Dimitri Medvedev, le nouveau président de Russie s’est fait connaître tout d’abord comme bras droit de Vladimir Poutine, président de la société Gazprom mais aussi comme celui des deux bras droits de Vladimir Poutine qui a géré (non sans succès ?) le problème de loin le plus sérieux qui attend la Russie d’ici le milieu du siècle.
Le pays devrait en effet traverser un hiver démographique comme il n’en a jamais connu.
Les chiffres donnent froid dans le dos : en 1979, la population de l’URSS était de 280 millions d’habitants, elle a augmenté de 10 millions en 20 ans pour atteindre 292 millions d’habitants en 1989, juste avant sa disparition.
A la chute de l’URSS, la Russie se retrouve amputée de presque la moitié de sa population, 30 millions de russes résidants dans les républiques devenus des nations autonomes furent exclus du grand « recensement » de 1990 qui comptabilisa alors 149 millions d’habitants.
La disparition de l’URSS et l’effondrement social et économique entraîna la Russie dans une crise économique d’une ampleur sans précédent. Les mesures de choc des réformateurs / libéraux de l’entourage du président Eltsine pour remédier à la « crise économique » qui frappait la Russie furent les principales causes de cet effondrement démographique. La thérapie de choc de Egor GAIDAR et Anatoli TCHOUBAIS créa en quelque sorte un véritable génocide démographique. L’octroi des manettes de l’économie via le contrôle de certaines banques et du commerce extérieur à une poignée d’initiés proches du Kremlin permit à ces derniers de mettre l’économie du pays en pièce et de ruiner le pays.
A côté le peuple lui mourrait.
L’effondrement démographique fut très rapide, et dura pendant toutes les années 90, jusqu’aux début du second mandat Poutine, en 2004.
Quelques chiffres pour illustrer cet incroyable déclin démographique, qui parlent d’eux mêmes …
Entre 1990 et 1995, le taux de mortalité infantile grimpa de 56% et le la mortalité féminine de 26%. L’espérance de vie masculine passa de 64 ans en 1990 à 57 ans en 1995 ! Le Russe a cette époque vivant moins longtemps que l’indonésien ou le péruvien. L’espérance de vie féminine elle baisse de 74 à 70 ans.
Entre 1990 et 1995, le démographe Américain jugea que l’excédent de décès durant cette période était de 3 millions d’habitants soit le double de l’excédent de décès dues aux difficiles conditions de vie des civils en Russie durant le second conflit mondial. L’effondrement Russe de 1990 à 2000 équivalait à l’effondrement démographique éthiopien lors de la famine de 1980 ou du cambodge de pol-pot …
Cet effondrement démographique frappa d’abord les personnes âgées puis les jeunes. L’effondrement économique frappa de plein fouet le système hospitalier Russe. La Russie connut un regain de maladies qui n’existaient même plus dans nombre de pays du 1/3 monde : diphtérie, typhus, choléra, fièvre typhoïde … Mais surtout la tuberculose qui frappa la population de plein fouet. En 1995, on estimait qu’un détenu sur dix était touché. Chaque année, selon l’institut de statistiques de Harvard et l’institut de la santé publique de New-York, chaque année entre 1990 et 1996, les prisons Russes relâchaient 30.000 porteurs de souche active et 300.000 porteurs de souche dormante. Si rien n’avait été fait, 12% de la population du pays auraient été contaminée en 2005.
Entre 1990 et 1998, les maladies sexuellement transmissibles montèrent en flèche. Le nombre de syphilis recensées passa de 8.000 à près de 400.000. Le SISA lui explosa littéralement et le chef de file de l’épidémiologie Russes estima que au rythme des années 90, 10 millions de personnes seraient contaminées en 2005 (NB on estime en 2008 que 500.000 personnes seraient porteuses du SIDA). Cette explosion du SIDA était aussi en grande partie due aux drogues. On estime qu’en 1998 le marché Russe était le principal marché du monde. En 1998 on estimait à 5 millions le nombre de drogués du pays (3% de la population).
Si les jeunes consommaient de la drogue, les plus vieux buvaient. Une enquête de 1998 prouva que 50 des hommes buvaient en moyenne plus de ½ litre de vodka par jour. Entre 30.000 et 40.000 personnes mourraient chaque année de vodka frelatée.
Rien qu’entre 1990 et 1998, furent recensés : 259.000 suicides, 230.000 décès par empoisonnement (de vodka), et 169.000 assassinats.
Alors que de plus en plus de Russes mourraient, surtout, de moins en moins naissaient. A la fin des années 1990, il y a avait 3 millions d’IVG / an en Russie, pour 1 millions de naissance. Mais le nombre réel d’avortements était 5 ou 6 fois plus élevés. Le principal institut statistique Russe estima qu’à la fin des années 1990, plus d’un adulte femme sur trois était stérile et une sur deux avaient des troubles du système reproducteur. Cet absence de natalité féminine fut accru par la hausse de la prostitution, en Russie mais aussi à l’étranger. L’émigration très élevée d’hommes vers l’étranger fut largement suivi par le nombre élevé de femmes devenues (par force ou nécessite) esclaves sexuelles, notamment en Europe de l’ouest.
Les enfants qui naissaient n’avaient cependant pas tout gagnés. En 1993, sur 1,6 millions de naissance, 5% des enfants qui naissaient été abandonnés par leurs parents. En 1998, on était passé a 1,3 millions de naissance et un taux d’abandon de 9%. En 1998, 1 million d’enfants erraient dans les rues.
