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Les périphéries de l’UE et le rêve européen

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De 2004 à 2005, l’Union Européenne a connu une phase active d’expansion à l’Est et le « rêve européen » s’est projeté a travers les Etats Baltes et l’Europe des Balkans. Ce rêve européen a en 2005 continué son expansion à l’Est puisqu’au cœur de Kiev, une ravissante et charismatique oratrice blonde éructait sur l’émancipation nationale ukrainienne, sa sortie du joug européen et son inévitable destin européen. Huit ans plus tard, alors que l’Ukraine n’est toujours pas en Europe mais est un Etat au bord de la ruine, les manifestations ukrainiennes de ces derniers jours tendent à prouver que le « rêve ukrainien » d’une partie de la population ukrainienne existe toujours.

Pourtant, parmi les nouveaux entrants dans le club européen, les mécontents existent.

Récemment le journal Reporter décrivait les désillusions des Lettons dont le pays a rejoint l’UE en 2004. Apres l’euphorie des premières années, le pays a aujourd’hui la gueule de bois. Si l’UE a aidé au développement des infrastructures, elle a surtout aidé au développement du secteur bancaire, le commerce et la construction à crédit via un accès simplifié au crédit et la hausse provisoire des salaires. Dans le même temps, Bruxelles remplaçait la production alimentaire locale par ses propres produits et contribuait à la destruction de l’industrie lettone puisque si l’industrie représentait 38 % du PIB letton sous l’époque soviétique, elle se situe à 9 % aujourd’hui lorsque les entreprises locales ne se font pas également imposer des quotas pour limiter leur production.

Le rêve d’indépendance de la fière lettonne a tourné court : l’économie est passée sous contrôle étranger (suédois notamment) et c’est désormais les Russes qui investissent dans le pays, prouvant ainsi que l’histoire est cruellement ouverte.

Depuis 2008, ce sont près de 250.000 Lettons (sur une population de 2 millions d’habitants) qui ont quitté leur pays pour aller travailler ailleurs, surtout des jeunes et des diplômés, mettant le pays au bord d’une situation démographique catastrophique.

Ces migrations internes sont un facteur inquiétant du déséquilibre qui est en train de se créer au cœur d’une Europe minée par une immigration externe déjà conséquente. L’OCDEconstatait récemment qu’en Espagne, 70% des moins de 30 ans envisagent de quitter le pays(250.000 personnes quittent le pays chaque année), qu’un million de Portugais auraient quitté le pays depuis 14 ans dont 240.000 rien qu’en 2011, que 300 000 personnes ont quitté l’Irlande depuis le début de la crise (chiffres équivalents à ceux de la grande famine irlandaise au 19ème siècle. La tendance est bien évidemment similaire en Grèce et le rapport explique qu’au total, l’émigration des pays d’Europe du Sud a augmenté de 45% entre 2009 et 2011.

La tendance n’est d’ailleurs pas cantonnée aux pays en crise de la zone euro ni a l’Europe du Sud puisque 10% des Lettons ont quitté leur pays, et la Bulgarie comme l’Ukraine se vident littéralement de leurs habitants malgré le fait que ces pays n’appartiennent pas à la zone Schengen. Cette aspiration du capital humain du pays qui fait suite à la destruction de l’économie traduit bien ce que le Premier ministre roumain Victor Ponta appelle le « grand rêve européen de la Roumanie », c’est-à-dire d’après lui la conviction de la population du pays qu’il est finalement impossible de construire une « véritable Europe » en Roumanie, mais qu’il est possible de partir « dans la vraie Europe » pour y travailler ou y vivre grâce aux prestations sociales. On ne saurait mieux résumer la situation.

Bien sûr, le rêve d’Europe (au sens large) est compréhensible mais le rêve d’Europe de nos frères européens d’Europe de l’Est me fait penser au rêve francais de Russes d’aujourd’hui. Il n’existe plus précisément puisqu’il s’agit d’un rêve.

La France rêvée (la vieille France) n’est plus. Quand à l’Europe de la liberté, des infrastructures de qualité et des subventions, c’est celle des années 2000 et elle non plus n’existe plus.

