Author Archives: Alexandre Latsa

About Alexandre Latsa

Frussien, père de famille, chef d’entreprise à Moscou, entrepreneur géopolitique et russophile positif. Co-auteur du livre “Putin’s new Russia” (en anglais et en russe) et auteur du livre “Mythes sur la Russie“, disponible lui uniquement en russe et un “Printemps RUSSE” disponible en Francais. Ce journal d’un Frussien traite de la Russie. Vous pouvez me contacter par email : alexandre.latsa@gmail.com, Ou me suivre sur Twitter https://twitter.com/Frussien Instagram https://www.instagram.com/frussien/ Telegram https://t.me/alexandrefrussien

Discours pré-élection, à destination des électeurs russes, par Vladimir Poutine

Chers citoyens de la Russie! Chers amis!

Ce 15 mars, des bureaux de vote s’ouvriront dans tout notre vaste pays: un vote de trois jours sur l’élection du Président russe commencera. Ils ont lieu en Russie pour la huitième fois, ce qui montre l’inviolabilité de l’un des principes fondamentaux d’un état démocratique – la régularité des élections.

Leurs résultats auront une incidence directe sur le développement du pays dans les années à venir. C’est un événement important et extrêmement important.

Par conséquent, en tant que chef d’état en exercice, je pense qu’il est nécessaire de s’adresser à vous aujourd’hui. Je voudrais souligner que la seule source de pouvoir dans notre pays est le peuple. Cette disposition juridique essentielle est inscrite dans la Constitution. Son sens principal est que seuls vous, citoyens de la Russie, déterminez le destin de la patrie.

Vous devez non seulement voter, mais affirmer fermement votre volonté et vos aspirations, votre participation personnelle au développement futur de la Russie, car les élections sont un pas vers l’avenir. Je suis convaincu que vous comprenez la période difficile de notre pays, les défis complexes auxquels nous sommes confrontés dans presque tous les domaines. Et pour continuer à y répondre dignement, à surmonter avec succès les difficultés, nous devons continuer à être Unis et confiants.

Nous avons déjà prouvé que nous savons être ensemble, en défendant la liberté, la souveraineté et la sécurité de la Russie, en défendant nos valeurs, nos traditions, notre histoire et notre culture, en agissant selon la conscience et la vérité, selon la justice.

Nous avons notre propre point de vue sur comment et quel pays nous construisons, quels plans mettre en œuvre. Et aujourd’hui, il est essentiel de ne pas s’écarter de cette voie, d’atteindre ce qui est prévu, d’atteindre les objectifs ambitieux fixés. Par conséquent, beaucoup dans les jours à venir dépend de chacun d’entre vous. Je vais dire franchement: la participation aux élections aujourd’hui est une manifestation de sentiments patriotiques.

Cela est bien compris par les habitants du Donbass et de novorossia, qui, dans les conditions les plus difficiles, ont voté lors de référendums pour l’unité avec la Russie et feront également leur choix ces jours-ci.

Nos combattants sur le front voteront également. Ils défendent la patrie avec courage et héroïsme et nous donnent l’exemple en participant aux élections.

Nous devons réaffirmer notre cohésion, notre détermination à aller de l’avant ensemble. Chacune de vos voix est précieuse et significative. Je vous invite donc à exercer votre droit de vote dans les trois prochains jours.

Notre pays est grand et des bureaux de vote seront ouverts partout – dans chaque ville, village, village. Chers amis!

Nous tous, le peuple multiethnique de la Russie – sommes une grande famille!

Nous nous inquiétons, nous nous inquiétons, nous nous soucions de notre pays d’origine. Nous voulons qu’elle soit prospère, forte, libre et prospère, que le niveau et la qualité de vie augmentent.

Ce sera le cas! Nous ferons tout ce que nous voulons.

Par conséquent, je vous demande de venir aux élections et d’exprimer votre position civile et patriotique, de voter pour votre candidat choisi, pour l’avenir réussi de notre Russie bien-aimée.

Merci.

