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Des Pussy Riot aux Femen, croisade contre les églises?

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L’affaire Pussy Riot n’en finit pas de faire des vagues. Jamais le Main Stream Médiatique ne se sera autant déchainé contre la Russie “de Vladimir Poutine”. Les qualificatifs émotionnels n’ont pas manqué, la presse française n’a pas hésité à parler de Camp lorsqu’il n’était pas affirmé que la Russie réinventait le Goulag (au choix). L’objectif est clair, tenter d’accoler une rhétorique totalitaire pour faire monter la pression médiatique et choquer l’opinion internationale. Alors que de nombreux lecteurs m’ont écrit pour me demander ce qu’il en était des autres Pussy Riot masquées qui ont participé à l’action, qu’ils soient rassurés, celles-ci ne sont pas des agents du FSB qui ont participé à une provocation comme cela m’a été soufflé par un lecteur, elles sont bel et bien recherchées, au dernière nouvelles elles auraient même fui  le pays.  Le Main Stream ne cesse en outre de marteler que les jeunes femmes auraient été condamnées pour une prière anti-Poutine et ce malgré le fait que le juge et le jugement ne mentionnent pas ce fait.

Encore une fois on ne peut que constater que le Mainstream dirige de façon méthodique et obsessionnelle cette affaire vers la personnalité de Vladimir Poutine, un peu comme cela était le cas lors des incendies de 2010, ou l’offensive médiatique contre un pays en Flammes avait atteint un niveau d’agressivité sans précédent. De la même façon que le premier ministre était tenu pour responsable de chaque départ d’incendie en 2010, il est désormais tenu responsable de chaque condamnation dans le pays, surtout celles qui déplaisent  à  certains artistes Américains et Européens. Ces derniers n’ont-ils aucune autre priorité en tête ? A leurs yeux une condamnation à 14 mois de prison pour blasphème (2 ans moins la période de préventive déjà effectuée) justifie vraiment qu’ils prennent position contre ? Curieusement pourtant, on ne les entend pas lorsqu’au sein de l’Union Européenne, en Pologne, une célèbre chanteuse de pop est actuellement poursuivie et risque aussi deux ans de prison
ferme pour « simple » blasphème. Personne n’a l’air d’être choqué par le fait qu’en Allemagne des soutiens aux Pussy Riot ont envahi la cathédrale de Cologne. En Allemagne la loi prévoit que ces manifestants risquent jusqu’à 3 ans de prison, pour avoir perturbé un office religieux.

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Syrie : révolution ou coup d’état?

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Alors que l’affaire Pussy Riot n’en finit pas de faire parler d’elle, la condamnation des 3 anarchistes masquées éclipserait presque la terrible guerre civile qui est en train de se jouer en Syrie. Alors que le printemps arabe de 2011 frappe nombre de pays au proche et moyen orient, la Syrie n’est pas non plus épargnée. Dès le début 2011, comme en Tunisie, un jeune Syrien du nom d’Hasan Ali Akleh s’immole par le feu.

 

Dès le mois d’avril 2011, la situation se complique sensiblement, des clashs violents opposent les manifestants à l’armée Syrienne. Malgré de nombreux gestes et mesures de l’état Syrien à cette période pour tenter de résorber les tensions sociales (baisse des taxes sur les produits alimentaires, embauche de fonctionnaires, non instauration de la TVA ou encore création de fonds sociaux pour aider les plus démunis…), la tension continue d’augmenter et les manifestations gagnent en intensité dans tout le pays. La Syrie connait durant ce printemps 2011 son printemps arabe.Dès l’été 2011 des soldats démissionnaires créent l’Armée Syrienne Libre (ASL), et les affrontements avec l’armée Syrienne deviennent meurtriers. A cette époque se crée également une hypothétique structure d’opposition : les comités locaux de coordination pour l’avenir politique de la Syrie, qui aboutiront à la création en octobre 2011 en Turquie du Conseil National Syrien (CNS), majoritairement sous domination des frères musulmans.

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Quelques rappels sur les événements d’août 2008

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Le mois d’août marque un bien triste anniversaire, celui de la guerre de 2008 qui a tragiquement opposé deux peuples voisins et orthodoxes: la Russie et la Géorgie. Cette guerre a éclaté pour diverses raisons, historiques et territoriales bien sur mais également à cause de la superposition d’aspirations géopolitiques contraires entre 3 entités bien distinctes : la Russie, la Géorgie et l’Ossétie du sud.
Le mainstream médiatique a longtemps présenté le conflit d’aout 2008 comme une manifestation de l’impérialisme russe sur ces anciennes
républiques et même un envahissement de la Géorgie par la Russie. Il est d’ailleurs intéressant de relire certains articles, par exemple ici, la ou encore ici. Malheureusement pour certains journalistes, le rapport Heidi commandé par la commission européenne confirmera en septembre 2009 la responsabilité de Tbilissi dans le déclenchement de ce conflit. Le comité d’enquête de la fédération de Russie est arrivé aux mêmes

conclusions en établissant que “En violation de toutes les normes internationales il y a eu de la part de la Géorgie une agression préparée, ouverte contre la population civile d’Ossétie du Sud, contre le contingent de la paix russe”. La Russie pourrait d’ailleurs saisir la Cour Pénale Internationale et poursuivre le pouvoir Géorgien. Cette responsabilité historique géorgienne est d’ailleurs également reconnue par de nombreux hommes politiques Georgiens, comme par exemple l’ex premier ministre Tenguiz Sigoua.

