Vers une nouvelle perestroïka

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Beaucoup de commentaires négatifs et sans doute inappropriés ont accompagné l’élection présidentielle en Russie. Bien que l’on ne parle plus beaucoup de fraudes, ni d’une quelconque illégitimité du futur locataire du Kremlin, le main-stream médiatique a de nouveau remis en avant la possibilité d’un pouvoir russe qui serrerait la vis ou encore d’une éviction totale de Dimitri Medvedev qui quitterait la vie politique, à cause du retour au pouvoir de Vladimir Poutine. La théorie de la rupture entre les deux hommes avait, on s’en souvient, constitué l’une des principales bases d’analyse de nombre de commentateurs étrangers en vue de la présidentielle. L’idée développée par ces commentateurs était la suivante: Les deux hommes sont fondamentalement opposés, Dimitri Medvedev représenterait une Russie tournée vers la modernisation et l’ouest (comprenez vers la démocratie, les droits de l’homme et surtout la lutte contre la corruption crée par le capitalisme d’état sous contrôle des organes de sécurité) pendant que Vladimir Poutine représenterait une Russie archaïque et autoritaire, fermée et gangrenée par un vieux système sclérosé sous contrôle des organes de sécurité.Pourtant les récents événements montrent que la rupture entre les deux hommes est à ce jour loin d’être une réalité.
Sans surprise, et conformément a ce qui avait été prévu et annoncé, le nouveau président russe a nommé Dimitri Medvedev comme étant son futur premier ministre.

Cette théorie de la rupture s’était aussi propagée en Russie avant l’élection présidentielle, puisqu’un certain nombre de personnalités du monde politique russe avaient ouvertement pris position pour la candidature de Dimitri Medvedev, et donc indirectement contre la candidature de Vladimir Poutine. Dimitri Medvedev a donc fait preuve d’une solidité sans faille, n’écoutant pas les sirènes et restant indifférent aux appels du pied d’une certaine intelligentsia libérale qui aurait souhaité l’utiliser comme tête de pont dans une manœuvre contre le “système Poutine”, système qui selon cette intelligentsia bloque les espoirs démocratiques de la Russie postcommuniste. Pourtant, même si les Iphonchiki (fans d’Iphones) qui ont défilé durant ces derniers mois ne le reconnaissent pas, sept réformes majeures ont été proposées en décembre 2011 par le président Medvedev, et qui curieusement ont été passée sous silence par le Main-Stream médiatique.

–    Le  retour aux élections directes pour les gouverneurs régionaux.

–    La modification du système signatures nécessaires pour que les partis puissent s’enregistrer au parlement.

– L’allègement de la procédure de création des partis politiques (500 signatures désormais nécessaires contre 45.000 aujourd’hui).

– Le renforcement de la proportionnelle aux élections législatives pour améliorer la représentativité des petits partis. (ceux qui obtiennent moins de 5% et n’étaient jusqu’alors pas représentés).

– L’abaissement du nombre de signatures nécessaires pour qu’un candidat s’enregistre à l’élection présidentielle. (300.000 au lieu de 2.000.000 jusqu’à maintenant pour les candidats de partis représentés à la Douma, et 100.000 pour les candidats de partis non représentés à la Douma).

– L’augmentation de la représentation des partis d’opposition au sein des commissions électorales, pour assurer un vote et des décomptes justes.

– L’accentuation de la décentralisation des organismes fédéraux, c’est-à-dire du niveau fédéral vers les échelons régionaux, municipaux et locaux.

Manifestement, cet agenda politique avait été préparé bien avant l’élection présidentielle, et il parait clair que ce n’était pas dans un contexte conflictuel entre les deux hommes. Au contraire, ces réformes annoncées  par Dimitri Medvedev ont sans aucun doute eu le soutien total de Vladimir Poutine. Elles laissent penser que la Russie pourrait entrer dans une nouvelle période, que l’on pourrait qualifier de “nouvelle perestroïka”. Mais il est probable qu’à la différence de la “perestroïka naufrage” de Michael Gorbatchev qui avait amené le pays à l’anarchie, cette potentielle “nouvelle perestroïka” sera sans doute une perestroïka méticuleusement préparée et développée, sous contrôle.
Comme l’avait annoncé le député Sergei Markov sur Ren-Tv le 11 décembre dernier, “la modernisation continuera sa route, pas par pas”. Cette modernisation mise en avant par le président Medvedev dès son arrivée au pouvoir en 2008 sera donc sans doute visiblement l’un des éléments essentiels du développement de la Russie d’aujourd’hui, et de demain. Pour l’analyste Alexandre Rahr,
“Vladimir Poutine est visiblement prêt a donner carte blanche a un futur gouvernement Medvedev, pour poursuivre des reformes radicales”. Le message serait clair: “le tandem existe toujours, et Dimitri Medvedev est plausiblement un leader politique de la génération russe suivante”.

On voit donc bien que les mesures proposées par Dimitri Medvedev, dans le but de réformer la vie des partis politiques, ont le soutien entier de Vladimir Poutine et que le tandem n’a jamais été aussi soudé. Cette “nouvelle perestroïka” coïncide du reste parfaitement avec le ton qui a été donné au futur mandat de Vladimir Poutine, (2012-2018). Son porte parole a en effet récemment indiqué
que: “Le nouveau Poutine (…) sait parfaitement où il va et ce qu’il devra faire”, mais également que si “le premier et le deuxième mandat représentaient respectivement la réanimation et la restauration de la Russie, le troisième mandat de Vladimir Poutine serait celui du développement physique et spirituel du pays, de son économie et de tous les autres domaines”.

Contrairement à certaines analyses donc, cette libéralisation-soft et cette ouverture politique annoncées sont un autre chapitre de la reconstruction de la Russie, qui vient après la restauration de l’autorité de l’état et le redressement de l’économie du pays.

« Dès que ça touche la Russie, le politiquement correct interdit aux journalistes de dire quelque chose de positif »


Le Courrier de Russie : Comment devient-on vendeur d’îles ?
Bruno Kerrien :

En fait, je cherchais une activité qui soit disponible, que personne n’ait encore jamais faite en Russie, qui permette de voyager, de rencontrer des gens et de gagner de l’argent. Et en plus, en relation avec la mer. Les îles sont un marché de niche, certes, mais un marché unique… et assez ludique ! J’ai donc créé mon entreprise, Private Island, et je fais ça depuis un peu plus de trois ans maintenant.

LCDR : Y a-t-il beaucoup d’îles à vendre ?
B.K. : Pas énormément, non. Enfin, moi-même, j’en ai 160 à la vente.

