Category Archives: Elections 2012

Pour une opposition Made in Russia

L’article original a été publié sur Ria-Novosti
*

Les élections présidentielles approchent, et la politique intérieure russe est un thème qui est revenu de façon assez récurrente au sein des analyses et tribunes récentes de RIA-Novosti. C’est aussi l’un des thèmes les plus discutés sur l’internet russe, surtout depuis décembre 2011. Récemment Maria Selina se demandait si une nouvelle vague d’émigration aurait lieu et elle en déduisait très adroitement que les manifestations de décembre 2011 pourraient théoriquement rassembler le cortège de ceux qui, rejetant le système politique russe, pourraient choisir de faire leurs bagages. Mes lecteurs le savent, j’ai couvert les manifestations de décembre et publié des photos et des textes qui ont donné lieu à des débats enflammés sur le sujet. Bien sur la position d’étranger qui commente la scène politique russe n’est pas très confortable, mais néanmoins un regard extérieur et comparatif a parfois son intérêt. 
 
Lors de discussions sur Facebook, Marina (une jeune franco-russe d’une 30aine d’années, trilingue, étudiante en MBA) a résumé les raisons pour lesquelles elle était descendue dans la rue pour protester contre le régime. Elle m’a écrit: ” la scène politique en Russie est bloquée car le parti de Poutine ne laisse pas de possibilités de développement à d’autres partis “. Marina souhaite “l’apparition de nouveaux partis, forts et jeunes et ne plus vivre avec un seul parti dominant comme Russie-Unie”. Elle dénonce aussi le “multipartisme de façade” qui règne en Russie car pour elle “les partis d’opposition sont des vieux partis dirigés par des esprits soviétiques, pour lesquels les gens votent sans conviction, seulement afin de ne pas voter pour Russie-Unie”.


 
Cette revendication m’a entrainé dans une foule de réflexions et je ne peux m’empêcher en tant qu’étranger de tenter une comparaison avec la France. Que constatons-nous en France ? Certes une alternance existe depuis quelques décennies entre deux courants, représentés par les deux partis dominants. Mais ces deux vieux partis de centre droit (UMP) et de centre gauche (PS) présentent ils réellement des différences idéologiques fondamentales face aux contraignantes exigences supranationales de Bruxelles? Est-ce qu’on peut rêver en France, comme Marina en Russie, de “l’apparition de nouveaux partis, forts et jeunes” ? Est-ce cela “une scène politique non bloquée”? Pouvoir voter non pour un mais pour deux partis qui ne savent pas gérer l’économie française, qui ont presque le même programme et les mains totalement liées par 30 ans de mauvaise gestion préalable, qui est de leur fait? Ont-ils la moindre marge de manœuvre face aux déficits abyssaux qu’ils ont créés ? En France, des partis considérés comme plus ou moins anti système comme le Front national ou le Parti de Gauche sont tenus à l’écart de la gouvernance par de subtils mécanismes politiques. Par conséquent les représentations à l’assemblée ne sont pas non plus totalement proportionnelles, ni justes. En France aussi on choisit au premier tour et on élimine au second, cela veut dire qu’au final on ne vote pas forcement pour un parti mais contre un parti. C’est ce qu’a écrit Marina pour la Russie : “Le vote pour certains partis est principalement un vote contre Russie-Unie”. Ce rêve d’une opposition digne de ce nom est intéressant. Le but d’une opposition est de porter une politique alternative à celle en vigueur. 


 
Une opposition nouvelle et crédible en Russie devrait d’abord être identifiable, surtout quand à la teneur de son projet pour le pays, démontrer une aptitude à exercer le pouvoir, s’imposer par des élections,  et pas seulement s’opposer au pouvoir via des déclarations et des manifestations de rues.  La difficulté de s’opposer constructivement à Vladimir Poutine, d’après Viktor Loupan, est que “ce dernier est à la fois de gauche, de droite, patriote, libéral, nationaliste et mondialiste. Pour s’opposer ne serait-ce qu’à une position centriste, il faut une solide culture politique et une plateforme idéologique inébranlable. Pour devenir une véritable force politique, il faut du temps et de la patience. (…) Regardez : Mitterrand commença à s’opposer à de Gaulle en 1958 et ne parvint au pouvoir qu’en 1981”. 


