Bataille pour Moscou?

Le 20ème siècle a vu le remplacement de la domination anglaise par la domination américaine. Ce remplacement d’une  puissance maritime par une autre ne modifiera pas l’existence de deux contraintes incontournables: d’abord la maîtrise des mers mais aussi l’obligation d’intervenir  dans le centre  géo économique du monde. Ce deuxième objectif est inscrit dans la doctrine géopolitique anglo-saxonne, qui définit les rapports entre puissances mondiales comme une concurrence entre les puissances dites maritimes (Angleterre, Amérique), et celles dites continentales (Allemagne, Russie, Chine). Cette théorie est celle d’un des pères de la géopolitique moderne, Halford Mackinder (1861-1947), qui a défini  ’existence d’un “pivot du monde“ (Heartland) situé en Eurasie, dans une zone couvrant l’actuelle Sibérie,l’Asie centrale et le Caucase. Mackinder redoutait que cette zone du monde ne s’organise et ne devienne totalement souveraine, excluant ainsi l’Amérique de la gestion des affaires du monde. Le plus grand danger selon Mackinder aurait été une alliance des deux principaux empires continentaux que sont l’Allemagne et la Russie. Il appelle donc à la constitution d’un front d’états capable d’empêcher une telle coalition de voir le jour. Après 1945, l’URSS est vue de par sa taille et son influence comme la principale puissance susceptible d’unifier ce Heartland. Elle est donc devenue par défaut l’adversaire principal de l’Amérique. Une seconde théorie géopolitique développée par Nicholas Spykman (1893-1943) considère que la zone essentielle n’est pas tant le Heartland que  la région intermédiaire entre ce dernier et les mers riveraines. Cette seconde théorie, complétant la première, proposait d’empêcher la puissance continentale principale (URSS hier et Russie dès 1991) d’avoir accès aux mers. A cette fin, un front d’états devait également être créé mais afin de constituer et de contrôler une zone tampon entre l’URSS et les mers voisines (mer du nord, mer Caspienne, mer noire, mer méditerranée). 
Pour l’historienne Natalia Narochnitskaya, cette volonté d’endiguement est toujours d’actualité. Il s’agit surtout d’écarter la Russie du secteur nord de l’ellipse énergétique mondiale, zone qui comprend  la péninsule arabe, l’Irak, l’Iran, le Golfe persique, le Caucase nord (Caucase russe) et l’Afghanistan. Concrètement il s’agit de couper l’accès aux détroits, aux mers, aux océans ainsi qu’aux zones à fortes ressources énergétiques, et donc de repousser la Russievers le Nord et vers l’Est, loin de la méditerranée, de la mer noire, et de la mer Caspienne. Cette poussée s’exerce donc sur un premier front allant des Balkans à l’Ukraine pour le contrôle de la mer Égée et de la mer noire, et sur un deuxième front allant de l’Égypte à l’Afghanistan pour le contrôle de la mer rouge, du golfe persique et de la mer Caspienne.

