L’article original a ete publié sur le site de RIA-Novosti
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La semaine dernière la Russie a de nouveau subi une catastrophe climatique : Dans la nuit du 6 au 7 juillet des pluies torrentielles ont provoqué des inondations, causé la mort de 171 personnes et fait près de 30.000 sinistrés au cœur de la riviera russe, une région qui s’étend le long de la Mer Noire, entre Anapa et Sotchi. Comme durant l’été 2010 lors des incendies qui ont frappé le pays, une véritable artillerie médiatique s’est immédiatement déclenchée contre les autorités russes. Il est toujours curieux de constater que ce genre d’offensive médiatique se produit uniquement quand une catastrophe climatique a lieu en Russie.
Dans la même presse qui critique les autorités russes, il n’y a pas eu de critique du système politique en Inde lorsque la semaine dernière des inondations ont fait 121 morts et près de 6 millions de refugiés. Pas de critiques non plus contre le gouvernement de la Chine (580.000 habitants sont touchés par des inondations) ou du Japon (30 morts) la semaine dernière. Aucun journaliste ne s’est lancé dans une critique du système politique local lorsqu’en novembre dernier en Italie des inondations ont fait une dizaine de morts dans le nord du pays. Aucune critique non plus sur la gestion des incendies dans le Colorado à la fin du mois de juin, incendies qui ont pourtant entrainé l’évacuation de dizaines de milliers de personnes, ou lors des feux de forêts en Espagne autour de Valence.
Pourquoi ce deux poids deux mesures systématique avec la Russie? Bien sur la Russie se vend mal, et a une fâcheuse tendance à ne faire parler d’elle que lors d’événements tragiques. Des incendies aux inondations et des sous marins qui coulent aux avions qui tombent, le pays semble frappé par des pesanteurs malheureuses, et est constamment soumis à une pression médiatique sans équivalent. Bien sur la faiblesse de communication russe lors de tous ces tragiques événements est patente, mais elle n’explique pas le traitement médiatique injuste dont le pays
est victime.
La presse française a également relayé (voir ici ou la) une théorie complotiste selon laquelle les autorités auraient quasiment noyé la ville de Krimsk par un lâcher d’eau volontaire du barrage de Neberdjaevski. Ce choix serait du à la volonté de préserver nous dit on un quartier de luxe proche de Novorossiysk, ainsi que la station balnéaire de Gelendjik. Ces fantasmes sont démentis par des bloggeurs qui habitent sur place et qui ont vécu l’inondation. Non seulement le barrage en question est derrière une montagne qui fait face à la ville, non seulement il n’y a pas dans ce coin de quartier luxueux de cottages à protéger, mais surtout la retenue d’eau était parfaitement intacte le 08 juillet dans l’après midi, comme le montre cette photo publiée sur le forum Vivre en Russie.
La presse française, qui a unanimement salué la presse russe pour sa relative unanimité critique envers les autorités a en outre oublié de saluer la très grande unité des volontaires russes à travailler ensemble,
puisque militants de l’opposition et militants des mouvements pro-Poutine cohabitent et travaillent ensemble dans des camps de volontaire pour aider les sinistrés de la région. Une magnifique vidéo relate le travail des volontaires à Moscou, alors que prés de 2.000 tonnes d’aide humanitaire ont déjà été expédié de différentes régions de Russie.
Il est à noter que l’offensive médiatique française s’est accompagnée d’une offensive médiatico-politique russe. Le parti d’opposition Iabloko, a par exemple affirmé disposer d’informations confirmant les soupçons du lâcher d’eau en catastrophe, sans pour l’instant les dévoiler. Une accusation reprise par les écologistes locaux et par exemple la militante d’opposition Evguenia Chirikova pour qui le nombre de décès devrait dépasser les 1.000 personnes.
Le blogueur Daniel Besson note que sur la toile on a vu apparaitre de faux et provisoires profils Internet, notamment celui de cette charmante jeune fille du nom de Yulia Andropova qui affirme que “son père venait de prendre son service quand une commission s’est réunie pour décider d’ouvrir les vannes de la retenue (…) Une décision prise sur injonction de Rosneft, l’opérateur Russe du réseau de pipelines et de gazoducs de la Fédération de Russie, afin de soi disant protéger ses installations d’exportation d’hydrocarbures du port de Novorossiysk”.
Etonnant ? D’autant plus lorsque l’on sait que l’opérateur du terminal de Novorossiysk situé de part et d’autre de la montagne n’est pas Rosneft mais Transneft. Il y a eu d’autres provocations via des messages sur l’internet russe, propageant de fausses rumeurs quand a de nouvelles inondations et appelant les habitants à quitter leurs maisons avant les nouvelles crues. Ces rumeurs destinées à déstabiliser les habitants du district sont pour les autorités russes le fait de provocateurs professionnels, et le ministère de l’intérieur à décidé d’ouvrir une enquête à ce sujet.
Pavel Konstantinov, du département de météorologie et de climatologie de la faculté de géographie de l’Université d’Etat de Moscou: “Le Centre hydrométéorologique de Russie a donné alerte plusieurs heures avant les pluies torrentielles qui se sont abattues sur le Territoire de Krasnodar. Mais personne n’imaginait qu’elles puissent produire des dégâts de telle ampleur. C’était une situation sans précédent qu’on a vu dans cette région (…) Il est tombé l’équivalent de 7 mois de précipitations en 24 heures”. Comme le rapporte un témoin sur place: “L’eau est montée très vite, elle a inondé le rez-de-chaussée des maisons en 5-10 minutes, elle a emporté des bordures de trottoir et même des plaques d’asphalte”.
Le vendredi 13 juillet, une autre pluie intense s’est abattue, cette fois ci sur Moscou. En quelques minutes, des rez de chaussée d’immeubles ont été envahis par l’eau, des voitures noyées et 3 personnes sont mortes. De mémoire d’homme, les moscovites disent qu’on a jamais vu une telle quantité de pluie en si peu de temps. Bien sur, lors de toutes catastrophes climatiques, les faiblesses de l’homme et les défauts structurels apparaissent de façon criante, mais que peu l’homme contre une nature déchainée et des dérèglements climatiques exceptionnels? Une chose est certaine, l’effort de modernisation entamé en Russie concerne tant les infrastructures que des mentalités.
Inachevé, ce grand chantier de la nouvelle Russie doit être poursuivi sans relâche. Quand à la critique journalistique, dans un monde juste, elle se devrait d’être constructive et pas seulement obsessionnelle et émotionnelle.
La d’accord à 100% avec vous. je me souviens d’incendies en Californie et en Australie qui ont atteint des zones habitées et qui on fait dans les 40 morts. Ce sont des pays riches où il y a quand même des moyens anti-incendies significatifs. On peut toujours faire des reproches, mais on avait fait à l’époque un procès médiatique proprement scandaleux à l’encontre de la Russie. Et tout le monde avait naturellement oublié qu’en 1972, il y avait plus de fumées qu’en 2010, du moins à en croire les quelques témoins de l’époque que j’ai croisés.
La surmortalité constatée a été logique et été comme la canicule de 2003 chez nous (15 000 morts, sauf à Marseille où un épisode similaire survenu en 1983 avait conduit les autorités à mettre en place un plan canicule, surtout à Tours ou le climat est plutôt frais et humide en général et où on ne s’attendait pas du tout à ça) , une anticipation des décès des personnes déjà fragiles.
Didier