Récemment divers articles sont venus rappeler l’existence d’un ancien projet géostratégique américain de grande ampleur, visant à remodeler le monde musulman via la modification des frontières existantes et la création de nouveaux Etats. Le projet, qui porte le nom de grand Moyen-Orient, a vu le jour au sein des analyses stratégiques américaines des années 50, mais a été mentionné en 2002 (le président Bush annonçant incidemment dans un discours à l’université de Caroline du Sud son intention de lancer une initiative de partenariat avec le Proche-Orient), puis en 2003 (discours du président George W. Bush à la NED) et enfin en 2004 lors du discours annuel du président sur l’état de l’Union. Continue reading
Category Archives: Syrie Syria Сирия
Assad envers et contre tout
« Tout désespoir en politique est une sottise absolue » disait Charles Maurras. Bashar El-Assad, homme cultivé au demeurant, doit certainement être entièrement d’accord avec cette assertion s’il a la chance d’avoir déjà lu Maurras. Début 2011, celui-ci a sans doute dû regarder avec beaucoup d’attention, comme tous les chefs d’Etats de la région, les manifestations pacifiques qui ont commencé à fleurir dans le pays. Peu à peu, le mouvement de contestation au gouvernement Assad prend cependant une tournure militaire.
Courant 2012, la guerre est totale en Syrie, l’afflux de mercenaires étrangers apporte un appui considérable à une opposition syrienne qui sera rapidement débordée par ces encombrants soutiens. Mi-2012, l’offensive rebelle est portée au cœur de Damas alors que plusieurs milliers de combattants tentent de prendre d’assaut la capitale, coordonnant leur action militaire avec des actions terroristes de grande ampleur, notamment l’attentat du 18 juillet 2012 au siège de la sécurité nationale, qui portera sans aucun doute un grand coup psychologique aux autorités syriennes. L’offensive militaire s’est accompagnée d’une offensive médiatique de grande ampleur à travers la planète, annonçant à coup de « spécialistes » et « analystes » la chute imminente du régime syrien.
Pourtant, le régime trouvera les ressources pour repousser cet assaut et relativement rétablir l’ordre dans la capitale. A la fin 2012, le mainstream nous a de nouveau expliqué que courant 2013, les autorités syriennes devraient vraisemblablement avoir perdu le contrôle d’une bonne moitié du pays, sans doute l’Est et le Nord, et concentrer stratégiquement leurs positions sur la défense de Damas et de la bande côtière et alaouite. Pourtant, ce n’est pas du tout ce qui s’est passé. A la sortie de l’hiver, l’armée arabe syrienne est repartie à l’offensive et les victoires clefs de Qousseir et Homs ont permis à l’Etat de réaffirmer son autorité sur le centre du pays. En février 2013, les rebelles relancent une offensive sur les quartiers de l’Est et du Nord est de la capitale, offensive qui échouera de nouveau puisqu’après 18 mois de combat, les forces gouvernementales ont réussi à repousser le front dans les faubourgs de la capitale.
Enfin, la grande offensive rebelle sur la cote de cet été 2013 a elle été totalement repoussée. Apres 18 mois de combat, c’est désormais l’Armée Syrienne qui est a l’offensive sur les zones clefs des rebelles, notamment au Nord et a l’Est du pays, sur l’axe Alep – Deir Ez-Zor. Cette totale inversion de la situation militaire justifie peut être les récentes manipulations de grande ampleur visant à déclencher des frappes militaires turco-occidentale contre la Syrie, comme expliquéici. Sur le front diplomatique, la situation s’est semble-t-il également considérablement modifiée depuis le début du printemps islamiste syrien. Les principaux sponsors de la rébellion font face à des situations intérieures modifiées et instables, que l’on pense à l’Arabie Saoudite, à la Turquie ou au gouvernement Morsi et au coup que vient de recevoir la confrérie des frères musulmans, très active dans le soutien à l’opposition syrienne.