Cette guerre est une bonne illustration de l’incroyable imbroglio caucasien postsoviétique, des difficiles rapports de Moscou avec ses marches, mais aussi de la pression géopolitique et médiatique qui existe contre la Russie. Lors de l’effondrement de l’Union-soviétique en 1991, et dans un souci de cohésion nationale post indépendance, la Géorgie supprime le statut d’autonomie de l’Ossétie, statut acquis sous l’Urss. Dès 1991: un conflit militaire oppose l’état Georgien avec les indépendantistes ossètes souhaitant notamment le rattachement à la république d’Ossétie du nord, frontalière mais située dans les frontières de la fédération de Russie. Le conflit dura jusqu’en juin 1992 et aboutit à l’accord de Sotchi qui maintient l’essentiel du territoire Ossète sous contrôle des indépendantistes. Une force  d’interposition sous mandat de l’ONU fut créée, composée de troupes géorgiennes, sud-ossètes et russes, ainsi qu’une commission composée de Russes, Nord-Ossètes, Sud-Ossètes et Géorgiens sous la présidence de la CEI. La même année, un coup d’état a lieu et Édouard Chevardnadzé est nommé président du Conseil d’État, avant d’être élu président de la république en 1995 avec 74% des suffrages. Il conservera le pouvoir jusqu’en 2003 ou un nouveau coup d’état (une révolution de couleur) aboutira à l‘arrivée au pouvoir cette fois de Mikhaïl Saakachvili. Celui ci remportera l’élection présidentielle de 2004 avec pas moins de 96% des voix. Deux ans plus tard, en 2006, les autorités sud-ossètes qui contrôlent la région, votent leur indépendance, qui ne sera reconnue que par la Russie.

Mais parallèlement, les relations Russie/Occident se sont dégradées, notamment via la Géorgie. Pour Moscou, la révolution de couleur en Géorgie de 2004, pacifique mais parfaitement orchestrée, s’inscrivait dans une logique offensive occidentale, non militaire, mais visant à déstabiliser les marches russes. L’objectif de ces révolutions de couleurs pour le Kremlin est clairement d’organiser l’installation de nouveaux dirigeants politiques hostiles au Kremlin que ce soit en Serbie en 2000, en Géorgie en 2003 ou en Ukraine en 2004. Le président Bush qualifiera d’ailleurs lui-même la révolution de couleur en Géorgie de “séquence historico-politique modèle pour d’autres pays qui recherchent la liberté”. Moscou a aussi toujours affirmé que la mouvance terroriste et islamo-séparatiste qui opérait dans le Caucase a utilisé la vallée du Pankissi (en territoire Géorgien) comme base arrière, et ce avec une complicité plus ou moins passive de l’état Géorgien.

C’est dans ce contexte global difficile et très tendu que les événements d’août 2008 ont eu lien. Après plusieurs accrochages entre l’armée  Géorgienne et les milices indépendantistes Ossètes, les troupes géorgiennes ont lancé le 6 août un assaut militaire sur l’Ossétie. L’attaque fit 18 morts dans les forces russes de maintien de la paix de la CEI. La réponse de la Russie fut proportionnée et dès le 08 août l’armée russe rentra en Ossétie pour repousser l’offensive Georgienne.

Récemment le mainstream médiatique français a encore frappé puisque suite à des déclarations mal interprétées ou peut être simplement mal traduites, on a pu lire que: “Vladimir Poutine a assuré à la télévision russe que la guerre de Géorgie avait été préparée par un plan d’attaque dès 2006”. Ou encore que Vladimir Poutine “reconnaît avoir planifié la guerre en Géorgie” et que “L’invasion de la Géorgie avait été mise en point deux ans avant le conflit”. Malheureusement, cette transcription n’est pas complète, puisque le plan cité par le président russe n’est pas un plan d’invasion ou de déclenchement de conflit, mais un plan je cite de “réaction à une invasion militaire Géorgienne en Ossétie”: “У России был план реагирования на вторжение Грузии в Южную Осетию, признал сегодня Владимир Путин”.

La Russie savait évidemment via ses services de renseignement dès le 04 août, qu’une opération était envisagée dans les jours qui suivaient. A ce titre le 05 août, la Russie avait du reste mis en garde la Géorgie contre une intervention militaire en Ossétie. Le mois précédent, soit en Juillet 2008, les troupes géorgiennes ont tenu un exercice militaire dénommé “réponse immédiate” impliquant près de 2.0000 hommes. Le même mois, les troupes russes ont elle aussi mené des manœuvres d’entrainement avec prés de 8.000 hommes.

