Yves Bataille est une des figures marquantes de la mouvance Pan-européenne et Eurasienne. Géopolitologue, spécialiste des Balkans et notamment de la Serbie. Pour lire quelques articles de Yves Bataille :
L’Ukraine sur le grand échiquier (2004)
France : le syndrome Serbe ? (2005)
La Chine et la prochaine guerre (2006)
La guerre commence au Kosovo (2008)
Yves Bataille a accepté de répondre a quelques questions pour DISSONANCE. L’interview a en outre été
publiée sur AGORAVOX !
Yves BATAILLE, bonjour, pouvez vous vous présenter pour les lecteurs qui ne vous connaissent pas ?
Mon profil: Fils de magistrat et petit-fils d’officier ayant traîné le sabre du Tonkin à la Cilicie et de Madagascar à la Guyane en passant par le Sénégal et le Bénin, je tiens peut-être de ce dernier l’attrait des grands espaces. Descendants d ‘ artisans catalans qui sous Louis XIV construisirent les défenses de Vauban sur la frontière espagnole au temps du rattachement du Roussillon à la France, les Bataille ont aussi un lien avec les Cardi de Sansonnetti, noblesse corse ralliée à la France avant même que la Corse ne devienne française. Par la famille de mon père, magistrat en Algérie puis en « Métropole », je suis un descendant du Général Mouton Duvernay, député royaliste de la Haute Loire rallié à Napoléon pendant les « Cent Jours » et fusillé sous Louis XVIII, et du Général La Fayette qui fut à l’origine de la création des Etats-Unis. Je suis un Français qui a passé sa prime enfance en Grande Kabylie et a fréquenté un temps le Collège de Jésuites de Notre-Dame d’Afrique d’ Alger. Un Français du dehors donc – ce qui explique le nationalisme – qui a toujours gardé le lien avec la Mère Patrie même lorsque celle-ci le décevait profondément. Nationaliste du Limes et internationaliste radical à la fois, j’ai épousé une serbe et la Cause serbe au début de la guerre contre la République fédérale de Yougoslavie, une guerre vue de très près. J’ai fait serment sur son lit de mort à Paris au Colonel Tranié, fils du général Tranié héros du Front de Salonique, de me battre toujours du côté des Serbes attaqués par Moloch. Formé aux Universités françaises à l’Histoire, à la Géopolitique et à la Communication, je me définis comme un nationaliste-révolutionnaire de profession, partisan d’une France libre dans une Europe indépendante intégrant la Russie et d’un Franc-Canada (Québec et Acadie) lui aussi libre et indépendant. Je suis en définitive un « nationaliste sans frontières » entretenant des relations de combat avec tous ceux qui, dans l’espace européen et américain poursuivent le même but. Dans ce cadre j’ai eu la chance de rencontrer Philippe Rossillon, compagnon secret du Général de Gaulle, qui fut l’organisateur de l’Opération « Vive le Québec libre! », de m’entretenir dans les Balkans avec les héros serbes Radovan Karadzic et Vojislav Seselj, de trinquer en Transnistie avec le président Igor Smirnov, de partager le pain dans le Caucase avec le général Vardan Balayan, libérateur du Haut-Karabakh. Mon objectif, avec tous ceux qui vont dans la même direction, est clair, c’est la libération nationale et sociale des peuples et des nations de la domination états-unienne et l’unification géopolitique du Grand continent eurasiatique, autrement dit de la Grande Europe de l’Atlantique au Pacifique. Il faudra faire aussi la jonction avec la « Presqu’Amérique »… Vous m’avez posé une question et j’y ai répondu.
Vous êtes un expert de la Serbie, après l’intervalle “démembrement de la Yougoslavie” (1990-1996), l’intervalle “démembrement de la Serbie” (1999-2008), quelle est selon vous la prochaine “étape”?
Il existe des plans pour poursuivre le morcellement de la Serbie jusqu’à l’absurde. Dans le chef lieu du Sandjak de Novi Pazar que les Serbes appellent « Raska » (la Rascie) où Serbes et Musulmans sont en nombre égal, les Etats-Unis ont installé un « centre culturel américain » qui rappelle celui qu’ils avaient créé au Kossovo en 1998. Or Novi Pazar n’a pas besoin de centre culturel américain. Il n’y en a pas à Belgrade. Donc ce centre culturel, comme hier à Pristina, est là pour autre chose. En Rascie les Américains poursuivent leur jeu qui consiste à pousser les Musulmans contre les Orthodoxes en soutenant une revendication séparatiste de rattachement territorial à la Bosnie.
En Vojvodine la matrice de toutes les « révolutions de couleur », National Endowment for Democracy (NED) alimente un mouvement autonomiste. Dans ce grenier à blé du nord où les Serbes sont majoritaires (65% de Serbes, 14% de Hongrois, 3% de Slovaques et d’autres ethnies en petite quantité) les Américains appuient les minorités et spéculent sur la tendance de certains Serbes à se croire « supérieurs » à leurs frères du Sud n’ayant pas vécu jadis sous la coupe de l’Empire Austro-Hongrois. Ce mouvement peut être comparé au mouvement de la « Padanie » dans le nord de l’Italie. En excitant des tendances centrifuges les Américains visent à réduire encore la Serbie et à la ramener à la dimension de l’ancien Pachalik de Belgrade.
Pensez vous que l’arrestation de Radovan Karadzic, et sans doute demain de Ratko Mladic, ait un effet bénéfique pour la Serbie ? (limite de la casse au Kossovo ou intégration plus rapide dans l’UE?) . Quelle est la probabilité que la Serbie intègre l’UE d’après vous ?
Les représentants de Bruxelles et de Washington qui prétendent dire ce qui est bon pour la Serbie et lui imposer leur loi sont très arrogants. Non seulement ils l’ont bombardée sans raison mais encore ils prétendent lui donner des ordres et lui faire la morale. En 1999 ils disaient que cette guerre était une « guerre du droit » et présentaient les bombardements comme des « bombardements humanitaires ». L’ opinion en Europe a lâchement laissé faire ça. Pourtant la Serbie n’appartient ni aux Etats-Unis d’Amérique ni à l’Union Européenne et il revient aux Serbes de défendre les intérêts de la Serbie et non à leurs agresseurs. Ces arrogants continuent les menaces et les pressions au nom de la démocratie et des droits de l’homme pour contraindre toujours plus un pouvoir pourtant installé par eux. C’est ainsi que même l’équipe pro-occidentale au pouvoir à Belgrade refuse le vol du Kossovo. La période dite de « transition démocratique », qui a commencé en 2000 avec le renversement de Slobodan Milosevic, a été une période d’intensif pillage économique. Avec les privatisations à outrance l’Occident a fait main basse sur tout ce qui avait quelque valeur (grandes entreprises, sidérurgie, matières premières, systèmes de télécommunications). Aidé dans cette mise à sac par les ultralibéraux des partis fabriqués dans les ambassades occidentales comme le G17Plus.Dans l’esprit du peuple serbe les Etats-Unis et l’Union Européenne, c’est la même chose, c’est « l’Ouest » (Zapad). Cet Occident historiquement coupable de la Chute de Constantinople et qui veut imposer aujourd’hui « l’intégration euro-atlantique ». Cet Occident et ses nouvelles Croisades. Car la « diplomatie coercitive » de Madeleine Albright, le « devoir d’ingérence » de Bernard Kouchner, les embargos commerciaux de l’Union Européenne, les crimes des séparatistes, les mercenaires étrangers, les sanglants bombardements de l’OTAN sont encore en mémoire. Par tradition depuis la geste épique du haut moyen âge les Serbes sont le peuple qui a la mémoire la plus longue. Le Tribunal de La Haye, le TPIY, est assimilé à une Nouvelle Inquisition chargée de continuer la guerre par d’ autres moyens. Les Serbes pensent que cela ne s’arrêtera jamais, à moins que la Russie… Le dit tribunal n’a condamné que des Serbes, plusieurs chefs serbes sont mort dans la prison de Scheveningen et le passage à La Haye de Bosniaques musulmans et d’ Albanais du Kossovo s’est révélé n’être que du cinéma. Qu’il s’agisse du terroriste albanais Ramuz Haradinaj ou de son collègue bosniaque Naser Oric, ces individus n’ ont fait que de la figuration pour que l’on puisse donner le change avant de les relaxer. Haradinaj a fait tuer tous ses témoins et en conséquence le tribunal a estimé qu’il ne pouvait plus le juger. Le TPIY n’a rien d’une juridicion indépendante comme il a essayé de le faire croire. C’est un tribunal de circonstance, financé en ses débuts par George Soros et des sociétés commerciales, un pseudo tribunal qui a fait et continue de faire un procès politique de rituel anglo-saxon à des Serbes qui n’ont commis qu’un seul « crime », celui de résister à Moloch.
