En juillet dernier, je mettais le doigt sur un dossier potentiellement explosif: les relations intercommunautaires à Moscou, victime d’une (trop?) forte pression migratoire en raison de sa bonne santé économique.
Il me semblait que le bon fonctionnement du modèle polyculturel russe traditionnel (un Etat-civilisation permettant la cohabitation en son sein d’une multitude de peuples et de religions possédant des territoires d’origine dans le pays) pouvait être ébranlé par les trop fortes concentrations de migrants, affluant de l’intérieur comme de l’extérieur de la Russie vers certaines zones et villes.
Conscientes de ces problèmes, les autorités ont entamé lors des dernières élections municipales de Moscou une lutte contre certains grands fléaux hérités des périodes Eltsine et Loujkov. De quoi s’agit-il? Dans les années 1990, dans le contexte d’anarchie libérale qui a suivi l’effondrement de l’URSS, des groupes mafieux souvent structurés sur une base ethnico-religieuse ont profité de l’absence d’autorité et de la faiblesse de l’Etat pour implanter et développer dans la capitale des activités plus ou moins légales. De nombreux cercles administratifs de la capitale se sont parfaitement accommodés, phénomène qui se poursuit actuellement, de la puissance financière et politique de ces groupes. Ces derniers ont survécu jusqu’à aujourd’hui, se convertissant en gigantesques employeurs en quête de main d’œuvre corvéable à merci.
Leurs principaux pôles d’activité sont les marchés ou les entrepôts de stockage dans lesquels une organisation pyramidale et mafieuse a vu le jour, et où travaillent des dizaines de milliers de migrants de l’intérieur (Caucase russe) ou de l’extérieur (Caucase non russe, Asie centrale, Chine…). L’afflux de ces populations souvent issues de zones du monde relativement archaïques et traditionnelles provoque des tensions croissantes dans un Moscou en pleine mutation, la mégapole connaissant une modernisation culturelle à l’Occidentale de plus en plus marquée. Certains quartiers à forte concentration immigrée se sont convertis en zones de commerce plus ou moins licites, où les troubles à l’ordre public et l’insécurité y sont monnaie courante. Continue reading