LCDR : Quand même.
B.K. :
Je me suis associé avec une société allemande, qui est dans ce business depuis 35 ans, et en situation de quasi-monopole. Mon marché couvre les pays de l’ex-URSS et je suis le seul à le faire.

LCDR : En quoi cela consiste-t-il ?

B.K. :
L’idée est de vendre des îles privées aux Russes partout dans le monde. Ils n’ont pas l’habitude de ce genre d’achats, bien sûr, mais un intérêt est en train de naître. J’essaie de rendre le produit accessible, concret : je me rends sur place dans la plupart des cas, je prends des échantillons de sable, je calcule la distance depuis l’île
jusqu’à l’hôpital le plus proche, jusqu’au premier aéroport, je vérifie les installations, l’infrastructure… Mon objectif, à long terme, est d’avoir mes îles à moi et de les louer : ça peut coûter jusqu’à 50 000 euros la semaine.

LCDR : Combien cela coûte, une île, à l’achat ?

B.K. :
Il y a énormément de critères qui rentrent en compte : ça peut aller de 100 000 à 100 millions d’euros. Ca dépend du pays, de l’éloignement avec le continent, de la superficie, des plages, de la végétation, de la profondeur des eaux, du raccordement à l’électricité, du climat, etc.

« De beaux engins, beaucoup de pilotes et des réserves de carburant incroyables »

LCDR : Qu’est-ce que vous faites ici, en Russie ? 

B.K. : Depuis tout gamin, je rêvais de devenir pilote. J’ai commencé par voler en ULM, puis en planeur : j’ai passé mes premiers brevets de pilote à 17 ans. Le but étant, au final, de faire de l’hélicoptère ! Mais en France, pour être pilote d’hélicoptère, il faut soit intégrer l’armée, soit être très riche car cela coûte une fortune. J’ai décidé de tenter le coup en Russie – l’URSS venait de se disloquer, tout était possible. En
plus, les Russes possédaient de beaux engins, beaucoup de pilotes et des réserves de carburant incroyables.

LCDR : Comment vous-êtes vous lancé dans l’aventure ?

B.K. :
J’ai d’abord pris des cours de russe à Rennes, puis à Saint-Pétersbourg. Je suis tombé complètement sous le charme de la Russie. J’ai ensuite entamé des cours de pilotage dans un petit aéro-club de Saint-Pétersbourg, pour un coût dérisoire, entre 50 et 70$ de l’heure, avec 15 personnes qui s’occupaient de moi : un médecin, des mécaniciens, un contrôleur aérien, etc. J’ai fait ça pendant quelques années : je rentrais en France, je cumulais les petits boulots et je repartais me former en Russie. En 1996, je suis allé à Oufa, dans l’Oural, afin d’améliorer ma formation technique, je voulais devenir pilote professionnel. J’ai fait une centaine d’heures de vol avec un
instructeur extraordinaire. Finalement, je n’en ai jamais fait mon métier mais je continue de voler, le week-end, dans un club de Moscou. Il m’arrive d’y croiser de grands hommes d’affaires, des ministres…

« Les Russes ressemblent aux Bretons »

LCDR : Sous le charme de la Russie ?
B.K. :
J’aime beaucoup les Russes, je suis très à l’aise avec eux. Je pense qu’ils ressemblent aux Bretons, on se comprend. Il y a une certaine franchise chez eux, une vraie simplicité : ils vous devinent très facilement. Avec eux il est impossible de jouer un autre personnage. Ce n’est pas toujours facile de faire connaissance mais une fois qu’on est namis… Ce sont des gens qui tiennent parole.

LCDR : Comment c’était, les années 1990 ?

B.K. : Quand je suis arrivé, tout le monde avait besoin d’argent, les pilotes nétaient au chômage, ceux qui travaillaient n’étaient pas payés. C’était nl’aventure, ces années Eltsine, tout était permis. J’ai connu les années
sombres, où certes les Russes étaient enfin libres mais dans une anarchie complète. Ils étaient en train de réécrire l’Histoire, j’étais spectateur.

LCDR : Et maintenant ?

B.K. :
J’ai une confiance immense dans l’avenir de ce pays. Le développement de la Russie s’est accéléré, surtout depuis l’arrivée de Poutine. On est nombreux à penser, ici, que la Russie va dans le bon sens. Les Russes ont un potentiel incroyable, du savoir-faire à tous les niveaux, ce sont des gens pragmatiques avec un niveau d’études très élevé, notamment dans le domaine scientifique. Ceux qui ont connu le pays avant Poutine seront d’accord pour dire qu’il est méconnaissable et j’ai presque du mal à m’en souvenir. Pour les plus jeunes, c’est quasiment du domaine de
la science-fiction.

LCDR : Vous êtes optimiste…

B.K. :
Oui. Vous savez, les élites russes, contrairement à ce que l’on pense, ont une vraie vision à long terme. Ceux qui dirigent se projettent dans l’avenir, évaluent les débouchés, etc. Ils sont déterminés à aller vers une localisation de la production, comme au Brésil, alors que dans les années 1990, tout était importé, même le litre de lait ! Les fermes avaient été ravagées, les bêtes abattues, les peaux vendues… en quelques mois, il n’y avait plus rien. C’est en train de changer. Les Russes vont développer leur industrie.

« Je me sens plus en sécurité à Moscou que dans la capitale française »

LCDR : Vous prospectez vous-même en région ?

B.K. :
Moscovites… Dans les régions, on est terriblement bien accueilli. Rien que le fait de dire qu’on est Français, c’est tapis rouge ! Mais c’est pareil avec les Parisiens, ils sont beaucoup moins sympas que les Français de province. Cela dit, je me sens plus en sécurité à Moscou que dans la capitale française. La probabilité de se faire agresser ici, par rapport à Paris, est proche de zéro.

LCDR : Qu’est-ce que vous trouvez chez les Russes que vous ne trouvez pas ailleurs ?

B.K. : Ils
vont à l’essentiel. Par exemple, les Russes posent des questions que les autres ne posent pas. Ils vous demandent très rapidement « Est-ce que tu es heureux dans la vie ? ». Les Français attendront dix ans avant de vous le demander ! Ou alors, « Crois-tu en Dieu ? ». Et la famille a une place capitale dans leur vie. L’essentiel, quoi.

« Bernard-Henri Lévy qui compare la Russie avec la Corée du Nord, c’est scandaleux »

LCDR : Vous ne pensez que du bien de ce qu’il y a autour de vous, en somme.

