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Occident vs BRICS : la guerre des câbles

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La plupart des télécommunications mondiales transitent aujourd’hui via des câbles sous-marins, dont la pose a commencé au milieu du 19e siècle.

L’amélioration de la technologie va permettre une hausse du nombre de câbles dont la pose fait appel à des technologies de pointe et nécessite l’étude des fonds sous-marins pour déposer les câbles sur des fonds les plus stables possibles. En 1851 est posée la première liaison entre la France et le Royaume-Uni. En 2013, ce sont près de 265 câbles sous-marins de télécommunication (carte ici) qui ont été déposés au fond des mers pour une longueur totale d’un million de kilomètres.

Le développement de ce gigantesque système planétaire destiné initialement à permettre la circulation d’énergie et des données a connu un boom important avec l’essor d’Internet. On estime aujourd’hui que 99 % du trafic intercontinental, Internet et téléphone, transite aujourd’hui sous les océans. Pionniers dans le développement et la gestion de ce réseau, les puissances occidentales (France, Angleterre, Amérique) ont ainsi pu affirmer et accentuer le contrôle sur le transfert des informations et des communications.

Un contrôle confirmé par l’ex-agent américain Edward Snowden qui a en effet révélé que si l’Agence de sécurité nationale américaine (NSA) parvenait à espionner la quasi-totalité de nos communications, c’était via la colonne vertébrale d’Internet, a savoir le réseau de câbles et leurs stations terrestres où atterrissent les câbles. Au nom de la lutte contre le terrorisme et le cybercrime, des systèmes permettant de récupérer et trier les données, incluant les emails et conversations sur les réseaux sociaux, auraient été installés dans les câbles, comme l’indique un document promotionnel révélé par Wikileaks.

La configuration du réseau fait en outre de l’Amérique et du Royaume-Uni les plaques tournantes des télécommunications mondiales. Cette domination anglo-saxonne et transatlantique est en parfaite corrélation avec l’étude chronologique et territoriale du développement de ce réseau qui permet de comprendre le caractère pionnier de la liaisontransatlantique mais aussi le développement régulier des connexions dans le Pacifique.

En 2012, un projet passé relativement inaperçu a été mis en marche par le groupe de pays dit des BRICS. L’idée des BRICS est de développer un nouveau réseau de câbles échappant à l’architecture déjà déployée sous contrôle occidental. Le projet (voir le site ici) est destiné à permettre aux BRICS d’avoir un accès « direct » avec les Etats-Unis mais également avec 21 pays africains, comme on peut le voir ici. Il faut noter que le Brésil joue un rôle essentiel et actif dans ce projet puisque le pays participe également à un second projet en lien avec l’Afrique, en devant connecter en direct le pays avec l’Afrique du Sud et l’Angola.

Ce projet n’est bien évidemment pas seulement économique mais également stratégique et géopolitique. Il vise à permettre aux BRICS de s’émanciper du contrôle occidental et anglo-saxon sur la circulation des données et à briser l’influence de ce même pôle au sein du monde émergeant. La vidéo de promotion de ce nouveau dispositif a-occidental l’exprime clairement en affirmant que « l’ordre ancien et traditionnel dominé par le Nord et l’Ouest n’existe plus ».

Cyber-guerres

Le président Russe, Dimitri Anatolievitch à toujours affirmé et mis en avant son attrait pour les nouvelles technologies, internet en tête. Ayant son propre blog depuis 2008 (duquel il communique avec des dizaines de milliers de Blogueurs), son propre compte Twitter (depuis sa visite de juin 2010 à la silicon-vallée), le président Russe est bien en phase avec une population très net-orientée. 

La spécialiste Marie Mendras affirmait récemment que “internet en Russie est relativement libre” et constitue un réel contre-pouvoir, par ailleurs parfois très critique des autorités.  Cette course en avant que le président Russe impose en permanence a son pays n’est pas du tout un hasard, elle est une des variantes du système de défense globale qu’un pays commela Russie se soit de posséder, afin de pouvoir faire face à d’éventuelles agressions ou être entendu surla Cyber-scène mondiale, mais également pouvoir se défendre en cas de cyber-attaque.

Occident, Monde, Russie – Bataille sur les grands écrans  

Dès la première guerre mondiale, alors que l’Amérique qui a pris militairement la maitrise des mers (à l’angleterre) s’apprête à prendre militairement la maitrise des terres (continent), certains stratèges comprennent bien qu’un Hollywood devient une arme essentielle pour promouvoir le pouvoir politique des États-Unis comme première puissance mondiale à travers le monde, en vendant “l’american way of life” et en désignant des ennemis mi-imaginaires, mi réels. Dans les années 80, la ligne conductrice de Hollywood est la lutte contre l’URSS, de nombreux films mettent en affrontement l’Amérique contre des complots Soviétiques visant à renverser l’ordre mondial. L’ennemi communiste est longtemps resté vivace qu’il soit Russe, Chinois ou Coréen. Exemples parmi d’autres, les « Rambos » bien sur (ou le soldat Américain aide les Moujahidins Afghans contre l’occupant Soviétique), mais également le film “Top Gun” que l’armée de l’US Air Force est allé jusqu’à co-financer, afin de promouvoir le statut de pilote de l’air de l’US Army. Pinewood (basé à Londres) s’illustrera également dans cette promotion d’une vision Occidentale anti Soviétique via la série des James bond, dans lequel l’ennemi est de façon permanente “de l’est” et cela pourtant bien après la chute du mur. Cette catégorisation d’un ennemi par le cinéma s’est poursuivi dans les années 90 ou beaucoup de films sont sortis dans lesquels les Serbes sont montrés comme un peuple cruel et sanguinaire, et cela même dans des films qui ne sont en aucune manière liés à la politique. Le film « Extreme Ops » de 2002 en est un exemple tout comme le film « Behind Enemy Lines » de 2001.      Certes le cinéma Soviétique durant la même époque n’est pas en reste :  le célèbre Sergueï Eisenstein avec son « Alexandre Nevsky » et surtout « Le cuirassé Potemkine », mais aussi « la jeunesse de Pierre le Grand », « Lénine à Paris », « Boris Godounov » ou encore « la bataille de Moscou » qui sont de réels chefs d’oeuvres, trop souvent méconnus du grand public Européen. Toutefois à la chute du mur, l’URSS est considérée comme perdante. Et la machine Occidentale submerge l’ancien monde Soviétique de “sa” vision du monde, de ses films et de ses Mac-Donalds.     Cette bataille du cinéma, lancée par l’Amérique a rapidement trouvé réponse en Russie, avec la prise de pouvoir de Vladimir Poutine (1999), qui a insufflé au cinéma Russe le répondant nécessaire. L’accession de Nikita Mikhalkov au statut de président de la société Russe de cinématographie (2000) est une des cartes maitresses de ce renouveau national et cinématographique. Dans les années 2000, de nombreux films sortent, mettant en valeur divers éléments qui seront constitutifs de la nouvelle identité Russe, exsangue suite à la terrible décennie Eltsine :  les idées de patrie et de patriotisme, une dénonciation de l’idée  d’un Occident paradis, et enfin un retour sur les guerres historiques de la Russie, fut ce t-elle contre l’Occident. On peut citer des films comme La neuvième compagnie,  Le Prince VladimirBrat 2Un nouveau Russe1612Taras Bulba ou encore Admiral ..    Enfin, il faut noter que de nombreuses et très complètes séries historiques sont sorties pour ré-éduquer la population en lui rappelant son histoire. En 2009, dans le document “stratégie pour 2020”, la culture est d’ailleurs définie par le pouvoir Russe comme un élément de la sécurité nationale.    