Alors que le destin semblait aller contre les volontés impériales occidentales, les puissances occidentales ont donc décidé de passer à la vitesse supérieure et contribuer à l’aggravement du conflit syrien en « punissant » le pouvoir syrien et affaiblir ses forces armées. L’axe Washington-Londres-Paris-Ankara-Riyad se disait même prêt a intervenir à n’importe quel prix et sans accord préalable de l’ONU et donc hors du cadre juridique international. Peu nombreux (et sans doute également à Damas) étaient ceux qui, au début du mois de septembre, imaginaient que la Syrie échapperait a une campagne de bombardements sur le modèle des frappes contre la Yougoslavie de 1999. Pourtant, ces frappes imminentes au début du mois n’ont pas encore eu lieu et il y a plusieurs raisons à cela. Lors du dernier sommet du G20, le président français s’est, comme le président américain, retrouvé isolé face notamment a une UE qui faisant front diplomatique avec la Russie, la Chine et les pays émergents, refuse une action militaire irréfléchie et illégale. Ces pays prônant une solution politique au conflit, tout comme le prône la Russie depuis le début des troubles en Syrie. En outre, et c’est sans doute le plus important, les opinions publiques tant americaines que françaises sont extrêmement hostiles à toute intervention militaire de leur pays malgré prés de trois ans d’intense propagande contre le gouvernement syrien. Mais l’absence de bombardements sur la Syrie en ce début septembre tient sans doute aussi et surtout du fait de Moscou.
La Russie vient de sortir (avec le talent dont elle a le secret) une carte maitresse de sa diplomatie en appelant la Syrie à placer ses arsenaux chimiques sous contrôle international. L’Etat syrien a bien évidemment accepté la proposition russe, confirmant le solide Tandem Moscou-Damas pour la résolution de cette crise et se disant même prêt à signer et rejoindre la Convention sur l’interdiction des armes chimiques. La Syrie reste aujourd’hui l’un des rares pays au monde à ne pas avoir adhéré à ce traité, contrairement a ce que prétendent certains ministres français qui visiblement connaissent mal leurs dossiers.
En 24 heures, la situation mondiale sur la Syrie s’est totalement inversée. Selon Xavier Moreau, avec cette proposition, les Russes ont trois objectifs distincts. Le premier est de reprendre l’initiative dans ce conflit, en faisant une proposition que les Etats-Unis seront obligés de considérer, le deuxième est de remettre les Nations Unies au cœur de la résolution du conflit et le troisième est de permettre aux Etats-Unis et à la France de ne pas perdre la face, dans le cas où les deux pays renoncent à leur frappe « punitive ».
Pendant que la Russie empêche une guerre et tente de défendre le droit international, l’Etat syrien peut lui continuer de mener sa mission de rétablissement de l’ordre constitutionnel et de lutte contre le terrorisme sur son territoire. Une mission qui apparaît de moins en mois illégitime aux yeux du monde alors que se multiplient les témoignages dénonçant une situation trop longtemps occultée par le mainstream sur le terrain. A ce titre, les témoignages récents du journaliste récemment libéré Domenico Quirico ou de l’enseignant Pierre Piccinin sont riches en informations issues du terrain et confirment bien que l’opposition démocratique syrienne n’existe sans doute désormais plus que sur les plateaux de France 24, mais que sur le terrain, ce sont les groupes terroristes et mafieux qui font la loi dans les quelques zones qui ne sont pas sous contrôle de l’armée syrienne. Enfin, ces témoignages confirment ce que la diplomatie française semble (volontairement ?) ne pas vouloir entendre : ce n’est pas l’Etat syrien qui a utilisé les armes chimiques le 21 août dernier.
Syrie : de la guerre médiatique à la guerre militaire ?
La Syrie semble plus proche que jamais d’une agression miliaire de la part de la coalition Occidentale et de l’Otan, dont le trio belliqueux Paris/Londres/Ankara s’apprête visiblement à violer toutes les règles du droit international et même à passer outre le Conseil de sécurité de l’ONU.
Le monde a déjà en 1999 connu une intervention de ce type sur un petit pays européen. Comme pour la Syrie, la Serbie avait été victime d’une guerre médiatique et informationnelle à l’époque sans précédent. Mais depuis 14 ans, le mainstream médiatique a considérablement renforcé non seulement son monopole informationnel, que contrebalance aujourd’hui uniquement par Internet le courage de certains blogueurs/analystes trop souvent bénévoles.
Alors que l’ONU enquête au sol, le mainstream ressasse de façon ininterrompue les affirmations de quelques leaders occidentaux (Amérique, Angleterre, France, Allemagne et Turquie) dont les diplomaties se sont visiblement concordées pour affirmer que non seulement l’Etat Syrien est coupable (et ce avant les résultats de l’enquête de l’ONU) mais qu’il faut intervenir militairement, sans aval du conseil de l’ONU.
De son coté, l’Etat Syrien se défend avec ses moyens, affirmant qu’il serait dur de pouvoir expliquer pourquoi il aurait choisi d’utiliser une arme chimique le lendemain de l’arrivée des inspecteurs, en sachant qu’il s’agit de la ligne rouge qu’il ne doit pas franchir et ce alors même que ses soldats se battent maison par maison dans la zone concernée. En outre, l’Etat syrien a rappelé que des armes chimiques avaient déjà été utilisées par les rebelles dans le Nord, tandis que l’armée turque avait elle-même arrêté sur son territoire en mai dernier des mercenaires du Front Al-Nosra qui transportaient des armes chimiques. Continue reading
Война в Сирии: война за энергоресурсы?
