Far Est

Cet article a été publié originellement sur Ria-Novosti

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Lorsque j’ai décidé d’émigrer en Russie, les nombreux français de ma génération tentés par l’expatriation pensaient en général à des destinations plus classiques, comme le Canada francophone, l’Angleterre et l’Irlande, alors en plein boom économique, ou encore l’Australie et surtout les USA, parce qu’on pense toujours qu’en Amérique, tout est possible. Bien sur, la situation n’est pas encore catastrophique en France mais nous sommes nombreux à pressentir qu’il n’y aura pas d’améliorations dans les années à venir. Je fais partie d’une génération de Français dont un très grand nombre c’est vrai est parti s’installer à l’étranger. Je ne parle la pas des retraités qui pensent avant tout à leur confort de vie et à partir dans des régions ensoleillées et bon marché, chaudes et peu chères, comme le Maroc par exemple, mais des jeunes diplômés, dont l’émigration est à finalité économique, professionnelle.

La crise financière de 2008 a cependant modifié les choses en profondeur. L’Angleterre et l’Irlande ont perdu leur attractivité, les USA sont en pleine crise économique et sociale, et les Français sont de plus en plus nombreux à s’aventurer dans des régions moins habituelles, mais présentant de réelles opportunités économiques, que ce soit par exemple le Brésil, la Chine ou encore la Russie. C’est un signe de confiance dans l’avenir du pays et les sociétés françaises du CAC 40 s’installent  les unes après l’autre en Russie. Pourtant, même si la présence française en Russie augmente, elle reste encore relativement faible par rapport à d’autres pays Européens comme l’Allemagne. Que l’on en juge par le nombre de sociétés présentes, en Russie: environ 600 pour la France et 6.000 pour l’Allemagne. Il y a une logique à ce fort attrait économique qui se traduit dans les chiffres d’immigration et qui démontre bien l’influence croissante de la Russie, par ailleurs seul pays européen du groupe BRIC, dans la région Eurasie. La Russie est en effet le second pays au monde accueillant le plus grand nombre d’étrangers juste après les Etats-Unis.
En 2010, il était estimé que la Russie comptait 12 millions d’étrangers sur une population de 142 millions d’habitants. Bien sur les gaustarbeiters d’Asie centrale (main d’œuvre à faible coût) représentent le gros de ces migrants, mais selon l’AEB (l’Association of European Business) près de 500.000 ressortissants de l’Union Européenne vivent ou travaillent en Russie, tout du moins occasionnellement.

Désormais les nouveaux arrivants d’Europe de l’ouest sont de moins en moins nombreux à arriver mutés au sein d’une société, mais plus nombreux à venir en Russie individuellement pour une courte période, que ce soit un stage ou un échange étudiant. Certains choisissent de  rester pour chercher du travail, voire commencer une nouvelle vie. D’un point de vue professionnel, la forte croissance et le dynamisme du marché intérieur de la Russie sont une mine d’or pour les entreprises étrangères et cette bonne santé économique permet de trouver des débouchés en tant que salarié bien plus facilement que dans nombre de pays d’Europe de l’ouest.

Pour autant la Russie n’est pas encore la destination qui fait rêver et elle n’est vraiment pas non plus le pays le plus simple dans lequel émigrer, même pour les jeunes spécialistes. Les difficultés de la langue russe, la dureté du climat (si l’on pense à la Russie Européenne et donc aux pôles économiques que sont Moscou et aussi Saint-Pétersbourg) ou surtout les nombreuses difficultés administratives (visas, démarches diverses..) n’ont il est vrai rien pour faciliter la tâche. En outre, la grande méconnaissance qu’ont encore la majorité des Français par exemple de ce pays et le tableau noir qu’en font nos médias coupent toute envie d’y aller pour travailler, ne parlons pas de s’y installer.Malgré tout à Moscou, j’ai rencontré de nombreux français qui ont eux aussi choisi la Russie, certains depuis peu, et d’autres depuis 10 ans voire plus. Dans des discussions sur la vie en Russie, sur la dureté du climat, ou sur les difficultés de la langue russe, j’ai été étonné d’entendre souvent la même phrase: “Je ne souhaite pas repartir”. C’est vrai que mes premières impressions, à titre personnel, ont aussi été assez rapidement plutôt positives. En Russie, il n’y a pas ces grèves à répétition qui empêchent de vivre normalement et de se déplacer.

Dans les villes, les magasins, les bars, les restaurants sont souvent ouverts 24/24, ce qui confère une sensation de liberté importante. Le pays est réellement multiculturel et multiconfessionnel mais contrairement aux sociétés occidentales, les tensions ethniques, religieuses et sociales se ressentent très faiblement, et n’empoisonnent pas la vie de tous les jours, comme par exemple en France. On peut ressentir à Moscou l’énergie qui se dégage de la ville et la vitalité des gens, dans les rues, dans le métro, dans les magasins. Il y a dans cette ville quelque chose de vibrant, de positif et d’attachant.

La sensation d’être dans un pays ou l’impression de déclin (omniprésente en France) ne se fait pas sentir, est fort plaisante, il faut bien l’avouer. Je pense que c’est une des clefs pour comprendre l’attrait que la Russie procure sur les étrangers. En Russie, cette sensation de  “c’est possible” existe encore, alors qu’elle semble avoir disparu dans bien d’autres pays. La Russie, Far-Est du 21ème siècle, saura-t-elle être l’eldorado des Européens, comme les Etats-Unis l’ont été au cours du siècle précédent?  Il est difficile de prévoir l’avenir, néanmoins il y a deux décennies, si les Européens migraient d’est en ouest, aujourd’hui il n’est pas impossible que nous assistions au début d’un mouvement inverse, d’ouest vers l’est, vers les immenses espaces par delà l’Oural.

