Category Archives: Désinformation

Offensive médiatique contre l’intervention russe en Syrie

imagesLa décision de Russie de procéder à des opérations aériennes en Syrie a surpris tous les commentateurs par la rapidité de son déclenchement.

L’intervention historique du président russe à l’Assemblée générale de l’ONU, intervention qui s’inscrit historiquement dans la foulée de celle de Munich en 2007 ne laissait pourtant que peu de doutes à ce sujet, le président russe y affirmant clairement la nécessité de “fournir une aide tous azimuts au gouvernement syrien légal”.

Pendant que les Etats occidentaux campaient sur leurs positions souhaitant un nécessaire départ d’Assad, Moscou entamait ses premières frappes sur le territoire syrien, prenant vraisemblablement de court tant les services secrets américains que francais sur la dimension du dispositif russe en Syrie et la détermination du Kremlin à soutenir l’Etat syrien. Un comble alors que la presse française depuis maintenant trois ans ne cesse de nous rabâcher que le Kremlin s’apprêtait à “Lâcher Assad”.Au passage, l’ambassade américaine en Syrie a confirmé avoir reçu une requête des autorités russes pour qu’aucun avion américain ou de la coalition ne survole le territoire syrien. Pour ceux qui avaient des doutes, ces trois derniers jours ont confirmé que quand Poutine dit quelque chose, il le fait, mais aussi et surtout que la Russie, qui au cours des dernières années a confirmé son statut de puissance régionale, confirme également son statut de puissance internationale. Continue reading

La Russie, un ours malade selon Le Point.

Le journal Le Point a, le 27/08/2015, publié un article traitant de la démographie en Russie qu nous explique sans complexe que la Russie devrait perdre la moitié de sa population en une génération 🙂
Je me suis permis d’écrire une réponse sur l’excellent site STRATPOL que je republie ci dessous:
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La question de la démographie russe a durant la dernière décennie été l’une des thématiques les plus fréquemment associées a l’effondrement inévitable de la Russie, un effondrement prophétiquement annoncé en 2001 par un Américain vivant et travaillant en Russie.

Par inertie et sans doute surtout manque de recherches sérieuses et documentées la thèse de l’effondrement démographique du pays s’est répandue au sein du Mainstream médiatique et au sein des différents instituts d’analyse stratégiques, hormis l’IRIS qui a publié en 2011 une note d’analyse prévisionnelle à contre-courant mais qui avec le temps s’avère totalement juste.

Le catastrophisme accompagnant l’evolution démographique russe a pourtant de façon incompréhensible continué alors même que dès l’année 2000, le nombre de naissances ré-augmentait et que dès 2005 le nombre de décès diminuait.

Le lancement en 2005 d’une grande politique composée d’un volet financier (versements d’allocations conséquentes) et morale (promotion de la famille traditionnelle et incitation forte à faire des enfants) achevait le renversement de la situation démographique du pays au-delà de toutes les prévisions les plus optimistes.

En conséquence la baisse continue des avortements et du nombre de décès pour causes extérieures (alcools, suicides, accidents de la circulation…), ainsi que la diminution de la mortalité infantile traduisait l’amélioration des infrastructures médicales et par conséquent la rapide normalisation de la situation sanitaire et démographique du pays. Une normalisation qui n’a visiblement échappé qu’aux « experts » et autres « spécialistes ».

Dans ce contexte, l’article publié dans Le Point ce 27/08/2015 et intitulé : « La Russie un ours dangereux mais malade » semble être extrait de la presse française de 2003 ou 2004 et traduit surtout la forte méconnaissance par l’auteur du sujet qu’il aborde. Celui-ci nous indique en effet que :

  • La population de la Russie se monte à 143,5 millions d’habitants mais diminue à une allure record (…) Et devrait diminuer de moitié au cours de la prochaine génération (!) (…) Mais atteindre 80 millions vers 2050.
  • La hausse constante de la mortalité due à l’alcoolisme et la diminution dramatique des naissances sont provoquées par le manque de confiance des Russes dans l’avenir.
  • L’espérance de vie en Russie est tombée à 63 ans.

La réalité est en fait toute autre et les lecteurs intéressés peuvent trouver de nombreuses analyses documentées à ce sujet ici.

