Pourquoi les Européens devraient-ils s’insérer dans un quelconque Commonwealth Transatlantique du XXIe siècle piloté par Washington ? Les États-Unis ne se sont-ils pas déclarés indépendants de l’Angleterre le 4 Juillet 1776 ? L’Atlantique n’est pas du tout une mare (« the pond »), comme se complaisent à le dire les Anglo-saxons, mais un véritable océan que Christophe Colomb a eu le premier l’audace de franchir.
L’ambassadeur de France Gilbert Pérol a eu la lucidité gaullienne d’écrire : « Le courage politique oblige à dire que c’est contre les États-Unis qu’il faut faire l’Europe, ou alors il n’y aura pas d’Europe ». L’Europe ne va pas de Washington à Bruxelles, mais de Brest à Vladivostok.
La Russie est européenne par ses morts qui ont scellé par deux fois le destin de l’Europe : 23 200 000 morts pendant la deuxième guerre mondiale contre seulement 182 070 pour les États-Unis, 1 700 000 pendant la première guerre mondiale de 1914 à 1917 (plus que la France et légèrement moins que l’Allemagne) contre seulement 100 000 en 1918 pour les États-Unis.
Si le catholicisme et l’orthodoxie sont les deux poumons de l’Église, ils sont aussi ceux de l’Europe. Il n’est donc pas possible d’opposer, comme le fait Samuel Huntington dans le « Choc des Civilisations », les catholiques et protestants ouest-européens d’un côté, proches des États-Unis, au monde orthodoxe de l’autre. La Russie est européenne par le centre de gravité de sa population à l’ouest de l’Oural ; l’ethnie russe est fondamentalement blanche et chrétienne.
Le contrôle de la Sibérie sera le grand enjeu du XXIe siècle entre la Grande Europe et la Chine. La Russie est à la fois l’ « Hinterland », le « Far East » de l’Europe par ses grands espaces et un avant poste par rapport à la Chine et à l’Islam de l’Asie centrale. Dans ces régions, l’Européen, c’est le Russe.
Au-delà des contextes historiques et idéologiques complètement différents, Paris, avec Napoléon et le Blocus continental, Berlin avec le « Drang nach Osten » (poussée vers l’Est) des chevaliers teutoniques et le « Lebensraum » (espace vital) du IIIe Reich en direction des steppes russes, Moscou avec le rideau de fer et la guerre froide, ces trois capitales ont voulu réaliser chacune à leur tour cette unité continentale européenne. Ce que l’épée et la force des armes de chacun de ces peuples n’ont pu réaliser, l’intérêt bien compris de ces trois grandes nations pourrait l’effectuer. L’objectif ultime à atteindre serait la constitution d’un arc boréal paneuropéen de nations allant de Brest à Vladivostok qui intégrerait le monde slave et orthodoxe. Il se concrétiserait par le rapprochement entre l’Europe carolingienne, capitale Strasbourg, et la Russie, seule alliance bipolaire capable d’arrimer efficacement sur le Rhin et la Moskova cette nouvelle Grande Europe. L’avenir de l’Europe n’est donc pas dans une Union européenne qui gonfle démesurément, jusqu’à en perdre son identité, mais dans la création de deux alliances ouest et est européennes qui s’équilibrent mutuellement et rivalisent amicalement.
Il importe par ailleurs de donner à la Grande Europe, à défaut du français, et suite à la trop grande difficulté du latin, une langue véhiculaire et utilitaire neutre qui ne soit pas la langue des Américains, l’espéranto, afin d’assurer la survie et le rayonnement de toutes les grandes langues nationales
européennes.
Marc Rousset*
* Marc Rousset est l’auteur d’un important ouvrage, La nouvelle Europe, Paris-Berlin-Moscou, sous-titré : “Le continent paneuropéen face au choc des civilisations”, éd. Godefroy de Bouillon, 2009, 538 pages, 37€.
vladimir Volkoff:”new york:10000 kms et l ocean,Moscou:2500 kms, acoté”!
tout est dit!