Vous m’avez posé la question sur Radovan Karadzic. Je l’ai rencontré en Bosnie. Il m’a reçu à Pale en 1995 et m’a même donné une médaille. J’ai pu parler longuement avec lui. C’est un personnage intègre, un pur. Il n’a jamais voulu le pouvoir pour le pouvoir comme la plupart des politiciens mais le pouvoir pour défendre son peuple agressé et menacé. Avoir osé défendre les siens et avoir résisté à ceux qui ont détruit la Yougoslavie et attaqué la Serbie, c’est ce que « nos démocraties » lui reprochent. Radovan Karadzic a été et demeure l’objet d’une diabolisation à l’anglo-saxonne, comme le général Mladic qui n’a fait que son devoir d’officier qui était de défendre son territoire et son peuple contre l’ agression étrangère. En se faisant livrer Karadzic par des traîtres et des kollabos, le Sanhédrin de La Haye n’a non seulement pas entammé sa popularité mais encore il en a fait une icône. La partie vaillante du peuple serbe pense qu’ il faudra l’arracher des griffes de l’Ogre. Je salue au passage les militants du Mouvement Populaire 1389 qui manifestent chaque jour à Belgrade depuis l’annonce de son arrestation, des manifestations quotidiennes complètement passées sous silence par la presse occidentale.
Il est évident que l’arrestation et la livraison de Radovan Karadzic à La Haye ne changeront rien aux convictions des Serbes à son égard et que cela n’aura non plus pas d’ effet sur l’adhésion à l’Union européenne. Cette adhésion, c’est Bruxelles qui la veut et de moins en moins de Serbes y sont favorables, d’autant plus que ceux que la Serbie profonde voit comme un club de malhonnêtes – pour ne pas dire de bandits – ont le culôt d’émettre sans cesse des exigences insupportables. Pour imposer par la force leur mission EULEX après l’octroi illégal de l’indépendance à la minorité albanaise du Kossovo, Bruxelles s’est appuyée sur un document falsifié auquel il manquait les dix lignes les plus importantes de la résolution 1244, celles qui stipulent que le Kossovo autonome est et restera partie intégrante de la Serbie. Par cette mission l’Union Européenne entend succéder à la MINUK des Nations Unies qui est pour les Serbes un moindre mal car la mission de l’ ONU repose sur la résolution 1244 non expurgée. EULEX vise à fournir les cadres administratifs qui manquent à la Mafia albanaise. Mon avis est que la Serbie doit attendre qu’une autre Europe reposant sur d’autres valeurs et une autre politique se dessine et que la Russie devienne de plus en plus active. Cela n’empêche pas de continuer la Résistance, bien au contraire. Le dynamitage des deux barrages de la ligne de démarcation et les manifestations de Kosovska Mitrovica après la proclamation d’indépendance ont impressionné l’occupant et c’est ce qu’il fallait faire.
L’unilatéralisme totalitaire décrété en 1991 par l’Amérique semble être arrivé à son terme (perte générale d’influence de l’empire, renaissance de grands espaces tels que l’Asie, l’Orient, l’Eurasie, l’Amérique latine ..), pensez vous que l’on doive s’en réjouir ?
L’unilatéralisme états-unien a été stimulé par l’implosion de l’Union Soviétique. Au début des années 1990 les Américains ont cru qu’ils pouvaient tout se permettre et que le monde leur appartenait. En 2003, dans Le Grand Echiquier, Zbigniew Brzezinski a établi le progamme: établir un cordon sanitaire autour de la Russie, la couper en trois morceaux et empêcher que ne se crée un bloc géopolique européen contrebalançant la puissance états-unienne. Les deux pays utilisés pour éviter ce cauchemar étaient la Pologne et l’Ukraine. Spéculant sur un abaissement irréversible de la Russie, les Américains se sont lancés dans les opérations de conquête que l’on sait, attaque de l’Irak en 1991 et 2003, démantèlement de la Yougoslavie et tentatives de prise de contrôle politique des anciennes républiques de l’Union Soviétique. Ils combattaient des musulmans au Proche Orient tout en en soutenant d’autres dans les Balkans et le Caucase. Leur but était d’encercler la Russie et d’ essayer de faire oublier leur soutien à Israël. Le 11 septembre 2001 et la « guerre à la terreur » contre l’épouvantail Ben Laden devaient faciliter la projection militaire en Afghanistan et en Irak. Mais les expéditions militaires ont provoqué des réactions et stimulé des résistances. La croisade des démocraties derrière la bannière étoilée s’est avérée être un fiasco. Des alliés ont jetté l’éponde en Irak, la guerre en Afghanistan s’est enlisée et la politique du « nation building » en Bosnie et au Kossovo a été un fiasco. Mieux, elle a permis à la Russie de damer le pion aux Américain en Géorgie et de rendre la monnaie de la pièce du Kossovo en reconnaissant l’indépendance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie. La conséquence c’est que « l’ordre juridique international » sur lequel prétendaient se fonder les démocraties occidentales a été ruiné par ces mêmes démocraties. C’est tout à fait moral puisqu’elles l’interprétaient à leur façon. Le monde retourne donc à une affirmation bainvillienne des nations et des sphères d’influence.
Avec la dépréciation du dollar, l’implosion de la bulle financière, les syncopes d’une place boursière aussi emblématiques que Wall Sreet, se profile la fin du rêve de Projet pour le Nouveau Siècle Américain, le fameux « PNAC » des « néocons » . La perte de confiance chez les alliés va de pair avec l’affirmation de nouvelles puissances émergeantes comme le Brésil, l’Inde, la Chine qui ont leur mot à dire. En Amérique latine, chasse gardée de l’oncle Sam, Washington a une épine dans le pied au Venezuela, plantée par la « révolution bolivarienne » d’un Chavez qui parle au nom de tout le Cône sud et y provoque la contagion. Riche de son pétrole, Chavez peut défier le maître yankee et les peuples l’Amérique latine applaudissent.