Source

Vladimir Poutine répond aux questions de Dmitry Kisseliov : directeur général adjoint de VGTRK (Société nationale russe de télévision et de radiodiffusion, ВГТРК en russe), directeur général de l’agence Rossiya Segodnya — NdT]

Publié le 13 mars 2024 10:00 Moscou, Kremlin

D. Kisseliov : Vladimir Vladimirovitch, en énonçant votre Message [à l’Assemblée fédérale], vous avez, au sens figuré, sorti de votre manche [Tel un magicien — NdT] des billions [Billion : mille milliards, appelé «trillion» en russe — NdT] et des billions. Vous avez ainsi proposé un plan de développement du pays absolument stupéfiant — absolument stupéfiant. Il s’agit d’une Russie différente, avec une infrastructure différente, un système social différent — un pays de rêve, tout simplement.

Cela me donne envie de vous poser votre question préférée de Vyssotsky [Auteur-compositeur-interprète et acteur de théâtre et de cinéma, «conscience» du peuple soviétique — NdT]: « Où prendre l’argent, Zine ? » [*Voir la note en bas — NdT] L’avons-nous vraiment gagné, cet argent ?

V. Poutine : Oui, bien sûr.

Plus que cela : tout d’abord, tout cela a été planifié au cours travail minutieux de la communauté des experts, des spécialistes du Gouvernement et de l’Administration [du Président]. Tout est parfaitement conforme aux règles budgétaires et, en fait, assez conservateur, car certains experts pensent qu’il devrait y avoir et qu’il y aura plus de revenus. Cela signifie que nous aurions dû prévoir davantage de dépenses, car cela devrait avoir une incidence directe sur les perspectives de développement économique.

En général, c’est exact, mais en 2018, nous avions également prévu d’allouer 8 billions supplémentaires au développement de l’économie et de la sphère sociale, et nous avons ensuite augmenté ces dépenses. Je pense qu’il est tout à fait probable que, si les choses se passent comme le disent les optimistes du groupe d’experts que j’ai mentionné, nous pouvons — nous devons et nous pourrons — augmenter ces dépenses dans différents domaines.

D. Kisseliov : Nous parlons donc d’une période de six ans ?

V. Poutine :
 Exactement. Nous parlons d’une période de six ans. Nous sommes en train d’élaborer un budget pour une période de trois ans — une période de planification de trois ans, comme on dit. Mais, bien sûr, lorsque nous préparions le discours — je dis « nous préparions le discours » parce qu’il y a toute une équipe qui travaille sur ce sujet — nous avons supposé que nous calculerions nos recettes et nos dépenses dans les domaines que nous considérions comme clés, prioritaires, pour six ans.

D. Kisseliov : Il n’en reste pas moins qu’il y a des projets littéralement stupéfiants. Par exemple, l’autoroute Sotchi-Djoubga : 130 kilomètres, dont 90 kilomètres de tunnels, le reste étant probablement des ponts, à en juger par le paysage. Un milliard et demi [En fait, billion et demi — NdT] rien que pour les trois premières années, et l’autoroute devrait idéalement être prête en 2030. Quel est le montant nécessaire et sera-t-il suffisant pour gagner ?

V. Poutine :
 Les gens ont besoin de cette autoroute. Les familles avec enfants ne peuvent pas se rendre à Sotchi en voiture. Tout le monde s’arrête quelque part près de Gelendjik ou de Novorossiysk, parce que l’autoroute est très difficile — une route en serpentin.

Il existe plusieurs options de construction. Nous allons littéralement en discuter dans les prochains jours : soit la construire jusqu’à Djoubga, soit la construire d’abord de Djoubga à Sotchi. Certains membres du Gouvernement suggèrent de procéder par étapes. D’autres pensent qu’il faut faire le tout en même temps, sinon il y aura un couloir étroit de Djoubga à Sotchi.

La première partie, si vous regardez depuis Novorossiysk, est plus ou moins décente, et la couverture n’est pas mauvaise, mais elle est très étroite. Si nous arrivons à Sotchi comme la première partie, des embouteillages risquent de se produire dans ce petit espace, et il y en a suffisamment aujourd’hui.

En général, nous déterminerons cela avec des spécialistes — comment, par quelles étapes, mais cela doit être fait. Bien sûr, nous devons déterminer le coût final du projet et veiller à ce que tout le monde reste dans les limites des plans financiers.

L’intérêt de la gent d’abord, mais aussi de l’économie. Le développement des territoires dans le sud du pays est très important.

