La guerre totale contre la corruption a-t-elle commencé?

L’article original a été publié sur le site deRIA-Novosti
 
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La semaine dernière un événement est venu secouer la scène politique russe. Le ministre de la Défense, Anatoly Serdioukov a été remercié par Vladimir Poutine.

Anatoly Serdioukov est un civil,  né dans le sud de la Russie. Il est passé par la case Saint-Pétersbourg, il a commencé sa carrière dans la finance, via le service des impôts de Saint Petersburg, puis le ministère des finances en 2004, alors qu’Alexeï Koudrine était ministre. En 2007, à la fin du second mandat Poutine,  il est nommé ministre de la défense.

Il va alors travailler avec acharnement à la réduction des dépenses, et pendant sa première année à ce poste, il diminuera de près d’un tiers l’effectif des officiers supérieurs de l’administration militaire centrale. En octobre 2008 enfin, sous la présidence Medvedev, c’est lui qui proposera le projet de réforme de l’armée russe destiné à réduire les effectifs, à modifier les chaînes de commandement et aussi à professionnaliser l’armée russe.

Au total, dans ce projet, ce sont plus de 700 milliards de dollars que l’État russe prévoit de dépenser jusqu’à 2020 pour rénover les forces armées.

Back in URSS

Bien souvent des lecteurs m’ont demandé quel livre lire pour se faire une idée de la Russie d’hier et d’aujourd’hui mais également pour savoir ce que pense une jeune femme russe d’aujourd’hui.
Ce blog a souvent présenté des livres très politiques, historiques ou géopolitiques, comme ici, la ou encore ici.

 

Il y a donc peu de livre destinés au grand public que je recommanderais mais le livre de la très élégante Ira de Puiff est définitivement un must. L’ouvrage est a la fois drôle, triste mais surtout touchant et bien écrit, une vraie fête en larmes aurait dit le très français Jean d’Ormesson !

 

Je le recommande donc a tous mes lecteurs et lectrices.
A lire sans modération et a offrir sans hésitations afin de soutenir un auteur qui a du talent mais aussi afin de mieux comprendre la Russie d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

 

Ответ французским интеллектуалам из Кафе де Флор

Оригинальная статья была опубликована в Голос России
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В статье, опубликованной в понедельник 22 октября в газете Le Monde, французские политики и интеллектуалы открыто призвали к западной военной интервенции в Сирии с целью свержения режима Башара Асада.

Текст, подписанный Жаком Бересом, Марио Беттати, Андре Глюксманом, Бернаром Кушнером и Бернаром-Анри Леви, является порождением западной политической мысли, американо-центричной, сочетающей в себе понятия «право на вмешательство» и «Запад ― мировой жандарм». В статье фигурируют цифры, которые невозможно проверить. Башар Асад якобы убил 40.000 человек (!), тогда как эта цифра, очевидно, является общим числом погибших, включающим еще и тысячи сирийских солдат и гражданских лиц, убитых теми, кого авторы статьи осмеливаются называть «сирийской оппозицией». 

Réponse aux intellectuels français du café de Flore

L’article original a ete publié sur le site dVoix de la Russie
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Dans une tribune publiée le lundi 22 octobre dans le journal Le Monde, des politiques et intellectuels français ont appelé ouvertement à une intervention militaire occidentale en Syrie, pour abattre le régime de Bashar-El-Assad. Le texte, signé par Jacques Bérès, Mario Bettati, André Glucksmann, Bernard Kouchner et Bernard-Henri Lévy est l’aboutissement d’une pensée politique Occidentale, Americano-centrée, qui associe les notions de « droit d’ingérence » et « d’occident gendarme de la planète ». L’article arrondit des chiffres invérifiables. BasharElAssad aurait fait assassiner 40.000 personnes (!), alors que ce chiffre est visiblement le total des morts, comprenant quand même les milliers de soldats Syriens et de civils assassinés par ceux que les auteurs de l’article osent qualifier « d’opposition Syrienne ». Il est sans doute inutile de revenir sur le parallèle grossier et irresponsable qui est fait entre la Syrie et la Libye, puisque désormais tout le monde sait que la Libye d’aujourd’hui ne mérite même plus le nom d’état, tellement elle est gangrenée par l’Islamisme radical, la violence et les volontés séparatistes. Il faut aussi noter, dans cet article, le ridicule parallèle historique fait entre la Russie de Vladimir Poutine qui soutient la Syrie et l’époque ou Mussolini et Hitler armaient les putschistes de Franco pendant la guerre d’Espagne. Mais les choses, observées depuis le café de Flore, paraissent simples : il faut que les puissances occidentales interviennent militairement.