La crise du capitalisme financier et de l’économie virtuelle détruit le mythe du progrès et de l’invincibilité de l’Occident américain au moins autant sinon plus que les échecs militaires en Irak et en Afghanistan. « L’empire est au bord de sa fin » explique Emmanuel Todd. Il n’est pas le seul. Aux Etats-Unis les analystes Charles Kupchan, Thomas Fingar, Jim Lobe, Michael Lind et maints autres commentateurs pensent que c’est le début de la fin. Le modèle américaniste est discrédité, l’économie est en récession, le moral est atteint. Un certain Andrew Bacevich a sorti un bestseller intitulé « The limits of Power. The End of American Exceptionalism » L’influence des Etats-Unis est en baisse. L’Amérique n’est plus l’avenir de l’Humanité. On le savait mais maintenant de plus en plus de learders d’opinion le disent. Bref ce « colosse aux pieds d’argile », malgré ses 761 bases militaires à travers le monde et un budget défense dépassant ceux de tous les autres pays réunis semble devoir s’écrouler.
Donc peu importe qui gagne les présidentielles. En s’excitant sur cette mascarade comme si c’était l’acte fondateur du futur la presse française montre où est sa Mecque. Que ce soit le Démocrate Obama ou le Républicain MacCain, cela n’a aucune importance et ne change rien à la suite des évènements. C’est le système global – « global » ce mot maniaque des think tank états-uniens – qui est brutalement remis en cause. Comme les tours de Manhattan la Nouvelle Carthage arrogante et belliciste est sur le point de s’écrouler. Que l’on ne compte pas sur la communication ou le marketing des sociétés de relations publiques pour inverser la tendance, un monde multipolaire est en train de surgir. Que l’on pense à tous les changements que cet ordre nouveau et l’affirmation d’un pôle géopolitique eurasiatique vont entraîner.
Comment situez vous l’Europe dans cette logique de grands espaces et quelle devrait être son rôle au sein d’un monde multipolaire ?
Les têtes officielles de l’ Europe, comme José Manuel Barroso ou Javier Solana, sont des agents américains. Venant souvent de la gauche, ils ont été lavés et reçyclés par les services compétents pour devenir les petits toutous aboyants de l’oncle Sam. Avec la crise, l’Europe de Bruxelles apparaît comme ce qu’elle est, un géant économique et un nain politique ligoté aux Etats-Unis. Depuis 1945 cette Europe, qui s’est élargie et est devenue l’Union Européenne, a été volontairement maintenue dans un état de dépendance politique et militaire que dénonçait il y a quarante deux ans déjà le Général de Gaulle. Ne voulant pas subir la loi des Anglo-Saxons ce conservateur révolutionnaire avait sorti la France du commandement militaire intégré de l’OTAN et démantelé les bases américaines. Les atlantistes prétendent que c’est le passé mais la sortie de l’OTAN et le démantèlement des bases militaires US sont au contraire l’avenir de l’Europe. Nos amis serbes pourront ainsi assister au démontage des bases américaines des entités fantoches, à la fin de Camp Bondsteel et de tous les Camp Monteith et autres Able Sentry. L’industrie d’armements européenne y gagnera. Les Etats européens qui auront le moins collaboré y gagneront. Le zèle des marionnettes de l’Amérique, de ces entités qui ont donné des boulevards à Clinton et à Bush sera sanctionné. Les juges d’aujourd’hui seront les accusés de demain. Pour avoir une idée de ce que sera cette Europe il faut lire les écrits de Jean Thiriart en les replaçant dans le contexte de notre temps.
La Russie semble sortir d’une longue hibernation et se préparer a être un acteur de premier plan. Pensez vous que ce pays a les moyens de surmonter les défis en cours ? (démographie, santé, provocations militaires occidentales, immigration chinoise très forte en Sibérie…) ? Comment jugez vous globalement la nouvelle administration Russe depuis 1999 ?
Il y a une grande différence avec la période Eltsine. Un pouvoir fort apte à la décision, une économie qui se porte mieux, une armée qui se reconstruit. Au dedans le tandem Poutine-Medvedev fonctionne bien et a gagné en popularité, au dehors la Russie est non seulement crainte et respectée mais encore elle est devenue un espoir pour tous ceux qui ne supportent plus l’hégémonie des Etats-Unis. La Russie est perçue comme la puissance susceptible de briser le monopole de Washington. Idéologiquement critiquable, le libéralisme étatique russe est un moyen pour développer une économie viable. La solution à terme étant un nouveau socialisme national de champ continental.
On peut espérer que les perspectives démographiques s’améliorent. Les mesures natalistes prises par Vladimir Poutine vont dans le bon sens. Elles devraient être renforcées. L’immigration chinoise en Sibérie correspond à un flux de main d’oeuvre difficile à éviter. Il faut le contrôler. Les Occidentaux qui font mine de s’inquiéter d’un « péril jaune » en Sibérie feraient bien de balayer devant leur porte, eux qui se sont montrés incapables de résoudre la question de l’immigration chez eux. La crise systémique où nous sommes peut faciliter la résolution de ce problème et tarir les flux migratoires, ne serait-ce que si les « pays d’accueil » deviennent moins attractifs pour des raisons économiques.
L’agressivité de l’OTAN qui depuis la fin de l’Union Soviétique cherche à encercler la Russie de la Baltique aux « Balkans d’Eurasie » en passant par les rives de la Mer Noire, aura été finalement « un mal qui entraine un bien ». Elle aura fait prendre conscience au Kremlin de la nécessité de se doter de moyens de défense à la hauteur des nouveaux défis et de nouer de nouvelles alliances. Les associations comme l’Organisation de Coopération de Shangaï (OCS) ou Brésil Russie Inde Chine (BRIC) s’inscrivent dans cette perspective. Il était temps de contre-attaquer à ce niveau car la Russie a perdu du temps et des opportunités en particulier dans les Balkans avec la Serbie trahie sous Eltsine et mal soutenue sous Poutine jusqu’à l’affaire récente du Kossovo. Le Kossovo semble avoir été l’ électrochoc d’une Russie restée trop longtemps passive et qui commettait l’erreur de se cantonner à la diplomatie. Les Occidentaux ont longtemps pris cela pour de la faiblesse jusqu’au réveil estival de l’ « Ours Russe » en Géorgie. Une réaction liée à l’affaire du Kossovo. « Quand je dis « Kossovo » je pense « Caucase » » déclarait Poutine le 31 janvier 2006.
La grand bouleversement du prochain siècle sera probablement double : leadership mondial, économique asiatique (Chinois ?) et explosion démographique du monde musulman. Comment estimez vous compatible / incompatible ces deux éléments ?