Le rêve des Ukrainiens de voir Bruxelles par un coup de baguette magique faire apparaitre des routes de bonne qualité et des politiciens non corrompus est un rêve d’enfant aussi peu réalisable que celui de se baigner dans de l’eau chaude a Riga en février. Cela n’arrivera évidemment pas alors que les accords avec l’UE devraient par contre permettre :

1) La destruction de l’industrie et du système agricole ukrainien en échange de l’accès au marché ukrainien pour les produits européens, transformant l’Ukraine en simple pays d’écoulement pour maintenir en vie une Europe sous perfusion ;

2) L’émigration massive de jeunes Ukrainiens et Ukrainiennes vers des pays où la situation globale y est moins mauvaise qu’en Ukraine, transformant ce pays en fournisseur de bras bons marchés et aggravant au passage la situation démographique d’un pays qui sur ce plan est déjà presque en phase terminale.

Est-ce là le futur que l’on peut souhaiter à l’Ukraine ?

L’Euro-Maïdan, une révolution bleu et jaune ?

16bankovaya_01.12_5Les événements de ces derniers jours en Ukraine semblent prendre une tournure bien connue.

La suspension de l’accord d’association avec l’UE décidée par les autorités ukrainiennes a en effet donné lieu à une certaine agitation politique et médiatique car comme à chaque fois qu’un événement politique prend une orientation géostratégique incompatible avec l’agenda de l’alliance occidentale, le mainstream médiatique tient parfaitement son rôle.

Pour Le Monde, les « partisans de l’Europe sont dispersés » et « Ianoukovich manque de vision » (!), pour France Info, « les opposants sont réprimés » et « l’opposition se lève contre la dictature ». Pour Ouest France, le pays est dans un cul de sac pendant que Courrier International rappelle que les manifestations tournent à la contestation étudiante, l’Ukraine va-t-elle s’offrir son novembre 2013 pro-européen sur le modèle d’un mai 68 français qui ne doit visiblement faire rêver que les habitants de Kiev ? Continue reading

Réflexions sur les manifestations en Ukraine

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Comme les lecteurs de RIA-Novosti pouvaient s’en douter la guerre des grands ensembles s’est sensiblement accentuée ces dernières semaines sur les deux fronts sensibles que sont l’Arménie et surtout l’Ukraine. Dès l’annonce de la décision du président Ukrainien de ne pas signer l’accord avec Bruxelles des milliers, puis des dizaines de milliers d’Ukrainiens sont descendus dans les rues de quelques villes de l’ouest et du centre du pays mais aussi et surtout de Kiev, pour protester contre cette décision politique.

Qui manifeste?

Les protestations ont été organisées par une alliance surprenante de partis de tendances différentes, allant de la droite à l’extrême droite de l’échiquier politique ukrainien. Il y a tout d’abord le parti “Alliance ukrainienne démocratique” (UDAR) du boxeur Klichsko qui bénéficie du soutien officiel de la CDU d’Angela Merkel. Il y a aussi le parti “Patrie” de Yulia Tymochenko (aujourd’hui emprisonnée pour corruption et suspectée de complicité de meurtre) qui appelle à renverser le pouvoir ukrainien actuel. Enfin il y a “l’Union pan-ukrainienne  Svoboda ” (Liberté) qui portait tout simplement le nom de parti National-socialiste d’Ukraine jusqu’à 2004. Ce parti appelle clairement à manifester pour renverser le pouvoir et déclencher une révolution sociale et nationale (avec l’aide de milices et de sous fratries pagano-radicales telle par exemple le Wotan-Jugend) tout en dénonçant la mafia juive qui gouverne l’Ukraine! Que n’entendrait-on pas si de tels propos étaient tenus par des officiels russes!

Ces trois partis ont formé une alliance bien improbable appelée “Groupe d’action pour la résistance nationale” qui tend donc à vouloir intégrer l’union européenne en renversant au passage le pouvoir en place, pourtant légitimé par les urnes. Un bien étrange cocktail de mouvements dont on ne peut que suspecter que leur brusque tropisme européiste ne soit en réalité surtout motivé par un mélange d’avidité du pouvoir et de haine profonde de la Russie.