Pour nos va-t-en guerre, « Le Conseil de sécurité de l’ONU étant paralysé par les vetos russe et chinois, n’importe quelle autre alliance est justifiée pour arrêter les rivières de sang qui coulent dans les villes syriennes (…) L’OTAN, l’UE, la France, les Etats-Unis devraient donc cesser de se dérober et enfin organiser une aide décisive à la Syrie démocratique ». Ceux qui s’opposent à une intervention militaire occidentale s’inquiètent eux du sort qui pourrait être réservé aux minorités chrétiennes, alaouites, druzes, ismaélites, turkmènes, arméniennes, après un changement de régime en Syrie, et des risques de déstabilisation pour les pays voisins, Turquie, Liban, Jordanie et Israël. Mais par ailleurs, le véto russo-chinois au conseil de sécurité de l’ONU est peut être bien un soulagement pour les puissances occidentales qui hésitent, face à la complexité de la situation dans la région. Est-ce qu’il s’agit du début d’un grand affrontement entre Islam chiite et Islam sunnite ? Quelles sont les rivalités entre l’Egypte, l’Arabie saoudite et la Turquie ? Quel est le rôle exact du Qatar qui vient de briser l’isolement diplomatique du Hamas dans la bande de Gaza et surtout soutient l’internationale Djihadiste qui combat l’armée Syrienne ?
Ceux qui poussent à une intervention occidentale en Syrie se servent également de l’arme médiatique pour ranger le régime syrien dans « l’axe du mal ». Tout comme la Serbie en 1992, la Syrie est elle aussi victime d’une guerre de désinformation de très haute intensité et se retrouve menacée d’une agression militaire. Mais alors qu’Alep est présentée comme une ville en ruines et en sang par toute la presse occidentale (« des rivières de sang » disent nos va-t-en-guerre), un article récent explique qu’en fait la capitale économique du pays était largement aux mains du régime et que de nombreux quartiers de la ville n’étaient même pas touchés par les combats. Mieux encore, le reporter ébahi y constate que le marché fonctionne et que la liaison par bus avec Damas n’est pas coupée. Malgré toute la propagande déployée et l’offensive  ubventionnée de milliers de mercenaires islamistes, ni l’attaque de Damas ni la bataille d’Alep n’ont pourtant abouti a déstabiliser le régime Syrien.

Una dichiarazione di guerra contro la Russia?

La version Française de cet article est disponible ici
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Recentemente un noto teologo sunnita, lo sceicco Youssef Qaradawi ha fatto dei commenti alquanto sorprendenti e inaspettati, affermando
semplicemente che “Mosca (la Russia) è recentemente diventata un nemico dell’Islam e dei musulmani, il nemico numero uno ( …) e la Russia
è responsabile della morte dei civili in Siria
.” Durante il suo sermone pronunciato a Doha (capitale del Qatar), ha detto che i pellegrini musulmani alla Mecca quest’anno dovrebbero pregare “per la distruzione di Russia, Cina e Iran, che secondo lui sono i peggiori nemici dei musulmani e degli arabi, perché supportano il regime di Bashar al-Assad con la forza delle armi.” 