La Chine est un monde et se considère comme le centre de la planète. Cela a toujours été ainsi et c’est la signification du terme « Empire du Milieu ». A Pékin j’ai demandé à des dirigeants chinois des instances suprêmes du Parti et de l’Etat ce qu’ils voulaient. La réponse a été claire. Nous voulons, m’ont-ils répondu, dépasser le Japon et devenir la puissance prépondérante en Asie. Ils veulent récupérer Taïwan. Ils m’ont dit aussi souhaiter une Europe plus forte et moins dépendante des Etats-Unis. Ils ont une certaine fascination pour l’Allemagne qui travaille fort et est disciplinée. Les Français sont sympathiques mais peu efficaces. Les Arabes ne sont jamais à l’heure (…). Les Anglo-américains sont les continuateurs des Guerres de l’Opium. On peut s’entendre avec les Russes. L’Organisation de Coopération de Shangaï est une sécurité pour les deux. Voilà, en résumé, comment ils voient le monde.
On a beaucoup glausé sur le nombre de Chinois, prétendu qu’ils allaient se répandre dans l’univers. La Chine n’est pas un long fleuve tranquille. Sa population d’un milliard trois cent millions d’hommes à ce que l’on dit – personne n’a vérifié mais ce qui est sûr c’est qu’ils sont nombreux… – lui pose de gros problèmes. Démographes et prévisionnistes estiment que le nombre de Chinois devrait chuter aux alentours de 2030. Ses 53 ethnies – il n’y a pas que le groupe majoritaire Han , la superficie des régions séparatistes ethniques et religieuses convoitées comme le Tibet, le Xinkiang et la Mandchourie, le fait que la majorité des Chinois soient concentrés dans la partie est du pays, tout cela nécessite le maintien d’une direction politique forte, une augmentation quantitative et qualitative du budget de la Défense et une industrialisation qui ne soit pas limitée aux seules régions côtières du Pacifique. Avec tous ces problèmes, dont un développement trop rapide et polluant n’est pas l’un des moindres, la Chine a d’autres chats à fouetter que de se lancer dans une aventure extérieure. La question la plus importante pour elle étant maintenant d’avoir accès aux énormes sources d’énergie nécessaires à son développement. Ces dernières se trouvent au Proche Orient et en Afrique.
Pour ce qui est de l’expansion démographique du monde musulman, elle est là aussi d’abord un problème pour ce monde musulman qui est, par ailleurs, loin d’être homogène. Les musulmans se tournent tous vers La Mecque pour prier et se soumettent aux règles du Coran, mais ces musulmans sont très différents. Il faut tenir compte des oppositions entre Sunnites et Schiites, ne pas confondre l’Islam avec l’intégrisme wahabbite qui vient d’Arabie Séoudite, savoir que les Arabes, qui contrôlent les principaux lieux saints de l’Islam, sont minoritaires dans l’Oumma. La majorité est faite d’autres ethnies, d’Indonésiens, de Pakistanais, de Malais, de Perses, de Turcs. Même s’ils se tournent vers La Mecque les musulmans de Russie ont aussi leurs particularités et l’on trouve chez beaucoup de musulmans une compréhension et une sympathie envers un monde orthodoxe qui n’est pas sans points de ressemblance avec l’Islam. Donc il ne faut pas se faire d’ennemis dans le monde musulman sous prétexte que certains s’y comportent mal. La direction russe l’a compris, qui a fait entrer la Fédération dans l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI), collabore avec les musulmans du dedans et tend la main aux musulmans du dehors, entretenant de bonnes relations avec les pays les plus importants de l’Islam, la Turquie, l’ Iran, l’ Indonésie, le Pakistan et même l’ Arabie Séoudite.
La France (aux commandes de l’UE), et son tandem Sarkozy-Fillon, semble jouer sur un rapprochement très fort et avec la Russie et avec l’Amérique. Jugez vous cette double orientation crédible, et quel est d’après vous son sens profond ?
« Sarközy l’Américain », comme il s’est qualifié avant son élection, incarne une France amnésique, déboussolée, affaiblie par le capitalisme financier, la démocratie libérale, l’ingérence étrangère et une immigration colonisation de peuplement porteuse de conflits. A la fiche des ministres le gouvernement Sarközy-Fillon n’est pas le gouvernement de la France mais un gouvernement de l’étranger. Comme Iouchtchenko en Ukraine, Sarközy a été élu avec l’aide des Américains. La sous secrétaire d’Etat US, Karen Huyghes, l’a publiquement reconnu il y a un an avant d’être licenciée, comme l’anglais Gordon Brown et le turc Erdogan, Sarközy a fait partie d’un « programme ». On sait que sa campagne électorale a été élaborée par Boston Consulting Group, les sondages favorables étaient distillés dans la presse par OpinionWay et les résultats du ministère de l’intérieur, avant publication officielle, étaient filtrés par Level 3 Communications, une société basée à Denver, Colorado. Il faut se souvenir de ce qu’avait dit la Secrétaire d’Etat Condoleeza Rice au début 2003 après le refus du précédent gouvernement Chirac-de Villepin de participer à la guerre américaine contre l’Irak: « Nous allons punir la France, ignorer l’Allemagne et pardonner à la Russie ». Le pardon à la Russie était hypocrite. Dans cette période de l’après 11 septembre 2001 les Etats-Unis faisaient semblant de croire à la participation de la Russie à la « guerre à la terreur ». Et avaient besoin de Moscou pour alimenter via la Russie leur corps expéditionnaire à Kaboul. En revanche ils en voulaient vivement à la France jusqu’à faire vider les bouteilles de vin français dans les canivaux et à rebaptiser leurs French fries « Freedom fries ». C’était l’époque où l’on évoquait la possibilité d’un axe Paris-Berlin-Moscou, un axe que Washington voulait à tout prix empêcher de voir naître pour les raisons décrites par Zbigniew Brzezinski.
Toujours est-il que Sarközy, aussi mauvais soit-il, est autant conduit par la France qu’il la conduit. Malgré ses allégeances atlantistes, malgré l’influence négative des lobbies, Sarközy dispose d’un véhicule soumis à une réalité géographique, à une constante historique et à des pesanteurs sociologiques, qui s’appelle la Nation française. Superficiel mais doué pour la communication, l’individu est opportuniste et peut très bien, s’il le juge conforme à son intérêt, changer de discours politique. On l’a vu dans l’affaire géorgienne où, à l’opposé de l’activisme forcené d’un Kouchner (aussi russophobe qu’il est serbophobe et sans doute aussi francophobe) en faveur de Saakachvili, le président de la France, président en exercice de l’Union Européenne, a arrondi les angles avec la Russie au grand dam de la Grande Bretagne, de la Pologne et des Pays Baltes. Sans doute les considérations énergétiques jouent-elles un rôle dans ce comportement mais elles n’expliquent pas tout. Malgré son penchant américaniste, Sarközy se rend bien compte, lui aussi, du déclin états-unien, il connait l’impopularité de Washington dans le monde et, sur un plan psychologique, c’est quelqu’un qui est impressionné par la force. Or aujourd’hui la force déclinante ce sont les Etats-Unis et la force montante, encore plus visible depuis la contre-attaque russe en Géorgie, c’est la Russie. L’Europe est entre les deux, géographiquement plus proche de la Russie que des Etats-Unis, et la France n’a pas fini de subir l’héritage des idées-force gaulliennes. Sarközy, malgré sa fascination pour Bush, n’a pas été très bien traîté par la presse anglo-saxonne qui le caricaturise en petit Napoléon à talonnettes et se moque de lui. En revanche il a été correctement accueilli par les dirigeants et la presse russes. Tout cela explique la déclaration de Sarközy au World Policy Center de l’IFRI à Evian début octobre en présence de Dmitri Medvedev, à savoir la désignation publique de la Géorgie de Saakachvili comme l’agresseur.