Ce mouvement devrait selon moi sensiblement s’accélérer dans la prochaine décennie, au vu des prévisions économiques solides en Eurasie (Russie, Biélorussie et Kazakhstan, les 3 pays de la nouvelle union douanière) et relativement faibles en Europe de l’ouest. Déjà la Russie se classe devant la France et juste derrière l’Allemagne selon le FMI, dans le classement des pays selon leur PIB à parité de pouvoir d’achat.

Pour ma part, en tant que Français d’Eurasie, c’est décidé depuis longtemps, je reste vivre en Russie!

Démographie du Caucase

Il est très fréquent de lire que alors que la démographie russe est en crise, la démographie des zones musulmanes de Russie serait elle en excellent santé, particulièrement dans le turbulent Caucase. La Russie serait menacée par ce péril musulman, qui pourrait faire d’elle un pays musulman en 2050 nous affirment certains. 
Pour autant la forte natalité de ces régions est très souvent compensée par une forte mortalité et la hausse de population est plus que relative, surtout en comparaison de la population globale du pays. Prenons la population des zones musulmanes caucasiennes que sont l’Adyguée, la Tchétchénie, le Daguestan, l’Ingouchie et la Kabardino-Balkarie.  
 
Le Daguestan
Population: 2.737.313 habitants dont 80% de Daguestanais et 10% de Russes ethniques.
51.806 naissances en 2010 contre 50.416 en 2009 soit +1.390 naissances.
17.008 décès en 2010 contre 16.737 en 2009 soit +271 décès.
Croissance de la population: +34.798 habitants en 2010, contre +33.769 en 2009.
La Tchétchènie
Population: 1 268 042 habitants dont 93% de Tchétchènes.
36.508 naissances en 2010 contre 36.523 en 2009 soit -15 naissances.
6734 décès en 2010 contre 6.620 en 2009 soit + 114 décès.
Croissance de la population: +29.774 habitants en 2010 contre +29.903 en 2009.

L’Ingouchie
Population: 516.693 habitants dont 83% d’Ingouches et 12% de Tchétchènes.
11.178 naissances en 2010 contre 9.572 naissances en 2009 soit +1.606 naissances.
1.857 décès en 2010 contre 1.877 décès en 2010 soit -20 décès.
Croissance de la population: +9.321 habitants en 2010 contre +7.695 en 2009.

Kabardino Balkarie
Population: 893.919 habitants dont 66% de Kabardes et Balkares et 25% de Russes.
12.577 naissances en 2010 contre 12.143 en 2009 soit +434 naissances.
8.068 décès en 2010 contre 8.406 en 2009 soit -338 décès.
Croissance de la population: +4.509 habitants en 2010 contre +3.737 en 2009.

La population de ces 4 républiques (5.495.967 habitants soit 4% 
de la population de la fédération de Russie) à donc augmentée de 
75.104 habitants en 2009 et de 78.402 habitants en 2010.

Assez parlant, l’évolution du taux de fertilité du plus gros de ces pays, le Daguestan:
 
Également, l’évolution du taux de natalité dans ces 4 républiques  :


Source: l’excellent blog de Boris Denisov

Цвета России

Оригинальная статья была опубликована в РИА Новости
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В прошлую пятницу, 11 февраля, в Москве в Выставочном Центре современного искусства «Винзавод» открылась выставка «Best of Russia». Выставка, организованная при поддержке министерства культуры, проводится ежегодно с 2008 года и представляет лучшие фотографии года, чтобы показать все лучшее в России.Принцип очень прост, участвовать могут все российские граждане. Цель состоит в том, чтобы найти среди фотографов тех, кто в состоянии передать истинный образ России. Далекие от стереотипов, участники показывают жизнь, красоту, разнообразие и контрасты, которыми изобилует страна. Фотографии классифицированы по нескольким темам: природа, архитектура, люди, события и стиль.

В каждой категории были отобраны 365 фотографий, представляющие победителей этого года. Выставки 2008 и 2009 годов пользовались большим успехом. Выставку 2010 года посетили 300.000 человек. Каждый год увеличивается количество участников, просматриваются тысячи фотографий. В этом году приняли участие 569 городов, были отправлены 25.239 фотографий и выбраны 365. Выставка пройдет в Москве, Санкт-Петербурге, Перми, Новосибирске, а также Париже.

В области фотографии есть и другой проект, «Цвета России» , который существует с 2007 года. Организаторы: Майкл Хокни и Вильям Златанов, два путешествующих по миру канадских фотографа. «Цвета России» насчитывают около 15.000 фотографий, сделанных между Москвой, Санкт-Петербургом и Нижним Новгородом. «Цвета России» был признан ИТАР-ТАСС важным проектом, представляющим современную Россию. Следует отметить, что «Цвета России» являются российской частью глобального проекта, также очень достойного.

Общая цель обоих проектов понятна, она состоит в том, чтобы показать образ России без предубеждений, но реальный и современный. Эти проекты попытаются изменить имидж России за рубежом, являющийся вполне катастрофическим. Разумеется, и мы это знаем, глобальные средства массовой информации редко бывают благосклонны по отношению к России, и Франция является хорошей тому иллюстрацией.

В недавнем интервью Эммануэль Киде , генеральный директор Ernst & Young Россия и президент-основатель Франко-российской торгово-промышленной палаты, напомнил, что «пресса очень негативна по отношению к России, она была такой всегда, в особенности, пресса французская». А значит, представление России через фотографию кажется мне достаточно хорошим способом открыть для себя эту страну, по-прежнему относительно неизвестную.

