Dimitri Medevedev vient ce jour de prouver que la Russie est bien le pays le plus constructif quand à la nouvelle architecture des relations internationales. Son discours magistral fera date, ayant même été qualifié par le président suisse de : “30 merveilleuses minutes” !
Les grandes lignes ci dessous du “discours d’Evian” prononcé lors de la “World Policy Conference” organisée par l‘Institut français des relations internationales (Ifri).
“Je m’arrêterai tout d’abord sur les causes de l’accumulation du potentiel conflictuel. Je pense qu’il faut remonter aux événements d’il y a sept ans. A cette époque, les Etats-Unis cherchant à consacrer leur domination mondiale, une chance historique a été ratée, celle de désidéologiser la vie internationale et de construire un ordre mondial véritablement démocratique“.
“Après le renversement du régime des talibans en Afghanistan, les Etats-Unis se sont lancés dans une série de démarches unilatérales qui n’ont été concertées ni avec l’ONU ni avec les partenaires de Washington, notemment la dénonciation du traité ABM et l’intervention en Irak. L’unilatéralisme américain a “renforcé la tendance à la division”, qui s’est traduite par la proclamation unilatérale de l’indépendance du Kosovo et le retour pratique à la politique de dissuasion“.
“Les Alliés n’en finissent pas de rapprocher leurs infrastructures militaires de nos frontières, et ils creusent de nouveaux clivages en Europe. Il est tout à fait naturel que nous considérions ces démarches comme dirigées contre nous“.
“Quand les décisions sont prises de cette façon, sans consultations, y compris avec ses propres partenaires de l’OTAN et de l’UE, sans consultations à l’intérieur de l’Europe, on a l’impression que demain de nouveaux boucliers antimissiles suivront“.
“L’unilatéralisme exclue toute garantie“.
“Il n’est pas possible d’ignorer le fait que ni la diplomatie multilatérale, ni les mécanismes régionaux, ni l’architecture européenne de sécurité n’ont fonctionné pour prévenir l’agression géorgienne. Le “NATO-centrisme” a prouvé son incapacité. Il faut en tirer les conclusions”.
“L’Europe atlantique a besoin “d’un ordre du jour positif“.
“Les événements dans le Caucase ont montré la fragilité de l’architecture européenne de sécurité et confirmé la justesse de l’idée d’un nouveau traité de sécurité européenne“.
“Quand la crise caucasienne est imposée à la Russie, à l’Europe et au monde entier, nous sommes parvenus à agir de manière déterminée et concertée, avec une nette conscience de notre responsabilité à l’égard de l’avenir européen”.
“Il faut accélérer la réparation du système de sécurité européen pour éviter sa dégradation ultérieure et l’aggravation de la crise dans le domaine de la sécurité et du contrôle des armements”.
“De la nécessité de réglementer les institutions, nationales et internationales, de régulation, de niveler le décalage sérieux entre le montant des outils financiers émis et le rendement réel des programmes d’investissements, et de consolider le système de gestion des risques“.
“Chacun des acteurs du marché doit assumer sa part de responsabilité dès le début. Il ne faut pas se faire d’illusion sur l’accroissement sans fin du coût des actifs. Cela n’a jamais lieu car cela contredit la nature même de l’économie“.
“ Il faut convoquer un sommet international sur la crise financière mondiale, et mettre en place un espace économique commun entre l’Union européenne et la Russie … Il est également important d’introduire dans le débat sur les moyens d’assainir le système financier international la Chine, l’Inde, le Brésil, le Mexique et l’Afrique du Sud“.