В то время как война в Сирии продолжается, медийный мейнстрим, ожесточенно преследующий сирийское государство, забывает напомнить об одном из важнейших аспектов этого конфликта: энергетическом и, особенно, газовом. Именно этот аспект в основном объясняет активную поддержку России, но не личности Башара Асада, а прежде всего противодействие краху сирийского режима, поскольку этот желаемый извне крах представляется геополитическим элементом гораздо более широкой системы и непосредственно направлен против нее самой.
Когда Россия в 2000-х годах начала поднимать голову, она действительно стала главным препятствием на пути плана по захвату контроля над маршрутами доставки энергоносителей, связывающих Европу и Евразию через Балканы, который был запланирован американскими стратегами и начат войной в Сербии в 1999 году.
Америка и Европейский Союз попытались диверсифицировать поставки в европейские страны, чтобы уменьшить их потенциальную зависимость от Москвы. Таково начало проекта газопровода Nabucco, в настоящее время практически заброшенного, по которому должна была осуществляться поставка в Европу добытого в Азербайджане и Туркменистане газа по маршруту через территорию Турции, в обход России и Греции. Вокруг этого проекта существовал очень амбициозный американский геополитический план: трансформировать турецкого союзника в центральный стержень переустраиваемого большого Ближнего Востока, а также в региональный центр транзита энергоносителей между Балканами и Ближним Востоком. Continue reading
La guerre en Syrie: une guerre pour l’énergie?
Alors que la guerre en Syrie continue, le Mainstream médiatique, qui s’acharne sur l’Etat syrien, oublie de façon récurrente de rappeler l’un des aspects les plus essentiels de ce conflit: l’aspect énergétique et notamment gazier. Ce facteur explique que le soutien actif de la Russie a pour but non pas de protéger la personne de Bashar el-Assad, mais avant tout d’éviter l’effondrement du régime syrien, car cet effondrement voulu de l’extérieur serait un élément géopolitique d’un dispositif bien plus large et assez directement dirigé contre elle.
Lorsque la Russie commence à relever la tète à compter des années 2000, elle devient en effet le principal obstacle au plan de prise de contrôle énergétique des voies énergétiques liant l’Europe et l’Eurasie via les Balkans que les stratèges américains ont programmé et entamé via notamment la guerre en Serbie en 1999.
L’Amérique et l’Union Européenne vont alors chercher par tous les moyens à diversifier l’approvisionnement des pays européens pour réduire leur potentielle dépendance envers Moscou. C’est le début du projet de gazoduc Nabucco, aujourd’hui quasiment abandonné, qui consistait à permettre l’alimentation de l’Europe en gaz produit en Azerbaïdjan et au Turkménistan, via un itinéraire qui aurait traversé la Turquie et évité la Russie tout en contournant la Grèce. Autour de ce projet, il y avait un plan géopolitique américain très ambitieux: Transformer l’allié Turc en pivot central d’un grand moyen orient à remodeler et aussi en un centre régional de transit énergétique entre les Balkans et le moyen orient. Continue reading
Сирия: от войны медийной к войне настоящей?
Сирия сегодня ближе, чем когда-либо, к военной агрессии со стороны западной коалиции и НАТО, а воинственное трио Париж / Лондон / Анкара явно готовится нарушить все нормы международного права и даже обойтись без резолюции Совета Безопасности ООН.
Мир помнит подобное военное вторжение в 1999 году в небольшую европейскую страну. Подобно Сирии, Сербия была жертвой беспрецедентной для того времени медийной и информационной войны. Но за прошедшие 14 лет медийный мейстрим значительно усилил свою информационную монополию, противовесом которой сегодня служит лишь мужество некоторых интернет-блогеров / аналитиков, часто работающих на добровольных началах.
В то время как ООН ведет расследование на месте, медийный мейстрим непрерывно повторяет заявления некоторых западных лидеров (Америки, Англии, Франции, Германии и Турции), дипломаты которых очевидно договорились утверждать, что виновно сирийское государство (и это до обнародования до результатов расследования ООН) и что необходимо прибегнуть к военному вмешательству, без согласия Совета Безопасности ООН. Continue reading
Syrie : de la guerre médiatique à la guerre militaire ?
