Category Archives: Démographie
La démographie russe, entre mythes et réalité
La démographie russe est un sujet fort complexe qui a donné lieu à de terribles erreurs d’appréciation (stratégiques, économiques…) et de compréhension de la réalité russe.
Sur le plan sanitaire, l’explosion de la toxicomanie a provoqué une explosion du VIH et l’on a vu réapparaître de nombreuses maladies qui n’existaient plus que dans certains pays du tiers monde comme par exemple la diphtérie, le typhus, le choléra ou la tuberculose.
La conséquence de ce grand dérèglement sur la démographie du pays fut quasi-instantanée. Dès 1991 le nombre de naissances va commencer à diminuer, passant annuellement de 1.794.626 à 1.214.689 en 1999, tandis que le taux de fécondité s’effondrait de 1,89 à 1,17 enfants par femme. Dans le même temps, le nombre de décès augmentait en flèche, passant de 1.690.657 en 1991 à 2.144.316 en 1999. Cette situation donna naissance à une nouvelle terminologie démographique propre au pays: le terme de « croix russe » définissant une natalité en baisse et une mortalité en hausse. Continue reading
Accords de Minsk: le choix de l’Eurasie ?
Lorsque le mur de Berlin s’est écroulé, et avec lui l’URSS, rien ne semblait pouvoir empêcher l’américanisation de l’ancien monde soviétique, c’est-à-dire la victoire de McDonald’s, de l’anglais comme langue globale et quasi-unique, et du dollar comme seule monnaie de référence.
Rien ne semblait surtout pouvoir entraver la marche en avant du capitalisme ultralibéral et de la démocratie à la mode américaine. Dans le monde unipolaire ainsi créé, la prise de contrôle par l’Otan des gigantesques territoires qui s’étendent de l’est de la Vistule et jusqu’au pacifique paraissait inévitable.
En une décennie, cet “agenda idyllique” a été totalement bouleversé par des événements historiques complètement imprévus. Il y a eu le 11 septembre 2001 et les efforts de guerre qui en ont découlé pour les occidentaux. Les interventions militaires dans le monde musulman n’ont pas eu le succès attendu, elles ont coûté très cher, et ont finalement semé le chaos dans la région. Sur le plan économique, l’essor implacable de la Chine a largement dépassé toutes les prévisions, et le modèle économique et financier “capitalatlantiste” a montré ses limites en provoquant la crise de 2008, appelée “great recession” par les anglo-saxons.Pourtant, la politique américaine à l’égard de l’Europe et de l’Eurasie n’a pas changé. L’extension de l’Otan vers l’Est s’est poursuivie, se superposant à l’extension de l’Union européenne. En conséquence, nombre de commentateurs voient désormais Bruxelles comme un simple sas d’entrée destiné à pré-intégrer des Etats au sein de la communauté euro-atlantique et de l’Alliance militaire sous domination américaine. Continue reading
Demografia russa
Il 2 settembre 2014 Masha Gessen [1], un’attivista dei diritti delle minoranze sessuali, ha pubblicato nella rivista di critica New York Review of Books (NYR) un articolo dal titolo provocatorio “I Russi in Estinzione” corredato da una lugubre immagine invernale scattata nel 1997 nella stazione ferroviaria di una cittadina a sud est di Mosca, Aprelevka. L’immagine mostra le persone di spalle, curve, mentre attraversano i binari. Prendendo le mosse dall’immagine l’argomentazione nell’articolo è talmente votata al solo proposito di denigrare le politiche di Putin che perviene al risultato opposto di mostrare quanto gli oppositori del presente governo russo siano a corto di argomenti ed idee. Nel tentativo di negare la primavera russa, alcuni esperti di demografia occidentali sono ridotti semplicemente alla menzogna.