Le Pentagone semble vouloir aspirer l’Ukraine dans l’OTAN (après l’échec géorgien) et installer sa flotte dans la mer noire. Ajouté aux remous politiques en cours et aux échéances électorales proches en Ukraine, peut on imaginer un “conflit” dans ce pays et une scission en deux ou trois entités, à la manière yougoslave ?
L’ Ukraine me fait penser au Liban et à la Yougoslavie à la veille de leurs guerres civiles. On présentait ces deux derniers pays comme des modèles de cohabitation et de fraternité entre ethnies et religions et puis on sait ce qui s’est passé. On ne peut donc pas exclure un morcellement de l’Ukraine à la faveur d’une crise plus grave que les autres. Mais l’intérêt de la Russie n’est pas de faire éclater ce pays mais de voir accéder au pouvoir une direction politique qui ne soit pas hostile, c’est-à-dire qui ne fasse pas adhérer l’Ukraine à l’OTAN. Car plus que pour la Géorgie une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN serait un casus belli pour la Russie et pour s’en convaincre il suffit de regarder une carte. La Mer Noire deviendrait un lac de l’OTAN.
L’Ukraine dans l’OTAN, ce serait le départ obligatoire de la Flotte russe de Crimée. A ce moment là nous aurions les mouvements suivants: sécession immédiate de la Crimée majoritairement russe et qui a manifesté massivement contre l’OTAN ces derniers mois. Sécession de l’Est de l’Ukraine, des régions de Karkhov et dе Donetsk. Sécession de la côte autour du port d’Odessa. La jonction serait établie avec le Pridnestrovie, cette bande de territoire « russophone » appartenant aux « conflits gelés », qui longe le Dniestr sur 400 kilomètres et qui, sous le nom connu de Transnistrie, trace la frontière avec les pays roumains. Kiev pourrait se trouver dans la situation de Belgrade avec un territoire réduit et des entités qui lui échappent. On peut même imaginer que la région de Lvov (Lviv) se tourne vers la Pologne. Ce serait tout le plan des Brzezinski qui volerait en éclat. Ce plan soutenu par Soros et les fondations pour la « révolution orange » ne visait pas simplement à installer un pouvoir antirusse à Kiev, il visait aussi à souder l’Ukraine à la Pologne pour en faire un puissant cheval de Troie occidental contre la Russie. Et contrebalancer le « couple franco-allemand » jugé peu sûr et en permanence suspecté de loucher sur la Russie.
Pourriez vous conseiller aux lecteurs cinq ouvrages clefs à lire, cinq sites / blogs a consulter ?
Les livres que j’apporterais sur une île déserte?
Le Fil de l’Epée de Charles de Gaulle, le Traité de Sociologie Générale de Vilfredo Pareto, Le Viol des Foules par la Propagande Politique de Serge Tchakotine, les Réflexions sur la Violence de Georges Sorel et Les Conséquences Politiques de la Paix de Jacques Bainville.
Pour les sites français, je consulte fréquemment :
dedefensa
réseau voltaire
zebrastationpolaire
toutsaufsarkozy
Dissonance
Avez-vous quelque chose à ajouter?
Oui, j’observe de près les affaires serbes et je voudrais déplorer le fait que les Patriotes serbes aient raté à plusieurs reprises cette année le coche de l’Histoire. J’avais déjà remarqué les profondes carences du Mouvement nationaliste serbe, qui peuvent se résumer en deux points: 1°) Le Mouvement nationaliste serbe souffre de l’absence d’une pensée révolutionnaire et d’une direction révolutionnaire. D’une direction capable de faire l’analyse concrète d’une situation concrète et d’en tirer tous les enseignements.
2°) Egaré dans les stériles jeux parlementaires et les manifestations métapolitiques, le Mouvement nationaliste s’est montré incapable de tirer parti de situations qui pouvaient permettre de chasser du pouvoir l’oligarchie pro-occidentale de Tadic et de lui substituer un Gouvernement national populaire.
Il y a d’abord eu les élections présidentielles perdues de très peu par la direction du Srpska Radikalna Stranka, le Parti radical (SRS) le 3 février, direction qui ne devait pas en contester le résulat comme elle l’ aurait dû. Mieux, le candidat Tomislav Nikolic félicitait son « adversaire » à 21 h 00, sur la base des évaluations d’une ONG américaine spécialisée dans les « exit polls », les sondages sortie des urnes. Pour le second tour, des individus du Parti démocratique avaient distribué aux abstentionnistes des billets de 50 euros et un bulletin de vote au nom de Tadic. Les ambassadeurs occidentaux ne s’étaient pas gênés non plus pour s’inviter dans la campagne électorale et menacer.
Le vote était intervenu quinze jours avant la proclamation de l’indépendance du Kossovo le 18 février. A partir de ce moment-là un puissant mouvement patriotique de masse conduit par la jeunesse déferla dans les rues, les ambassades occidentales furent prises pour cible et la principale, l’ambassade des Etats-Unis, attaquée deux fois, était finalement incendiée. Je dois dire que ce fut une énorme erreur de la part des jeunes dirigeants nationalistes d’arrêter net les manifestations après l’incendie emblématique de l’ambassade US et des McDo.
Il fallait au contraire lancer un mouvement sans retour, non seulement intensifier les manifestations mais encore lancer comme aurait dit Sorel la « vague dévastatrice », créer les conditions de l’ insurrection nationale, détruire les concessions occidentales, décréter la grève générale, occuper physiquement les centres vitaux du pays, les ministères, le parlement, les mairies sans oublier les radios et les télévisions qui insultaient les Patriotes, les traitant de « hooligans ». A ce moment-là le pouvoir était vacant, il était à prendre. Mais, effrayés par l’audace des plus décidés, les dirigeants du Mouvement nationaliste laissèrent filer le mouvement . Quant à la direction radicale, complètement absente des manifestations de rues, elle devait se montrer au-dessous de tout, n’organisant rien et commettant la faute de participer à la manifestation de récupération « patriotique « de Vojislav Kostunica devant le parlement. Ce 21 février Tadic était parti se réfugier en Roumanie. La direction radicale avait tourné le dos au mouvement populaire et noyé le Parti radical dans un Front conservateur. Politicien de type Quatrième République, le premier ministre Kostunica allait provoquer la dissolution du parlement et appeler à des élections législatives anticipées.
Aux législatives du 11 mai, le Parti radical devait essuyer un demi échec en ne réussissant pas à capitaliser sur son nom le puissant mouvement de protestation de masse qui s’était déversé dans la rue. Cet échec était dû à la pusillanimité de ses dirigeants et à leur fourvoiement dans le camp conservateur qui avait repris et même dépassé leur réthorique patriotique. Toutefois malgré cet échec, le Parti radical pouvait encore accéder au pouvoir et prendre la tête d’un nouveau gouvernement à majorité SRS (radicaux) avec la coalition DSS-NS (« populistes ») et celle du SPS (socialistes).
