Interview sur Hoenheim.com

Stéphane Bouhris, auteur du blog Hoenheim.com, et conseiller municipal de l’UMP du Bas-Rhin m’a récemment interviewé sur les élections présidentielles en Russie.
***

Question 1: Vladimir Poutine gagne les élections haut la main. Pourtant vu de
France, les médias ont un temps laissé entendre que le scrutin serait plus serré. 45 % d’avance sépare Poutine de son opposant communiste. Vu de Russie, cela surprend-t-il l’observateur que vous êtes ?

Non il n’y a aucune surprise et il était évident que Vladimir Poutine allait largement l’emporter.

Finalement, le dérangement créé par les « manifestations » a incité la majorité silencieuse à se déplacer pour aller voter et soutenir Vladimir Poutine. Il faut bien comprendre que les manifestations, qui ont ommencé par être des manifestations pour des élections honnêtes, ont été récupérées politiquement pour devenir des manifestations anti-Poutine. Or ce n’est pas l’opinion de la majorité du peuple russe et ca ne constitue pas un
programme politique. La crainte d’une déstabilisation (extérieure ou intérieure) a finalement été totalement rejetée par la majorité des électeurs. Fondamentalement il faut bien comprendre que la décennie Poutine à permis le redressement du pays et que les russes en sont conscients. L’absence totale d’opposants « crédibles » est évidemment
aussi un avantage pour Vladimir Poutine et est une particularité russe: c’était le cas sous la décennie Eltsine (1990-1999), et c’est donc aussi le cas sous la décennie Poutine (2000-2012). Cette absence d’opposant crédible explique pourquoi Vladimir Poutine a obtenu 45% de plus que son premier concurrent, le communiste Guennadi Ziouganov.

Question 2:
La plupart des médias français évoquent des fraudes et présentent le régime russe comme peu démocratique et corrompue. Quel est votre analyse ?

Paradoxalement les dernières échéances électorales russes ont sans doute été les plus justes de la jeune histoire russe. Il est évident que des fraudes ont eu lieu, et ce pour des raisons systémiques (taille du pays…), mais le niveau de fraudes a été sans aucun doute inférieur a 5% lors des dernières élections législatives et présidentielles. Les observateurs de la CEI, de l’Organisation de Shanghai
ou encore des observateurs indépendants ont déclaré que le scrutin s’était déroulé normalement et que l’élection était « conforme », proposant même d’instaurer le système de surveillance souhaité par Vladimir Poutine (96.000 bureaux de vite filmés par 91.000 webcaméras) pour les élections au parlement européen.
Quand a la corruption, il faut remettre les choses dans une perspective historique. Dans les années 90 la corruption était systématique et généralisée. Lors de la reprise en main des affaires par Vladimir Poutine en 2000, sa première tache a été de reconstruire l’autorité de l’état et de reconstruire un cadre légal. Cette reprise en main de l’état est à ce jour bien avancée et la corruption (fléau historique et culturel russe) est déjà fortement
endiguée par rapport a la décennie précédente. Elle concerne surtout maintenant la sphère publique, on peut donc dire qu’elle a été « civilisée ». L’état a entamé dans ce domaine une lutte qui sera de toute façon très longue et difficile.

Question 3: Pour Vladimir Poutine, comme pour le général de Gaulle, le politique doit primer sur l’économique. La Russie est redevenue une grande puissance pétrolière et se modernise. Peut-on légitimer aujourd’hui l’image de Poutine comme un de Gaulle russe ?

C’est mon opinion et ca semble se confirmer au vu des derniers événements, puisque Vladimir Poutine vient d’annoncer qu’il se plaçait au dessus des partis et également qu’il était déjà prêt a accueillir des hommes d’autres partis et tendances (comme le milliardaire Michael Prokhorov) dans son ministère. On peut imaginer que cela se rapproche de l’idée du « gouvernement d’union nationale » que le Général de Gaulle défendait. Récemment le Figaro a publié un article sur les français qui soutiennent Poutine et justement présentaient leur vision de Vladimir Poutine comme un de Gaulle russe. Les deux hommes ont en effet il est vrai nombre de points communs et d’objectifs pour le redressement de leurs pays : souveraineté politique et militaire, indépendance, développement national, retour des valeurs et le fait de souhaiter se placer au dessus des partis.
Question 4:

Pour certains, l’idée d’un axe Paris, Berlin, Moscou reste un « idéal » pour conforter l’Européanité continentale. Mais qu’en est-il vu de Moscou ?

Oui je suis assez d’accord avec cette analyse. A l’ouest de l’Europe l’axe Paris-Berlin-Moscou est la solution par défaut pour la majorité des élites politiques européennes en manque d’idées. Je pense que ca va donc dans le bon sens, même si c’est surtout par la force des choses plus que par conviction. La France et je m’en réjouis est d’ailleurs en avance sur ce projet d’union euro-russe. Par exemple Jean-Pierre Thomas,
chargé de la mission auprès du président de la République Nicolas Sarkozy, devrait prochainement fournir un rapport plaisant la création d’une « zone de libre échange euro-russe ». Il s’agit potentiellement d’un immense bouleversement géopolitique qu’il faudra activement soutenir.
De Moscou l’axe Moscou-Berlin-Paris est
considéré comme une réalité civilisationnelle et culturelle. A ce titre les autorités russes n’ont cessé de rappeler l’appartenance de la Russie a la civilisation européenne.  Il y a une volonté de la rapprocher la Russie de l’Europe, au sens civilisationnel et politique même si les politiques russes jugent une partie de l’élite politique européenne très (trop) pro-américaine, avec par exemple ce projet de bouclier anti-missiles aux frontières russes. Les russes attendent sans doute des européens qu’ils s’émancipent de la tutelle américaine.
v

Question 5:
Les analystes et journalistes français semblent systématiquement passer à côté de la réalité du peuple russe. Comment le pouvoir russe prend-t-il cela ?