Il declino demografico degli anni 90. Fra il 1991 e il 1999 il tasso di nascita russo precipitò. Nello stesso periodo la mortalità esplose, così che la popolazione del paese conobbe un calo sostanziale, di quasi 1 milione all’anno. Al tempo la Russia era nelle mani di una classe dirigente indifferente al collasso del paese in quella che veniva presentata come una transizione economica che sembrava fuori controllo, almeno all’interno dei confini della Russia. Durante questo periodo la popolazione conobbe un crollo senza precedenti storici, persino peggiore di quello sofferto durante la guerra. La caduta demografica pareva inarrestabile e i Russi destinati ad estinguersi. Nel 2000, un anno dopo la salita al potere di Putin, il tasso di natalità ha ripreso a salire dopo avere raggiunto un minimo di 8,3 mille nel 1999. Da allora la crescita non si è mai fermata. Continue reading
Russian demographics, winter or spring, depending on wether the analysis comes from the west or from russia
On September 2nd, 2014, Masha Gessen [1] an activist for the rights of sexual minorities, published in the reference magazine New York Review of Books (NYR) an article with a provocative title, The Dying Russians[2], illustrated by a lugubrious winter picture, taken in 1997 at the train station of a small town southwest of Moscow, Aprelevka. The image shows the back of people, hunched, crossing the tracks. In addition to this negative image, the reasoning developed in this article is so outrageously biased for the sole purpose of denigrating Putin’s policies that it mainly shows how liberal opponents of the present Russian governance are short of arguments and ideas. In an attempt to counter the Russian spring, some Western demographic experts are simply reduced to lie.
Between 1991 and 1999, the Russian birth rate collapsed, and at the same time mortality exploded, so that the population of the country dropped significantly, by almost 1 million people a year. Russia was then in the hands of an elite determined to let the country collapse, in what was presented as an economic transition that seemed out of control, at least within the borders of Russia. During this period, the collapse of the population was historically unprecedented, even worse than what the country had seen during wartime. This demographic fall appeared hopeless and Russia seemed doomed to disappear.
In 2000, the year after Putin took power, the birth rate started to rise again, having reached the very low rate of 8.3 per thousand in 1999. From then on, the birth rate has not ceased to increase.
Continue readingLa demographie russe
L’article a été publié sur le site du SAKER le 29/09/2014.
Le 2 septembre 2014, Masha Gessen [1], militante des droits des minorités sexuelles, a publié dans la revue de référence New York Review of Books (NYR) un article au titre provocateur, Les Russes qui se meurent (The Dying Russians) [2], illustré par une photo hivernale lugubre , prise en 1997 à la gare d’une petite ville au sud-ouest de Moscou, Aprelevka, où l’on voit des personnes de dos, courbées, traversant la voie ferrée. Outre cette image très orientée négativement, les raisonnements développés dans cet article sont si outrageusement biaisés dans le seul but de dénigrer la politique de Poutine, que cela met surtout en évidence à quel point les opposants libéraux à la gouvernance russe actuelle sont à court d’arguments et d‘idées. Pour tenter de contrer le printemps russe, certains experts démographiques occidentaux en sont purement et simplement réduits à mentir.
Le déclin démographique des années 90
Entre 1991 et 1999, la natalité russe s’est effondrée, et, parallèlement, la mortalité a explosé, si bien que la population du pays s’est réduite de façon importante, jusqu’à presque 1 million d’habitants par an. La Russie était alors entre les mains d’une élite décidée à laisser s’effondrer le pays, dans ce qui était présenté comme une transition économique, que personne ne contrôlait, du moins à l’intérieur des frontières russes. Durant cette période, l’effondrement de la population fut sans équivalent historique, même supérieur à celui que le pays a connu en temps de guerre. Cette dégringolade démographique apparaissait alors sans issue et la Russie semblait vouée à disparaitre. Continue reading
Russie : un concours de «bébés patriotes» pour doper la natalité
Les Occidentaux agressifs qui veulent imposer leur système de moeurs à la planète doivent savoir qu’ils y sont lourdement minoritaires.