Ce groupe a aussi le soutien de certains tatars musulmans de Crimée qui exigent la démission du gouvernement et de stars du show bizness dont une chanteuse de pop music a même menacé de s’immoler si des changements n’arrivaient pas. Enfin une actrice américaine, petite amie du frère du boxeur Klichsko, s’est elle aussi empressée de soutenir les manifestants et leurs aspirations euro-occidentales. Enfin ils ont le soutien des Femen qui ont, lors d’une manifestation à Paris, choisi d’uriner en public sur les portraits du président ukrainien sans que les forces de l’ordre françaises ne réagissent. Des soutiens qui en disent long.

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Quel avenir pour le « rêve européen » de l’Ukraine ?

7unnamed_10_1_1La décision ukrainienne de cesser (temporairement ?) les négociations avec Bruxelles a surpris tant les partisans de l’intégration européenne que les partisans de l’intégration eurasiatique. Les premiers ont crié aux pressions intolérables de la Russie pendant que les seconds ont eux accusé l’UE de faire pression sur l’Ukraine. En toile de fond de ces négociations : la bataille d’influence que se livrent Moscou et Bruxelles à travers leurs ensembles respectifs que sont les Unions européennes et douanières/eurasiatiques.

Pour l’UE, une défaite sur le dossier ukrainien signifierait un coup d’arrêt à son « extension à l’Est », surtout après les propos récents du chef de la Commission européenne José Manuel Barroso, qui a affirmé que la Roumanie et la Bulgarie n’entreraient pas dans l’espace Schengen au 1er janvier 2014. Soyons clairs : pour Bruxelles, les négociations avec l’Ukraine sont avant tout destinées à ce que celle-ci ne rejoigne pas une alliance potentielle avec la Russie. Continue reading

L’Ukraine et Novopress

L’Ukraine est décidément un sujet sensible pour les patriotes Francais des années 2000. Un peu comme la Croatie pour les patriotes des années 90. Gageons que les mêmes qui étaient pro Croates avant de devenir pro Serbe sont Pro Ukrainiens avant de devenir pro Russe, si tant soi peu que ces “oppositions” aient un sens au jour d’aujourd’hui.
 
Récemment l’agence NOVOpress m’a interviewé et je l’en remercie.
 
La même semaine je répondais sur EuropaMaxima à deux textes publiés antérieurement sur ce site et concernant l’Ukraine
 
Quelle ne fut pas ma surprise de voir cette nouvelle sur NOVOpress aujourd’hui. Je mets en gras la partie qui me semble faire totalement désordre.
 
06/04/10 – 15h40  KIEV (NOVOpress) – Le président ukrainien a annoncé la dissolution de la commission qui devait travailler à l’adhésion de son pays à l’Otan. Il s’agit du dernier mouvement pour abandonner définitivement la position pro-américaine de « la Révolution orange » et rétablir des liens plus étroits avec la Russie.

 

Depuis l’élection de Viktor Ianoukovitch en février, l’Ukraine n’avait fait aucun secret de son intention d’abandonner son projet antérieur de rejoindre l’Otan. C’est donc aujourd’hui chose faite. Depuis qu’il est de retour aux affaires, Ianoukovitch a toujours affirmé que le niveau actuel de coopération avec l’Otan était « suffisant » et que l’intégration n’était nullement nécessaire.
 
L’Ukraine continuera bien sûr à entretenir des « relations » avec l’Otan mais sans lui être inféodée. Une décision qui ravit le voisin russe ainsi que tous ceux qui refusent la vassalisation de l’Europe centrale et de l’Est aux intérêts géostratégiques américains.
 
Maintenant, il reste à l’Ukraine de se garder de passer d’une inféodation à une autre, en s’efforçant de conserver une distance critique et une volonté d’autonomie nationale forte vis-à-vis du « grand frère » russe toujours emprunt de vélléités impérialistes.
 
L’impérialisme Russe ? Alors que 25% des Ukrainiens souhaitent l’adhésion avec la Russie, que les Ukrainiens sont les migrants les plus nombreux vers la Russie, que l’est Russophone de l’Ukraine représente 70% du PIB, que tous les investissements de cette “moitié” du pays sont Russes, qu’il s’agit de la zone la plus riche et surtout, surtout, que le peuple Ukrainien à choisi délibérément un candidat pro Russe pour président au début de l’année.
 