B.K. :
Je ne vais pas non plus vous dire que le climat me ravit, après toutes ces années. Mais j’en ai marre de ces clichés qu’on véhicule en France et dans les médias sur la Russie. C’est affligeant ce qu’on entend. Bernard-Henri Lévy qui compare la Russie avec la Corée du Nord, c’est scandaleux et les gens finissent par le croire ! Dans mon village en Bretagne, il y en a qui pensent encore que je fais la queue par -25°C pendant quatre heures pour acheter de la viande. Et ça va durer !

LCDR : C’est à dire ?

B.K. : Il
faut beaucoup d’énergie pour démontrer que la Russie n’est pas celle que l’on voit dans les médias. C’est insupportable qu’après les attentats de Moscou en 2010, on entende à la télévision française : « Ils l’ont peut-être un peu cherché ». Pour qui se prend-on ? Dès que ça touche la Russie, le politiquement correct interdit aux journalistes de dire quelque chose de positif. Et la politique russe intéresse davantage les Français que les Russes eux-mêmes. Sauf qu’ils la comprennent mal ! Moi, ça fait longtemps que j’ai compris que les Russes n’en ont rien à cirer de la politique. La plupart de mes connaissances ne vont pas voter. Ce qu’ils veulent, c’est travailler, mener une vie tranquille, ne pas payer trop d’impôts. La stabilité avant tout.

Source : le courrier de Russie

La situation démographique de fevrier 2012 en Russie

Les chiffres démographiques russes pour la période de janvier / février 2012
sont disponibles. 

Il y a eu 294.300 naissances en janvier et février 2012 VS 266.547 naissances pour les deux premiers mois de 2011. 
Le nombre de décès est lui légèrement inférieur, 324.200 décès en janvier/février 2012, contre 325.550 décès en janvier/février 2011.

La population a donc baissé de 29.900 habitants sur les deux premiers mois de 2012, contre une baisse de 59.003 habitants pour les deux premiers mois de 2011.

De bon augure pour 2012?

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Je rajoute le commentaire d’Anatoly Karlin a ce sujet :

Sur les deux premiers mois de 2012 en comparaison aux premiers mois de 2011, la mortalité a baissé  de 0.4%. Sur la même période la natalité a augmenté de  10.4%, et ce bien que le nombre de femmes en âge de procréer ait commencé à diminuer cette année..  

Bien sur 2 mois sont trop courts pour une projection fiable mais si la tendance se maintient sans événements imprévisibles extérieurs (force majeure type canicule) alors on peut penser que l’espérance de vie augmentera cette année a 71 ans (contre 70 ans en 2011, ce qui équivalait déjà au record atteint sous l’union soviétique).

Le taux de fertilité lui “pourrait” flirter avec les 1,75 – 1,80 enfants / femme, contre 1.60 en 2011 (a comparer avec 1,91 a la fin de l’URSS et 1,19 en 2000).

Президентские выборы: анализ голосования россиян за рубежом

Оригинальная статья была опубликована в РИА Новости
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Тут и там в Сети циркулирует большое количество информации и более или менее точной интерпретации голосования в России и за рубежом. Интересная корреляция также была установлена между ценой за квадратный метр жилья, район за районом (в большей Москве), и голосованием за кандидатов Прохорова и Путина. Чем выше цена квадратного метра, тем больше голосуют за Михаила Прохорова, как показано на этой схеме. Однако, несмотря на то, что было написано, Прохоров не является «кандидатом богатых москвичей», потому что если цена за квадратный метр превышает 6.000 или 7.000 евро, с отрывом 8-12% лидирует Владимир Путин.
Если миллиардер Прохоров получил только 8% в масштабе федерации (что уже очень много для первой политической кампании), за рубежом все иначе. Михаил Прохоров, очевидно, привлекает многих россиян, живущих за рубежом, будь то бедные или богатые. В некоторых странах он опережает даже Владимира Путина.
 
Голосование россиян за рубежом отнюдь не было однородным, и, чтобы удовлетворить интерес читателей к этому голосованию вне России, предлагаю некоторые интересные сведения, которые являются хорошей темой для размышления. В странах Европейского союза Владимир Путин победил Михаила Прохорова в Венгрии (49,9% против 27,9%), в Польше (48,5% против 30,2%), в Италии
(48,3% против 32,1%), в Финляндии (44,0% против 36,2%), в Испании (40,8% против 37,0%) и в Швеции (37,0% против 36,5%). Михаил Прохоров получил больше голосов во Франции (41,2% против 31,3%), в Чешской Республике (43,4% против 36,0%), в Швейцарии (44,8% против 32,0%) и Голландии (46,4% против 27,8%). В православном мире со значительным отрывом лидирует Владимир Путин, получивший 84,1% в Греции, 81,6% в Македонии, 69% в Румынии, 68% в Сербии и 56,8% на Кипре.
 
В Японии Путин немного обогнал Михаила Прохорова, с 38,2% против 36,2%. То же самое в Израиле, где Владимир Путин получил 48,1%, против 38,8%, отданных за его оппонента. Напротив, в Америке Михаил Прохоров получил 52,4%, против «всего лишь» 30,0% у его соперника. Нужно отметить, что на избирательном участке в Пало-Альто 69,33% россиян проголосовали за Михаила Прохорова и 16,21% Владимира Путина (!). Та же картина в Англии (58,0% против 28,1%). В Турции Владимир Путин получил 63,3% против 21,75% за Михаила Прохорова.
 
Еще один интересный момент: голосование в странах Таможенного союза. Владимир Путин получил 77,5% в Казахстан и 66,4% в Беларуси. В этих странах Михаил Прохоров получил, соответственно, 7, 94% и 15,16%. На Украине Владимир Путин получил 76,1%, а Михаил Прохоров 8,89%. Обратите внимание, что в этих трех странах за кандидата от компартии Геннадия Зюганова проголосовали, соответственно, 8,18%, 11,8% и 8%. Удивительно также, что самые низкие результаты Путина ― в Беларуси, тогда как на в Украине и в Казахстане они очень высокие (примерно на одном уровне).
 
В странах БРИКС Владимир Путин лидирует с 40,7% в Китае, 45,1% в Бразилии, 46,2% в Индии и 43,1% в Южной Африке. В этих странах Михаил Прохоров занимает второе место с соответственно 34,3%, 28,4%, 24,5% и 28,81%. Второй сюрприз, россияне, живущие в странах БРИКС, не оказали поддержки Владимиру Путину подавляющим большинством, а достаточно заметно проголосовали за Михаила Прохорова.
 
Азия также разделилась. В Индонезии Владимир Путин получил 41,3%, а Михаил Прохоров 39,4%. В Малайзии 35,2% против 32,6%. В Южной Корее 40,66% против 34,28%. В Таиланде Михаил Прохоров набрал 39,7% против 38,3% голосов, отданных за Владимира Путина. То же в Сингапуре, где молодой миллионер лидирует с 48,8%.
 