Mainmise américaine sur la nouvelle Europe
A la fin de la seconde guerre mondiale, l’Amérique et l’URSS se font face, c’est la guerre froide dans un monde que l’on peut définir comme bipolaire. Cette guerre froide finira avec l’effondrement de l’URSS en 1991. Le monde d’après 1991 sera unipolaire et américano-centré,  le nouvel ordre mondial du président Bush père se concrétise dans les sables d’Irak en 1991. A l’époque beaucoup pensent que plus rien ne changera jamais, on parle de la fin des idéologies, voire de la fin de l’histoire avec une Amérique qui régnerait à jamais sur la planète. Pendant la guerre froide, l’Union européenne s’est bâtie sur des fondements transatlantiques, puisque c’est l’Amérique via le plan Marshall qui a « aidé » l’Europe ruinée à se reconstruire, avant de superviser sa transformation en Union européenne. Ambrose Evans-Pritchard, journaliste britannique du Daily Telegraph, expliquera après l’étude de documents rendus publics par les Archives nationales des États-Unis le rôle des services secrets américains dans la campagne en faveur d’une Europe unie, dans les années 1950 et 1960. Ces documents montrent que l’instrument principal de Washington dans la mise en œuvre de ce plan pour le continent était le Comité américain pour une Europe unie (American Commitee for a United Europe – ACUE), créé en en 1948. Donovan, qui se présentait alors comme un avocat en droit privé, en était le président de ce comité. Le vice-président était Allen Dulles, directeur de la CIA dans les années 50. Le conseil d’administration de l’ACUE comprenait Walter Bedell Smith, qui avait été le premier directeur de la CIA, et toute une liste d’anciennes personnalités de l’OSS et d’officiels qui faisaient des allers-retours avec la CIA. Les documents révèlent aussi que l’ACUE a financé le Mouvement Européen, qui était la plus importante organisation fédéraliste européenne pendant les années d’après-guerre. Le Département d’État joua également un rôle puisqu’une note de la direction Europe, datée du 11 juin 1965, conseille au vice-président de la communauté économique européenne [CEE, qui a précédé l’UE], Robert Marjolin, de poursuivre l’édification d’une union  monétaire européenne. Elle recommande d’empêcher tout débat jusqu’à ce que
l’adoption de telles mesures devienne pratiquement inévitable”. Enfin les documents confirment que l’Amérique œuvrait très activement dans les coulisses afin d’amener la Grande Bretagne à intégrer l’organisation européenne. Ceci permet de mieux comprendre la guérilla que l’Amérique a menée contre le général De Gaulle de  1961 à 1969 lorsque celui-ci empêchait  l’entrée de l’Angleterre dans l’Union européenne naissante.  Cette intégration transatlantique et occidentale se traduira par une solidarité anti-soviétique pendant la guerre froide. Peu à peu, l’extension de l’Otan est devenue une sorte de complément naturel de l’intégration de nouveaux états à l’Union européenne. Ainsi l’Otan empêche toute souveraineté militaire en Europe, alors même que l’organisation supranationale européenne est dépourvue de toute souveraineté politique. Cette extension vers l’Est de l’Otan, à un moment ou le pacte de Varsovie n’existe plus aura un dessein géopolitique bien précis: utiliser l’Europe comme tête de pont pour aider la percée Américaine vers le continent eurasiatique et refouler l’influence russe le plus a l’est de ce continent eurasiatique.La logique géopolitique est évidente: garder le contrôle du continent et une Europe coupée, afin d’éviter que l’Europe unifiée ne devienne un géant pôle politico-économique, concurrent de l’Amérique.

Années 2000 : La nouvelle donne
L’élection de Vladimir Poutine (qui pour l’analyste Aymeric Chauprade est un événement géopolitique majeur) et la renaissance rapide de la Russie ont modifié les rapports entre puissances pendant la dernière décennie. L’agrandissement de l’Otan en Europe orientale s’est accompagne d’une pression maintenue sur l’est de l’Europe et sur le Caucase. Plusieurs états ont été visés par des événements politiques similaires dans les années 2000: des révolutions de couleurs. Elles ont concerné principalement des états dont les régimes n’étaient pas spécialement hostiles a Moscou, ni réellement pro occidentaux. Dans le mainstream médiatique occidental on a souvent présenté ces événements comme des soulèvements spontanés et démocratiques. On sait aujourd’hui que les révolutions de couleur étaient en réalité des coups d’états démocratiques, sponsorisés et co-organisés de l’extérieur via un grand nombre d’ONGs, dont la liste est consultable ici. On a parlé « d’Orangisme » (en lien avec la révolution orange en Ukraine) pour qualifier ce courant géopolitique occidentaliste. La révolution en Ukraine a aussi pu bénéficier du soutien financier de donateurs plus inattendus comme l’oligarque libéral en exil Boris Berezovski pour qui la révolution était avant tout dirigée contre la Russie.