Questo teologo aveva anche lanciato una fatwa per l’omicidio di Gheddafi, all’inizio del 2011, una fatwa che  paradossalmente si è vista realizzare tramite gli eserciti occidentali. Sheikh Yusuf al Qaradawi, qatariota di origine egiziana, è ben noto e molto popolare in tutto il mondo  musulmano. Radicale e vicino alla confraternita dei Fratelli musulmani, ritiene che “la democrazia non sia compatibile con la Sharia” e anche che “la punizione inflitta agli ebrei da Hitler fosse la volontà di Dio e se Dio vuole, la prossima punizione sarà inflitta agli ebrei dai musulmani.” E’ anche un forte sostenitore degli attentati suicidi di Hamas in Israele e dice anche che l’Islam tornerà in Europa, ma questa volta da conquistatore.Nel 2002, lo sceicco, che è anche presidente di una istanza teologica che si chiama Consiglio Europeo per la Fatwa e la Ricerca (CEDF), è stato accolto con grande clamore in Francia. Nel 2004, gli venne anche chiesto dal governo francese di contribuire alla liberazione di ostaggi francesi in Qatar. Poi la marea cambiò, e benché la molto formale UOIF (Unione delle Organizzazioni Islamiche di Francia) sia affiliata con il CEDF,  quest’anno allo sceicco è stato vietato di entrare in Francia dall’ex presidente Nicolas Sarkozy in persona.

Queste osservazioni che emergono nel bel mezzo del conflitto siriano, illustrano perfettamente non solo le tensioni che circondano la Russia da parte delle frange più radicali del mondo musulmano, la guerra che cova in seno al mondo musulmano, ma anche le alleanze dirette, indirette
o che si stanno  creando indirettamente. Gli occidentali, che si sono fatti a lungo delle illusioni sulla primavera araba, possono chiaramente
vedere come la situazione non stia oscillando verso una società democratica, ma verso un inverno islamista. Tuttavia, la politica dei due pesi e due misure dell’occidente non è mai stata così evidente.

L’analista francese Alexandre Del Valle ha osservato  recentemente, e con molto stupore, che le potenze occidentali erano, per esempio, pronte
ad attuare la loro visione dirittumanitarista e interventista per proteggere i sunniti siriani, ma non hanno visto  la necessità di intervenire contro il massacro di due milioni di cristiani in Sud Sudan tra il 1960 e il 2007 da parte della dittatura militare-islamista di Khartoum*. Ci si può infatti chiedere perché la Siria venga messa al bando delle nazioni con il pretesto che sarebbe una dittatura, mentre l’Arabia Saudita e il Pakistan sono considerati “normali”. Semplicemente perché le armi nucleari del Pakistan potrebbe essere diretto contro l’India, alleato della Russia? Semplicemente perché le dittature wahhabite del Golfo Persico sono appassionate alleate degli USA, e da molto tempo? Queste monarchie sono ormai centri dell’Islam radicale e totalitario, che minaccia sia la Siria che il Caucaso, che vari quartieri sensibili delle capitali occidentali.

Il nuovo grande gioco orientale sta probabilmente bruciando le dita di chi pensava che gli stati arabi fossero pedine utilizzabili per raggiungere degli obiettivi geostrategici. Tunisia, Egitto e Libia sono ora sotto il controllo politico dei Fratelli musulmani, a cui lo sceicco Youssef al-Qaradawi chiede di indire la guerra santa contro la Russia. Anche in Marocco è primo ministro un Fratello musulmano. Questi paesi vogliono che i loro salafiti e takfiristi più radicali combattano all’estero, in Siria o in Mali. Il mondo sciita (Iran-Siria-Hezbollah-Iraq) è ora sotto la tremenda  ressione dell’asse radicale sunnita, l’asse che ha preso il potere ovunque la primavera araba abbia avuto successo, e che gode del sostegno delle democrazie occidentali. Conseguenza ultima di queste eruzioni, il Libano è ora sul punto di esplodere e la Giordania è sotto pressione.