В арабском мире Путин лидирует, к примеру, с 69,1% в Алжире и 75,38% в Йемене. В Бахрейне Путин получил 54,29% (Михаил  Прохоров, тем не менее, получил 22,86%). В Объединенных Арабских Эмиратах Владимир Путин получил47,67% (против 35,76% за Михаила Прохорова). Наконец, в Катаре Владимир Путин получил 59,7 (против 22,39% за Михаила Прохорова). Отметим, что в Сирии Владимир Путин получил 81,05%, в Ираке 52,69%, в Ливии 71,93% и в Иордании 75,47%. В арабских странах, считающихся союзниками России, у Владимира Путина высокие результаты. Напротив, в тех странах, которые считаются союзниками США, результаты президента ниже, есть ли действительно причинно-следственная связь?
 
Живущие в Африке россияне в основном голосовали за Владимира Путина: 52,65% в Анголе, 62,32% в Бенине, 62,07% в Бурунди, 79,55% в Габоне, 86,52% в Конго и 73, 91% в Чаде.
 
В Южной Америке результаты более сбалансированы: в Чили Владимир Путин получил 50% (против 23,37% за Прохорова), в Уругвае 51,25% (против 20%), в Венесуэле 51,09% (против 23,62 %), в Бразилии 45,05% (против 28,39%).
 
Несколько деталей для размышления: наибольшее количество голосов Михаил Прохоров получил в следующих странах: в Англии 57,98%, на Сейшельских  островах 52,69%, в США 52,41%, в Сингапуре 48,75%, в Черногории 47,35%, в  Голландии 46,35%, в Швейцарии 44,80%, в Монако 44,32% и в Канаде 43,77%. Интересный вывод, наибольшее количество голосов Прохоров получил
в тех странах мира, где в ходе парламентских выборов в декабре 2011 года наибольшее количество голосов было отдано за оппозиционную либеральную партию «Яблоко».
 
Напротив, самые высокие результаты Владимир Путин получил либо в беднейших регионах мира, либо в тех, что граничат с Россией. Например, в Таджикистане 92,58%, в Гвинее-Бисау 91,57%, в Абхазии 91,08%, в Киргизии 90,74%, в Южной Осетии 90,39%, в Латвии 89,05%, 87,18% Армении и, что удивительно, 86,52% в Конго.
 
Самые высокие результаты кандидат от коммунистической партии Геннадий Зюганов получил в Анголе (20,61%), в Бангладеш (20%), в Брунее (19,75%) и Ираке (19,71%).
 
Наибольшее число голосов кандидат от Либерально-демократической партии Владимир Жириновский получил в Гватемале (11,86%), Джибути (10,41%), Северной Корее (14,86%), в Танзании (12%) и в Руанде (10,87%).
И, наконец, кандидат от левых, патриот Сергей Миронов получил 10,13% в Исландии, 11,67% в Кабо-Верде, 11,48% в Коста-Рике, 9,09% в Непале и 11,54% в Парагвае.
 
Несомненно, это голосование живущих за рубежом россиян даст повод к многочисленным размышлениям экспертов.
 
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Перевод : Уголин (Ursa-Tm)

Election présidentielle: Petite analyse des votes russes à l’étranger

Русскую версию можно прочитать здесь
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Ci et là sur le net ont circulé beaucoup d’informations et d’interprétations plus ou moins exactes sur les votes en Russie et à l’étranger. Une corrélation intéressante a également été faite entre le prix au mètre carré des logements, quartier par quartier (dans l’agglomération de Moscou), et les votes pour les candidats Prokhorov et Poutine. Plus le prix du mètre carré augmente et plus le vote pour Michael Prokhorov est important, comme on peut le voir sur ce schéma. Pourtant bien loin de ce qui a été écrit, Prokhorov n’est pas le “candidat des riches de Moscou ” car finalement même lorsque le mètre carré dépasse les 6 ou 7.000 euros, c’est Vladimir Poutine qui est en tête, avec une avance de 8 à 12%. Si le milliardaire Prokhorov n’a obtenu que 8% à l’échelle fédérale (ce qui est déjà beaucoup pour une première campagne politique), il en va autrement à l’étranger. Michael Prokhorov a visiblement beaucoup plus séduit les russes de l’étranger, fussent-ils pauvres, que les russes de Russie, fussent-ils riches. Dans nombre de pays il est même en tête devant Vladimir Poutine.

Pourtant, les votes des russes de l’étranger ne sont absolument pas homogènes, et pour répondre à la curiosité de certains lecteurs à propos de ces votes hors de Russi e, voila quelques informations intéressantes qui sont un bon sujet de réflexion.

Au sein des pays de l’union Européenne, Vladimir Poutine est en tête devant Michael Prokhorov en Hongrie (49.9%, contre 27.9%), en Pologne(48.5% contre 30.2%), en Italie (48.3% contre 32.1%), en Finlande (44.0% contre 36.2%), en Espagne (40.8% contre 37.0%) et en Suède (37.0% contre 36.5%). Michael Prokhorov s’impose par contre en France (41.2% contre 31.3%), En république Tchèque (43.4% contre 36.0%), En Australie (43.5% contre 33.1%), au Canada (43.8% contre 36.2%), En Suisse (44.8% contre 32.0%), et en Hollande (46.4% contre 27.8%). Dans le monde orthodoxe Vladimir Poutine l’emporte largement, obtenant 84,1% en Grèce, 81,6% en Macédoine, 69% en Roumanie, 68% en Serbie et 56,8% à Chypre.

Au Japon, Vladimir Poutine s’impose de justesse avec 38.2% contre 36.2% pour Michael Prokhorov. Idem en Israël ou Vladimir Poutine obtient 48.1%, contre 38.8% pour son adversaire. Par contre en Amérique Michael Prokhorov obtient 52.4%, contre “seulement” 30.0% pour son adversaire. A noter que dans le bureau de vote de Palo Alto, 69,33% des russes ont voté pour Michael Prokhorov et 16,21% pour Vladimir Poutine (!). Même schéma en Angleterre (58.0% contre 28.1%). En Turquie par contre Vladimir Poutine obtient 63.3% contre 21,75% pour Michael Prokhorov.

