Les sources en OPEN DATA de Moscou ont publié la part de prénom d’origine “non slaves” chez les nouveaux nées à Moscou, de sexe masculin (en bleu ci dessous) puis féminin, en rose ci dessous.
La part de ces prénoms serait passée de 4% en 2016 à 11,5% en 2022.
Qu’est ce que cela signifie et comment l’expliquer ?
Explications : dans ces naissances, il y a autant des russes de nationalité (des russiens), que des étrangers.
Et dans les prénoms caucasiens, il y a autant des chrétiens que des musulmans ou des bouddhistes.
Mais alors me diront certains : pourquoi ça monte autant depuis 2015 : passant de 4 à 11,5% ?
Il y a plusieurs explications de cette statistique en trompe l’oeil.
Moscou absorbe le gros de l’immigration interne et externe et malheureusement depuis 10 ans, la population s’y concentre et ce sont les régions les plus pauvres (le sud) qui se vident en priorité tout comme le gros du secteur de la construction et de sa main d’oeuvre d’Asie Centrale qui s’y concentre et au final finit par s’y sédentariser.
D’un point de vue migratoire / géopolitique, ces dernières années, ce sont quelques 250.000 citoyens d’Asie Centrale quoi deviennent russe et quelques 40 / 60.000 du Caucase, soit 300.000 / an ; ce sont de nouvelles dynamiques (datant d’il y a moins de 10 ans) et ces nouveaux citoyens se concentrent majoritairement sur la zone la plus dynamique économiquement : Moscou.
Sur cette dynamique se greffe une autre dynamique qui est que la capitale concentre aussi nombre de jeunes femmes (souvent des russes malheureusement) qui font carrière et pas d’enfants, le grand recensement russe de 2021 montrait que la proportion de personnes seules en âge de travailler à Moscou est de 67% ; beaucoup de divorcés certes, mais aussi nombre de célibataires sans enfants.
En réalité, le peuple majoritaire, les russes orthodoxes (80% de la population), font moins d’enfants que les minorités, mais qui sont, elles, peu nombreuses. Aujourd’hui les “russes” (ethniques / orthodoxes / slaves) représentent 71% de la population de Russie et 80% des nationalités de Russie selon le recensement de 2021. Donc finalement Moscou resterait plus russe que la proportion du pays 🙂
Il est intéressant de regarder la démographie et la part démographique des zones musulmanes de Russie alors que l’on nous dit que c’est la grande submersion et que seuls les musulmans ne feraient d’enfants.
En 2013, le district du Caucase du Nord qui représentait 6,7 % de la population de Russie a produit 8,7 % des naissances du pays, incluant les petites minorités russes présentes dans cette région.
Les trois républiques les « moins russes » du grand Caucase Nord que sont la Tchétchénie, le Daghestan et l’Ingouchie (qui comprennent à elle trois moins de 3 % de Russes ethniques) ont connu à elle trois 98.801 naissances en 2013 c’est à dire 5,5 % des naissances de toute la fédération de Russie.
10 ans plus tard, en 2023, ou en est-on ?
Le district du Caucase du Nord avec ses 10,2 millions d’habitants représente 6,9% de la population de Russie et en 2022 a produit 9,8% des naissances, incluant les petites minorités russes présentes dans cette région.
Les trois républiques les « moins russes » du grand Caucase Nord que sont la Tchétchénie, le Daghestan et l’Ingouchie (qui comprennent à elle trois toujours moins de 3 % de Russes ethniques) ont connu à elle trois 81.248 naissances en 2023 (contre 98.801 en 2013 soit une baisse de 17,7%) et donc 5,9 % des naissances de toute la fédération de Russie.
En 2013 l’ensemble de toutes les républiques musulmanes de Russie, du Caucase (Tchétchénie, Daguestan, Ingouchie, Adygué, Kabardino-Balkarie et Karatchaïévo-Tcherkessie) ainsi que de la Volga (Tatarstan et Bachokorstan) avaient connu quelques 286.402 naissances soit un total de 15 % du total des naissances du pays.
En 2023 L’ensemble de toutes les républiques musulmanes de Russie, du Caucase (Tchétchénie, Daguestan, Ingouchie, Adygué, Kabardino-Balkarie et Karatchaïévo-Tcherkessie) ainsi que de la Volga (Tatarstan et Bachokorstan) ont connu 201.292 naissances (contre 286.402 en 2013 soit une baisse de 40%) soit un total de 15,4 % du total des naissances du pays.
NB dans la Volga (Tatarstan et Bachokorstan) les russes ethniques représentent respectivement 39 et 36% de la population des deux républiques.
NB dans le même temps, entre 2013 et 2022 le nombre de naissances à Moscou est passé de 117.489 à 123.654 soit une hausse de 5,25%.
Il n’y a donc en réalité aucune submersion nataliste musulmane en Russie mais sans doute une concentration un peu plus élevée de minorités dans la capitale économique du pays.
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