Tuttavia non sorprende se il ministro degli esteri russo, all’inizio di questo mese, aveva ribadito che “gli europei non sanno nulla del Medio Oriente (…) e potrebbero destabilizzare l’intera regione, a cominciare da Libano e Giordania.” la Russia, anche se minacciata dalla nebulosa islamico-takfirista, non perde la bussola e ancora  logicamente difende i regimi nazionalisti e/o secolari della regione. La Russia ha ottenuto la giusta ricompensa per una politica estera equilibrata verso il mondo musulmano, grazie alla firma di contratti per la vendita di armamenti del valore di oltre 4 miliardi di dollari con l’Iraq. Mentre la guerra in Siria è forse al suo inizio, e mentre un candidato alla Casa Bianca ha descritto la Russia come il principale nemico degli USA(!) e al-Qaida invoca ufficialmente la guerra contro la Siria Bashar al-Assad, i politici europei dovrebbero chiedersi se la loro “collaborazione” con i nemici della libertà e della democrazia non possa ritorcerglisi contro e contro
la loro gente molto più velocemente di quanto pensano.

Объявление войны России?

L’article original a été publié sur RIA-Novosti
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Недавно известный суннитский богослов шейх Юсуф Аль-Кардави выступил с удивительными и несколько неожиданными заявлениями, всего-навсего утверждая, что «Москва (Россия) стала врагом ислама и мусульман, врагом номер один (…), и что Россия несет ответственность  за гибель гражданских лиц в Сирии».Во время своей проповеди, произнесенной в Дохе (столице Катара), он сказал, что мусульманские паломники в Мекке должны в этом году просить Бога, чтобы он уничтожил Россию, Китай и Иран, которые, по его словам, являются злейшими врагами мусульман и арабов, потому что они поддерживают режим Башара Асада силой оружия». Этот теолог в начале 2011 года также вынес фетву об убийстве Каддафи, фетву, которая парадоксальным образом реализовалась благодаря западным армиям.

Шейх Юсуф Аль-Кардави, катарец египетского происхождения, хорошо известен и очень популярен в части мусульманского мира. Радикал, близкий к «Братьям-мусульманам», он полагает, что «демократия просто не совместима с шариатом» и что «
наказание, которому Гитлер подверг евреев, было Божьей волей, и если Бог захочет, то следующему наказаниюевреев подвергнут мусульмане». Он является горячим сторонником терактов, совершаемых смертниками ХАМАС в Израиле, а также утверждает, что ислам вернется в Европу, на сей раз победителем. В 2002 году шейх, также являющийся президентом теологического фонда, который называется Европейский совет по фетвам и исследованиям (CEFR),
был с большой помпой принят во Франции. В 2004 году к нему даже обратилось французское правительство с просьбой посодействовать освобождению французских заложников в Катаре. Потом ветер переменился и хотя совершенно официальная организация Союз исламских организаций Франции (UOIF) аффилирована с CEFR, шейху этом году лично бывшим президентом Франции Николя Саркози был запрещен въезд Францию.Эти тревожные высказывания, появившиеся в разгар сирийского конфликта, прекрасно иллюстрируют не только напряженность вокруг России в самой радикальной части мусульманского мира, войну, которая зреет в мусульманском мире, но также создающиеся прямые или косвенные альянсы. Запад, который долгое время строил иллюзии по поводу арабской весны, теперь может отчетливо видеть, до какой степени ситуация качнулся не в сторону демократического лета, а исламистской зимы. И все же, западная  политика двойных стандартов, по-видимому, никогда не имела такого успеха.
Французский аналитик Александр Дель Валле недавно с большим удивлением отмечал, что западные державы были, к примеру, готовы применить свое правозащитное и интервенционистское видение мира для защиты сирийских суннитов, но не посчитали необходимым выступить против убийства двух миллионов южно-суданских христиан военно-исламистской диктатурой в Хартуме в период между 1960 и 2007 годами. Можно действительно задаться вопросом, почему Сирия подверглась остракизму под тем предлогом, что она является диктатурой, тогда как Саудовская Аравия и Пакистан считаются «нормальными» государствами. Происходит ли это потому, что ядерное оружие Пакистана может быть направлено против Индии, союзника России?