 
Je ne suis pas seul à penser que les hommes et femmes politiques doivent avant tout défendre les intérêts nationaux et les citoyens de leurs pays. Je n’ai pas non plus de partis qui me satisfassent dans mon pays, la France, mais pour autant je ne sais pas ce que je penserais (et ce que penseraient mes concitoyens) si des immixtions étrangères palpables étaient constatées dans le processus politique et électoral du pays comme c’est le cas en Russie. Comme le rappelait la journaliste du courrier de Russie Clémence Laroque, le nouveau visage de la diplomatie américaine en Russie s’appelle Mike MacFaul . Ce nouvel Ambassadeur a toujours affiché ses positions en faveur d’un rétablissement des relations russo-américaines après l’ère Bush, mais il est également “considéré comme un spécialiste des révolutions de couleur”. Doit-on voir un lien avec les manifestations de décembre dernier et celle de février prochain? Ou avec les accusations de financement d’opposants actifs (Nemtsov ou Navalny) par des ONGs  américaines? Ou plutôt un lien avec cette bien curieuse invitation des représentants de l’opposition russe à l’ambassade américaine de Moscou le 17 janvier dernier, soit seulement 3 jours après la nomination de cet ambassadeur en Russie? 


 
Peut-on imaginer par exemple en France le Front National être reçu par l’ambassadeur de Russie pour se plaindre de ne pas avoir de députés? Ou Jean-Luc Mélenchon (Parti de Gauche) être reçu par l’ambassadeur  de Chine après avoir organisé des manifestations à Paris? Que penseraient les citoyens et électeurs français? J’ai publié récemment une tribune à propos de ce projet “national-démocrate” qui cherche à rassembler les deux courants que sont le courant libéral et le courant nationaliste modéré, et qui pourrait avoir émergé des manifestations de décembre dernier. Pour l’analyste russe Dimitri Olchansky les manifestations ont en effet traduit l’opposition d’un pan minoritaire de la société (qualifié de “population européenne”) avec le pan majoritaire de la société (qualifié de “population archaïque”). Pour lui, cette opposition devrait entraîner l’émergence d’une idéologie nationaliste dominante, avec tous les risques que cela comprend. Pour lui Russie-Unie serait donc aujourd’hui une sorte de valve de sécurité, dont la tache principale serait de garder le pouvoir et de déverrouiller progressivement certains blocages psychologiques de la société russe, en accompagnant une subtile libéralisation du système. Ainsi, Dimitri Olchansky conclut:” plus longtemps Poutine conservera le pouvoir, plus on aura de chances de voir la société russe évoluer de façon paisible et harmonieuse. Les nationalistes finiront de toute façon par prendre le pouvoir, c’est inévitable. Mais plus tard ce jour arrivera, plus ils seront civilisés”. 


 
Pour ceux qui rêvent de la disparition du pouvoir de Russie-Unie, la seule solution crédible serait sans doute l’apparition d’une opposition non déstabilisante pour le pays, bien sur compétente, mais et surtout “Made in Russia”. Certainement pas une opposition issue du passé ni une opposition financée par l’étranger. Mais une telle opposition peut elle éclore à quelques semaines des élections présidentielles?  La scène politique russe est plus passionnante que jamais.


Russie: l’idéologie nationale-démocrate devient manifeste

L’article original a été publié sur RIA-Novosti

*
Des lecteurs français se sont étonnés de voir, sur les photos des manifestations de décembre 2011, à Moscou, à la fois des mouvements dits nationalistes, et des sympathisants de mouvements dits libéraux, puisque par essence ces idéologies sont théoriquement totalement opposées sur la scène politique. Plusieurs m’ont demandé ce que représente l’opposition anti Poutine qui a manifesté. Cette question est fondamentale, si on veut comprendre les évolutions politiques qui se dessinent dans la Russie d’aujourd’hui. La recomposition de la scène politique russe et le multipartisme existant au sein de la démocratie dirigée russe, font de la fédération un alien parmi les systèmes politiques européens.
A la fin de l’année 1999, le président Eltsine démissionne et s’efface au profit de son nouveau premier ministre Vladimir Poutine. Son ascension sera organisée par les oligarques d’Eltsine, et en septembre 1999, un nouveau parti centriste à été créé, le parti “Unité”. Ce parti était destiné à permettre l’accession de Vladimir Poutine au pouvoir. Unité fait face, à l’époque, à 15 autres structures dont principalement le Parti Communiste, le “Parti Libéral Démocrate” (étatiste-nationaliste), et le parti “Notre patrie-la Russie” dirigé par le puissant maire de Moscou Iouri Louzkov et par Evgueny Primakov. Aux législatives de 1999, Unité obtient 23.32% des voix, contre 24,29% pour le parti communiste et 13,39% pour le bloc de Louzkov et Primakov. L’opposition libérale (Iabloko et l’union des forces de droite) obtient près de 14%. La présidentielle de mars 2000 voit la victoire de Vladimir Poutine, qui jouit du soutien des leaders du bloc “Notre patrie la Russie”. En avril 2001, “Unité” et “Notre patrie la Russie” fusionnent pour créer un seul parti: Russie-Unie. Durant les 8 ans qui ont suivi sa création, le parti Russie Unie ne s’est pas défini une idéologie ou une orientation politique spécifique. Pendant cette période, Russie Unie s’est considéré comme le parti de  la reconstruction et de la restauration de l’état. Ce n’est qu’en 2009 lors du 11ème congrès du parti que la ligne idéologique du parti a été définie, à savoir le conservatisme russe. Cette ligne idéologique a été adoptée par les trois clubs ou courants qui composent Russie unie: le courant Social-conservateur, le courant Libéral-conservateur et le courant Étatique-patriotique.  On peut donc qualifier Russie-Unie de parti centriste et conservateur. Russie-unie est le parti de gouvernance principal en Russie et son poids électoral est devenu le plus important. Autour de Russie Unie qui gouverne, l’échiquier politique ne s’est pas organisé de manière linéaire, de l’extrême gauche à l’extrême droite, comme par exemple en France, mais plutôt en cercles concentriques.