Concrètement :

  • La population de la fédération de Russie ne se monte pas à 143,5 millions d’habitants, ce qui était sa population en 2013, mais à 146,3 millions d’habitants au 01 janvier 2015.
  • La population totale de la Russie ne diminue plus depuis 2009 où elle avait atteint 141,9 millions d’habitants. Au contraire elle augmente depuis 2009 et depuis 2012 la population augmente même naturellement et sans l’immigration, le nombre de naissances étant désormais supérieur à celui des décès.
  • La mortalité n’est pas en hausse mais en baisse puisque le nombre de décès annuel est passé de 2,37 millions en 2004 à 1,91 millions en 2014.
  • La Russie ne connait pas un effondrement des naissances mais au contraire une incroyable hausse puisque le nombre de naissances est passé de 1,2 millions en 1999 à 1,94 millions en 2014. Dans le meme temps le taux de fécondité est lui passé de 1,1 à 1,75 enfants par femme soit un taux supérieur à celui de l’Union Européenne.
  • La hausse des naissances est précisément survenue durant les années Poutine, traduisant tant l’amélioration du niveau de vie mais aussi des infrastructures que le retour de la morale et de la confiance des russes dans l’avenir.
  • L’Esperance de vie n’est pas de 63 ans mais de 71 ans pour 2015.
  • L’auteur de l’article semble être le seul à imaginer que la population puisse diminuer de 50% sur une génération pour malgré tout se maintenir à 80 millions en 2050, c’est totalement incohérent.

En réalité les prévisions démographiques les plus sérieuses et qui sont consultablesenvisagent à ce jour une population allant de 147 à 152 millions d’habitants en 2031.

  • Quant à l’alcoolisme, problème historique grave en Russie, les indicateurs sont cependant plutôt positifs sur la longue durée. La mortalité par empoisonnement lié à l’alcool est passé de 37,8 / 100.000 en 1994 à 6,5 / 100.000 en 2014 tandis que suicides et homicides connaissaient la même tendance, comme on peut le constater ici. Malgré tout la consommation d’alcool joue un rôle direct dans de nombreuses autres causes de décès que sont les homicides, les suicides, les accidents de circulation ou encore les décès pour causes de maladies cardio-vasculaires.

En résumé la situation démographique de la Russie, si elle pouvait laisser imaginer le pire à la fin des années 90, s’est très rapidement normalisée et stabilisée au cours de la dernière décennie comme les lecteurs de Stratpol ont pu s’en rendre compte dans cet article publié en octobre 2014 et qui retrace l’évolution démographique incroyable du pays de la sortie de l’URSS à nos jours.

Une évolution démographique dont contrairement à ce que Le Point prétend, le président Vladimir Poutine se vante régulièrement en confirmant que la bataille démographique est la principale des batailles et le principal succès des autorités russes.

Médias russes: propagande ou réinformation?

imagesL’automne 2015 devrait voir l’apparition d’un nouveau projet stratégique initié par l’intelligentsia de Bruxelles visant à lutter contre “le succès des médias russes et notamment celui de Russia Today”.

Le projet, qui portera le nom de EastStartComTeam devrait être opérationnel dès septembre 2015, disposant d’antennes dans sept pays du bloc postsoviétique (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan, Moldavie, Ukraine, Biélorussie et Russie) et commençant son travail de propa… Pardon, de réinformation pour sauver les cœurs, les âmes et les esprits des citoyens du paradis occidental, visiblement menacés par une propagande russe hostile.

Je dis sauver les cœurs, les âmes et les esprits car le plus étonnant dans l’objectif de ce projet n’est pas que l’information, mais aussi la promotion de “valeurs” de l’Union européenne, le soutien des acteurs du monde journalistique dans l’ex-espace soviétique, la formation de journalistes et enfin le soutien affirmé aux médias indépendants en Russie, qui du coup ne le seront plus.Ce nouveau projet mirifique devrait permettre en outre la coordination de différents projets tel que par exemple la promotion en anglais de médias allemands existants, le développement d’une information en langue russe avec le soutien des très europhiles et objectifs pays baltes et de la Pologne, la lutte contre les euroscepticismes, ou encore l’augmentation de la surveillance et de la pression sur les médias russes par les régulateurs médiatiques opérant en Occident.

Se dirige-t-on tout simplement vers une censure des ressources d’informations russes en Occident? Continue reading

Les médias occidentaux: marionnettes ou agents inconscients de l’expansion américaine ?

imagesEn mars et mai 2014 j’ai été invité à m’exprimer (très brièvement) sur la chaine française LCI, à propos de l’évolution de la situation en Ukraine.

J’ai dit, à l’encontre de tout le mainstream médiatique ambiant de l’époque, que la Russie n’avait aucun intérêt à une partition de l’Ukraine, et les européens non plus. J’ai aussi affirmé que les évènements en cours avaient leur source hors d’Europe et plus précisément en Amérique.