Я вспоминаю, что когда начал интересоваться Россией, много лет тому назад, я отчаянно искал сайт с настоящими фотографиями России. Я просмотрел большую часть изображений, которые тогда были доступны он-лайн, и нашел в основном рекламные фотографии городов Золотого кольца или двух неизбежных городов, каковыми являются Москва и Санкт-Петербург. Но я не нашел фотографий Барнаула, Владивостока, Петрозаводска или Краснодара. Ни фотографий учебных заведений, студентов, деревень или же баров, ресторанов, пляжей и, в особенности, людей…

С тех пор количество российских блогов выросло, в них можно увидеть Россию в лицах, такую, какая она есть, но доступ в Интернет по-прежнему труден для иностранцев и потенциальных туристов, часто по причине языкового барьера.

С тех пор как я пишу о России, я часто думал проиллюстрировать свою точку зрения фотографиями. Нужно признаться, что это нелегко. Россия является огромной и разнообразной страной, одновременно современной и архаичной, что трудно для иллюстрирования. Как сравнить ультрасовременные проспекты Москвы с оленеводами Дальнего Востока? Как сравнить полярный облик дальнего Севера с восточным обликом Кавказа? Какую Россию показать как Россию? Как выбрать из мозаики народов и традиций? Вот в чем достоинство этих двух выставок: соединение образов российского разнообразия ради удовольствия посетителей.

Для подавляющего большинства людей, Россия является страной холодной, зимней и серой, страной без света. Одна российская знакомая описала мне недавно, что для нее представляет собой Россия: снежный вихрь, возникающий от ветра на заснеженной платформе пригородной станции, где она ждет électrichka (пригородный поезд – прим. ред.) ранним утром по дороге на работу.

Картина реалистичная, но, разумеется, не способствующая продаже, особенно с туристической точки зрения. Отсутствие света во многих регионах на севере или востоке страны является климатическим фактом, но так не везде, например, на побережье Черного моря или на Кавказе.

Чтобы продемонстрировать, на что похожа жизнь «на юге», французский блогер Arthur, например, показывает довольно неожиданный образ России. С 2006 года он выкладывает в Интернет фотографии города, в котором он живет, Новороссийска, показывает, что жизнь в России не только возможна, но также приятна, вдали от больших городов, где по-прежнему сосредоточено большинство иностранцев. Это хорошо видно на его фотографиях: его Россия жаркая, синяя и экзотическая, где пальмы конкурируют за пространство с кайтсерферами или водными скутерами. И все же вы не спите, вы точно находитесь в России, даже если эта южная Россия далека от привычного образа.

Далекие от стереотипов и фантазий, фотографии нас не обманывают: они показывают нам сегодняшнюю Россию.

Перевод : Уголин (Ursa-Tm)

Chronique d’Oncle Vania : Vol au dessus dʼun nid de coucous

Mes lecteurs les plus assidus connaissent déjà sans doute Oncle-Vania, qui en 2009 et 2010 à publié d’excellentes analyses sur les médias Français et la Russie, dans le Courrier de Russie. Afin de garder sa liberté de ton et pouvoir continuer à donner son analyse de Français de Russie, Oncle Vania va désormais collaborer à Dissonance et tenir une rubrique régulière. Nul doute que ses analyses dissonantes auront totalement leur place sur ce blog!

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Vol au dessus dʼun nid de coucous

Un séjour prolongé à Paris permet de mesurer le mur dʼincompréhention qui sépare nos deux nations. La France dérive depuis quelques décennies vers un atlantisme mou, renforcé par le dernier président en date, Sarko lʼaméricain comme certains de ses proches aiment lʼappeler, aussi ridicule cela puisse sonner. Cette dérive a des effets pervers en profondeur sur la société française, la déresponsabilisation de lʼindividu, un conformisme envahissant et une dictature du politiquement correct relayée par les média et ce quʼon appelle encore lʼintelligentsia. Et je ne parle pas du naufrage des programmes télévisés où chaque nouveau reality show adapté des chaines outre atlantiques marque un nouveau seuil dans cette entreprise de décervellisation des masses. Pratiquement chaque publicité est accompagnée dʼavertissements tels, faites de lʼexcercice, mangez des fruits et des légumes, jouer provoque de la dépendance….bientot, on rappellera aux consommateurs quʼil est indispensable de penser à respirer. 

Dans le même temps, la vision du monde extérieur est modelée par une presse de plus en plus conformiste, schizophrène et donneuse de leçons. Les grands journalistes sont devenus une espèce en voie de disparition. Il nʼy a pratiquement plus de différences dans le traitement de lʼinformation entre CNN et la presse française, audiovisuelle et écrite. Les journalistes présents au Caire ou à Tunis relaient les mêmes commentaires sur la chute de ces tyrans qui ont bafoué la démocratie et opprimé leur peuple pendant plus de trente ans, passant pudiquement sur le soutien actif de tous les régimes occidentaux à ces états et sur les pespectives de ces changements. Mieux encore, ils colportent les mêmes analyses sur le role des réseaux sociaux, facebook ou tweeter, et les amalgames sur les effets dominos, mettant dans le même sac le Maroc, la Lybie, le Bahrein, le Yemen et le Kurdistan Irakien. Belle leçon de géopolitique.

Parallèlement, la Russie a toujours droit à un traitement de faveur. On prend la défense de Khodorkhovski sans connaitre le dossier, et quand un kamikaze se fait sauter à Domodiedovo, cʼest forcément la faute de Vladimir Poutine. Sur ce sujet, une mention spéciale au nouvel observateur, magazine de cette gauche bobo en perdition, et qui faute de budget a du envoyer un stagiaire à Moscou comme correspondant. Ce dernier déja épinglé par la chronique dʼoncle Vania pour son ignorance du Caucase, récidive dans les grandes largeurs. Consciencieux, il a appris un nouveau mot, “verticalité du pouvoir”, quʼil cite plusieurs fois pour expliquer lʼincurie et la faillite du gouvernement russe. Dans la série à qui profite le crime, il rend le premier ministre russe responsable des incendies de forets, des bagarres des fans du Spartak et de ces pauvres kamikazes qui nʼont dʼautres choix que de se faire sauter pour échapper à cette verticalité du pouvoir si dure à supporter… terminant son analyse par le fait que de plus en plus de russes sʼen rendent compte.
Cela explique sans doute la grande manifestation de masse du jour de la colère qui a rassemblé 250 personnes sur la place rouge.

