Dans mon précédent texte, qui exposait quelques réflexions à chaud sur la «France Charlie Hebdo», j’ai esquissé un concept qui me semble fondamental pour expliquer la situation, critique à plusieurs titres, que connaît notre beau pays, la France. Ce concept est celui du vide politique et de l’effondrement conséquent de l’autorité de l’Etat.
Cet effondrement de l’autorité de l’Etat nous été vendu comme un processus logique, cohérent, moderne et inévitable, s’inscrivant dans une forme d’évolution de la démocratie libérale et pacifique. Ainsi, l’avenir consisterait à transformer nos nations développées en simples territoires sans frontières, en zones de commerces ou même en hôtels.
Au cours des années 90 et 2000, l’intégration supranationale et la «bruxellisation» généralisée ont accentué ce processus de limitation des prérogatives de l’Etat puisque, du moins c’est ce que l’on nous disait: «ON» s’occupait désormais de tout à un niveau supérieur, supranational. En ce début 2015, on se rend compte à quel point notre élite politique «bruxellophile» a fait preuve de légèreté.
Il est toujours difficile de tenter de faire entendre des idées ou réflexions dissonantes au moment où les composants du « mainstream » médiatique national assènent à l’unisson des vérités morales avec lesquelles tout un chacun serait censé être d’accord. Cet unisson totalitaire est du reste, et sans aucun doute, une des démonstrations les plus évidentes de la faillite même de l’Etat, qui renonce peu à peu à remplir ses fonctions les plus essentielles, par exemple assurer la sécurité des citoyens français.
C’est Manuel Valls lui-même, qui apparaît de plus en plus comme une sorte de clone sécuritaire de Nicolas Sarkozy, qui a reconnu cet état des lieux en affirmant fin janvier devant un parterre de lycéens qu’ils allaient devoir apprendre à vivre avec le terrorisme et s’habituer à ce danger car les attentats en France, c’était «loin d’être terminé».
Question plus vaste que la France: nos démocraties occidentales sont-elles capable de faire face, en l’état, au terrorisme?
A défaut de combattre les terroristes en «allant les buter jusqu’au fond des chiottes» par exemple, on a choisi le mois dernier de lutter contre le terrorisme par une « manif » géante et pacifique dont personne ne peut croire qu’elle aura le moindre effet, si ce n’est de permettre au flux médiatique d’alimenter la population française en émotions.
Comment du reste ne pas être submergé par l’émotion, face aux drames du 7 janvier, immédiatement qualifiés de «11 septembre français». Pourtant, les émotions et la compassion pour toutes les victimes sont aux antipodes du pragmatisme froid et sans idéologie qui serait souhaitable pour faire face à la situation actuelle. Malheureusement, la guerre contre le terrorisme ne fait sans doute, que commencer, et il faudrait sans doute se pencher sérieusement sur les moyens à employer pour mener cette guerre, et surtout la gagner.
De nombreux Etats proches de la France vivent en permanence sous la menace terroriste, mais on oublie trop souvent que la Russie a, elle aussi, subi de nombreux attentats. Longtemps engagée dans un conflit militaire intérieur, faisant face à une insurrection armée islamiste permanente dans le Caucase, menant une politique extérieure non alignée, la Russie a de toute évidence au cours des 15 dernières années acquis un puissant savoir-faire dans la gestion du risque terroriste. Un savoir-faire dont bon nombre d’Etats européens pourraient s’inspirer.
En premier lieu, il faut noter qu’en Russie ni le risque terroriste, ni la présence d’une très importante communauté musulmane (de souche mais aussi immigrée) ne nécessitent l’instauration d’un quelconque « Patriot Act » à l’américaine, qui correspond généralement à une réduction importante des libertés publiques et privées.
Par ailleurs, en matière de cohabitation des religions, de liberté de parole et de respect de « l’autre », les autorités russes ont fait preuve d’autorité et de pragmatisme: la publication de caricatures religieuses est interdite en Russie, car elles sont jugées contraires aux « normes morales et éthiques formées au cours des siècles de cohabitation des différentes confessions et ethnies sur un même territoire».
Tout un pan du «vivre ensemble» est contenu dans cette phrase qui doit être lue attentivement et bien comprise. Nos élites seraient bien inspirées de rétablir la sérénité et le calme au sein de la société française en commençant par renforcer le respect entre les communautés, et ce sans exceptions.
Un premier pas nécessaire pour la mise en place d’une politique qui, afin d’endiguer le déclin français, n’évitera pas le nécessaire retour rapide et en force de l’Etat dans ses attributions premières: assurer le la sécurité de la Cité, des citoyens et des frontières. Ceci implique de ne pas se laisser dicter sa politique de l’extérieur par un organisme