Или же просто потому, что ваххабитские диктатуры Залива уже давно являются безоговорочными союзниками Америки? Хотя именно эти монархии являются в настоящее время нервными центрами ислама радикального и тоталитарного, который угрожает как Сирии, так и Кавказу или же многочисленным кварталам, называемым чувствительными, западных столиц.  Новая большая восточная игра, вероятно, обжигает пальцы тем, кто полагал, что арабские государства были всего лишь пешками, пригодными для достижения геостратегических целей. Тунис, Египет и Ливия сейчас находятся под политическим контролем «Братьев-мусульман», сторонник которых шейх Юсуф Аль-Кардави призывает к священной войне против России.
Даже в Марокко премьер-министром стал выходец из «Братьев-мусульман». Граждане этих стран, самые радикальные салафиты и такфиристы, сейчас сражаются за их пределами, в Сирии или же в Мали.
Шиитский мир (Иран – Сирия – Хизбалла – Ирак) сейчас находится под огромным давлением радикальной суннитской оси, оси, которая захватила власть повсюду, где произошла арабская весна, пользующаяся поддержкой  западных демократий. Ливан, последнее следствие этих извержений, находится сейчас на грани взрыва, оказывается давление и на Иорданию. Ничего удивительного, что российский министр иностранных дел в начале этого месяца


напомнил, что «европейцы ничего не знают о Ближнем Востоке (…) и рискуют дестабилизировать весь регион, начиная с Ливана и Иордании».
Россия, которой хотя и угрожают разнородные исламо-такфиристские группировки, не теряется и вполне разумно защищает националистические и / или светские режимы региона. Россия получила заслуженную компенсацию за
сбалансированную внешнюю политику в мусульманском мире,  подписав с Ираном контракты на поставку вооружений на сумму более 4 миллиардов долларов. Тогда как война в Сирии, возможно, только начинается, один из претендентов на Белый дом называет Россию главным врагом Америки (!), а «Аль-Каида» официально призывает к войне против Сирии Башара Асада, европейские политики должны спросить себя, не обернется ли против них самих и их народов «сотрудничество» с врагами свободы и демократии гораздо быстрее, чем они думают.

Une déclaration de guerre contre la Russie?

L’article original a ete publié sur le site de RIA-Novosti
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Récemment un théologien sunnite réputé, le cheikh Youssef  Qardaoui, a tenu des propos assez surprenants et plutôt inattendus, en affirmant tout simplement que “Moscou (la Russie) était devenu récemment un ennemi de l’islam et des musulmans, un ennemi numéro un (…) et que la Russie est responsable de la mort des civils en Syrie”.

Pendant son prêche prononcé à Doha (capitale du Qatar), il a dit que les pèlerins musulmans à la Mecque devaient cette année prier Dieu “pour qu’il détruise la Russie, la Chine et l’Iran qui sont selon lui les pires ennemis des musulmans et des Arabes, parce qu’ils soutiennent le régime de Bachar el-Assad par les armes”. Ce théologien avait aussi lancé une Fatwa pour l’assassinat de Kadhafi début 2011, une Fatwa qui a paradoxalement vu sa réalisation grâce aux armées occidentales.  

Le cheikh Youssef al Qardaoui, qatari d’origine égyptienne, est bien connu et très populaire dans une partie du monde musulman. Radical et proche de la confrérie des frères musulmans, il considère que la “démocratie n’est simplement pas compatible avec la Charia” ou encore que
“le châtiment infligé aux juifs par Hitler était la volonté de dieu et que si Dieu le veut, le prochain châtiment des juifs sera infligé par les musulmans”. Il est aussi un fervent défenseur des attentats suicides du Hamas en Israël et affirme également que l’Islam va revenir en Europe mais cette fois en vainqueur. En 2002, le cheïkh, par ailleurs président d’une instance théologique qui porte le nom de conseil européen de la fatwa et de la recherche (CEFR), avait été accueilli en grande pompe en France. En 2004, celui-ci avait même été sollicité par l’état français pour contribuer à la libération d’otages français au Qatar. Puis le vent a tourné, et bien que la très
officielle UOIF (Union des organisations islamiques de France) soit affiliée au CEFR, le cheïkh s’est vu cette année interdit de séjour en France par l’ancien président Nicolas Sarkozy en personne.