Russie – Ré-information et communication  

Entre l’effondrement de l’URSS et la décennie Eltsine,la Russie s’est forgée une image terriblement négative à l’étranger. Implosion de l’état, émergence des mafias, guerres dans le Caucase, explosion des inégalités sociales et de la pauvreté, effondrement démographique (depuis maitrisé) ont contribué à dresser un portrait très « noir » de ce grand pays.     Le premier quinquennat de Vladimir Poutine (2000-2004) lui permettra de restaurer l’état et son image à l’intérieur de ses frontières. La Russie prend dès lors conscience de la nécessaire correction de l’’image qu’elle véhicule, et qui lui est faite de l’étranger.   Son second mandat (2004-2008) lui permettra notamment de travailler à la restauration de l’image dela Russie en dehors de ses frontières.     En décembre 2005,  l’agence de presse gouvernementale russe RIA Novosti lançait sa chaîne anglophone destinée à devenir une sorte de CNN russe.  Dotée d’un budget conséquent, Russia Today est un projet personnel du Président Poutine. Le but avoué de cette chaîne, où travaillent plus de 500 personnes, est d’améliorer l’image de la Russie, souvent caricaturée dans les médias occidentaux. Elle émet tout d’abord en anglais, puis en arabe à partir de 2007 et en espagnol depuis décembre 2009.  Le contenu des émissions montre l’agressivité de RT qui envisage de devenir un média mondial, et une réelle arme de communication massive. RT est en outre le seul organe de presse officiel à traiter de certains sujet très sensible, que ce soit par exemple le 11 septembre ou les traffics d’organe au Kosovo. Elle joue en outre sur le politiquement incorrect : a la fin de l’année 2009, la campagne de publicité de RT, diffusée dans les aéroports anglais et américains, est placée sous le signe de la provocation, mettant sur un pied d’égalité les Présidents Armaninedjad et Obama face à l’arme nucléaire. Cette campagne a d’ailleurs été censurée aux Etats-Unis – sans doute le but recherché.  

La bataille pour Tsinvali : télévision et guerre de l’image  

Aujourd’hui le développement des nouvelles technologies a créé de nouvelles zones de tensions et donc d’affrontements. Internet et les Cyber-médias sont devenus un théâtre d’opération soumis à une guerre totale de l’image et de la communication.   En 2008, l’armée Géorgienne attaque militairement les zones séparatistes d’Ossétie et d’Abkhazie, ouvrant le feu sur des populations civiles et des casques bleus Russes sous mandat de l’ONU. Cette attaque militaire est lancée en parallèle d’une immense campagne de communication Russophobe, destinée à présenter la Russie comme l’agresseur.  Il faudra des efforts surhumains de communication à une coalition hétéroclite de spécialistes, de médias militants et même de simples bloggeurs très actifs pour qu’une autre vision soit « un peu » entendue dans le flux médiatique des « médias conventionnels » (mainstream). Seul le quotidien Allemand « Der Spiegel » avait dès la fin du mois d’août écrit que les responsabilités étaient du côté de l’état Géorgien. Pourtant pour beaucoup, l’agression a été préparée et structurée de longue date, dans le but de déstabiliser la Russie. Il faudra attendre 18 mois pour que le rapport Heidi de l’Union Européenne affirme que : “ c’est bien la Géorgie qui a déclenché la guerre dans la nuit du 7 au 8 août 2008 “.   Pour autant le mal est fait : pour une grosse partie de l’opinion publique, la Russie est l’agresseur, et la petite Géorgie la victime. Cette guerre a démontré un retour à un niveau de propagande atteint uniquement contre les Serbes dans les années 90. Mais en 2010, ce sont bien des « images », via les nouvelles technologies qui permettent à cette propagande d’exister. De fausses zones seront photographiés,  des mises en scène grotesques (les planches sont encore sur Reuters ici et la), de faux témoignages comme celui de Bernard Henri Lévy publié dans les principaux journaux Francais… La manipulation des images et la pression pour attribuer les responsabilités à la Russie sera telle que de nombreux médias continuent 2 ans après les évènements d’accuser la Russie d’avoir déclenché les hostilités.  Une synthèse intéressante de ces médias mensonges peut être trouvée sur l’excellent site Vivre en Russie 1fr1.     Clairement, la Russie a remporté une victoire militaire mais perdu la bataille de la communication. Consciente de cette défaite d’image, 6 mois plus tard, sort sur les écrans Russes Olympus Inferno : un film extrêment bien réalisé qui retranscrit ces évenements tragiques en insistant sur le rôle de soutien étrangers, notamment Américains.   La réponse ne se fait pas attendre, un projet de film Américain est lancé, qui retrace les quelques jours de la guerre en Géorgie, du “point de vue Américain”, le film vient d’être tourné à Tbilissi, par la “midnigh sun production”.       Enfin “devrait” prochainement ouvrir une chaine de télévision nommée “Pervy Kavkazky” (Caucase première), financée en partie par Boris Berezovski (opposant en exil de la première heure à Vladimir Poutine et à l’qctuel pouvoir Russe) et co-dirigée par Gia Chantouria, un proche du ministre de l’intérieur Géorgien Vano Merabichvili. La chaine (inspirée de Al-Jazeera) aurait pour objectif d’être fortement  « Occidentale », et de jouer sur les solidarités Caucasiennes contre l’influence Russe dans la région. Néanmoins, la diffusion est pour l’instant bloquée par le principal opérateur satellite Régional, Eutelsat, qui à choisi de rompre  avec la télévision Géorgienne, et cela afin de ne pas avoir à diffuser “Pervy Kavkazky“.     Il est intéressant de noter que Eutelsat (dirigé par Michel de Rosen, réputé proche du premier ministre Français François Fillon), a par contre conclu un accord in extremis avec Interspoutnik, pour diffuser, via son satellite W7, les chaînes de la branche médias de Gazprom, qui aurait racheté quatorze canaux pour toute la durée de vie du satellite pour la bagatelle de 100 millions $, s’assurant ainsi le monopole de l’information en langue russe dans le Caucase et l’Asie centrale pendant quinze ans. Pour la petite histoire, c’est par le biais de la petite agence de communication NoE Com que la Géorgie est parvenue à alerter les médias européens sur la soit disant « censure » de la chaîne Pervy Kavkazky par Eutelsat. NoE com est proche du fils du philosophe André Glucksmann, Raphaël Glucksmann, également conseiller du président Mikheïl Saakachvili. Tbilissi a signé avec NoE Com peu après avoir rompu avec ses précédents conseillers d’Euro RSCG, qui assurent la communication autour de l’année croisée France-Russie.   