La Syrie semble plus proche que jamais d’une agression militaire de la part de la coalition Occidentale et de l’Otan, dont le trio belliqueux Paris/Londres/Ankara s’apprête visiblement à violer toutes les règles du droit international et même à passer outre le Conseil de sécurité de l’ONU.
Le monde a déjà en 1999 connu une intervention de ce type sur un petit pays européen. Comme pour la Syrie, la Serbie avait été victime d’une guerre médiatique et informationnelle à l’époque sans précédent. Mais depuis 14 ans, le mainstream médiatique a considérablement renforcé non seulement son monopole informationnel, que contrebalance aujourd’hui uniquement par Internet le courage de certains blogueurs/analystes trop souvent bénévoles.
Alors que l’ONU enquête au sol, le mainstream ressasse de façon ininterrompue les affirmations de quelques leaders occidentaux (Amérique, Angleterre, France, Allemagne et Turquie) dont les diplomaties se sont visiblement concordées pour affirmer que non seulement l’Etat Syrien est coupable (et ce avant les résultats de l’enquête de l’ONU) mais qu’il faut intervenir militairement, sans aval du conseil de l’ONU. Continue reading
Привет от Кавказких ваххабитов из Сирии
Aujourd’hui la Syrie, demain la Russie, inscription sur un mur de la Ville de Daraiya, Syrie, Juin 2013
Today Syria, Tomorrow Russia – Darayia – June 2013
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Assad envers et contre tout
« Tout désespoir en politique est une sottise absolue » disait Charles Maurras. Bashar El-Assad, homme cultivé au demeurant, doit certainement être entièrement d’accord avec cette assertion s’il a la chance d’avoir déjà lu Maurras. Début 2011, celui-ci a sans doute dû regarder avec beaucoup d’attention, comme tous les chefs d’Etats de la région, les manifestations pacifiques qui ont commencé à fleurir dans le pays. Peu à peu, le mouvement de contestation au gouvernement Assad prend cependant une tournure militaire.
Courant 2012, la guerre est totale en Syrie, l’afflux de mercenaires étrangers apporte un appui considérable à une opposition syrienne qui sera rapidement débordée par ces encombrants soutiens. Mi-2012, l’offensive rebelle est portée au cœur de Damas alors que plusieurs milliers de combattants tentent de prendre d’assaut la capitale, coordonnant leur action militaire avec des actions terroristes de grande ampleur, notamment l’attentat du 18 juillet 2012 au siège de la sécurité nationale, qui portera sans aucun doute un grand coup psychologique aux autorités syriennes. L’offensive militaire s’est accompagnée d’une offensive médiatique de grande ampleur à travers la planète, annonçant à coup de « spécialistes » et « analystes » la chute imminente du régime syrien.
Pourtant, le régime trouvera les ressources pour repousser cet assaut et relativement rétablir l’ordre dans la capitale. A la fin 2012, le mainstream nous a de nouveau expliqué que courant 2013, les autorités syriennes devraient vraisemblablement avoir perdu le contrôle d’une bonne moitié du pays, sans doute l’Est et le Nord, et concentrer stratégiquement leurs positions sur la défense de Damas et de la bande côtière et alaouite. Pourtant, ce n’est pas du tout ce qui s’est passé.
A la sortie de l’hiver, l’armée arabe syrienne est repartie à l’offensive et les victoires clefs de Qousseir et Homs ont permis à l’Etat de réaffirmer son autorité sur le centre du pays. En février 2013, les rebelles relancent une offensive sur les quartiers de l’Est et du Nord est de la capitale, offensive qui échouera de nouveau puisqu’après 18 mois de combat, les forces gouvernementales ont réussi à repousser le front dans les faubourgs de la capitale. Enfin, la grande offensive rebelle sur la cote de cet été 2013 a elle été totalement repoussée.
Apres 18 mois de combat, c’est désormais l’Armée Syrienne qui est a l’offensive sur les zones clefs des rebelles, notamment au Nord et a l’Est du pays, sur l’axe Alep – Deir Ez-Zor. Cette totale inversion de la situation militaire justifie peut être les récentes manipulations de grande ampleur visant à déclencher des frappes militaires turco-occidentale contre la Syrie, comme expliquéici. Sur le front diplomatique, la situation s’est semble-t-il également considérablement modifiée depuis le début du printemps islamiste syrien. Les principaux sponsors de la rébellion font face à des situations intérieures modifiées et instables, que l’on pense à l’Arabie Saoudite, à la Turquie ou au gouvernement Morsi et au coup que vient de recevoir la confrérie des frères musulmans, très active dans le soutien à l’opposition syrienne.