D. Kisseliov : Si nous pouvons nous permettre des investissements d’une telle ampleur, cela signifie que le pays s’enrichit rapidement, surtout dans les conditions de l’Opération militaire spéciale, dans les conditions de près de 15 000 sanctions, qui sont absolument sauvages. De plus, nous nous sommes donné pour mission de réduire la pauvreté, y compris chez les familles nombreuses. N’est-il pas trop audacieux ?

V. Poutine :
 Non. Écoutez, si nous revenons à cette autoroute. Lorsque j’en ai discuté avec des membres du Gouvernement — comme vous le savez, le ministère des finances est toujours avare dans le bon sens du terme, toujours très conservateur en matière de dépenses — le ministre des finances [Antone Silouanov] m’a dit, presque mot pour mot : « Uniquement ceux qui n’ont jamais emprunté cette route s’opposent aujourd’hui à sa construction ».

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Russie : un état des lieux (interview pour POLEMIA)

« Tout le monde en Occident pense que la Russie est une station à essence géante, et rien d’autre. C’est une erreur colossale. »

À en croire médias et politiques occidentaux, deux ans après le lancement de son “Opération militaire spéciale” en Ukraine, la Russie est au bord du gouffre. Qu’en est-il réellement ? Pour en parler, nous donnons la parole à Alexandre Latsa, bien connu de nos lecteurs. Entrepreneur français installé à Moscou depuis 2008, il dresse pour Polémia un état des lieux aussi fidèle que possible de la situation sur place.

Bonjour Alexandre Latsa, nous sommes heureux de vous retrouver. Quelle est la situation en Russie en ce début mars 2024 ?

La Russie vient au cours de derniers 24 mois de traverser une séquence historique absolument unique dans l’histoire, séquence historique qui va sans doute entrainer une modification en profondeur de l’ordre mondial établi en 1991, unipolaire et dominé par l’Occident collectif.

La Russie a déclenché en février 2022 une opération militaire spéciale en Ukraine qui la voit indirectement affronter l’OTAN sur le plan militaire via le proxy ukrainien, proxy sous perfusion occidentale et qui a reçu une aide financière, militaire et logistique absolument colossale.

Elle affronte aussi l’Occident collectif dans une guerre économique sans précèdent, faisant face à près de 20.000 sanctions destinées à étouffer son économie. Et pourtant…

Sur le terrain militaire, la Russie vient de faire face à près de 7 mois de contre-offensive ukrainienne sur l’année 2023 mais c’est elle qui accumule les victoires militaires : Soledar et Bakhmut en 2023 et Avdeevka en 2024.

Sur le plan économique, son économie s’est avérée beaucoup plus solide qu’attendu, puisque l’année 2022 a vu son PIB diminuer de « seulement » 2,5% tandis qu’en 2023 elle a connu une croissance économique de 3,5% et que le FMI annonce une croissance d’au moins 2,6% sur 2024, on sera sans doute bien au-delà de 3%.

Comment expliquer cette résilience économique russe ?

Tout le monde en Occident pense que la Russie est une station à essence géante, et rien d’autre. C’est une erreur colossale.

La Russie est un pays qui s’est énormément réindustrialisé durant les 15 dernières années et le complexe militaro-industriel et l’industrie en général sont en pointe ; il faut savoir que la part de l’industrie dans le PIB russe est de 26% en Russie, soit le double de la France.

L’industrie de défense a créé quelques 500.000 emplois depuis le début de la guerre tandis que la Russie produit aujourd’hui environ 2,7 millions d’obus par an alors que l’effort des 27 pays de l’UE porteraient la capacité de production annuelle du bloc entre 1,5 million et 1,7 million cette année (source).

Une autre chose est que les fondamentaux économiques, politiques et humains de la Russie sont sains : le pays n’a pas de dette, l’État est riche et puissant, car la chaine de fonctionnement (présidence, chambres basses et haute, gouvernement, régions, pouvoirs locaux etc..) est unie et coordonnée. La verticale du pouvoir, tant décriée en Occident, s’est avérée efficace pour prendre des mesures radicales et efficaces rapidement.

Enfin la population est d’un niveau global élevé, la Russie est le pays au monde qui produit le plus d’ingénieurs par habitant. La Russie produit 450.000 ingénieurs par an avec ses 145 millions d’habitants tandis que les Etats-Unis produisent eux 250.000 ingénieurs par an avec 320 millions d’habitants, et la France 40.000 ingénieurs par an avec 69 millions d’habitants.