Il est vrai que quelques semaines auparavant, la presse russe avait révélé un enregistrement bien embarrassant, repris par le Huffington Post. La secrétaire d’état adjointe (américaine) chargée de l’Europe, Victoria Nuland, et l’ambassadeur des États-Unis en Ukraine, Geoffrey Pyatt, discutaient de la situation chaotique qui s’installait en Ukraine, et madame Nuland a prononcé une phrase pas très diplomatique: Que l’UE aille se faire foutre. Cette phrase résume parfaitement la façon dont Washington manage sa relation avec son allié européen: L’UE n’a pas à donner son avis sur les affaires européennes.Dès le début de cette crise en Ukraine, les rares commentateurs qui ont accusé Washington de déstabiliser la région se sont fait traiter d’agents russes. On entend bien que le journaliste français de LCI qui m’interroge me présente tout naturellement comme: Le point de vue russe, pour ne pas dire la voix de Moscou, rien que ça! Pourtant je ne représente ni la Russie ni la France, je fais seulement partie des millions d’Européens qui s’inquiètent de voir l’Union Européenne transformée en protectorat américain. Je fais aussi partie de ceux qui, dans de nombreux pays, souhaitent un monde multipolaire. Continue reading

Estimations de la participation a la manifestation en hommage a Boris Nemtsov

1) Sans surprises la presse française déraille de nouveau…
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2) Même la presse Ukrainienne (c’est dire) est plus raisonnable  ….

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3) Dessous, voila l’estimation de l’association de l’association Mob-counter qui n’est pas financée par le Kremlin

4) Dessous l’estimation des organisateurs

5) Dessous la manifestation vue par drones, ce qui donne un aperçu différent de la foule présente …

Le Figaro héritier de la Pravda, ou quand l’élève dépasse le maitre

Le 14 octobre dernier le FIGARO, via la plume de l’inégalable Pierre Avril, a publié un article ou l’on pouvait lire ceci : “La pénurie guette dans les magasins, l’économie russe est au bord de la récession, et pourtant, Vladimir Poutine sur lequel repose de plus en plus la destinée du pays, jouit d’une popularité inoxydable“.

 

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Les Occidentaux agressifs qui veulent imposer leur système de moeurs à la planète doivent savoir qu’ils y sont lourdement minoritaires.

Emmanuel Todd a récemment livré une interview plus que censée a Atlantico sur la Russie et la géopolitique mondiale.

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Atlantico : Après avoir un temps cru à l’émergence d’une démocratie modèle en Ukraine, les chancelleries européennes et américaines semblent avoir été prises de court par la diplomatie de Moscou et les mouvements dans l’Est du pays. En quoi l’engagement de l’Occident a-t-il pu reposer sur un malentendu ?

Emmanuel Todd : Lorsque je repense à cette crise, je m’étonne de voir qu’elle ne s’inscrit pas dans la logique qui était en train de se dessiner en Europe jusqu’ici. Le début du XXIe siècle avait été marqué par un rapprochement des “Européens” et des Russes, avec l’établissement de positions communes assez fortes dans des moments de crise. On se souvient de la conférence de Troyes en 2003, où Chirac, Poutine et Schroeder avaient manifesté ensemble leurs refus de l’intervention américaine en Irak. Cet événement laissait l’impression d’un Vieux Continent évoluant globalement vers la paix tandis que l’Amérique de Georges W.

Bush, fidèle à la ligne Brzezinski, restait dans un esprit de confrontation à l’égard de Moscou en s’appuyant sur d’anciens satellites soviétiques, avec les Pays baltes et la Pologne comme partenaires anti-russes privilégiés.  Continue reading

La Russie, par-delà l’Europe ?

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A la fin de l’année 2010, j’écrivais un texte intitulé Moscou, capitale de l’Europe dans lequel j’appelais à la réalisation d’un projet politique reposant sur la création d’une entente approfondie entre Paris, Berlin et Moscou.

 

Une entente des nations dominantes du continent afin de permettre la réalisation du projet français d’union continentale, un demi-siècle après qu’il ait été formulé par le Général De Gaulle.

Ce projet aurait eu le double intérêt historique et géopolitique de permettre le rapprochement de l’Europe de l’Ouest et de la Russie mais aussi et surtout de permettre le renforcement d’une forme d’équilibre et de multipolarité au sein de l’hémisphère nord.

Près de quatre ans après la publication de ce texte, il semble que la chance de voir se réaliser ce moment historique, destiné à permettre l’émergence d’un monde multipolaire et donc d’équilibre des puissances, soit totalement passée.

L’occupation croissante des espaces politiques, moraux, culturels et sécuritaires des nations européennes par les réseaux américains et l’Otan, processus entamé en 1945, a entrainé l’Atlantisation (on peut parler d’Otanisation) que vit l’Europe actuellement, processus qui devrait vraisemblablement s’accentuer avec la concrétisation de l’union transatlantique en 2015.

A l’Est du continent, de nouveaux signaux sont également apparus. Le réveil russe s’est accompagné d’une mise en garde à l’Occident, après la guerre en Géorgie, que l’extension de l’Otan ne pouvait pas être infinie mais était clairement ressentie par Moscou comme une pression et une agression. Les propositions russes d’architecture européenne commune de sécurité se sont-elles heurtées au mur étoilé de l’Otan, tandis que l’intégration militaire au sein de l’Eurasie n’a pour l’instant trouvé des oreilles qu’à l’Est et non à l’Ouest du continent. Continue reading