majeure lors de la bataille de Koursk, la plus grande bataille de chars de l’histoire. En 50 jours de combat seulement, la Wehrmacht perd 500.000 hommes (tués, blessés, disparus), près de 1.200 chars et environ 2.000 avions. L’Armée rouge compte elle plus de 200.000 tués et ses pertes en blindés sont supérieures à celles de l’ennemi tandis qu’elle perd plus de 2.800 avions. L’Union Soviétique a alors à elle seule a contenu la quasi totalité de l’effort militaire Allemand en Europe. Dès l’automne 1943, la machine de guerre allemande est cassée et le reflux entamé, reflux qui amènera les soldats Soviétiques a Berlin au mois d’avril 1945.

 

J’ai eu la chance d’être dans les rues de Moscou le 9 mai dernier, pour le 65ème anniversaire de la fin de la guerre. A Moscou et dans toutes les autres villes de Russie, le 09 mai est une journée qui n’est pas comme les autres. La ville entière est à l’arrêt, focalisée sur l’histoire. Les Moscovites assistent d’abord au défilé militaire qui passe devant le kremlin avant de continuer dans la rue Arbat. Sur le trajet, des milliers de spectateurs acclament les défenseurs de la patrie qui défilent aux cris de “Russie, Russie”. La parade de l’année dernière a été exceptionnelle à plusieurs égards: tout d’abord plus de 10.000 soldats ont défilé à Moscou et (plus de 100.000 dans toute la Russie). Près d’un millier de soldats étrangers ont pris part au défilé de Moscou, en provenance de 24 pays, notamment des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, de Pologne, d’Arménie, d’Azerbaïdjan, de Biélorussie, du Kazakhstan, du Kirghizstan, de Moldavie, du Tadjikistan, du Turkménistan et d’Ukraine. En outre, des délégations d’anciens combattants canadiens, israéliens, slovènes, abkhazes et sud ossètes étaient également présentes dans la capitale russe. La France avait délégué le si fameux régiment de chasse Normandie-Niemen.

Mais l’importance de cette journée se ne mesure pas seulement  au nombre de soldats présents et au faste du défilé. C’est après la parade militaire que la sensation de communion populaire est la plus intense et la plus étonnante pour un observateur étranger. Au fur et à mesure que la journée avance, le centre ville redevient accessible et les moscovites envahissent les rues de leur ville. Les vétérans encore en vie marchent au milieu de cette immense foule qui leur parle et les remercie. Des jeunes et des moins jeunes leur offrent des fleurs. Le spectacle de ces jeunes filles qui embrassent les vétérans avec un amour presque familial donne le frisson. Devant la flamme du soldat inconnu, une file immense et ininterrompue se forme, les gens viennent déposer des fleurs.

En dehors des fleurs, on voit aussi partout dans la ville les petits rubans noir et oranges qui depuis 2005 accompagnent cette journée. Ce ruban, qui symbolise le courage et la victoire, date du 19ième siècle, c’est une création du Tsar Alexandre 1er. Il devait récompenser, dans l’armée, le “courage intrépide”. Il a pris le nom de “ruban de Saint Georges” et pour le jour de la victoire, le 9 mai, les citoyens le portent, soit sur le revers des vêtements, soit sur le sac à main des femmes, ou encore accroché aux antennes des voitures. Il témoigne maintenant du respect envers ceux qui sont tombés sur le champ de bataille durant la seconde guerre mondiale. Ce ruban est devenu une véritable institution, un symbole patriotique qui est même désormais porté toute l’année par certains Moscovites.

La liesse populaire continue dans la soirée, puisque des concerts et de nombreux événements ont lieu jusque tard dans la nuit. L’une des choses les plus incroyables est le calme et le civisme de la foule, pendant cette journée de célébration. Que l’on en juge, le 9 mai dernier près de 2,5 millions de Moscovites étaient dans les rues, jusqu’au grandiose feu d’artifice de la soirée, sans qu’aucun incident majeur ne soit répertorié.

Assister à “un 9 mai en Russie” est sans doute l’une des meilleures façons de comprendre la permanence du patriotisme russe, à l’heure ou dans de nombreux pays européens  de l’ouest le patriotisme est si décrié. Chaque année, cette communion montre que le peuple russe  sait célébrer ses victoires, ses vétérans, et ses héros.

С днём победы!  Ура!

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