Au centre, le cercle Russie Unie avec ses courants internes. Autour, un “premier cercle” est constitué de partis qui pratiquent l’opposition non systématique et qui ont une solide assise électorale en Russie. Le parti communiste qui est comme son nom l’indique un parti de gauche, étatiste et nostalgique de l’Union Soviétique. Plus à droite de l’échiquier politique, le Parti Libéral-Démocrate est un parti nationaliste, étatiste et qui défend un patriotisme plus ethnique, panrusse. Enfin récemment un parti étatiste et patriote de gauche, Russie-Juste, a fait son apparition. Il est une sorte de pendant de centre gauche de Russie-Unie. Ces partis ont un point commun: ils défendent une forme de patriotisme fédéral, post-impérial et non ethnique, un patriotisme pan-Russien. Le parti communiste et Russie Juste ont beaucoup progressé aux dernières législatives, au détriment de Russie Unie. Bien que faisant partie de l’opposition, ils forment avec Russie Unie une sorte de cercle global de gouvernance. 

Enfin un “cercle extérieur” d’opposition existe, qui rassemble une série de partis qui comprend à la fois des partis radicaux extrémistes, tout comme des partis libéraux. Certains ont parfois été présents aux échéances électorales des 15 dernières années. Ce cercle extérieur comprend aussi des mouvements non organisés en partis politiques. C’est précisément ce troisième cercle hétéroclite qui s’est exprimé politiquement dans la rue en décembre dernier. C’est ainsi qu’on a pu voir dans le rassemblement du 4 décembre 2011 à la fois les partis libéraux, l’extrême droite, ainsi que divers mouvements de la société civile, d’orientations plutôt libérale. Les manifestations de décembre dernier ont été cela dit coordonnées par des partis libéraux  d’opposition dont le poids électoral est passé de 14% aux élections législatives de 1999, à 4% en 2003, 1,56% en 2006 et 3,43% en 2011. Ces partis ont en général une vision ouest-orientée (pro-occidentaux). Des mouvements radicaux extrémistes de droite, et dans une moindre mesure de gauche ont aussi joué un rôle important, via le front de gauche ou les radicaux de l’ex DPNI, un mouvement d’extrême droite aujourd’hui interdit. 


Le charismatique blogueur Navalny est une fusion intéressante de ces différents courants. Ancien militant d’Iabloko (parti d’opposition libéral) cela fait plusieurs années qu’il tente de bâtir des ponts entre libéraux et nationalistes puisqu’en tant que membre d’Iabloko il avait rédigé un manifeste nationaliste et s’était défini comme un “nationaliste-démocrate”. Cette idéologie nationale-démocrate concerne donc l’opposition libérale mais également une frange nationaliste, créant ainsi une sorte de coalition Orange-brune. Un parti Nazdem (National-démocrate) a même fait son apparition fin 2010, prônant notamment la coopération avec l’OTAN ou encore la sécession du Caucase. Le point commun de ces mouvements? Leur grande proximité avec l’étranger, Navalny tout comme l’opposition libérale ayant été régulièrement accusés d’être financés de l’extérieur, notamment  par le département d’état américain. Des preuves ont récemment mis en évidence la réalité de ces accusations.  Pour autant cette idéologie “nationale-démocrate” n’est pas nouvelle. En 2005 déjà l’analyste Dimitri Kondrachov affirmait déjà qu’à la suite du renforcement de l’influence américaine et de l’idéologie de droite dans la politique de l’UE, la doctrine Brezinski (affirmant que la Russie doit être “refoulée à la périphérie est de l’Eurasie”) allait trouver des soutiens en Europe de l’ouest. En effet les pays de la vieille europe comme la France et l’Allemagne (jugés trop favorables à a la Russie), devaient désormais être refoulés a la périphérie ouest de l’Eurasie”, dans  l’arrière-cour de la nouvelle Europe, régie par ”l’idéologie nationale-démocrate”. 