Enfin les dernières guerres ont porté un coup dur à la jeune génération mâle, surtout la première guerre de Tchétchénie en 1995, ou des milliers de tous jeunes conscrits furent envoyés au carnage.
Tout cela entraîna un déclin démographique implacable.
En 1990 la Russie comprenait 149 millions d’habitants, 145 millions d’habitants en 2001 et 142 millions en 2007.
La Russie a perdu 7 millions d’habitants en moins de 20 ans. Le rythme de croisière de disparition du peuple Russe était de tranquillement lancé, à a peu près 400.000 citoyens de moins chaque année. En face, le pouvoir politique, en totale décomposition se révèle incapable de faire quoi que ce soit.
Les scénarios démographiques Russes les plus optimistes envisagent une population de 101,9 millions d’habitant en 2050, les plus pessimistes une population de 77 millions d’habitants, soit la moitié de la population actuelle.
Si rien ne changeait, le nombre de jeunes de 15-24 ans devrait être réduit de moitié en 2015.
Une telle chute est le seul exemple historique en temps de paix.
C’est un voyant mauve foncé qui clignote et indique que le capital santé des Russes est en très mauvais état. Ce carnage démographique sans précédent à fait comprendre aux autorités Russe l’urgence d’un plan démographique de très grande ampleur.
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En 2005 Vladimir Poutine, alors président en avait fait la priorité de l’état et avait nommé son premier bras droit, Dimitri Medvedev responsable aux « projets nationaux », notamment le « projet santé » destiné à améliorer la natalité dans le pays. Ces tâches « sociales » on sans doute contribué à lui donner une image de « libéral » aux yeux des médias étrangers, hors il n’en est sans doute rien, celui ci est présenté en Russie comme un «homme dur qui n’hésiterait pas à prendre des décisions les plus impopulaires au nom de la nation russe».
Une batterie de mesure ont été prises pour aider à la natalité et aider les jeunes couples à faire un second voir un troisième enfant .. Les plus importantes sont des prime financières de l’état, des sociétés ou des administrations locales, mais aussi des aides aux crédits et aux logements, certaines régions, accordent aux jeunes ménages des prêts pour l’achat de logement qui peuvent être “effacés” à l’occasion de la naissance d’enfants, et prévoient des avantages fiscaux voir même des mesures de “clémence” pour les retards de loyers…
Les résultats du plan Medvedev ne se sont pas fait attendre et ont été même fulgurants :
En 2005 la population Russe a décrue de 760.000 habitants, ce qui était le record absolu.
En 2006 la baisse n’a été «que» de 520.000 habitants.
En 2007 la baisse n’a été «que» de 280.000 habitants.
La ministre de la Santé, Tatiana Golikova, s’est engagée début 2008 à ce que le déclin démographique cesse en 2011 avec une population stabilisée à 143 millions d’âmes. « Vers 2011, le taux de mortalité doit égaler le taux de natalité et s’élever à 12 ou 13 décès pour 1.000 habitants ». Selon elle, ce taux était de 14,7 pour 1.000 en 2007 et 15,3 pour 1.000. “Nos avancées sont visibles“, a encore estimé la ministre.
Les autorités savent que pour enrayer ce déclin, chaque famille doit avoir 3 enfants.
En 2007, le taux de natalité en Russie a battu un record vieux de 25 ans, augmentant de 122.000 naissances (+ 8,3%) par rapport à 2006 pour atteindre 1,6 million de naissances, selon les données communiquées par le ministère russe de la Santé publique. “C’est la première fois depuis 25 ans que nous avons enregistré une telle augmentation du nombre de naissances d’une année sur l’autre. Le nombre d’enfants nés en 2007 représente le meilleur chiffre depuis 1991“, est-il indiqué dans un rapport du ministère. La part des deuxièmes et troisièmes naissances a progressé de 33% au début de 2007 à 42% en fin d’année.
Dans son discours prononcé auprès du représentant du président russe pour la Région fédérale Nord-Ouest, M. Medvedev a déclaré en janvier 2008 que «la réalisation du projet national ‘Santé’ et les mesures supplémentaires adoptées à cet effet ont abouti à une augmentation de la natalité de 8% et à une réduction de la mortalité de plus de 5%, dont celle de la population active de 7%, des enfants en bas âge de plus de 9% et des accouchées de plus de 5%. Tout cela nous a permis de diminuer d’un tiers la décroissance naturelle de la population».
Néammoins malgré ces résultats « optimistes » n’ont pas pour autant réglé la situation, le gap des 15-24 ans dans la pyramide des âges risque de créer un « trou » sans précédent sur le marché du travail à très court terme. Les statistiques de l’ONU estiment qu’il faudrait chaque année 1.000.000 d’émigrants pour combler le gap démocratique mais les mesures restrictives de l’administration Russe à l’encontre des «émigrants de l’ancien espace soviétique» (Asie centrale, caucase, europe de l’est) mais aussi à l’égard des Européens (mesures Zurkov de juin 2007) ne permettent pas pour l’instant d’imaginer que l’état Russe semble accepter cette solution.
Ce déclin démographique a aussi des conséquences géopolitiques puisque si la partie Orientale de la Russie (est de l’Oural) se dépeuple, sa partie Occidentale et sud est devenue attractive. La conséquence est donc le dépeuplement de la zone frontalière avec la Chine, la Sibérie dont on dit déjà en 2008 qu’elle comprendrait en plus de ses 40 millions d’habitants, près de 10 millions de clandestins Chinois, soit un habitant sur quatre ….
A suivre …..