2007-2010, cyber conflits : Talinn – Tsinvali – Chisinau – Téhéran    

Ce n’est pas la première fois que la Russie fait parler les lignes de codes an lieu de la poudre à canon. Lorsqu’en avril 2007 les autorités Estoniennes décidèrent de déplacer le “soldat de bronze“, de violents affrontements de rue éclatèrent entre patriotes Estoniens et Russes, puis l’Estonie sera soumise à une réelle attaque informatique de très haute intensité, que beaucoup de commentateurs ont attribué à des groupes de “Hackers Patriotes Russes”. Le niveau de cette attaque paralysera même provisoirement l’internet Estonien.      Un an après la guerre en Géorgie, une attaque informatique massive perturbe Twitter, Facebook et Live-Journal, attaque qui sera attribuée à la Russie pour les “un an” de la guerre, puisque un Blogger était visiblement visé, et que des messages favorables à l’indépendance de l’Abkhazie étaient lisibles via l’attaque. Néanmoins, comme le précise le spécialiste en nouvelles technologies Yannick Harrel : ” tracer l’origine exacte d’une cyber-attaque est quasi-impossible pour peu que l’auteur est agi avec un minimum de professionnalisme“.     Cet intérêt pour la Russie vers les réseaux sociaux (qui sont une réelle arme d’information / désinformation) est du aux cyber-évènements de 2009, en Moldavie et en Iran. Pour protester contre la victoire des Communistes aux élections législatives de avril 2009, des milliers de jeunes se sont rassemblés et ont protesté violemment, via des ONGs “humanitaires” et “démocratiques”. Si le modus operandi est très similaire de celui des révolutions de couleur qui ont frappé la Serbie en 2001, la Géorgie en 2003 et l’Ukraine en 2005, on a cette fois parlé de “révolution Twitter” tant le réseau Américain de communication en était devenu le centre névralgique. L’instantanéité des publications et des appels à manifestations ont fait que Twitter est devenu pendant quelques semaines la source d’activité principale mais également d’information des journalistes du monde entier. Le pouvoir a été je le précise contraint de couper Internet et le téléphone pour que les Twitter-troubles se calment. Plus tard, il sera prouvé que moins d’une centaine d’activistes Twitter seulement était derrière cette révolution Moldave, activistes qui se sont mystérieusement retirés de Twitter après les évènements, soi disant par crainte de représailles.      En juillet de la même année, en Iran, des cyber-actions similaires, furent déclenchés en signe de “résistance” aux résultats des élections et entrainèrent les incidents et manifestations diverses. De nombreux sites gouvernementaux furent attaqués et piratés. Facebook, Twitter devinrent les principaux canaux de résistance et de critique au pouvoir en place, et la encore des cyber-activistes (bénévole ?) envoyèrent informations et photos par milliers en ligne, aux yeux d’une opinion mondiale et journalistique ne pouvant que difficilement vérifier ces sources. Comme en Moldavie, le pouvoir fit couper l’accès à internet et au téléphone, ce qui le desservit tout autant que les contestataires. Néanmoins le “mal” était fait, l’archivage automatique d’internet et l’accès à l’information sans pouvoir en vérifier la véracité est désormais possible pour le plus grand nombre.     Ces deux « évènements » ont pu avoir lieu, grâce à deux armes principales : des téléphones portables et une connexion internet.     En Iran l’Amérique est intervenue de façon assez claire puisque l’un des conseillers du nouveau département d’état,  Jared Cohen a organisé un sommet Alliance of Youth Movements à New York – sponsorisé par Facebook et HowCast, appuyé par la Voix de l’Amérique et l’Electronic Frontier Foundation – afin d’assister les jeunes activistes d’Amérique latine, d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie dans leur usage des médias sociaux. Ce sommet aboutit à la création d’une plate-forme en ligne dédiée au cyberactivisme et à la cyberdissidence… Au nez et à la barbe de la répression gouvernementale grâce à un tutorial vidéo anti-censure disponible en page d’accueil. Au matin du 15 juin 2009, Jared Cohen émit par téléphone et par e-mail une requête apparemment anodine auprès de Jack Dorsey, co-fondateur de Twitter : retarder la prochaine opération de maintenance et mise à jour de la fameuse plate-forme de microblogging afin que les contestataires iraniens « twittent » sans interruption. Dorsey accepta sans rechigner et reporta cette opération de deux jours*.   Charles Bwele a parfaitement résumé la situation :  En arrière-plan, l’administration Obama intègre peu à peu la cyberstratégie dans sa politique étrangère.

La Russie, au coeur du cyber-conflit.    

La Russie n’a certes pas attendu la milieu des années 2000 pour se doter d’une cyber-force. Dès la fin des années 90, la Russie devient le centre des “hackers” et autres voyouseries du net. Méfaits internets, vols par cyber-effractions, Hacking violents, pirates de l’est … Ces termes ont collé à l’image de la Russie durant une décennie, autant que le mot Vodka ou grandes blondes. Depuis 2000 les délits informatiques sont en augmentation constante : 3000 en 2001, 6000 en 2002, 12000 en 2003, 15000 en 2004 .. En 2008, 8000 poursuites ont été engagées. Cette année (2010) le représentant de la Russie à l’ONU a appelé à la création d’une convention internationale pour la lutte contre le cyber crime sous égide de l’ONU.     La reprise en main de 1999 entraina la création d’une division cybersécuritaire du FSB chargée de concevoir une stratégie cybersécuritaire et une doctrine cyberguerrière en collaboration étroite avec l’armée russe. En 2001, le Général Vladislav Sherstyuk, membre du Conseil de Sécurité russe, déclara au sous-comité infosécuritaire de la Douma que « la nouvelle ère de l’information provoquera la prochaine spirale de la course aux armements. Contrairement aux armes nucléaires stratégiques, le développement de capacités de frappe cybernétique nécéssitera des compétences s’étendant au-delà de la sphère militaire ».       La Russie a notamment lancé en 2000 (en commun avec la BiéloRussie) le projet SKIF, soit la création d’un supercalculateur capable de traiter de 0,5 à 5 pétaflops. 1 Téraflop c’est à dire mille millards d’opérations en virgule flottante. Soit 166 666 fois plus d’opérations que tous les êtres humains de la Terre réunis capables de trouver le résultat de l’opération sans dépasser une seconde de réflexion. Le projet SKIF / СКИФ a été décidé pour doter les centres de recherche civils et militaires de superordinateurs capable de concurrencer puis dépasser à terme leurs homologues occidentaux qui viennent cependant avec l’IBM Roadrunner de dépasser le pétaflop (1 million de milliards d’opérations en virgule flottante par seconde) l’an dernier.      Les autorités Russes comme Biélorusses conscientes de leur distanciation dans le domaine de l’informatique saisirent rapidement toute l’importance d’une autonomie dans ce domaine : la disposition d’un réel réservoir d’ingénieurs de qualité, fruit de la tradition d’enseignement scientifique soviétique, facilita la mise en route du projet qui nécessita ensuite coordination et injection de fonds par les deux Etats.      Cette cyber-agitation croît donc au rythme de développement tentaculaire des réseaux sociaux qui sont doucement en train de devenir des “points cardinaux” de l’information et de la communication des états. Comme l’a écrit Y.Harrel : “la Cyber-génération prendra le pouvoir“.  Il a fallu 38 années à la radio pour atteindre une audience de cinquante millions d’auditeurs, la téléphonie mobile a conquis plus de 3 milliards d’abonnés en 15 ans et les réseaux sociaux (Facebook, MySpace, LinkedIn, etc) ont engrangé plus de 350 millions d’inscrits en quatre ans.    En 2008, plus de 43 milliards de SMS furent échangés.  En 2012, plus de cinq milliards d’individus disposeront d’un téléphone mobile, même les plus démunis auront accès à cette technologie grâce à l’incontournable bienveillance de la microfinance en matières d’information et de communication*.      Comme dans l’énergie, l’état Russe, devenu plus prospère a pu mettre en oeuvre ses ambitions géostratégiques, et lancer des acquisitions significatives.  Digital Sky Technologies une société d’investissement Russe proche du Kremlin a pris des parts importantes dans le gigantesque réseau social Russe Vkontakte (équivalent de Facebook en Russie) , le réseau Balte Forticom et son équivalent Polonais Nasa Klassa. Enfin en mai 2009 (après les évènements en Moldavie ?) le groupe a acquis 2% de Facebook pour une valeur de 200 millions de dollars. En avril 2010, DST acquiert la messagerie instantanée ICQ,  racheté à son propriétaire du moment AOL. La même année, le géant du net Chinois, Tencent, a acquis 10% de DST, partageant donc ses parts avec Goldman Sachs ou encore l’oligarque Russe Alicher Usmanov, par ailleurs propriétaire de l’influent journal Kommersant.     Juste un petit mot sur la “presse”, on peut citer les rachats récents de France-soir en2009 par le richissime Alexandre Pougatchev, le rachat de The Independant en 2010 par Alexandre Lebedev et l’offre de rachat du monde cette année également par Gleb Fetissov.Un dernier mot, en 2011, les Russes entendent créer leur “propre” système d’exploitation informatique, qui devrait être fonctionnel dès 2013.  

Le Kremlin à la pointe de la Cyber-communication    

Les autorités Russes l’ont bien compris, la cyber-présence sur le net est essentielle pour entrer dans le 21ième siècle.      