Malgré ces erreurs et ces fautes il y avait en effet toujours danger pour le Parti démocratique de Boris Tadic car sa « Coalition pour l’Europe » n’avait pas réussi à obtenir la majorité. Dans les jours qui suivirent les législatives certains leaders pro-américains prirent peur et menacèrent de faire descendre leurs troupes dans la rue. Certains songeaient à un coup d’Etat. Sur ordre des Occidentaux, les Etats-Unis et la Grande Bretagne en tête, le pouvoir et les oligarques serbes (ils existent) comme Miroslav Mišković élaborèrent toutefois une stratégie plus sournoise, celle d’ acheter le Parti socialiste et ses satellites et de leur proposer des postes dans un gouvernement dominé par le Parti de Tadic. Cette manoeuvre de corruption entraîna de longues tractations qui durèrent deux mois et qui indiquent les difficultés, les hésitations et les pressions.
Hésitant, le chef du Parti socialiste, Ivica Dacic, avait commencé par se rendre à Moscou le 16 mai où un émissaire du Kremlin, le chef du Parti Russie Juste, Serguei Mironov, l’avait assuré qu’en cas de formation d’un Bloc patriotique SRS-DSS-SPS ,la Russie soutiendrait à fond la formation de ce nouveau gouvernement. Mais les Occidentaux tenaient à tout prix à faire capoter cette possibilité. Pour cela ils poussèrent les deux maillons faibles de la coalition du SPS, Markovic Palma, un ancien troisième couteau d’Arkan, à peine alphabétisé et ayant du mal à se déplacer à cause de son embonpoint, à qui l’ambassadeur de Grande Bretagne promit d’implanter dans son fief de Jagodina, une petite ville du centre de la Serbie, rien moins que « l’Eurodisneyland des Balkans »! Le grotesque président d’ Unité de la Serbie (JS), formation infrapolitique à 1%, fut même invité en à Eurodisneyland-France pour lui mettre l’eau à la bouche. La contrepartie était qu’il se répande en déclarations péremptoires pour exclure toute alliance avec les Radicaux et empêcher un gouvernement « patriotique », ce qu’il fit, mettant Ivica Dacic dans une situation délicate. L’ambassadeur de Grande Bretagne devait pousser le zèle jusqu’à se déplacer à Jagodina où « Palma », flatté de tant d’honneurs, le reçut en grande pompe. L’autre maillon faible de la coalition du SPS n’était autre que Jovan Krkobabic, le filiforme et narcissique chef du Parti des retraités (PUPS) qui avait du apporter 2% au maximum à la coalition SPS. Ces deux sous partis totalisaient 7 députés, ce qui avec le ralliement de quelques députés des « minorités », suffisait à faire pencher la majorité parlementaire vers le Parti démocratique.
Mais l’opération « sauvetage de la démocratie » comportait un second volet concernant tout particulièrement le Parti socialiste. D’abord les Américano-occidentaux firent savoir à Dacic que toute participation à un gouvernement d’Unité patriotique entraînerait de lourdes sanctions contre les dirigeants du Parti et qu’ils avaient tout à y perdre. Après la menace du bâton, ces ambassadeurs intimement liés aux services de renseignements de leurs pays respectifs, l’américain Cameron Manter, précédemment en poste à Mossoul, et le britannique Stephen Wordsworth, ex chargé d’affaires à Moscou, mirent la carotte sur la table: réhabilitation du Parti socialiste par la « communauté internationale », réintroduction du Parti dans l’Internationale Socialiste (IS), parrainage auprès de Tadic pour obtenir des ministères importants dans le gouvernement à former, dotation de postes de direction dans de grandes entreprises, enfin une somme d’ argent était attribuée à tous les députés et à tous les membres de la direction du Parti. Chacun d’eux devait toucher, selon Mihailo Markovic, un ex numéro deux du Parti passé à la scission du Mouvement Socialiste à cause de cela, la somme de 50.000 euros. Le 23 mai, Ivica Dacic rencontrait à Athènes le chef de l’Internatinale socialiste, George Papandreou, membre de Bilderberg, qui confirmait la « proposition amicale » des Anglo-Saxons.
Mais durant toute cette période, Tomislav Nikolic avait aussi tout fait pour dégouter les socialistes de former un gouvernement d’Union Patriotique avec les Radicaux et les « Populistes » (DSS-NS). Ce comportement devait permettre aux Socialistes (qui n’avaient que 7,9% des voix mais constituaient l’incontournable groupe charnière) de hisser la barre très haut pour obtenir le maximum d’un Tadic aux abois. Pis encore, la Mairie de Belgrade, puisqu’il y avait eu aussi des municipales, devait normalement revenir au numéro deux du Parti radical arrivé en tête et majoritaire avec ses « alliés ». Un accord avait été signé entre Alexandre Vucic et ses partenaires populistes et socialistes. Eh bien non seulement l’accord ne devait pas avoir de suite mais encore Vucic et la direction radicale ne réagissaient pas au maintien de l’ancien maire à son poste, la direction radicale ne tentait même pas d’ occuper la mairie, laissant cette dernière encore une fois au parti de Tadic.
Donc il y a eu d’abord la trahison des dirigeants socialistes qui ont été, répétons-le, vulgairement achetés, le Parti socialiste collaborant avec ceux qui avaient livré et tué son fondateur Slobodan Milosevic à La Haye, et il y a eu ensuite le comportement inexplicable des dirigeants radicaux Nikolic et Vucic. Dès ce moment-là toutefois certains murmuraient que les Radicaux ne voulaient pas prendre le pouvoir et que leurs chefs avaient été eux aussi achetés pour ne rien faire et continuer de se vautrer dans une confortable et tranquille opposition.
Le soir du 29 juillet j’étais à deux mètres de la tribune lorsque le Parti radical poussé par la rue a organisé avec dix jours de retard une grande manifestation de protestation (30.000 participants) contre l’arrestation de Radovan Karadzic. Encore une fois le Parti radical devait opter pour le Front conservateur, invitant à la tribune des politiciens patriotards qui n’avaient rien à y faire. Fixée à 19h00 Place de la République la réunion devait être longue, pénible (trop d’orateurs) et quand vint le tour du dernier, Nikolic, ce fut le bouquet. Cétait tard, 11 heures du soir, et le discours du numéro un par intérim du Parti fut interrompu en plein milieu par des explosions répétées et une ondulation dangereuse de foule. C’était la police qui, sous prétexte de la présence de perturbateurs à 400 mètres de là, attaquait le meeting autorisé, gazant des centaines, des milliers de participants, matraquant à tour de bras (un membre du Parti devait d’ailleurs mourir dans ces violences). Eh bien non seulement le service d’ordre du Parti radical, qui avait pour mission de protéger d’abord les journalistes, se montrait ce soir-là incapable de protéger ses propres partisans et sympathisants mais encore Nikolic et sa suite abandonnaient la tribune et s’enfuyaient comme des rats au lieu de faire front à la tête des partisans comme l’aurait fait Seselj.