Cette absence de “fond de culture” est le trait commun de beaucoup issus cette nouvelle génération de journalistes. On prend moins de risques à régurgiter les lieux communs quʼa réfléchir et analyser les faits. Il est surprenant que la presse française ait du attendre une information sortie sur le site du Guardian pour “découvrir” que Hashim Thaci, leur guerrillero favori était au centre dʼun traffic dʼorganes prélevés sur des prisonniers serbes. Dʼici quelques années ils découvriront peut être son role dans le traffic dʼhéroine en provenance dʼAfghanistan avec ses amis américains. Informations que les milieux informés connaissaient depuis plusieurs années, et qui paraissaient déja dans certains organes de presse. 

Pour terminer cette chronique, un mot sur lʼexcellente analyse de realpolitik.tv sur lʼaffaire Florence Cassez au Mexique et le rôle de la presse française et des politiques dans ce naufrage politico-médiatique.

Oncle-Vania

Couleurs de Russie

Cet article a été publié originalement sur Ria Novosti
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Vendredi dernier, le 11 février s’est ouverte à Moscou l’exposition “best of Russia“, qui se tient au Centre d’exposition d’art contemporain Vinzavod. L’exposition, patronnée par le ministère de la Culture, a lieu tous les ans depuis 2008 et consiste en la publication des meilleures photos de l’année pour illustrer le meilleur de la Russie.

 

Le principe est très simple, tous les citoyens russes peuvent participer. L’objectif est de découvrir parmi les photographes, ceux qui sont capables de donner une image authentique de la Russie. Loin des stéréotypes, les participants exposent  la vie, la beauté, la diversité et les contrastes dont le pays regorge. Les photos sont classées selon plusieurs thématiques : la nature, l’architecture, les gens, les évènements et le style.

 

365 photos sont sélectionnées dans chaque catégorie, constituant la sélection des gagnants de l’année. Les expositions  2008 et 2009 ont connu un grand succès. Celle de 2010 a attiré 300.000 visiteurs. Chaque année, le nombre de participants augmente et des milliers de photos sont triées. Cette année, 569 villes ont participé, 25.239 photos ont été envoyées et 365 sélectionnées. L’exposition aura lieu à Moscou, Saint-Pétersbourg, Perm, Novossibirsk et aussi Paris.

 

Toujours dans le domaine de la photo, il existe une autre manifestation, “Colours of Russia“, qui existe depuis 2007. Organisée par Michael Hockney and William Zlatanov, deux photographes Canadiens qui parcourent le monde. Colours of Russia comprend près de 15.000 photos prises entre Moscou, Saint-Pétersbourg et Nijni-Novgorod. Elle a été reconnue par l’agence Itar-Tass comme un projet important et représentatif de la Russie moderne. Il est à noter que Colours of Russia n’est que la partie Russe d’un projet plus global, également de très grande qualité.

 

Le but commun de ces deux projets vous l’aurez bien compris est de donner une image de la Russie hors des préjugés, mais également réelle et actuelle. Ces projets ont tout à fait leur place pour tenter de modifier l’image de la Russie à l’étranger qui est assez catastrophique. Bien sûr, nous le savons, le courant médiatique global n’est que rarement favorable à la Russie et la France en est une bonne illustration.

 

Dans une récente interview, Emmanuel Quidet, directeur général d’Ernst& Young  Russie, et président fondateur de la chambre de commerce et d’industrie franco-russe, rappelait que: “la presse est très négative sur la Russie et l’a toujours été, particulièrement la presse française“. Par conséquent, l’illustration de la Russie en photos me semble une relativement bonne méthode pour faire découvrir ce pays encore relativement méconnu.

 

Je me souviens que lorsque j’ai commencé à m’intéresser à la Russie, il y a de cela bien des années, j’ai désespérément cherché un site, avec de vraies photos sur la Russie. J’ai regardé une bonne partie des images qui étaient disponibles en ligne et j’y ai trouvé surtout des photos publicitaires des villes de l’Anneau d’or ou des deux villes incontournables que sont Moscou et Saint-Pétersbourg. Mais je n’ai pas trouvé de photos de Barnaoul, Vladivostok, Petrozavodsk ou Krasnodar. Pas de photos des facultés, des étudiants, des villages ou encore des bars, des restaurants, des plages russes et surtout des gens…

 

Depuis, une quantité de blogs russes se sont développés, il est possible d’y voir la Russie en images, telle qu’elle est, mais l’accès en ligne reste compliqué pour les étrangers et pour les touristes potentiels, souvent à cause de l’obstacle de la langue.

 

Depuis que j’écris sur la Russie, j’ai souvent pensé à illustrer mes propos par des images. Il faut bien avouer que ce n’est pas facile. La Russie est un pays immense et varié, à la fois si moderne et si archaïque, qu’il est difficile à illustrer. Comment comparer les avenues ultramodernes de Moscou avec les éleveurs de rennes de l’Extrême-Orient? Comment comparer l’aspect polaire du grand Nord arctique avec l’oriental Caucase? Quelle Russie montrer comme étant la Russie? Comment choisir dans la mosaïque des peuples et des traditions? C’est tout le mérite de ces deux expositions: réunir les images de la  diversité russe pour le plaisir des visiteurs.

