Ici Moscou : les Français parlent aux Français !

imagesLe 25 mai dernier, Pauline Betton, la plus jeune mais aussi l’unique femme candidate des élections consulaires de Moscou, a été élue conseiller consulaire des Français résidant dans la zone Russie-Biélorussie.

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1/ Pauline bonjour et merci de répondre aux questions de Spoutnik. Concrètement, un an après l’élection à quoi finalement sert un conseiller consulaire?

Le fait d’être à l’étranger donne du recul sur la politique française et le fait d’être grand électeur nous donne du poids. C’est une formidable opportunité de faire de la politique au sens noble du terme, par conviction et au service du bien commun. Les deux millions de Français de l’étranger inscrits aux registres de leurs consulats respectifs sont représentés aujourd’hui par 443 conseillers consulaires dont 3 pour la Russie et la Biélorussie. 90 siègent à l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE). Ces élus de la République au-delà des frontières élisent avec les députés des Français de l’étranger 12 sénateurs. Hormis ce droit de vote, nous avons très peu de prérogatives définies par la loi. Nous siégeons deux fois par an afin de délibérer des questions d’intérêt général pour la communauté. À Moscou les conseils consulaires attribuent les bourses scolaires et les aides sociales aux personnes âgées et handicapées. Nous sommes invités aux conseils d’établissement du lycée Français Alexandre Dumas, aux commémorations des 11 novembre et 8 mai organisées par la Mission Défense, aux rencontres avec les sénateurs et députés de passage lorsqu’ils souhaitent rencontrer la communauté française. C’est une fonction bénévole qui offre beaucoup de libertés et qu’il faut habiter.

2/ Quel est votre bilan d’élue après un an d’activité?

— Lors des difficultés au lycée Français dû à la chute brutale de la devise russe, nous avons défendu l’idée d’un budget et de frais de scolarité en monnaie locale comme cela se pratique dans d’autres établissements similaires du réseau AEFE.

— Par ailleurs, je suis engagée dans la défense des Chrétiens d’Orient et j’ai prêté mon concours à la réalisation du spectacle de théâtre Louis de France Roi et Saint au profit de l’Œuvre d’Orient. 10 000 Euros ont été levés pour les réfugiés Chrétiens et Yezidis du Kurdistan Irakien grâce au talent des enfants.

— À la demande des paroissiens de Saint-Louis des Français j’ai obtenu 6 000 Euros de la réserve parlementaire du sénateur Del Picchia pour financer la mise en conformité de l’église.

— J’ai également signé deux pétitions en faveur de la livraison des Mistral et de la levée des sanctions. La première en octobre, remise en main propre au Président de la République par notre député Thierry Mariani et la seconde, aux côtés de nombreux parlementaires, a été publiée dans Valeurs Actuelles par le collectif Français Libres. Continue reading

“Nous retournons en Russie”

Lien vers l’article d’Inna Doulkina “Nous retournons en Russie” (dont je recommande chaudement la lecture).

Extrait:

Pourvu que l’embargo dure, nous avons enfin commencé à nous relever, se disent les agriculteurs – et les chiffres confirment. De janvier à avril 2015, la production de fromage a augmenté de 29,5 % en Russie, celle de viande de 13,5 %, celle de volaille, de 12,7 %, la charcuterie de 0,6 % et le poisson de 6%, selon Rosstat. La population soutient ses fermiers.
(…)
Les Russes se sont souvenus qu’ils sont nés pour envoyer des fusées dans l’espace et résoudre des problèmes mathématiques complexes.
(…)
Nous retournons en Russie. Cette Russie dont nous avons vu la lueur sur la place Nakhimov, le 23 février 2014, à Sébastopol.
(…)
La Russie vient de se réveiller. Elle a déjà entamé son chemin vers elle-même et, si elle ne s’égare pas de nouveau, la Russie a toutes les chances de rendre par là même à toute l’humanité sa foi en elle. Un peu comme elle l’avait fait en 1961, en offrant à la terre entière le sourire de Gagarine.

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L’Eurovision, symbole de la pseudo-civilisation de l’UE

imagesLa 60e édition du concours Eurovision vient de se terminer et fait encore une fois la une de la presse, après avoir monopolisé les esprits, les foules et surtout d’incommensurables budgets marketing.

Je dois bien l’avouer, je fais partie des gens qui n’ont jamais regardé un seul concours Eurovision, et il y a bien des raisons à cela.

Il y a tout d’abord l’illogisme culturel qui accompagne l’Eurovision. Si le concours est organisé par l’Union européenne de radio-télévision, il est ouvert à tous les pays membres et diffuseurs, soit des pays situés en dehors de la zone européenne, par exemple dans le Pacifique ou en Afrique. Pour cette raison sans doute, la quasi-totalité des chansons sont émises en anglais, dénaturant ainsi totalement le projet, qui d’européen à la base, est devenu un projet globaliste en langue anglaise. Sur les 16 dernières années, 15 des chansons gagnantes ont été interprétées en anglais.