Pendant que les experts et journalistes français continuent de dénoncer la Russie sur des sujets comme les droits de l’homme, les sociétés françaises en Russie sont de plus en plus nombreuses et les échanges russo-français continuent d’augmenter. En 2011, ils ont progresse de 25,2% pour se chiffrer à 28,1 milliards de dollars. Les exportations russes vers la France ont cru de 19,6% à 14,8 milliard de dollars et les importations se sont envolées à 32,2%, à
13,3 milliards de dollars.
Les analystes et journalistes français ont malheureusement trop souvent une vision erronée et négative des événements qui surviennent dans la Russie d’aujourd’hui. Globalement ils appliquent une grille de pensée franco-française, beaucoup trop idéologique et pas assez pragmatique. De ce fait lorsqu’on lit la presse française il faut être méfiant car le ton est généralement loin des réalités, mais partisan et souvent hostile au pouvoir actuel russe. Mais comme on dit : « les chiens aboient, la caravane passe ».

8 thoughts on “Interview sur Hoenheim.com

  1. yves

    Le constat depuis l’election haut la main de Vladimir Poutine est que la presse anti-Poutine est en veilleuse, ou sont les poliques Francais,medias qui voyaient en cet homme la corruption la dictature?
    Depuis son discourt a Munich en 2007 j’ai toujours crie haut et fort que Monsieur Poutine est le De Gaulle Russe. Mais par contre son peuple ne la pas trahit, comme le fut General par son peuple les politiques,les medias etc….
    Vive le peuple Russe.

    Reply
  2. Anonymous

    D’accord avec a peu pres tout, a ceci pres que s’appuyer sur les rapports de la CEI ou de l’Organisation de Shangai pour demontrer que les elections russes ont ete justes est limite: ces pays, dont a peu pres aucun n’a jamais organise d’elections libres, n’ont pas une tres grande legitimite pour emettre des avis sur la justesse d’une election.

    Il faudrait aussi peut-etre expliquer pourquoi Poutine n’a pas d’opposition credible…

    Didier

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  3. Sclavus

    « Ces pays, dont a peu près aucun n’a jamais organise d’élections libres, n’ont pas une très grande légitimité pour émettre des avis sur la justesse d’une élection. »
    C’est que ta crédibilité, comme celles de BHL, Gluksman et autres Danny le rouge sont indiscutables ; et les exemples mêmes de la probité et d’impartialité.
    C’est con que les Russes n’ont pas réfléchis plutôt pour vous impliquer dans l’organisation des élections ; comme il doit être aussi con que les paysans n’engagent plus souvent les renards pour la garde et l’élevage de leur poulailler.

    Reply
  4. Anonymous

    OK Sclavus. Donc si je vous suis bien, le Turkmenistan, l’Ouzbeskistan, le Kazakhsta, la Kirghizie, la Bielorussie, la Chine… sont des democraties exemplaires ou toutes les forces politiques sont admises a participer aux elections, et ou le decompte des voix s’opere de juste facon. Les rapports de l’OSCE sont les meilleurs, car les plus equilibres, et se referer a ceux-ci eut ete plus pertinent.
    Je n’aime pas Glucksmann et encore moins BHL, si la chose vous interesse. Et je vous pas ce que Dany le rouge a a voir la dedans.
    Et vos invectives prouvent encore une fois que vous n’avez aucun argument a opposer aux miens.

    Reply
  5. Anonymous

    Les pays que tu viens de citer sont des pays souverains dont l’avis compte autant que ceux de l’OCDE ; ni plus ni moins, à priori.
    Et si on prend en compte le degré de corruption dans les mécanismes décisionnels relatifs au fonctionnement des pays dits démocratiques, les pays que tu cites doivent gagner une petite nuance de crédibilité ; dans les faits.
    Le reste n’est que de la rhétorique ; la votre qui consiste à considérer le reste du monde comme vos colonies – de fait ou en devenir – est particulièrement abjecte ; d’où la virulence de mes propos. Mais cela n’a rien de personnel ; ça se trouve que – en dehors de ta démagogie droitdhommiste – t’es un garçon tout à fait charmant et sympathique.

    Reply
  6. Sclavus

    Les pays que tu viens de citer sont des pays souverains dont l’avis compte autant que ceux de l’OCDE ; ni plus ni moins, à priori.
    Et si on prend en compte le degré de corruption dans les mécanismes décisionnels relatifs au fonctionnement des pays dits démocratiques, les pays que tu cites doivent gagner une petite nuance de crédibilité ; dans les faits.
    Le reste n’est que de la rhétorique ; la votre qui consiste à considérer le reste du monde comme vos colonies – de fait ou en devenir – est particulièrement abjecte ; d’où la virulence de mes propos. Mais cela n’a rien de personnel ; ça se trouve que – en dehors de ta démagogie droitdhommiste – t’es un garçon tout à fait charmant et sympathique.

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