Beaucoup de commentateurs ont été visiblement choqués que la Russie reconnaisse avoir entrainé des milices Ossètes dès 2006. Il faut se souvenir qu’en 2006, les autorités sud-ossètes qui contrôlent la région, votent leur indépendance (qui ne sera reconnue que par la Russie) et souhaitaient aussi réintégrer la fédération de Russie et se réunifier avec l’Ossétie du nord, elle en territoire russe. Titulaire de passeports russes, les ossètes se sentent en outre fondamentalement comme un peuple de la fédération de Russie. A la même époque (en fait dès 2002) des centaines de conseillers militaires américains sont arrivés en Géorgie, pour entrainer les troupes Georgiennes soi disant à la lutte antiterroriste.
L’armée géorgienne, se préparant à une hypothétique adhésion à l’Otan dont le président Saakachvili avait fait une priorité, avait notamment lancé un très ambitieux programme militaire, visant à renforcer et développer l’armée. Elle a notamment reçu (entre 2004 et 2008) des  entrainements via des troupes militaires d’Amérique, de Turquie, de France, d’Israël, de la Pologne, d’Ukraine ou encore de Hollande.

Comment dès lors être surpris que les russes aient pu envisager divers scénarios dont une attaque sur l’Ossétie menée par une armée Géorgienne remise à niveau,  attaque  décidée par un leader politique qui a naïvement cru qu’il pourrait entrainer l’Otan dans une guerre contre la Russie?

Pussy Riot : pourquoi une telle médiatisation?

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La presse étrangère s’est passionnée pour un fait divers pourtant relativement sans importance : le dit procès des Pussy Riot. Reprenons les faits. Le 21 février 2012, 3 jeunes femmes encagoulées et déguisées envahissent la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou avec guitares et matériel sonores, et y entament une sorte de prière sous
forme de chanson, blasphématoire et grossière (Avec des paroles telles que “Sainte Marie mère de Dieu, deviens féministe” ou encore “merde, merde, merde du Seigneur”), politiquement dirigée contre le candidat à l’élection présidentielle Vladimir Poutine, mais également contre le patriarche orthodoxe accusé de “croire en Poutine plus qu’en dieu”. Les jeunes femmes sont rapidement interpellées, arrêtées et déférées devant un tribunal qui ordonne leur mise en détention préventive en attendant leur procès, qui a lieu actuellement. L’église orthodoxe a de son côté  réagi en organisant une grande manifestation autour de cette même cathédrale en avril dernier, manifestation dédiée à “a correction de ceux qui souillent les lieux sacrés et la réputation de l’Eglise” et a laquelle ont pris part des dizaines de milliers de fideles pour afficher leur soutien à l’église et au patriarche. Continue reading

Le point démographique de juin 2012 en Russie

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Le thème de la crise démographique russe est en train de passer de mode. Curieusement en effet on trouve beaucoup moins d’articles sur la crise démographique russe. Il y a encore un an ou deux pourtant, nombre d’experts prévoyaient un effondrement total de la population russe, le pays étant menacé par une crise démographique sans précédent. La Russie lisait-on, était en outre une société ” trop fermée et conservatrice, pour accepter une réelle politique migratoire” et l’inertie des phénomènes démographiques était soit disant tel telle “qu’elle ne pourrait espérer renverser l’évolution”. Bien souvent, ces prévisions démographiques étaient totalement irrationnelles et émotionnelles, et basée sur des données ne prenant absolument pas en compte ni la structure sociologique de la population, ni les changements démographiques brutaux, eux-mêmes
liés à de brutaux changements sociopolitiques.

Il est vrai que le pays a traversé une crise démographique sans précédent. 1991 fut la dernière année ou le solde positif naturel (hors immigration) fut positif avec 1.794.626 naissances et 1.690.657 décès, soit une hausse de population de 103.969 habitants. Ensuite, la population commença à diminuer, malgré les énormes flux entrées/sorties qui accompagnèrent la recomposition géopolitique et humaine postsoviétique. Si l’on ne tient compte que des baisses annuelles naturelles de population (naissances – décès), la fédération de Russie a perdu 11.236.989 habitants sur la période 1991 – 2005. Bien sur, à cause des grands flux d’immigrations (le retour de millions de russes des républiques soviétiques et la forte immigration de populations issues de la CEI) la baisse a été atténuée et la population de la fédération de Russie a diminué de « seulement » 5.280.000 sur la même période.

De 1991 à 2005, la baisse naturelle de population a été de 11.236.989 habitants soit une baisse annuelle moyenne de 802.642 personnes.
De 2005 à 2009, la baisse naturelle de population (naissance-décès) a été de 2.614.811 habitants soit une baisse annuelle moyenne de 522.960
habitants.De 2009 à 2011, la baisse naturelle s’est élevée à 619.687 habitants soit une baisse annuelle moyenne de 206.429 habitants.

Dès 2003, les autorités russes ont estimé que le problème démographique était l’un des principaux problèmes de la Russie. A partir de 2005, la baisse naturelle de la population a commencé à ralentir, d’abord grâce à l’amélioration de la situation économique, mais également parce que les nombreux enfants nés dans les années 80 sont désormais en âge de se reproduire à leur tour. En 2005 l’Etat a aussi lancé un programme national “santé” confié à Dimitri Medvedev, alors vice-Premier ministre en charge des projets nationaux prioritaires. Destiné à relancer la natalité et faire baisser la mortalité, ce new-deal démographique a eu de bons résultats.

