La démographie russe sur le premier quadrimestre 2013

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Les lecteurs de RIA-Novosti ont pu depuis début 2011 suivre ma chronique permanente sur la démographie russe, chronique entamée depuis 2008 sur mon site Dissonance. La démographie, les lecteurs s’en souviennent a longtemps été un des cauchemars de la Russie pour améliorer son image à l’étranger et se vendre comme un pays d’avenir, puisque soumis à une intense analyse prospective de spécialistes qui avaient envisagé une chute continue de la natalité et une hausse continue de la mortalité, cette fameuse croix russe. Le pays nous disait-on devait voir sa population chuter dès 2020 et s’effondrer pour atteindre une population de 108 à 116 millions d’habitants en 2050.

Il y a déjà trois ans, j’avais expliqué qu’on pouvait appréhender les chiffres avec un peu plus d’optimisme et que l’effondrement démographique russe n’était qu’un fantasme du en grande partie à une inertie dans les analyses de la situation démographique réelle, situation qui il est vrai évolue rapidement. Bien sur il y a des raisons de s’inquiéter car le terrible creux des naissances des années 1995-2005 devrait amener le nombre de russes en âge de procréer (25-35 ans) à une forte baisse autour de 2025, 2030. Le tableau ci-joint indique l’évolution des classes d’âge des femmes en âge de procréer et on peut voir que la baisse est sérieusement entamée depuis 2008, surtout  dans la tranche des 18-29 ans.

Pour autant, le nombre de naissances n’a cessé d’augmenter depuis 2005, passant de respectivement de 1.479.637 en 2005, 1.479.637 en 2006, 1.610.100 en 2007, 1.717.500 en 2008, 1.764.000 en 2009, 1.789.600 en 2010, 1.793.828 en 2011 et 1.896.263 naissances en 2012, ce qui était assez inespéré. Durant la même période la mortalité a elle aussi fini par baisser, passant de 2.303.935 décès en 2005 à 1.925.036 décès en 2011 et 1.898.836 décès en 2012. La baisse naturelle de population est donc passée de -846.559 en 2005 à -131.208 en 2011 et -2.573 habitants en 2012, année ou le ratio naissances/décès frôle l’équilibre naturel. Il est à noter qu’avec l’immigration, la population globale en Russie augmente depuis 2009.
L’effectif total des classes d’âge en âge de procréer (qui a baissé de 450.000 de 2002 à  2012) ne semble provisoirement pas porter atteinte à la hausse du nombre de naissances en Russie, qui est passé sur la même période de 1,2 à 1.9 millions. Cela s’explique de plusieurs manières.

Il y a tout d’abord l’environnement économique et social qui s’est stabilisé et est plus propice à faire des enfants. Il y a aussi la mode russe de valorisation de la famille, qui passe par une forte propagande d’état et aussi par les magazines people russes dans lesquels par exemple la star est montrée enceinte et la famille valorisée.

Il y a un effet d’inertie parfaitement humain et sans doute pas encore bien défini de mimétisme biologique: la hausse du nombre d’enfants visibles dans les rues stimule sans doute directement la volonté biologique inconsciente des couples de faire des enfants.

Enfin, le nombre d’avortements est en baisse (passé de 1,8 million en 2004 à 825.000 en 2012) et surtout la hausse de l’âge moyen auquel les femmes font des enfants et qui est pour 2012 d’en gros 27 ans. Le Kremlin a en outre défini une politique familiale pour la période de 2012 à 2017, qualifiée de vitale pour l’intérêt national, qui affirme entre autres que “la famille traditionnelle est la base de la souveraineté d’une nation” et envisage un effort particulier d’amélioration des infrastructures logistiques nécessaires à permettre le développement des familles nombreuses.

Pour 2013, la situation démographique semble pour l’instant évoluer de la même manière qu’en 2012, c’est à dire à la hausse du nombre de naissances. Les quatre premiers mois de 2013 ont vu 600.878 naissances contre 592.200 naissances pour les quatre premiers mois de 2012 soit une hausse des naissances de 1,5%. Le nombre de décès sur la même période est lui par contre en hausse puisque passé de 640.673 pour le premier quadrimestre 2012 à 652.495 sur le premier quadrimestre 2013, soit une hausse de 1,8%. Conséquence, le solde naturel négatif qui était de 48.473 pour les 4 premiers mois de 2012, est passé à 51.617 sur la même période de 2013.

Il y a à cela une raison sans doute principalement climatique. Toutes les catégories de causes de mortalité sont en baisse sauf une forte hausse des décès dues aux maladies respiratoires et notamment aux pneumonies, en hausse de 18% sur les trois premiers mois de 2013 par rapport à la même période en 2012. Cette augmentation répertoriée est due sans aucun doute à l’hiver exceptionnellement long et difficile que la Russie vient de connaître.

La Russie devrait donc se diriger pour cette année 2013 vers un quasi équilibre démographique naturel,  comme en 2012, avec une hausse de la population de 200 à 300.000 âmes via l’immigration, et voir le pays atteindre une population de 144 millions d’habitants à la fin de l’année 2013.

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