 

Ces propos inquiétants qui surviennent en plein conflit syrien illustrent parfaitement non seulement la tension qui entoure la Russie dans les franges les plus radicales du monde musulman, la guerre qui couve au sein du monde musulman, mais aussi les alliances directes, indirectes ou par ricochet qui sont en train de se créer. Les
Occidentaux qui se sont longtemps fait des illusions sur les printemps arabes peuvent désormais clairement constater à quel point la situation a basculé non pas vers un été démocratique, mais au contraire un hiver islamiste. Et pourtant, la politique du deux poids deux mesures de l’Occident n’a visiblement jamais été aussi prospère.
L’analyste français Alexandre Del Valle constatait récemment avec beaucoup d’étonnement que les puissances occidentales étaient, par
exemple, promptes à appliquer leur vision droit-de-l’hommiste et interventionniste du monde pour protéger les sunnites syriens mais n’avaient visiblement pas jugé nécessaire d’intervenir contre le massacre de deux millions de chrétiens au Sud Soudan entre 1960 et 2007, par la dictature militaro-islamiste de Khartoum. On peut en effet se
demander pourquoi la Syrie est mise au ban des nations sous prétexte qu’elle serait une dictature alors que l’Arabie Saoudite ou le Pakistan sont considérés comme des Etats « normaux ». Est-ce simplement parce que les armes atomiques du Pakistan pourraient être dirigées contre l’Inde alliée de la Russie? Est-ce simplement parce que les dictatures
wahhabites du Golfe sont des alliées inconditionnels de l’Amérique et ce depuis bien longtemps ? Ce sont pourtant ces monarchies qui sont désormais les centres névralgiques d’un islam radical et totalitaire qui menace tant la Syrie que le Caucase ou de nombreux quartiers dits sensibles des capitales occidentales.

 

Le nouveau grand jeu oriental est sans doute en train de bruler les doigts de ceux qui pensaient que les Etats arabes étaient de simples pions utilisables pour atteindre des objectifs géostratégiques. La Tunisie tout comme l’Egypte et la Libye sont désormais sous le contrôle politique des frères musulmans, dont est issu le cheikh Youssef al-Qardaoui qui appelle à la guerre sainte contre la Russie. Même le Maroc a  aujourd’hui un premier ministre issu des frères musulmans. Ces pays voient désormais certains de leurs Salafistes et Takfiristes les plus radicaux combattre à l’extérieur, en Syrie ou encore au Mali. Le monde chiite (Iran-Syrie-Hezbollah-Irak) est aujourd’hui soumis à une pression terrible de l’axe sunnite radical, axe qui a pris le pouvoir partout où le printemps arabe est passé et qui bénéficie du soutien des démocraties occidentales. Dernière conséquence de ces éruptions, le Liban est désormais au bord de l’explosion et la Jordanie est sous pression. Il n’y a pourtant là aucune surprise, le ministre russe des Affaires étrangères avait au début de ce mois rappelé que
“les Européens ne connaissent rien au Proche-Orient (…) et risquent de déstabiliser la région tout entière, à commencer par le Liban et la Jordanie”.

 

La Russie, bien que menacée par la nébuleuse islamo-takfiriste, ne perd pourtant pas le nord et défend très logiquement les régimes nationalistes et/ou laïques de la région. La Russie vient d’obtenir la juste récompense d’une politique extérieure équilibrée dans le monde musulman via la signature de contrats d’armement pour une valeur de plus de 4 milliards de dollars en Irak. Alors que la guerre en Syrie n’en est peut-être qu’à ses prémices, que l’un des candidats à la Maison Blanche qualifie la Russie d’ennemi principal de l’Amérique (!), qu’Al-Qaïda vient officiellement d’appeler à la guerre contre la Syrie de Bachar el-Assad, les hommes politiques européens devraient se demander si leur “collaboration” avec les ennemis de la liberté et de la démocratie n’est pas de nature à se retourner contre eux et contre leurs peuples, bien plus rapidement qu’ils ne le
pensent.