Quelques chiffres pour bien comprendre les très fortes variations de ces dernières années:
– Entre 1999 et 2011, le nombre de naissances est passé de 1.214.689 à 1.796.629 et le nombre de décès de 2.365.826 en 2003 à 1.925.720 en
2011.
– Le taux de fécondité, qui était de 2,02 enfants par femme en 1989 est tombé a 1,15 enfants par femme en 1999, pour remonter à 1,61 enfants
/ femme en 2011.
– De 1991 à 2005, soit sur 14 ans il y a eu officiellement 34.978.220 avortements, soit une moyenne annuelle de 2,5 millions d’avortements
(sources ici et la).

De 2005 à 2011, soit sur 7 ans, le nombre d’avortements a été de 9.590.573 soit une moyenne annuelle de 1,370 millions. Néanmoins la diminution du nombre d’avortements est entamée, puisqu’il y a eu 1.675.693 avortements en 2005, contre 989.375 en 2011. Curieusement, ce
véritable génocide est passé sous silence par la très grande majorité des commentateurs.
Enfin, grâce à une immigration contrôlée et plus ou moins stabilisée à 250.000/300.000 entrées annuelles, la population a légèrement augmenté en 2009 (+30.000), stagné en 2010, et augmenté en 2011 (+190.000), pour s’établir à 143 millions d’habitants le 01 janvier 2012.

Que se passe t-il en 2012?
Les chiffres des 6 premiers mois de l’année sont disponibles et confirment clairement la tendance en cours. Le premier semestre 2012 à vu 905.739 naissances contre 842.579 naissances pour le premier semestre 2011 (+7.5%), et 962.666 décès contre 981.399 décès pour le premier semestre de 2011 (-1.9%).La baisse naturelle de population pour le premier semestre 2012 est donc de 56.927 habitants, contre une baisse de 138.820 habitants pour le premier semestre 2011.Il est intéressant de regarder les statistiques démographiques des 12 derniers mois, soit la période allant de juillet 2011 à juin 2012. Sur cette période il y a eu 1.856.988 naissances et 1.906.303 décès, soit une baisse naturelle de population de 49.315 personnes.

Comme je le prévoyais en décembre dernier, 2012 devait donc voir plus d’1,8 millions de naissances et moins d’1,9 millions de décès, et ainsi une baisse de population probablement autour de 50 ou 60.000 habitants, contre une baisse de 130.000 habitants en 2011, de 240.000 en 2010 et de 290.000 en 2009.

Le taux de fécondité devrait donc avoisiner pour 2012 les 1,7 ou 1,75 enfants par femme et l’espérance de vie d’un bébé qui nait cette année est désormais de 70 ans soit au niveau de pays de l’Union Européenne (Roumanie ou Pays Baltes…).
La baisse de la mortalité et des avortements, la vraisemblable hausse des naissances (ou du moins leur stabilisation), couplée à un solde migratoire qui reste stable et positif, font que la population ne devrait vraisemblablement plus baisser mais même sensiblement augmenter
d’ici 2020. On peut donc parfaitement imaginer que la population russe atteigne 145 ou 146 millions d’habitants en 2020, ce qui correspond à la
version haute des pronostics démographiques publiés par Rosstat.

Russie: éducation et modernisation

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Lorsque la question de la gouvernance de la Russie s’est posée à la fin du second mandat de Vladimir Poutine, la Russie avait le vent en poupe. L’économie russe connaissait une forte croissance, les prix des matières premières explosaient et Russie Unie, le parti au pouvoir connaissait une popularité assez phénoménale. Le choix Medvedev était un choix sans doute bien réfléchi, et qui devait avoir plusieurs buts, parmi lesquels: envoyer un signal de détente aux occidentaux, et passer à la vitesse supérieure dans le projet essentiel de modernisation de l’économie. La guerre en Géorgie d’aout 2008 a quelque peu refroidi les relations avec l’Occident, quant à la crise financière américaine (des subprimes) qui a frappé la Russie en 2008, ses conséquences sur l’économie russe ont été relativement importantes. Ce n’est que cetteannée (quatre ans plus tard) que la Russie a totalement retrouvé son niveau économique d’avant crise.

La modernisation est, et sera sans doute le grand chantier intérieur de la Russie pour ces prochaines années. De la capacité de la Russie à se moderniser dépendront sans doute tant le niveau de corruption, que l’attractivité financière ou encore son image dans le monde avec toutes les conséquences liées. Le discours “Russie en avant” de Dimitri Medvedev de novembre 2009 a été interprété par les commentateurs du monde entier comme une nouvelle étape de cette modernisation forcée. Pourtant ce vaste chantier a été dès 2004 mis en avant par Vladimir Poutine. Pourquoi pas avant, c’est-à-dire entre 2000 et 2004? Parce qu’avant il fallait reconstruire l’état, et c’était un grand chantier prioritaire.

Les élites russes sont conscientes que cette modernisation passera inévitablement par l’apport de technologies, de savoirs et de savoir faire de l’étranger (notamment de l’ouest), c’est sous son impulsion qu’a été créée “l’agence d’initiative stratégique”. L’agence a des objectifs ambitieux. Elle veut devenir une structure facilitant l’émergence de jeunes leaders qui contribueront à la construction d’une nouvelle économie, pour faire de la Russie un des pays les plus attractifs du monde. L’agence devrait mettre en place jusqu’à 200 projets chaque année. Parmi les nombreux projets prévus, un programme ambitieux pour sponsoriser les cursus d’étudiants russes à l’étranger. Il s’agit de permettre à ces étudiants d’obtenir des diplômes occidentaux, et de se familiariser, à l’étranger, avec d’autres méthodes de travail.

