L’article original a été publié sur RIA-Novosti
Les journées passent et se ressemblent finalement entre la Russie et la France. Dimanche dernier était un jour de manifestations dans les deux pays, et dans les deux pays l’opposition à manifesté avec une idée en tête : la défense des enfants. Bien sur tout le monde à entendu parler de cette manifestation en France contre le mariage pour tous, qui a réuni près de 340.000 personnes selon les chiffres officiels, 800.000 à un millionselon les organisateurs mais 2,5 million selon les chiffres du secrétaire national de l’UMP Charles Beigbeder. Cette dernière estimation ne semble pas très crédible (elle a provoqué des commentaires amusants) mais les écarts de chiffres ne sont pas supérieurs, bien au contraire, aux écarts d’estimations qui ressortent régulièrement après les manifestations en Russie.
Quoi qu’il en soit, les nombreux blogueurs présents ont pu donner une idée plus juste de l’affluence réelle. On peut cependant regretter l’absence de drones pour cette manifestation, comme il y en avait en Russie en novembre 2011, ce qui permettait d’avoir une vision plus claire du nombre de manifestants. Un chiffre qui varie donc de 340.000 à 800.000 manifestants contre le mariage pour tous, à comparer aux 60.000 à 150.000 personnes qui ont défilé en faveur du mariage pour tous.
Curieusement, pour le mainstream médiatique français, alors que 80.000 manifestants sur 143 millions d’habitants (0,05%) en novembre 2011 en Russie symbolisaient le début de la fin d’un régime (on voit un an après la justesse de ces prévisions), 800.000 manifestants sur une population française de 60 millions d’habitants (1,5% de la population) ne symbolisaient rien ou presque rien dimanche dernier.
Cette opposition au mariage homosexuel et à l’adoption d’enfants par les couples homosexuels à même donné lieu à une manifestation d’une partie de la communauté française de Russie puisqu’une bonne cinquantaine de français expatriés à Moscou se sont retrouvés pour marquer leur désaccord avec le projet de loi.
Peu de français le savent, mais l’opposition russe à elle aussi manifesté dimanche dernier au cœur de la capitale. Une grande manifestation qui était censée à la fois tester le degré de motivation et la capacité de mobilisation d’une opposition russe toujours aussi désunie, mais également de tester la capacité de mobilisation de l’opinion russe face au conflit opposant la Russie et l’Amérique quand aux adoptions d’enfants russes. Cette affaire fait partie des nouveaux points de friction entre les USA et la Russie. L’administration américaine a d’abord publié une “liste Magnitsky” interdisant l’accès au territoire américain à nombre d’officiels russes accusés d’être impliqués dans la mort du juriste Magnitsky. Il faut rappeler qu’une autre liste, similaire, avait frappé la Biélorussie pour d’autres raisons, financières celles la. De son côté, l’administration russe a fait voter une loi interdisant l’adoption d’enfants russes par des familles américaines. Une loi qui fait suite à divers scandales ayant concerné des familles américaines et leurs enfants russes adoptés, et qui pourrait dégrader d’autres domaines des relations russo-américaines. Je reviendrai avant la fin du mois sur ce thème essentiel des relations Russo-occidentales.
La manifestation de l’opposition à Moscou (voir photos ici, la et la) a donc rassemblé 7.000 personnes selon la police, 20.000 selon les organisateurs, soit un chiffre réel sans doute équivalent à celui qui était annoncé sur les réseaux sociaux avant la manifestation. A Moscou, la marche était intitulée “marche contre les salauds”, pendant que les opposants à cette manifestation dénonçaient eux le scandale qui concerne une célébrité de l’opposition, le bloggeur Rustam Adagamov (Drugoi), accusé par son ex compagne de viol sur sa fille mineure. Il y avait donc nombre de similitudes entre ces deux manifestations à Paris et Moscou, les deux rassemblements se voulaient apolitiques et contre les gouvernements en place, et les deux cortèges souhaitaient défendre le droit des enfants.
Mais pendant que l’opposition russe défilait pour défendre les adoptions d’enfants russes par les citoyens américains, des représentants du pouvoir ont accusé les manifestants d’être des traitres portant atteinte à la souveraineté nationale. Des critiques qui émanent aussi d’ex-opposants ayant aussi accusé les manifestants d’être des traitres à la solde des américains, on a même parlé de “marche américaine” à Moscou.
Mais les points communs s’arrêtent visiblement la.
Cette manifestation de Moscou survient alors même qu’en Russie des lois ont récemment été votées pour empêcher toute promotion de l’homosexualité et que le président russe a dans son discours de fin d’année rappelé qu’une famille russe normale devait être une famille avec 3 enfants. Avec en plus la volonté de ne plus permettre l’adoption des enfants russes par des familles étrangères (ce qui est du reste difficile voire interdit dans nombre de pays), on discerne bien en Russie une volonté politique de reconstruire la cellule familiale traditionnelle, mise à mal lors de la transition économique libérale des années 90.
La situation est par contre bien différente en France ou dimanche dernier, les manifestants souhaitaient au contraire défendre la structure traditionnelle de la famille, menacée selon eux par les projets du gouvernement français.
Ces manifestations, à Paris et à Moscou ont eu lieu alors que ces deux pays connaissent, tout comme les autres pays européens, une situation démographique catastrophique et de toute façon insuffisante pour assurer la perpétuation des générations. A ce moment historique et crucial de l’histoire du continent européen, est-il bien sage de prendre les enfants en otage?
En quoi la situation demographique de l’europe et de la russie est-elle catastrophique?
Didier
Les expats francais
Dans le cas de la loi russe “anti-adoption”, trouvez-vous cette “réplique” proportionnelle au projet de loi Magnitsky? Et qui sont, selon vous, les premières victimes de la loi “Dima Iakovlev”?
Un anonyme de Montréal