Le morcellement de la Russie, un objectif
géopolitique
En septembre 1997, l’un des plus influents politologues Américain, Zbigniew Brezinski a publié  un article sur la géopolitique de l’Eurasie expliquant que le maintien du leadership Américain passe par un découpage de la Russie en  trois états distincts qui seraient ensuite regroupés sous l’appellation “Confédération Russe” en affirmant dans son ouvrage « Le grand échiquier » qu’ainsi la Russie serait moins susceptible de nourrir des ambitions impériales et ne serait pas capable d’empêcher la prise de contrôle de l’Eurasie par l’Amérique.  Cette idée de démembrer la Russie en plusieurs états est ancienne. Lors du grand jeu au 19ème siècle, pendant la lutte opposant les empires russe et britannique en Asie centrale et dans le Caucase, l’Angleterre avait bien compris l’importance et Ottoman qui ouvraient à la Russie une l’accès à la méditerranée et à la mer noire. Dès 1835 l’Angleterre a donc tenté de déstabiliser la Russie notamment par des livraisons d’armes dans le Caucase, et par la création de comités Tchétchènes ou Tcherkesses lors du congrès de Paris en 1856, après la guerre de Crimée. Ce front Caucasien restera, au cours du 20ème et 21ème siècle une sorte de zone molle par laquelle l’Angleterre puis l’Amérique tenteront de déstabiliser la Russie. Au début du 20ème siècle en effet des responsables des républiques musulmanes de Russie, principalement dans le Caucase et en Asie centrale, tenteront d’organiser la bataille vers leur indépendance avec le soutien de l’Occident, c’est la naissance du Prométhéisme, un  mouvement qui a travers le siècle va lutter pour réveiller les identités et encourager divers séparatismes, afin d’affaiblir la Russie. Après la dislocation de l’URSS et la disparition du pacte de Varsovie, une partie des élites russes avait pensé avec  naïveté que la guerre froide était finie, et que l’Otan ne chercherait pas à s’agrandir.  Le soutien de Vladimir Poutine à Georges Bush en 2001 aurait pu marquer le début d’une collaboration dans l’hémisphère nord, au sein d’une alliance allant de Vancouver à Vladivostok. A cette fin, un conseil Russie-Otan  a même été créé en 2002. Mais contrairement aux promesses faites a la partie Russe, l’extension de l’Otan a continué vers l’est, dans une logique post-guerre froide, il y a eu les révolutions de couleur, et les intentions de l’Amérique dans le Caucase et en Asie centrale ne sont pas claires. Aujourd’hui l’encerclement de la Russie se poursuit avec l’installation du bouclier anti-missile aux frontières du pays. Les idées de Mackinder, de Spykman  et de Brezinski ne sont peut être pas mortes et la Russie est aujourd’hui la cible d’une pression « orangiste » visant au démembrement du pays.