En échange de cette prise en charge financière, les étudiants concernés auront pour seule obligation de travailler au moins 3 ans en Russie pour des sociétés privés ou publiques, juste après l’obtention de leur diplôme. Si les étudiants refusent de revenir travailler en Russie, ils devront rembourser le prêt contracté auprès de l’agence pour financer leurs études. L’objectif du projet est clair : il s’agit d’améliorer la productivité dans l’économie russe.

Le projet doit être lancé cette année (2012) et concerner 3.000 étudiants sur la période 2012-2015 : 250 en 2012, 900 en 2013, 1.200 en 2014 et 650 en 2015. Le projet est financé en partie par l’état mais aussi par des sponsors privés, principalement de grosses sociétés russes ayant déjà noué des partenariats dans le cadre de ce projet. Le budget alloué est de 125 millions de dollars sur la période 2012-2015. Les partenariats concernent 300 universités dans près de 25 pays. Les Etats-Unis sont en tête avec 66 établissements partenaires, suivis de l’Angleterre avec 28. Pour le reste, 61 établissements sont situés en Europe, 11 en Chine et 9 au Japon. Les projets concernés sont divers : Domaine scientifique, technologique, médical, social ou économique.

Beaucoup de commentateurs ont critiqué la création de cet institut en estimant qu’il ne s’agissait que d’une pâle copie d’une expérience similaire menée par le gouvernement chinois dans les années 70, et qui a permis à prés d’un million d’étudiants chinois d’aller étudier à l’étranger. Pourtant, cette idée d’aller voir à l’ouest et observer ce qui s’y passe est également une vieille tradition russe. Le premier ministre russe a donc décidé de s’inspirer de la Chine dans la période moderne, mais également d’une vieille tradition russe.

Le Tsar Pierre le Grand, père politique de la “Russie européenne “, modernisa le pays après être allé lui-même en Europe pour observer et apprendre, et ainsi tenter de combler le plus rapidement possible les retards technologiques que la Russie avait dans de nombreux domaines.
Pour ce faire, le Tsar russe partit incognito en 1696 en Prusse (pour y étudier l’artillerie) mais aussi aux Pays-Bas et en Angleterre (pour approfondir ses connaissances en construction navale). Puis, Tsar de Russie, il tenta aussi d’encourager l’industrie et le commerce, et il envoya des jeunes à l’étranger afin d’améliorer leurs connaissances générales.

La Russie ainsi s’inspire de modèles américains et asiatiques performants (Chine, Singapour..) qui ont une tradition de financement d’études à l’étranger pour leurs ressortissants. En outre, une des facettes du projet est également de permettre en 2020 l’apparition de facultés et universités russes de qualité mondiale, alors qu’à l’heure actuelle la Russie n’a pas une seule de ses universités classée parmi les 200 premières de la planète. Un objectif ambitieux alors que le budget de l’éducation est en baisse pour la période 2012 à 2015.

C’est à Perm que le soleil se lève en premier en Europe

L’article original a été publie sur Ria Novosti.

* Les lecteurs de RIA-Novosti savent depuis le 05 octobre 2011 que la ville Russe de Perm s’est lancée dans un projet assez inattendu: devenir la capitale européenne de la culture. Cette semaine, interview avec l’un des principaux acteurs de ce projet: le ministre de la culture de la région de Perm, Alexandre Protasevitch.  

Alexandre Protasevitch bonjour, pourriez vous vous présenter a nos lecteurs?  Bonjour, oui bien sur! J’occupe actuellement le poste de Ministre de la culture, de la jeunesse et des communications dans la région de Perm. Perm est une ville située à 1.200 km à l’Est de Moscou. Mes fonctions consistent en fait principalement à diriger les institutions culturelles régionales en y implémentant les initiatives culturelles mais aussi à m’occuper de la culture des différentes entités régionales, soit prés de 2.644 entités territoriales dont 25 villes et 30 bourgs de type urbain.

Pourriez-vous nous parler un peu plus du projet de faire de PERM une capitale européenne de la culture? D’où est né ce  projet et quel y est votre rôle, en tant que Ministre de la culture de la région de Perm? Le projet de désignation de villes en tant que capitales européennes de la culture est une initiative de l’Union Européenne qui a plus de 20 ans. Cela consiste à honorer une ville par ce titre pour une durée d’un an. Ce beau programme nous a séduit par sa capacité à mettre en valeur une ville en tant que centre d’attraction culurelle.Nous avons étudié les expériences de plusieurs villes post-industrielles qui ont porté ce titre, les avantages économiques et touristiques que les villes ont connus grâce à ce programme nous ont parus réellement saisissants. Après avoir échangé avec mes homologues de villes jumelées avec Perm comme Duisburg en Allemagne et Pecs en République tchèque je me suis sérieusement mis en tête de tenter cette compétition. L’idée a été soutenue par le gouverneur du Krai de Perm mais également par toute son équipe.

