L’URSS connaissait depuis 1985 et l’élection du président Gorbatchev des réformes assez radicales, qui devaient transformer l’Union soviétique. Ces réformes, plus connues sous le nom de Perestroïka, ne suscitaient pas l’adhésion d’une aile dure et conservatrice au sein de la société et notamment au sein du puissant parti communiste. En outre, les agitations nationalistes dans diverses républiques soviétiques faisaient craindre à cette même aile conservatrice des velléités d’indépendance dans ces républiques, qui auraient fatalement porté atteinte à
l’intégrité territoriale et politique de l’Union Soviétique.
Le 19 août 1991, ils décidèrent donc de démettre de force le président Gorbatchev en organisant un putsch militaire, notamment pour empêcher la signature d’un traité qui annonçait à leurs yeux la fin imminente de l’URSS. Le putsch était coordonné notamment par le responsable du KGB Vladimir Krioutchkov, le ministre des Affaires intérieures (MVD) Boris Pougo et le ministre de la Défense Dimitri Iazov. Ce fameux 19 août, des blindés envahissent la capitale russe et Guennadi Ianaïev est nommé président par intérim. Le soir même, le président français François
Mitterrand donne une interview
dans laquelle il reconnait un peu rapidement et à mi-mots la réussite du coup d’état et le nouveau pouvoir Soviétique. Mais en Russie Boris Eltsine (alors président du soviet suprême, l’équivalent du parlement de
l’URSS) devint, un peu malgré lui, le symbole de la résistance à ce Putsch.
Finalement la tentative de coup d’état n’a duré que trois jours, les heurts entre manifestants et militaires ont fait trois morts, ce qui est finalement très peu. Moscou a frôlé une catastrophe. Aux yeux de la population, Boris Eltsine est devenu l’homme fort et providentiel du pays. Moins de six mois plus tard, en décembre, les Ukrainiens votent pour leur indépendance, immédiatement reconnue par la Russie. L’URSS est dissoute de facto, remplacée par la CEI et Boris
Eltsine devient le 25 décembre 1991 le premier président de la jeune et démocratique fédération de Russie, après la démission de Michael Gorbatchev. Une page de l’histoire est tournée.
La disparition de l’URSS survint en décembre 1991 alors que pourtant le 17 mars de la même année, un référendum avait été organisé pour savoir si les peuples soviétiques voulaient maintenir l’Union en tant qu’entité. Le “oui“
s’était imposé à 76%, malgré le boycott des états baltes, de la Moldavie, la Géorgie et l’Arménie. Les scores d’adhésion les plus élevés furent atteint en Azerbaïdjan, au Kazakhstan, en Biélorussie et au Kirghizstan. Sans surprise, la Biélorussie et le Kazakhstan sont aujourd’hui déjà membres de l’union douanière avec la Russie, alors que le Kirghizstan prépare actuellement son adhésion.
Le cas de l’Ukraine est intéressant puisque si 70% des votants soutinrent le maintien de l’URSS en mars 1991, ils furent 90% à voter pour l’indépendance du pays le 1er décembre 1991. Ce total basculement des votes ne peut que faire penser au basculement électoral que le pays a connu en soutenant majoritairement un président ouest-orienté en 2005,
pour ne lui attribuer que 5% des voix 5 ans plus tard et réélire un président est-orienté. Le pays semble encore aujourd’hui toujours chercher sa voie et sa place entre l’Europe de l’ouest et la Russie et se montre du reste très frileux face au projet d’union douanière avec la Russie.
En Russie, les opinions restent partagées, à propos de ce brusque changement de régime et de système, qui s’est produit il y a 20 ans. 58% des Russes interrogés en avril dernier affirment encore regretter la disparition de l’URSS, mais ils étaient 75% en 2000. Enfin pour 40% des Russes interrogés ces événements ont été tragiques pour le peuple et le pays et seulement 10% les interprètent comme une victoire de la démocratie, bien loin de interprétation qui est faite de ces événements à l’ouest. Alors pourquoi ces sentiments contrastés puisque la Russie a surmonté les terribles conséquences des deux dernières crises économiques qu’elle a du affronter en 1998 et 2008, que l’état est enfin reconstruit et que les grandes inquiétudes des années 90 ont disparu?
Il est évident que les Russes, malgré le redressement rapide du pays, ont une forme de nostalgie de l’empire soviétique et du statut de grande puissance qui était celui de l’URSS. Cette envie de retrouver une Russie-puissance (un peu comme on parle d’Europe puissance) existe dans le peuple comme dans ses élites. Le manifeste du parti dominant Russie-Unie dans le préambule de son manifeste se définit comme “Le parti du succès de la Russie, le parti du redressement de tout le pays contre des adversaires qui ne lui ont laissé qu’une place humiliante dans le monde contemporain“. Pour beaucoup de Russes, toutes générations confondues, les inégalités inévitablement créées par le
capitalisme libéral de type occidental sont un fait nouveau, qui n’existait pas sous l’URSS. Malgré la hausse des revenus en cours, une partie importante de la population (16%) vit encore sous le seuil de pauvreté et se sent laissée pour compte dans ce récent développement économique du pays.
Voilà sans doute le grand défi auquel fait face le pouvoir politique russe actuel: Faire en sorte que le développement
économique de la Russie bénéficie à toute la population. Il s’agit aussi d’empêcher l’émergence de foyers de contestations sociales trop importants, qui pourraient avoir des répercussions sociales et électorales. Le mieux être de toute la population est une condition indispensable pour prétendre au statut de grande puissance, statut
auquel la Russie aspire en ce début de 21ème siècle.
A noter quand même une baisse constante de la proportion de Russes vivant sous le seuil de pauvreté de puis 2000.
Chiffres de la CIA, peu suspecte de puotinolâtrie. http://www.indexmundi.com/g/g.aspx?v=69&c=rs&l=fr
Il semble que la tentation d’une politique économique libérale dure, à l’occidentale, qui augmenterait comme dans tous les pays qui la pratiquent le nombre de pauvres, soit plutôt du côté de l’équipe de Medvedev.
Toujours cette fascination chez certains Russes pour ce qu’il y a de pire en Occident.
Pendant la perestroïka certains dignitaires du PC hésitaient entre le modèle économique de Thatcher et celui de ¨Pinochet.
heureusement quand même qu’en 10 ans, le nombre de pauvres a diminué… On pouvait pas partir de pire, ce que vous dites est inepte…
Anonymous, “inepte” est en général l’argument définitif de ceux qui n’en ont aucun.
Passer de 40% à 15% de pauvres en 10 ans est l’évidence même, alors que dans les pays occidentaux leur nombre ne cesse d’augmenter, que la classe moyenne s’appauvrit constamment et les plus riches concentrent toujours plus les richesses.
Votre commentaire ressemble à celui d’un certain Ratboliot qui se conchie avec ses insultes et ses gros mots puérils.