Il n’y a la “aucun” impérialisme. 
Le destin “naturel”, “géographique” et “historique” de l’Ukraine est avec la Russie et Moscou, pas avec l’Angleterre et Londres ou la Belgique et Bruxelles.
 
J’attends toujours une preuve de cet impérialisme Russe que certains nous sortent à toutes les sauces …

Une analyse dissonance de la décennie post Soviétique

Je vous traduit ci dessous un texte de Sublime Oblivion, l’étude est très intéressante et va bien à l’encontre des aprioris que nos médias nous donnent sur l’espace Eurasien.
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Cela fait 20 ans que l’URSS a disparue et que les pays de l’ex bloc de l’est sont devenues des acteurs à part entière de l’économie de marché. Cela fait 20 ans que l’on nous présente ses pays divisés en 3 groupes principaux, ceux qui ont parfaitement réussis leur transition démocratique et libérale (les tigres Baltes), et les autres, soit des états qui seraient des états socialistes de marché (Biélorussie) et ceux qui seraient des économies fondées uniquement sur les matières premières (Russie).

 

Sublime Oblivion a utilisé de nombreuses sources (les statistiques de Angus Madison, les chiffres de la CIA et les projections du FMIpour 2010 afin de créer un nouvel indice : “Indice post soviétique de l’analyse de l’évolution du produit intérieur brut annuel par habitant, en parité de pouvoir d’achat (PPA)“, cet indice est basé sur une référence départ de “100” pour l’année 1989 (chute du mur). 

 

De façon “surprenante”, la Biélorussie, nation décriée et que l’on nous fait passer pour une économie 1/3 mondiste et une dictature politique, cette économie socialiste de marché est plus productive qu’elle ne l’était en 1989 et devance largement ses pairs de l’espace post soviétique. En outre, la Biélorussie reste un des états les plus “équilibrés socialement” du monde. Après le chaos des années 90 (suite à la chute du mur) l’économie Biélorusse s’est bien redressée (bénéficiant certes de ressources pétrolières à bas prix par le voisin et ami Russe) mais également sachant parfaitement développer une industrie assez efficace (tracteurs, frigidaires, camions, réfrigérateurs, produits électroniques ..) dont la production est écoulée dans tout l’espace Eurasiatique. Evidemment, l’évolution part d’assez bas, la Biélorussie était un des états les plus pauvres du monde industrialisé et si le pays est attractif pour les retraités et les pensionnaires (les pensions y sont par exemple plus élevées qu’en Russie) ce n’est pas (encore?) un état jugé attractif pour les jeunes européens.
Les tigres Baltes ont subi une très forte croissance dans les années 2000 et cela jusqu’en aout 2008.

Ces états que l’on nous présentait comme des modèles de stabilité et de démocratie (sauf pour les 30% de citoyens Russophones) ont en effet attirés les investissements financiers étrangers et finalisés et réussis leur intégration dans l’UE. Et puis dès le début de la crise, les investisseurs ont pris peur et les crédits ont été retirés du pays. Dès lors le château de cartes d’est effondré. Les états Baltes ont été de loin les états les plus touchés en Europe par la crise économique. Leur totale fragilité et l’illusoire solidité économique est alors apparue au grand jour. Aujourd’hui les pronostics les plus optimistes envisagent un retour à la situation de 2007 au mieux 2014 (!). D’ici la il est plausible que les états subissent une grosse émigration de population, tout comme l’Ukraine, vers l’ouest mais aussi vers la Russie ce qui à terme renforcerait le poids politique / économique de la Russie dans ces différents pays.

 

La Russie justement, à de loin la plus importante économie de la région post soviétique.  Suite à cela, on peut différencier 2 périodes différentes :

 

1989 – 1999 : un tzar faible (Eltsine) était soumis à de puissants Boyards (les Oligarques) qui défendaient chacun leurs intérêts (personnels) mais surtout une vision politique (en partie dictée de l’étranger) : ne pas permettre de retour à un pouvoir politique fort (qui les auraient empêcher de piller le pays) et surtout empêcher le retour des communistes au pouvoir (afin de pouvoir se présenter comme rempart contre ces derniers devant l’Occident et ainsi justifier leur existence).