Le nationalisme sécessionniste, une manipulation orange.
Les commentateurs étrangers ont souvent beaucoup de mal à interpréter et admettre la recomposition identitaire et territoriale en cours. La Russie d’aujourd’hui peut être définie comme un état eurasiatique, multiethnique et multiconfessionnel. La Russie n’est pas une nation, elle est selon Nikolaï Starikov « un alliage unique de centaines de peuples, étendu sur presque tout le continent eurasiatique ». Il n’y a pas une Russie mais des Russies, maintenues ensemble grâce à un pouvoir politique central qui compense les effets d’inertie créés par la taille du territoire, la variété des peuples qui y habitent mais également les grandes différences de mode de vies de ces peuples. Comme l’a parfaitement résumé Natalia Narochnitskaya: « La Russie vit en même temps au 19ème, au 20ème et au 21ème siècle. Elle combine l’opulence et la misère; la technologie de pointe y côtoie les conditions de vie les plus primitives; on trouve, sur son territoire, tous les climats possibles; de nombreuses religions et civilisations y cohabitent. La coexistence relativement harmonieuse de toute cette diversité confère à la Russie une expérience unique. En tout cas, nous n’avons jamais eu de guerres de religions comparables à celles qui ont sévi en Europe ».Des événements traduisent pourtant le maintien d’une agitation « orangiste » en Russie. En  2010 l’incident de la mine de Rapadskaia fut suivi par une manifestation violente qui s’est avérée être organisée, notamment via internet, avec le soutien de sites étrangers Anglais et Ukrainiens, appelant à la violence contre l’état russe. Suite à ces événements une mystérieuse  « Union des résidents du Kouzbass » est apparue sur internet, appelant rien moins qu’a la sécession de la Sibérie occidentale. Pour le député local, la piste étrangère / orangiste est la plus probable quand au déclenchement de
ces troubles. De façon très surprenante, ces appels furent repris sur des sites indépendantistes Caucasiens, et défendus par le major Dimovsky, un policier célèbre au sein du mainstream médiatique occidental pour avoir dénoncé dans une vidéo la corruption en Russie. L’enquête
avait permis d’identifier l’un des possibles sponsors de ce dernier: le comité des droits de l’homme de Novorossisk, une sous filiale de l’USAID, qui est une des principales ONGs actives dans le sponsoring des révolutions de couleurs. Celui-ci a simplement affirmé qu’il était prêt à travailler avec « l’union des résidents du Kouzbass », or cette organisation est totalement virtuelle. Comment se sont établis les liens entre eux? Et pourquoi la presse libérale a-t-elle amplement relayé ces deux affaires ? 
Mais les appels à la révolution et au séparatisme ne sont pas seulement le fait de figurants virtuels. Durant l’été 2010 un groupe appelé «frères de la forêt» à pris le maquis dans l’extrême orient Russe, après avoir participé à de nombreuses agressions, cambriolages de commissariats et même un assassinat de policier. Le groupe était composé tant de Néo-nazis que de Nazbols, ces militants anarchistes qui prônent une  révolution perpétuelle et se revendiquent du chef politique Edouard Limonov qui est un personnage controversé de la scène intellectuelle et
politique russe. Bi national franco-russe, il a depuis le début des années 2.000 rejoint l’opposition au Kremlin, en soutenant l’opposition la plus libérale et la plus pro-occidentale de Russie.
Le groupe dénonçait la corruption du système de police mais également la déliquescence  de la société. Ainsi ces révolutionnaires d’extrême droite et anarchistes soutiendraient du bout des lèvres les rebelles Islamistes et Wahhabites contre l’armée fédérale Russe.Encore une fois, la rhétorique sécessionniste et anti-fédérale se retrouve au centre des revendications. Curieusement, certaines associations de droits de l’homme ont dénoncé la brutalité policière lors de l’intervention contre ces jeunes terroristes. C’est le cas de l’association Agora qui est par ailleurs accusée de financement du terrorisme sur le territoire de la fédération de Russie, dans la république musulmane du Tatarstan. Sans surprise, cette association a été listée comme ayant bénéficié de subventions du National Endownmentfor Democracy, une autre association financée par le département d’état américain et qui supervise et refinance plusieurs centaines d’ONGs dans le monde.

L’opposant Navalny, un projet américain?
En 2010, un Dimovsky bis a fait son apparition, avec le soutien médiatique occidental. Il s’agit du blogueur Alexeï Navalny qui  e pose en parangon de vertu, dénonçant les faits de corruption d’état et de détournements financiers, une cause parfaitement séduisante au demeurant. En
novembre 2010 il publiera des informations sur un vol de 4 milliards de dollars par des officiels durant la construction d’un pipeline en Sibérie orientale, vol qui aurait été coordonné au plus haut sommet de l’état. En février 2011 c’est lui qui lancera le slogan cataloguant Russie Unie  omme un parti composé  « d’escrocs et de voleurs ». Il a également créé une sorte de Wikileaks russe (Rospil.info). Relativement populaire à l’ouest, Navalny est peu connu en Russie et relativement peu apprécié puisque seuls 6% des russes le connaissent et seulement 1% des russes lui feraient confiance. Pourquoi? Tout d’abord parce que de nombreux autres blogueurs ont et depuis longtemps dénoncé la corruption en Russie comme par exemple Ivan Begtin qui a créé le site Rosspending. Pour beaucoup, l’émergence médiatique de Navalny, le soutien direct qu’il a obtenu des medias libéraux russes (Vedomosti ou Echo de Moscou) et surtout étrangers, ses liens avec l’ambassade américaine ou son invitation
aux Etats-Unis ou il a dirigé une conférence sur la corruption devant des responsables d’ONG oranges sont des signes que celui ci ne serait qu’une marionnette destinée à affaiblir la Russie, sorte de réincarnation de Eltsine. Récemment des conversations emails privées du blogueur Navalny ont été dévoilées au grand public. Il en est ressorti que depuis 2007 celui-ci collabore activement avec la NED (ici ou la
), rappelez vous qu’il s’agit de cette ONG orange qui finance diverses associations subversives pour le compte du département d’état. Navalny serait aussi activement en lien avec Robert Bond, diplomate américain bien connu en Russie. Parmi les donateurs et informateurs de Navalny figureraient le politologue Stanislav Belkovski, proche a une époque de Boris Berezovski et des indépendantistes Tchétchènes. Comme par hasard,   Navalny se serait rendu discrètement a Londres ou il aurait rencontré Boris Berezovski et son adjoint Andrei Sidelnikov, co-fondateur du mouvement Pora,
un mouvement copié sur le Pora Ukrainien qui a conduit la révolution de couleur orange en Ukraine. Celui-ci est également l’organisateur des manifestations Strategie31 à Londres, qui rassemble tant des libéraux que des nationaux Bolcheviques comme… Edouard Limonov. Ancien militant d’Iabloko (parti d’opposition libéral), Navalny est également un nationaliste sécessionniste. Cette année Navalny a participé a la marche russe au milieu de milliers de radicaux d’extrême droite
, qui ont repris ces accusations contre « Poutine et Russie Unie », et appelé à la sécession du Caucase, une Russie sans Caucase également souhaitée par Navalny.

