Cristian Bouchet bonjour, nos lecteurs vous connaissent car vous êtes un des partisans de l’eurasisne en France.
Au mois d’avril 2020 vous avez été atteint du Covid-19 pourriez-vous nous raconter comment cela est arrivé ?
J’ai été très simplement contaminé par mon épouse qui elle a été faiblement atteinte ; guère plus que par une grippe.
Comment avait-elle été contaminée ? J’avoue ne pas le savoir. Elle avait eu l’occasion de se rendre à Paris quelques jours auparavant, il est possible que la contamination se soit produite lors de ce voyage, peut-être dans le TGV ou dans le métro.
Vous avez été hospitalisé, quelle était votre situation, la situation globale dans votre ville et votre hôpital ?
J’étais en vacances et je vis en campagne, donc mes contacts avec des tiers, en dehors de ma famille, étaient quasi nuls ; de ce fait je n’ai pas transmis le virus.
D’après mon médecin traitant, j’ai été le seul cas de ma commune de 3 000 habitants. Il faut dire que les Pays-de-la-Loire, où je réside, ont été faiblement touchés par la maladie. Le CHU de Nantes, où j’ai été hospitalisé, concentrait toutes les victimes atteintes d’une version grave du coronavirus de Loire-Atlantique, il avait été réorganisé en conséquence et, à part les urgences non liées au coronavirus, il n’avait plus d’autres activités, les soins prévus ayant été reportés.
Aviez-vous le moindre antécédent médical ou apparteniez-vous a une quelconque catégorie médicale à risque ?
Lorsque cela m’est arrivé, j’étais en bonne santé, j’avais une activité sportive et mon alimentation était bio à 100 %, avec une tendance au végétalisme crudarien.
Malgré tout cela, j’avais un léger surpoids (100 kilos pour 1 mètre 83), ceci, ainsi que mon âge (65 ans), me faisaient entrer, mais d’une manière très modérée, dans une catégorie à risque.
Vous avez été plongé dans un coma artificiel durant 14 jours, pourquoi ? Quel était votre état et quels symptômes ?
J’ai commencé par rester une semaine à mon domicile avec une toux persistante et une fièvre qui faisait le yoyo.
Puis celle-ci s’est stabilisée très haut, j’ai été deux journées entières à 41° et j’ai commencé à délirer. Mon épouse a appelé les urgences qui m’ont fait hospitaliser et arrivé à l’hôpital on m’a plongé immédiatement dans le coma pour m’intuber et me ventiler mécaniquement. Lors d’une visite de contrôle récente, un médecin m’a avoué que pour ceux qui étaient dans mon état lors de l’hospitalisation, le taux de mortalité avait été de 50 %.
Quand je suis sorti du coma, je suis resté plusieurs jours délirant, puis j’ai du être rééduqué car je ne savais plus rien faire, j’étais même incapable de manger ou de me laver les dents.
Avez-vous des séquelles ?
Quand je suis sorti de l’hôpital, j’étais presque sourd, j’avais perdu la mémoire immédiate, 40 % de ma capacité respiratoire et ma musculature (faire cent mètre à pieds ou réussir à monter un escalier relevaient de l’exploit !).
Cinq semaines plus tard, j’ai retrouvé mes poumons et mes muscles, mon ouïe est meilleure et ma mémoire revient.
Conclusion, je n’ai plus de séquelles notables, mais je sais que tel n’est pas toujours le cas et que certains malades, plus âgés que moi sans doute, ont perdu définitivement une partie importante de leur capacité respiratoire, voire ont eu des lésions cérébrales persistantes.
Beaucoup de théories sont sorties, à droite comme à gauche, sur l’absurdité des réactions excessives des États face a ce qui ne serait qu’une « gripette », qu’en pensez-vous ?
Alors que les spécialistes sont eux-mêmes divisés, il me semble aberrant de juger de choses qu’on ne maîtrise nullement.
C’est en fait symptomatique du monde moderne : chacun, quel qu’il soit, à une opinion sur tout et sait comment les choses devrait être faîtes. C’est parfaitement idiot.
La pandémie a été contenue.
Est-ce grâce aux mesures prises ou pour d’autres raisons ? Je ne le sais pas et les spécialistes, qui ont des réponses divergentes, polémiquent. Est-il possible qu’il y ait une « seconde vague » virale cet hiver ? Personne n’en sait rien et les opinions formulées ne sont que des conjonctures.
À mon sens, le principe de précaution adopté était justifié dans la théorie. Que son application dans les faits ait été parfois inadaptée ou ridicule, est une autre chose.
Quelle est votre situation post Covid 19 ? Et quel est votre vision a posteriori ?
Ma situation est bonne et je ne reprendrai le travail qu’en septembre du fait d’un arrêt maladie qui se termine début juillet et des vacances universitaires.
Conséquence du confinement, j’ai arrêté d’enseigner le 15 mars. Quand je reprendrai les cours, je serai donc resté presqu’une demie année sans activité professionnelle. Comme je suis fonctionnaire, mon salaire m’est versé normalement, je n’ai donc pas à me plaindre.
Par contre, les salariés du privé ont souvent vu leurs salaires réduits ou ont connu des périodes de chômage plus ou moins longues ; les petits patrons ont eu des problèmes de financement et ont parfois fait faillite.
Tout cela n’est pas fini et c’est sans doute la conséquence la plus inquiétante des mesures justifiées du gouvernement. La crise économique suivra sans doute la crise sanitaire. Comment les choses évolueront-elles ? Il est trop tôt pour le dire.
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