Le blog du président Russe (ouvert sur la plateforme Live Journal qui est plus populaire en Russie que Twitter aux Etats-Unis) étant l’un des plus lus du pays.  Exemple parlant : en mai 2010 le lendemain du jour de la Victoire de la Seconde guerre mondiale, un commentaire sur son blog informait le président que le monument était en restauration depuis 6 mois, et que les vétérans ont du déposer des fleurs autour d’une palissade aveugle. Quelques jours plus tard, Medvedev publie en ligne un document rédigé de sa main : « A l’attention de A. Tkatchev [gouverneur de la région de Krasnodar, NDLR]. Réglez ce problème. Trouvez les responsables. Faites un rapport sous trois jours ».      Le ministère de la Communication Russe serait prêt à investir 5 millions de roubles [plus de 110 000 euros] dans « l’étude des principales possibilités de promouvoir les intérêts des organes fédéraux de pouvoir par le biais des réseaux sociaux spécialisés ». Un appel d’offres a même été lancé en septembre par les autorités. En clair, il s’agit de rechercher, parmi les sites Internet russophones et les réseaux sociaux spécialisés, et de trouver le moyen de s’en servir pour promouvoir les intérêts du pouvoir exécutif. Cela implique aussi d’étudier les expériences et initiatives des Etats et des entreprises ailleurs dans le monde. Un responsable du ministère explique que, techniquement, cela passerait par la conception d’un programme capable de repérer, dans les blogs et les réseaux sociaux, des idées originales et utiles.     Pour Anton Nossik, un blogueur connu, rédacteur en chef de bfm.ru [portail d’informations économiques], l’objectif est clair, sensé et accessible. Il évoque l’Américain Dane Carlson, le patron de business-opportunities.biz, qui s’est rendu célèbre en publiant tous les jours sur son site des idées géniales pour le monde des affaires piochées sur Internet. Pour Anton Nossik, les hauts fonctionnaires russes peuvent réaliser la même chose au profit des grandes causes nationales au lieu des petites entreprises.     On assiste à un changement d’attitude, car jusqu’à présent, le pouvoir ne voyait dans la blogosphère qu’un champ de propagande pour ses propres idées. Ainsi, en 2007, Vladimir Tchourov, président de la Commission électorale centrale, avait-il rencontré des blogueurs afin de leur proposer de faire de la publicité électorale. De même, Sergueï Mironov, le président du Conseil de la Fédération [le Sénat russe] avait invité des membres influents de la communauté Internet. Récemment encore, le roi du blog russe, Roustem Adagamov, alias Drougoï, directeur des blogs chez SUP Fabrik [propriétaire de LiveJournal] a été convié par la société hydroélectrique Rousguidro à venir en Sibérie sur le site de la centrale de Saïano-Chouchenskoïé, gravement endommagée lors d’un accident survenu à la mi-août 2009, qui avait fait 75 morts. Celui ci est régulièrement invité à se joindre aux déplacements présidentiels dans les voyages de presse à travers le pays.  

Encore plus fort, dans un pays ou Google ne perce toujours pas (à la traine derrière son concurrent Russe, Yandex), l’état Russe à proposé de développer un moteur de recherche qui bannirait tout simplement l’accès à des informations jugés “inopportunes“, par exemple les liens ou informations touchant à la pornographie, la drogue ou le terrorisme.

La cyber guerre dans le monde    

Evidemment, la Russie n’est pas le seul pays à se projeter dans le futur en ligne. L’OTAN a par exemple organisé début mai 2010 des manoeuvres virtuelles, baptisées Baltic Cyber Shield, impliquant six pays membres. Cet exercice a eu lieu sous l’égide du Cooperative Cyber Defence Centre of Excellence  (CCDCOE), basé à Tallinn (Estonie) et qui regroupe déjà l’Allemagne, l’Italie,la Slovaquie, l’Espagne, les Etats-Unis et les trois pays Baltes. Dans les prochains mois,la Hongrie etla Turquie deviendront les 9e et 10e pays membres de cet organisme créé par l’Estonie en 2004.La France, quant à elle, prévoit de rejoindre le CCDCOE dans les deux à trois prochaines années.  Ce centre est voué à l’échange d’informations entre experts. Il conduit des exercices réguliers où des équipes “rouges” de hackers tentent de paralyser des serveurs défendus par des militaires “bleus” de pays participants. Pionnière en matière d’usage de l’Internet, l’Estonie a été visée par une cyber-attaque de grande ampleur en 2007, et tente depuis d’acquérir le leadership européen en matière de cyberdéfense.       En Israël Peu après la fin de l’opération “Plomb durci” (l’invasion de la bande de Gaza en janvier dernier), Tzipi Livni, alors ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement d’Ehoud Olmert, a souhaité compenser le déficit d’image dont souffrait le pays. Pour ce faire, A été mis sur pied une armada d’internautes, payés pour donner une meilleure image de leur pays et répondre sans arrêt, via des réactions et commentaires postés sur les sites internet, les forums, les blogs, et autres réseaux sociaux comme Twitter et Facebook.  L’équipe en question serait sous la direction d’un vaste service relevant de ce que les Israéliens appellent « hasbara », littéralement « explication publique ».  Dans une interview récente, le directeur adjoint du département de la « hasbara » au ministère, a admis que son équipe travaillait clandestinement. « Nos gens ne diront pas ‘salut, je fais partie du département de la hasbara du ministère des affaires étrangères israélien. Voilà ce que je veux vous dire’. Et ils ne s’identifieront pas forcément non plus en tant qu’Israéliens », a-t-il déclaré. « Ils parleront comme des surfers du net et comme des citoyens, ils écriront des réponses qui auront l’air personnelles, mais qui se baseront sur une liste de messages tout préparés que le ministère des affaires étrangères aura élaborés ». […] L’armée israélienne intervient également sur l’un des espaces les plus populaires, le site de vidéo-partage YouTube, y téléchargeant régulièrement des clips, dénoncés comme des mensonges par les organisations israéliennes de défense des droits de l’homme. Shturman a précisé que durant la guerre, le ministère avait concentré ses efforts sur les sites web européens, où l’audience était plus hostile à la politique israélienne. En haut de la liste des sites visés par ce nouveau projet, la BBC Online et les sites arabes du Web. En outre, un manuel intitulé The Israël Project’s 2009 donne la vision “Israélienne” de la situation” et est diffusé via une agence de “communication”. Cette cyber brigade pro Israélienne à sa branche Francaise,  qui a pour missions de veiller et combattre les informations antisémites, négationnistes et mensongères (illégales) à propos d’Israël et du Peuple Juif sur Internet. Cette Force affirme s’être donné comme mission d’éliminer toutes les informations odieuses (articles, vidéos, groupes,…) sur ce qui est devenu le premier vecteur de propagande : Internet.     En France toujours, la conférence annuelle SSTIC de juin2010 a été ouverte par le directeur technique dela DGSE qui a affirmé cherché à recruter des hackers. Une grande partie des dépenses de budget de personnel de cette année (31 millions d’euros pour 145 postes) devrait en effet bénéficier à ce service technique. Celui ci a rappelé à l’auditoire que “en cas d’attaque, le meilleur moyen de se défendre est de tuer numériquement l’adversaire”.     La guerre au proche orient a pris une cyber-tournure lorsqu’il s’est avéré selon le portail d’information israélien MySay.co.il, dont l’information est relayée par le Spiegel, qu’une certaine Reut Zukerman aurait ainsi convaincu 200 soldats ou réservistes israéliens de devenir ses « amis » sur Facebook et leur aurait soutiré nombre d’informations confidentielles : « Les hommes auraient rapporté à leur copine Facebook des noms de soldats, du jargon, des codes secrets et des descriptions détaillées des bases militaires, d’après le rapport [du site MySay, ndlr]. Ce n’est qu’un an après que certaines des victimes de Zukerman auraient commencé à trouver bizarre le nombre de militaires d’élite sur sa liste d’amis. Ils auraient alors prévenu leur hiérarchie, et en janvier les militaires auraient lancé une enquête. » La page Facebook de Reut Zukerman aurait été effacée par ses auteurs. Le Hezbollah apparaît comme le principal suspect. Pourtant, poursuit le Spiegel, l’armée israélienne était déjà consciente de ce type d’utilisation de Facebook.  Les soldats ne respectent pas les consignes. Les services secrets israéliens y ont eux-mêmes recours pour racoler des informateurs. Fin avril, le quotidien arabe « Aschark Al-Awsat » rapportait que les services secrets israéliens avaient utilisé Facebook et Twitter pour recruter des informateurs palestiniens dans la bande de Gaza.    L’armée israélienne a déjà été victime de tentatives d’espionnage via les réseaux sociaux, l’an passé, en provenance du Liban. Des dizaines de milliers de soldats ont alors reçu une lettre les alertant au sujet des amitiés liées sur Internet.   En janvier, l’armée a créé une « unité Facebook » dans le but de mieux utiliser les médias sociaux. Des actions dont les résultats se font attendre, note le Spiegel : « Pour les forces de défense israéliennes, la faille dans la sécurité serait particulièrement embarrassante, elle montrerait que les membres de l’armée ne respectent pas les consignes explicites dès qu’une jolie fille est en jeu. »     L’amérique, comme la Russie est à la pointe de l’utilisation des sites sociaux pour surveiller, influer et communiquer. La CIA investit dans des technologies qui permettent de surveiller les réseaux sociaux.  In-Q-Tel, le fonds de capital-risque de la CIA, a investi dans Visible Technologies et Attensity, deux sociétés qui proposent des moteurs de recherche spécialisés dans les réseaux sociaux (Twitter, Facebook, Flickr, YouTube, etc.).   Visible Technologies est, à l’origine, une société spécialisée dans la gestion de réputation sur l’Internet. Elle a développé son moteur de recherche pour permettre à des multinationales d’évaluer les réactions à leurs produits sur les médias sociaux, d’identifier les éventuelles critiques, puis de les marginaliser. Entre les mains des services de renseignement, et singulièrement des départements spécialisés dans les opérations psychologiques, cet instrument peut devenir un puissant catalyseur.   Lors des manifestations qui ont suivi l’élection de Mahmoud Ahmadinejad en juin, c’est sur Twitter que les médias internationaux, empêchés de couvrir les manifestations à Téhéran, mesuraient l’ampleur de la mobilisation contre la réélection du président iranien. Le renseignement américain veut être en mesure d’exploiter la masse d’informations disponible sur ces plateformes, utilisées par les activistes de tous bords, aussi bien les opposants à Mahmoud Ahmadinejad en Iran que les djihadistes au Moyen Orient. Ces moteurs de recherche d’un nouveau genre fonctionnent exactement comme leurs homologues sur Internet : ils scannent les réseaux sociaux, les indexent par mots-clés et les hiérarchisent.    