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Inondations: la Russie à nouveau sous le feu des critiques?

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La semaine dernière la Russie a de nouveau subi une catastrophe climatique : Dans la nuit du 6 au 7 juillet des pluies torrentielles ont provoqué des inondations, causé la mort de 171 personnes et fait près de 30.000 sinistrés au cœur de la riviera russe, une région qui s’étend le long de la Mer Noire, entre Anapa et Sotchi. Comme durant l’été 2010 lors des incendies qui ont frappé le pays, une véritable artillerie médiatique s’est immédiatement déclenchée contre les autorités russes. Il est toujours curieux de constater que ce genre d’offensive médiatique se produit uniquement quand une catastrophe climatique a lieu en Russie.

Dans la même presse qui critique les autorités russes, il n’y a pas eu de critique du système politique en Inde lorsque la semaine dernière des inondations ont fait 121 morts et près de 6 millions de refugiés. Pas de critiques non plus contre le gouvernement de la  Chine (580.000 habitants sont touchés par des inondations) ou du Japon (30  morts) la semaine dernière. Aucun journaliste ne s’est lancé dans une critique du système politique local lorsqu’en novembre dernier en Italie des inondations ont fait une dizaine de morts dans le nord du pays. Aucune critique non plus sur la gestion des incendies dans le Colorado à la fin du mois de juin, incendies qui ont pourtant entrainé l’évacuation de dizaines de milliers de personnes, ou lors des feux de forêts en Espagne autour de Valence.

Pourquoi ce deux poids deux mesures systématique avec la Russie? Bien sur la Russie se vend mal, et a une fâcheuse tendance à ne faire parler d’elle que lors d’événements tragiques. Des incendies aux inondations et des sous marins qui coulent aux avions qui tombent, le pays semble frappé par des pesanteurs malheureuses, et est constamment soumis à une pression médiatique sans équivalent. Bien sur la faiblesse de communication russe lors de tous ces tragiques événements est patente, mais elle n’explique pas le traitement médiatique injuste dont le pays
est victime.

Comme lors des incendies de 2010, une seule et même obsession se fait sentir dans nombre de grands médias : Mettre les autorités politiques en cause. Alors que le 7 aout 2010, au moment des incendies, certains journaux titraient sur “la faillite du système Poutine”, presque deux ans plus tard certains médias tentent de nous faire croire que: “les russes ne croient plus Poutine”. Dépassé par les incendies en 2010, Vladimir Poutine serait en 2012 dans l’embarras et comme en 2010 contraint de rejeter la faute sur son administration.

La presse française a également relayé (voir ici ou la) une théorie complotiste selon laquelle les autorités auraient quasiment noyé la ville de Krimsk par un lâcher d’eau volontaire du barrage de Neberdjaevski. Ce choix serait du à la volonté de préserver nous dit on un quartier de luxe proche de Novorossiysk, ainsi que la station balnéaire de Gelendjik. Ces fantasmes sont démentis par des bloggeurs qui habitent sur place et qui ont vécu l’inondation.  Non seulement le barrage en question est derrière une montagne qui fait face à la ville, non seulement il n’y a pas dans ce coin de quartier luxueux de cottages à protéger, mais surtout la retenue d’eau était parfaitement intacte le 08 juillet dans l’après midi, comme le montre cette photo publiée sur le forum Vivre en Russie.

La presse française, qui a unanimement salué la presse russe pour sa relative unanimité critique envers les autorités a en outre oublié de saluer la très grande unité des volontaires russes à travailler ensemble,

puisque militants de l’opposition et militants des mouvements pro-Poutine cohabitent et travaillent ensemble dans des camps de volontaire pour aider les sinistrés de la région. Une magnifique vidéo relate le travail des volontaires à Moscou, alors que prés de 2.000 tonnes d’aide humanitaire ont déjà été expédié de différentes régions de Russie.

Il est à noter que l’offensive médiatique française s’est accompagnée d’une offensive médiatico-politique russe. Le parti d’opposition Iabloko, a par exemple affirmé disposer d’informations confirmant les soupçons du lâcher d’eau en catastrophe, sans pour l’instant les dévoiler. Une accusation reprise par les écologistes locaux et par exemple la militante d’opposition Evguenia Chirikova pour qui le nombre de décès devrait dépasser les 1.000 personnes.

Le blogueur Daniel Besson note que sur la toile on a vu apparaitre de faux et provisoires profils Internet, notamment celui de cette charmante jeune fille du nom de Yulia Andropova qui affirme que “son père venait de prendre son service quand une commission s’est réunie pour décider d’ouvrir les vannes de la retenue (…) Une décision prise sur injonction de Rosneft, l’opérateur Russe du réseau de pipelines et de gazoducs de la Fédération de Russie, afin de soi disant protéger ses installations d’exportation d’hydrocarbures du port de Novorossiysk”.

Etonnant ? D’autant plus lorsque l’on sait que  l’opérateur du terminal de Novorossiysk situé de part et d’autre de la montagne n’est pas Rosneft mais Transneft. Il y a eu d’autres provocations via des messages sur l’internet russe, propageant de fausses rumeurs quand a de nouvelles inondations et appelant les habitants à quitter leurs maisons avant les nouvelles crues. Ces rumeurs destinées à déstabiliser les habitants du district sont pour les autorités russes le fait de provocateurs professionnels, et le ministère de l’intérieur à décidé d’ouvrir une enquête à ce sujet.

