La Russie, au coeur des BRIC et de l’Eurasie

La Russie, 8ème économie du monde a été inclue dans un nouvel ensemble économique créé en 2003 par Goldman Sachs et appelé BRIC . Qu’est ce que les BRIC ?

 

L’ensemble hétéroclite Brésil-Russie-Inde-Chine, ensemble qui représente 40% de la population du monde, 15% du  produit intérieur brut mondial, 1/4 de la surface de la planète, 1/3 des terres agricoles et 40% des réserves de devises. Mais les BRIC cumulent surtout 50% de la croissance économique.  Un ensemble dont l’économie s’est rapidement développé et dont le PIB confondu devrait égaler en 2040 celui du G6 (les États-Unis, le Japon, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France et l’Italie). 
Chacun des BRIC se situerait en 2050 au même niveau que les principales puissances économiques actuelles : les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, etc. Dans un rapport récent il est estimé que le poids des BRIC dans la croissance mondiale passera de 20% en 2003 à 40 % en 2025.  Par ailleurs, leur poids total dans l’économie passera de 10 % en 2004 à plus de 20 % en 2025. récemment, d’autres acronymes ont été créés, préfigurant bien la très grande multipolarisation de l’économie mondiale :
 

 

A titre d’exemple, pour cette année 2010, la Chine devrait connaître une croissance de 10%, l’Inde de 7,7%, le brésil et la Russie de près de 5%. En ce qui concerne l’Europe, lire cette analyse qui définit la Russie d’après crise comme l’éclair de croissance de l’Europe ! En 2030, la Russie devrait être la première puissance économique Européenne, devant l’Allemagne.
Pourtant la Russie n’a pas été épargné par les 18 derniers mois de crise financière mondiale. La production industrielle y a baissé de 10,8% sur l’ensemble de 2009 et le PNB dans son ensemble de 7,9 %. Une chute du PIB liée et corollaire à la chute du prix du pétrole.

 

Cela alors que l’économie Russe a depuis 10 ans connu une croissance formidable :
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
10,0 5,1 4,7 7,3 7,2 6,4 6,7 8,1 5,6 – 7,9
La chute des matières premières est une des équations majeures dans ce ralentissement économique, le cours du baril a chuté de 147 dollars en juillet 2008 à 35 dollars fin décembre 2009. Le cours de l’aluminium se situait à 3370 dollars la tonne le 10 juillet.Il s’est effondré aux environs de 1600 dollars en décembre. La tonne de cuivre était cotée le 4 décembre à 3 422 dollars, alors qu’elle dépassait les 8000 entre mars et juillet 2008. Le cours du Nickel a également subi une chute spectaculaire.
Voir ici l’évolution des indices de prix du laiton / aluminium / cuivre.
Des la moitié de l’année 2009, dans un contexte international hautement bouleversé, et alors que l’on nous assurait qu’une terrible seconde vague économique était inévitable pour l’automne, de nombreuses voix se sont fait entendre pour proposer d’évincer la Russie des BRIC (devenant des BIC). Ces fantasmes émanaient le plus souvent de médias,  think-tank ou d’intellectuels Atlantistes et anglo-saxons, terrorisés par cette perte d’influence de l’Amérique et du monde anglo-saxon dans les “affaires de la planète”. 
Néanmoins dès la fin 2009, un fort vent de reprise se faisait sentir en Russie et le figaro nous donnait les prévisions suivantes :

En avril 2010, mieux, Reuters donnait cette synthèse fort intéressante de l’économie des BRIC montrant que sur la période de  1999 à 2008, le taux de croissance réel de la Russie a été égal à celui de l’Inde, supérieur à celui du Brésil et juste inférieur à la Chine. En outre, la Russie à la baisse du taux de pauvreté de loin la plus réussie, la plus forte, puisque ce taux a été divisé par deux en Russie, pensant qu’il stagnait en Inde et ne baissait que de 25% au Brésil.