 

Pour une très grande majorité de gens, la Russie est un pays froid, hivernal et gris, un pays sans lumières. Une amie russe me décrivait récemment ce que représentait la Russie pour elle, en l’illustrant par les tourbillons de neige créés par le vent sur les quais enneigés de la gare de banlieue où elle prend son électrichka (train de banlieue-ndlr) tôt tous les matins pour aller travailler.

 

Un tableau dans un sens réaliste mais il est vrai pas vraiment vendeur, surtout d’un point de vue touristique. L’absence de lumière dans nombre de régions du nord ou de l’est du pays est un fait climatique mais ce n’est pas le cas partout, par exemple au bord de la mer Noire ou dans le Caucase.

 

Pour montrer à quoi ressemble le cadre de vie “dans le sud“, le blogueur français Arthur par exemple, donne une image assez inattendue de la Russie. Depuis 2006, il met en ligne des photos de la ville dans laquelle il habite, Novorossisk, qui est, comme il le rappelle, la 77ème ville du pays. Il démontre ainsi que la vie en Russie est non seulement possible, mais aussi agréable, loin des grosses agglomérations où sont encore concentrés la majorité des étrangers. On le voit bien sur ses photos: sa Russie à lui est chaude, bleue et exotique, les palmiers se disputant la place avec les Kit-Surfers ou les scooters des mers. Et pourtant vous ne rêvez pas, vous êtes bien en Russie, même si cette Russie du sud est bien loin de l’image que l’on peut s’en faire.



Loin des stéréotypes et des fantasmes, les photos ne nous mentent pas: elles nous montrent la Russie d’aujourd’hui.

Так ухудшается ли деловой климат в России?

Оригинальная статья была опубликована в блоге Диссонанс и Иносми её переводил.

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3 февраля в издании Figaro появилась статья, написанная Пьером Аврилем (Pierre Avril), под таким заголовком: «В России ухудшается деловой климат». В этой обличающей Россию статье утверждается, что хоть официально иностранных инвесторов и ждут с распростертыми объятиями, на самом деле власти закрепляют правила игры, осложняющие ведение бизнеса в России. В качестве иллюстрации Пьер Авриль взял пример из нефтяной сферы (иск российских акционеров ТНК-ВР с требованием заморозить сделку по обмену активами британской ВР и российской «Роснефти» – прим. ред.), основываясь на информации, обнародованной ресурсом WikiLeaks. Другой пример – покупка Банка Москвы, который должен быть приобретен ВТБ, а не итальянским Unicrеdit.

Не знаю, почему французская пресса всегда пишет о России в негативном ключе, и не хочу распространяться на этот счет, но давайте будем серьезными: как можно судить о деловом климате по энергетическому сектору, хотя прекрасно известно, что это крайне чувствительная сфера, столько же политизированная, сколь и национализированная? С другой стороны, энергетическая сфера и российско-британские отношения, по-моему, сейчас являются наиболее удачным контрпримером, наиболее завершенным и дающим наименее полное представление о настоящей атмосфере, царящей в деловых кругах в России.

Если серьезно, то в тот же день мы узнали, что на международном инвестиционном форуме, организованном банком «Тройка диалог», собрались 2400 человек (по сравнению с 1600 в прошлом 2009 году), большинство из которых были иностранцами. В 2010 году рост ВВП составил 5%, в 2011 году, по прогнозам, – 5-6%, а уровень безработицы упал до докризисного, при этом в 2011 году бюджетный дефицит не превысит 3%. Учитывая все эти факторы, в России, как мне кажется, наоборот, есть все, чтобы привлечь иностранных инвесторов. (…)

Женственность против феминизма?

Оригинальная статья была опубликована в РИА Новости
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Моя предпоследняя статья под названием “Одежная полемика” вызвала лавину писем и комментариев на моей странице Facebook. Очевидно, что тема была принята всерьез многими комментаторами. Опубликованная 26 января, статья менее чем неделю вызвала около 98 комментариев, русских и французов, с преобладанием с обеих сторон девушек.

Затронуто было все: русская женщина, французская женщина, их сравнение, мнение мужчин, религия, отношения полов в России и Франции! Уф, социолог, без сомнений, мог бы написать начало диссертации с аргументами одних и других. Многие комментарии являются размышлением на тему феминизма.

В статье, напомню, рассматривался призыв православного епископа к молодым российским женщинам одеваться более прилично, то есть прекратить носить слишком короткие мини-юбки. Международной прессой это было сочтено внутренним российским делом, а епископ получил поддержку основных религиозных лидеров в России. Le Courrier International (издающийся во Франции) сообщил 27 января, что в Чечне, на улицах Грозного, в настоящее время стреляют краской из пистолета (пейнтбол) в девушек, которые не одеваются «прилично».

К примеру, для Ирины, комментирующей мою статью, француженка является «жертвой феминизма, который оправдывает ее одежду унисекс, поскольку карьера стала для нее большим приоритетом, чем семья». Французская женщина хотела бы быть равной мужчине, прежде всего, быть похожей на него, и не иметь такого облика, который напоминал бы мужчине, что она является женщиной. Во Франции, подводит итог Ирина, феминизм часто означает отсутствие женственности.

Этот отказ от привлекательного внешнего вида, по мнению некоторых, был мотивирован прагматическими соображениями, такими как отсутствие безопасности на улицах или комфорт, но не только. Ирина, без сомнения, права: эта эволюция была сформирована идеологией, которая, в конечном счете, принесла большой вред отношениям между мужчинами и женщинами: феминизмом.
Со своей стороны я никогда не понимал, чего же хотели феминистки во Франции, и особенно их представительницы из, например, известной ассоциации Сhiennes de gardes (сторожевые собаки ― прим. перев.). Если можно вообразить равное представительство женщин в политике, я по-прежнему убежден, что главное ― иметь хороших политических лидеров, независимо от их пола. Равенство в оплате труда мужчин и женщин во Франции является хорошей идеей, но охота на мачо или дискриминация на основе системы квот являются, вероятно, плохой идеей. Конечно, во Франции борьба за равенство между мужчинами и женщинами сталкивалась со многими трудностями на протяжении всего ХХ века.