Il y a aussi l’aspect politique qui accompagne, et chaque année un peu plus, cet événement. 2014 a été un grand cru concernant le délire permanent qui accompagne l’Eurovision, lorsque l’artiste Conchita Wurst, travesti allemand d’origine colombienne, a emporté la victoire. Dans le même temps et depuis le début de la crise ukrainienne, les artistes russes sont hués par un public visiblement bien éduqué par le Mainstream médiatique tandis qu’il n’acclame que des artistes plus médiocres les uns que les autres.Il y a surtout l’insupportable pression médiatique et marketing qui accompagne chaque année cet événement, dénaturant ce qu’il devrait être, à savoir un moment artistique. Comme la responsable des divertissements de France 2 vient de le soulever: il se pose la question de savoir si la France doit participer l’année prochaine à ce show dont les résultats électoraux dépendent de plus en plus des fortes accointances géographiques et culturelles entre les pays. Ces tendances lourdes sont apparues dès les années 1970 lorsque des blocs politico-musicaux ont commencé à se former, entre Scandinaves d’abord puis par exemple entre Etats de l’ex-bloc post-soviétique.

Hormis la France, un autre pays se demande s’il doit continuer à participer à cet événement: il s’agit de la Russie. Continue reading

« Sans la Russie, l’Europe serait mutilée »

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Au cours du mois de mai, une action citoyenne assez inattendue a eu lieu. Plusieurs Français attachés à la relation franco-russe ont décidé de lancer un appel demandant non seulement la levée des sanctions, mais également que l’Etat français livre les porte-hélicoptères de type Mistral à la Russie.

L’appel a déjà récolté près de 700 signatures de nombreux citoyens français de toutes les régions de France, de Russie ou d’ailleurs mais aussi d’hommes politiques ou d’intellectuels francais.Rencontre avec l’un des signataires qui est un jeune Français de Russie, Rémy Berthonneau.

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Sputnik: Rémy bonjour, pourriez-vous brièvement vous présenter?Remy Berthonneau: Un Français patriote de 25 ans. J’ai choisi de venir en Russie pour la première fois à l’âge de 18 ans, je devais passer une année de mobilité académique et parmi tous les pays du monde, j’ai choisi de venir à Moscou, pour apprendre le russe et mieux connaître ce pays que je ne connaissais que par mes cours d’histoire et sa littérature. Je travaille aujourd’hui à Moscou pour un grand groupe français, j’ai travaillé auparavant en Azerbaïdjan. Continue reading

Vers une nouvelle réalité en Syrie ?

imagesLes récents développements militaires en Syrie ont relancé la machine de guerre médiatique qui affirme que désormais la chute du régime Syrien est proche.

Pour Libération ça craque à Damas tandis que le JDD se demande si le bastion d’Assad (la cote Syrienne et la région de Lattaquié) n’est pas lui aussi sur le point de tomber.

Même scénario pour la presse anglo-saxonne que l’on pense par exemple au « national-interest » ou à de nombreux sites spécialisés affirmant que la dynamique d’une défaite militaire de l’Etat syrien était engagée. Dans la presse des Etats du Golfe, on affirme qu’il est temps de reconsidérer la vie après Assad.

Ce regain d’intensité du Bachar-bashing coïncide il est vrai avec une situation militaire qui au cours de ces dernières semaines n’a pas été favorable au régime. Comme les lecteurs de Sputnik avaient pu le lire dans mon précédent texte sur le dossier Syrien, une telle inflexion de la situation ne peut être due qu’à « une intervention extérieure très appuyée ». C’est peut-être ce qui est en train de se passer.Résumons les évolutions récentes sur le terrain: Continue reading

Où en est la Russie en mai 2015?

imagesAu plus fort de la crise financière de la fin de l’année 2014, il semblait bien téméraire de parier sur un rapide rétablissement de l’économie russe.

La grande majorité des commentateurs envisageaient plutôt la situation comme la preuve de l’échec de la stratégie Poutinela fin de ses fanfaronnades tandis que la crise le mettait au pied du mur. Pour d’autres, la « bulle Poutine » venait de se dégonfler et l’on pouvait se demander si la crise n’allait pas mettrePoutine à genoux, voire même provoquer sa chute en 2015. Cette crise menaçait même le « projet d’union économique » de Poutine, entendez l’Union douanière puis eurasiatique. Selon un panel d’experts occidentaux interrogés début 2015, la crise allait plausiblement causer une récession très profonde, d’au moins 5% du PIB, ce qui pouvait permettre d’envisager des scenarios politiques assez inattendus.