Autre cas intéressant : Le vote dans les pays de l’union douanière. Vladimir Poutine obtient 77.5% au Kazakhstan, et 66.4% en Biélorussie. Dans ces pays, Michael Prokhorov obtient respectivement 7, 94% et 15,16%. Vladimir Poutine 76.1% en Ukraine, Michael Prokhorov 8,89%. A noter que dans ces trois pays le score du candidat communiste Guennadi Ziouganov est respectivement de 8,18%, 11,8% et 8%. Etonnant aussi, les scores de Poutine sont les plus bas en Biélorussie alors qu’ils sont très hauts (à un niveau identique) en Ukraine et au Kazakhstan.Dans les BRICS, Vladimir Poutine est en tête avec 40,7% en Chine, 45,1% au Brésil et 46,2% en Inde et 43.1% en Afrique du sud. Dans ces pays Michael Prokhorov est chaque fois second avec respectivement 34.3%, 28.4%, 24.5% et 28,81%. Seconde surprise, les russes qui habitent dans les BRICS n’ont donc pas plébiscité Vladimir Poutine, et ont relativement fortement voté pour Michael Prokhorov.

L’Asie est également partagée, en Indonésie Vladimir Poutine obtient 41.3%, et Michael Prokhorov 39.4%. En Malaisie 35.2% contre 32.6%. En Corée du sud 40.66% contre 34,28%. En Thaïlande Michael Prokhorov s’impose avec 39.7% contre 38.3% pour Vladimir Poutine. Idem à Singapour ou le jeune milliardaire caracole en tête avec 48.8%.

Dans le monde arabe Vladimir Poutine est en tête avec par exemple 69,1% en Algérie et 75,38% au Yémen. A Bahreïn le président Poutine obtient 54,29% (Michael Prokhorov atteint tout de même 22,86%). Aux Émirats arabes unis, Vladimir Poutine obtient 47.67%, contre 35,76% pour Michael Prokhorov. Enfin au Qatar Vladimir Poutine obtient 59,7 contre 22,39% pour Michael Prokhorov. A noter qu’en Syrie Vladimir Poutine obtient 81,05%, en Irak 52,69%, en Libye 71,93% et en Jordanie 75,47%. Dans les pays arabes considérés comme des alliés de la Russie les scores de Vladimir Poutine sont élevés. A contrario dans les pays considérés comme des alliés des Etats-Unis les scores du président sont plus bas, y a-t-il un lien de cause à effet?

Les russes d’Afrique ont eux largement voté pour Vladimir Poutine: 52,65% en Angola, 62,32% au Bénin, 62,07% au Burundi, 79,55% au Gabon, 86,52% au Congo ou 73,91% au Tchad.

En Amérique du sud les scores sont plus équilibrés, au Chili Vladimir Poutine obtient 50% (contre 23,37% pour Prokhorov), en Uruguay 51,25% (contre 20%), au Venezuela 51,09% (contre 23,62%), au Brésil 45,05% (contre 28,39%).

Quelques éléments de réflexions: Les plus hauts scores de Michael Prokhorov sont dans les pays suivants: en Angleterre 57,98%, aux Seychelles 52,69%, aux USA 52,41%, à Singapour 48,75%, au Monténégro 47,35%, en Hollande avec 46,35%, en Suisse avec 44,80%, à Monaco avec 44,32% ou encore au Canada avec 43,77%. Constatation intéressante, ces
votes sont élevés dans les pays du monde où le vote pour le parti libéral d’opposition Iabloko avait été élevé lors des élections législatives de décembre 2011.

Enfin le candidat de la gauche patriote Serguey Mironov a obtenu 10,13% en Islande et 11,67% au Cap-Vert, 11,48% au Costa Rica, 9,09% au Népal et 11,54% au Paraguay.
A contrario les scores les plus élevés de Vladimir Poutine sont dans des régions du monde soit plus pauvres, soit plus frontalières avec la Russie. Par exemple au Tadjikistan 92,58%, en Guinée Bissau 91,57%, en Abkhazie 91,08%, en Kirghizie 90,74%, en Ossétie du sud 90,39%, en Lettonie 89,05%, en Arménie 87,18%, ou de façon très surprenante au Congo avec 86,52%.

es plus hauts scores du candidat du parti communiste Guennadi Ziouganov ont été obtenus en Angola (20,61%), au Bangladesh (20%), A Brunei (19,75%) et en Irak (19,71%).
Les plus hauts scores du candidat du parti libéral-démocrate Vladimir Jirinovski ont été obtenus au Guatemala (11,86%), à Djibouti (10,41%), en Corée du nord (14,86%), en Tanzanie (12%) et au Ruanda (10.87%).

Enfin le candidat de la gauche patriote Serguey Mironov a obtenu 10,13% en Islande et 11,67% au Cap-Vert, 11,48% au Costa Rica, 9,09% au Népal et 11,54% au Paraguay.

Nul doute que ces votes des expatriés russes donneront lieu à de nombreuses analyses et réflexions d’experts.
Sources : SublimeOblivion, le blog de Kireev, Ria-Novosti.

Размышления о разобщенной оппозиции

Оригинальная статья была опубликована в РИА Новости
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Многие франкоязычные читатели через Facebook попросили меня уточнить связь уличных протестов последних трех месяцев и тех, что последовали за президентскими выборами. Два вопроса задают особенно часто: «за кого голосовали люди, протестующие на улицах» и «кого действительно представляет российская оппозиция». Эти вопросы возникают потому, что демонстрации оппозиции действительно были неожиданными, и было крайне трудно обнаружить в них доминирующую политическую линию. Там было много
представляющих самые разные направления политических деятелей и выдвигалось множество различных требований. На вопрос «кого действительно представляет российская оппозиция», я мог бы ответить, что в Думе (российском парламенте) представлены 226 депутатов от «Единой России», 92 депутатов-коммунистов, 64 от «Справедливой России» и 56 от либерально-демократической партии России. Но, разумеется, вопросы касались той оппозиции, что протестовала на улицах.
Жан спросил меня: «что собой представляли аресты на митинге оппозиции в понедельник вечером, на следующий день после выборов».