Я отмечаю, что Сhiennes de gardes никогда не требуют равенства без обесценивания мужчин в целом. Движение, благодаря своему политическому влиянию в некоторых кругах и реальному представительству в СМИ, значительно повлияло на менталитет во Франции, но, в общем, в неправильном направлении. Дополнительные различия между полами из-за этого не только не сократились, но стали синонимом межполовой иерархии, ставящей женщин в неблагоприятные условия. К несчастью для них, распространение феминизма во Франции сопровождалось ненужной дефиминизацией в отношении одежды.

Контраст: с тех пор как я нахожусь в России, не думаю, что хоть однажды слышал термин «феминизм», а ведь я живу в окружении русских женщин. Это маленькое чудо, которое, на мой взгляд, является не просто деталью, а свидетельством того, что русским женщинам, вероятно, больше ничего доказывать, объясняется главным образом историей России. В начале ХХ века большевики в России провозгласили равенство полов, равенство фактическое и юридическое. В России женщины с 1918 года получили право голоса, в то время как француженки должны были ждать до 1944.

Русские женщины принимали активное участие в Великой Отечественной войне, не только работая на фабриках. В боевых частях насчитывалось более чем 800.000 русских женщин, они были врачами, медсестрами, пилотами бомбардировщиков и снайперами на фронте. Они участвовали в самых страшных боях, многие из них были удостоены звания Героя Советского Союза. В России никто этого не забыл. После войны отсутствие мужчин привело к тому, что женщины справлялись сами и научились жить без мужской поддержки.

Эти трудности не лишили русских женщин женственности, вовсе нет. Они не забыли некоторые основные формулы в отношениях между полами, а именно того, что женщина, которая нравится мужчине, властвует над ним. По этой причине у русской женщины не возникает мысли, преуспевает ли она профессионально или же занимается тяжелой физической работой, о том, чтобы забыть о привлекательности, совсем наоборот.

Помню свое удивление, когда я приехал в Россию и увидел мужчин, которые несли женские сумки, и женщин, которые не брались за тележки, чтобы не повредить ногти. Я наблюдал за человеком, который действовал с оглядкой, чтобы защитить священный маникюр и купить цветы. Часто говорят о «потребительской корзине» для оценки уровня жизни любой страны, но если оценить количество покупаемых женщинам цветов в «потребительской корзине», станет ясно, что русская женщина не имеет конкуренток в Европе.

Возможно, именно по этим причинам феминистские движения западного типа никогда не имели большого успеха в России. Вместо того чтобы пытаться удовлетворить несуществующие феминистские требования, русские женщины по-прежнему заботятся о своем внешнем виде, а российское государство уделяет особое внимание требованиям, связанным с семьей. Русская женщина имеет один из самых длинных в мире отпусков по беременности и родам (до 3 лет с защищенной занятостью), но также в последние годы очень солидные пособия (многие тысячи евро) на второго ребенка, произведенного на свет или усыновленного. Это ключевая роль женщины как матери считается вполне нормальной в России, поскольку она является краеугольным камнем общества. Со своей стороны, как мужчина, считаю это совершенно нормальным.

Перевод : Уголин (Ursa-Tm)

Féminité vs féminisme

Cet article a été publié originalement sur Ria Novosti
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Mon avant dernière tribune intitulée: “polémiques vestimentaires” a entraîné une avalanche de mails ainsi que de commentaires sur ma page Facebook. Visiblement le sujet est pris très au sérieux par nombre de commentateurs. Posté le 26 janvier sur mon mur, l’article à entrainé quelques 98 commentaires en moins d’une semaine, de Russes et de Français, avec une grande majorité de jeunes filles des deux côtés.
Tout a été abordé: la femme russe, la femme française, une comparaison entre les deux, l’avis des hommes, la religion, et le rapport entre les sexes en Russie et en France! Ouf, un sociologue aurait sans doute pu écrire le début d’une thèse avec les arguments étayés par les uns et les autres. Beaucoup de commentaires sont une réflexion sur le sujet du féminisme.

L’article, rappelons-le, traitait de l’appel d’un évêque orthodoxe pour que les jeunes femmes russes s’habillent plus décemment, comprenez: cessent de porter des minijupes trop courtes. L’affaire a été traitée par la presse internationale comme russe et l’évêque a reçu le soutien des principaux responsables religieux de Russie. Le Courrier international (publié en France) nous apprenait même le 27 janvier dernier qu’en Tchétchénie, dans les rues de Grozny, on tirait désormais au pistolet à peinture (paint-ball) sur les filles qui ne s’habillent pas “décemment”.

Pour Irina par exemple, qui commentait mon article, la femme français serait “victime du féminisme, ce qui justifie son habillement unisexe, puisque la carrière est devenue prioritaire pour elle sur la famille”. La femme française voudrait donc pour être l’égal de l’homme, avant tout lui ressembler, et surtout ne plus présenter une apparence qui rappelle au regard de l’homme qu’elle est une femme. En France, résume parfaitement Irina, féminisme signifie souvent absence de féminité.

Cet abandon d’une apparence attirante pour le regard a certes été motivé par des raisons pragmatiques, comme l’insécurité dans les rues ou le confort, mais pas seulement. Irina a sans doute raison: cette évolution a été encadrée par une idéologie qui a finalement fait beaucoup de mal aux relations hommes / femmes: le féminisme.
Je n’ai pour ma part jamais bien compris ce que souhaitaient les féministes en France, et surtout leur représentantes, au sein par exemple de la très célèbre association « chiennes de gardes ». Si on peut imaginer une représentation égalitaire des femmes dans la politique par exemple, je reste persuadé que l’important est avant tout d’avoir de bons dirigeants politiques, peu importe leur sexe. L’égalité dans les salaires hommes-femmes en France est une bonne idée mais la chasse aux machos ou la discrimination basée sur un système de quotas sont probablement de mauvaises idées. Il est certain qu’en France, la lutte pour l’égalité entre hommes et femmes a rencontré beaucoup de difficultés pendant tout le 20ème siècle.