Dans la nuit, alors que, gazé, je prenais la tangente par des rues adjacentes avec l’ami Radenko pour échapper aux violences policières, tout ce que j’avais pensé sur la conduite de la direction du Parti radical ces derniers mois me revenait à l’esprit. Ce laisser-aller, cette pusillanimité, cette mollesse, et même cette complaisance envers l’ennemi, cette absence dans la rue aux moments décisifs devaient prendre tout leur sens quand on voyait en septembre Nikolic et Vucic faire scission du Parti radical pour créer un nouveau parti parlementaire de « centre droit » (sic) avec l ‘agrément du Parti démocratique et des ambassades des Etats-Unis et de Grande Bretagne! Habitués aux honneurs et aux blablabla du parlement, ces politiciens en complet veston ont fini par se vautrer définitivement dans la fange de la politique politicienne. Ils ont pris le chemin opposé du fondateur et chef du Parti radical, Vojislav Seselj, en prison à La Haye depuis février 2003, le chemin du déshonneur et de la trahison. Il y avait un DSS machine à faire perdre les Patriotes. Maintenant il y en a deux.
Je l’avais dit en juin dans un entretien à l’hebdomadaire Pečat, la Serbie a besoin, parallèlement au Parti radical (et pas contre lui) d’un Mouvement nationaliste révolutionnaire conséquent, d’un mouvement qui ne dissolve pas dans les jeux politiciens et parlementaires les aspirations de libération nationale et sociale du peuple. Dans cette interview, j’avais aussi critiqué les carences de la plupart des chefs de groupes nationalistes hors Parti radical, qui se sont montrés incapables de faire monter la pâte et de donner naissance à une structure nationale révolutionnaire extraparlementaire, consciente et organisée. Sauf exception, ces mouvements ont confondu manifestations politiques et processions religieuses se perdant à l’Eglise et substitué aux nécessités concrètes des luttes actuelles les nostalgies et le folkore du passé. La meilleure chose qu’auraient à faire maintenant ces dirigeants s’ils en avaient la capacité, ce serait de lire Lénine, Gramci, Sorel, Blanqui et d’adapter leur enseignement à la situation d’aujourd’hui. Il devraient aussi jetter un oeil sur le Catéchisme Révolutionnaire de Netchaïev qui, plus qu’un programme, indique la mentalité nécessaire à l’action. Après l’ interview qui a été très commentée, j’ai rédigé un petit texte intitulé « Nécessité d’un Mouvement nationaliste révolutionnaire en Serbie » (NDLR : texte reproduit ci après) , que j’ai gardé sous le coude en attendant que les choses se décantent. Il contenait la critique objective de ce qui n’allait pas et la trame de ce qu’il faut faire.
Је voudrais maintenant insister sur l’importance de la Question serbe et du lien Serbie-Russie. Le démantèlement de la Yougoslavie, et à l’intérieur de cette Yougoslavie la réduction territoriale de la Serbie par les Etats-Unis et leurs complices, ont servi de modèle pour s’en prendre à la Russie. Dans l’esprit des Occidentaux la fin de l’Union Soviétique n’était qu’une première phase consistant à détacher la périphérie (Ukraine, Caucase, Pays baltes, Moldavie, Républiques d’Asie centrale) du centre russe. La seconde phase devait être le découpage de la Fédération de Russie en trois morceaux et la réduction de la Russie à la Moscovie. A Moscou toutefois avec Vladimir Poutine une nouvelle équipe a succédé à l’équipe de faillite Gorbachev-Eltsine et a enrayé ce mouvement de déclin en reconstruisant un cadre et une force. Plus petite et plus exposée, par sa « résistance de retard », la Serbie a permis à la Russie de prendre conscience de ce qui l’attendait si elle ne réagissait pas. A partir du début des années 1990 la Serbie a rendu un service immense à la Russie en fixant l’OTAN dans les Balkans, en dévoilant les plans séparatistes de Washington et de Bruxelles – le nouveau Drang nach Osten, la Conquête de l’Eurasie – et en démasquant l’action subversive des Organisations Non Gouvernementales (ONG). L’aide diplomatique russe aux Serbes a été tardive et insuffisante. Avoir laissé le champ libre à l’OTAN dans les Balkans n’a pas pour autant dissuadé le pacte atlantique de continuer à encercler la Russie. On l’a vu avec l’adhésion des pays baltes à l’OTAN, avec l’installation d’un pouvoit hostile en Ukraine et, cet été, avec l’agression de Saakachvili en Géorgie. Il faut bien se dire que les Occidentaux guidés par les Etats-Unis ne connaissent qu’un seul langage, celui de la force. Mais l’Occident est loin d’être un bloc homogène. Si les Russes savent tirer parti de l’affaiblissement américain et des clivages européens, ils pourront non pas reconstruire leur sphère d’influence comme on disait au XIXème siècle mais établir au delà des anciennes limites de l’Union Soviétique des relations étroites avec les pays européens aspirant à l’indépendance, des relations fondées sur le respect mutuel, l’entente et la coopération.
Mais allons plus loin et parlons de la Révolution Européenne. Dans une seconde phase il faudra songer à donner consistance à cet Axe Paris-Berlin-Moscou déjà évoqué. Avant d’en arriver là, il apparaît absolument nécessaire que se constitue avec la Russie une Centrale internationale destinée à populariser dans les cercles influents l’idée d’un Bloc Géopolitique paneuropéen et à impulser dans tous les pays un mouvement d’avant-garde pour la libération nationale et l’unification de l’Europe. Il est évident que je ne parle pas ici de la petite Europe institutionnelle de l’Atlantique à la Mer Noire, qui n’est qu’une colonie américaine, mais de cette Grande Europe dont le coeur se trouve, au propre comme au figuré, en Russie et qui s’étend géographiquement de l’Atlantique au Pacifique, ou pour reprendre la formule de Jean Thiriart, de Vladivostok à Reykjavik. Dans cette attente, dans toute l’Europe résistante, nos camarades et amis suivent avec le plus grand intérêt le développement des forces qui ont déjà à leur actif le fait d’avoir fourni un cadre géopolitique conceptuel à la direction de la Russie. Ces forces doivent aller plus loin et mettre sur pied avec d’autres les structures d’un nouveau Komintern adapté aux défis des temps actuels.
Merci Yves Bataille d’avoir accepté de répondre aux questions d’Alexandre Latsa.
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Nécessité d’un Mouvement nationaliste révolutionnaire en Serbie
En février et mars la Serbie était dans la rue. Elle manifestait sa colère du vol du Kossovo. Les manifestations se succédaient et prenaient une ampleur inégalée avec pour point culminant la manifestation géante devant le parlement. Cette journée du 21 février ce n’était pas tant le nombre extraordinaire de participants qui comptait que l’attaque de la cible symbolique de l’ambassade des Etats-Unis et des McDonald’s par de jeunes manifestants. Le drapeau états-unien était arraché et remplacé par un drapeau russe. L’ambassade brûlait à la grande joie non seulement des patriotes serbes mais encore des militants antiglobalistes du monde entier.
Trois mois après c’était comme s’il ne s’était rien passé. Les politiciens reprenaient leurs vieilles habitudes, les MacDonald ‘s réparés rouvraient et les ambassadeurs occidentaux menaçaient et dictaient le « bon choix », intervenant directement dans la composition du nouveau gouvernement.
En convoquant des élections pour le 11 mai Kostunica avait encore une fois servi la soupe aux ennemis de la Serbie, leur permettant de récupérer dans des élections faussées ce qu’ils avaient perdu dans la rue. Malgré une surenchère patriotarde, les politiciens du DSS et de Nouvelle Serbie ne parvenaient pas à canaliser par les urnes la colère du peuple et en tirer parti électoralement.