 « Arrêtons de nourrir le Caucase »
Cette pression sécessionniste a donc eu pour conséquence de voir l’apparition de nouveaux mouvements politiques. C’est le cas par exemple d’un nouveau mouvement de jeunesse qui se définit comme mouvement des « Nationaux Démocrates » et s’intitule les « Naz-Dems ». Cette dénomination fait étrangement penser aux « Naz-bols », impliqués dans les diverses actions précitées mais rappelez vous, Alexeï Navalny se définit lui même comme « National-démocrate », puisqu’en tant que membre libéral et pro-occidental Iabloko il avait rédigé un manifeste nationaliste et s’était défini comme un « nationaliste démocrate ». Il avait par ailleurs prédit que le changement de pouvoir en Russie ne passerait pas par la voie électorale mais bel et bien par un scenario a la Tunisienne. Ce mouvement a joué un rôle important lors des manifestations de décembre 2010. Lors de ces manifestations, il y a eu utilisation de banderoles avec des slogans et des messages en Anglais, ce qui n’était jusqu’alors qu’une spécialité de l’opposition libérale. Cette tendance n’est pas seulement symbolisée par des appels à l’indépendance du Caucase. Le mouvement appelle également à un rapprochement plus poussé avec l’UE et l’OTAN ainsi qu’à un « abandon de toute velléité impérialiste postsoviétique en Europe centrale » ou encore à une révision des traités récents signés avec la Chine (!). Enfin le mouvement a des positions hostiles au monde arabe et très pro-israéliennes. Cette idéologie « Nationale-démocrate », est l’idéologie qui a régi le réveil des états d’europe de l’est et d’europe centrale lorsqu’ils ont accompli leur réveil identitaire postsoviétique. Les membres de la nouvelle Europe (Polonais, Baltes, Tchèques, Hongrois) veulent prendre leur revanche et rétablir une justice historique. Ils veulent devenir des architectes du nouvel ordre mondial qui doit confirmer le rôle de la Russie comme le pays qui a perdu la guerre froide. Pour Dimitri Kondrachov la doctrine Brezinski, souhaite «refouler la Russie à la périphérie de l’Eurasie, dans l’arrière-cour de l’empire est-européen régi par l’idéologie nationale-démocrate ».

« Arrêtons de nourrir Moscou »
Le Caucase n’est pas la seule cible des « sécessionnistes » financés par l’occident. Des  manifestations sécessionnistes sont apparues ailleurs en Russie appelant à cesser de « nourrir Moscou ». En Sibérie notamment, à Novossibirsk, des manifestations ont eu lieu récemment sous les slogans : « la Sibérie aux Sibériens » ou encore « arrêtons de nourrirMoscou ». Les actions ont été menées par les mêmes groupes radicaux de droite en collaboration avec une frange libérale et de soutien aux droits de l’homme. La Sibérie n’est pas la seule concernée puisque dans le sud,
à  Samara sur la Volga, ou encore à Belgorod, des actions semblables ont eu lieu. Même Moscou n’a pas été épargné puisque le 25 octobre dernier
une manifestation a eu lieu, rassemblant des opposants libéraux sous les slogans : « arrêtons de nourrir le Caucase » et « ne payons pas le tribut a Moscou ». On peut noter la participation de Vladimir Milov à cette manifestation,  C’est un ex-leader de Solidarnost, aujourd’hui dirigeant de mouvement d’opposition « Choixdémocratique ». Pourtant et selon des chiffres publics, le Caucase n’est pas du tout et loin s’en faut la région la
plus subventionnée par les autorités fédérales comme c’est parfaitement démontré ici
. Tous ces rassemblements ne mobilisent pas de grandes foules, mais pourtant une forte agitation règne sur internet pour appeler à d’autres manifestations contre la politique conduite par Russie Unie. Ces appels  viennent de mystérieuses organisations dont   l’une a repris l’appellation d’une organisation dissoute après le putsch de 1991 et qui coalisait des « socialistes et des nationalistes » contre le Kremlin. Une autre est un soutien venant d’Ukraine une fois de plus

