La Russie contre le Djihad global

Les récents attentats dans le Sud de la Russie ont fait surgir le spectre du risque majeur qui pèsera le mois prochain sur les JO de Sochi. Sans surprises, ces dernières semaines la nébuleuse islamiste radicale a accentué ses attaques contre la Russie, notamment dans le Sud du pays.

En octobre, un attentat avait couté la vie à six personnes et fait 55 blessés dans la ville de Volgograd. La kamikaze présumée Naïda Assiïalova avait actionné sa ceinture d’explosifs alors qu’elle se trouvait dans un bus de transport public. Les victimes sont quatre jeunes filles de 29, 22, 19 et 17 ans et deux jeunes hommes âgés de 16 et 17 ans. Au milieu du mois, les forces de l’ordre russe avaient réussi à empêcher la réalisation d’un attentat de très grande ampleur dans la région de Kirov contre un entrepôt d’armes chimiques. A la fin du mois d’octobre, c’est une bombe qui a explosé à Makhatchkala, la capitale du Daguestan, faisant un mort et 10 blessés.

En novembre la police russe avait arrêté à Moscou deux recruteurs d’une autre cellule terroriste, l’organisation terroriste internationale interdite (le Parti de la libération islamique ou Hizb ut-Tahrir al-Islami) tous deux des ressortissants d’Asie centrale. Un peu plus tard dans le mois, la police démantelait une cellule terroriste installée dans l’Est de la capitale russe, procédant à l’arrestation de 14 personnes proche de l’organisation radicale, religieuse et extrémiste portant le nom de Takfir wal-Hijra. Les membres de ce groupe recrutait de jeunes femmes désœuvrées, les séduisaient en les droguant, abusaient d’elles puis les convertissaient à l’Islam pour, sans doute, les transformer à terme en kamikazes. Ces arrestations avaient permis le démantèlement de circuits de financements du terrorisme en Russie impliquant de cellules mafieuses reparties dans le Caucase russe et non russe (Azerbaïdjan, Géorgie …) mais également d’Asie centrale, témoignant clairement de l’existence d’un front djihadiste uni sur le grand flanc Sud de la Russie et faisant affirmer par le ministère de l’Intérieur russe qu’en Russie actuellement « l’influence des mafias ethniques se renforce ».

C’est le mois de décembre qui a été le plus difficile pour la Russie. Le 27 décembre, une voiture piégée a explosé dans la ville de Piatigorsk, causant la mort de trois personnes. Le 29 décembre, un attentat a fait cinq blessés dans la ville de Derbent au Daguestan. Les 29 et 30 décembre, deux attentats ont frappé de nouveau la ville de Volgograd, dans la gare de la ville d’abord puis dans un trolleybus, faisant au total 34 morts et 70 blessés. Le 31 décembre 2013 enfin, une bombe a causé la mort d’une personne et blessé deux policiers au cœur du Daguestan.

Cette série d’attentats fait clairement et logiquement suite aux menaces proférées par la nébuleuse gravitant autour de l’émirat du Caucase durant l’été 2013 appelant à « mener le djihad dans les montagnes et les plaines ou (…) à Moscou, dans ce nid de frelons de l’hérésie (..) Et à se préparer pour les Jeux olympiques d’hiver de Sotchi ». On ne saurait être plus clair.

La femme soupçonné d’avoir actionné les explosifs dans la gare de Volgograd, Oksana Aslanova, était plausiblement accompagnée d’un homme pouvant être Dimitri Sokolov, le compagnon de la terroriste ayant activé la bombe dans le bus à Volgograd en octobre dernier. Ce dernier avait pourtant été déclaré éliminé par les autorités russes mi novembre. Quant à l’attentat du trolleybus, il aurait été perpétré par un russe du nom de Pavel Petchenkin, un infirmier originaire de la République des Maris, dans le centre de la Russie, né d’un père de souche russe et d’une mère musulmane, dont il a adopté la confession avant de partir s’enrôler dans des brigades terroristes au Daguestan.

Le fait que les attentats de Volgograd aient en outre été perpétrés par des Russes ethniques convertis à l’Islam pourrait poser un nouveau et délicat problème aux autorités russes, tout autant que la radicalisation d’une jeune génération, visiblement de plus en plus sousl’influence de modèles rigoristes étrangers. Le président russe a du reste clairement dénoncéles tentatives de déstabilisation de la Russie par le biais de cet Islam radical et rappelé que La Russie luttera contre les terroristes jusqu’à leur élimination complète.

Comme pour illustrer ses propos, rien que pour le mois de décembre, une grosse dizaine de terroristes ont été abattus dans le Caucase russe, 260 au total pour l’année 2013. Les autorités russes ont déjoué 12 tentatives d’attentat durant l’année 2013. A titre de comparaison, pour l’année 2011, la police avait déjoué 22 attentats terroristes et éliminés 90 terroristes.

Les attentats dans le Sud du pays ont entrainé un renforcement des mesures de sécurité dans la capitale russe, ne pouvant empêcher qu’un policier soit tué et un autre grièvement blessé lors de l’explosion d’une bombe lancée par le conducteur d’une voiture dans l’Est de Moscou ce 3 janvier 2014.

Tous ces attentats ont-ils un lien avec l’évolution d’une situation dans le monde musulman (notamment en Syrie par le biais du soutien russe au régime Assad) contraire aux plans de certains acteurs régionaux qui sont clairement des sponsors du terrorisme international ? Rien n’est moins sûr après le ton et le contenu des discussions entre Russes et Saoudiens de l’été dernier.

Alors que le mainstream médiatique n’analyse les JO de Sochi que par le biais du prisme des droits faussement bafoués des homosexuels, cette même communauté internationale serait sans doute bien avisée de faire front uni contre un « Front Djihadiste Global » qui, de Boston à Volgograd en passant par Damas, a lui déclaré une guerre totale à l’humanité.

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