Quelle est l’ambiance en Russie aujourd’hui ?

Le début de l’opération militaire spéciale a été une surprise pour tout le monde et dans les premières semaines, c’est la stupeur qui a prévalu en Russie, et une relative inquiétude du fait des vagues de sanctions.

L’automne a été source d’angoisses au sein de la société avec l’échec des négociations, la mobilisation, les retraits tactiques de l’armée russe de Kherson et Kharkov etc. Les sondages montraient que la société russe fin à la sortie de l’été 2022 était dans un stress profond.

Puis sur la fin 2022, courant 2023 et en ce début 2024, la situation s’est largement améliorée, avec la prise de conscience que :

  1. le conflit allait durer
  2. l’économie tenait parfaitement le choc.

Aujourd’hui la Russie a un chômage quasiment nul, il est de 2,9% et inférieur à 1% dans les grandes villes. Cela entraine une surchauffe de l’économie qui manque de main d’œuvre, pénurie aggravée par le fait que des centaines de milliers d’actifs « potentiels » sont sur le front et d’autres hors de Russie.

Au global, la situation est la résignation positive : les russes sont assez soudés derrière leur élite politique en ayant bien compris que le conflit pouvait durer mais que l’économie de leur pays ne s’effondrait pas.

Qu’en est-il de la situation réelle du business européen en Russie ?

Les entreprises étrangères sont tombées dans le piège de la moraline médiatique et ont opté en règle générale pour 3 scénarios :

  • Faire profil bas et rester.
  • Quitter la Russie, généralement en cédant a des repreneurs locaux avec de lourdes pertes financières (l’exemple de Renault).
  • Annoncer quitter le marché, mais en rebrandant leur filiale ou alors en fournissant le marché russe via d’autres pays.

Mais tout cela ne peut pas masquer une dure réalité : la Russie est un grand marché et la place de ces entreprises occidentales qui baissent la garde sera reprise par des acteurs d’autres pays : Chine, Turquie, Inde ou Iran par exemple. Ces processus sont, du reste, déjà visibles en Russie.

Vous avez créé un service qui s’appelle la RUSPATRIATION, de quoi s’agit-il ?

Depuis quelques années, on constatait en Russie une forte tendance à la hausse de l’immigration d’Occidentaux vers la Russie. Les motivations sont principalement économiques mais aussi idéologiques : la Russie est clairement devenue le bastion du conservatisme et un pays qui ne suit pas la détérioration sociétale que connait l’Occident.

Le déclenchement de l’Opération militaire spéciale, de façon inattendue, a accentué cette volonté d’immigration vers la Russie. Malgré tout le scenario narratif mis en place dans l’espace médiatique occidental, un nombre croissant de gens, en Occident, semble comprendre que cette confrontation va accélérer la défaite de l’Occident, pour paraphraser le titre du dernier livre de l’excellent Emmanuel Todd.

Par conséquent j’ai créé un dispositif d’accompagnement à l’émigration en Russie : la “Ruspatriation“. Ce dispositif est destiné aux étrangers (principalement francophones) qui souhaitent lier leur destin avec celui de la Russie, que ce soit ceux qui ont un intérêt personnel pour la Russie, ceux qui souhaitent voyager et découvrir le pays, ceux qui travaillent avec la Russie et des russes et bien entendu tous ceux qui pensent à déménager pour venir vivre et travailler en Russie.

Nous accompagnons nos clients sur le plan touristique, linguistique, économique, juridique, professionnel, migratoire, immobilier etc.

Est-ce facile de venir en Russie aujourd’hui ?

Si l’on parle de venir visiter la Russie, oui le pays est totalement ouvert et les autorités ont même grandement facilité l’obtention des visas en 2023 en instaurant un “E Visa” pour les citoyens de 55 pays et notamment des pays non amicaux ; également il y a des suppressions de visas pour les ressortissants de divers pays donc oui la Russie est plus accessible depuis le début de l’opération militaire spéciale.

S’il s’agit de venir s’installer en Russie pour y résider, il y a diverses façons de procéder ; mais le plus complexe pour les Européens aujourd’hui est clairement la recherche d’emploi, dans le contexte de départ des entreprises européennes : pour travailler en Russie en 2024 : il faut parler russe !

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