Alors que les combats continuent en Syrie et que l’armée syrienne semble continuer à reprendre unavantage décisif sur le terrain, nombre de commentateurs se posent la question des premières conséquences sérieuses à l’extérieur des frontières syriennes en cas d’arrêt du conflit.
Il y a tout d’abord ces rapports de plus en plus inquiétants sur le nombre de jeunes européens combattant ou ayant combattu en Syrie. Ceux-ci seraient officiellement 2.000 mais on peut évidemment suspecter que cette estimation sous-estime l’inquiétante réalité, tant estimer cette présence européenne est difficile.
La France n’est pas exclue, bien au contraire, puisque selon les dernières estimations rendues publiques, près de 400 Français seraient passés par la Syrie (20% du contingent européen ?), 184 s’y trouveraient actuellement, 14 y seraient morts, 80 sont revenus et une centaine veulent en partir. La BBC a récemment publié une interview très intéressante d’un combattant francais parti combattre en Syrie, contre l’Etat syrien, et tout simplement au nom d’Al-Qaïda. Les Belges ne sont pas en reste avec 300 combattants, les Britanniques une centaine et les Danois une petite cinquantaine.
Mais les européens ne sont pas les seuls étrangers présents pour combattre en Syrie, loin de là.
La présence étrangère est du reste en forte hausse depuis quelques mois alors même que la résistance syro-syrienne et l’ASL est elle en totale perte d’influence sur le terrain. Les sources pour estimer cette présence étrangère globale depuis le début du conflit varient, de quelques 10.000 hommes sur le terrain selon le journal Times en aout dernier à jusqu’à 100.000 selon leréseau Voltaire. Au printemps dernier, l’émissaire international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi,avançait le chiffre de 40.000 combattants étrangers en Syrie, lors d’une intervention devant le Conseil de sécurité des Nations unies.
Le site Réseau International rapporte que les autorités syriennes affirment elles que des combattants de près de 80 pays se trouvent actuellement en Syrie en donnant les précisions suivantes : 4.800 Saoudiens, 4.500 Irakiens, 3.000 Palestiniens, 2.700 Tunisiens, 2.000 Algériens, 800 Tchétchènes, 350 Koweitiens, 1100 Indonésiens, 400 Afghans, 1300 européens et des dizaines d’Américains.
A titre d’indications, un rapport de l’agence de statistique américaine PentaPolis indiquait cet été que les représentants de 49 nationalités différentes seraient déjà morts dans les combats en Syrie et que le total des morts étrangers identifiés approchait les 6.000. Les Tunisiens viennent en tête avec 1 902 morts, suivis des Libyens (1.807), des Irakiens (1.432), des Palestiniens (1.002), des Libanais (828), des Egyptiens (821), des Saoudiens (714), des Yéménites (571), des Marocains (412), et des Algériens (273).
La présence de centaines de combattants russes majoritairement du Caucase (lire cetteinterview très instructive) inquiète également Moscou à seulement quelques semaines des JO de Sochi qui se dérouleront justement dans le Caucase russe. Cette présence de combattants russophones concerne aussi l’Ukraine puisque le blog Zebrastationpolaire rappelait que nombre de combattants musulmans tatars d’Ukraine avaient récemment quitté la Syrie etrejoint l’Ukraine pour participer aux manifestations contre le « régime Ianoukovich », la minorité tatare de Crimée soutenant bien évidemment l’intégration au paradis bruxellois et la séparation avec la Russie.
L’apparition de cette mouvance wahhabite-tatare a d’ailleurs fait dire récemment au président de la Tchétchénie Ramzan Kadyrov que les wahhabites tentaient de s’implanter en Ukraine comme ils l’ont fait autrefois en Tchétchénie et en Géorgie.
Cette communauté extrémiste existe pourtant bien déjà en Russie et pas seulement dans le Caucase, comme le montre cette carte qui recense la présence wahhabite en Russie, une présence qui n’épargne aucune région. Récemment, des Islamistes tatars ont incendié sept églises orthodoxes au Tatarstan russe suite à des débats houleux entre députés sur la question de la place de la religion orthodoxe en Russie. Cependant, les coupables ont étéarrêtés et la communauté musulmane du Tatarstan a rassemblé de l’argent pour reconstruire les églises brûlées.
De Paris a Moscou en passant par Damas, le péril est le même et porte clairement le nom de mouvance extrémiste sunnite. Une mouvance dont on peut se demander ce que les milliers de membres qui s’entrainent en Syrie pourraient devenir s’ils devaient revenir s’installer dans leurs pays d’origine, d’Europe, d’Asie et du monde arabe.