Avec un peu moins de 12% des voix la coalition du premier ministre Kostunica ne recueillait pas le fruit de son discours nationaliste. La surenchère verbale sur le Kossovo ne se traduisait pas en votes. Le Parti radical serbe (SRS) de son côté, payait son absence dans les manifestations de rue, la pusillanimité et le légalisme de sa direction. Principal parti de Serbie il se voyait écarté une fois encore de toute responsabilité nationale par les truquages politiciens et les ingérences étrangères. Seule la coalition formée par le Parti socialiste, le Parti des retraités et Jedintsvo, le groupe régional d’un ex second couteau d’Arkan spécialisé dans les machines à sous, avec un résultat plus que modeste (7,9%), devait tirer son épingle du jeu en se vendant à la « coalition pro-occidentale de tadic, le président démocrate élu de justesse en février.
La politique, un affrontement de moyens autant que d’idées !
L’erreur de la direction radicale, qui devait se faire voler aussi la mairie de Belgrade (1), est de ne pas avoir compris qu’une situation de détresse imposait des mesures radicales et non des discours électoraux. Le Parti radical sait faire une campagne électorale mais c’est tout ce qu’il sait faire. En dehors de la période des élections il est absent du paysage politique, se contentant de discourir au parlement, d’y faire parfois de l’obstruction et de cogérer des municipalités de province. Le Parti radical n’a ni mouvement social ni appareil culturel ni front de jeunesse. Il ne contrôle aucun média important. Distribuée de la main à la main sa presse est absente des kiosques (2). En face, disposant de moins beaucoup moins d’adhérents, le Parti démocratique et ses satellites bénéficient non seulement de l’appui politique et financier des puissances occidentales mais encore de celui de la quasi totalité des agences de publicité et de la presse écrite et audio-visuelle. La diffusion des images est entièrement sous le contrôle de télévisions américaines comme B92 (qui a commencé à émettre à partir d’un avion militaire états-unien) ou Fox, la télé des « néocons ». Enfin la radio la plus puissante n’est autre que Radio Slobodna Evropa – Radio Free Europe, qui martèle quotidiennement sa propagande atlantiste depuis Prague. Fondée par la CIA et reprise par le Congrès et la Fondation Soros, Radio Free Europe est un héritage de la guerre froide. Le dispositif ennemi est renforcé par une myriade d’Organisations non gouvernementales (Ong) qui promeuvent un projet politique placé sous le signe de la démocratie libérale, du capitalisme sauvage et de la société du spectacle (tout cela au nom de la « modernité »). La Fondation Soros n’est pas la seule à travailler la « société civile » et à y multiplier les activités ciblées, des centaines d’autres Ong conduisent une foule d’activités allant des conférences sur les droits de l’homme à la tenue de concerts de rock anglo-saxon. La jeunesse est conviée avec des moyens puissants à l’imitation débile de l’Occident. Des dizaines de sites internet montés avec l’appui d’officines occidentales relaient cette guerre culturelle en privilégiant les scories audio-visuelles de l’Ouest et en développant une synergie sur la toile. Une culture d’importation cherche à s’imposer au détriment de la culture populaire et du folklore vivant dénigrés comme « archaïque ». A la marge, directement payé par l’ambassade des Etats-Unis, le Parti libéral démocrate Ldp de Cedomir Jovanovic puise dans ce milieu frelaté son réservoir d’activistes. Quand il manque des votes aux démocrates il apporte un complément. Quand il faut mener une action médiatisée il remplace l’ex Otpor. On l’a vu juste après les législatives quand, inquiet du résultat, le « parti américain » a songé à organiser des manifestations contre un hypothétique gouvernement d’Unité Patriotique. Mais le Système n’a finalement pas eu besoin de cela, il a tout simplement acheté les « socialistes » (3). Et à cause de cela le mensonge du CeSID, cet organisme ad hoc financé par les fondations Rockefeller et Soros, qui avait annoncé aux agences de presse du monde sur la base de sondages sortie des urnes (« exit polls ») la fausse victoire de la « Coalition Serbe pour l’Europe » (du Parti démocratique), ce mensonge lancé à peine les bureaux de vote fermés devait devenir deux mois après une vérité.
Face à un tel dispositif le Camp patriotique (tous groupes confondus…) ne fait pas le poids et il devient clair que ses dirigeants ne savent pas quelle conduite tenir pour modifier les rapports de force. On peut même se demander, si vautrés dans une opposition confortable, certains souhaitent même modifier ces rapports. Il n’est pas étonnant alors que ce soit toujours le « parti américain » qui l’emporte.
Devant l’effondrement du crédit politicien et la débâcle organisée du camp patriotique officiel, s’impose désormais en Serbie la formation d’un Mouvement national et social révolutionnaire en dehors et au dessus des partis. Il faut structurer autrement les groupes apparus au début de l’année, les unifier et reprendre à la base et dans l’action le mouvementextraparlementaire du début 2008.
Enfin, et la question est liée, les Patriotes se revendiquent de l’amitié russe et on a beaucoup entendu parler de cette amitié et du soutien russe. Cette amitié existe mais le soutien étatique russe tel qu’il devrait être n’existe pas. Des Russes aident bien la Serbie mais à titre individuel et ponctuel. Quand les Américains livrent des armes et forment l’ « Armée du Kosova » la Russie envoie quoi? De l’ aide humanitaire et des danseuses. Par sa menace de veto à l’ONU sur le Kossovo la Russie ne fait rien d’autre que défendre son rang sur la scène internationale et elle ne défend en Serbie que ses intérêts commerciaux comme elle le fait ailleurs. Mais où sont donc les ONG russes? Où se trouve la presse soutenue par la Russie? Où sont les programmes radio spécifiques russes en langue serbe? La Voix de la Russie est comparable à la Voix de l’Amérique mais il n’y a rien de semblable à Radio Free Europe. La venue d’amis, l’envoi de groupes folkloriques et le séjour de sympathiques Cosaques ne sont pas susceptibles de contrer l’énorme dispositif de propagande et d’action ennemi. Il faudra donc là-aussi autre chose.
Yves Bataille
(1) La pusillanimité de la direction radicale fut flagrante.Après la signature du protocole d’accord avec les socialistes et les « populistes » (DSS-NS) et devant le refus du maire DS battu de céder la place il fallait occuper physiquement la mairie. Au lieu de cela on a organisé un happening (« performance » » !?) On a agité un papier en disant que ce n’était pas « démocratique ». On a porté l’affaire devant la «justice ». Belle plaisanterie…
(2) Le quotidien Pravda, qui accorde une grande place à Madonna et à ses imitations n’est pas un organe radical.RadioFocus donne la parole aux auditeurs du « camp patriotique » mais coupe quand l’auditeur devient « radical ».
(3) Dès le début la direction radicale aurait dû descendre dans la rue et organiser des manifestations contreTadic. Faire au moins le même type de manifestations que l’ « opposition démocratique » du temps de Milosevic. Au lieu de cela elle a laissé l’initiative à l’ennemi, qui a eu le temps de se ressaisir et de mettre en place un dispositif de sauvetage, de voler l’élection, d’ acheter le parti socialiste et d’ instaurer un Etat policier aux ordres de Washington et de Bruxelles.