Каков итог последних выборов в Российской Федерации?

L’article original a ete publié sur le site de RIA-Novosti
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В воскресенье 13 октября в 77 субъектах Российской Федерации проводились выборы. Всего 4.848 выборов различного уровня и референдумов были проведены на почти 27.000 избирательных участков. Этих выборов с нетерпением ожидала оппозиция и, возможно, с некоторым беспокойством ― российские власти. Это действительно были первые выборы после крупных демонстраций оппозиции прошлой зимой и неоднозначных результатов «Единой России» на ноябрьских парламентских выборах, но также после мартовских президентских выборов 2012 года, которые принесли Владимиру Путину громкую победу с 63% голосов в первом туре.


Наконец, этих выборов с большим вниманием и любопытством ждали российские и зарубежные комментаторы. Это был благоприятный момент для широкомасштабной проверки соотношения сил между властью и оппозицией, отношения населения к «Единой России», но также для оценки способности к мобилизации и привлекательности кандидатов от антипутинской оппозиции. В основном, в центре внимания оказался один избирательный округ: выборы мэра Химок, небольшого городка с населением 200.000 жителей, расположенного к северо-западу от Москвы. Continue reading

Quel bilan tirer des dernières élections en Fédération de Russie?

L’article original a été publié sur RIA-Novosti
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Dimanche 13 octobre des élections ont eu lieu dans 77 circonscriptions de la Fédération de Russie. Au total 4.848 scrutins divers et référendums de différents niveaux se sont tenus dans près de 27.000 bureaux de vote. Ces élections étaient attendues avec impatience par l’opposition et sans
doute avec une certaine inquiétude par le pouvoir russe. Il s’agissait en effet des premières échéances électorales depuis les grandes manifestations d’opposition de l’hiver dernier, et les résultats mitigés de Russie Unie aux législatives de novembre, mais également depuis la
présidentielle de mars 2012 qui a vu la tonitruante victoire de Vladimir Poutine avec 63% des suffrages au premier tour.

Enfin et surtout, ces échéances étaient attendues avec beaucoup d’attention et de curiosité par les commentateurs russes et étrangers. C’était l’occasion de tester à grande échelle l’état des rapports de force entre le pouvoir et l’opposition, la côte d’amour de Russie Unie dans la population, mais également de mesurer la capacité de mobilisation et d’attrait des candidats de l’opposition anti-Poutine. Une circonscription était principalement sous le feu des projecteurs: l’élection pour le poste de maire de la ville de Khimki, une petite bourgade de 200.000 habitants, limitrophe de Moscou au nord ouest.Ancien centre de l’aérospatiale soviétique, la ville est désormais plus célèbre pour sa belle forêt et sa médiatique candidate écologiste d’opposition Evguenia Chirikova. Cette dernière souhaite en effet faire interdire un projet d’autoroute Moscou – Saint Pétersbourg, prévoyant qu’un tronçon passe notamment par la forêt de Khimki, projet d’autoroute convoité par le groupe français Vinci.
Evguenia Chirikova, figure de l’opposition russe et des manifestations de contestation de l’hiver dernier contre Vladimir Poutine, se présente volontairement comme une candidate Écologiste et patriote (nationale-démocrate?) mais également pro-occidentale, comme en témoignent certaines vidéos troublantes de ses visites à l’ambassade américaine à Moscou.

Malgré le très haut niveau de soutien médiatique dont la candidate a bénéficié dans la presse française, les lettres de soutien du parti écologiste français ou les invitations à Paris 16ieme rien n’y a fait: les électeurs russes ont choisi de ne lui attribuer que 20% des suffrages. En face, le candidat de Russie Unie et actuel maire Oleg Chakhov a lui recueilli 48% des voix au premier tour. Avec 3.000 observateurs pour 72 bureaux de vote, on imagine mal comment les sempiternelles accusations de fraudes pourraient désormais être prises au sérieux par qui que ce soit. Les résultats de l’élection sont du reste conformes aux prévisions des derniers sondages avant élection qui donnaient 41% à l’actuel maire et 16% à Tchirikova.