Conclusion : On peut se demander quelle sera la prochaine étape/méthode de pénétration  des idées du monde et comment les “puissances” pourront influer sur les esprits pour faire passer comme “logique”, “normale” et “naturelle” une vision du monde, et donc les actions (guerrières ?) qui vont avec. Les jeux vidéos semblent être l’étape sur laquelle la concurrence entre l’Amérique et la Russie est la plus flagrante.  Dès la fin de la guerre en Géorgie en 2008, inspiré par ces évènements, des informaticiens Russes décident de créer un jeu vidéo dans lequel les évènements sont repris et englobent certains pays Occidentaux, ou Européens hostiles àla Russie.  Le virtuel permet parfois de se défouler et d’apporter quelques modifications substantielles à la réalité.   En effet, selon les créateurs de ce jeu il y a quelques différences avec ce qui s’est vraiment passé. Parmi elles on note que la confrontation englobela Pologne, qui vient soutenir Tbilissi avant que Moscou riposte, que le président géorgien Mikheil Saakachvili reçoit le soutien de pays occidentaux qui ne sont pas nommés, que ce dernier décide de lancer une nouvelle offensive pour tenter de récupérer les deux provinces sécessionnistes géorgiennes, l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie. Ou encore que l’Ukraine bloque la flotte russe de la mer Noire dans la rade de Sébastopol, que l’OTAN chargela Pologne de prêter main forte aux Géorgiens. Par réaction les Russes lancent alors une nouvelle guerre en riposte à ces agissements, selon la description faite par les créateurs du jeu, disponibles en téléchargement pour 6 euros.     En réponse (?) les studios de “jeux Américains” Activision ont donc développé un jeu jeu intitulé : “call of duty modern walfare” qui se déroule dans un futur proche.     ”  La Russie y est en pleine guerre civile qui voit la prise de pouvoir des ultra-nationalistes. En même temps au Moyen-Orient, un coup d’état mené par un mouvement anti-occidental eut lieu, et 30.000 soldats Américains furent décimés. Les commanditaires de cet acte sont en fait des chefs nationalistes Russes, qui commettront attentats et massacres au Royaume-Uni et en Russie. Pour lutter contre cette menace, une force multinationale anti-terroriste appelée « Task Force 141 » fut créée, regroupant des membres de forces armées américaines, britanniques, canadiennes et australiennes“. L’une des étapes du jeu intitulée « Pas de russe » « permet » au joueur peut massacrer des civils dans un aéroport russe (fictif) en incarnant un agent de la CIA qui a infiltré les rangs ennemis. La vidéo, et par conséquent le jeu en lui-même fait polémique avant même qu’il sorte. Par ailleurs, Square Enix qui a édité le jeu au Japon a commis des erreurs de traduction dont une dans cette mission : la phrase de Makarov « Pas de russe » a été traduite par « Tuez les russes », donnant l’impression qu’il ait commis un crime haineux ; En Russie, la mission a carrément été enlevée.   La suite de ce jeu, qui devrait sortir cette année s’intitule : “call of duty black opps” et semblé également mêler la Russie à l’action principale car malgré le secret qui entoure le jeu, des images ont déjà filtrés, qui laissent penser que l’action  du jeu se déroule notamment quelque part dans le grand nord, peut être en Arctique que certains imaginent être le prochain théâtre d’affrontement (réel ?) des grandes puissances. Surenchère ? Le projet Ethnogénèse, une gigantesque saga de science-fiction russe développée par le Kremlin directement et qui se veut lancer la mode de la culture russe via Internet, tout en exaltant la grandeur de la Russie. Ethnogenèse devrait prochainement être traduit en anglais, en chinois et en espagnol, afin de lancer ces « héros russes parfaits » à l’assaut du monde que le Kremlin juge « important » : le monde Anglo-saxon, l’Amérique du sud et l’Asie. On ne peut que déplorer l’absence de version Francaise.

Кибер-войны

Traduction en ligne sur USRA-TM

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Российский президент Дмитрий Анатольевич всегда подчеркивал свой интерес к новым технологиям. Имея свой блог, страничку в Twitter, президент России солидарен с населением, которое увлечено Интернетом. Эта гонка вперед, которую президент России постоянно навязывает своей стране, вовсе не случайность, такая страна, как Россия, просто обязана обладать системами связи и глобальной системой обороны.

Запад, мир, Россия – битва на больших экранах
Начиная с первой мировой войны, некоторые стратеги поняли, что Голливуд становится основным оружием «американского образа жизни», назначая полу-мнимых, полу-реальных врагов. В 80-х годах основным направлением была борьба с СССР, многие фильмы противопоставляли Америку советским заговорам целью изменения мирового порядка. Примеры, среди которых, разумеется «Рэмбо» (где американский солдат помогает афганским моджахедам бороться против советских оккупантов), а также фильм «Top Gun», который ВВС США даже софинансировали в целях улучшения имиджа пилотов американской армии. Это определение кинематографом врага продолжалось и в 90-х годах, когда были выпущены многие фильмы, в которых сербы изображались кровожадным народом, например, фильм «Экстремисты» (http://en.wikipedia.org/wiki/Extreme_Ops) (2002) или «В тылу врага» (http://fr.wikipedia.org/wiki/En_territoire_ennemi) (2001).
Эта кинематографическая война быстро нашла ответ в России с приходом к власти Владимира Путина (1999), который вдохновил российское кино на этот необходимый ответ. Избрание Никиты Михалкова (http://en.wikipedia.org/wiki/Nikita_Mikhalkov) на пост президента Союза кинематографистов (2000) является одной из козырных карт национального и кинематографического возрождения. В 2000-х годах вышли многочисленные фильмы, подчеркивавшие различные элементы, которые являются составными частями новой русской идентичности, обескровленной ужасным ельцинским десятилетием, придававшие большую ценность стране и патриотизму, разоблачавшие идею о западном рае, и, наконец, возвращавшие к историческим войнам России, когда она выступала против Запада. Можно назвать такие фильмы, как «Девятая рота», «Князь Владимир», «Брат-2», «Олигарх», «1612», а также «Тарас Бульба», «Адмирал»… В 2009 году в документе «Стратегия 2020» культура была определена российской властью в качестве одного из элементов национальной безопасности (http://www.scrf.gov.ru/documents/99.html).
Россия – ре-информирование и коммуникация
Между распадом СССР и ельцинским десятилетием Россия создала себе негативный имидж за рубежом. Первый мандат Владимира Путина (2000-2004) позволил ему восстановить авторитет государства. Затем Россия осознала необходимость коррекции своего образа, который ухудшался из-за рубежа. Во время своего второго срока президент России взялся за решение этой задачи.
Как напоминает специалист Ксавье Моро (http://realpolitik.tv/biographie/xavier-moreau), в 2005 году агентство РИА-Новости запустило свой англоязычный канал, который должен был стать российским CNN. Russia-Today является личным проектом президента Путина по улучшению имиджа России. Канал осуществлял вещание сначала на английском языке, затем на арабском (2007) и на испанском (2009). RT стал настоящим оружием массовой информации и, не колеблясь, берется за некоторые очень деликатные темы, будь то 11 сентября или незаконная торговля органами в Косово. Кроме того, он играет политически некорректно: к концу 2009 года в своей рекламной кампании, проведенной под знаком провокации, сравнив президентов Ахмадинежада и Обаму в их отношении к ядерному оружию. Эта кампания была подвергнута цензуре в Соединенных Штатах.
Битва за Цхинвали: телевидение и война образов
Развитие новых технологий привело к созданию новых сфер конфронтации. В 2008 году грузинская армия напала на сепаратистские регионы Осетию и Абхазию. Параллельно с этим огромная кампания по дезинформации представляла Россию как агрессора. Понадобились огромные усилия коалиции различных экспертов, медиа-борцов и даже обычных блоггеров, чтобы другое мнение было хоть «немного» услышано в медиа-потоке. Понадобилось 18 месяцев ожидания, чтобы доклад Хайди (http://www.ceiig.ch), подготовленный по требованию Европейского Союза, подтвердил, что именно «Грузия начала войну в ночь с 7 на 8 августа 2008 года».
Но зло свершилось: для большей части общественного мнения Россия является агрессором, она проиграла видео-войну. Этот конфликт достиг уровня пропаганды, равной пропаганде против сербов в 90-х годы: фальшивые фотографии и грубый монтаж, лжесвидетельства … “Дорожный каток” СМИ был таков, что многие средства массовой информации продолжают даже два года спустя обвинять Россию в развязывании военных действий.
В конце 2008 года на российские экраны вышел фильм «Олимпус Инферно», излагавший эти трагические события, в котором подчеркивалась роль зарубежной поддержки в этом конфликте. В ответ компания «Midnigh Sun Production» недавно закончила снимать в Тбилиси фильм об этих событиях с американской точки зрения.
Вскоре будет создан новый телевизионный канал, называющийся «Первый Кавказский». Частично финансируемый Борисом Березовским, этот канал играет на кавказской солидарности в борьбе против влияния России в регионе. Сегодня его вещание заблокированj основным региональным спутниковым оператором Eutelsat, который заключил соглашение о трансляции каналов, принадлежащих «Газпрому», который выкупил все вещательные каналы, обеспечивая монополия на информацию на русском языке в странах Кавказа и Центральной Азии на протяжении всего срока службы спутника. Именно благодаря агентству связи NoE Com (близкое Рафаэлю Глюксману, советнику президента Грузии), Грузия заставляет услышать свое мнение по этому вопросу. Тбилиси подписал соглашение с NoE Com после того, как расстался с Euro RSCG, которое обеспечивает коммуникации в связи с годом Франция-Россия.
2007-2010, кибер-конфликты: Таллин – Цхинвали – Кишинев – Тегеран
Уже не в первый раз Россия заставляет говорить строчки компьютерных кодов вместо пушек. Когда в апреле 2007 года эстонские власти решили перенести «Бронзового солдата», на улицах произошли ожесточенные столкновения между патриотически настроенными эстонцами и русскими, затем Эстония подверглась интенсивной компьютерной атаке (http://www.darkreading.com/blog/archives/2009/03/authoritatively.html), которую многие комментаторы посчитали атакой «русских хакеров-патриотов». Через год после войны в Грузии основные социальные сети подверглись другой массированной компьютерной атаке (http://www.20minutes.fr/article/341137/High-Tech-Attaque-contre-Twitter-la-piste-russe.php), ответственной за которую была также «назначена» Россия. Однако, как отмечал специалист по новейшим технологиям Янник Харел: «отследить точное происхождение кибер-атаки практически невозможно до тех пор, пока ее автор действует с минимальным профессионализмом» (http://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/sites-communautaires-sous-pression-60001).
Этот интерес России к социальным сетям (которые являются настоящим оружием информации / дезинформации) вызван кибер-событиями 2009 года в Молдавии и Иране.
― в Молдавии, в знак протеста против победы коммунистов на парламентских выборах в апреле 2009, тысячи молодых людей собрались и яростно протестовали через «гуманитарные» и «демократические» НПО. Если способ действия очень похож на тот, что использовался во время «цветных революций», которые обрушились на Сербию в 2001, Грузии в 2003 и Украину в 2005 году, в этот раз говорили о «революции Twitter», настолько американская система обмена сообщениями стала нервным центром событий. Позже будет доказано, что меньше 100 активистов Twitter стояли за этими действиями, активистов, которые после событий таинственно удалили свои странички из Twitter.
― в июле того же года в Иране похожие кибер-действия, начатые в знак «протеста» против результатов выборов, привели к различным инцидентам и манифестациям. Многие правительственные сайты подверглись нападению и были взломаны. Facebook, Twitter стали основными каналами сопротивления и критики властей на местах, откуда кибер-активисты (добровольные?) отправляли информацию и тысячи фотографий в Интернет, так что мировая общественность и журналисты с трудом могли проверить эти источники.
В Иране один из советников нового департамента американского государства Джаред Коэн (который, кроме всего прочего, является организатором встреч, которые спонсируются Facebook и поддерживаются «The Voice of America», с молодыми кибер-активистами для помощи им в использовании социальных сетей) пожаловался на соучредителя Twitter с тем, чтобы отложить техническое обслуживание и обновление известной платформы микроблогов, и позволить иранским диссидентам «твиттерить» без перерыва.
Россия, в сердце кибер-конфликта
Россия, конечно же, не ждала середины 2000-х годов, чтобы оснастить себя кибер-защитой. Восстановление контроля над страной в 1999 году привело к созданию отдела компьютерной безопасности ФСБ, отвечающего за разработку стратегии компьютерной безопасности и доктрины компьютерных войн в тесном взаимодействии с российской армией. В 2001 году генерал Владислав Шерстюк, член Совета безопасности России, сообщил в подкомитете Думы по информационной безопасности, что «новая информационная эпоха вызовет следующий виток гонки вооружений. В отличие от стратегического ядерного оружия, развитие возможностей нанесения кибер-ударов потребует навыков, выходящих за рамки военной сферы» (http://www.alliancegeostrategique.org/2009/05/13/la-cyberguerre-venue-du-froid/).
Эта кибер-активность растет синхронно с разрастанием щупалец социальных сетей, которые постепенно становятся «узловыми точками» информации и связи между государствами. Как написал Янник Харрел (http://harrel-yannick.blogspot.com/2010/07/la-cybergeneration-prendra-le-pouvoir.html): «Кибер-поколение приходит к власти». Кроме того (http://electrosphere.blogspot.com/2009/06/teheran-20-ou-la-revolution.html), «если радио потребовалось тридцать восемь лет, чтобы его аудитория составила 50 миллионов человек, мобильная телефонная связь получила более 3 миллиардов абонентов за пятнадцать лет, а различные социальные сети объединили более 350 миллионов пользователей за четыре года. В 2008 году было отправлено более 43 миллиардов SMS сообщений. В 2012 году более 5 миллиардов людей будут обладателями мобильных телефонов, даже самые бедные имеют доступ к этой технологии, благодаря неизбежному благоприятствованию микрофинансирования в области информации и коммуникации».
Как и в энергетике, российское государство, ставшее более процветающим, смогло реализовывать свои геостратегические амбиции, и начало делать значительные приобретения. Digital Sky Technologies, российская инвестиционная компания, близкая к Кремлю, приобрела значительные доли в гигантской социальной сети ВКонтакте (российский эквивалент Facebook), балтийской сети Forticom и польской сети NASA Klassa. Наконец, в мае 2009 (после событий в Молдове?) компания приобрела 2% от Facebook на сумму в 200 миллионов долларов. В апреле 2010 DST приобретает ICQ, выкупив ее у американского владельца AOL. В том же году китайский Интернет-гигант Tencent приобрел 10% DST, разделив ее акции с Goldman Sachs и российским олигархом Алишером Усмановым, который также владеет влиятельной газетой «Коммерсант». Чтобы сказать несколько слов о «прессе», можно упомянуть о недавней покупке «Франс-суар» в 2009 году богатейшим Александром Пугачевым, покупке в 2010 году газеты The Independent Алексаном Лебедевым и предложение о покупке Le Monde, сделанное Глебом Фетисовым.
Кремль на острие кибер-коммуникаций
Российские власти поняли необходимость кибер-присутствие для того, чтобы войти в XXI век. Блог президента России является одним из самых читаемых в стране. Министрество связи России будет готово инвестировать 100.000 евро (http://www.courrierinternational.com/article/2009/10/27/le-kremlin-a-la-peche-aux-blogs) в «исследование основных возможностей продвижения интересов федеральных органов власти с помощью специализированных социальных сетей». А в действительности, искать и находить на веб-сайтах и в специализированных социальных сетях пути их использования для продвижения интересов исполнительной власти. Чиновник российского министерства заявил, что Россия пойдет путем разработки программы, способной находить в блогах и социальных сетях оригинальные и полезные идеи.
Мы являемся свидетелями изменения поведения, потому что до сих пор власть видела в блогосфере только поле для пропаганды своих идей. Таким образом, в 2007, президент Центральной избирательной комиссии встретился с блоггерами, чтобы предложить им рекламировать выборы. Кроме того, Сергей Миронов, Председатель Совета Федерации, пригласил видных членов интернет-сообщества. Царь российских блогов, Рустам Адагамов ака Drougoï (http://drugoi.livejournal.com), к примеру, регулярно приглашается присоединиться к журналистскому пулу во время президентских поездок по всей стране.
Кибер-война в мире
НАТО, например, организовало в начале мая 2010 года виртуальные маневры с участием шести стран, под эгидой Cooperative Cyber Defence Centre of Excellence (http://ccdcoe.org), базирующегося в Таллинне (Эстония) и включающего в себя многие европейские страны. Центр проводит регулярные учения по взлому / защите веб-сайтов.
В Израиле после операции «Литой свинец» была создана кибер-армия, которая получала деньги за работу на форумах, в блогах и в других социальных сетях для повышения авторитета страны. Эти кибер-агенты, работающие тайно, изображающие из себя обычных пользователей Интернетa. Израильская армия уже регулярно вмешивается на YouTube. Это кибер-бригада имеет свой французский филиал, который утверждает, что его миссией является ликвидация всей одиозной и анти-израильской информации (статьи, видео, группы…) в Сети.
Во Франции, ежегодная конференция SSTIC (http://www.sstic.org/2010/news/)в июне 2010 года была открыта техническим директором DGSE, который заявил о попытках завербовать хакеров. Значительная часть расходов бюджета на персонал в этом году (31 миллион евро на 145 должностей) действительно должен быть потрачен на технические службы. Он напомнил аудитории, что «в случае нападения, лучшей защитой является цифровое убийство врага».
Война на Ближнем Востоке приняла кибер-поворот, когда выяснилось (согласно Der Spiegel (http://www.spiegel.de/politik/ausland/0,1518,694582,00.html)), что некий Реут Цукерман (Reut Zukerman) убедил две сотни израильских солдат стать его «друзьями» на Facebook, и выманивал у них конфиденциальную информацию. Когда их начальство начало расследование, страница Цукермана в Facebook была стерта. Хизбалла представляется главным подозреваемым. В конце апреля арабская газета Aschark Al-Awsat сообщила, что израильские спецслужбы использовали Facebook и Twitter, чтобы вербовать осведомителей в палестинском секторе Газа. В прошлом году израильская армия уже становилась жертвой попытки шпионажа из Ливана через социальные сети.
Америка, как и Россия, находится на переднем крае использования социальных сетей для того, чтобы наблюдать, влиять и поддерживать связи. ЦРУ инвестирует в технологии, позволяющие следить за социальными сетями. In-Q-Tel (http://www.iqt.org), венчурный фонд ЦРУ, вложил средства в Visible Technologies и Attensity, две компании, которые предлагают поисковые системы, специализирующиеся на социальных сетях (Twitter, Facebook, Flickr, YouTube и т.д.). Американская разведка хочет иметь возможность использовать огромный массив информации на этих платформах, которые используются активистами самых разных убеждений.
Заключение:
Можно только гадать, каким будет следующий шаг / метод проникновения в сознание, для внедрения своего видения мира и последующих действий (военных?). Компьютерные игры, как представляется, являются одним важнейших инструментов. После окончания войны в Грузии в 2008 году, российские компьютерщики (http://lci.tf1.fr/high-tech/2008-11/le-conflit-russie-georgie-une-idee-cadeau-4890638.html) решили создать видео-игру, в которой упоминаются эти события, включающие западные или европейские страны. Конфронтация включает Польшу, которая придет на помощь Тбилиси до того, как Москва даст отпор, но также и Украину (которая заблокирует российский флот в Черном море на севастопольском рейде) и НАТО. В ответ (?) студия «американских игр» Activision разработала игру под названием Call of duty modern walfare (http://fr.wikipedia.org/wiki/Modern_Warfare_2), действие которой происходит в ближайшем будущем. «Россия находится в состоянии гражданской войны, ведущей к захвату власти ультра-националистами, которые организуют антизападные нападения по всему миру.
Для борьбы с этой угрозой, создается антитеррористическая группировка в составе представителей вооруженных сил США, Великобритании, Канады и Австралии. Один из этапов игры называется «без русского», где игрок может убивать русских мирных жителей в русском аэропорту, играя агента ЦРУ, проникшего в ряды террористов. Продолжение этой игры, которое выйдет в этом году, называется Call of duty black opps и, кажется, также связано с Россией, потому что уже распространившиеся изображения позволяют предположить, что действие происходит где-то далеко на севере, возможно, в Арктике, которую некоторые представляют возможным будущим местом столкновения (военного?) великих держав.
Далее: проект «Этногенез» (http://etnogenez.ru), гигантская российская фантастическая сага, разработанная при непосредственном участии Кремля, который хочет запустить моду на русскую культуру через Интернет, прославляя величие России. «Этногенез» в ближайшее время должен быть переведен на английский, китайский и испанский, чтобы отправить этих «идеальных русских героев» на завоевание той части мира, которую Кремль считает «важной»: англо-саксонский мир, Южная Америка и Азия. Можно лишь сожалеть по поводу отсутствия перевода на французский язык… 
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Merci à Véra K pour sa traduction, sa patience et son intérêt à mes écrits.

Les Européens ne nous comprennent pas

Le Premier ministre de la République d’Abkhazie répond aux questions de Laurent Vinatier pour RealpolitikTV :

” L’Abkhazie n’entend nullement ne rester orientée que vers la Russie. Nous voulons construire une politique étrangère multidirectionnelle. C’est une priorité stratégique que nous envisageons en trois temps, à court, moyen et long terme. A court terme, il s’agit essentiellement de se rapprocher de la Biélorussie. A moyen terme,  il faudra construire un partenariat privilégié avec la Turquie, certains Etats du Moyen-orient et d’Amérique latine, c’est-à-dire, à l’exception du voisin turc, la plupart des pays indépendants de l’OTAN. Enfin, à long terme, évidemment, c’est vers l’Union européenne qu’il sera nécessaire de se tourner”.

“A l’heure actuelle, les relations entre l’Abkhazie et les pays européens, sont très difficiles. Ceux-là ne veulent pas reconnaître la réalité ; ils ne portent pas un regard objectif sur la situation dans le Caucase et sur l’Abkhazie en particulier. Ils pratiquent une politique à double standard, en maintenant des positions fermes et absurdes telles que l’affirmation de « ne jamais reconnaître l’indépendance de l’Abkhazie ». Pourtant pour le Kosovo, cela n’a pas posé de problème ! L’intégrité territoriale de la Serbie n’a pas été un obstacle. Pourquoi ce principe devrait-il primer pour la Géorgie, à notre désavantage ?”

” Il faut que les Européens comprennent que l’intégrité territoriale de la Géorgie est une illusion depuis 15 ans maintenant. En fait ils défendent une conception très arrièrée de la Géorgie, la conception stalinienne, qui a pris forme en 1931, lorsque le maître de l’Union Soviétique a décidé de faire de la Géorgie, ce qu’Andreï Sakharov a appelé un « petit empire », façonné sur le modèle de l’URSS. Les Abkhazes à cette époque avaient déjà violemment réagi avant d’être écrasés. L’Europe au fond veut et promeut la Géorgie de Staline. Ils ne nous comprennent pas ! C’est une erreur historique. Il est erroné de croire que l’Abkhazie n’a pas ses propres intérêts et qu’elle est de toute façon manipulée par la Russie”.

“La Géorgie a constamment refusé les compromis. La seule option qu’elle a considérée est celle de la force. A ce titre, il est désormais impossible pour les Géorgiens et les Abkhazes de vivre ensemble. Historiquement, la Géorgie n’a pas le droit de prétendre à l’Abkhazie. Par ses actions et politiques au 20ème siècle, elle a également perdu toute légitimité à garder en son sein le territoire abkhaze. C’est pourquoi en août 2008, la Russie n’a eu d’autres choix que de garantir la sécurité de l’Abkhazie et de reconnaître son indépendance”.
” Sur les plans économique et social, de même, les investissements en provenance de Russie augmentent rapidement. Parmi eux, certaines personnalités influentes de Moscou, à l’instant d’Iouri Loujkov, le maire de la ville ou Konstantin Zatouline, qui depuis les années 90 s’occupent des relations avec les anciens satellites soviétiques, n’hésitent pas à mobiliser des sommes importantes”.

” L’un de nos objectifs stratégiques à court terme est d’ouvrir des voies de communication directe par la mer et par les airs avec la Turquie. Actuellement, 60% de nos échanges se font avec la Russie, 30% avec la Turquie et 10% avec la Roumanie et la Bulgarie.”

“Il semble que la Turquie souhaite nous rapprocher de la Géorgie. Elle a en tête, je crois, un rôle de médiateur entre Tbilissi et nous. Si cela doit nous éloigner de la Russie, ce n’est pas un bon calcul. La Russie est évidemment notre partenaire privilégié mais nous souhaitons comme je l’ai dit, développer d’autres partenariats privilégiés en toute souveraineté. Donc, la Turquie a tout intérêt à soutenir notre indépendance, ni Géorgie, ni Russie, mais l’Abkhazie indépendante. Ainsi elle remplirait ses objectifs dans le Caucase Sud. Nous ne demandons même pas dans l’immédiat de reconnaissance officiellement mais un engagement concret avec nous. Cela renforcerait clairement le rôle et l’influence de la Turquie dans la région”.

“Nous regardons aussi du côté iranien, complètement indépendant en l’occurrence des Américains. L’Iran est un acteur important dans le Caucase. Après le Moyen-Orient, c’est l’espace stratégique qu’il entend investir. Au début de 2009 ainsi une délégation iranienne a été accueillie à Soukhoum”.
” Mais c’est l’Europe qui ne répond pas à nos appels. Les Européens refusent des visas aux Abkhazes, contre toute logique et au détriment de notre jeunesse qui souhaite recevoir une éducation internationale. Concernant les Etats-Unis, jusqu’à l’année dernière, il n’était même pas envisageable de même penser à une quelconque action. Nous plaçons certains espoirs en Obama, qui semble vouloir changer d’optique sur la Géorgie, mais cela ne signifie nullement qu’il s’intéresse davantage à nous.”

“L’Abkhazie est sans doute l’un des Etats les plus démocratiques du Caucase. La presse est libre ; les partis sont indépendants. L’élection présidentielle en 2004 en a donné un exemple significatif. Celle de décembre 2009 n’a pas dérogé à la règle”.

“La société abkhaze est très politisée. Il est vrai qu’il existe en son sein une tendance assez nationaliste, qui craint qu’en ouvrant trop le pays, y compris aux Russes, les Abkhazes perdent leur identité. Compte tenu des menaces récurrentes d’assimilation et du problème démographique actuel, cette posture gagne en popularité”.

La suite sur REALPOLITIK

La cybergénération prendra le pouvoir !

A lire sur AGORAVOX le dernier article de Yannick intitulé : “la cyber génération prendra le pouvoir“. Un article étayé, intéressant et qui soulève des questions essentielles. A impérativement lire et diffuser.
Quelques extraits pour vous donner envie de lire cet article révolutionnaire :


Il est possible de mesurer l’importance d’une personne comme d’une technologie à l’admiration et la crainte qu’elles suscitent. Or, l’ère Gutenberg semble faire place irrémédiablement à l’ère numérique avec l’avènement des nouveaux réseaux d’information et de communication. 
Cette révolution qui a déjà bouleversé nos habitudes, ne va pas sans modifier fondamentalement les schèmes de pouvoir, provoquant une crispation des élites en place, celles là même qui de profits cyniques en privilèges exorbitants en sont venues à mériter le statut de parasites de la République.

Lorsque l’on fait mention de génération Internet .. L’un des aspects les plus prégnants des diverses études menées est que cette population dispose d’un niveau souvent intellectuellement et/ou professionnellement élevé …. Foncièrement critiques envers la société, ces utilisateurs/producteurs du cyberespace sont porteurs d’une autre vision sociale comme créateurs de contenus ne rentrant guère dans le moule de la société consumériste contemporaine.

Le « poids » de cette génération est d’ores et déjà pris en compte par les responsables politiques et économiques car si chaque Internaute n’est pas un producteur de contenu, il est en revanche souvent relayeur de celui-ci, formant une chaîne où l’un de ces relais peut se muer à son tour en producteur. De fait, la réputation d’une marque ou d’une personne publique peut facilement être ébranlée ou encensée par les nouveaux médias des masses : c’est d’ailleurs cette prise de conscience par les autorités qui les incitent à vouloir transformer Internet en un simple espace régulé à vocation purement commerciale ou suffisamment aseptisé pour le rendre inoffensif : c’est que je nomme la minitélisation d’Internet.

La France mais aussi ses partenaires Européens n’ont aucunement compris ce qui se passait sous leurs pieds.

Les moyens d’action préalablement employés avec réussite à l’encontre des mass media deviennent entièrement caducs concernant Internet. Ces mass media qui ont pour fonction désormais non d’informer mais de relayer ce qui est permis sans recul critique nécessaire.

Pour mener une guerre dans les démocraties modernes, il convient de se parer du rôle du défenseur animé des plus nobles intentions. Le panel de notre époque est bien établi et permet de rallier un maximum de partisans : la pédophilie ; la contrefaçon ; le terrorisme sont les trois épouvantails autorisant les sociétés occidentales à renier les principes humanistes ayant libéré antérieurement la connaissance et les peuples.

La génération Internet est par conséquent légitimement appelée à prendre les rênes de pays aux mentalités sclérosées et aux schémas d’action et de pensée dépassés par les évènements. 

Les régimes oligarchiques occidentaux ayant failli dans leur mission de former et protéger les citoyens : se contentant de les transformer en consommateurs tout en éviscérant sciemment toute notion de solidarité à seule fin de les contrôler. 

Le déclassement social, les abus des autorités et leurs affidés, les restrictions unilatérales, la fatuité et l’égoïsme des puissants, la violence gratuite par manque de repères sociaux et de juste autorité, l’omniprésence d’une économie rentière ne peuvent que donner lieu à un besoin de changement : la génération Internet EST ce changement.