Peut-on parler d’émergence d’un courant politique national-démocrate d’opposition comme résultat principal des évènements politiques de décembre dernier?
La question reste posée.

Russie : malgré les apparences, Dimitri Medvedev a toujours été fidèle à Poutine

Retour sur la future passation de pouvoir entre Vladimir Poutine (qui redeviendra Président) et Dimitri Medvedev (qui passe de la présidence au poste de Premier ministre). Un duo souvent incompris en Occident…

Contrairement a ce qui a été affirmé jusqu’à présent le tandem qui dirige la Russie n’a pas éclaté. Au contraire, celui-ci n’a jamais paru aussi solide. Les affirmations des kremlinologues sur une tension évidente entre l’actuel président, Dimitri Medvedev, et son Premier ministre Vladimir Poutine se sont avérées pour l’instant totalement fausses. Le président Dimitri Medvedev, qui dirigeait le comité électoral de Vladimir Poutine en 2000 pour sa première élection est en effet un fidèle allié de ce dernier. Le choix de Vladimir Poutine de désigner Dimitri Medvedev comme son successeur de 2008 à 2012 ne tient pas non plus au hasard.

Dimitri Medvedev a expliqué lors du dernier congrès de Russie Unie que ce plan de partage du pouvoir pour 2018 était un accord passé entre eux il y a cinq ans, soit avant qu’il ne devienne président. Cet accord a donc juste été maintenu et appliqué. Dimitri Medvedev ne s’est pas laissé influencer par des conseillers ambitieux qui l’incitaient à se présenter « au forcing » en s’opposant à Vladimir Poutine. Il a au contraire joué la fidélité et est resté dans ses fonctions de président souverain, ce qui s’est confirmé ces derniers jours, avec la démission musclée du Ministre des finances, Alexei Koudrine, pourtant réputé proche de Vladimir Poutine. Pour la petite histoire, ce dernier reprochait au soi disant libéral Medvedev de vouloir trop augmenter le budget militaire.

Dans un autre ordre d’idées, un des conseillers de Dimitri Medvedev a lui simplement estimé que la candidature de Vladimir Poutine était le pire qu’il pouvait arriver à la Russie. Preuve qu’il y a une certaine liberté d’expression même au cœur du pouvoir russe.

Les théories qui prévoyaient un début de retrait de la vie politique de Vladimir Poutine se sont également avérées erronées. En effet, âgé de 60 ans en 2012, il n’aura donc que 66 ans en 2018 en cas de réélection soit seulement 1 ans de plus que Jacques Chirac en 2007 à la fin de son second mandat. En cas de réélection l’année prochaine, Vladimir Poutine en 2018 aura régné 14 ans comme président, soit autant que François Mitterand de 1981 à 1995. Vladimir Poutine est de très loin (toutes les enquêtes et sondages l’ont confirmé) l’homme politique russe le plus populaire de la décennie. Alors bien sûr de nombreuses interrogations restent en suspens, notamment la question du remplacement de l’actuel ministre des Finances, un poste au combien important sur fond de crise financière mondiale.

Le score du parti Russie-Unie aux élections législatives de décembre prochain sera également important avant la présidentielle. Transformé en « Front Populaire », Russie Unie présente presque 1/3 de candidats issus de la société civile (sportifs, bikers, hommes d’églises..). Le résultat des élections sera donc un bon indicateur de la façon dont les citoyens russes perçoivent la potentielle réélection de Vladimir Poutine. Après tout, dix ans après son arrivée au sommet de l’état, une guerre, des attentats et une grave crise économique, celui-ci jouit encore d’un taux de popularité supérieur à 60%.