Je remarque cela dit que les “chiennes de garde” ne demandent jamais l’égalité sans dévaloriser les hommes en général. Le mouvement par son influence politique dans quelques cénacles et par une réelle représentation médiatique à considérablement influencé les mentalités en France mais généralement dans le mauvais sens. Les différences complémentaires entre les sexes ne sont en rien réductrices, ni synonymes d’une hiérarchie inter-sexes défavorisant les femmes. Malheureusement pour elles, la diffusion du féminisme en France s’est accompagnée d’une déféminisation inutile, sur le plan vestimentaire.

Contraste: depuis que je suis en Russie, je ne crois pas avoir entendu le terme de féminisme une seule fois alors que pourtant je vis entouré de femmes russes. Ce petit miracle est à mon sens beaucoup plus qu’un détail, mais bien la preuve que les femmes russes n’ont sans doute plus rien à prouver, et c’est dû notamment à l’histoire de la Russie. Au début du 20ème siècle, les bolcheviques ont proclamé en Russie l’égalité des sexes, égalité de fait et de droit. Les femmes ont dès 1918 obtenu le droit de vote en Russie, alors que les Françaises ont dû elles attendre jusqu’en 1944.

Les femmes russes ont ensuite participé activement à la Grande guerre patriotique, et pas seulement en travaillant dans les usines. Il y a eu plus de 800.000 femmes russes dans les troupes combattantes, elles ont été médecins, infirmières, pilotes d’avion de bombardement et snipers au front. Elles ont participé aux batailles les plus terribles et beaucoup d’entre elles ont été faites héroïnes de l’Union Soviétique. En Russie, personne ne l’a oublié. Après la guerre, le manque d’hommes dans la société a fait que les femmes se sont débrouillées par elles-mêmes et ont appris à vivre sans le soutien masculin.

Ces difficultés n’ont pourtant pas enlevé leur féminité aux femmes russes, bien au contraire. Elles n’ont pas oublié quelques équations essentielles des relations inter-sexes, à savoir qu’une femme qui plait à un homme à tous les pouvoirs sur lui. Pour cette raison, il n’est pas question pour une femme russe, qu’elle réussisse professionnellement ou qu’elle occupe un travail physique ingrat, de pouvoir oublier de rester séduisante,  bien au contraire.

Je me souviens de la grande surprise qui était la mienne lorsque je suis arrivé en Russie et que j’observais les hommes qui portaient les sacs à mains des femmes, et les femmes qui ne poussaient pas les caddies pour ne pas s’abimer les ongles. J’observais l’homme qui était là pour veiller au grain, pour protéger la sainte manucure et acheter des fleurs. On parle souvent du “panier de la ménagère” pour estimer les niveaux de vie des pays, mais si on estime la quantité de fleurs achetées pour les femmes pour établir un “panier des fleurs offertes”, il devient évident que la femme russe n’a aucune concurrente en Europe.

C’est peut-être pour ces raisons que les mouvements féministes de type occidental n’ont jamais eu de grand succès en Russie. Plutôt que d’essayer de satisfaire des revendications féministes qui n’existent pas, les femmes russes continuent à soigner leur look, et l’Etat russe se concentre sur les revendications qui concernent la famille. La femme russe bénéficie d’un des plus longs congés maternités du monde (jusqu’à 3 ans avec emploi protégé) mais également depuis quelques années de très solides allocations (plusieurs milliers d’euros) dès le second enfant adopté ou procréé. Ce rôle clef de la femme en tant que mère est jugé tout à fait normal en Russie puisqu’elle est la clef de voûte de la société. Pour ma part, en tant qu’homme je trouve cela parfaitement normal.

2010, la reprise démographique confirmée

Les chiffres de la démographie pour 2010 sont publics et ils sont bons, ils confirment le renouveau démographique Russe.
Naissance et décès
Reprenons l’évolution du nombre de naissances et décès de 1999 à 2010.
  • 1999 — 1.214.689 naissances et  2.144.316 décès
  • 2000—  1.266.800 naissances et 2.225.332 décès
  • 2001—  1.311.604 naissances et 2.254.856 décès
  • 2002 —  1.397.000 naissances  et 2.332.300 décès
  • 2003 — 1.483.200 naissances et 2.370.300 décès
  • 2004 — 1.502.477 naissances et 2.295.402 décès
  • 2005 — 1.457.400 naissances et 2.303.900 décès
  • 2006 — 1.479.600 naissances et 2.166.700 décès
  • 2007 — 1.610.100 naissances et 2.080.400 décès
  • 2008 — 1.717.500 naissances et 2.075.900 décès
  • 2009 — 1.764.000 naissances et 2.010.500 décès
  • 2010 — 1.789.600 naissances et 2.031.000 décès
En 2009 la perte nette (naissances – décès) s’élevait donc à 248.000 individus.
En 2010 la perte nette (naissances – décès) s’élève donc à 241.000 individus.Au début de cette année, je prédisais que la mortalité passerait sous le seuil des 2 millions de décès. Malheureusement la canicule de cet été à entrainé une surmortalité de près de 55.000 personnes. Sans cette surmortalité exceptionnelle, la Russie aurait eu moins de 2 millions de décès et n’aurait pas perdu 241.000 personnes mais 186.000.
Intéressant, la mortalité baisse sur différents points cruciaux:
– Baisse des suicides: 31.200 contre 34.700
– Baisse des accidents de la route: 26.100 contre 27.300

– Baisse des homicides: 31.200 contre 34.700
– Baisse des empoisonnements: 13.100 contre 14.900

Point noir, la hausse des maladies cardiovasculaires, passant de 1.029.900 en 2009 à 1.046.500 en 2010, sans doute à cause de la canicule de cet été. Ces décès représentent donc 50% du nombre total des décès annuel. L’amélioration conséquente du système de santé Russe, le basculement des générations (les personnes âgées mourants), tout cela devrait voir ce chiffre baisser assez fortement dans les prochaines années.