 

2000 -….. : un tzar fort a repris le pouvoir et inversé les tendances. Grâce à un retour en force du politique et en bénéficiant du prix élevés des matières premières, ce tzar fort (poutine) a relancé la machine économique et transformé les boyards insoumis en servants dociles ou en les neutralisant complètement.
Bien sur la performance économique de la Russie est insuffisante encore aujourd’hui mais c’est le pays qui revient du plus loin et la décennie Poutine à sauvé le pays du néant et de la catastrophe, ce qui aurait déstabilisé tous les pays voisins. En outre la Russie, comme les pays Baltes était déjà relativement industrialisée et n’a donc pas pu bénéficier d’une croissance ultra forte comme les pays Baltes (investissements financiers bien plus faible) ou la Biélorussie (croissance par une industrialisation forte).  les lecteurs doivent bien comprendre que pendant la première partie de son règne, le pouvoir Russe n’a pas pu se focaliser sur le développement économique mais sur empêcher l’implosion du pays. Il est relativement accepté aujourd’hui que Poutine a empêché l’effondrement mais que c’est Medvedev qui va désormais guider la barque et se charger de la modernisation du pays.

 

Il a été dit partout que la Russie allait s’effondrer et que la crise allait la frapper de plein fouet. Pourtant j’ai répété ci et la que la crise a touché la Russie “avant” les pays Occidentaux, les sorties de capitaux (poussés par les Américains dès la crise en Georgie) et la baisse des matières premières, ainsi que l’effondrement boursier ayant commencé dès le mois d’aout 2008. Il n’est pas secret non plus que la très grande majorité des gros groupes Russes (d’état notamment) avaient concocté des crédits auprès de banques et d’organismes de crédits Occidentaux et Américains et que les marchés émergents ont été les premiers touchés par les “coupures” de crédits par ces mêmes organismes lorsque la crise a commencé a réellement se faire sentir. Dès lors les coup bas des spéculateurs ont contribué à affaiblir la Russie. Pourtant la Russie se trouve aujourd’hui dans une situation bien meilleure que ses voisins et tous les pronostics sérieux envisagent une sortie de crise pour ce premier trimestre, voir une croissance relativement fortepour l’année 2010 en Russie. Sa solidité politique et ses énormes réserves de change (les 3ièmes au monde) sont en effet deux atouts majeurs pour les années qui viennent (lire à ce sujet cette analyse sur la crise en Russie).

 

La pire performance de l’espace post soviétique vient de l’Ukraine que l’on nous montre depuis 2005 comme éventuel futur membre de l’UE (!). Pourtant, jusque dans les années 2004, 2005 ce pays était dans la situation de la Biélorussie et recevait autant de gaz à très bas prix que la Biélorussie. Sa position proche de l’UE (via la Pologne marché en plein développement) est également un “plus” non négligeable. En outre le pays à depuis 2005 les faveurs de l’UE et des Occidentaux (Américains en tête, surtout depuis la révolution Orange), alors comment se fait il que ce pays soit moins dynamique que ses voisins ?

 

La raison essentielle est que l’Ukraine n’a jamais réellement décollé ni quitté ses réflexes désastreux des années 90. Cet problème grave d’identité qui frappe le peuple (tiraillé entre son est orthodoxe et son Ouest “uniate”) à de graves conséquences. Tout d’abord il enlève toute légitimité (à hauteur de 50%) à tous les politiques (d’ou la faiblesse du Tzar Ukrainien de l’après chute du mur). Cette absence de stabilité politique empêche tout investissement étranger, notamment dans sa partie pauvre et Occidentale, pro Européenne, alors que son est riche et industriel bénéficie lui des crédits et des investissements Russes. C’est une des raisons de l’échec des Orangistes, qui en plus totalement fait cesser la croissance (jusque la pourtant à 2 chiffres), d’avoir ruiné l’état en tentant d’appliquer des réformes libérales sous forme d’un copié collé archaïque, ont laissé une corruption “bien plus” endémique qu’en Russie ou dans les autres états de l’espace post Soviétique, tout en coupant une partie de population de ses racines et de liens amicaux avec son créditeur le plus puissant et le mieux disposé : la Russie. Peut être que l’élection de Ianoukovitch est la meilleure chose qui puisse arriver à ce pays, a savoir un nouveau tzar (moins faible) car adoubé par et l’est et l’ouest et qui tente de replacer l’Ukraine la ou elle doit être, hors de l’OTAN, hors d’une UE ruinée et en décomposition, et dans le nouvel espace douanier Eurasiatique en construction.
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Ci dessous un schéma des autres principales économies (moins développées) d’ex URSS.