Vers une révolution des neiges en Russie?

Rappelons les faits: suite aux élections du 04 décembre 2012 qui ont entraîné une baisse de Russie Unie et une forte hausse des partis nationalistes ou de gauche, des fraudes électorales ont été dénoncées. Ces fraudes auraient permis au parti au pouvoir et disposant de la  essource administrative, de gonfler son score et de fausser les résultats. Quiconque connaît la Russie contemporaine, cette jeune démocratie souveraine et dirigée, sait que les élections y sont bon gré mal gré représentatives des tendances et des opinions populaires, et ce malgré les nombreuses irrégularités qui accompagnent chaque échéance électorale. Peu de gens a l’ouest se sont par exemple plaint du fait que le candidat du parti communiste Guennadi Ziouganov se soit sans doute fait voler sa victoire a l’élection présidentielle de 1996, un vol orchestré par les faucons de l‘entourage d’Eltsine, a savoir le clan Berezovski. Des études poussées ont été faites et différents niveaux d’irrégularités relevées. Pour autant la correspondance des sondages pré-électoraux, des enquêtes d’opinion, des exit-poll et des résultats finaux semble avant tout traduire que ces élections ont été et de loin les plus juste de la jeune histoire russe
. Après la crise financière, la situation a été relativement modifiée mais si personne en Russie n’aurait pu pronostiquer une défaite de Russie-Unie à ces élections, beaucoup avaient prévu la forte baisse de ce parti et la relative hausse des partis de gauche comme le parti communiste ou Russie juste.
Outre-Atlantique, des projets de troubles organisés frappant la Russie, ont été mis au point. Bien avant les élections et leur résultat prévisible donc, une organisation du nomde Belaya-Lenta a été imaginée et le nom de domaine du site internet lié déposé aux États-Unis en novembre 2011. Cette information est capitale, elle permet de comprendre la manœuvre par anticipation. Dès les résultats des élections et la victoire de Russie-unie, des protestations ont fusé sur internet. Des images de fraudes ont été diffusées en boucle sur différents blogs et réseaux sociaux, rappelant l’agitation internet des révolutions Facebook qui ont frappé en 2009 la Moldavie, l’Iran ou récemment le monde arabo-musulman. La population qui a défilé était à majorité jeune, masculine et éduquée, persuadée que quelque chose lui avait échappé.

Incroyablement significatif, les sondages et enquêtes concernant les participants aux manifestations ont révélées que 40% d’être eux avaient voté pour le parti libéral Iabloko, parti dont le score final a été de 7% a Moscou et de 15% a Saint Saint-Pétersbourg, mais de seulement 3% au niveau national (!). La conclusion est simple, la classe moyenne supérieure des grandes villes défile aujourd’hui contre celui par lequel elle s’est enrichie durant ces dernières années. Au plus d’état et d’ordre demandé par les électeurs et le peuple (poussée des partis étatistes de gauche et des partis nationalistes), les manifestations sont poussées par une hyper classe moyenne urbaine qui elle réclame moins d’état et plus de liberté individuelle. En surplus de ces contestataires libéraux, un front d’ultragauche et anarchiste (représenté par Serguei Udaltsov) et un front d’extrême droite (représenté par le charismatique Alexeï Navalny) ont réussi à faire une Pax anti-Poutina provisoire, délimitant les contours politiques de cette bien éclectique opposition. Un front anti-Poutine qui opère sous le parapluie financier bienveillant (on s’en doute) des ONGs américaines qui opèrent en Eurasie, et dont Hillary Clinton a assuré récemment que le congrès allait augmenter les subventions pour 2012, année d’élection présidentielle en Russie.