Emmanuel Todd a récemment livré une interview plus que censée a Atlantico sur la Russie et la géopolitique mondiale.
Atlantico : Après avoir un temps cru à l’émergence d’une démocratie modèle en Ukraine, les chancelleries européennes et américaines semblent avoir été prises de court par la diplomatie de Moscou et les mouvements dans l’Est du pays. En quoi l’engagement de l’Occident a-t-il pu reposer sur un malentendu ?
Emmanuel Todd : Lorsque je repense à cette crise, je m’étonne de voir qu’elle ne s’inscrit pas dans la logique qui était en train de se dessiner en Europe jusqu’ici. Le début du XXIe siècle avait été marqué par un rapprochement des “Européens” et des Russes, avec l’établissement de positions communes assez fortes dans des moments de crise. On se souvient de la conférence de Troyes en 2003, où Chirac, Poutine et Schroeder avaient manifesté ensemble leurs refus de l’intervention américaine en Irak. Cet événement laissait l’impression d’un Vieux Continent évoluant globalement vers la paix tandis que l’Amérique de Georges W.
Bush, fidèle à la ligne Brzezinski, restait dans un esprit de confrontation à l’égard de Moscou en s’appuyant sur d’anciens satellites soviétiques, avec les Pays baltes et la Pologne comme partenaires anti-russes privilégiés. Continue reading
RUSSISCHE DEMOGRAFIE: WINTER ODER FRÜHLING, ABHÄNGIG DAVON, OB DIE ANALYSE AUS DEM WESTEN ODER AUS RUSSLAND SELBST KOMMT
Am 2. September 2014 veröffentlichte Mascha Gessen, eine Aktivistin für die Rechte sexueller Minderheiten, in der viel zitierten New York Review of Books (NYR) einen Artikel mit dem provokativen Titel Die sterbenden Russen, der mit einer düsteren Winterfotografie illustriert wurde, die 1997 am Bahnhof einer kleinen Stadt südwestlich von Moskau aufgenommen wurde, in Aprelewka. Das Bild zeigt Menschen, von hinten, die in gebeugter Haltung Eisenbahngleise queren. Über dieses negative Bild hinaus ist auch der Denkansatz, der in dem Artikel entwickelt wird, von empörender Voreingenommenheit, einzig, um Putins Politik zu schmähen, dass er im Grunde vor allem zeigt, dass die liberale Opposition der jetzigen russischen Regierung nur über einen knappen Vorrat an Argumenten und Ideen verfügt. In dem Versuch, dem russischen Frühling etwas entgegen zu setzen, bleibt einigen westlichen Demografieexperten nichts als die Lüge.
Der Bevölkerungsrückgang der 90er
Zwischen 1991 und 1999 brach die russische Geburtenrate zusammen und gleichzeitig explodierte die Sterblichkeit, so dass die Bevölkerung des Landes nennenswert zurückging, um fast eine Million Einwohner im Jahr. Damals war Russland in den Händen einer Elite, die entschlossen war, das Land zusammenbrechen zu lassen, in einem Vorgang, den sie als einen wirtschaftlichen Übergang darstellten, der zumindest innerhalb der Grenzen Russlands ausser Kontrolle geraten war. Der Kollaps der Bevölkerung während dieser Periode war etwas, das historisch noch nie geschehen war, schlimmer als das, was das Land während der Kriege gesehen hatte. Dieser demografische Absturz erschien hoffnungslos und Russland schien dazu verdammt, zu verschwinden.