Pavel Konstantinov, du département de météorologie et de climatologie de la faculté de géographie de l’Université d’Etat de Moscou: “Le Centre hydrométéorologique de Russie a donné alerte plusieurs heures avant les pluies torrentielles qui se sont abattues sur le Territoire de Krasnodar. Mais personne n’imaginait qu’elles puissent produire des dégâts de telle ampleur. C’était une situation sans précédent qu’on a vu dans cette région (…) Il est tombé l’équivalent de 7 mois de précipitations en 24 heures”. Comme le rapporte un témoin sur place: “L’eau est montée très vite, elle a inondé le rez-de-chaussée des maisons en 5-10 minutes, elle a emporté des bordures de trottoir et même des plaques d’asphalte”.

Le vendredi 13 juillet, une autre pluie intense s’est abattue, cette fois ci sur Moscou. En quelques minutes, des rez de chaussée d’immeubles ont été envahis par l’eau, des voitures noyées et 3 personnes sont mortes. De mémoire d’homme, les moscovites disent qu’on a jamais vu une telle quantité de pluie en si peu de temps. Bien sur, lors de toutes catastrophes climatiques, les faiblesses de l’homme et les défauts structurels apparaissent de façon criante, mais que peu l’homme contre une nature déchainée et des dérèglements climatiques exceptionnels? Une chose est certaine, l’effort de modernisation entamé en Russie concerne tant les infrastructures que des mentalités.

Inachevé, ce grand chantier de la nouvelle Russie doit être poursuivi sans relâche. Quand à la critique journalistique, dans un monde juste, elle se devrait d’être constructive et pas seulement obsessionnelle et émotionnelle.

Voyage au pays des Russes pour des lecteurs français de Valeurs Actuelles

L’article original a ete publié sur le site de RIA-Novosti.
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Du 2 au 5 juin 2012, Moscou a reçu une visite très intéressante, celle de membres du club des lecteurs de Valeurs Actuelles. Pour ceux qui ne connaîtraient pas Valeurs Actuelles, il s’agit d’un hebdomadaire français d’information générale, qui paraît le jeudi. Son tirage est proche des 90.000 exemplaires, ce qui correspond à environ 500.000 lecteurs réguliers (sources). Valeurs Actuelles est diffusé essentiellement par abonnement. Valeurs actuelles appartient au groupe VALMONDE, tout comme le mensuel “Le spectacle du Monde”, qui traite d’actualité politique, géopolitique et culturelle.
 
Les quarante voyageurs privilégiés emmenés à Moscou par “Valeurs actuelles” et “Voyages à la une” sont repartis de Russie avec au moins trois enseignements principaux,  comme le précise le compte rendu de voyage paru dans Valeurs Actuelles :
-Il y a bien des trésors dans les musées de Moscou.
-Il y a une extraordinaire vitalité dans la société moscovite.
-Il y a un sérieux décalage entre la réalité russe et les sombres descriptions de la plupart des médias français. “C’est à croire qu’ils raisonnent sur des idées et des images figées dans les années 1990”, leur a même dit un français expatrié à Moscou.

Trois jours seulement pour ressentir l’atmosphère de Moscou, c’est insuffisant, et j’espère que ces 40 voyageurs français reviendront plus longuement. Quiconque est déjà venu dans cette mégalopole de 14 millions d’habitants n’a pas pu ne pas ressentir que la ville est une fourmilière gigantesque et une bulle d’énergie sans limites. Hugo Natowicz et moi-même avions tenté de faire partager ces sensations moscovites, difficiles à expliquer ou à décrire, dans deux textes parus dans Ria Novosti : “énergie russe” et “survivre a Moscou“. Je pense que ces deux textes reflètent bien la réalité de la capitale russe. Celle d’une ville-monde dans l’état, qui n’a probablement pas d’équivalent en occident. On retrouve un peu l’atmosphère de Moscou dans certaines grandes villes d’Asie.
Mais bien évidemment, et les lecteurs de RIA-Novosti s’en doutent bien, c’est le troisième constat qui est le plus intéressant : Il y a un  “sérieux décalage entre la réalité russe et les sombres descriptions de la plupart des médias français”. Lors de leur visite, les 40 lecteurs de Valeurs Actuelles ont eu le privilège de rencontrer l’ambassadeur de France en Russie, Jean de Gliniasty, qui est en poste depuis janvier 2009. Celui-ci a affirmé non seulement “regretter la vision biaisée” de trop de médias français sur la Russie, mais aussi le fait que “la perception de la Russie n’est pas adéquate à l’état actuel de ce pays”.
 
J’ai participé à un déjeuner débat avec les 40 visiteurs au célèbre Café-Pouchkine. Pour la plupart, ces visiteurs ont fait des carrières de cadres ou de chefs d’entreprises en France, et leurs questions ont surtout porté sur l’économie, les salaires, les entreprises en Russie, et sur le mode de vie des étrangers à Moscou, l’optimisme ou le pessimisme dans la Russie d’aujourd’hui. Autant de questions qui sont rarement abordées de façon objective dans la presse française.
C’était l’occasion d’expliquer que la Russie est depuis quelques années déjà une terre d’opportunités qui a commencé à intéresser quelques  français, surtout depuis la crise de 2008 qui a secoué la planète et notamment les pays occidentaux. Expliquer aussi la transformation d’un expatrié français qui tente sa chance en Russie et qui devient un Russpat  (mot hybride mélange de russe et d’expatrié, traduisant le statut de
français installés en Russie, russophones et en cours de russification).
Sur le parcours, pour ceux qui veulent s’adapter, travailler et vivre en Russie sans être recrutés par une multinationale, les difficultés ne manquent pas. C’est plus compliqué que traverser le Channel et s’installer en co-location à Londres. Il n’y a pas que le climat, l’alphabet cyrillique et la complexité de la belle langue russe. Il y a la redoutable administration russe, labyrinthe compliqué et implacable, avec ses démarches interminables. C’est au contact de cette montagne que beaucoup se découragent. Certains dirigeants politiques russes d’aujourd’hui disent que personne n’a encore trouvé comment simplifier l’administration depuis l’époque des Tsars.

Cette sensation face à l’administration, ou face à des habitudes de vie et de travail inconnues en occident se résume dans une phrase célèbre de Natalia Narotchniskaia que j’ai citée aux visiteurs “le XIXe, le XXe et le XXIe siècle cohabitent en Russie”. On peut trouver le pays attirant, mais aussi insaisissable et brutal. Ceux qui ne se découragent pas découvrent que la Russie a un plan démographique ambitieux, et cherche à attirer des immigrants en grand nombre. Le taux de chômage est très faible en Russie, particulièrement à Moscou. De plus l’esprit d’entreprise est même encouragé (pour ceux qui ont le courage d’affronter la bureaucratie russe) par l’administration fiscale qui a créé un régime simplifié pour les nouvelles entreprises de petite taille. Un seul impôt libératoire de 6% du chiffre d’affaires, c’est loin d’être confiscatoire, et c’est une aubaine pour ceux qui veulent créer et développer une activité. (J’y reviendrai dans une tribune: Comment monter sa TPE en Russie).

Le mode de vie à Moscou, dans son aspect sécurité / insécurité, a fait l’objet de plusieurs questions. Difficile de croire, pour des parisiens, que des jeunes femmes moscovites élégantes, leur portable dernier cri à la main, puissent prendre le métro tard le soir, jusqu’au terminus, sans être menacées par des bandes de voyous. C’est pourtant le cas, beaucoup de français installés à Moscou en témoignent. Cette sensation de vivre dans une ville relativement “tenue” même si l’insécurité zéro n’existe pas, est un des aspects les plus attrayants de la “Moscow way of life”.

Les questions sur le pouvoir politique russe et la personnalité de Vladimir Poutine ont été nombreuses. Expliquer en quelques minutes à des visiteurs étrangers le chemin parcouru par la Russie de 2000 à 2012 n’est pas facile. Un risque d’éclatement territorial dans les années 90, la période des oligarques, deux guerres (2000 et 2008), le terrorisme rémanent et la crise financière, pour en arriver à une croissance économique soutenue qui se poursuit, il fallait résumer: “Les choses vont très vite ici. Il faut venir maintenant, Poutine et Medvedev sèment les graines de ce qui va éclore dans dix ou quinze ans”.

J’invite les lecteurs à lire le compte rendu du voyage disponible sur le site de Valeurs-Actuelles.

Vers un monde sans Union Européenne?

L’article original a été publié sur Ria-Novosti
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Les espagnols auront entendu au moins une bonne nouvelle durant cette année 2012: ils ont bien la meilleure équipe de football d’Europe. Mais une sombre coïncidence se confirme: les derniers vainqueurs de l’euro de la décennie sont dans une situation proche de la faillite économique, Grèce (2004) et Espagne (2008 et 2012).En Europe, pas un mois sans une “réunion de la dernière chance”, pas un jour sans que les mots “marchés financiers” ou “crise financière” ne viennent inquiéter la grande majorité des européens quand à leur avenir proche. Mois après mois ces réunions entre membres de l’Union Européenne construisent toutes des solutions provisoires, pour éviter l’éclatement de la zone Euro, et peut être celui de l’Union Européenne. Pour les citoyens des pays de l’union, le spectacle devient tragique : les pays à bout de souffle demandent comment emprunter encore plus, les autres donnent des conseils : travailler plus et gaspiller moins.


Les mauvais élèves de la classe (“les médiocres” dirait le politologue Biélorusse Vadim Gigin) espèrent que les élections en Allemagne en 2013 verront la chute politique du système Merkel, afin de permettre la mise en place d’euro-bonds destinés à mettre en commun (mutualiser) les dettes d’états via des euro-obligations. Ce système d’euro-bonds aurait pour conséquence directe qu’en cas de faillite d’un Etat les autres seraient “tenus” de rembourser sa dette. Autrement dit, il s’agit de faire payer l’ensemble des états encore relativement sains en jouant sur le principe de “solidarité financière”. Et peut être un choc psychologique pour les marchés, destinée à aider les derniers de la classe, en faisant baisser les taux d’intérêts spéculatifs.

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