Divorces et mariages 

Regardons désormais l’évolution du nombre de mariages et de divorces sur la même période:
  • 2005 — 1.066.400 mariages et 640.900 divorces
  • 2006 — 1.113.600 mariages et 640.900 divorces
  • 2007 — 1.262.600 mariages et 685.900 divorces
  • 2008 — 1.199.400 mariages et 703.400 divorces
  • 2009 — 1.117.100 mariages et 699.300 divorces
  • 2010 — 1.133.500 mariages et 639.400 divorces
Le taux de divorce baisse donc considérablement, il repasse au dessous du seuil de 2005 alors que le taux de mariage reste plus ou moins stable. 

L’apport de l’immigration

En 2009 une faible émigration et une forte immigration (beaucoup d’entrées et 334.000 naturalisations) ont conduit à une augmentation de la population de quelques 26.000 personnes. Or l’immigration est en forte baisse en 2010, surtout des pays de la CEI, avec pour conséquence quasi-certaine que le nombre de naturalisés devrait donc être beaucoup plus faible puisque il s’agissait principalement de citoyens de la CEI. On peut imaginer que la population de la Russie devrait donc stagner ou légèrement baisser cette année. Il convient d’attendre les informations du FMS à ce sujet.
Une très bonne nouvelle, un nombre record de citoyens de l’ex URSS (12.000) a bénéficié du plan d’aide au retour lancé par l’état russe en 2007, soit une hausse de 30% par rapport à 2009. Bien sur cela reste encore peu, mais en 3 ans, déjà 31.000 personnes sont “revenues” en Russie. 
Synthèses, prévisions pour la Russie
Le coefficient de mortalité qui était de 16,4 / 1.000 en 2003 est tombé à 14,2 /1.000 en 2009 et remonté à 14,3 en 2010 à cause de la surmortalité de cet été 2010. Sans cela, il serait tombé à 14 / 1.000.
Le coefficient de natalité lui évolue positivement. Tombé à 8,3 / 1.000 en 2001 et remonté à 12,6 / 1.000 en 2010.
L’espérance de vie continue à augmenter, passant de 68,7 ans en 2009 à 69 ans en 2010.
Ma prévision: en 2011, les naissances devraient dépasser le seuil des 1.800.000, et ce pour la première fois depuis 1990 (1.988.800 naissances). 2011 devrait aussi voir une baisse assez forte de la mortalité, sans doute avoisinant les 1.900.000. Par conséquent la perte nette de population devrait en 2011 avoisiner les 100.000 personnes, l’équilibre démographique étant atteint en 2013, sans aucun besoin d’un quelconque apport migratoire.

Comparaison avec l’UE

L’UE en 2009 avait un taux de fécondité de 1,56 enfant par femme, contre 1,54 pour la Russie la même année.
Le coefficient de natalité en 2010 est estimé à 9,83 / 1.000 contre 12,6 / 1.000 en Russie.
Le coefficient de mortalité en 2010 est estimé à 10,33 / 1.000 contre 14,3 / 1.000 en Russie.

L’espérance de vie d’un citoyen de l’UE est de 78 ans contre 69 ans pour la Russie.
Le taux de mortalité infantile en UE est de 5,61 / 1.000 contre 7,5 / 1.000 en 2010.

Le climat des affaires en Russie ?

Le 03 février dernier le figaro sous la plume de Pierre Avril publiait un article intitulé: “le climat des affaires s’assombrit“. Réquisitoire contre la Russie, l’article explique que officiellement, si les investisseurs étrangers sont les bienvenus en Russie, l’état fixerait les règles du jeu en empêchant de faire des affaires en Russie. L’exemple pris par Pierre Avril est l’exemple pétrolier, en se basant sur des révélations de Wikileaks. Autre exemple, le rachat de la banque de Moscou, qui devrait être rachetée par VTB et non par la banque Italienne Unicrédit.
Je ne sais pas pourquoi la presse Française ne peut pas s’empêcher d’être négative sur la Russie et je ne souhaite pas trop m’étendre, mais enfin soyons sérieux, comment peut on juger le climat des affaires sur le secteur énergétique dont on sait parfaitement qu’il est ultra sensible et tout autant politisé qu’étatisé ? En outre, le domaine énergétique et les relations Anglo-Russes sont à mon sens vraiment le contre-exemple le plus parfait, le plus abouti et surtout le moins représentatif de la réelle atmosphère du milieu des affaires en Russie.
Soyons sérieux, le même jour nous apprenions que le forum international des investissements organisés par la banque Troïka Dialogue rassemblait 2.400 personnes contre 1.600 l’année dernière, en 2009, dont une majorité d’étrangers. Avec 4% de croissance en 2010, plausiblement 5 ou 6% en 2011, un taux de chômage retombé au niveau d’avant crise, un déficit budgétaire < 3% en 2011, la Russie a il me semble au contraire tout pour attirer les investissements étrangers.
D’ailleurs, écoutons l’opinion de Emmanuel Quidet (que j’ai déjà cité sur ce blog) à ce sujet. Président de la Chambre de commerce et d’industrie franco-russe et partenaire d’Ernst & Young en Russie, ce dernier à donné une interview a realpolitik.tv et vous verrez que son opinion est bien différente: