Category Archives: 2015

Riyad, Doha et Ankara face à la nouvelle donne syrienne

imagesDès le début de la guerre de Syrie en 2011, un accord tacite a été mis en place entre les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne avec la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar.

Pensant que la chute d’Assad n’était qu’une affaire de mois, Paris et les chancelleries occidentales ont, avec beaucoup de maladresse et par un cruel défaut de stratégie, sous-estimé les conséquences de la prise en main idéologique et politique des groupes d’opposition sur le terrain.Le plan initial prévoyait sans aucun doute que le Conseil national syrien prenne le pouvoir et que d’une certaine façon les mouvances radicales ne soient éliminées après avoir fait le “sale boulot”. Le Qatar envisageait sans doute que les frères musulmans ne prennent le pouvoir au sein de ce CNS, accompagnant ainsi la dynamique freremusulmanisante des printemps syriens.

A l’époque, Riyad s’inquiétait de cette dynamique qui aurait pu constituer une forme de modèle et de réfèrent pour nombre de peuples musulmans, sorte d’alternative à l’Islam proposé et promu par Riyad.Pourtant, le plan de renversement d’Assad n’a pas fonctionné comme prévu. Le soutien de Téhéran et Damas s’est en outre avéré décisif pour permettre à l’Etat syrien de survivre. Un Etat syrien qui s’est montré plus résistant que prévu tant sur le plan de la communication intérieure que dans le maintien de la chaîne de fonctionnement de l’armée. Continue reading

Guerre en Syrie: le double jeu turc va-t-il réveiller la Chine ?

imagesBeaucoup de journalistes ont soulevé le fait que lors des deux premières semaines de frappes russes en Syrie, un grand nombre de ces frappes se sont concentrées sur la province d’Idlib au sein de laquelle Daech ne serait pas présent.

Les Russes ont néanmoins leurs raisons, qui sont évidentes, de frapper cette zone. Non seulement pour desserrer l’étau djihadiste qui se rapprochait du cœur alaouite côtier, mais aussi car nombre de groupes de cette zone connaissent des concentrations de minorités issues de la zone postsoviétique, telles que par exemple Katibat Al Tawhid Wal Jihad, ou encore Jaish Al Muhajireen Wal Ansar, dont les rangs comptent de nombreux combattants centrasiatiques ou tchétchènes.Lors des violents combats qui à la fin du printemps dernier ont vu la chute d’Idlib et de la présence loyaliste dans la région, de nombreux observateurs de terrain ont également témoigné de la présence au sein des groupes rebelles de forces spéciales turques ou encore de combattantsturcophones tandis que la presse turque dénonçait des livraisons non officielles d’armes et de munitions à divers groupes rebelles, un scandale qui a été du reste parfaitement étouffé au royaume d’Erdogan.

On aurait du reste apprécié que les journalistes français s’y intéressent en profondeur, pour démontrer ce que les journalistes syriens ne cessent de répéter, à savoir que c’est bien la seconde puissance de l’Otan qui alimente de nombreux groupes rebelles radicaux syriens en armes, hommes et soutiens logistiques ou encore médicaux. Continue reading

Πόλεμος στην Συρία: θα αφυπνίσει την Κίνα το διπλή παιχνίδι της Τουρκίας;

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Πολλοί δημοσιογράφοι έθεσαν το γεγονός ότι κατά τη διάρκεια των δύο πρώτων εβδομάδων των ρωσικών επιδρομών στη Συρία, πολλές από αυτές τις επιδρομές επικεντρώθηκαν στην επαρχία της Ιντλίμπ  μέσα στην οποία δεν υπάρχει παρουσία του ΙΚ.
Οι Ρώσοι όμως έχουν τους λόγους τους, οι οποίοι είναι προφανείς, για να χτυπήσουν αυτή την περιοχή. Όχι μόνο για να χαλαρώσει η τζιχαντιστική μέγγενη που προσέγγισε την παράκτια αλαουϊτική καρδιά, αλλά επίσης επειδή πολλές ομάδες σε αυτή τη ζώνη συγκεντρώνουν μειονότητες που προέρχονται από τη μετα-σοβιετική περιοχή, όπως για παράδειγμα η Katibat Al Tawhid Wal Jihad, ή ακόμη η Jaish Al Muhajireen Wal Ansar, των οποίων οι τάξεις περιλαμβάνουν πολλούς μαχητές από χώρες της Κεντρικής Ασίας ή Τσετσένους μαχητές.
Κατά τη διάρκεια των σκληρών μαχών οι οποίες στα τέλη της περασμένης άνοιξης έφεραν την πτώση της Ιντλίμπ και της παρουσίας των νομιμοφρόνων στην περιοχή, πολλοί παρατηρητές του εδάφους ανέφεραν επίσης την παρουσία ειδικών τουρκικών δυνάμεων μέσα στις ομάδες των ανταρτών ή να ακόμη τουρκόφωνων μαχητών ενώ ο τουρκικός τύπος κατήγγειλε ανεπίσημες παραδόσεις όπλων και πυρομαχικών σε διάφορες ομάδες ανταρτών, ένα σκάνδαλο, το οποίο παραμένει καταπνιγμένο στο βασίλειο του Ερντογάν. Continue reading

Réflexions sur les fronts de Novorossia et de “NovoRoSyria”

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Alors que l’attention du monde entier était, il y a encore quelques mois, concentrée sur une petite bande de territoire à la frontière Ukrainienne qui porte le nom de Donbass, elle l’est désormais sur une autre bande de terre qui s’étend du nord d’Homs en Syrie jusqu’au sud d’Alep.

Tandis que le Mainstream médiatique hurlait aux loups et rivalisait de pronostics sur l’invasion immédiate et camouflée de l‘Ukraine par les troupes russes, la Russie mettait en place un dispositif militaire, en Syrie, que visiblement aucun pays occidental n’a détecté.

En quelques semaines, le Kremlin aura pris de cours toutes les chancelleries occidentales en agissant sur deux fronts avec des fréquences temporelles opposées.

Non seulement l’armée russe est sans doute moins que jamais présente en Ukraine de l’Est, mais il semble plus improbable que jamais que l’Ukraine ne retrouve un semblant d’unité politique avec la moitié du Donbass. Moscou a sans doute réussi à habilement faire pression sur les nouvelles autorités locales pour qu’elles ne repoussent pas les élections locales. En face, l’autorité de Kiev faiblit de façon proportionnelle, avec l’effondrement de l’économie ukrainienne. Alors que plus personne ne parle désormais d’une quelconque nouvelle offensive militaire, Moscou sait que le temps joue en sa faveur dans le dossier ukrainien.

En Syrie, c’est précisément l’inverse. L’affaiblissement du pouvoir central syrien s’est accéléré ces derniers mois, et le temps était compté pour pouvoir encore reprendre l’initiative sur le plan militaire et appuyer tactiquement l’armée syrienne dans sa gigantesque opération anti-terroriste contre la galaxie islamo-terroriste qui s’est en quatre ans emparée de 50% du territoire syrien. La rapidité de déploiement et de passage à l’action du dispositif militaire russe en Syrie traduit bien que Moscou sait que, dans ce dossier, le temps pourrait jouer contre lui si des armes antiaériennes tombaient dans les mains des opposants au régime.En prenant la main sur ces deux dossiers, Moscou se pose en partenaire inévitable pour la résolution de ces conflits régionaux, mais pas seulement.

Le Kremlin montre en premier lieu aux Européens que leurs intérêts réciproques sont plus communs qu’opposés, que ce soit pour la paix sur le continent ou pour la lutte contre le terrorisme international. Cette dernière passe, pour le Kremlin, par une lutte active à la source du mal contre les terroristes, et ce, alors que de nouvelles estimations indiquent que ce seraient désormais de 5.000 à 7.000 ressortissants de l’espace postsoviétique qui se trouveraient en Syrie au sein des divers groupes islamo-terroristes. Une politique finalement similaire à celle de la France qui depuis quelques semaines frappe les Français de Daech qui opèrent sur le territoire syrien.

Pour la France, ce “moment” serait une chance historique de s’extirper du bourbier idéologique dans lequel notre ministre des Affaires étrangères s’est enfoncé en réclamant obsessionnellement le départ d’el-Assad. Des réclamations au mépris du principe de réalité puisque Moscou et Téhéran semblent plus que jamais déterminés à régler le problème syrien, évitant par là même le renversement d’el-Assad qui était jusque-là envisagé par les ennemis de la Syrie.De Sébastopol à Damas, la politique étrangère russe a, au cours des 24 derniers mois, totalement bouleversé les fondements de l’organisation sécuritaire héritée du monde sous domination américaine et occidentale. Il est possible et plausible que nous soyons déjà rentrés dans un nouveau cycle historique de l’organisation des relations entre Etats.

Un nouvel ordre qui va justifier que soient totalement repensées les relations entre la Russie et les Etats européens afin de faire face aux nombreux défis communs qui nous attendent, qu’ils soient économiques, sécuritaires ou civilisationnels.Les dossiers ukrainiens et syriens, qui étaient des pièges tendus à la Russie et à l’alliance entre la Russie et l’Europe, auront peut-être, sur le long terme, des effets inverses et bénéfiques pour tout le continent.
A condition bien sûr qu’aucune puissance extérieure ne vienne empêcher ces saines dynamiques de se mettre en place.

Guerre en Syrie: le double jeu turc va-t-il réveiller la Chine ?

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Beaucoup de journalistes ont soulevé le fait que lors des deux premières semaines de frappes russes en Syrie, un grand nombre de ces frappes se sont concentrées sur la province d’Idlib au sein de laquelle Daech ne serait pas présent.

Les Russes ont néanmoins leurs raisons, qui sont évidentes, de frapper cette zone. Non seulement pour desserrer l’étau djihadiste qui se rapprochait du cœur alaouite côtier, mais aussi car nombre de groupes de cette zone connaissent des concentrations de minorités issues de la zone postsoviétique, telles que par exemple Katibat Al Tawhid Wal Jihad, ou encore Jaish Al Muhajireen Wal Ansar, dont les rangs comptent de nombreux combattants centrasiatiques ou tchétchènes.Lors des violents combats qui à la fin du printemps dernier ont vu la chute d’Idlib et de la présence loyaliste dans la région, de nombreux observateurs de terrain ont également témoigné de la présence au sein des groupes rebelles de forces spéciales turques ou encore de combattantsturcophones tandis que la presse turque dénonçait des livraisons non officielles d’armes et de munitions à divers groupes rebelles, un scandale qui a été du reste parfaitement étouffé au royaume d’Erdogan. Continue reading

Recherche rebelles syriens modérés désespérément …

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Apres deux semaines d’engagement, il est possible de tirer un premier bilan de l’opération militaire russe en Syrie.

Il y a tout d’abord l’intensité croissante des frappes de l’aviation russe. Si lors des premiers jours le nombre de frappes russes était inferieur à une dizaine, l’armée russe a exécuté 64 sorties samedi 10 octobre et les estimations militaires sérieuses estiment que l’aviation russe devrait pouvoir augmenter la cadence pour atteindre des moyennes de 100 à 150 frappes par jour, avec des pointes à 200 ou 250 en cas d’extrême urgence. C’est autant, voir plus que le volume de sorties de l’armée syrienne, mais l’aviation russe est dotée d’équipements plus modernes favorisant largement un appui précis et efficace à l’infanterie, ce qui n’était pas ou peu le cas jusque-là.

La grande offensive au sol lancée par l’armée syrienne, appuyée par la chasse russe, semble se concentrer sur certains fronts bien précis.Le nord de Homs tout d’abord, où une vaste poche territoriale est aux mains des rebelles (voir ici), poche traversée par l’autoroute allant de Damas à la cote et qui devrait faciliter le transfert d’équipements militaires lourds de la capitale vers le nord. Cela est d’autant plus crucial que l’Etat syrien fait à ce jour face à deux fronts particulièrement sensibles dans la région.

L’Etat Islamique, comme on peut le voir sur cette carte, s’est considérablement rapproché de la bande côtière au cours des derniers mois, notamment après la conquête de Palmyre.

Le nord d’Hama, qui débouche sur la province d’Idlib, a été perdu par l’armée au cours du printemps 2015 et a permis à la coalition Armée de la Conquête de se retrouver à quelques dizaines de kilomètres seulement de la côte syrienne. L’Armée de la Conquête est une coalition de groupes islamistes qui comprend notamment l’Armée du salut, Ahrar al-Sham ou le front Al-Nosra (filiale syrienne d’Al-Qaïda) auquel ont prêté allégeance des clans de guerre tel que Katibat Al Tawhid Wal Jihad, comprenant nombre de ressortissants centrasiatiques, ou encore Jaish Al Muhajireen Wal Ansar dont les rangs comptent de nombreux combattants tchétchènes. Continue reading

Bataille pour les minorités russophones?

imagesLorsqu’on parle de Vladimir Poutine, on ne peut pas ne pas songer à cette phrase qu’il aurait prononcée sur le fait que la chute de l’Union soviétique aurait constitué “la plus grande tragédie du XXe siècle” ou que le projet russe d’Union eurasiatique serait une réanimation non officielle de l’Union soviétique.

Pourtant, le projet d’union eurasiatique n’est pas un projet russe puisque c’est Noursoultan Nazarbaïev, l’actuel président du Kazakhstan, qui fut le premier à évoquer l’idée d’une union eurasienne rassemblant les pays de l’ex-URSS, en 1994, dans un discours à l’université de Moscou.

En réalité, le président russe a également affirmé que “celui qui ne regrette pas l’URSS n’a pas de cœur; celui qui souhaite son retour n’a pas de tête”. C’est en fait le statut des 25 millions de Russes au lendemain de l’éclatement de l’URSS qui justifiait, selon le président russe, cette qualification, comme on peut le vérifier dans le discours original de 2005.

Au cours des décennies suivantes, ce statut des minorités russes, russiennes et russophones en dehors des frontières russes, fut l’enjeu de joutes et de tensions diplomatiques de grande ampleur, voire de guerres comme en Géorgie, en Ukraine ou, aujourd’hui, en Syrie. Dans ce dernier cas en effet, la montée en puissance des groupes issus de l’espace post-soviétique au cours des 18 derniers mois a sans doute grandement contribué à la décision de Moscou d’aller frapper en amont ces militants afin d’éviter que ces fourmis terroristes n’aient la moindre chance de revenir déstabiliser l’ex-espace soviétique, que ce soit en Russie ou en Asie centrale. Continue reading

Offensive médiatique contre l’intervention russe en Syrie

imagesLa décision de Russie de procéder à des opérations aériennes en Syrie a surpris tous les commentateurs par la rapidité de son déclenchement.

L’intervention historique du président russe à l’Assemblée générale de l’ONU, intervention qui s’inscrit historiquement dans la foulée de celle de Munich en 2007 ne laissait pourtant que peu de doutes à ce sujet, le président russe y affirmant clairement la nécessité de “fournir une aide tous azimuts au gouvernement syrien légal”.

Pendant que les Etats occidentaux campaient sur leurs positions souhaitant un nécessaire départ d’Assad, Moscou entamait ses premières frappes sur le territoire syrien, prenant vraisemblablement de court tant les services secrets américains que francais sur la dimension du dispositif russe en Syrie et la détermination du Kremlin à soutenir l’Etat syrien. Un comble alors que la presse française depuis maintenant trois ans ne cesse de nous rabâcher que le Kremlin s’apprêtait à “Lâcher Assad”.Au passage, l’ambassade américaine en Syrie a confirmé avoir reçu une requête des autorités russes pour qu’aucun avion américain ou de la coalition ne survole le territoire syrien. Pour ceux qui avaient des doutes, ces trois derniers jours ont confirmé que quand Poutine dit quelque chose, il le fait, mais aussi et surtout que la Russie, qui au cours des dernières années a confirmé son statut de puissance régionale, confirme également son statut de puissance internationale. Continue reading

Ukraine: pourquoi la France s’est trompée

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Xavier Moreau bonjour, vous êtes un Français établi à Moscou. Homme d’affaires et écrivain, vous dirigez le site d’analyse géopolitique Stratpol et vous publiez ce mois-ci un livre intitulé “Ukraine: Pourquoi la France s’est trompée” aux éditions du rocher.

Xavier Moreau bonjour, vous êtes un Français établi à Moscou. Homme d’affaires et écrivain, vous dirigez le site d’analyse géopolitique Stratpol et vous publiez ce mois-ci un livre intitulé “Ukraine: Pourquoi la France s’est trompée” aux éditions du rocher.

Xavier Moreau. « Ukraine : Pourquoi la France s’est trompée »
Xavier Moreau. « Ukraine : Pourquoi la France s’est trompée »

Sputnik: Pourquoi avoir écrit ce livre?

Xavier Moreau: J’ai voulu donner une argumentation aux Français qui croient à la nécessaire coopération franco-russe. Cette argumentation repose sur deux axes. D’une part expliquer que la France n’a pas d’intérêts en Ukraine, ni stratégiques, ni économiques. En tant que grande puissance européenne, notre objectif aurait dû être de maintenir la stabilité de la région et donc de contenir les appétits allemand, polonais et américain. D’autre part, la révolution de Maïdan n’est pas le triomphe du bien contre le mal, contrairement à ce qu’ont voulu nous faire croire les médias, les instituts et la diplomatie française. Continue reading

Syrie, zones sous contrôle de Daech et projet de gazoduc Saoudo-Qataro-Turc

Dans le prolongement de mon article de septembre 2013 sur : “La guerre en Syrie une guerre pour l’énergie“, voila trois cartes complémentaires:

1/ Une carte de la situation militaire en Syrie et du projet de Buffer zone Turque, au nord d’Alep

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2/ Une carte des deux projets concurrents, en rouge le projet Irano-irako-Syrien et en mauve le projet Qataro-Saoudo-Turc

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3/ Un coup de Paint pour placer le projet Qataro-Saoudo-Turc en mauve sur la première carte. 

On comprend mieux l’étonnante et plutôt bonne collaboration entre Ankara et Daech, du moins pour le moment.

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