La Syrie semble plus proche que jamais d’une agression miliaire de la part de la coalition Occidentale et de l’Otan, dont le trio belliqueux Paris/Londres/Ankara s’apprête visiblement à violer toutes les règles du droit international et même à passer outre le Conseil de sécurité de l’ONU.
Le monde a déjà en 1999 connu une intervention de ce type sur un petit pays européen. Comme pour la Syrie, la Serbie avait été victime d’une guerre médiatique et informationnelle à l’époque sans précédent. Mais depuis 14 ans, le mainstream médiatique a considérablement renforcé non seulement son monopole informationnel, que contrebalance aujourd’hui uniquement par Internet le courage de certains blogueurs/analystes trop souvent bénévoles.
Alors que l’ONU enquête au sol, le mainstream ressasse de façon ininterrompue les affirmations de quelques leaders occidentaux (Amérique, Angleterre, France, Allemagne et Turquie) dont les diplomaties se sont visiblement concordées pour affirmer que non seulement l’Etat Syrien est coupable (et ce avant les résultats de l’enquête de l’ONU) mais qu’il faut intervenir militairement, sans aval du conseil de l’ONU.
De son coté, l’Etat Syrien se défend avec ses moyens, affirmant qu’il serait dur de pouvoir expliquer pourquoi il aurait choisi d’utiliser une arme chimique le lendemain de l’arrivée des inspecteurs, en sachant qu’il s’agit de la ligne rouge qu’il ne doit pas franchir et ce alors même que ses soldats se battent maison par maison dans la zone concernée. En outre, l’Etat syrien a rappelé que des armes chimiques avaient déjà été utilisées par les rebelles dans le Nord, tandis que l’armée turque avait elle-même arrêté sur son territoire en mai dernier des mercenaires du Front Al-Nosra qui transportaient des armes chimiques.
Aussi fou et sanguinaire que soit Assad, en tout cas de ce que le mainstream médiatique occidental tente de nous faire croire, on imagine mal comment celui-ci aurait pu arriver à la situation dans laquelle il se trouve aujourd’hui après deux ans et demi de conflit : celui d’un président qui a renversé la situation pour être aujourd’hui plus proche de la victoire militaire et politique qu’il ne l’a jamais été.
En effet, depuis quelques mois, les troupes syriennes ont repris l’avantage sur le terrain.
Les conquêtes de Qousseir et Homs ont permis de largement sécuriser le centre du pays, coupant ainsi la rébellion en deux. L’assaut des rebelles sur la bande côtière en août n’aura duré qu’une grosse dizaine de jours avant que ceux-ci ne soient repoussés. La sécurisation des fiefs alaouites de cette région rapproche encore plus l’armée du Nord du pays, notamment de la ville d’Alep (la mère des batailles selon le président syrien), mais aussi des campagnes du Nord du pays, frontalières de la Turquie et réels sanctuaires des rebelles.
Autour de Damas, la lente campagne de reflux du front est en cours, elle consiste à repousser les combats à l’extérieur des zones urbaines. Ces derniers jours, les assauts de l’armée syrienne sur la Gouta-Est, notamment via les quartiers de Djobar et Kaboune, ont considérablement affaibli le Front Al-Nosra, comme l’expliquent les journalistes de l’agence Abkhaze Anna-news, qui sont les seuls journalistes présents sur place (voir leurs incroyables vidéos ici), au cœur des combats. Selon eux, la bataille de Djobar (vidéo ici) remportée par l’armée syrienne après 12 mois de combat signifierait la mort politique et tactique du groupe terroriste Front Al-Nosra qui aurait laissé beaucoup d’hommes sur le terrain et sans doute dans la débandade utilisé du gaz pour tenter de déclencher une intervention internationale. S’agit-il des terroristes arrêtés en Turquie en mai dernier, cités plus haut dans l’article ?
Au même moment, la presse occidentale affirme que le prince Saoudien Bandar serait venu à Moscou négocier le lâchage d’Assad en échange d’une garantie que « l’Arabie Saoudite maintiendrait les divers groupes terroristes qu’elle contrôle et finance à distance des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi qui auront lieu sur la mer Noire en 2014 ».
L’empressement de l’étrange coalition occidentalo-wahhabite à vouloir sanctionner et affaiblir le régime syrien tout en négociant avec Moscou suffit largement à pouvoir imaginer que les sponsors de la rébellion ne peuvent que constater l’échec tactique de leurs mercenaires.
Lorsque des historiens dans le futur étudieront ces évènements, ils se demanderont sans doute pourquoi la dite communauté occidentale intervient pour 355 morts présumés (selon MSF) dans une présumée attaque chimique alors que cette même communauté n’intervient pas lorsque 450 civils kurdes, dont de nombreux enfants, sont assassinés par les rebelles syriens.
Ils conviendront sans doute que le concept du « deux poids deux mesures » était en 2013 une notion essentielle de la diplomatie occidentale.
Alors que le monde s’apprête à rentrer dans une zone de turbulence et qu’une guerre régionale, voir mondiale, n’a jamais semblé aussi proche, le droit international n’a quant à lui jamais semblé autant bafoué.
Bafoué par une hyper-puissance que l’histoire qualifiera sans doute définitivement de criminelle, à condition bien sûr que cette hyper-puissance ne parvienne pas à réécrire l’histoire à sa façon.
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