 

 

Mieux, Goldman Sachs affirmait dès le début de l’année 2010 que : “Au sein du groupe BRIC (Brésil, Russie, Inde, Brésil) la Russie constituera dans un avenir proche le pays le plus attrayant sur le plan des investissements … Si d’aucuns appellent à exclure en général la Russie du BRIC, nous jugeons que son marché est le plus attrayant pour le capital social. Nous le recommandons pour les investissements, celui-ci affichant les meilleurs résultats .. Nonobstant toutes les difficultés économiques de cette dernière décennie, la Russie a réussi à accroître son PIB libellé en dollars plus que le Brésil et l’Inde.”

 

Selon les estimations de Goldman Sachs, la croissance s’élèvera en 2010 à 5,8% au Brésil, à 4,5% en Russie, à 8,2% en Inde et à 11,4% en Chine, soit 9,2% pour l’ensemble du BRIC contre 4,4% pour le reste du monde. 
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Toujours au début de cette année, Bloomberg affirmait que en 2030 le G7 serait éclipsé par le E7 (emerging 7) soit les 7 puissances émergentes les plus significatives. Toujours en 2030 donc (alors que la Russie devrait être la principale puissance économique Européenne) le PIB combiné des BRIC + l’Indonésie, la Turquie et le Mexique devrait être 30% supérieur à celui de l’ensemble Amérique-Japon-Allemagne-France-Angleterre-Italie-Canada. Toujours selon le rapport, la Chine devrait devenir la première puissance économique mondiale en 2020.
Je m’arrête sur la Turquie car les échanges entre la Turquie et la Russie  sont croissants : “Le chiffre d’affaires des échanges commerciaux entre les deux pays ne s’est pas seulement accru d’environ 8 fois depuis 2000, mais en 2008, l’année d’avant la crise, la Russie est devenue le premier partenaire commercial de la Turquie et les exportations de la Russie vers ce pays se sont chiffrées à 27,1 milliards de dollars (+ 47,5%) avec des importations en provenance de Turquie pour un montant de 6,1 milliards de dollars (+45,2%).(..) En outre le consortium russe Gazprom livre à la Turquie 63% de ses besoins en gaz (la troisième place après l’Allemagne et l’Italie). En 2008, les livraisons de gaz russe ont dépassé 24,5 milliards de m3 (contre 23,5 milliards de m3 en 2007), y compris 10,5 milliards de m3 acheminés par le gazoduc Blue Stream (qui fonctionne depuis novembre 2005).” Une Turquie qui en ce début 2010 témoigne d’un comportement qui laisse penser que le pays souhaite affirmer son statut de puissance régionale indépendante d’envergure, pont entre l’Orient et l’Europe, comme la Russie l’est au coeur de l’Eurasie entre les mondes asiatiques, européens et musulmans.  Symbole de cette alliance des civilisations, la place de la Russie qui participe à diverses institutions et forums reliant l’Asie à l’Europe, on peut citer l’OSCE, la CEI, la CEE, l’OTSC, l’OCS, ou encore l’ASEM et le BRIC, ou encore l’OCI. Ces organisations pourraient préfigurer la création à court ou moyen terme d’une “Union Eurasiatique”, telle que l’a souhaité avec clairvoyance et lucidité le président du Kazakhstan, Nursultan Nazarbayev et en ce sens, l’union douanière commune créée par la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan en est le premier pas (source).


Cette situation a été confirmé lors du sommet Eurasiatique de Iekaterinbourg, des 15 et 16 Juin 2009 durant lequel ont eu lieu les discussions de l’ Organisation de Coopération de Shanghai  (qui regroupe la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Tadjikistan, le Kirghizstan et l’Ouzbékistan et ou l’Iran, l’Inde, le Pakistan et la Mongolie y ont le statut d’observateurs) mais également  entre les pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) à vu ces pays émergents pré-tracer les grandes lignes géopolitiques et géo-économiques de l’avenir comme la création de nouvelles institutions militaires et financières et notamment créer une monnaie de réserve « indépendante d’une nation particulière » (le Yuan ?).
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Le FMI à récemment listé les 10 premières économies mondiales en 2009 par PIB nominal :
 
 
… Et également par PIB à parité de pouvoir d’achat : les 4 BRIC sont dans les 9 premiers et la Russie est devant la France et l’Italie, prédéterminant le tournant historique qui s’annonce dans les décennies à venir ..
 
 

 

 

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