RUE89 récidive dans le bon sens du terme en livrant une explication haute en couleur qui met à mal la “théorie officielle” de l’affaire Ossète.
Les principaux extraits ci dessous :
La déformation systématique et volontaire des réalités autour du conflit d’Ossétie, la substitution d’un discours idéologique aux relents de racisme anti-russe à une analyse de fond traduit une dangereuse dérive. Il convient donc de revenir aux faits : La nuit du 7 au 8 août, la Géorgie attaque violemment l’Ossétie du Sud. Tous les médias soulignent la violence de l’attaque, le tir sans sommation sur des troupes d’une tierce puissance (la Russie) présentes au titre d’un mandat de l’ONU et le bombardement délibéré de la population civile par l’artillerie et les lance-roquettes multiples de 122-mm. Une partie de la ville de Tskhinvali a été détruite et il y aurait eu plus de 1500 morts et des dizaines de milliers de déplacés.
Ces actes sont extrêmement graves. Mais la désinformation qui a suivi ne l’est pas moins. La Géorgie est devenue le défenseur de la démocratie face à « l’impérialisme » russe et certains comparent les récents événements à l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie d’août 1968. Ceci insulte les participants du « Printemps de Prague », et la mémoire d’Alexandre Dubcek.
Il est inconcevable que Washington n’ait pas été au courant du projet géorgien
L’agression a eu lieu en présence d’officiers américains au sein des troupes géorgiennes dans le cadre du « Georgia Train and Equip Programme » (GTEP). Il est ainsi inconcevable que Washington n’ait pas été au courant du projet du Président géorgien. Force est de constater que rien ne fut fait pour l’arrêter. Il ne fut pas non plus donné ordre à ces officiers américains de se retirer des unités qu’ils entraînaient. Par son inaction, pour ne pas dire plus, le gouvernement américain s’est fait le complice d’actes de guerre contre les forces ossètes et russes et de crimes de guerre en ce qui concerne le bombardement de Tskhinvali.
Ceux-là même qui aujourd’hui critiquent la Russie pour sa réaction militaire, pourtant légitime dans ce contexte, n’ont rien fait pour prévenir l’irréparable tant qu’il était encore temps. On peut considérer excessive la réaction russe. Mais il ne faudrait pas alors oublier que, depuis 1999 la Russie a été sans cesse mise devant des faits accomplis : le Kosovo, la sortie unilatérale du traité antimissile par les États-Unis ou encore l’élargissement incessant de l’OTAN aux pays de l’ex-URSS en dépit des accords entre Gorbatchev puis Eltsine et Bush (père). Les États-Unis ont renié leurs engagements vis-à-vis de la Russie sur de multiples points et donné corps aux pires soupçons quant à leurs intentions profondes.
En réalité, les autorités russes ont fait preuve d’une réelle retenue en ne poussant pas leur avantage sur le terrain (Tbilissi aurait pu être prise le lundi 11 août) et en s’abstenant de faire prisonniers des instructeurs américains surpris au sein des unités géorgiennes qu’ils encadraient.
Enfin, les mêmes pays qui ont reconnu l’indépendance du Kosovo au mépris du droit international reprochent à la Russie sa reconnaissance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du sud. Cela fait cependant très longtemps que les populations de ces deux régions ont exprimé leur refus de rester dans le cadre de la Géorgie et ont souhaité rejoindre la Russie. Du temps de l’URSS déjà des manifestations avaient lieu en ce sens à Soukhoumi. Quant aux Ossètes, héritiers de l’ancienne Alanie, et proches des Abkhazes par leur appartenance à la Tcherkessie, ils souhaitent eux aussi rejoindre la Russie depuis fort longtemps.
Une indispensable zone de sécurité autour de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie
Les protestations occidentales sont donc bien hypocrites. Cette hypocrisie a des raisons. Le conflit en Ossétie du Sud, qui ne pouvait pas ne pas impliquer la Russie sert à relancer l’intégration de la Géorgie et de l’Ukraine à l’Otan après l’échec du sommet de Bucarest. La Russie est présentée comme une menace et le Président polonais signe les accords sur les missiles anti-missiles.
Venant après l’agression géorgienne, la Russie exige aujourd’hui la constitution d’une zone de sécurité autour de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie. Après le criminel bombardement de Tskhinvali ceci est indispensable. Les autorités géorgiennes ne peuvent espérer un simple retour à la situation de 2004 après ce qu’elles ont fait. L’envoi au-dessus de la ville martyre d’avions d’observation sans pilote est une nouvelle provocation qui justifie la volonté russe de mettre en place une importante zone de sécurité.
Soutenir l’agression de la Géorgie, vouloir ranimer à contre-temps les feux de la guerre froide, c’est mettre la paix en péril et oublier que nous avons besoin de la Russie et de ses alliés pour stabiliser la situation en Afghanistan. Les pertes tragiques que l’armée Française vient d’y subir témoignent de l’effondrement de la stratégie américaine dans la région. Pour la sécurité de notre propre pays, il convient de ne pas se tromper de combat.
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