Свидетельствует ли это об ужесточении российской власти и тотальном попрании свободы собраний, которой добивались мирные демонстранты, как и во всех демократиях, достойных этого названия? Заголовки во французской прессе, 
осуждавшие жесткие репрессии властей, действительно могли позволить так думать.Вернемся к этим трем месяцам протестов. Когда на следующий день после декабрьских парламентских выборов в средствах массовой информации стали непрерывно демонстрироваться снятые на видео фальсификации, часть гражданского общества, а также представители получивших меньшинство политических партий призвали к пересмотру результатов выборов, отставке председателя избирательной комиссии, отмене выборов и проведению честных выборов.
Очень быстро в Интернете через социальные сети создается множество сайтов и страниц Facebook с призывом принять участие в митингах. Эта шумиха хорошо сработала,  первая манифестация состоялась на Болотной площади 10 декабря 2011, собрав, возможно, от 35.000 до 40.000 человек. В манифестации бок о бок приняли участие представители московской золотой молодежи, а также десятки мелких политических групп, не являющихся кандидатами на народное представительство: как радикальные националисты и антифашисты, так и либеральные политические партии и коммунисты. Второй общий митинг состоялся 24 декабря на проспекте Сахарова проспект, собрав от 40.000 до 50.000 человек, вновь с разнородной и невероятной коалицией политических движений, представителей гражданского общества, лидеров оппозиции или звезд шоу бизнеса. Интересный факт, о котором мало говорилось в прессе, эти две манифестации были проведены без каких-либо серьезных инцидентов, если не считать тот, что произошел в конце второй встречи, когда правые радикалы попытались силой прорваться на трибуну. Наконец, третий митинг 4 февраля, вновь на Болотной площади снова собрал от 40.000 до 50.000 человек.Кто были эти люди, которые, не считаясь с холодом, в хорошем настроении отправлялись на митинг? Социологические


исследования и опросы показали, что основная часть демонстрантов представляет преимущественно московский средний класс,
недовольный результатами выборов, и который хотел заставить себя услышать. Проблема этого социального класса, образованного, часто прозападного, который богател в течение последних 10 лет, состоит в том, что он не сформировал политическую партию, чтобы быть услышанным, и что у него нет лидера, которому можно доверять.
Разумеется, эти события об единили многие политические группы, партии и давних лидеров оппозиции Бориса Немцова, Григория Явлинского и Гарри Каспаров. Для них речь шла о попытке использовать события, чтобы повысить свою популярность и заставить признать себя лидерами этой недовольной толпы. Никто из них этого не добился, но появились новые лидеры, например, Михаил Прохоров,  национал-либерал блогер Алексей Навальный или же левый экстремист Сергей Удальцов.


Хотя они представляют противоположные тенденции политического спектра, примитивный «антипутинизм» позволил им временно создать альянс.
Возможно, в этом их уязвимое место. Представители «верхнего слоя московского среднего класса», которые в течение трех месяце принимали участие в манифестациях, как правило, имеют высокий уровень образования, часто хороший уровень жизни, они не желают ни крайне правых авантюр, ни крайне левых, ни реабилитации лузеров из другой политической эпохи.  Именно поэтому основная часть демонстрантов, несомненно, предпочла не участвовать в президентских выборах, или же массово


поддержала Михаила Прохорова, который в их глазах является самым современным и самым достойным кандидатом.Результаты президентских выборов показали, что у Прохорова, являющегося сторонником либеральной и проевропейской политической линии, не было никаких проблем с тем, чтобы понравиться «европеизированному» верхнему слою среднего класса, а также тому электорату, который желал конструктивного голосования против системы. Несомненно, именно он стал победителем протестной волны последних трех месяцев, той волны, которая прежде всего видит себя легалистской и политической. Следует посмотреть, что станет теперь делать Михаил Прохоров, в ближайшие недели он должен будет создать новую российскую правую политическую партию.


Теперь об арестах во время последних манифестаций и том, почему они собрали меньше участников? Вопреки тому, что думает часть французской прессы, вовсе не псевдорепрессии привели к ослаблению мобилизации, а тот факт, что подавляющее большинство демонстрантов декабря 2011 года не признают экстремистов своими лидерами. Во время предпоследнего митинга на Пушкинской площади в понедельник 5 марта, Михаил Прохоров действительно был освистан несколькими тысячами присутствующих
демонстрантов. В минувший понедельник он не пришел на митинг оппозиции на Арбате.


Поэтому не стоит удивляться, что эти события смогли собрать лишь 8.000 и 10.000 участников соответственно. Не удивительно, что в обоих случаях протесты превратились в конфронтацию с силами правопорядка, организаторы предпочли столкновения с полицией, отказавшись уйти после окончания митинга и сознательно позволив


националистическим или леворадикальным группировкам отправиться к Кремлю.Как метко сформулировал аналитик  Ксавье Моро,
в таком темпе эти митинги оппозиции могут стать оригинальным субботним московским туристическим аттракционом, а вывод из всего этого может быть выражен двумя словами, которые новый российский президент адресовал 7 марта этим группкам: «будьте серьезными».

Перевод : Уголин (Ursa-Tm)

Réflexions sur une opposition désunie

L’article original a été publié sur  Ria-Novosti
 
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Beaucoup de lecteurs francophones m’ont demandé, via Facebook, des précisions sur les liens entre les manifestations de rue des trois derniers mois, et celles qui ont suivi l’élection présidentielle. Deux questions reviennent souvent: “pour qui ont voté ces gens qui manifestent dans la rue” et “qui représente réellement l’opposition russe”.
 
Ces questions se posent d’autant plus que ces manifestations de l’opposition ont été réellement inattendues et qu’il a été très difficile d’y trouver une ligne politique dominante. On y a vu un très grand nombre de leaders politiques de diverses tendances, et une grande quantité de revendications différentes.
 
A la question “qui représente réellement l’opposition russe”, je pourrais répondre qu’il y a à la Douma (parlement russe) 226 députés de Russie Unie, 92 députés communistes, 64 de Russie Juste, et 56 du Parti libéral-démocrate de Russie. Mais bien sur, les questions portaient sur cette opposition qui manifeste dans la rue.  Enfin Jean m’a demandé “ce qu’il en était des arrestations lors du meeting d’opposition de lundi soir, le lendemain de l’élection”.
 

Assistait-on à un tour de vis du pouvoir russe, et à un viol total de la liberté de manifester que de pacifiques manifestants réclamaient, comme dans toutes les démocraties digne de ce nom?
 
Les gros titres de la presse Française, qui dénonçait une répression musclée du pouvoir pouvaient en effet le laisser penser.
 
Revenons sur ces trois mois de manifestations.
 
Lorsqu’au lendemain des élections législatives de décembre dernier des images de fraude se mettent à tourner en boucle sur les médias, une frange de la société civile mais également des représentants de partis politiques minoritaires décident d’appeler à la contestation des résultats des élections en demandant la démission du président de la commission électorale, l’annulation du scrutin et la tenue d’élections honnêtes.
 
Rapidement sur internet se mettent en place via les réseaux sociaux une galaxie de sites et de pages Facebook appelant à aller manifester. Ce Buzz ayant bien fonctionné, une première manifestation a alors lieu sur la place des marais le 10 décembre 2011, réunissant probablement 35 à 40.000 personnes. Cette manifestation rassemblait côte à côte des membres de la jeunesse dorée moscovite, ainsi que des dizaines de sous-groupuscules politiques non candidats à la représentation nationale: tant des nationalistes radicaux, des antifascistes, ainsi que des partis politiques libéraux mais également des communistes.
 