Bien sur la très grande majorité de ces manifestants est sans doute inconsciemment dans la rue, elle contribue sans s’en rendre compte à un mouvement beaucoup plus large destiné à créer des désordres et faire descendre un maximum de gens dans la rue pour paralyser le pays, l’affaiblir et donc accentuer la pression internationale. C’est le modus operandi des révolutions de couleurs. Une minorité d’activistes manipule une majorité naïve et dopée au Buzz sur internet.

Comme le disait le journaliste Maxime Chevtchenko: « Je ne peux pas accepter les slogans politiques utilisés dans ces meetings. D’abord ils ont été organisés par des gens qui se sont moralement discrédités. Aleksei Navalny, par exemple, a appelé à la séparation du Caucase, avec le slogan « Marre de nourrir le Caucase ! » qui met dans un même panier différentes régions du pays (Daguestan, Tchétchénie, Ossétie) qui n’ont pas eu la même histoire et dont les rapports avec le Centre sont différents. C’est une manipulation de la réalité, une provocation aussi méprisable que l’appel a la séparation du Caucase. Ensuite tous les cas de falsification doivent être relatés et présentés a la justice, ou diffuses par internet. Il ne faut pas se contenter de bruits, de racontars dont la fabrication est bien connue. On voudrait les réfuter, et puis on n’a pas envie de le faire, et puis, un jour, on commence à penser que ces bruits sont la réalité. En fait la réalité est beaucoup plus sérieuse. En effet, sur internet, on présente beaucoup de photos de scènes de fraude électorale. C’est peut-être vrai, mais c’est peut-être aussi de la falsification. La réalité de ces pièces ne peut être établie que par une expertise indépendante, par exemple une commission parlementaire avec la participation aussi bien d’accusateurs que d’opposants. C’est le seul moyen. On nous invite à croire à l’hystérie des trolls du Web. Nous y croyons, mais virtuellement, comme du Web. Cela dit, j’estime que les résultats des élections pour le pays sont assez positifs. Au niveau fédéral le cadre constitutionnel du pays a été conserve, les voix des partis d’opposition ont augmente de façon significative. Cela signifie que dans 5 ans, au niveau local, les rapports de forces seront sérieusement reconsidérés. On verra les autres partis s’affronter a « Russie Unie ». Les gens des meetings veulent gêner le développement du système parlementaire et juridique uniquement parce que leur parti – par exemple « Iabloko » – n’a pas pu entrer à la Douma et n’a pas réussi à faire annuler les élections. On aurait prive « Iabloko » de quelques ‘pourcents’? Je ne croix pas a cette musique, pas plus qu’a ces meetings. Le pays a besoin d’unité, Il faut préserver son intégrité et ses intérêts. Il faut aussi nettoyer le pays de toute la pourriture nomenclaturo-oligarquo-libéralo-criminalo-occidentale, partout, jusqu’au moindre village. Le pouvoir doit appartenir à notre peuple unique, polyethnique, polyculturel, et pas au lumpen des villes qui profite de l’argent de la spéculation ».

Alors que l’élection de mars 2012 en Russie se rapproche, la bataille pour Moscou a peut être déjà commencée.

2 thoughts on “Bataille pour Moscou?

  1. CJWilly

    La soumission européenne aux Américains était d’une manière inévitable lors de la guerre froide étant donnée la puissance militaire soviétique.

    Alors que les Européens ne s’étaient jamais aventurés dans les guerre américaines en Asie du Sud-est ou en Amérique centrale, depuis que nous ne sommes plus dépendants d’eux pour notre sécurité, nos leaders s’enthousiasment pour les guerres au Kosovo, Afghanistan, Irak, Libye…

    Comment peut-on expliquer cette orientation pro-américaine ? Comment créer cette fameuse Europe européenne ?

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  2. yves

    “Comment creer cette fameuse Europe europeenne?”
    Tout simplement quand les troupes d’occupation en Europe aurons quitte cette Europe. Seul deux grands pays sont libre sur notre terre, la Russie et la Chine.
    A l’exception du General De Gaulle les pays europeens sont des etats vassaux.

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