A seulement quatre mois des élections présidentielles le résultat l’élection primaire de la droite et du centre aura déjoué tous les pronostics et prédictions des experts, des analystes et des journalistes.
Alors que l’on attendait un raz de marée Juppé, celui-ci n’est pourtant arrivé qu’en seconde place au premier tour, malgré le soutien de 15% des votants à cette primaire (500 à 600.000 électeurs) qui se sont déclarés de gauche et qui ont constitué, avec les votants déclarés du centre, autour de 50% de son corps électoral au premier tour. Au deuxième tour il a été sèchement battu par l’outsider François Fillon.
Candidat de la gauche diversitaire, des médias et des cercles atlantistes, Alain Juppé n’aura donc pas réussi son pari, leur pari. L’enjeu était crucial pour ces groupes de pressions d’empêcher l’émergence d’un candidat potentiellement « désaligné ».
– Sur le plan intérieur il fallait empêcher l’émergence d’un candidat qui puisse ne pas totalement accompagner, voir s’opposer aux dynamiques diversitaires et sociétales initiées par la gauche.
– Sur le plan extérieur, l’irruption du thème de la Russie au sein d’une primaire (!) traduit bien la panique qui a commencé à gagner les officines atlantistes face à l’émergence d’un candidat russo-pragmatique, Trumpo-favorable et qui ne souhaite pas le départ de Bachar-el-Assad comme priorité de son mandat.
C’est pourtant ce scénario qui s’est réalisé et il y a une raison à cela, la vraie bataille s’est jouée ailleurs : elle s’est jouée à droite.
L’électorat de droite à cette élection primaire (dont 8% d’électeurs du FN) auraient pu choisir de soutenir Nicolas Sarkozy mais ils ne l’ont pas fait. Ils l’ont au contraire lourdement sanctionné et sa défaite au premier tour a confirmé ce que beaucoup d’électeurs ont ressenti après avoir été trahi par ce dernier : le candidat Sarkozy était une machine à perdre en 2012, il l’est encore en 2017.
En rejetant définitivement les candidats (et donc les traces historiques du RPR et de l’UMP) les électeurs ont également rejeté les deux candidats les plus atlantistes et enrayé l’agenda d’une certaine gauche qui souhaitait tenter de garder en partie sous contrôle l’élection présidentielle de 2017, en cas d’absence de candidats socialistes au second tour en soutenant massivement Alain Juppé et ainsi peser moralement sur le prochain mandat présidentiel.
La forte mobilisation en faveur de François Fillon ne relève cependant pas que d’un choix personnel en lien avec l’homme. François Fillon est aussi la conséquence d’une dynamique plus profonde qui a vu les électeurs à cette primaire manifester leur adhésion envers le candidat qu’ils estimaient être le représentant d’une droite sereine, décomplexée et conservatrice.
Cette dynamique ne peut s’interpréter que par les seuls résultats de la primaire de la droite et du centre. La dynamique qui semble frapper la France est celle qui traverse nombre de nations européennes, et voit émerger des mouvements politiques de plus en plus conservateurs, souverainistes, moins atlantistes et plus tournés vers la Russie.
L’agenda Fillon-Le Pen qui se profile au soir du 7 mai 2007 verrait en effet l’élection présidentielle française de 2017 se jouer entre deux candidats du terroir, tous deux russo-favorables, Trumpo-favorables et tenants de lignes sociétales plutôt conservatrices, comme en témoigne l’affirmation de Marine Le Pen de revenir sur la loi Taubira ou le ralliement de la manif pour tous (sens commun) à François Fillon.
Une dynamique qui traduit que les électeurs francais, comme les américains, les autrichiens, les allemands, les hongrois ou les russes, souhaitent que les sujets importants soient abordés de façon franche et traités de façon pragmatique. Une dynamique qui traduit le besoin de réassurance et de protection identitaire, économique et sociétal de ces électeurs francais, américains, autrichiens, allemands, hongrois ou russes.
Par-delà les partis politiques discrédités tant sur la forme que sur le fond, les primaires ont montré à quel notre pays a besoin que n’émerge une « tête » forte capable d’inverser la mécanique destructrice en cours qui est en train de disloquer la communauté nationale et voit l’effondrement de l’autorité de l’Etat.
Ce nouveau De Gaulle que le peuple francais attend, puisque c’est de cela dont on parle, devra pour cela se fixer comme objectif unique de redresser notre pays, la France et réaffirmer l’Etat-Civilisation francais comme modèle politique culturel et sociétal façonné depuis des siècles par , très majoritairement, le christianisme comme le rappelait récemment Jean Christophe Buisson.
En clair et sur le plan intérieur déMai68tiser notre pays et permettre l’émergence d’un nouveau conservatisme francais, traditionnel et moderne et inverser la dynamique initiée par près d’un demi-siècle de domination morale de cette nouvelle gauche libérale, mondialiste et diversitaire. Une nouvelle gauche dont l’objectif n’aura été que de ronger et affaiblir notre pays comme un cancer attaque un organisme vivant, en mettant à mal ses cellules les plus essentielles, telle la famille, ou encore en détruisant ses immunités les plus fondamentales, les frontières, livrant ainsi notre économie au marché.
Sur le plan extérieur, la France pourrait redevenir un modèle pour une Europe en panne en initiant une nouvelle politique gaullienne qui irait chercher un nouveau pacte avec la Russie et pourquoi pas l’Organisation de Shanghai, initiant ainsi un profond renversement d’alliances stratégiques en projetant l’Europe vers l’Eurasie.
Pour François Fillon, les grands défis sont ceux-là : le retour de l’Etat et l’affirmation des valeurs francaise, la démai68isation de notre pays et la défense de la famille mais aussi le déploiement d’une nouvelle politique puissance et authentiquement gaullienne.
Enfin et peut être surtout cette élection traduit aussi une défaite du parti des médias, ce premier pouvoir qui ne l’est peut-être plus, ni en Amérique, ni en France, ni en Russie. Malgré une propagande sans équivalent pour convaincre les électeurs américains que la néoconservatrice Clinton ne pouvait perdre les élections et convaincre les électeurs francais que l’élection primaire ne pouvait être remportée que par les deux candidats atlantistes Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, le travail de reinformation disponible sur Internet commence peut être à payer.
Les médias et la gauche vont-ils soutenir Fillon, qu’ils accusent actuellement de refaire souffler un vent des années 30, contre Le Pen en mai 2017 et ainsi contribuer au redressement de notre pays ?