Mais cette journée électorale avait un autre intérêt: l’élection des gouverneurs de région. Depuis 2004, ils étaient nommés (comme les préfets en France), mais une loi d’avril dernier a réinstauré leur élection au suffrage universel direct, il s’agissait du reste d’une des revendications des manifestants de cet hiver. Le pouvoir russe peu donc désormais dormir tranquille et remercier l’opposition. Les scores obtenus par Russie Unie sont plus que conséquents, avec respectivement 77%, 76,64%, 65%, 64,43% et 75,95% soit une moyenne de 71.8% des voix dans les régions concernées. Le parti dominant de la scène politique russe depuis 2001 conforte sa position. Le même jour des élections parlementaires locales ont également eu lieu dans 6 sujets de la fédération de Russie, élections qui ont également vu la victoire de Russie-Unie avec respectivement 50,2%, 78%, 44,9%, 53,2%, 69,7% et 70,9% soit une moyenne de 61%. A noter que si le parti communiste reste le principal parti d’opposition, c’est le parti Patriotes de Russie (parti nationaliste de gauche) qui apparaît comme la grande surprise de ce scrutin, avec 26,4% des voix aux élections parlementaires d’Ossétie du nord et 12,5% a l’élection municipale de Kaliningrad, remportée par le maire Russie Unie avec 56,84% des voix.

Pour l’opposition libérale issue des manifestations de l’an dernier, la défaite de Khimki pèsera sans doute lourd dans l’avenir. De plus, l’un des leaders de cette opposition, le radical de gauche Serguey Udaltsov, vient d’être mis en examen après avoir été filmé à son insu en discussion avec des hommes d’affaires géorgiens lui proposant des financements d’oligarques russes en exil à Londres pour organiser des désordres en Russie afin de faire vaciller le pouvoir russe. A titre d’information pour les lecteurs non russophones, il aurait été question, d’après ce reportage, d’attentats terroristes à Moscou, de faire sauter des voies ferrées pour isoler des villes ou encore de la prise de pouvoir par le biais d’une révolution locale de couleur à Kaliningrad.Sans doute assez abattus par les résultats électoraux de leurs candidats, Bolotnaiens et Sakharoviens ont décidé d’élire un “Parlement fantôme” ce week-end lors d’un vote sur internet, en fait 45 membres d’un nouveau conseil de coordination de l’opposition. Moins de 200.000 personnes se sont inscrites pour cette cyber-élection qui n’a rencontré de soutien qu’à Moscou, tant il est vrai que l’idée de faire voter par Internet ne concerne pas encore (loin s’en faut) la majorité de la population russe et s’avère donc sans doute une grave erreur stratégique. L’une des figures de l’opposition, Ilya Ponamarev, l’a lui-même reconnu: “Seuls les libéraux voulaient utiliser Internet, résultat: on a fait fuir les électeurs de gauche”.

Sans surprise donc ces élections ont vu la victoire des tenants de l’idéologie nationale-démocrate (en la personne d’Alexeï Navalny) devant les libéraux Bykov et  Sobtchak. Des résultats qui prouvent que le qualificatif “d’Ipadshikis” ou de “Hamsters du net” est non seulement adapté a cette coalition politique mais que surtout ils s’éloignent de plus en plus des convictions politiques de la base et du peuple russe, qui lui oriente de
plus en plus son vote (en dehors de Russie Unie) vers des partis politiques de gauche, étatistes et souverainistes comme viennent de le prouver les bons scores du parti communiste et l’émergence du mouvement” patriotes de Russie”.

Commentant le résultat des élections à Khimki, l’écrivain franco-russe Edouard Limonov (pourtant viscéralement anti-Poutine) tirait la conclusion suivante: “Cette élection a prouvé que les idées de Bolotnaia ne sont pas populaires au delà de la rocade extérieure de Moscou”. Et si la génération Bolotnaia ne pouvait tout simplement pas politiquement exister ailleurs qu’à Moscou centre?