 

L’Azerbaïdjan est en tête de ces pays, principalement grâce au développement de sa production pétrolière, qui a été multipliée par cinq depuis le début des années 2000. L’utilisation des revenus de ces matières premières à largement contribué à la hausse des revenus / habitants. Une explication identique prévaut pour le Kazakhstan, dont l’évolution de 1991 à 2010 est une croissance supérieure à la Russie (la production de pétrole du Kazakhstan à été multipliée par 4 entre 1991 et 2008).

 

En comparaison, la Russie ne produit que 22.6% d’énergie combustible de plus en 2008 que en 1992. La production de pétrole a atteint son apogée en 1998 (11,5 millions de barrels) et à baissé en 1992 (7,8 millions de barrels) pour remonter en 2008 (9,8 millions de barrels).  Des facteurs géologiques mais également politiques (affaire Youkos) ont contribué à ce fait. Depuis le milieu des années 2000, la croissance repose grandement sur une croissance intérieure stimulée par la grande distribution, les transports, la production et la finance ..).
L’Arménie a également connu une croissance relativement forte malgré l’absence de ressources naturelles et une situation géographique difficile notamment un voisinage Turque hostile, un conflit militaire avec un autre voisin hostile, l’Azerbaïdjan, une frontière avec une Georgie s’éloignant de la Russie et au sud l’Iran. (Il est facile d’imaginer que la très forte diaspora Arménienne à travers le monde a contribué à financer l’économie nationale et cela un peu sur le modèle Chypriote ou Libanais).

 

La Georgie n’a pas de résultats très probants. Le dynamisme de la révolution des roses a été un peu plus fort que après la révolution Orange en Ukraine mais le résultat est très faible pour une nation partant de très bas. Le comparatif avec l’Arménie est sans pitié, et la Georgie ne peut que se contenter d’un mieux que la Moldavie, qui n’est pas une référence en soi. Selon l’analyse de Irakli Rukhadze and Mark Hauf, la Georgie depuis 2003 a en effet été victime d’une émigration massive, d’une hausse de la pauvreté conséquente, accompagnée et poussée par une désindustrialisation violente. La corruption d’état y règne selon les auteurs, le gouvernement faisant payer les business indépendants (de l’état) pour leur éviter toutes poursuites. Cette pression politique n’est pas le fait de la Georgie, elle est relativement présente dans l’ex espace soviétique, néanmoins concernant la Georgie on peut se poser la question de l’image qu’on souhaite en donner dans les médias Occidentaux et la réalité du terrain.

 

Enfin l’Ouzbékistan a connu une croissance et une évolution bien meilleure que le Tajikistan. L’Ouzbékistan est pourtant une économie non réformée, autoritaire (bien plus que la Biélorussie) mais qui part vraiment de très bas. Le Tadjikistan a lui subi une terrible guerre civile dans les années 1990 (entre communistes et Islamistes) qui a tué près de 100.000 personnes et aujourd’hui c’est le pays le moins avancé de l’espace post soviétique en ce qui concerne la transition démographique (revenu utilisé / nouveau né). Le Kyzgyzstan se situe entre l’Ouzbékistan et le Tajikistan, les résultats du Turkménistan sont eux du niveau de l’Ouzbékistan, je rappelle à mes lecteurs que le Turkménistan est un régime politique très autoritaire et stable qui base ses revenus sur le pétrole et le gaz (5ème producteur au monde) mais également le coton.
L’avenir ?

 

La Russie a un plan de modernisation, et le ressources financières, administratives et humaines pour le mener à bien, ainsi que la volonté politique nécessaire. Il est plausible que si le pouvoir se maintient dans ces états, la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan continueront à connaître des taux de croissances élevés et un fort développement économique. Ces états ont un fort capital humain et semblent travailler en commun, comme le démontre la récente union douanière. Il est plausible et même certain que l’Ukraine rejoigne cet ensemble Eurasien dans les prochaines années.