Indicators of the Russian demography from 1990 to 2013 | |||||
Year | Births | Deaths | Demographic balance |
Birth rate (1) |
Death rate (2) |
1990 | 1 988 858 | 1 655 993 | 332 865 | 13,4 | 1,89 |
1991 | 1 794 626 | 1 690 657 | 103 969 | 12,1 | 1,73 |
1992 | 1 587 644 | 1 807 441 | -219 797 | 10,7 | 1,55 |
1993 | 1 378 983 | 2 129 339 | -750 356 | 9,3 | 1,38 |
1994 | 1 408 159 | 2 301 366 | -893 207 | 9,5 | 1,38 |
1995 | 1 363 806 | 2 203 811 | -840 005 | 9,2 | 1,34 |
1996 | 1 304 638 | 2 082 249 | -777 611 | 8,8 | 1,28 |
1997 | 1 259 943 | 2 015 779 | -755 836 | 8,5 | 1,23 |
1998 | 1 283 292 | 1 988 744 | -705 452 | 8,7 | 1,24 |
1999 | 1 214 689 | 2 144 316 | -929 627 | 8,3 | 1,17 |
2000 | 1 266 800 | 2 225 332 | -958 532 | 8,6 | 1,19 |
2001 | 1 311 604 | 2 254 856 | -943 252 | 9,0 | 1,22 |
2002 | 1 397 000 | 2 332 300 | -935 300 | 9,6 | 1,28 |
2003 | 1 483 200 | 2 370 300 | -887 100 | 10,2 | 1,32 |
2004 | 1 502 477 | 2 295 402 | -792 925 | 10,4 | 1,34 |
2005 | 1 457 376 | 2 303 935 | -846 559 | 10,2 | 1,29 |
2006 | 1 479 637 | 2 166 703 | -687 066 | 10,3 | 1,30 |
2007 | 1 610 100 | 2 080 400 | -470 300 | 11,3 | 1,41 |
2008 | 1 717 500 | 2 081 000 | -363 500 | 12,0 | 1,50 |
2009 | 1 764 000 | 2 010 500 | -246 500 | 12,3 | 1,54 |
2010 | 1 789 600 | 2 031 000 | -241 400 | 12,5 | 1,56 |
2011 | 1 793 828 | 1 925 036 | -131 208 | 12,6 | 1,58 |
2012 | 1 896 263 | 1 898 836 | -2 573 | 13,3 | 1,69 |
2013 | 1 901 182 | 1 878 269 | 22 913 | 13,1 | 1,70 |
source : Rosstat | |||||
(1) The birth rate is the ratio of the annual number of births over the total average population of the year. It is often expressed in parts per thousand (‰) | |||||
(2) The fertility rate, or fertility index is the ratio of the number of live births in a year over the number of women of reproductive age (15-49 years) |
Text zur Tafel:
Indokatoren russischer Demografie von 1990 bis 2013
Jahr Geburten Todesfälle demografische Bilanz Geburtenrate Sterberate
La Russie nous surprendra toujours
La revue Hérodote a récemment publié une interview extrêmement intéressante d’Emmanuel Todd sur la démographie en Russie.
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Herodote.net : Vous tentez de comprendre les sociétés humaines et entrevoir leur futur à travers leurs indicateurs démographiques. Depuis quarante ans, la Russie est l’un de vos terrains de chasse favoris. Cela tombe bien. Au moment où elle fait à nouveau trembler l’Europe, dites-nous comment vous la percevez.
Emmanuel Todd : En 1976, j’avais découvert que la mortalité infantile était en train de remonter en URSS et ce phénomène avait troublé les autorités soviétiques au point qu’elles avaient renoncé à publier les statistiques les plus récentes. C’est que la remontée de la mortalité infantile (décès avant l’âge d’un an) témoignait d’une dégradation générale du système social et j’en avais conclu à l’imminence de l’effondrement du régime soviétique.
Aujourd’hui, disons depuis quelques mois, j’observe à l’inverse que la mortalité infantile dans la Russie de Poutine est en train de diminuer de façon spectaculaire. Parallèlement, les autres indicateurs démographiques affichent une amélioration significative, qu’il s’agisse de l’espérance de vie masculine, des taux de suicide et d’homicide ou encore de l’indice de fécondité, plus important que tout. Depuis 2009, la population de la Russie est repartie à la hausse à la surprise de tous les commentateurs et experts. Continue reading