Un second meeting unitaire a eu lieu le 24 décembre sur l’avenue Sakharov, rassemblant 40 à 50.000 personnes, avec de nouveau cette hétéroclite et improbable coalition de mouvements politiques ou issus de la société civile, et de personnalités d’opposition ou issues du show-business. Fait intéressant que la presse n’a pas beaucoup relevé, ces deux manifestations se sontdéroulées sans incidents notables, si ce n’est à la fin du second meeting, quand des radicaux d’extrême droite ont tenté de monter sur la tribune de force. 
 
Enfin le 4 février un troisième  meeting unitaire, de nouveau sur la place des marais, rassemblait encore une fois entre 40 et 50.000 personnes.
 
Qui étaient ces gens qui ont bravé le froid pour aller manifester dans la bonne humeur? Les études sociologiques et les sondages réalisés depuis ont montré que le gros des manifestants était issu principalement de la classe moyenne-supérieure
moscovite, mécontente des résultats des élections et qui souhaitait faire entendre sa voix. Le problème de cette classe sociale éduquée, parfois occidentalisée, qui s’est enrichie pendant les 10 dernières années, c’est qu’elle ne s’est pas constituée en parti politique pour faire entendre sa voix, et qu’elle n’a pas de leader à qui faire
confiance.
 
Bien sur ces manifestations ont réuni de nombreux groupes politiques, des associations et des leaders historiques de l’opposition, que l’on pense à Boris Nemtsov, Gregory Iavlinskii ou Garry Kasparov. Pour eux il s’agissait de tenter de profiter des événements pour relancer leur popularité et s’imposer comme leaders de cette foule mécontente. Aucun d’eux ne s’est imposé, mais de nouvelles figures sont apparues, que l’on pense par exemple Michael Prokhorov, au blogueur nationaliste-libéral Alexey Navalny ou encore à l’extrémiste de gauche Serguey Udaltsov. Bien que faisant partie de tendances opposées sur l’échiquier politique, leur “anti-poutinisme” primaire leur a permis de faire temporairement alliance.
 
C’est probablement là que le bât blesse. Les membres de la  classe “moyenne-supérieure-moscovite” qui ont  manifesté depuis trois mois ont en général un niveau élevé d’aventures d’extrême droite ou d’extrême gauche, ni de réhabiliter des loosers d’une autre époque politique.
 
C’est sans doute pour cela que le gros des manifestants a sans doute préféré s’abstenir de participer aux élections présidentielles, ou a majoritairement choisi de soutenir Michael Prokhorov, jugé le candidat le plus moderne et le plus fiable à leurs yeux. Les résultats de la présidentielle ont montré que ce dernier, tenant d’une ligne politique plutôt libérale et pro-européenne a sans aucun  problème pu séduire une classe moyenne supérieure “européanisée” tout autant qu’un électorat qui souhaitait un vote anti-système constructif. Sans nul doute, c’est lui qui est le grand gagnant de la vague de contestation des trois derniers mois, vague de contestation qui se veut avant tout légaliste et politique.
 
Il conviendra de voir ce que Michael Prokhorov va maintenant faire, lui qui devrait dans les prochaines semaines créer un nouveau parti politique de droite sur l’échiquier russe.
 
Maintenant qu’en est-il des arrestations lors des dernières manifestations et pourquoi ont-elles rassemblé moins de manifestants? Contrairement a ce qu’a pu titrer une partie de la presse française, ce n’est pas la pseudo-répression
qui a fait faiblir la mobilisation mais bel et bien le fait que la grande majorité des manifestants de décembre 2011 ne se reconnaît  pas dans les leaders émergents extrémistes. Lors de l’avant dernière manifestation place Pouchkine lundi 5 mars, Michael Prokhorov a du reste été hué par les quelques milliers de manifestants présents. Lundi dernier, il n’est pas venu à la manifestation d’opposition sur l’avenue Arbat.
 
Ainsi, nulle surprise que ces manifestations n’aient pu rassembler respectivement que 10 et 8.000 manifestants.
 
Nulle surprise non plus que dans les deux cas, les manifestations aient tourné a l’affrontement avec les forces de l’ordre, leurs organisateurs ayant décidé de choisir la confrontation avec la police en refusant de quitter les lieux en fin de manifestation ou encore en choisissant délibérément de laisser des groupes nationalistes ou de radicaux d’extrême gauche marcher vers le kremlin.
 
Comme l’a parfaitement résumé l’analyste Xavier Moreau, à ce rythme, ces manifestations d’opposition pourraient devenir une attraction touristique originale pour le samedi après-midi à Moscou et la conclusion de tout cela pourrait tenir dans les deux mots que le nouveau président russe a adressés à ces mêmes groupuscules d’opposition le 7 mars dernier: “soyez sérieux”.

Interview sur Hoenheim.com

Stéphane Bouhris, auteur du blog Hoenheim.com, et conseiller municipal de l’UMP du Bas-Rhin m’a récemment interviewé sur les élections présidentielles en Russie.
***

Question 1: Vladimir Poutine gagne les élections haut la main. Pourtant vu de
France, les médias ont un temps laissé entendre que le scrutin serait plus serré. 45 % d’avance sépare Poutine de son opposant communiste. Vu de Russie, cela surprend-t-il l’observateur que vous êtes ?

Non il n’y a aucune surprise et il était évident que Vladimir Poutine allait largement l’emporter.

Finalement, le dérangement créé par les « manifestations » a incité la majorité silencieuse à se déplacer pour aller voter et soutenir Vladimir Poutine. Il faut bien comprendre que les manifestations, qui ont ommencé par être des manifestations pour des élections honnêtes, ont été récupérées politiquement pour devenir des manifestations anti-Poutine. Or ce n’est pas l’opinion de la majorité du peuple russe et ca ne constitue pas un
programme politique. La crainte d’une déstabilisation (extérieure ou intérieure) a finalement été totalement rejetée par la majorité des électeurs. Fondamentalement il faut bien comprendre que la décennie Poutine à permis le redressement du pays et que les russes en sont conscients. L’absence totale d’opposants « crédibles » est évidemment
aussi un avantage pour Vladimir Poutine et est une particularité russe: c’était le cas sous la décennie Eltsine (1990-1999), et c’est donc aussi le cas sous la décennie Poutine (2000-2012). Cette absence d’opposant crédible explique pourquoi Vladimir Poutine a obtenu 45% de plus que son premier concurrent, le communiste Guennadi Ziouganov.