Alors que le destin semblait aller contre les volontés impériales occidentales, les puissances occidentales ont donc décidé de passer à la vitesse supérieure et contribuer à l’aggravement du conflit syrien en « punissant » le pouvoir syrien et affaiblir ses forces armées.
L’axe Washington-Londres-Paris-Ankara-Riyad se disait même prêt a intervenir à n’importe quel prix et sans accord préalable de l’ONU et donc hors du cadre juridique international. Peu nombreux (et sans doute également à Damas) étaient ceux qui, au début du mois de septembre, imaginaient que la Syrie échapperait a une campagne de bombardements sur le modèle des frappes contre la Yougoslavie de 1999.
Pourtant, ces frappes imminentes au début du mois n’ont pas encore eu lieu et il y a plusieurs raisons à cela. Lors du dernier sommet du G20, le président français s’est, comme le président américain, retrouvé isolé face notamment a une UE qui faisant front diplomatique avec la Russie, la Chine et les pays émergents, refuse une action militaire irréfléchie et illégale. Ces pays prônant une solution politique au conflit, tout comme le prône la Russie depuis le début des troubles en Syrie.
En outre, et c’est sans doute le plus important, les opinions publiques tant américaines que françaises sont extrêmement hostiles à toute intervention militaire de leur pays malgré prés de trois ans d’intense propagande contre le gouvernement syrien. Mais l’absence de bombardements sur la Syrie en ce début septembre tient sans doute aussi et surtout du fait de Moscou.
La Russie vient de sortir (avec le talent dont elle a le secret) une carte maitresse de sa diplomatie en appelant la Syrie à placer ses arsenaux chimiques sous contrôle international. L’Etat syrien a bien évidemment accepté la proposition russe, confirmant le solide Tandem Moscou-Damas pour la résolution de cette crise et se disant même prêt à signer et rejoindre la Convention sur l’interdiction des armes chimiques. La Syrie reste aujourd’hui l’un des rares pays au monde à ne pas avoir adhéré à ce traité, contrairement a ce que prétendent certains ministres français qui visiblement connaissent mal leurs dossiers.
En 24 heures, la situation mondiale sur la Syrie s’est totalement inversée. Selon Xavier Moreau, avec cette proposition, les Russes ont trois objectifs distincts. Le premier est de reprendre l’initiative dans ce conflit, en faisant une proposition que les Etats-Unis seront obligés de considérer, le deuxième est de remettre les Nations Unies au cœur de la résolution du conflit et le troisième est de permettre aux Etats-Unis et à la France de ne pas perdre la face, dans le cas où les deux pays renoncent à leur frappe « punitive ».
Pendant que la Russie empêche une guerre et tente de défendre le droit international, l’Etat syrien peut lui continuer de mener sa mission de rétablissement de l’ordre constitutionnel et de lutte contre le terrorisme sur son territoire. Une mission qui apparaît de moins en mois illégitime aux yeux du monde alors que se multiplient les témoignages dénonçant une situation trop longtemps occultée par le mainstream sur le terrain. A ce titre, les témoignages récents du journaliste récemment libéré Domenico Quirico ou de l’enseignant Pierre Piccinin sont riches en informations issues du terrain et confirment bien que l’opposition démocratique syrienne n’existe sans doute désormais plus que sur les plateaux de France 24, mais que sur le terrain, ce sont les groupes terroristes et mafieux qui font la loi dans les quelques zones qui ne sont pas sous contrôle de l’armée syrienne. Enfin, ces témoignages confirment ce que la diplomatie française semble (volontairement ?) ne pas vouloir entendre : ce n’est pas l’Etat syrien qui a utilisé les armes chimiques le 21 août dernier.
Guerre en Syrie, immixtions et désinformation
La guerre en Syrie s’accompagne d’une guerre de l’information impitoyable destinée non seulement à justifier l’offensive du dispositif international contre la Syrie mais aussi à masquer tant bien que mal les immixtions étrangères croissantes dans ce conflit.
On parle beaucoup de l’intervention du Hezbollah, du soutien russo-iranien à l’Etat syrien, du soutien des monarchies du golfe à l’opposition djihadiste syrienne ou du rôle de la Turquie, mais on oublie que la guerre concerne aussi directement l’état d’Israël, qui espère qu’une chute d’Assad permettra l’affaiblissement voir la disparition du Hezbollah. Depuis le début de cette année 2013, l’Etat Hébreu était ainsi déjà intervenu militairement au moins trois fois en Syrie. En janvier tout d’abord, pour détruire un convoi d’armes destinées au Hezbollah puis par deux fois en mai contre un centre de recherches scientifiques, un dépôt de munitions et une unité de la défense anti-aérienne. Continue reading