Poutine, Medvedev : prophètes en leur pays

En 2012, les Russes devront élire un président. Dans un article précédent publié dans Atlantico, Cécile Vaissié contestait le caractère démocratique de cette élection. Blogueur spécialisé dans la région, Alexandre Latsa lui répond. Selon lui, “Les électeurs russes sont libres et les résultats électoraux conformes a la volonté populaire”.

Alors que la Russie se prépare aux prochaines échéances électorales, qu’en est-il de la situation politique ? Tout d’abord il faut revenir en arrière pour bien comprendre la situation. Un an après l’élection de Vladimir Poutine en mars 2000, alors que le pays sort d’une décennie de chaos et d’une crise économique terrible qui a détruit l’économie et ruiné le peuple, un parti de gouvernement est créé, Russie-Unie. Ce parti est destiné à structurer l’action politique du nouveau pouvoir russe, avec un objectif simple : reconstruire la Russie pour en faire un état souverain. Le préambule du manifeste de Russie Unie l’explique en ces mots : « Russie Unie est le parti du succès de la Russie, le parti du redressement de tout le pays ».

Tout au long de la dernière décennie, le parti va globalement susciter l’adhésion de la majorité des électeurs russes. Pourquoi ? Le système politique instauré s’est accompagnée d’un réel décollage économique qui se traduit par la baisse de la pauvreté, par l’apparition d’une classe moyenne russe ou encore par des hausses régulières et indexées des pensions et retraites. Pour les Russes qui n’ont jamais été aussi riches qu’aujourd’hui, la corrélation est facile à faire. Les chiffres ne mentent pas, Russie Unie à obtenu 40 % aux législatives de 2003 et 64 % aux élections de 2007. Le candidat de Russie Unie a la présidentielle a lui obtenu 52 % en 2000 et 70 % en 2004 et 2008.

Une maturation politique difficile et tardive

Pour la majorité des Russes, la stabilité et l’ordre priment sur l’idéologie, surtout après le terrible désordre des années 1990. Ce n’est d’ailleurs qu’en 2009 que Russie Unie, parti centriste, a défini sa ligne politique. Un programme a été défini par les trois clubs de pensée du parti : social-conservateur, libéral-conservateur et étatique-patriotique. L’idéologie officielle du parti (le conservatisme russe) a été pour la première fois indiquée. Pourquoi seulement maintenant ? Car jusqu’à récemment, il fallait lutter pour conserver l’État.

C’est aussi pour cette raison que les partis dit libéraux ou d’opposition sont très ouvertement décriés car ouvertement assimilés au chaos des années 1990 et à l’immixtion étrangère, n’étant pas considérés comme ayant participé à la reconstruction nationale. Leur poids électoral n’a cessé de baisser: 12 % aux élections législatives de 1993, 7 % aux élections législatives de 1995 et 1999, 4 % en 2003 et 2 % en 2006 (à comparer au 1,5 % du candidat libéral à l’élection présidentielle du 2 mars 2008).

En outre, le permanent soutien affiché de pays étrangers à cette soi disant opposition libérale (dont le peuple russe ne veut clairement pas) a considérablement parasité et ralenti la maturation de la scène politique russe. Au sein des partis de gouvernements, le spectre politique est aujourd’hui très large mais le débat n’est pas public et surtout il est loin des influences extérieures. La naissance des partis Juste Cause (libéral de droite et qui englobe un des partis d’opposition libérale) et Russie juste (parti de gauche tendance socialiste) sont sans doute des indicateurs d’un embryon d’élargissement de la vie politique russe, et de sa transformation vers un bipartisme ou un tripartisme.

Les résultats électoraux conforme à la volonté du peuple russe

Comparer les intentions de vote avant les élections et le résultat de ces élections est intéressant. En 2008, deux mois avant les élections prés de 80% des électeurs déclaraient souhaiter voter pour Dimitri Medvedev, celui-ci obtenant au final 72%. Même scénario lors de la précédente présidentielle de 2004 ou Vladimir Poutine était crédité de69,3% des voix avant les élections, il a finalement obtenu 71%.

Bien-sûr on assiste à des polissages électoraux dans certaines régions, (principalement dans certaines parties du Caucase) mais cela ne représente qu’un pourcentage infime du corps électoral russe. Les électeurs sont donc libres et les résultats électoraux conformes a la volonté populaire. Contrairement à ce que l’on peut souvent lire ça et la, les faits sont têtus, l’adhésion au tandem dirigeant reste très élevée en Russie, récemment interrogé (juillet dernier) 69% des électeurs indiquaient souhaiter voter aux prochaines élections de l’automne 2011 pour Russie Unie.