Question 2:
La plupart des médias français évoquent des fraudes et présentent le régime russe comme peu démocratique et corrompue. Quel est votre analyse ?

Paradoxalement les dernières échéances électorales russes ont sans doute été les plus justes de la jeune histoire russe. Il est évident que des fraudes ont eu lieu, et ce pour des raisons systémiques (taille du pays…), mais le niveau de fraudes a été sans aucun doute inférieur a 5% lors des dernières élections législatives et présidentielles. Les observateurs de la CEI, de l’Organisation de Shanghai
ou encore des observateurs indépendants ont déclaré que le scrutin s’était déroulé normalement et que l’élection était « conforme », proposant même d’instaurer le système de surveillance souhaité par Vladimir Poutine (96.000 bureaux de vite filmés par 91.000 webcaméras) pour les élections au parlement européen.
Quand a la corruption, il faut remettre les choses dans une perspective historique. Dans les années 90 la corruption était systématique et généralisée. Lors de la reprise en main des affaires par Vladimir Poutine en 2000, sa première tache a été de reconstruire l’autorité de l’état et de reconstruire un cadre légal. Cette reprise en main de l’état est à ce jour bien avancée et la corruption (fléau historique et culturel russe) est déjà fortement
endiguée par rapport a la décennie précédente. Elle concerne surtout maintenant la sphère publique, on peut donc dire qu’elle a été « civilisée ». L’état a entamé dans ce domaine une lutte qui sera de toute façon très longue et difficile.

Question 3: Pour Vladimir Poutine, comme pour le général de Gaulle, le politique doit primer sur l’économique. La Russie est redevenue une grande puissance pétrolière et se modernise. Peut-on légitimer aujourd’hui l’image de Poutine comme un de Gaulle russe ?

C’est mon opinion et ca semble se confirmer au vu des derniers événements, puisque Vladimir Poutine vient d’annoncer qu’il se plaçait au dessus des partis et également qu’il était déjà prêt a accueillir des hommes d’autres partis et tendances (comme le milliardaire Michael Prokhorov) dans son ministère. On peut imaginer que cela se rapproche de l’idée du « gouvernement d’union nationale » que le Général de Gaulle défendait. Récemment le Figaro a publié un article sur les français qui soutiennent Poutine et justement présentaient leur vision de Vladimir Poutine comme un de Gaulle russe. Les deux hommes ont en effet il est vrai nombre de points communs et d’objectifs pour le redressement de leurs pays : souveraineté politique et militaire, indépendance, développement national, retour des valeurs et le fait de souhaiter se placer au dessus des partis.
Question 4:

Pour certains, l’idée d’un axe Paris, Berlin, Moscou reste un « idéal » pour conforter l’Européanité continentale. Mais qu’en est-il vu de Moscou ?

Oui je suis assez d’accord avec cette analyse. A l’ouest de l’Europe l’axe Paris-Berlin-Moscou est la solution par défaut pour la majorité des élites politiques européennes en manque d’idées. Je pense que ca va donc dans le bon sens, même si c’est surtout par la force des choses plus que par conviction. La France et je m’en réjouis est d’ailleurs en avance sur ce projet d’union euro-russe. Par exemple Jean-Pierre Thomas,
chargé de la mission auprès du président de la République Nicolas Sarkozy, devrait prochainement fournir un rapport plaisant la création d’une « zone de libre échange euro-russe ». Il s’agit potentiellement d’un immense bouleversement géopolitique qu’il faudra activement soutenir.
De Moscou l’axe Moscou-Berlin-Paris est
considéré comme une réalité civilisationnelle et culturelle. A ce titre les autorités russes n’ont cessé de rappeler l’appartenance de la Russie a la civilisation européenne.  Il y a une volonté de la rapprocher la Russie de l’Europe, au sens civilisationnel et politique même si les politiques russes jugent une partie de l’élite politique européenne très (trop) pro-américaine, avec par exemple ce projet de bouclier anti-missiles aux frontières russes. Les russes attendent sans doute des européens qu’ils s’émancipent de la tutelle américaine.
v

Question 5:
Les analystes et journalistes français semblent systématiquement passer à côté de la réalité du peuple russe. Comment le pouvoir russe prend-t-il cela ?

Pendant que les experts et journalistes français continuent de dénoncer la Russie sur des sujets comme les droits de l’homme, les sociétés françaises en Russie sont de plus en plus nombreuses et les échanges russo-français continuent d’augmenter. En 2011, ils ont progresse de 25,2% pour se chiffrer à 28,1 milliards de dollars. Les exportations russes vers la France ont cru de 19,6% à 14,8 milliard de dollars et les importations se sont envolées à 32,2%, à
13,3 milliards de dollars.
Les analystes et journalistes français ont malheureusement trop souvent une vision erronée et négative des événements qui surviennent dans la Russie d’aujourd’hui. Globalement ils appliquent une grille de pensée franco-française, beaucoup trop idéologique et pas assez pragmatique. De ce fait lorsqu’on lit la presse française il faut être méfiant car le ton est généralement loin des réalités, mais partisan et souvent hostile au pouvoir actuel russe. Mais comme on dit : « les chiens aboient, la caravane passe ».

Демографический итог 2011 года в России

La version Française de cet article est disponible ici

Показатели российской демографии за январь 2012 доступны.
В январе 2012 в России родилось 143.790 человек, а 165.630 умерли.
Сокращение численности населения только за январь 2012 составило 21.840
человек.
 
Сравним показатели рождений и смертей за январь нескольких последних лет:
 
Месяц        Рождения       Смерти           Итог
01.2006       109.422            209.058             -99.636
01.2007       125.368            190.699              -68.331
01.2008       141.262            200.476              -59.214
01 2009       137.503            185.479               -47.976
01 2010       132.371             176.316                -43.945
01 2011       132.954             170.508               -37.554
01 2012       143.790             165.630               -21.840
 
Январь и февраль традиционно являются месяцами с наиболее высокой смертностью, разумеется, из-за холода и зимы. Тем не менее, в январе 2012 года рождаемость была рекордной, а количество смертей минимальным.
 
Естественная убыль населения с 2010 года снизилась на 50% ч. Смертность, что совершенно очевидно, также заметно снизилась. Анатолий Карлин опубликовал этот график, указав, что смертность по внешним причинам значительно снизилась, достигнув уровня конца 80-х, периода горбачевской антиалкогольной кампании.
 
Это хорошее предзнаменование на 2012 год.

Перевод : Уголин (Ursa-Tm)