Dans le même temps, le président russe affirmait lui pourtant son optimisme et sa sérénité en affirmant que la crise était passagère et qu’elle durerait au maximum deux ans. Cette différence d’appréciation de la situation avait vraisemblablement contribué à ce que des experts américains attribuent à Vladimir Poutine une forme d’autisme affectant sa capacité d’interaction avec les autres et le monde extérieur.Un semestre plus tard, il est intéressant de confronter les prédictions astro-économico-politiques occidentales avec la réalité de terrain en Russie, ce qui permet d’en tirer quelques grandes conclusions.

Tout d’abord, contrairement à toutes les prévisions, hormis celles de l’irremplaçable Jacques Sapir, le rouble ne s’est pas effondré mais est revenu à un seuil de 50 et 55 contre le dollar et l’euro. Dans le même temps, les prix du pétrole continuent leur lente remontée pour atteindre aujourd’hui les environs de 65 dollars le baril. Même si les revenus des ménages (et donc la consommation) continuent de diminuer au cours de ce second trimestre, et malgré une forte et inattendue baisse de la production industrielle en avril (indicateur qu’il faudra surveiller), les prévisions pour la Russie sont plus optimistes qu’il y a six mois. Le PIB russe ne se serait contracté « que » de 1,9% lors du premier trimestre 2015 et le FMI ne prévoit plus qu’une contraction du PIB de 3,4% pour 2015 avec une plausible reprise de la croissance dès 2016.

Cette sensible amélioration de la situation économique en Russie est sans doute liée tant à la solidité de l’économie russe, qui s’est avérée bien plus résistante que prévu, mais aussi à l’évolution du contexte international au sein duquel la Russie surfe de victoires en victoires, et dont on ne peut imaginer qu’il puisse être plus favorable au Kremlin.Il y a tout d’abord le dossier ukrainien sur lequel, contrairement à toutes les prévisions et attentes, la Russie est passée du statut de perdante programmée à celui de gagnante potentielle. Acteur diplomatique de poids et garantes du respect des accords de Minsk, les autorités russes peuvent désormais patiemment attendre la faillite ukrainienne tandis qu’elles continuent de surfer sur la vague du succès obtenu en Crimée.

Dans le même temps, les sanctions ont tout autant bénéficié à la Russie qu’elles ont fédéré les Russes derrière leurs élites, la pression de pays extérieurs étant considérée comme injuste par la grande majorité des citoyens russes. Pour autant, les sanctions ont eu des effets ricochets psychologiques lourds en faisant sans doute réaliser à beaucoup de Russes qu’il y avait finalement une vie normale sans les importations d’Europe.

Enfin, et c’est peut-être le plus inattendu, la situation en Syrie et en Irak et l’expansion de l’Emirat Islamique, a favorisé la reprise des discussions entre la Russie et l’Occident, de facto ressoudés face à cet ennemi commun menaçant.

Toutefois, la situation économique reste fragile, à l’instar de la situation en Ukraine — le pays demeure menacé par un effondrement économique et une nouvelle provocation américaine destinée à relancer la logique militaire, et donc la pression sur la Russie.

 

9 mai 2015 : Moscou capitale du monde libre

imagesLe 9 mai n’est jamais une journée comme les autres en Russie, mais ceux qui ont pu vivre la journée du 9 mai 2015 dans les rues de Moscou ne l’oublieront sans doute jamais.

Pour les 70 ans de la victoire de la Russie soviétique sur l’Allemagne nazie, la journée avait été placée sous le symbole du « bataillon immortel » (Бессмертный полк) et les russes étaient notamment conviés, après la fin du défilé militaire, à marcher en tenant les portraits de leurs aïeux tombés lors de la grande guerre patriotique, afin d’honorer leur mémoire dans ce lieu symbolique au moins le temps d’une journée.Il fallait être à Moscou pour ressentir cette atmosphère absolument incroyable de fierté et de patriotisme mais aussi et surtout d’unité nationale puisque dans tout le pays, ce sont 12 millions de russes qui ont participé aux cérémonies. 500.000 personnes ont rejoint les rues de la capitale, des moscovites de tous âges, certains en tenue militaire, arborant le ruban de Saint Georges orange et noir.Il fallait définitivement être à Moscou pour voir ces quelques 150.000 russes qui défilaient portraient de leurs ancêtres a la main, dont de nombreux enfants et femmes et les entendre crier « Hourra! » a pleins poumons en traversant le centre de la capitale.Seule la Russie de Vladimir Poutine est sans doute capable au sein du monde européen de produire cette extraordinaire communion patriotique et populaire dans une totale sérénité.

Alors que certains commentateurs disaient le président russe isolé, il était en tête du cortège et il portait une photo de son père. Continue reading