L’article original a ete publié sur le site de RIA-Novosti.
*
Du 2 au 5 juin 2012, Moscou a reçu une visite très intéressante, celle de membres du club des lecteurs de Valeurs Actuelles. Pour ceux qui ne connaîtraient pas Valeurs Actuelles, il s’agit d’un hebdomadaire français d’information générale, qui paraît le jeudi. Son tirage est proche des 90.000 exemplaires, ce qui correspond à environ 500.000 lecteurs réguliers (sources). Valeurs Actuelles est diffusé essentiellement par abonnement. Valeurs actuelles appartient au groupe VALMONDE, tout comme le mensuel “Le spectacle du Monde”, qui traite d’actualité politique, géopolitique et culturelle.
Les quarante voyageurs privilégiés emmenés à Moscou par “Valeurs actuelles” et “Voyages à la une” sont repartis de Russie avec au moins trois enseignements principaux, comme le précise le compte rendu de voyage paru dans Valeurs Actuelles :
-Il y a bien des trésors dans les musées de Moscou.
-Il y a une extraordinaire vitalité dans la société moscovite.
-Il y a un sérieux décalage entre la réalité russe et les sombres descriptions de la plupart des médias français. “C’est à croire qu’ils raisonnent sur des idées et des images figées dans les années 1990”, leur a même dit un français expatrié à Moscou.
Trois jours seulement pour ressentir l’atmosphère de Moscou, c’est insuffisant, et j’espère que ces 40 voyageurs français reviendront plus longuement. Quiconque est déjà venu dans cette mégalopole de 14 millions d’habitants n’a pas pu ne pas ressentir que la ville est une fourmilière gigantesque et une bulle d’énergie sans limites. Hugo Natowicz et moi-même avions tenté de faire partager ces sensations moscovites, difficiles à expliquer ou à décrire, dans deux textes parus dans Ria Novosti : “énergie russe” et “survivre a Moscou“. Je pense que ces deux textes reflètent bien la réalité de la capitale russe. Celle d’une ville-monde dans l’état, qui n’a probablement pas d’équivalent en occident. On retrouve un peu l’atmosphère de Moscou dans certaines grandes villes d’Asie.
Mais bien évidemment, et les lecteurs de RIA-Novosti s’en doutent bien, c’est le troisième constat qui est le plus intéressant : Il y a un “sérieux décalage entre la réalité russe et les sombres descriptions de la plupart des médias français”. Lors de leur visite, les 40 lecteurs de Valeurs Actuelles ont eu le privilège de rencontrer l’ambassadeur de France en Russie, Jean de Gliniasty, qui est en poste depuis janvier 2009. Celui-ci a affirmé non seulement “regretter la vision biaisée” de trop de médias français sur la Russie, mais aussi le fait que “la perception de la Russie n’est pas adéquate à l’état actuel de ce pays”.
J’ai participé à un déjeuner débat avec les 40 visiteurs au célèbre Café-Pouchkine. Pour la plupart, ces visiteurs ont fait des carrières de cadres ou de chefs d’entreprises en France, et leurs questions ont surtout porté sur l’économie, les salaires, les entreprises en Russie, et sur le mode de vie des étrangers à Moscou, l’optimisme ou le pessimisme dans la Russie d’aujourd’hui. Autant de questions qui sont rarement abordées de façon objective dans la presse française.
C’était l’occasion d’expliquer que la Russie est depuis quelques années déjà une terre d’opportunités qui a commencé à intéresser quelques français, surtout depuis la crise de 2008 qui a secoué la planète et notamment les pays occidentaux. Expliquer aussi la transformation d’un expatrié français qui tente sa chance en Russie et qui devient un Russpat (mot hybride mélange de russe et d’expatrié, traduisant le statut de
français installés en Russie, russophones et en cours de russification).
français installés en Russie, russophones et en cours de russification).
Sur le parcours, pour ceux qui veulent s’adapter, travailler et vivre en Russie sans être recrutés par une multinationale, les difficultés ne manquent pas. C’est plus compliqué que traverser le Channel et s’installer en co-location à Londres. Il n’y a pas que le climat, l’alphabet cyrillique et la complexité de la belle langue russe. Il y a la redoutable administration russe, labyrinthe compliqué et implacable, avec ses démarches interminables. C’est au contact de cette montagne que beaucoup se découragent. Certains dirigeants politiques russes d’aujourd’hui disent que personne n’a encore trouvé comment simplifier l’administration depuis l’époque des Tsars.
Cette sensation face à l’administration, ou face à des habitudes de vie et de travail inconnues en occident se résume dans une phrase célèbre de Natalia Narotchniskaia que j’ai citée aux visiteurs “le XIXe, le XXe et le XXIe siècle cohabitent en Russie”. On peut trouver le pays attirant, mais aussi insaisissable et brutal. Ceux qui ne se découragent pas découvrent que la Russie a un plan démographique ambitieux, et cherche à attirer des immigrants en grand nombre. Le taux de chômage est très faible en Russie, particulièrement à Moscou. De plus l’esprit d’entreprise est même encouragé (pour ceux qui ont le courage d’affronter la bureaucratie russe) par l’administration fiscale qui a créé un régime simplifié pour les nouvelles entreprises de petite taille. Un seul impôt libératoire de 6% du chiffre d’affaires, c’est loin d’être confiscatoire, et c’est une aubaine pour ceux qui veulent créer et développer une activité. (J’y reviendrai dans une tribune: Comment monter sa TPE en Russie).
Le mode de vie à Moscou, dans son aspect sécurité / insécurité, a fait l’objet de plusieurs questions. Difficile de croire, pour des parisiens, que des jeunes femmes moscovites élégantes, leur portable dernier cri à la main, puissent prendre le métro tard le soir, jusqu’au terminus, sans être menacées par des bandes de voyous. C’est pourtant le cas, beaucoup de français installés à Moscou en témoignent. Cette sensation de vivre dans une ville relativement “tenue” même si l’insécurité zéro n’existe pas, est un des aspects les plus attrayants de la “Moscow way of life”.
Les questions sur le pouvoir politique russe et la personnalité de Vladimir Poutine ont été nombreuses. Expliquer en quelques minutes à des visiteurs étrangers le chemin parcouru par la Russie de 2000 à 2012 n’est pas facile. Un risque d’éclatement territorial dans les années 90, la période des oligarques, deux guerres (2000 et 2008), le terrorisme rémanent et la crise financière, pour en arriver à une croissance économique soutenue qui se poursuit, il fallait résumer: “Les choses vont très vite ici. Il faut venir maintenant, Poutine et Medvedev sèment les graines de ce qui va éclore dans dix ou quinze ans”.
J’invite les lecteurs à lire le compte rendu du voyage disponible sur le site de Valeurs-Actuelles.
j’ai un article qui pourrait vous intéresser
http://www.dedefensa.org/article-la_russie_un_chat_noir_dans_une_chambre_noire__16_07_2012.html
et http://french.ruvr.ru/2012_07_14/interview-culture-France-URSS/
j’en profite pour signaler que j’arrete mon site sur la russie peut un site sur l’histoire début octobre.
http://www.dementieva.fr/russie/index.html
Merci Miki !